Récit de la course : Ultra Trail du Mont Blanc 2009, par riri51

L'auteur : riri51

La course : Ultra Trail du Mont Blanc

Date : 28/8/2009

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 2794 vues

Distance : 166km

Objectif : Terminer

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Mon premier UTMB

 

 lien vers le CR avec photos + vidéos: (merci Akuna!)

http://www.marseilletrailclub.com/index.php?option=com_content&view=article&id=375:mon-premier-utmb&catid=35:competition&Itemid=73

 

Présentation / Introduction : 

 

 

J’ai longtemps pratiqué l’athlétisme en club…mais en tant que sprinteur /sauteur. En 2005 j’ai commencé la course à pieds hors stade par un 10 km. Ensuite j’ai rencontré des kikoureurs : Joy, Troll, Papatrail, Akuna, Forest 1473, … qui m’ont fait découvrir le trail. Donc en 2006, je participe à quelques épreuves, dont le trail de la Sainte-Victoire (44km et 2400 de D+). En 2007, j’écume un peu plus les trails de la région, sur des distances de 25 à 50 km et je rejoins le Marseille Trail Club dès sa création.   

Au cours de ces 2 années, j’ai souvent entendu parler d’une course hors normes autour du Mont-Blanc… L’Ultra Trail du Mont-Blanc. En 2008, l’idée de participer à cette aventure se fait de plus en plus présente. Mais  les organisateurs demandent des points qualificatifs pour pouvoir participer. Ma saison 2008 sera donc consacrée à l’obtention de ces points. En mai je termine le grand raid du Ventoux (106 km et 4500 de D+), et en juillet la Merrell Sky Race (68km et 3500 de D+), ce qui me permet de postuler à l’inscription pour l’UTMB  2009…

 

Début janvier 2009, j’apprends l’heureuse nouvelle : Tous les pré - inscrits sont retenus !

 

 Ma préparation :

 

Je ne compte pas changer grand-chose dans ma préparation UTMB 2009, par rapport à celle  du grand raid du Ventoux 2008 : 4 séances par semaine (Une VMA en côte ; une séance seuil sur terrain vallonné ; une sortie d’une heure d’endurance fondamentale, et une sortie longue de 2h/2h30 maxi), plus un trail de 25 à 50 km par mois avec du D+.

Deux pépins vont venir un peu perturber ma préparation : des problèmes d’échauffement sous les pieds qui vont me pénaliser les mois de mai et juin (en fait je vais trouver la solution en changeant de chaussures !), et une piqûre de frelon la veille de la Merrell Sky Race 2009 (je vais donc remplacer ce dernier test par des sorties « rando-course »,  soit 210 km de CAP et 12 000m de D+ en 3 semaines).

 

 Jeudi 27 Août :

 

Après 15 jours sans le moindre footing, vers 10h30, je quitte ma petite famille direction Chamonix où  j’arrive sur les coups de 17h pour retirer mon dossard. Puis, je rejoins les copains du Marseille Trail Club (MTC) pour boire un coup…mais il est déjà 19h, et comme ils sont en terrasse depuis 17h, il devient raisonnable pour tout le monde de rentrer se reposer(donc pas de bière pour riri !!!).

 

 Vendredi 28 Août :

 

Personnellement je suis hébergé sur Chamonix, à 5’ du départ, par Frank (un kikoureur). Le matin passe assez vite, je fais et refais mon sac. Je plaisante avec Frank, Sophie et Vincent…Mais lorsque l’heure du repas approche, j’ai un petit nœud à l’estomac qui m’empêche de bien manger. Après le repas je ressens le besoin d’aller marcher un peu, d’appeler ma chérie et mes enfants (pour le côté affectif !), puis le solitaire (pour le côté stratégique !). Ces coups de téléphone vont me faire le plus grand bien, et c’est apaisé que je retourne faire une bonne petite sieste de 2 heures, allongé dans l’herbe devant l’appartement.

 

Heure H - 1h30’ :

 

Vers 17h, je me dirige au dépôt du sac pour Coumayeur. Je retrouve Rafouille (c’est avec lui que j’ai partagé ma dernière sortie longue et que j’ai co–voituré pour venir sur Chamonix). Ensemble nous allons nous rendre sur la ligne de départ. Sur celle-ci, Rafouille me quitte pour rejoindre sa famille, et moi je retrouve avec plaisir les copains du MTC. Dès mon arrivée je dégaine l’APN pour immortaliser l’interview de JF et Sophie Bisogno, puis j’essaie de prendre le plus de photos possible des MTC présents, car nos photographes « pro » akuna et Pfx ont choisi le GRP !

 

Heure H – 30’ :   

 

La musique « conquest of paradise » commence à envahir l’aire de départ.  Sur le plan émotionnel, cette dernière demi-heure est très intense. Les frissons m’envahissent…mais c’est surtout l’émotion « partagée » par tous les coureurs autour de moi, et notamment celle de Lucien qui me touche. Je sors une dernière fois mon APN et filme ces instants magiques !

 

 Etape 1 : Chamonix /  St Gervais (21km et 937m D+):

 

10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2 ,1…Il est 18h30’, nous nous élançons à travers les rues de Chamonix. Tout d’abord en marchant, puis en trottinant. C’est un moment fantastique, des centaines de spectateurs nous applaudissent.

 

Pour l’instant je suis en compagnie de Sophie, Alexandra et Lucien du MTC. Nous avons décidé de faire le plus de chemin possible ensemble. Après un petit quart-d’heure de course, je rattrape Françoise 84 avec qui j’échange quelques mots. La partie jusqu’au ravito des Houches est très agréable, car peu vallonnée, et surtout pleine de spectateurs ! Nous arrivons aux « Houches » où je refais le plein de mes 2 bidons et rejoins Alexandra…mais pas de Sophie, ni de Lucien !

 

Après un arrêt d’environ 5’, nous décidons de repartir à deux. Commence alors la première grosse montée, vers la Charme, où je vais croiser à nouveau Françoise 84, puis Boby 13 et un coureur du MTC.  Je vais aussi me faire interpeller par un coureur de l’UASens  (mon club d’athlétisme lorsque j’étais en Bourgogne !) qui n’en revient pas de croiser ici un sauteur en longueur.

 

Dans cette ascension nous allons rejoindre Sophie et Lucien, et c’est donc à 4 que nous pointons au passage du col de Voza. Ensuite, nous nous équipons de nos frontales et attaquons prudemment la descente vers St Gervais. Xav 04 me rattrape, échange quelques mots et poursuit son chemin (Xav est un kikoureur que j’apprécie énormément. Sans sa présence sur la Merrell l’année dernière je n’aurais certainement pas terminé…et donc pas eu les points pour pouvoir participer à cette grande fête. MERCI Xav 04 !).

