C’est parti dans les rues de Chamonix, il y a une un monde que je n’avais pas perçu. Cela bouchonne, on marche pendant près de 500m. ,Une foule immense derrière les barrières, des enfants qui tendent la main pour des « give me 5 », vraiment sympa mais étouffant à la longue. Ce sera ainsi jusqu’à la sortie de Chamonix.
Je croise à ce moment Manu ! il me dit qu’il n’est pas entraîné et qu’il verra bien… Je quitte ma veste sous laquelle je commençait vraiment à chauffer.
Jusqu'aux Houches, c'est la foule sur le chemin forestier qui descend la vallée. Je suis bien. Je pense ne pas partir vite. Arrivée aux Houches, du monde et un ravito que je zappe. La première montée vers le Delevret (Alt 1739m), piste large puis sous les pistes de ski. Je suis pas seul (je suis 501ème) !!
Suit une descente bien glissante toujours large puis sur single track. C'est un peu Holiday on Ice, l'euphorie de certain et la prise de risque pour double fait que j'ai pu assister à quelques belles glissades et chutes sans gravité, heureusement.
Arrivée à Saint Gervais, km 21, 535ème. Je n'ai pas pris de risque dans la descente. A nouveau une foule vraiment impressionnante, on aurait pu croire que c'était l'arrivée. Je n'avais pas ce souvenir lors de la CCC et je suis bluffé, cela te porte incroyablement. Je refait le plein d'eau, sort ma frontale et ne traine pas.
Une longue montée m'attend jusqu'à la Croix Bonhomme via Contamines puis la Balme.
D'abord en faux plat montant ou je cours avec un petit rythme jusqu'aux Contamines ou j'arrive 531ème (pas bougé de place). Il est 21h45.
Commence ensuite une longue montée vers la Balme (alt 1698m). Le ravito est immense est très bien éclairé. Je suis bluffé.
La montée continue et me parait interminable. La file de frontale me rappelle la Saintélyon.
J'arrive au Col du Bonhomme vers 00:53 (alt 2459m) - 533ème (pas bougé). Il fait frais mais la descente est globalement pas trop technique jusqu'au Charpieux (alt 1553m).
J'arrive aux Charpieux à 1h42 - km50 (542ème) et j'y reste que 7 minutes. Je n'ai malheureusement pas croisé nos amis de la foulée, Mireille et Pierre, qui sont bénévoles tous les ans à ce ravito.
C'est reparti pour l'interminable montée au Col de la Seigne (alt 2507m). Je commence doucement à peiner même si finalement j'attends le col toujours en 543ème position à 4h04 du matin - km60. Petite descente au lac Combal, je mets mes gants qui sont malheureusement mouillé (je ne l'ai pas mis dans un sac -grrr !). Je sent que je suis moins bien, fatigué, pas très vif, je me fais doublé et arrive au Lac Combal 596ème. Fatigué, je pars rapidement en marchant. C'est un long et large chemin plat mais j'ai du mal à courir, la distance entre coureurs devient significative.
Après ces quelques km de plat, on attaque la montée jusqu'à l'Arrête du mont Favre (alt 2409m). Et là, la fin de haricots. Plus rien de rien de rien dans les pattes, scotché dans la montée. Je laisse passer des trains de coureurs que je n'arrive pas à accrocher ... vidé de chez vidé ...
J'arrive au sommet péniblement. Il est 6h14 - je suis au km 70. Le soleil commence à se lever et j'espère de tout coeur que la machine va repartir. Mais non. Un chemin sympa se présente en balcon avec levé de soleil sur la montage, vraiment sympa sauf que je n'avance plus. Je marche et trottine quelques mètres avant d'être épuisé et de remarcher...
Je me dis qu'à Courmayeur, je vais me changer, me refaire et que tout ira mieux. Je poursuit jusqu'au col Chécrouit (Alt 1958m).
Col Chécrouit
Courmayeur en bas
Suit ensuite la descente (longue) jusqu'à Coumayeur (D-800m). On n'est pas encore à la moitié du parcours. Je récupère mon sa coureur, me change complètement, mets ma 2ème paire de Rapa Nui. Les pieds sont en bon état, pas d'ampoule. Je vais dans la zone ravito, il y a des pâtes. Je somnole 20 minutes sur la table mais c'est pas très confortable. Je repars sans avoir finalement trop mangé après un arrêt de près d'une heure et 679ème. J'étais 662 au Col Chécrouit donc j'ai fais une pause à peu près similaire à tous les coureurs.
