L'auteur : leptitmichel
La course : Ultra Trail du Mont Blanc
Date : 24/8/2007
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 1319 vues
Distance : 163km
Objectif : Pas d'objectif
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273 autres récits :
L'UTMB... Une aventure extraordinaire.
Faire le tour du Mont-Blanc en individuel en une seule étape !
- 3 pays
- 163 km
- dénivelé positif 8 900 m
- 46 heures maxi
En 2006, sur 2535 participants au départ, seuls 1153 ont bouclé la totalité du circuit dans les délais
Petit extrait du site de la course :
"Sept vallées, 71 glaciers, 400 sommets... le massif du Mont Blanc fascine. Faire le tour du Mont Blanc, c'est découvrir un univers incomparable, celui de la haute montagne impressionnante et magique ; c'est partager le rêve éternel des pionniers, c'est traverser le jardin féerique de Gaston Rebuffat et des récits de Roger Frison-Roche "
44 pays représentés cette année, une moyenne d'âge des participants située à 43ans (je suis presque bon moi !) et à peine 10 heures pour saturer le nombre d'inscriptions sur le parcours long (2200 inscrits). Du jamais vu sur une épreuve de ce type ! (ni sur d'autres courses d'ailleurs !!!)
Le CR de la course UTMB 2007... Le côté obscur de l'Ultra trail
UTMB... Quatre lettres qui trottent dans ma tête depuis pas mal de temps.
Juste un échec en 2004. Pas entraîné, pas préparé, et la sanction qui tombe aux Chapieux... normal !
Pour ce retour en terres savoyardes 3 ans après, pas question d'y aller à l'aveuglette. Entraînement, préparation physique et grosse motivation.
Pour la prépa, je vous laisse regarder ça dans le sommaire du dossier
C'est assez exceptionnel mais ma préparation se déroule sans soucis. Les séances s'enchaînent bien, les courses de prépa sont toutes courues dans les temps prévus et le D+ ne me fait plus peur... J'arrive même à terminer le TGV (73 km - 4200m de D+) sans courbatures... du jamais vu.
Ralentissement de la préparation pendant les vacances de S-4 à S-2. La rando prend le pas sur la course à pied, mais ce n'est pas très grave. De toutes façons je serai d'avantage en rando course qu'en course pure !
S-1... Semaine de repos complet. J'arrive même à faire de bonnes grosses nuits récupératrices.
Jeudi 23 Août
Paris-Chamonix en compagnie de Jérôme, RunStéphane et GéLafrite. L'ambiance dans la voiture est loin d'être morose...
Une fois sur Chamonix, passage direct à la remise des dossards histoire de régler les formalités administratives. Là première surprise ... La logistique est tip top... (d’ailleurs toute l’organisation est simplement exceptionnelle… De ce point de vue là, organisateurs, bénévoles… un très très grand merci pour votre gentillesse, vos sourires et votre disponibilité…) en 10mn chrono, tout est réglé. Contrôle d'identité, remise du dossard et du t-shirt, contrôle du matériel obligatoire, fourniture des sacs pour Champex et Courmayeur sans oublier la pose de la puce... bracelet scellé... Qu'on se le dise, les échanges de dossards seront difficile cette année !!!
Le soucis avec ces périodes d'avant course c'est que tous les 20 mètres on rencontre des connaissances... Ufo, Zoo, Raidlight, Kikourou, ADDM, CLM... finalement c'est incroyable le nombre de personnes qu'on fini par connaître dans le petit monde de l'Ultra...
Je profite de ce temps libre pour répondre à l'invitation de Benoît Laval, et aller déguster une petite mousse avec les autres membres de l'équipe Raidlight dans laquelle je me suis enrôlé par l'intermédiaire de l'X'trem Team.
Alexandra Rousset et Benoit Laval
Je retrouve dans cette brasserie quelques habitués... Le Castor Junior, la Souris, Le Boeuf, le Shadock... et d'autres...
Le castor en plein travail
Le Bœuf, le Shadock et la Souris
Fin de la journée. Direction St Nicolas de Veroce, ou réside Olivier et qui va devenir notre base arrière, histoire de se préparer au calme.
Sur place, en plus de Jérôme et Runstéphane je retrouve Kourpavix, , Zeb et sa femme, Alice (Mme Olivier 91) et leur 4 bambins... plus ??? Philippe ou Eric... zut de zut je sais plus… désolé… ! bref une tablée généreuse, d'autant que même la proximité de l'UTMB ne nous coupe pas trop l'appétit...