 

Dans cette descente, Alexandra va se faire décrocher lors d’un ravitaillement …puis Lucien à l’approche de St Gervais ! C’est donc en compagnie de Sophie que j’entre dans St Gervais, l’ambiance est phénoménale ; nous tapons dans les mains des minots, sous les acclamations des spectateurs et des sons de cloches. SUPERBE ! Il est 21h59’, nous sommes partis depuis 3h29’, et notre classement est 1982ème.

 

 

 

Etape 2 : St Gervais / Les Contamines ( 9,9 km et 516 m D+) :

 

Après avoir bu un coca, rempli mes bidons, récupéré quelques barres de céréales, des biscuits salés, j’aide Lucien à refaire le plein en eau (il vient de nous rejoindre !), et je me dirige en haut des marches à la sortie du ravito pour attendre le « Team MTC ». Mais le groupe tarde à se reformer, et je suis en plein courant d’air. Je décide donc de prendre les devants en marchant et en mangeant mes biscuits. J’en informe Sophie par téléphone.

 

A présent je chemine vers les Contamines ; j’alterne marche et course selon le profil. Mais je ressens un début d’échauffement sous la plante des pieds, et une légère douleur sur la cheville gauche (léger contact entre ma chaussure et la cheville !). Je profite d’avoir un peu d’avance sur le groupe pour m’arrêter mettre de la crème Nok. Je change de chaussettes et protège ma cheville avec un petit bout d’élasto, puis, je reprends mon chemin.

 

Finalement c’est seul que j’arrive aux contamines après avoir croisé plusieurs kikoureurs, dont de nouveau Boby13. Il est 23h 51’ je suis 1845ème après 5h21 de course. Je bois un coca, refais le plein de mes bidons et repars. A la sortie du ravito, je fais la connaissance du L’Castor. Je lui parle de mon inquiétude par rapport aux barrières horaires, et avec sa grande expérience de ce type de course, il me rassure rapidement.

 

 Etape 3 : les contamines / la Balme (8 km et 556m D+) :

 

La conversation avec L’Castor m’a fait le plus grand bien, je vais trottiner non stop jusqu'à Notre Dame de la Gorge. La paroi rocheuse est éclairée de mille couleurs, les spectateurs sont encore nombreux malgré l’heure avancée de la nuit ; « c’est que du bonheur ! ».

 

A partir de maintenant et jusqu'à la Balme, je vais marcher d’un bon pas, tout en faisant attention à n’être jamais essoufflé ; le côté positif est que je double énormément. Par contre, le côté négatif c’est que je vais certainement devoir passer cette première nuit seul…car Alexandra, Sophie et Lucien ne sont toujours pas revenus ! 

 

J’arrive à la Balme à 1h20 du matin après 6h50’ de course en 1321ème position. Il commence à tomber une sorte de crachin breton, et le brouillard se fait de plus en plus dense. Je décide de faire un passage éclair (remplissage des bidons, une soupe, un verre de coca et oust !).Au pointage à la sortie du ravito, j’enfile ma veste imperméable,  et c’est parti direction le refuge de la Croix du Bonhomme.

 

 

 

Etape 4 : La Balme / Les Chapieux (10,9 km et 773m D+) :

 

La montée jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme va se passer tranquillement. La pente étant conséquente, je décide de ne pas doubler…quelques coureurs me dépassent, mais les sensations restent bonnes. Je passe au refuge en 8h36’, il est 3h06 du matin et je n’ai toujours pas sommeil. Je suis 1337ème.

 

Dès le début de la descente, je double un peu. Mais mon côté Gaston Lagaffe va faire des siennes, je plante malencontreusement mon bâton entre les jambes du coureur devant moi OUPS !…Heureusement, il fait preuve de beaucoup d’agilité et évite la chute…Je me confonds en excuses ! Il me répond que cela peu arriver. Mais cette voie, il me semble la reconnaître…RAPHAEL !

Il se retourne et là, nous tombons dans les bras l’un de l’autre. Je viens de rejoindre Rafouille.

C’est trop TOP ! Autant vous dire que la descente sur les Chapieux se passe toute seule (si ce n’est ma douleur à la cheville qui se fait de plus en plus forte !). Nous arrivons au Chapieux en 1271ème position, après 9h33 de course, il est 4h03 du matin. Un coca, une soupe chaude, quelques barres de céréales dans le sac, le plein  des 2 bidons et c’est reparti (Je vais garder le même rituel à chaque ravito…Pourquoi changer une affaire qui marche !).

 

 Etape 5 : Les Chapieux / lac combal ( 14,8 km et 1001 D+) : 

 

A la sortie des Chapieux nous attaquons une longue partie sur la route, en direction de la Ville des Glaciers. Comme nous sommes deux, cette partie semble moins monotone. Par contre,  lorsque nous commençons la véritable ascension du col de la Seigne, je dois me résoudre à laisser partir Rafouille, car son rythme en montée est plus rapide que le mien.

 

Je m’équipe de mon ipod et me cale sur le coureur devant moi. Cette montée va me paraître assez longue, mais le fait d’écouter de la musique et savoir que Rafouille est devant me motive pour ne pas trop perdre de temps. J’ai l’espoir, si je ne bascule pas trop loin de lui au sommet, de revenir dans la descente.

 

Je passe au sommet du col de la Seigne à 6h25 du matin, juste après le lever du jour, en 1085ème position, après 11h55’ de course. Je bascule dans la descente en essayant d’allonger un peu la foulée, pour rejoindre Raphaël. Mais au bout d’une bonne demi-heure, toujours pas de Rafouille. Ayant peur de me griller si j’insiste sur ce rythme, je lève le pied, m’arrêtant même pour prendre quelques photos.

 

Un coureur qui me dépasse au bénéfice d’une pause photos m’informe qu’un coureur derrière  lui souhaite que : «le  type en jaune avec un buff rouge l’attende ». Je ressemble comme deux gouttes d’eau à cette description, et comme je suis d’un naturel assez curieux, je m’octroie une petite pause sur un rocher avec vue sur le lac Combal. Et devinez qui ne tarde pas à me rejoindre ? Rafouille !

 

En fait, Raphaël est passé au sommet avec quelques minutes d’avance sur moi, mais souffrant du froid, il est rentré se changer sous la tente. J’ai dû passer à ce moment là ! Tout est bien qui finit bien puisqu’ à présent nous cheminons de nouveau ensemble direction le lac Combal où nous arrivons à 7h12 du matin, après 12h42 de course en 1103ème position.

