L'auteur : st ar
La course : Ultra Trail du Mont-Blanc
Date : 1/9/2017
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 2032 vues
Distance : 168km
Matos : Sac Olmo
Chaussures Salomon XPro2
Veste coupe vent Queshua
Veste coupe pluie Bonati
Pantalon coupe pluie D4
Objectif : Pas d'objectif
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UTMB 2017
Et si c’était ma course ?...
à J-5 on commence à se focaliser encore un peu plus sur l’objectif de l’année…
Ce matin, avec mes amis de l’ASR Trail78 , c’était ma dernière sortie longue avant le grand jour. Les sensations sont bonnes. Les jambes répondent bien. Ca déroule facile.
Comment j’aborde cet UTMB ?
Côté Entrainement :
Je pense que j’ai fait ce qu’il fallait avec les moyens du moment. Globalement satisfait du résultat.
Pas de course de prépa en Juin et Juillet. Mais par contre j’ai réalisé de beaux week-end choc alternant vélo et course à pied.
En résumé l’entrainement s’est passé en 2 grosses phases :
La forme est là, pas de blessure qui me stoppe complètement durant la prépa. ça faisant longtemps que cela ne m’était pas arrivé.
Même si mes 2 genoux ne sont pas sans douleur durant la phase de VMA, je pense que cela passera quand même.
Le début du mois d’Aout marque la fin de ma prépa spécifique UTMB avec un dernier gros bloc aux 25 bosses et sur notre chère Colline de la Revanche à Elancourt.
Je partage mes 2 dernières sorties sur la colline avec Tonton Trailer et Jean Marie de l’ASR Trail . Content qu’ils aient été présent, pour m’accompagner, car je commence à saturer au niveau du volume d’entrainement.
Depuis le début du mois de Juin, j’enchaine entre 12 et 18 heures de sport par semaines (vélo + Càp). Je ne compte plus trop en volume kilométrique mais en temps d’activités réalisé.
Concernant le dénivelé c’est plus difficile en Région Parisienne. Avec les 25 bosses, Auffargis et la Colline, j’arrive à faire entre 1500 et 3000 par semaine en Juillet.
Quelques stats:
1/ Nbre heures d'activités vélo + Càp.
2/ Km càp mensuel
3/ Km càp Hebdo
Côté expérience :
Depuis 2011, On peut dire que j’ai acquis une « petite » expérience de course à pied en montagne avec :
J’ai souffert dans quasi toutes mes courses. Toujours à la limite de la rupture. J’ai toujours subis des coups de mou qui durent des heures et des heures…Je n’en connais, à ce jour, toujours pas la ou les causes.
En espérant que cela se passera différemment cette année, à suivre donc…
On fera attention à bien s’alimenter avec un apport glucidique suffisant avant et pendant la course.
Côté Mental :
Je suis prêt. Hâte de participer à la fête. Car c’est une fête, il faut l’aborder comme ça. Sinon c’est voué à l’échec.
Cette semaine on a eu droit aux départs des courses du GRP et de l’Echappée Belle. Beaucoup d’amis à suivre entre les Pyrénées et la chaine de Belledonne.
On vit à travers les suivis Live Kikourou, la joie des copains/ines finishers mais aussi les abandons pour certains. Je pense notamment à Tonton, PhilippeU et David sur l’EB 47km. Déçu pour eux :(
Il y a aussi les grosses perfs. PhilippeG encore énorme sur le GRP, 14è !!
Et tous les autres comme moi plus modeste mais juste heureux d’atteindre les objectifs fixés. Ça booste pour la suite !
Maintenant Il faut se gonfler à bloc pour aborder cet UTMB. Je vais rentrer dans ma bulle petit à petit dans les jours qui arrivent ...
Voilà le topo , y a plus qu’à attendre Jeudi maintenant pour retrouver tous les amis sur place.
Mercredi 30/8
J-2
Ma première préoccupation c’est la météo. On peut dire que pour l’instant les prévisions sont très mauvaises. Pluie et risque d’orage le samedi…
Pendant que je prépare ma valise le bouzin sur Kikourou est à 200%. On suit les copains sur le live. Aujourd’hui c’est la TDS. Course que je connais bien car je l’ai faite 2 fois.