Cette dernière nuit se passe bien... 10h de gros dodo, de quoi être en forme le lendemain matin
Vendredi 24 Août.
Réveil en milieu de matinée. A partir de là ça trainasse un peu. On fini la préparation des sacs (d'ailleurs Jérôme et Runstephane sont méga lents et en plus ils en mettent partout)
Vous me direz, que notre Dingo national… c'est pô mieux !!!
puis arrive l'heure du dernier vrai repas... Tradition savoyarde oblige, c'est à la croziflette qu'on va constituer nos dernières réserves...
15h30. On descend sur Chamonix histoire de se prendre un peu de marge et de se poser sur place avant le départ.
On dépose les sacs pour Courmayeur et Champex, et il ne nous reste plus qu'à traîner tranquillement en attendant le départ.
Vu les conditions météo, je pars en corsaire et maillot manches courtes col zippé... Pour le reste de l'équipement c'est en détail dans la fiche équipement que vous trouverez dans le dossier complet de l'épreuve
…/… Maintenant place à la course…
18h30. Je suis dans le sas de départ depuis environ 20mn. J'ai réussi à me glisser dans le milieu de paquet environ. Ni trop devant pour ne pas partir trop vite, ni derrière pour éviter les éventuels bouchons, même si le nouveau parcours doit éviter les ralentissements de l'an dernier.
Je me suis volontairement isolé des personnes que je connais. Je veux partir à mon rythme, partir dans ma course... 10 mois pour ça, alors forcément j'ai un peu tendance à être égoïste sur ce coup là... Je veut juste être dans mon "truc".
18h35. Avec 5mn de retard (à ma montre) on est lâchés. J'ai pas mis de chrono (l'heure suffit bien) et encore moins de GPS, altimètre ou cardio... Ma feuille de route est en temps, et à moi de vérifier mes temps de passages.
Le départ se fait en marchant pendant 2-3mn, le temps de quitter le centre ville de Chamonix... Mais rapidement il devient possible de courir. Le truc c'est que cette section en direction des Houches est globalement un long faux plat descendant et qu'on peut rapidement se laisser emporter... Donc prudence.
Dès cette section je ne me sens pas très à l'aise. Une sangle du sac trop serrée, une autre pas assez, pas de sensations (ni bonnes ni mauvaises, juste rien...) Mais bon j'ai toujours du mal avec les débuts de course, et je me dis qu'il faut que tout se cale, que ça se mette en place...
Il fait chaud, très chaud. La météo qui a été annoncée belle puis capricieuse puis belle puis capricieuse ces derniers jours vient de se stabiliser sur "beau temps"... Exceptionnel, du jamais vu sur l'UTMB... Mais du coup je transpire beaucoup (comme d'hab.) et je fais super attention à déjà m'hydrater correctement... Peu mais très souvent...
LES HOUCHES
Juste avant le ravitaillement, Phil me dépasse... il a l'air en grande forme...
Comme prévu je prend au vol un verre de coca et un verre d'eau gazeuse (salée... sluurrppp)... c'est tout.
On est parti depuis 51mn. J'avais prévu 1h00 sur cette section, mais un peu au pif, donc rien d'inquiétant là dedans.
Un peu plus loin on attaque la première montée du circuit... La première des 9 montées que j'ai relevé sur le parcours.
Contrairement à d'autres, je ne la considère pas comme un hors d’œuvre, mais comme une des montées à part entière. Bien sur le chemin sera roulant tout le temps, mais il n'empêche qu'il y a quand même presque 800m de D+, et que c'est loin d'être "pas grand chose" pour moi.
La montée se fait au train. J'ai sorti les bâtons, mais je suis toujours pas bien...
Je ne suis pas malade, ni blessé, ni vasouillard, juste pas bien. Pas de sensations, et j'ai l'impression de faire ça à l'arrache.(c'est d'ailleurs une sensation qui ne me quittera pas pendant toute la course). Pour monter, je monte, mais sans plaisir... Petite pose photo avec Bottle que je retrouve dans la pente, puis ça repart.