 

 Etape 6 : Lac Combal / Courmayeur (12,9 km et 490 m de D+) : 

 

Raphaël me fait part de sa volonté de prendre son temps sur ce ravito. Je fais donc mes petites affaires, puis je vais m’asseoir en sa compagnie pour boire mon bol de soupe. Le coureur à nos côtés est en pleine interview pour France 2, et annonce sa volonté d’abandonner à Courmayeur. Perso, tous les voyants sont au vert (à part ma douleur à la cheville qui se fait de plus en plus forte, surtout lors des descentes !).

 

Le soleil réchauffe la vallée en face de nous…mais malheureusement pas le versant où nous sommes. J’informe Rafouille que je vais repartir tranquillement le long du lac car je commence à avoir froid.

 

Je viens à peine de quitter ce ravito, que mon téléphone sonne. C’est ma maman ! Quel bonheur d’entendre sa voix, de pouvoir la rassurer. A présent, les accus sont rechargés, je peux attaquer l’ascension de l’arête du mont Favre d’un bon pas.

 

Raphaël m’a rejoint ; après une petite séance photos et la lecture de mes nombreux SMS d’encouragements (Que du bonheur ! merci à tous) je me cale dans ses pas…mais pas pour longtemps car le Rafouille est bon grimpeur !

 

Mais le Rafouille est aussi un ami, et je ne suis donc pas surpris de le retrouver au sommet après 13h57 de course, où je pointe en 1090ème position. Il m’attend sagement pour basculer vers le col Chécrouit. Nous croisons également la tortue en pleine communication téléphonique !

 

La descente vers le col Chécrouit va se faire sur un petit tempo, en alternant marche et course, car Rafouille commence à pas mal souffrir de ses genoux, ce qui le pénalise dans les descentes. Je profite de ce rythme pour me refaire une santé... Quelques coureurs nous dépassent. Finalement, nous arrivons au col Chécrouit après 14h53 de course, à 9h23 du matin, sous un superbe soleil ; je suis en 1146ème position.

 

 

Nous allons nous attarder un moment sur ce ravito. Assis sur un banc, face à un décor à 360° fait de sommets tous plus beaux les uns que les autres, nous contemplons un spectacle de danse contemporaine accompagné en direct par deux musiciens ! Avec, histoire d’en rajouter une couche, des bénévoles aux petits soins autour de nous (des bénévoles qui, tout le long de l’épreuve, peu importe l’heure et le lieu, seront toujours souriants, hyper disponibles, pour nous permettre d’aller au bout de notre aventure ; MERCI !).

 

C’est donc presque à regret que nous quittons ce lieu, pour attaquer la descente vers Courmayeur. Rapidement, nous faisons la connaissance d’un coureur de St Gervais et d’un autre originaire de Gordes, avec qui nous allons faire un bout de chemin. Ces coureurs nous apprennent que ce n’est pas la même descente que les années précédentes. Cette année, nous descendons par un sentier assez technique. Ce genre de parcours me plaît bien ; j’en profite sur la fin pour prendre les devants sur mes camarades (même si ma cheville me fait de plus en plus souffrir !).

 

C’est donc seul que j’entre dans Courmayeur et que je rejoins la salle de repos. Il est 10h18 du matin, je suis 1178ème après 15h48 de course.

 

 Etape 7 : Courmayeur / refuge Bertone ( 4,9 km et 814 m de D+) : 

 

Dès mon entrée dans la salle de repos, je suis surpris par la chaleur qui règne dans la salle et par les odeurs : une forte odeur de pâtes à la sauce tomate, mélangée avec une odeur toute aussi forte de transpiration : J’en ai un haut-le-cœur !

 

Rapidement je retrouve Eric Pinault, un copain du speedy club ; malheureusement, il m’informe de son abandon (problème au genou !). Tout en continuant à discuter, je commence à changer entièrement de tenue. Joy nous rejoint, il est sur le départ. Il me demande s’il doit m’attendre, je lui conseille de partir (En fait, ma chérie le suit depuis le début sur internet, et Steve est en train de faire une super course. Je ne veux pas le retarder, surtout que ma cheville devient un frein sérieux dans ma progression, principalement en descente).

 

A présent, je suis tout propre ! J’ai « noké » mes pieds et surtout changé mes chaussures (ma cheville touche moins le rebord avec ce modèle, ce qui me donne bon espoir pour la suite).

 

Raphaël m’a rejoint, il est en train de se changer et envisage de manger. Personnellement, après quelques hésitations, je décide de repartir sans manger, car je supporte de moins en moins les odeurs et la chaleur ; je vais finir par me sentir mal. J’informe Raphaël de mon départ. Mais je ne suis pas inquiet, car je sais qu’il va revenir sur moi dans la montée.

 

Il est 10h52 lorsque je sors de la salle de repos. Je suis seul, j’ai un peu le moral dans les chaussettes ! Mais là, je vais retrouver Sophie du MTC. Tout d’abord, je crois qu’elle vient de me rattraper, mais elle m’informe avoir abandonné à hauteur de la Ville des Glaciers. C’est en bus qu’elle vient de rejoindre Courmayeur.

 

Gentiment elle va m’accompagner jusqu'à la sortie de Courmayeur, me donner ses bâtons pour remplacer les miens que j’ai cassés dans la dernière descente, me laisser son profil du parcours confectionné par son homme ( qui est beaucoup plus clair que mon bricolage perso!),  enfin…elle va savoir trouver les mots pour me remonter le moral. MERCI Sophie !

 

Je profite d’une fontaine à la sortie de Courmayeur pour remplir mes bidons et me rafraîchir la tête, puis je commence la longue montée vers le refuge Bertone. Dans cette montée je vais faire de nombreuses pauses, pour manger des barres de céréales, pour prendre des photos ou tout simplement pour souffler un peu en profitant du paysage ! Je vais également rencontrer un kikoureur bien sympathique (je ne me rappelle plus son pseudo, mais je pense qu’il se reconnaîtra, car il a la particularité d’avoir fait les refuges Bertone et Bonatti deux fois pour récupérer son portable !!!).

 

A l’approche du refuge de Bertone, où je coince vraiment, Rafouille me rattrape et prend les devants. A présent, je suis à quelques lacets du ravito. Et Raphaël sait trouver les mots pour me motiver : « Il y a de la soupe de pâtes Richard ! ». Autant dire que je ne marche plus, je vole jusqu’au ravito où j’arrive à 12h35 après 18h05 de course, en 1063ème position.

 

 Etape 8 : refuge Bertone / Arnuva (11,8 km et  481 m de D+) :

 

Je vais un peu m'attarder sur ce ravito ! La vue est superbe et l’accueil, une nouvelle fois, exceptionnel ! Raphaël repart alors que je suis en train d’engloutir mon troisième bol de soupe.