La chaleur monte et j'espère que la forme est un peu revenu. La montée commence sur la route dans Courmayeur, je marche vite et me sent bien mais dès qu'on attaque la pente et le sentier qui monte au Refuge Bertone, je confirme que je n'ai toujours plus rien dans les pattes et je continue à me faire doubler par des trains de coureurs.
Courmayeur sur le sentier vers Bertone
Je suis inquiet, démotivé, je pense même à faire demi-tour et retourner à Courmayeur pour abandonner ! La route est encore tellement longue ...
D'un autre côté, je me dis, on est samedi matin, le beau temps est présent et devrait se maintenir et les barrières horaires sont souples et larges. Je me dit que je devrais pouvoir au moins terminer en mode rando dynamique, tout en profitant de ces paysages magnifiques.
Intérêt de finir (j'ai eu le temps d'y penser): découvrir/repérer le parcours, avoir les 4 points UTMB pour les années à venir (qui sait), avoir des points à la tortue jaune (challenge Foulée Muroise), avoir le gilet finisher, ne pas avoir de regret, ne pas me prendre une remarque par mes enfants si jamais ils ne veulent pas aller au bout d'une randonnée.
Arrivée au refuge Bertone, je suis 778ème, j'ai perdu près de 100 places sur la montée !! Ayant de l'avance sur les barrières, je pense à faire une sieste mais je ne trouve pas d'endroit calme et je repars vers le refuge Bonatti qui n'est pas si loin et sans trop de dénivelé. J'essaie un peu de courir et je découvre une douleur très vive à la malléole principalement du pied gauche. La chaussure touche depuis le départ la maléolle, elle devient irritée et maintenant dès que cela touche, j'ai super mal. Je ne peux pas courir et même marché m'est pénible. Je dois positionner à chaque pas le pied un peu de travers pour ne pas que cela touche. Grrrr !!
La fatigue, la douleur, une belle prairie -> j'enlève les chaussures et m'allonge pour une petite sieste. Je mets le reveil et m'endors 40 minutes environ. Il commence à faire chaud.
Je repars mais la douleur à la malléole revient. Je me traine péniblement jusqu’au refuge Bonatti ou je décide de découper mes chaussures pour ne plus que la malléole touche. C'est la libération, je renais, plus aucune gêne et marchant et en courant. Je recommence à penser que cela devient possible d'en terminer.
Je repars du Refuge Bonatti à la 1030ème place, il est 13h00. Je me remets à courir dans cette petite portion en descente jusqu'à Arnuva avant d'attaquer la longue étape de 17km avec la longue montée vers le Grand Col Feret (alt 2527m) puis la descente vers la Fouly.
Grand Col Feret tout au bout à la tente
Je fais la montée au Grand Col Feret (alt 2527m) sur un rythme correct, j'arrive enfin à m'accrocher à des groupes sans que ce soit extraordinaire mais je positive à nouveau. Au Grand Col Feret, j'atteint le km100 et je suis 1089ème ! Ensuite, la longue et roulante descente vers la Fouly. Je me remets à courir sur ce faux plat descendant. Après la descente, il reste un long passage en balcon pour rejoindre la Fouly. J'arrive 1053ème, enfin je remonte au classement. Il y a un petit stand avant le ravito ou je m'achète des pattes bolognaises qui me font du bien. J'y reste 16 minutes.
Je repars vers Champex via Praz de Fort. Ce passage, je l'ai fais lors du Trail Verbier Saint Bernard dans l'autre sens. J'avance, je cours régulièrement et me fais plaisir sur le single en balcon, je remonte des coureurs.
La montée à Champex est longue et je ressors la frontale, c'est déjà le début de la deuxième nuit. Arrivée à Champex, je suis 988ème - km123. Je reste 38 minutes et je me ravitaille bien.