Les mauvaises sensations ne passent pas. Je me dis que c'est le début de la course, la première montée et que ça va passer... je me le dis, je me le répète, et finalement j'arrive à la Charme
LA CHARME
Première difficulté de passée... il est 20h47. J'apprendrai après la course que je suis pointé 1186ème, soit en plein milieu du tableau... Ma feuille de temps prévoyait un passage à 20h57. Du coup si je tiens compte des 9mn d'avance aux Houches, je suis monté pile poil dans le chrono prévu...
En haut pas mal de coureurs sont en train de se couvrir. C'est vrai qu'il fait un poil frais, mais on va attaquer 1000m de D-, et on va vite retrouver une température agréable. Je décide de ne pas me changer. La seule chose que je fais c'est de replier les bâtons pour profiter de la descente... Petite erreur tactique. Bien sur la descente est large. Elle est prévue pour permettre de continuer à étirer le peloton en évitant les bouchons... Mais elle est aussi très raide, et je regrette plusieurs fois de ne plus avoir les bâtons... Mais bon je ne vais pas m'arrêter pour ça !. La seule pause sera en cours de descente pour sortir la frontale. On est en partie sous les arbres et le peu de lumière du jour qui persistait fini pas se fondre dans la nuit.
Un peu tendu au début, j'essaie de me relâcher dans la descente. Je n'y arrive pas vraiment. Je suis à peu près aussi mal dans cette descente que dans la montée précédente... Y'a un truc pas normal. Ca va pas le faire, ça peut pas le faire... Bon OK tout le monde a dit que cette descente serait meurtrière pour les cuisses, mais là c'est pas que les cuisses... c'est partout...
Est-ce que ce ne serait pas plus raisonnable de stopper tranquillement à St Gervais... ? Aïe... l'idée noire qui arrive déjà...On a pas fait 20 bornes que je pense déjà à l'arrêt... Ca va pas non... Hé bonhomme t'es pas venu pour ça... Allez tu te booste un peu et direction St Gervais.
ST GERVAIS
J'appréhendais un peu ce premier ravitaillement à St Gervais. j'ai en souvenir le ravito dévasté des Contamines par le passé, et là je m'attends à la même chose... J'arrive au pointage dans le centre de St Gervais à 21h40 (au lieu de 21h47 sur ma feuille de route) On m'annonce 1262ème... J'ai perdu quelques places dans la descente, mais rien d'inquiétant. Je suis encore pile dans mes temps...
Là j'ai la surprise de trouver un mega ravito... Tout est dispo, et il n'y a même pas de bousculade... Je complète un peu ma poche à eau comme prévu, je bois un coca + un verre d'eau gazeuse et j'enfourne un peu de ravito solide... surtout du fromage, du saucisson, des tucs et un sandwich avec lequel je repars et que je vais manger tranquillement sur le chemin... Arrêt minimum probablement conforme aux 5mn que j'avais prévu de m'accorder...
En tous cas chapeau à l’organisation pour cette logistique...
En sortant du ravito je tombe sur Alice qui est bénévole sur le circuit ainsi que sur la femme de Zeb. Un petit mot puis c'est reparti...
Normalement le road book indique une section en faux plat montant jusqu'aux contamines... Enfin, c'est ce que moi j'ai compris du road book... Mais voilà, si en 10km on ne prend que 200 ou 300 m de D+ (pas grand chose) il se trouve que le cumul est bien plus élevé que ça. C'est en fait une succession de montées descentes assez usantes et quand je relis le road book la section annonce plus de 520m de D+ et 200 de D-... La prochaine fois je serai plus attentif.
Du coup même si le chemin est probablement sympa de jour, je ne vais pas aimer du tout cette section... Attention, c'est juste parce que je me suis senti déstabilisé par un relief que je n'avais pas identifié... et comme le physique n'est toujours pas de retour j'ai l'impression de galérer ferme sur ce tronçon... Montée, descente, montée, descente, montée...
LES CONTAMINES
Finalement après avoir pesté, grogné, râlé et laissé filé des coureurs, me voilà en vue des Contamines...
Important les Contamines car c'est non seulement un ravitaillement, mais aussi le lieu de la première barrière horaire... 0h45... Il faut passer ici avant 0h45. Ma feuille de route prévoyait une arrivée à 23h31 et mon temps de passage sera de... 23h29. J'ai perdu l'avance que j'avais à St Gervais même si je suis toujours exactement dans mes temps. Normal puisque je voyais la section plus roulante, mais ça fait ch###r quand même...