 

Mais toutes les bonnes choses ont une fin ! Je reprends mon chemin une dizaine de minutes après Raphaël. Cette partie jusqu’au refuge Bonatti est superbe au niveau des paysages et différente au niveau du profil, car pendant presque 8 kilomètres, ce n’est qu’une succession de petites montées, replats et descentes.

 

Sur cette partie, je vais rencontrer Cyril du  MTC, qui chemine en sens inverse pour rejoindre Alexandra. Il est malheureusement porteur d’une nouvelle peu réjouissante : Lucien a abandonné ! Cette nouvelle m’attriste, car je garde en tête toute l’émotion qui était la sienne sur la ligne de départ, toute cette énergie positive !…j’espère maintenant pouvoir aller au bout, pour moi, mais aussi pour ces compagnons d’aventures qui ont dû renoncer (Sophie, Lucien). 

 

J’arrive au refuge Bonatti après 19h46 de course, je suis 1053ème.  Il est 14h16, la météo est parfaite, je retrouve Raphaël pour un petit pique-nique sur l’herbe, face aux sommets enneigés.

 

Une fois n’est pas coutume, c’est ensemble que nous repartons vers Arnuva. Rapidement un petit groupe d’une dizaine de coureurs va se former, et nous allons arriver tous ensembles à Arnuva sous les applaudissements de nombreux spectateurs. Il est 15h54, je bip en 1118ème position après 21h24 de course.

 

 Etape 9 : Arnuva / La Fouly (13,9 km et 798 m de D+) :

 

Après avoir bu une bonne soupe et un verre de coca, je décide de passer à la tente médicale pour faire soigner ma cheville qui devient de plus en plus douloureuse. Mais il y a déjà 3 coureurs en attente, et la podologue m’explique qu’elle ne pourra me faire qu’un pansement  avec du coton et de l’élasto pour amortir le choc. Je prends donc la décision de repartir. Surtout que nous allons attaquer la montée vers le grand col Ferret. Et depuis St Gervais, la douleur est plus facilement supportable en montée !

 

Pour cette montée, j’arrive à garder le même rythme que Raphaël…il me semble même que nous alternons les relais! Puis, au bout d’une petite heure de montée, ma chérie nous appelle pour prendre des nouvelles. Et là, j’ai le malheur de lui demander l’estimation internet de notre temps de passage au sommet. Sa réponse me clout sur place : « Vers 19h30’ ! » « Quoi ! encore deux heures de montée ». Heureusement, c’est vers 17h40 en 1097ème position après 23h10 de course que nous passons au sommet, dans un froid terrible, sous les rafales de vent.

 

Nous nous engageons dans la descente, à la recherche d’un endroit à l’abri du vent pour se couvrir. Endroit que nous n’allons pas tarder à trouver. Ayant « bâché » plus vite que Raphaël, je décide de prendre les devants…mais la douleur lancinante de ma cheville devient insupportable. Impossible de prendre appui sur mon pied gauche…j’insiste…mais en vain. Je m’immobilise alors sur le bord, et je guette Rafouille. 

 

Dès qu’il est dans mon champ de vision, je lui fais de grands signes pour lui expliquer que pour moi c’est fini. Arrivé à ma hauteur, il tente de me faire repartir. Mais dès les premiers appuis, la douleur est trop forte. Après une longue discussion, on décide de tenter un « strapping » avec nos restes d’élasto.

 

Et là « miracle », je ne sais pas si c’est le « strapping », ou le repos, ou ??? En tout cas, la douleur est toujours présente, mais je peux de nouveau poser le pied. C’est reparti, tout d’abord très lentement, puis sur le même rythme qu’avant cet incident ! Raphaël derrière moi s’inquiète, car il trouve que je boite encore beaucoup, mais la douleur a pourtant tendance à devenir de plus en plus supportable.

 

Nous allons faire une descente prudente, à la fois pour ménager ma cheville, mais également les genoux de Rafouille, car lui aussi déguste pas mal. D’ailleurs, nous décidons qu’à la Fouly, c’est l’arrêt obligatoire chez le médecin pour les deux ! Cette descente va me paraître interminable. Je focalise sur ma cheville, mais comme les chevaux, plus j’approche de la Fouly, plus ma vitesse s’accélère (je sens les écuries !!!!).

 

C’est avec un peu d’avance sur Raphaël, qui gère ses genoux, que j’arrive à la Fouly. Il est 19h49, je suis 1156ème après 25h19 de course.

 

 Etape 10 : La Fouly / Champex-lac ( 14,7 km et 533 m de D+) :

 

Je vais faire un passage éclair dans cette base de repos. Un coca, une soupe et…direction le pôle médical. La salle est bondée, une infirmière s’occupe de faire le tri. Elle regarde ma cheville et m’autorise à patienter pour voir le médecin. Je suis assis sur une chaise à attendre mon tour et je guette la porte d’entrée …En fait, je m’inquiète de ne pas voir débarquer Rafouille !

 

Après un long moment, le médecin vient jeter un œil à ma cheville…malheureusement, il ne peut rien faire d’autre que constater l’hématome ! Il me propose de mettre un pansement dessus pour amortir les chocs. Mais j’ai déjà essayé, et plus on met d’épaisseur, plus la douleur est forte. Il me propose alors une ultime solution…Si on découpait la chaussure ?  BANCO !!!

 

Et voilà, comment 5’ plus tard, je me retrouve dans la salle du ravito à crier le prénom de Raphaël, la cheville comme neuve ! Malheureusement Rafouille ne répond pas, il n’est pas non plus en salle de soins. Je téléphone à ma chérie pour qu’elle regarde le pointage à la sortie de la Fouly. Elle me confirme que Raphaël est reparti.

 

Alors je fonce…Enfin je cours ! Mais par rapport aux autres, j’ai l’impression de voler. Je ne veux pas passer cette deuxième nuit seul. Je n’ai qu’une envie, retrouver Rafouille et ne plus le quitter pour terminer avec lui. Au bout de 5’ minutes, mon portable sonne, c’est Rafouille, il sort de la Fouly ! Non ce n’est pas possible…Gros moment de confusion… Je m’immobilise sur le bord et j’attends. Je trouve le temps long, des wagons de coureurs me dépassent. Les mêmes que j’avais dépassés il y a quelques instants dans mon euphorie pour rejoindre Rafouille.

 

Je profite de cette pause pour manger, mettre ma frontale. Mais toujours pas de Raphaël. Alors je le rappelle, il est en chemin. J’attends encore…Puis je crie « Raphaël », une fois, deux fois …dix fois. Il me téléphone à son tour, me dit de partir devant. NON ! Cette fois je l’attends, cela fait bientôt 24 heures que nous partageons cette aventure, alors…j’attends !