La valise est prête. Demain matin direction Chamonix en train !
Ah, j’allais oublier, le roadbook…et bien je dirais 40h ça m’irais bien.
On arrive à 10h en plein centre de Chamonix, on est accueilli comme un héros, le pied !!
Plus qu’à choisir une trace qui m’amènera sur cette base…au hasard, tiens en voilà une en 39h52, Bubulle bien sûr ! THE expert of the roadbook bien ficelé.
Bon si je peux faire mieux je ne vais pas me gêner…
Le profil de la course est imprimé, plastifié, avec tous les temps de passages correspondant !
A J-1 c’est le retrait du dossard et vérification du matos obligatoire.
Je dépose d’abord mes bagages chez Marie et direction le Gymnase où je tombe sur Séb Chaigneau.
Je ne pouvais pas mieux tomber ;). Il m’informe qu’il n’a pas d’info concernant le parcours officiel mais que l’on aura en température ressenti jusqu’à -9°C à 2500m.
Vue sur le MontBlanc par la Fenêtre du gîte. Bah on voit rien !
Je surveille l’arrivée des coureurs de l’OCC, notamment une amie Stéphanie engagée sur la course. Elle arrive pile quand je sors du Gymnase, j’en profite pour aller à sa rencontre, faire quelques photos et l’encourager. Elle expliquera plus tard qu’elle a fait une grosse chute assez lourde mais « à la Kilian Jornet» elle ne lâchera pas et finira sa course ;) bravo encore !
Retrouvaille sur place avec mes amis Stéphane, Mathieu, David, Ludovic et William. Stéphane qui réalisera un super chrono de 36h35 et William qui finira 9 petites minutes devant moi. David sera la grosse perf parmis mes amis en 31H16 ! Mathieu en 35H et Ludo en 38H41. Il ya encore Bruno Poulenard, Jonahtan et Jean-Baptiste.
J’ai beaucoup d’amis engagés sur cette édition en espérant que l’on fasse un petit bout ensemble mais c’est peu probable vu les niveaux tellement différents.
Jour J
11h30
SMS de l’organisation, la nouvelle tombe : « Parcours Normal sauf Pyramides Calcaires et Tête aux Vents. Attention Neige > 2000m et température ressentie -9°C »
Je décide au vue des conditions annoncées de partir en collant long directement. Inutile de partir en short pour se changer à peine 2 heures après au Délevret ou St Gervais.
Ce sera donc un tee shirt manche courte, veste coupe-vent et collant long. Pour la nuit je rajouterai la veste coupe pluie et si besoin une couche polaire supplémentaire.
En fait je ferai tout le parcours avec un tee shirt manche courte et mes 2 vestes selon qu’il pleuvait ou pas.
Pour les mains c’est gants D4 en soie. Pour la pluie gants Mappa mais jamais sortis durant la course.
Il est 13h, retour au gîte pour déjeuner et préparer mon sac de course. Pas le temps de faire de sieste. Je discute une dernière fois avec Jean-Philippe Lefief (Traducteur de Born to Run) que j’ai rencontré la veille au gîte.
Il me donne plein de conseils sur mon alimentation et ma tenue vestimentaire. Super sympa.
16h il est temps de se diriger vers le départ qui a été retardé de 30 minutes. On partira donc à 18H30.
18h30 Top départ !
La rue principale est évidement bondée. Ludovic Collet a chauffé le public depuis plus d’une heure déjà !
Tout le monde nous encourage, il y a une ambiance de fête avec tout ces drapeaux de tous les pays, nous sommes en communion avec les gens, les premiers km sont avalés sans difficulté. Petit à petit mes amis Stéph et Mathieu disparaissent dans le peloton devant moi.
Direction le Délevret, je suis en roue libre. A son tour David me double en me conseillant de ne pas perdre trop de temps en ce début de course.
Merci Messieurs d'être là pour nous ! Cela dénote vraiment leur état d'esprit, d'une gentillesse extrême.
Arrivée à St Gervais, je vérifie mon temps de passage, c’est pile dans les temps sur ma base de 40h. Je me sens bien.