Je suis pointé 1242ème (mais ça je ne l'apprendrait que plus tard) ce qui signifie que j'ai gagné 20 places... avec tous ceux que j'ai laissé filés ???
En fait ce phénomène se reproduira à chaque fois, et c'est simplement un équilibre entre ceux qui me doublent en course et ceux que je repasse par mes arrêts courts aux ravitos...
Pour moi minimiser les arrêts, c'est vital. Déjà que je ne vais pas vite, alors si je m'arrête, je suis mort...
Le ravito des Contamine est un poil bordelique, mais surtout parce qu'il est constitué d'un couloir de 3m de large et qu'on manque de place. Sinon tout est dispo cette année (re-bravo à l'organisation)... Je prends tout ce qu'il me faut (à boire, à manger , du sucré et du salé… du grand n’importe quoi mais qui fait du bien) et je file m'isoler sur la grande estrade au milieu de la place. Là je prend le temps de recharger la poche à eau avec de la poudre énergétique, je mange, et je décide d'enfiler le maillot à manches longues. Il commence à faire frais, il est bientôt minuit, je suis trempé (un maillot sec me fera du bien) et je vais attaquer la montée vers le Bonhomme... donc autant se mettre au mieux.
C'est également ici que je vais prendre une décision importante.
Depuis le début je suis pas bien, et je passe mon temps à me caler sur ma feuille de route. J'ai plus souvent les yeux sur mon tableau de bord que sur le chemin... Et si c'était ça qui me perturbait. Finalement j'enlève mon tableau de marche, je le range dans le sac à dos et je décide de ne plus le regarder. Plus fort encore, je décide de ne plus regarder ma montre non plus. Je ne vais progresser qu'aux sensations, on verra bien si ça change quelques chose
A partir de là, les temps et les classements que je cite ont été récupérés après la course sur le site de l'UTMB
C'est reparti... Début de course fastidieux ou j'ai tendance à m'emm....er simplement parce que pour moi le trail c'est plutôt synonyme de plaisir. Bien sur il y a toujours des passages difficiles, mais jamais de façon permanente comme là.. J'en suis à 5 heures de course dont 5 heures à souffrir... pas normal...
Je relance tranquillement. Là il y a un long bout à peine montant jusqu'à ND de la gorge. Je reste à l'affût de mes sensations, rien d'autre. Ensuite commence la montée... le plus gros D+ de toute la course. Je sais qu'un fois ce morceau passé, j'aurai bouffé un gros morceau, mais je n'y suis pas encore. Je reste au train jusqu'au refuge de la Balme, le large sentier ne présentant pas de soucis pour progresser.
LA BALME
Passage à 1h12 (1254ème) pour une marque prévue à 1h11
Comme quoi, en travaillant juste au feeling et sans jamais regarder le chrono, je suis toujours pile poil dans mes temps. Le soucis c'est que je suis toujours pas bien... L'arrache, c'est toujours le mot qui revient... J'arrache... Ca passe , mais à quel prix ?
J'ai encore pas mal d'eau, du coup je ne refais pas le plein. Je me contente d'un passage éclair au ravito selon la même formule. Eau+coca+tuc+saucisson+fromage... Ca passe bien au moins de ce côté là. Arrêt court (3mn) et je vais pour repartir. Un bénévole nous annonce un peu de vent plus haut... Je suis trempé, on est à 1700m, et il en reste 800 à grimper, alors prudence. Je sors la PacLite. Avec ça je passerai sans encombre ce point haut, vent ou pas vent...
Je monte... Le chemin devient sentier... plein de lucioles devant... Ils ont de la chance ! Plein de lucioles derrières... C'est nouveau pour moi ça... Allez accrochez vous les gars !
Pas bien... je m'efforce de monter mais pas à l'aise. Je me concentre sur mes pas. Régulièrement je fais mes pauses. 15 secondes d'arrêt, puis je relance. A chaque fois 10 coureurs me dépassent... Ca en fait des coureurs à la fin, mais voilà, ça ne fait que compenser les arrêts courts aux ravitaillements...
Ca monte... J'ai plus envie... ras le bol... mais je suis là pour ça, alors je continue... c'est parce que c'est la plus longue montée que ça ne passe pas... c'est pour ça j'en suis sur.
Col du Bonhomme. Contrairement à 2004 je sais cette fois ci qu'on est pas arrivés. Il reste un bon bout sur la gauche pour rejoindre la Croix du Bonhomme, le vrai point haut.