 

Enfin au bout de 5’, 10’…15’ ? Je retrouve Rafouille…et comme un bonheur n’arrive jamais seul, dans les minutes qui suivent c’est Alexandra et Cyril du MTC qui nous rejoignent ! Le scénario est superbe. Je nous vois déjà passer la ligne ensemble. C’est que du bonheur !

 

Je vais rapidement déchanter. La « réparation » du médecin m’a totalement libéré ! Je ne ressens plus qu’une légère gêne. Je peux suivre sans souci le rythme imposé par Alexandra…Mais il n’en est pas de même pour Raphaël. Il me conseille de poursuivre sans lui. Je n’arrive pas à m’y résoudre !

 

Je laisse donc filer Alexandra et Cyril. Mais, plus le temps passe et plus je me rends compte que Raphaël souffre énormément de ses genoux ; courir lui devient quasiment impossible. Qu’à celà ne tienne, nous allons marcher. Mais le froid me rattrape, j’enfile toutes les épaisseurs possibles…malheureusement je n’arrive plus à me réchauffer !

 

Je dois donc abandonner Raphaël, car sinon je vais tomber en hypothermie ! Je me mets à trottiner, puis à courir de plus en plus vite. Je ne cesse de doubler. A présent, je suis dans la montée vers Champex. Je double les groupes, tel un « Pacman ». Par moment, j’ai le sentiment de devenir spectateur de ma course. Je téléphone à Raphaël pour l’informer de ma nouvelle stratégie de course : «  Je vais essayer de rejoindre Alexandra et Cyril pour ne pas passer la nuit seul ».  

 

En fait, au moment où je téléphone, sans le savoir je suis en train de dépasser Cyril. Car je suis à hauteur d’un attroupement autour d’un coureur faisant un malaise et le secouriste à son chevet : « c’est Cyril ! ». Comme il y a déjà pas mal de monde autour de ce malheureux coureur, je poursuis mon chemin sans avoir reconnu Cyril.

 

A présent je ne suis plus très loin de Champex, car j’entends déjà la sono. Je suis calé derrière une féminine qui ferme la marche d’un petit groupe. Mais ! Cette féminine ! Alexandra ? Et oui, Bingo ! Je viens de rejoindre Alexandra, et c’est ensemble que nous « bipons » à Champex  après 29h13 de course en 1063ème position. Il est 23h43.  

 

 Etape 11 : Champex-lac / Trient (15,4 km et 778 m de D+) :

 

 

Je vais profiter de ce ravito pour manger ma première assiette de pâtes et prendre deux cafés. Raphaël a dû faire une superbe montée, car il ne tarde pas à nous rejoindre. J’en profite pour l’informer de vive voix, que je compte poursuivre avec Alexandra et Cyril.  

 

Mais, finalement lorsque je suis prêt à repartir, seul Raphaël est opérationnel ! Cyril vient juste de nous rejoindre, et Alexandra préfère prendre un peu plus de temps pour recharger les accus. Ayant peur d’avoir froid, je profite de la présence de Cyril pour échanger avec lui mon corsaire contre son fuseau long (encore merci Cyril !), et je quitte la base de repos en compagnie de Raphaël.

 

Mais 2’ plus tard, me voilà de nouveau dans la base de vie, car je ne trouve plus ma frontale…petite séquence frisson…En fait, je la retrouve à sa place sur une poche latérale de mon sac !

 

Il est 0h22’ lorsque je quitte définitivement le ravito de Champex-lac. Raphaël est là, il m’attend tranquillement ! Nous partons en marchant d’un bon pas le long du lac. Mais rapidement, je suis de nouveau sujet au froid. Je propose à Rafouille de trottiner…Mais avec ses genoux il ne peut pas ! A regret je m’éloigne…mais cette fois, nous avons bien compris tous les deux que nous ne nous reverrons plus pour un bon moment !

 

Après avoir couru  à une bonne allure pour me réchauffer, je lève le pied en espérant voir revenir sur moi Alexandra et Cyril. J’en profite pour lire mes SMS (je ne remercierai jamais assez ma chérie, mon frangin et le solitaire pour leur soutien de tous les instants, ainsi que tous les autres : Samos, Marie laure, Teddy, DJ Gombert, L’dingo  etc…) mais de nouveau je ressens des frissons…

 

Je décide de faire ma course ! Je me dirige seul vers la légendaire montée de Bovine ! Dès le début de la montée, je sens que j’ai de bonnes jambes, alors j’attaque. Je vais doubler de nombreux coureurs dans cette montée, qui va finalement passer assez vite. Le relief me rappelle un peu mon terrain de jeu favori, « la Sainte Victoire ».

 

Arrive ensuite un long faux plat montant avant le ravito. Sur cette partie je vais une nouvelle fois souffrir du froid. Je pointe à 2h54 du matin en 969ème position  à Bovine, après 32h25 de course, et je m’empresse de prendre un café bien chaud.

 

 Etape 12 : Bovine / Vallorcine (15,7 km et 862m de D+) :

 

Je vais passer très rapidement au ravito de Bovine, car je ne pense qu’à courir pour me réchauffer. Pour l’instant, je n’ai toujours pas sommeil, mais je commence à avoir quelques hallucinations : Beaucoup de souches d’arbres ou de rochers que je « transforme en spectateurs ». Et puis j’ai cette sensation d’être spectateur de mon déplacement !

 

Je continue d’avancer à un bon rythme, je ne fais que reprendre des coureurs. Je me trouve sur la partie vallonnée avant de basculer dans la descente vers Trient. Je rattrape un Italien, puis le dépasse. Il décide de prendre ma foulée…mauvais choix ! Car je vais dévier de la bonne trace (de quelques mètres !) en suivant un sentier à vaches, et me retrouver au milieu d’un bourbier plein de bouses de vaches…Je vais m’en mettre jusqu’aux chevilles ! Je ne vous raconte pas le pauvre italien tout ce qu’il a pu me dire dans sa langue natale !!!

 

Après ce bain de Boue/bouses forcé, j’attaque la descente très technique et dangereuse vers Trient (énormément de racines !). En chemin, je vais pouvoir tremper mes pieds dans un torrent, histoire de laver mes chaussures…et de me glacer les pieds !  

 

Puis, je vais de nouveau rejoindre de nombreux coureurs, certains sont vraiment à la dérive. Je vais d’ailleurs rester un moment avec l’un d’eux, car son état m’inquiète. Il ne cesse de trébucher, de tituber et finalement…il va même finir par chuter devant moi. Heureusement sans gravité !