A peine arrivé, sans que je le demande un bénévole me remplit mes gourdes, c’est très appréciable. Merci !
Içi c’est la grosse ambiance, les gens sont survoltés, les décibels au plus haut avec un groupe de musique de percussions Africaines.
Direction les Contamines que je connais bien après deux TDS. Les sentiers sont de plus en plus boueux, les poses de pieds sont moins stables, il faut être vigilant mais physiquement je me sens bien. J’avance à mon rythme.
Un ami me double, Bruno Poulenard. Il est parti du fin fond du peloton très tranquillement pour profiter de l’ambiance par l’arrière, sans pression il remonte la file de coureurs. Je ne me fais pas de soucis pour lui, il est accoutumé de ces départs plutôt tranquilles pour faire des chronos toujours honorables. Pour cette fois, touché au physique et au mental il stoppera à la Fouly :-(
La prochaine étape c’est la Balme. Mais avant c’est notre Dame de la gorge. Là aussi il y a une grosse ambiance, musique, pleins de monde pour nous pousser. C’est « easy » jusque maintenant.
Faut pas rêver. Je discute avec un coureur qui me dit qu’après la Balme on quittera la civilisation et que l’on risque de ne plus voir grand monde mis à part sur les ravitos.
Je fais mon chemin, en direction de la Balme, avec un « jeune » qui a vécu dans le coin de nombreuses années, travaillant maintenant à Paris, il me décrit parfaitement chaque passages jusque notre prochain arrêt. Nous sommes à priori sur la même base de 40H. Je lui pose pleins de questions notamment sur les temps estimatifs pour arriver à 10H dimanche sur Chamonix.
Il m’explique notamment qu’il faudra rajouter, environs 20/23H à partir de Courmayeur. Il me faudra en réalité 25H pour rallier Chamonix depuis Courmayeur.
Le ravito de la Balme approche, crois-je. Au vue de la lumière bien visible sur les hauteurs. En réalité je mettrai plus d’une demi-heure à atteindre le ravito. Mon compagnon de route ne s’arrête pas et file en direction du col du Bonhomme directement. Moi je m’arrete.
Ma stratégie aux ravitos était toujours la même :
1/ Je me débarrasse de mes déchets
2/ je remplis mes gourdes
3/ je mange.
Au niveau nourriture, c’était pastèque, soupe de vermicelles, saucisson, pain et pates ou riz quand dispo.
Il y a excellente ambiance, comme depuis le début. On y trouve en majorité des jeunes, c’est festif. Comme si on nous préparait pour le pire ensuite. « Allez dernière rigolade » parce qu’à la sortie du ravito on nous annonce la couleur.
« Au col du bonhomme ce sera 5°C en ressentie proche de 0°C avec du vent ». Faudra pas trainer là-haut.
Le col arrive vite, je monte bien par contre, la croix se fait attendre. C’est long je pensais à la vue du profil que cette portion serait rapide. Il n’en est rien.
J’ai, de plus, quelques petites alertes durant la montée aux niveaux de mes releveurs.
J’avais vécu la même chose sur ma 1ère TDS en 2014. J’avais tout de même réussi à terminer ma course avec le même type de douleur alors je ne fais pas d’inquiétude pour le moment.
Les chapieux, dernier gros ravito avant le col de la Seigne. Dernier gros ravito avant le lever du jour en Italie. J’ai déjà les images du col de la Seigne en tête après toutes ces vidéos déjà vues des milliards de fois sur Youtube.
La température devient glaciale. Le vent nous gifle le visage. J’ai sorti le Buff du Trail d’Auffargis.
Je pense à l’ASR Trail, je sais qu’ils nous suivent Stéph et moi. C’est bon pour le moral. Il faut s’accrocher à chaque éléments possible qui nous font tenir, qui nous font avancer pas à pas.
Le col approche mais je ne le vois que tardivement. Je me focalise sur le sentier lui-même. Ma lampe frontale ne va pas tarder à s’éteindre. Elle a clignoté deux fois déjà. Je ne souhaite pas m’arrêter pour changer les piles.
Le jour se lève petit à petit, autour c’est la neige qui domine. Le spectacle est splendide, d’une beauté pure.
