Récit de la course : Ultra Trail du Mont Blanc 2007, par vboys74

L'auteur : vboys74

La course : Ultra Trail du Mont Blanc

Date : 24/8/2007

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 3133 vues

Distance : 163km

Matos : Gilet Salomon 200, Montrail Highlander 280g, teeshirt TNF, Moule b.. quechua, Booster, mitaine, buff Kikou, Gel Vitasport...

Objectif : Se défoncer

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Le récit

C'est plein de fautes d'orthographes, je sais, ce CR est une esquisse a corriger...merci de votre comprehension après 163km, le cerveau a du mal.... 

 

Chamonix-Les Houches. 

Après un départ relativement lent, je me retrouve naturellement dans la première moitié des coureurs. Je passe la gare des Pecles avant l’école d’escalade des Gaillands ou Olivier91 me double déjà en prévision de son objectif chronométrique de 30 heures.

 

Le sentier jusqu’au Houches est simple, propre et sans difficulté notable, c’est la mise en jambe avant la première grosse montée au dessus des Houches. Il est important de l’aborder sereinement afin de permettre au corps cette montée en température progressive et commencer a trouver son rythme…

 

Les Houches, premier point d’eau et déjà beaucoup de monde a nous encourager : c’est une véritable fête, aussi bien pour les coureurs, les spectateurs que pour les communes toutes entières ! C’est vraiment terrible !

 

 Les Houches- St Gervais. 

Au niveau du téléphérique de Bellevue, on attaque directement dans l’ pentue pour 800m de D+ en guise d’amuse gueule. Le chemin n’est pas extraordinaire car parfois de terre, il devient de goudron puis de cailloux, il est largement carrossable. La montée se fait facilement, les bâtons commencent déjà a servir.  Arrivé a proximité du col de Voza , on le laisse sur la gauche pour gagner quelques dizaines de mètres plus haut le chemin qui nous mène sur St Gervais.

 

La nuit tombe sur le massif… Les lumières s’allument les unes après les autres… le serpent des frontales se met en marche…il s’allongera avec les heures qui s’écouleront pour ne devenir que quelques  points par ci par la au milieu des montagnes la nuit suivante.

 

La descente est longue et monotone. Elle empreinte en partie les pistes de ski assez raides et les chemins d’entretien du domaine. Les quadriceps souffrent déjà beaucoup pour tous…ça se voit sur les visages. Ce chemin carrossable est sans intérêt…sauf peut-être a nous conduire a St Gervais ou l’ambiance est vraiment grandiose, voir extraordinaire ! Du pure bonheur de passer là !

 

Après quelques minutes a s’alimenter au ravito je repars tranquille dans la nuit !

 

 St Gervais- Les Contamines. 

Monté légère par un sentier a proximité du torrent qui relie les 2 villages. Il fait chaud, très chaud, surtout dans les forêts ou la chaleur reste prisonnière. Ce n’est pas la canicule, mais quand même !

 

On aborde les Contamines par le dessous du village par un petit raidillon qui ramène sur le ravitaillement. Bien fournis, comme tout les autres, il est cependant un peu exigu et la bousculade est difficilement évitable. 3mn a remplir son Camel et le pèlerinage reprend son cours.

 

 Les Contamines- Refuge de la Balme. 

 

A la sortie du ravito commence un long chemin en rive droite du torrent qui vient de la Balme. Le vallon est large et l’on aperçois au fond le col du bonhomme qui nous appelle…

Il se détache largement sur le ciel étoilé : magnifique !

 

L’ascension pour la Balme se fait en 2 temps, un premier sur le chemin précédent relativement plat et un second a partir de Notre Dame de la Gorge ou le chemin devient bon raide !

Le flot de frontale est maintenant bien présent et s’étale sur des kilomètres, aussi bien au dessus qu’au dessous. Une musique de fête attire mon attention. On s’en rapproche, on n’y arrive, il y a du monde. Un monsieur nous annonce le ravito…mais c’était une bonne blague des campagnes !

 

Depuis un bon moment j’aperçois sous le col un chapelet de lumière fixe. Je m’étonne ! Je ne comprend pas ce que c’est, pensant aux frontales des coureurs mais a l’arrêt. En fait ils ont installé une grande longueur de guirlande lumineuse pour nous accueillir au ravito. Superbe ambiance festive et lumineuse avant l’ascension finale du Bonhomme.

 

La Balme- Les Chapieux

 

En sortant du ravito sous tente, la monté se fait plus raide, plus caillouteuse…on rentre dans le vive du sujet ! Les espaces entre les concurrents augmentent mais on se retrouve toujours a porté de frontal de quelqu’un d’autre.

Nous sommes maintenant en montagne sur le GR, a Gauche dans l’ombre , le Mont tondu, en Face le col qui semble ne jamais se rapprocher.

 

Le sol est de rocher, de pierres et de blocs de différentes tailles. Il est important de bien placer ses appuis afin de s’économiser au maximum. La cote n’est pas verticale, mais assez longue. Un certain nombre de bosses se succèdent. La nuit ne permet pas trop de savoir si on se rapproche du col ou non…on s’y retrouve d’un seul coup sans savoir comment, a la lueur des gens présent et des applaudissements.