CROIX DU BONHOMME
La fin de la progression est un peu moins pénible, mais qu'elle est longue cette section. Je n'ai pas idée du temps qu'il m'a fallu mais vus mes arrêts, ça doit pas être beau !
Arrivé à la croix, pointage... L'enregistrement des puces ne fonctionne pas. Dommage je ne connaîtrai pas mon heure de passage à cet endroit. J'aurais bien aimé savoir à quelle vitesse j'étais monté, mais je reste fidèle à ma dernière idée; ne plus s'occuper du chrono, alors je ne regarde pas et j'enquille directement dans la descente.
Cette année c'est franchement moins gras qu'en 2004. Ca glisse pas mal par endroit, mais ça passe si on est un peu prudent. La forme ne vient toujours pas, alors j'y vais doucement. j'en bave. Je préfèrerais me lâche un peu mais l'absence de sensations ne me plait guère. Alors je gère au mieux (ou au moins pire dirons nous). Qu'elle est longue cette descente... longue, longue...jusqu'à ce qu'on entende la musique de l'orchestre au ravito. Mais là encore, le ravito est tout petit dans le fond de la vallée. Long, loin, long, loin.
LES CHAPIEUX
Fin de la descente. Ras le bol... mais une chose est sûre pas question de stopper ici... pas deux fois.
Pointage (à posteriori) Passage prévu à 4h26. Passage réel à 4h05 en 1222ème position. Dommage de ne pas avoir le temps de passage à la croix du Bonhomme car je ne sais pas si ce temps a été gagné dans la montée ou la descente. Mais n'ayant pas regardé la montre à ce moment là, cela ne m'effleure même pas l'esprit (si, si j'en ai un... petit mais j'en ai un quand même)
Direction le ravito. J'avais prévu une pause de 30mn, mais j'ai pas envie de m'arrêter... Je refais le plein de la poche à eau avec de la boisson énergétique, puis je me fais un passage au ravito un peu plus copieux quand même que les précédents, mais toujours sur la même base de produits.
Finalement je ne m'arrêterai probablement qu'une grosse dizaine de minutes...
Je repars, un bon sandwich à la main sur la route qui mène à la ville des glaciers.
Alors là, étrange section. On m'avait dit :"tu verras ces 5km de route en faux plat montant c'est super long"... Tout faux... Ce n'est pas ce que j'appelle un faux plat montant, mais pour ce sont des côtes... et raides... Par contre, cette section est passée toute seule. clic clac clic clac... le rythme des bâtons sur le bitume... des maisons, la ville des glaciers, et le serpentin des frontales qui monte dans la montagne... Direction le Col de Seigne
La section sur route sera la seule où j'ai été bien... Enfin non, ou je n'ai pas été mal... étrange !
Le début de l'ascension du col de Seigne est facile. Un large chemin, bien praticable et plutôt agréable, sauf que très vite je suis à nouveau obligé de tirer sur le bout... Je reste concentré sur ma foulée, sur mes pas, sur moi... ça monte petit à petit, mais c'est pas ça. Le chemin se transforme en sentier. Je recommence ma technique des petites pauses régulières. 15 secondes... 20 secondes, jamais longtemps, juste le temps de souffler... et il faut repartir... jusqu'à la pause suivante.
De nouveau les groupe de coureurs me passent. 5, 10, 15 à chaque fois... j'essaie de ne pas y prêter attention mais je commence à me dire qu'il ne doit plus y avoir grand monde derrière. Et pourtant. Le ruban lumineux est très très long dans la vallée. Il y en a encore d'autres, là bas tout au fond, Mais ça ne m'interpelle pas. je ne fais pas le lien tellement je suis occupé par cette idée de laisser filer tout le monde... Pas bien... pas pour moi... fini l'ultra... idées noires...
L'approche du col de Seigne n'en fini pas. A chaque fois on pense être en haut et à chaque fois on découvre une nouvelle section à gravir... ça ne finira donc jamais...
Un peu avant la fin de la montée j'éteins la frontale. Le jour naissant est maintenant suffisant pour éclairer mon chemin.
Ensuite je vais attendre l'apparition des tentes du passage du col... Je dois y retrouver la Tarine et la Tarinette qui s'occupent de ce point.