Il fait froid mais devant nous, la beauté du jour efface toute les traces de la nuit. Un bénévole nous dit qu’il faut descendre plus bas car il y a moins de vent. Mes doigts sont gelés.
Cette année nous éviterons les Pyramides calcaires pour aller directement au Lac Combal.
Mes releveurs sont bien douloureux maintenant. Surtout le gauche. Ils m’empêchent de courir à la vitesse que je souhaiterais mais surtout m’empêchent de me sentir bien dans ma course.
De plus mon téléphone portable s’est complètement déchargé, même éteint, durant la nuit alors que j’avais plus de 70% de charge la veille au soir. Le froid a eu raison de lui. J’arrive à le rechargé un peu pour prendre les dernières photos et contacter ma famille.
La partie Lac Combal, Arete du Mt Favre, col Checrouit est magnifique. Attention les yeux le paysage est juste somptueux. Le soleil est avec nous mais le vent souffle fort. Je garde ma veste coupe-vent pour aborder la descente vers Courmayeur. Longue descente en lacets, poussiéreuse, c’est étrangement sec içi. C’est interminable !
Arrivée à Courmayeur, je fais un arrêt pas trop long par rapport à ce que j’avais imaginé, 45’ seulement.
Pâtes Bolognaise, bien sûr, on est en Italie ! je change mon Tee shirt, je me recharge en aliment (gel barres). Je me lave un peu au lavabo et c’est reparti !
On attaque Bertone. Dans la montée je rencontre un kikou, Bachus, qui stoppera plus tard. On échange pas mal, cela passe le temps, il fait beau. Cette partie, bien que raide, est assez agréable à monter, je suis étonné car c’est d’habitude mon point faible. Philipe un ami m’envoie un SMS et me dit que j’ai gagné 80 places dans la montée.
On voit Courmayeur depuis Bertone, la vue est magnifique.
Par contre Bonati c’est une autre histoire.
Peu de dénivelé entre Bertone et Bonati mais comme je suis incapable de courir à mon rythme sur le plat, à cause de mes releveurs de plus en plus douloureux, je n’avance pas. Du coup le refuge de Bonati se fait désirer. Cette portion est vraiment pénible. J’y arrive épuisé. Je fais un stoppe là un peu plus long que prévue.
Il y a maintenant, en plus du vent, la pluie. Il fait froid. Beaucoup d’entre nous hésites avant de repartir. Certains s’équipent déjà du pantalon coupe pluie et anticipe la montée vers le grand col ferret qui sera épique.
Un bol de soupe et je décide de m’engager dans la descente vers Arnouvaz. J’ai ressorti ma veste coupe pluie car il fait vraiment froid maintenant alors que nous avions un grand beau ciel bleu et chaud il y a quelques heures auparavant.
Le corps ne comprend plus rien.
A Arnouvaz, je mange suffisamment pour aborder le Grand Col Ferret qui suit. Il ne faudra pas faiblir et rester costaud tout le long.
J’ai beaucoup de crainte à l’idée t’attaquer ce col. Le responsable de station nous oblige à porter le pantalon coupe pluie sinon c’est sortie de la tante interdite.
La pente est raide. Pendant l’ascension c’est toujours beaucoup de vent dans le dos , sur le visage. Tout est gelé au sol et le brouillard s’invite à la fête à l’approche du col. Malgré cela j’avance à mon rythme.
Je vois un jeune redescendre, Thomas de mémoire, il stoppe là. Il me dit que sa tête a lâché depuis ce matin et qu’il ne souhaite pas rester dans la course. Je tente de le convaincre de continuer, en vain…
Arrivé au Grand col Ferret dans le brouillard il faut vite redescendre et ne pas rester là. La descente n’est pas difficile.
Je retrouve Jonathan, un ami, à la Fouly. Contraint de temporiser à cause d’une douleur à la cuisse droite. Son nouvel objectif, comme moi, sera d’être finisher uniquement. Le reste aura bien peu d’importance. On se souhaite bonne course et peut-être à tout à l’heure. Mais on ne se reverra plus de la course.
Prochaine étape La Fouly-Champex Lac.