 

Je propose donc de passer devant lui pour lui ouvrir le chemin, et faire la conversation.  Au bout, d’une dizaine de minutes, il m’avoue aller mieux, et comme un petit groupe vient de revenir sur nous, je le laisse en sa compagnie.

 

Je vais finir cette descente sur un bon rythme, mais elle va me sembler interminable. C’est avec une grande joie que je retrouve la civilisation... et surtout les encouragements des bénévoles lorsque j’entre dans la base de Trient  à 4h24 du matin après 33h54’ de course. Je suis 903ème.

 

Je vais faire un arrêt éclair, 8’ juste le temps de boire une soupe bien chaude et un verre de coca et me revoilà dehors. Je sors en compagnie d’un coureur italien. Une conversation digne d’un sketch humoristique va s’engager entre nous. Il va mettre 5’ à m’expliquer qu’il vient de dormir 5 heures à Trient (il devait être sur de super base !) et je vais mettre le même temps pour lui répondre que, pour l’instant, je n’ai pas encore dormi !

 

Est-ce un signe prémonitoire, peu de temps après cette conversation rocambolesque, dans la montée de Catogne, l’envie de dormir me rattrape ! Je lutte comme je peux. Les hallucinations se font de plus en plus fréquentes. La petite sangle qui dépasse du sac du coureur qui me précède, ne cesse de se transformer en vilain bâton qui veut me crever les yeux !

 

Après une demi-heure à lutter, je décide d’écouter de la musique pour me secouer. Mais sans grand succès. Je regarde l’heure ; à présent il est 5h30. En jetant un œil sur les montagnes qui m’entourent, je constate que le soleil n’est pas loin de se lever. « Allez riri courage, surtout ne pas s’arrêter pour dormir, le jour ne va pas tarder à se lever ! ».

 

Mais l’envie devient de plus en plus forte, je suis à deux doigts de me rouler dans ma couverture de survie sur le bord du sentier pour faire un petit somme. Mais j’ai peur…peur d’avoir froid et de tomber en hypothermie. Alors je me force à avancer, en me promettant que dès mon arrivée à Vallorcine, je m’offrirai une heure de sommeil. A partir de ce moment là, je ne vais plus penser qu’à çela. Aller le plus vite possible à Vallorcine, pour DORMIR !

 

Je vais pointer au sommet de Catogne à 6h13 du matin, je suis frigorifié. Je prends 5’ autour d’un feu de bois pour me réchauffer et lever ma frontale (le jour se lève !). Je suis 818ème après 35h43 de course, et je ne rêve que de Vallorcine pour DORMIR !

 

Je vais faire une descente très rapide, dépasser une dizaine de petits groupes. Je suis obnubilé par la possibilité de dormir. De cette descente je ne me souviens que de deux anecdotes : La première,une hallucination : Une trentaine de costumes gris clair et gris foncé accrochés par des cintres le long du sentier ! Et la deuxième, un arrêt pour satisfaire un besoin pressent, d’où je repars sans mes bâtons, ce qui me vaut un demi-tour …et surtout une longue séquence de jardinage  pour retrouver l’endroit !!!

 

C’est à 7h12’ du matin, que j’arrive à la base de repos de Vallorcine. Je m’empresse de demander à dormir. Cela fait 36h42’ de course, je sombre dans un profond sommeil. Je suis 781ème.

 

 Etape 13 : Vallorcine / la Flégère ( 11km et 939 de D+) :

 

Finalement, j’avais demandé à dormir une heure, mais au bout de 35’ je me réveille frais comme un gardon ! Donc je décide d’enchaîner, après un rapide passage par la case restauration (un coca + une soupe chaude). Me voilà dehors, il est 8 heures pile !

 

Le départ de Vallorcine est un moment particulier, les spectateurs commencent à nous féliciter, comme si nous étions déjà « finisher ». Moi-même à cet instant, je crois que plus rien ne peut m’arriver. Je marche en pleurant (de joie !), je suis heureux. J’appelle ma chérie, elle m’encourage pour la dernière difficulté à franchir « la tête aux vents »…je pleure (de joie !). Je lis le énième SMS de mon Frangin…je pleure (de joie !).

 

Cette partie jusqu’au pied de la dernière montée, ressemble à un tour d’honneur…seulement voilà, la course n’est pas finie. Un spectateur me dit « surtout ne lève pas la tête ! ». Et là bien sûr…je lève la tête ! Je me trouve devant un mur. « Oh non ! Il faut aller là-haut » (en fait, il faut aller encore plus haut que la partie visible…mais ça, je ne le sais pas encore !). Même si les premiers mètres de l’ascension sont à l’ombre, je choisis de m’arrêter pour  me mettre en tee-shirt, car une grande partie de la montée se trouve au soleil.

 

Ensuite, la stratégie est simple, trouver un rythme et ne plus s’arrêter jusqu’au sommet. Dans cette montée, je ne vais faire que doubler. Je vais reconnaître de nombreux coureurs que j’ai dépassés dans la descente de Catogne. Finalement, cet arrêt pour dormir était le bon choix, car à présent, je peux profiter pleinement de ces dernières heures de courses.

 

Dans cette montée, je vais même recommencer à prendre des photos (la dernière remonte à la montée du grand col Ferret !). Je pense que c’est à ce moment là que je suis sorti de la course. Toute la nuit, j’ai attaqué pour lutter contre la solitude, le froid, le sommeil. Mais là, maintenant, plus besoin de lutter, juste profiter jusqu’à l’arrivée. Et à partir de cet instant…je vais trouver le temps long !

 

Je vais pointer à 10h14 du matin à la tête aux vents, la vue sur le Mont-Blanc est superbe. Je suis 790ème après 39h44 de course. La descente pour rejoindre la Flégère est assez technique. Je l’aborde « tranquilou » en marchant. Puis, arrive un super moment, mon frangin me téléphone ! Cette discussion va m’amener jusqu'à la Flégère. Je peux enfin parler à un proche de ma nuit, évacuer mes peurs. J’arrive à la Flégère à 10h53, je suis toujours au téléphone avec ma belle-sœur cette fois: « Bisous katy, je vais raccrocher, je vais prendre un coca ! ». Je suis 775ème ; cela fait maintenant 40h23’ que je suis parti de chamonix.

 

 Etape 14 : La Flégère / Chamonix (7,1 km et 0 D+) :   

 

Seulement voilà, lorsque je repars de la Flégère, je crois que le plus dur est fait. Je suis plutôt un descendeur et ma nuit me conforte dans cette idée. Ma cheville est de nouveau un peu douloureuse…mais rien d’insupportable. Descendre sur Chamonix devrait être dans la continuité de mon "tour d’honneur" entre la Tête aux vents et la Flégère !