LE COL DE SEIGNE
Surprise... C'est un Shadock qui vient à ma rencontre. Puis Bibi... Ils sont montés ici dans la nuit juste pour nous encourager... merci ça fait plaisir...
La Tarinette est à l'ouvrage .Pointage des puces. pas de chance là non plus, le temps n'est pas enregistré (soucis techniques) je ne sais donc pas à quelle heure je suis passé !
Je cherche la Tarine, mais elle est dans la tente de secours avec un personnage mal en point. Tant pis je ne vais pas la déranger (j'apprendrai plus tard que c'était le Dingo... Si j'avais su !). Je rate aussi le Festnoz. Je ne savais pas qu'il étais là lui aussi...
Je papote 2-3mn puis je décide de me lancer sans trop attendre dans la descente. Je suis toujours aussi mal, j'en ai marre.
Je me lance dans la descente tranquillement... Au bout d'un petit moment je suis rattrapé par Michel Poletti (l'initiateur de cette course...). Quelques échanges rapides puis je me colle à ses chaussures pour essayer de gagner un peu de terrain... Ca passe un peu mais pas longtemps. Au premier petit faux plat je suis obligé de marcher... Michel continue de courir à son allure. Merci quand même pour ce petit bout de descente.
La fin de la descente est galère. Plusieurs fois la piste coupe droit dans la pente. Plus ça va moins je me sens bien... c'est long, je ne suis pas à l'aise... mais je dois avancer... et j'avance...
Elisabetta est en vue. Dernière descente raide, pointage BIP il est 7h43. Je suis 1297ème, j'aurais du arriver ici à 8h21. 38mn d’avance sur l’horaire prévu
Je perds quelques places, mais je gagne du temps... pfffffffffffffffff
REFUGE ELISABETTA
En arrivant je sais déjà que je vais arrêter ici. 13 heures de course, mais 13 heures à être mal en permanence. 13 heures de souffrance. La course sans le plaisir, trop peu pour moi... Souffrir par moment oui, mais pas en non stop. Je fais part de mon intention au pointage, mais je ne rend pas mon dossard tout de suite. Je vais me ravitailler et attendre un peu, le temps qu'une navette arrive.
15mn-20mn... Je ne sais plus combien de temps... Je surveille les coureurs qui arrivent des fois que je retrouve la Tortue qui est quelque part derrière, mais la navette arrive sans que je n’ai vu personne… Et je décide de stopper ici. J'aurais pu pousser jusqu'à Courmayeur, mais pour y gagner quoi. L'objectif c'était le tour. Stopper avant la fin, peu importe l'endroit ça reste un échec...
Je préfère arrêter là. Je suis physiquement bien, au sens blessures du terme. Pas de douleurs, pas d'ampoules rien. Mais je suis globalement mal...
Je fais couper ma puce et mon dossard, je monte dans la navette ou je retrouve Jean-Yves avec qui j'étais en Mauritanie et qui souffre de tendinite puis je m'affale dans le siège...
Retour maison.. Enfin pas tout à fait. Retour Courmayeur d'abord. En longeant le lac Combal, on passe les coureurs qui continuent. Je devrais être avec eux... Heureusement que les vitres du minibus sont fumées. J'ai l'impression qu'ils ne peuvent pas me voir !
Courmayeur. Changement de navette, un bus pour Chamonix puis pendant la traversée du tunnel, je m'endors... vaincu.
Chamonix, une douche, un peu de repos dans la salle réservée à cette effet. On est au milieu des finisher de la CCC... c'est dur ! Mais le plus dur reste à venir.
Un repas pris dans le self coureurs. La gentillesse des bénévoles... Encore et encore, puis en milieu d'après midi, direction le centre de Chamonix pour accueillir les premiers. Enfin le premier tant son avance est importante sur ses poursuivants. A Champex ils étaient 4 en 3mn, à l'arrivée il sera seul, 50mn devant le second... La cinquantaine très largement entamée, une seconde victoire au milieu d'un plateau plus important que jamais... bravo Marco !
Les autres arrivées se font au compte goutte. Mais il y en a une qui ne passe pas inaperçue. Celle de Dawa. Lorsqu'il arrive c'est encore plus fort que pour le vainqueur. Sa gentillesse, sa simplicité, sa disponibilité et son ouverture d'esprit en ont fait une véritable star ici... Bravo... un grand bravo !