Cette partie est roulante, impossible pour moi de courir à mon rythme. J’en ai sous le pied mais mes releveurs me freinent. Nous avons une longue partie sur bitume, au moins 5km, j’ai l’impression de faire un semi-marathon sur Paris, c’est horrible.
On apprendra plus tard qu’il y avait eu un changement d’itinéraire dû à un petit éboulement de terre qui rendit le sentier impraticable. Chapeau à l’organisation car elle a su être réactive sans que cela soit visible pour les coureurs.
Les voitures croisées en sens inverse de la route s’écartent mais c’est limite au niveau sécurité, nous entamons la deuxième nuit, nous ne sommes pas lucide comme au premier jour.
J’alterne marche rapide et course à pied. Ma foulée rasante provoque le frottement de mes pieds au sol avec ce bruit sur les graviers qui dénote mon incapacité à lever mes pieds plus haut. Je suis, depuis un bon moment maintenant, en mode reptile.
Les lumières sont visibles là-haut. Je vérifie mon profil de course, nous quittons enfin la partie sur route. Il y a un petit chemin sur le côté gauche, un gars, un anglais ne voit pas la rubalise, il continue tout droit sur la route. Je l’appelle, je suis obligé de crier car il ne m’entend pas. Enfin il se retourne et se rend compte de son erreur. Il me remercie et il me dit qu’il suivait la direction des lumières là-haut un peu à vol d’oiseau…Dans la nuit, on ne distingue plus trop le relief, uniquement ces points blancs qui scintillent. On peut imaginer d’innombrables chemin imaginaire sur le flanc des collines. Il faut rester vigilant pour suivre les rubalises.
Dans cette montée je m’arrête plusieurs fois, Je suis fatigué. Chaque banc que je croise sera mon ami, je m’allonge même 5 minutes sur l’un d’eux. A peine relevé, un gars prend ma place, nous sommes tous épuisés, le silence règne dans le rang.
Arrivé à Champex, je refais le plein d’énergie, Pates, saucisson, pain. La partie qui suit va être très longue. Je la craint. Sur mon roadbook, c’est 4H pour arriver à La Giete et une heure de plus pour Trient. Donc au moins 5 heures sans vies !!
A la sortie du ravito je tombe sur 2 gars avec qui je discute. Chacun raconte un peu ce qu’il a vécu depuis hier. On est d’accord pour dire que la partie sur route La fouly-Champex était la plus indigeste. Nous continuons à deux. Mon compagnon du moment me raconte qu’il a fait une reco de cette partie en Juillet. Il me brief sur la partie à venir. C’est Bovine !
D’abord il y a Plan de l’Au où je retire mon pantalon coupe pluie. Il ne pleut plus. La température est de nouveau supportable.
Je ne lâche pas mon compagnon de route, il monte bien, il est régulier. Nous doublons un paquet de coureur jusque Bovine. Cela m’impressionne, moi qui d’habitude cale en montée. Je crains d’exploser en route. Je prends le risque de le suivre jusqu’au sommet.
On entame la partie descendante, il me laisse passer. Blessé aux Ligaments croisés cette année, il préfère rester prudent dans la descente. Je le distance petit à petit, je ne revois plus.
Descente vers Trient, régulière, sans difficulté, j’ai environs 1 heure pour y arriver selon mon RB.
La boue qui domine le sentier nous oblige à la plus grande vigilance pour éviter les glissades et les chutes.
Champex Lac-Trient en 5h10, pile dans les temps.
Direction Catogne. Toujours aussi bien en montée je double sans réfléchir. Un gars m’accroche dans la montée. Nous monterons jusqu’aux Tseppes tous les deux et me remerciera pour l’avoir « tiré » jusque-là en me disant que j’avais assuré. Cela me conforte dans mon idée que je suis à l’aise dans les montées, je prends confiance pour la fin du parcours. Je garde un rythme régulier. Le sentier n’est pas large. Je double en prenant des risques sur le côte de la trace. Chaque coureurs me laissent passer sans rechigner. Je quitte la trace pour pouvoir passer. Certains me regardent certainement en se demandant comment je peux, à ce stade de la course, monter aussi aisément…je suis moi même étonné, les jambes répondent, j'en profite encore. Je monte.