 

Et bien non ! Plus de jambes, je me retrouve obligé de marcher sur une large piste descendante. Lorsque celle-ci se transforme à nouveau en sentier, j’ai l’espoir de retrouver mes jambes. Mais non ! Ma seule consolation, c’est de voir que je ne suis pas le seul, rares sont les concurrents qui courent dans cette descente.

 

Ma chérie me téléphone. Elle vient aux nouvelles, je lui annonce que je ne suis pas prêt d’arriver, car il m’est impossible de me sortir du mode marche. Elle m’encourage : « ce n’est pas grave, marche…tu vas être finisher ! ». Effectivement, après tout, pour ma première participation, je n’ai toujours eu pour objectif que de revoir Chamonix dans les temps, alors...

 

Alors je marche…puis je repense à ce compte-rendu que j’ai lu et à ce kikoureur qui, dans le même état que moi, au même endroit, s’était forcé à courir et avait constaté qu’au bout de 4/5’ la douleur devenait supportable. Alors, je tente…mais au bout de 2’ je renonce. La troisième tentative sera la bonne, ensuite ce n’est que du bonheur…et un peu d’impatience !

 

ENFIN … j’entre dans Chamonix. Je fais en sorte d’être seul. De ne pas revenir trop près du coureur qui me précède et de garder une petite marge sur le suivant. Je jette un œil derrière, personne ! Alors, enfin, je m’abandonne, je me laisse aller à savourer. Je profite « égoïstement » des encouragements des spectateurs qui se font de plus en plus nombreux à l’approche de la ligne d’arrivée.

 

J’ai les larmes au bord des yeux ; que c’est bon tous ces applaudissements, MERCI, MERCI, MERCI. Vous ne pouvez pas savoir, vous sur le bord, comme vous nous faites du bien « c’est que du bonheur ! ». Comme vous n’imaginez pas chez vous devant votre ordi, comment les SMS, les conversations téléphoniques, etc… m’ont porté jusqu’ici ! MERCI !

 

Ensuite, il n’y a plus de mot. C’est la dernière ligne droite ! C’est Lucien et Sophie qui m’accompagnent ! C’est plein de têtes connues et inconnues qui me portent jusqu’à la ligne. Puis une fois la ligne franchi, après 41h39 de course en 742ème position, ce sont les larmes de bonheur !

 

Après la ligne :

 

Une fois mes larmes séchées, je retrouve Sophie du MTC, puis au téléphone : mes parents (larmes bis!), ma femme et mes enfants (larmes ter !). Après toutes ces larmes, il devient urgent d’aller boire un verre, sinon je vais finir totalement déshydraté! Ensuite une grosse fatigue m’envahit.  Je ne retrouve même plus Frank sur la ligne…je suis obligé de lui téléphoner… puis nous rentrons à l’appart.

 

Fin de cette formidable aventure. Merci à ma chérie pour m’avoir soutenu pendant toute la préparation et pendant tout le week-end. Merci à mon frangin (mc21) et au Solitaire pour votre soutien de tous les instants pendant la course… et enfin merci à tous les autres kikoureurs, MTC, collègues de travail, amis…qui m’avaient soutenu avant et pendant l’épreuve.

 

Enfin MERCI à tous les bénévoles présents sur cette épreuve…sans vous nous ne pourrions pas aller au bout de notre aventure, vous êtes indispensables …et vous avez été parfaits !

 

Félicitations à Kafta du MTC qui termine en 35h14 à la 268ème place.

Félicitations à Joy, mon poto ! BANZAIIIIII qui termine 495ème en 39h07

Félicitations à Alexandra du MTC avec qui j’ai joué au chat et à la souris durant toute la course, et qui termine en 41h57 en  785ème position.

 

Et un grand bravo à Raphaël qui, malgré ses genoux termine 1134ème en 44h33’.

 

A bientôt pour de nouvelles aventures.

 

31 commentaires

Commentaire de CROCS-MAN posté le 08-09-2009 à 18:52:00

ça c'est du récit, tu t'es fendu là!
T'avais interet à la finir cette course, en même à 4,5 km/h pas de quoi se la pêter lol.
Mais non, je suis fier de toi. Allez retourne à la route maintenant qu'on se frite un peu.

Commentaire de riri51 posté le 08-09-2009 à 19:53:00

Bientôt les photos!

Commentaire de RogerRunner13 posté le 08-09-2009 à 20:34:00

Merci Richard pour ce magnifique récit chargé d'émotions, j'en ai des frissons. Une bien belle aventure tant humaine que sportive et un super bravo à toi pour être aller jusqu'au bout de ton rêve. Au plaisir de te revoir....

Commentaire de FAB72 posté le 08-09-2009 à 20:38:00

BRAVO RIRI RECUPAIRE BIEN ET REVIENT VITE

Commentaire de tophenbave posté le 08-09-2009 à 22:01:00

bravo et merci pour ce super c.r.

Commentaire de NICO73 posté le 08-09-2009 à 22:39:00

Ce n'est pas un récit, c'est un roman. J'espère que cette aventure restera à jamais un souvenir hors norme. Chapeau bas monsieur Richard !

Commentaire de Méhari posté le 09-09-2009 à 11:00:00

c'est plus qu'un récit, on dirait du Jack London... sauf que là c'est du vécu. Je suis tout ému! On rêve d'y être. C'est l'aventure dans toute sa splendeur. Bravo! Tu motives les débutants en plus!

Commentaire de frankek posté le 09-09-2009 à 12:28:00

bravo et merçi de nous raconter ton aventure. récupère bien

Commentaire de Rafouille posté le 09-09-2009 à 12:33:00

on l'a fait mec...... on est finisher!!!!
tu m'as bleuffé mais je connaissais tes talents d'ultra trailer!!!
mes genoux t'embrassent et te remercient en tout cas!... Ca y'est, prêt à en découdre... à condition que la distance ne dépasse plus 3 chiffres!!

Commentaire de joy posté le 09-09-2009 à 18:27:00

RIRI51 un grand bravo à toi finisher....

Commentaire de kkris posté le 09-09-2009 à 22:06:00

bravo riri, on t'a suivi en live par le site de la course,on pensait à toi pendant toutes ces heures, à courir, marcher, affronter la 1ere nuit, puis la 2eme,puis encore courir, et enfin arriver!!!
ton récit m'a permis d'imaginer ce que ça peut être, une aventure vraiment hors norme.
tu l'as fait,respect.

Commentaire de vinzz posté le 09-09-2009 à 23:03:00

Félicitations quelle belle course ! faite de remontée et d'amitié !

Bravo !!!

Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 10-09-2009 à 10:11:00

Bravo Riri, t'es aussi finisher!
Ta lecture m'a fait bien plaisir, parce que j'ai l'impression d'être moins seul: Quand je raconte que j'ai vu un rocher vêtu d'un pantalon et de chaussures, tout le monde est mort de rire autour de moi ... et pourtant, je l'ai aperçu une fraction de seconde!
Merci et encore bravo à Toi.
Eric

Commentaire de xav04 posté le 10-09-2009 à 14:35:00

Que te dire si ce n'est félicitations à toi et surtout merci de nous avoir fait partager tes émotions tout au long de ton périple!!
Ma seule satisfaction de cet utmb 2009 aura été de te savoir finisher et a bientot pour de nouvelles aventures!!

Commentaire de Métrolo posté le 10-09-2009 à 17:08:00

Bravo RIRI . T'es un beau finisher de ce magnifique UTMB 2009.

Tu as réalisé un beau saut de 166 km dés ton premier essai, sans te manger la planche. Je crois bien que tu détient aujourd'hui le record du monde.....Powell est battu par Riri !!

"T'es un champion Riri, encore bravo !!!"

Commentaire de devey posté le 11-09-2009 à 19:37:00

bravos richard jm

Commentaire de Mustang posté le 11-09-2009 à 21:14:00

comme pour beaucoup d'autres récits, cette même émotion, cette même lutte pour avancer coûte que coûte, l'amitié, le doute et enfin la victoire avant tout sur soi! bravo!

Commentaire de raspoutine 05 posté le 11-09-2009 à 23:48:00

Mais quel récit épique !
C'est de l'aventure, c'est tout simplement beau et ça fait rêver. Que peut-on ajouter de plus ?
Avec de telles histoires , on a envie d'aller voir comment c'est sur place (un jour). Quand est-ce que tu vas intercaler quelques photos dont tu as le secret entre les lignes de ton récit ?
On aura eu une pensée émue pour la victime de la fin de course, ta chaussure, donc. Un destin tragique et cependant une fin glorieuse sur les pentes du Mont Blanc ! De l'inédit ?!
Encore Bravo pour la performance !

Commentaire de riri51 posté le 12-09-2009 à 11:46:00

le lien vers le récit avec photos + vidéos demain (12/09!). Akuna est sur le coup (perso j'ai pas les compétences!)

Commentaire de Souris posté le 13-09-2009 à 15:58:00

Merci pour ton récit et bravo pour ta course.

Je me rends compte que je n'ai pas été la seule à avoir eu trés froid à partir de Bovines... j'ai également profité des feux de bois à Vallorcines.

Bravo TU ES finisher!!!

Commentaire de fulgurex posté le 16-09-2009 à 17:32:00

Bravo pour l'exploit! et bravo pour ce récit palpitant!
J'ai vibré au rythme de ta plume...
J'ai remarqué que tu t'étais débrouillé parfaitement pour gérer tes heures de repas. Donc, je retiens que Richard prend le petit-déjeuner à 7h12 pétante (lac Combal et Vallorcine), déjeune vers midi (12h09 à Cham et 12h35 à Bertone -un peu de retard), dine à 19h49 (la Fouly)...
J'ai eu peur de l'amputation de la cheville...c'était sans compter sur la thalasso spéciale du col de la Forclaz (à retenir).
j'ai même failli pleurer lors de l'arrivée sur Cham.
Merci pour ce témoignage émouvant.

Commentaire de Aiaccinu posté le 17-09-2009 à 19:09:00

Vous êtes des malades !!!!
Plus de 40 heures de course, des fadas
Bravo Finisseur

Commentaire de lulu posté le 17-09-2009 à 22:24:00

Bravo à toi pour ta course...
Quel récit !!!
Et merci pour ton commentaire.

Commentaire de le Styx posté le 22-09-2009 à 23:35:00

Respect encore une fois ! BRAVO ! J'avais déjà des frissons en live sur internet mais le récit m'a laissé pantois ! Dis-donc soit tu refais un UTMB, soit t'écris un tome 2... Biz et bravo...

Commentaire de MC 21 posté le 27-09-2009 à 14:44:00

Enorme !!!
Merci à toi de m'avoir fait partager l'émotion d'une telle course en live. Que du bonheur de te suivre km après km dans ta "conquete du paradis". Et maintenant avec ce magnifique CR, je visualise un peu plus l'ampleur de ton exploit avec toujours cette touche d'humanité qui te caractérise. Je l'avoue, j'ai fini ton CR avec la chair de poule et la larme à l'oeil. Et en plus tu te fends d'un CR digne des plus grands écrivains! Ca mène à tout la CAP.
Le frérot

Commentaire de superchoco posté le 28-09-2009 à 15:34:00

Félicitations Richard, je n'avais pas le moindre doute que tu finirais l'UTMB !
Ton récit est passionnant et d'une étonnante précision. J'ai été ravi de t'accompagner épisodiquement dans ta courageuse préparation.
A très bientôt sur les chemins de la Ste Victoire (et sur route aussi ;-)

Commentaire de arthurbaldur posté le 29-09-2009 à 17:28:00

Sacré CR. Je l'ai lu d'une traite et je me suis régalé. Franchement chapeau d'avoir put endurer cette douleur de cheville !
Ca me fait vraiment regretter de ne pas avoir eu assez de niaque pour continuer à Arnuva.
Vraiment bravo. :)

Commentaire de bernardo posté le 12-10-2009 à 13:57:00

Bonjour RIRi, et encore bravo

Je suis le type mal en point qui es tombé devant toi avant la Forclaz. Après une très longue pause à Trient, j'ai pu finir la course en + de 44h. C'est marrant on s'était suivi tout le long jusque là: passage la même minute au col du Bonhomme et au col Checrouit (je suis en train de soigner mes pieds sur ta photo au col Checrouit!)
A +
Bernard

Commentaire de Rudyan posté le 27-12-2009 à 11:41:00

Voilà un cr bien émouvant et qui fait rêver les débutants comme moi...Bravo Riri!

yannick (toujours)

Commentaire de Bruno CATANIA posté le 31-12-2009 à 11:22:00

Que d'émotions au travers de ton récit, sérieusement j'en ai presque eu les larmes aux yeux.
Pour moi qui ne suit qu'un "povre" marathonien ;-) cette performance me laisse sans voix et pour avoir fait le même parcours en 6.5 jours en mode rando, c'est dire.

Total respect comme dise les djeuns.

Commentaire de KikourOtreize posté le 02-10-2011 à 20:17:27

Un CR en forme de thérapie pour sortir de cet exploit.Bravo tardif Richard,que de courage. Le prochain(Août 2012?)nous serons encore plus nombreux derrière toi pour vibrer à tes exploits.BRAVO
Gilou

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