Fin de journée... Sur la proposition de Koline et Gé on décide de se rendre à Champex. On doit pouvoir y être pour le passage de Phil et de Runstephane.
22h30. On est sur place... la Suisse de nuit... 70 bornes de route qui tourne tout le temps... tout ça juste pour encourager quelques zozos qui sont toujours en course. On est vraiment pas nets parfois...
Phil, Runstephane, Bombyx...
on les retrouve au ravito. on essaye de les encadrer un peu. Difficile d'être présent sans être trop "pesant". Après 30 heures de course, on a pas toujours envie d'avoir du monde sur le dos, même pour la bonne cause, mais là ça se passe bien...
Phil fait le kakou en mettant son collant sur la tête
Steph semble complètement ailleurs, et Bombyx avale sa plâtrée de pâtes...
Changement de fringues, ravito petite récup... puis pour nous à nouveau 70 bornes de petite route qui tourne pour rentrer à Cham... Il est 2h00 du mat, on en est pratiquement à notre seconde nuit blanche (l'air de rien)... Pas très prudent de conduire dans cet état là... Direction un petit dodo, mais faut que je me lève tôt pour aller accueillir les copains...
Réveil avec le soleil... coup d’œil à la montre... Et M... !!! je devrais déjà être sur place. Je file sans faire de bruit (désolé Koko et Gé de vous avoir abandonné) et je file dans Cham voir ou en sont les arrivées...
Gros pas de bol, j'ai raté la Tortue de ... 10mn... Mais qu'il est c#n celui là... Il ne devait pas finir en 39h normalement... Pourquoi il est déjà là... Pffffffffffffffff chapeau Damien, sur ce coup là ta gestion de la course me laisse sur le cul !!!
Ensuite c'est le défilé... les uns, les autres, les connus, les pas connus... tous ont droit aux encouragements fournis des spectateurs... Arriver entre 11h et 13h dans Chamonix, c'est le succès garanti... Si on est trop rapide , on termine de nuit et à 3h00 du mat', c'est un peu moins animé... Il faut faire des choix !
Des arrivées en 40, 41, 42 heures... c'est par là que j'aurais du être... Une boule monte... Je préfère m'éloigner de la ligne d'arrivée... trop dur... je remonte le parcours à contre sens... je vais attendre les copains un peu plus haut, un peu plus loin, un peu plus au calme... ça passe mieux
Tout le monde arrive à bon port. Les groupes se forment aux terrasses pour raconter LA course ... une bière par ici, un coca par là...
Retour chez Olivier pour un dernier repas commun. Que des finisher... tous sauf un... moi. On refait la même photo que l'avant veille, tous ensemble..
Je reste en retrait. C'est eux les finisher , pas moi...
La page de l'UTMB 2007 se tourne... Heureusement, il reste encore des pages blanches dans ce livre.. de quoi écrire quelques trucs, mais il faut juste que l'envie revienne...
C'est facile de tomber du côté Obscur de l'Ultra, mais heureusement que la lumière n'est jamais très loin.
Michel_Abandoneur_récidiviste
Préambule post CR :
J'ai évoqué avant la course avec certains d'entre vous la rédaction d'un CR "original"... Les 4 premières pages de ce CR étaient d'ailleurs déjà rédigées avant mon départ vers Chamonix, puisqu'elles relataient tous les aspects contextuels de cette épreuve. Mais voilà, ce CR était un CR de "finisher"... et je n'ai pas eu le courage de le détourner pour en faire un CR "d'Abandoneur" !!! Du coup, il vous faudra attendre une édition future pour le découvrir... dès que j'arriverai à finir cette satanée boucle...
Il va falloir être patient...
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3 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 15-04-2013 à 13:18:17
Il est chouette ce CR même si ça date de 2007 ! On y sent tout ton désarroi et ta rage de t'accrocher lors que ça ne va pas, ça ne veut pas.
On a tous vécu cette situation un jour et c'est pas le plus simple. On traîne ces échecs, va savoir pourquoi, plus longtemps que nos réussites. Comme tu le dis, on n'est vraiment pas nets parfois...
Commentaire de Bert' posté le 04-05-2015 à 15:41:15
Je découvre aussi...
On a pas beaucoup parlé de nos échecs dans le désert...
Mais, voilà, on a réussi le MDS !! :-)
Commentaire de akunamatata posté le 15-04-2013 à 20:36:34
oups, ca fait drole de voir les tetes de l'epoque !
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