Je repars en pleine nuit pour Trient via la Giete. Après une longue partie le long du lac, puis de route, puis d'un sentier en faux plat descendant, on attaque la montée vers la Giète. Je m'accroche à un groupe qui avance bien et je tiens !! Je suis content de revivre un peu. Par contre, je suis fatigué et je sais que je dois rester dans un groupe pour à la fois bénéficier de la lumière des autres et de rester dans rythme soutenu ce qui me maintient éveillé. Dès que je suis seul : la lumière n'est pas assez forte, je retombe dans un faux ryhtme et je m'endors. J'arrive 929ème à la Giète (alt 2020m). Ensuite, dans la descente, je suis bien et j'arrive 922ème à Trient (km 140 - alt 1303m).
Je reste 26 minutes à Trient, continue à m'alimenter en pâtes et soupe.
Après Trient, il y a la montée Catogne (2009m). Cette montée est raide et continue. A nouveau, je m'accroche à un groupe quasiment jusqu'en haut où j'arrive 902ème. Par contre, lors de la descente, j'ai un mal de dos qui s'est fortement amplifié. Je ne peux plus supporter le moindre choc alors que la descente sur Vallorcine est pas du tout roulante, des racines, blocs, rochers, marches ... une horreur. Je fais très attention de peur de rester bloqué ce qui ne me permettrait pas de finir, ce qui serait dommage après tous ces efforts. Je prends un Dolipranne mais sans résultat lors de la descente.
J'arrive à Vallorcine 939ème - km150. Je décide de faire une bonne pause et somnole 20 minutes. Je repars après 40 minutes, il est 7h06 du matin, fini la frontale.
Je n'ai plus mal de dos. Je pense que le Dolipranne a fait son effet lors de la petite sieste. Je suis rassuré. Une première portion en faux plat montant me conduit jusqu'au Col de Grands Montets.
Suit la montée à la Tête aux Vents. Les nuages s'accrochent à la montagne mais on les traverse et on passe au dessus avec une belle vue sur le Mont Blanc.
J'arrive à la tête aux vents 969ème. La vue est magnifique.
Ensuite, chemin en balcon que nous emmène jsuqu'à la Flégère, dernier ravito avant la descente vers l'arrivée. J'arrive 979ème, je ralentis. A la Flégère, je ne m'arrête pas.
La descente finale fait 8km et D-850m. Je descends en marchant rapidement, je n'arrive plus à courir, quelques trottinement de temps en temps sans plus. Je sais que je suis largement en avance sur la barrière horaire.
J'arrive dans Chamonix, la foule et les encouragements sont incroyables. Je retrouve de l'énergie pour finir en courant. Une arrivée en champion, super, content, heureux en 42h40 et 979ème.
J'ai appris lors de cette course, repoussé encore mes limites et travaillé mon mental. Le chrono n'est pas là mais mon objectif était de finir donc objectif atteint. Une belle aventure, des beaux paysages, des encouragements tout le long, du monde, de l'ambiance, ... j'étais critique par le côté machine à sous mais c'est une belle épreuve et le confort de l'organisation et la présence de cette foule sont vraiment des plus qui rendent cette course .... sympa !!
Toutes les photos :
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4 commentaires
Commentaire de crocodile posté le 06-09-2014 à 14:44:51
merci pour ce beau réçit et les belles photos.
Bravo de t'être accroché jusqu'au bout, c'est pas rien ce que tu as fait.
Commentaire de coach Jack posté le 07-09-2014 à 19:46:12
Bravo !!! j'étais avec toi à Courmayeur au ravito ou tu as écrasé un petit sommeil ! (il y avait un espagnol avec nous).
Ravi que tu aies pu terminer ce magnifique périple, sympa ton récit ... et de bien jolies photos ... Que de bons souvenirs !
Commentaire de ArnoS posté le 07-09-2014 à 21:07:08
Salut Coach Jack, que le monde des trailers est petit. Je me souviens bien, tu partais également faire un petit somme. Tu as fini ? J'ai pas vu de résultats sur ton profil ! J'ai vu que tu es un régulier de l'ultra du Beaufortain. J'en ai entendu que du bien de cette course et je pense le faire en 2015. Bonne continuation en tout cas.
Commentaire de coach Jack posté le 08-09-2014 à 15:10:17
Et oui, tout comme toi, finisher en 39h26 (618 ème)
Pour le Beaufortain, n'hésites pas 1 mn, je compte également le faire à nouveau en 2015, alors RDV du côté de Queige l'année prochaine !
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