Arrivé au ravito des Tseppes je ne m’arrête même pas. Je trace tout droit direction Vallorcines, pressé de rejoindre Chamonix. Je pense y arriver très vite mais avant de basculer sur la partie descendante c’est encore long.
Le jour se lève à ce moment. Ayant fait le Marathon du MontBlanc, j’espère reconnaitre le parcours. Pas évident. Mais je me sens bien, malgré les douleurs j’essaye d’allonger la foulée en descente vers Vallorcines.
A ce moment je me remets en mode compète, j’ai toujours en tête de me rapprocher des 40H de course. Je pense que c’est jouable.
Vallorcines en 37H18 de course. Et si je mets 3H pour rejoindre Chamonix, c’est tout bon !
Mes espoirs s’effondrent quand je me renseigne auprès d’une bénévole à la sortie du ravito.
Elle me dit que ce sera plus proche de 4h que de 3. Il y a quand même 18Km en considérant une première montée au col des Montets d’environ 300d+, une descente vers Argentière que l’on ne court pas tellement c’est technique, avec racines et rochers. Ensuite c’est au moins 600d+ pour monter à la Flégère pour enfin descendre sur Chamonix.
Je sors du ravito en mode guerrier dorénavant. Je veux la faire mentir. Je me fixe 3h30 pour arriver à Chamonix.
Je court comme je peux sur la partie plate qui mène au Col des Montets. Dans la montée j’accroche un couple d’Italien qui avance d’une bonne allure. Je décide de rester avec eux le plus longtemps possible. La fille a déjà fait le MDS. C’est pour moi un signe qu’elle sait gérer son allure. Je me cale sur elle.
La descente vers Argentière est hyper technique, on ne peut pas courir. Les racines omniprésente force à la retenue. C’est je trouve même super limite de la part de l’organisation d’un point de vue sécurité de nous faire passer içi après 150km…En sens inverse, un groupe de coureurs monte facile et nous encourage, c’est Stéphane Brogniart ! Merci Monsieur ! Toujours Sympa.
Enfin on se dirige vers La Flégère, ça monte bien, c’est raide, on aperçoit le MontBlanc comme un cadeau pour finir notre périple depuis Vendredi soir.
La Flegère en 40H35
Au ravito je ne m'arrête à peine, j’ai assez d’eau. Un bénévole m’informe qu’il me faudra au maximum 1h30 pour franchir la ligne d’arrivée. Je quitte le ravito en remerciant tout le monde de leur présence, comme pour leur dire au revoir. C’est le dernier point de contrôle. Grosse émotion, j'ai la gorge nouée.
J’entame la descente bien raide au début. Mes releveurs me supplient d’en finir au plus vite. J’essaye d’allonger la foulée mais je n’y arrive pas, je descends au mieux.
2 km de l’arrivée je range mes bâtons, je me prépare à rentrer dans Chamonix.
Mon drapeau tricolore à la main. Je pense à ma famille.
J’essaye d’appeler ma femme mais mon portable de s’allume plus. Je sais qu’elle est derrière son écran à surveiller la WEBTV avec les enfants.
1km de l’arrivée, toutes les personnes croisées nous congratulent. Tout le monde a un mot gentil. Tout se passe comme je l’ai rêvé de nombreuse fois. C’est juste le pied !
En mémoire aux personnes parties trop tôt, comme un symbole contre tout ce que l’on vit de moche ces dernières années en France, je déploie mon drapeau, fier, les bras levés, dans le vent tel une aile, il me porte, je ne ressens plus aucune douleur à ce moment-là.
Bruno Poulenard dans la foule me reconnait, content de le voir içi, me félicite et immortalise ce moment en me prenant en photo, mais je ne peux sortir un mot, trop plein d’émotion.
C’est le dernier virage, le public m’accueille, j’y suis ! c’est mon arrivée. Je marche pour profiter, je voudrais que cela ne cesse jamais !
Je suis Finisher de l’UTMB en 41H52’ !!!
J'aurais mis, comme la bénévole me l'avait dit, 4h15 depuis Vallorcine.
Un peu à l’écart, derrière la ligne d’arrivée, les nerfs lâchent, les larmes coulent, Ludovic Collet me félicite. Je suis juste heureux !
Merci à ma famille, mes amis, mes collègues. Vous avez été énorme sur les réseaux (Facebook et Kikourou) et SMS. Je relis après coup tous vos messages, cela me fait un bien fou, vous avez assuré !
Merci à tous !
PS: Le prochain qui me dit que l'UTMB c'est roulant et pas technique, je lui met un pain ! ;)
l'après course: Pizza Parma avec une bière du MontBlanc bien sûr !!
on remballe tout...eh oh ! mais on fait quoi maintenant ?!!!
Podium des prems
C'est eux les vrais Héros ! La PTL !
J+1
Aie aie aie, heureusement que je rentre en train ...
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13 commentaires
Commentaire de Bruno Kestemont posté le 09-09-2017 à 22:00:08
Merci pour ce récit très illustré ! Intéressant depuis les entraînements jusqu'à la fin. Je retiens pour apprendre et faire mieux à l'avenir. Et bravo !!
Commentaire de st ar posté le 09-09-2017 à 22:52:30
Merci beaucoup Bruno ! J'espère que tu l'auras la prochaine fois, ta cerise sur le gâteau ;)
Commentaire de Gilles45 posté le 10-09-2017 à 10:00:45
Super récit St ar, très émouvant
Bravo pour ta gestion de course. Peut être à une prochaine si tu n'es pas en overdose de "25 bosses". GIlles
Commentaire de st ar posté le 10-09-2017 à 22:27:26
Merci Gilles ! Avec plaisir aux 25 bosses ;) dès que mes releveurs me le permettront ;)
Commentaire de catcityrunner posté le 10-09-2017 à 12:07:05
Super récit ! Encore bravo pour ta course, tu as superbement géré et ramené plein de photos qui permettent de bien partager ton aventure !
Commentaire de st ar posté le 10-09-2017 à 22:30:15
Merci Gilles ! peut-être à bientôt sur nos sentiers et en espérant que tu reviennes sur la TDS ?! Elle est vraiment belle;)
Commentaire de DavidSMFC posté le 10-09-2017 à 18:22:35
Quelle aventure et quelles belles images, très content pour toi Soffian ! Un grand bravo pour ta course.
Au plaisir de te recroiser ! :-)
Commentaire de st ar posté le 10-09-2017 à 22:33:51
Merci David ! Nos entraînements payent ! Je ne doute pas qu'à long terme tu y viendras ...
Aussi j'espère à bientôt ;)
Commentaire de Tonton Traileur posté le 10-09-2017 à 19:19:05
raaaah que c'est bon de lire ça ! raaaaah, lovely !
tu peux être fier de toi, Soffian.
(visiblement, le train fonctionne mieux que l'avion ...)
Commentaire de st ar posté le 10-09-2017 à 22:42:50
Merci Jean-Luc ! Heureux que mon récit te plaise ;)
Que c'était dur Jean-Luc, j'en suis d'autant plus heureux de l'avoir terminé...j'ai du mal à me projeter sur le GRP de l'an prochain...
tu sais avec ton histoire, je n'ai pas quitté ma valise de tout le voyage à l'aller...mdr:))
Commentaire de Double_U posté le 18-09-2017 à 22:34:57
Quelle aventure ! Super récit, et effectivement on se loupe de peu sur la ligne d'arrivée ! Bonne récup et à bientôt.
Commentaire de st ar posté le 19-09-2017 à 05:32:01
Merci William ;) et oui dommage on aurait fait une superbe arrivée tous les 2...
À toi aussi bonne récup !
Commentaire de Stéph le givré posté le 04-04-2018 à 07:36:16
Salut Soffian,en voyant ton post sur le trail des 2 amants, et tes douleurs de dos,je viens de lire ton CR sur ton UTMB,pas d'autre mot à dire que respect avec une fin magique avec beaucoup d'émotion.Merci à vous sur kikourou de vos conseils,vos encouragements pour un coureur JALBHAC comme moi,vous qui allez vite mais qui restez simple. Au plaisir de te croiser prochainement.;-)
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