 

Du col du Bonhomme, on doit gagner par un faux plat montant le col de la Croix du Bonhomme légèrement plus haut. Au niveau de se second col est disposé le refuge du même nom. Refuge moderne et spacieux très confortable que j’ai utilisé a maintes reprises surtout pendant l’hiver à ski afin de Gagner la Tête nord des Fours, la crête des Gittes ou de rallier Notre Dame au Massif du Beaufortain.

 

La plongé sur les Chapieux s’effectue depuis se point par une longue sente souvent terreuse et humide a travers les alpages. Les possibilités d’itinéraire sont nombreuses car les chemins vont dans tout les sens. Malgré le balisage impeccable, je verrais des gens un peu partout foncer vers la première base vie ! Les risques de chutes sont nombreuses…et certains en feront les frais devant ou derrière moi, mais sans gravités heureusement…merci les bâtons !

 

Quelques centaines de mètres avant la base vie, le chemin descend droit dans un champ, mais très raide. Le sol est humide et herbeux…le pied montagnard sert un peu. Je vois des collants de coureurs se transformer en sac de terre.

 

Il y a du monde aux Chapieux malgré l’heure tardive, une grande tente, un énorme feux, une bonne ambiance…mais je sens que je ne dois pas rester la, d’y peur de m’y sentir trop bien.

Je discute avec un bénévole qui connaît Barcelonnette, Jausiers et Super Sauze, sympa.

Je prends une soupe, je la bois dehors et debout, je repars dans la foulée en passant devant 2 kikoureuses…hummmm.

 

 Les Chapieux- Col de la Seigne. 

Les Chapieux est une des vallées les plus avalancheuses de France, du principalement au relief de ses flancs, très raide et non boisée. Il n’y a donc pas beaucoup de cheminement possible ici, seulement la route taillé dans la montagne. Du goudron, encore du goudron jusqu'à Seloge sur plusieurs kilomètres. Quasi impossible a courir du fait sa raideur.

 

Un petit vent descend de la Seigne qui se détache sur le ciel. A gauche le col d’Enclave, grosse entaille dans la montagne, ou le Capitaine Bulle, pendu au bout d’une corde, arrêta sous les coups de son fusil mitrailleur une colonne de soldat Italiens qui tentaient de gagner les Contamines depuis le col de la Seigne. Sur la droite d’Enclave, le col du MtTondu qui mène au Glacier de Trêt la Tête. L’aiguille des Glaciers se profile devant nous légèrement sur la gauche du col que nous devons grimper.

 

Après se long moment de route, on l’a quitte en enjambant le ruisseau pour gagner de la hauteur. Le sentier est long, on imagine le point a atteindre en voyant les frontales les plus hautes.

 

Je prends un rythme de métronome, tic, tac, tic, tac …et je grimpe, je grimpe. Des gens se calent dans mes pas, 1 puis 2 puis 10… je ferais toute l’ascension a un petit rythme , mais d’une grande régularité sans coup de mou, tic, tac… Seulement personne ne prends le relais, je suis seul a trouver le meilleur sentier, le meilleur placement de pas, je dois sans cesse lever la tête, trouver le mieux pour s’économiser. Ils l’ont bien compris  et a 100m du sommet, au moment d’un mini coup de zouzou, hop ils passent dans tous les sens et me voilà seul, sans un mot d’encouragement !

 

Le col est la, il est atteint malgré tout en bonne forme, il fait un peu frais, il y a un petit vent.

La tente jaune TNF contraste dans le noir de la nuit. Je m’arrête un petit moment, 3mn.

 

Col de la Seigne- Elizabetta

 

Je suis toujours en short, car malgré tout,  la chaleur de l’effort est supérieur a la fraîcheur de la nuit. J’ai juste un peu froid aux mains que je met dans mes poches pour la descente.

 

Le sentier terreux mais relativement sec permet d’avoir des appuis clairs. Il n’est pas très raide et ne fatigue pas particulièrement les cuisses ou les articulations. Je le descend en marchant tranquille, peu de gens a l’horizon !

 

Je rejoint un petit plateau, le jour se lève en même temps que l’humidité des sols. On passe entre quelques ruines dominées a gauche par le refuge Elizabetta. Le sentier est maintenant un chemin carrossable, après 2 ou 3 lacets on voit la tente de ravitaillement au pied de la montagne a bonne distance du lac Combal.

 

Le bip du bracelet se fait entendre, je remplis mon camel, boit une soupe, m’assois 3 minutes. A mon étonnement, le ravito est français malgré le faite que nous soyons en Italie !

 

Elizabetta-Col Checrouis

 

A la sortie de la tente, une légère descente puis une grand ligne droite jusqu’au lac. Je reprends la course sur cette portion plate et homogène, alors que tout le monde marche devant moi. Ca fait du bien d’allonger un peu !

 

Le jour est la, bien présent maintenant, la frontale dans le sac, la veste repliée.

 

Au bout du plat, on vire a droite pour l’arête du Mont Favre, un bon morceau de 450m de D+ qui me faisait assez peur. Finalement le sentier est propre, constant dans la pente, le sol est souple et non glissant.

 

Après plusieurs dizaines de minutes, de nouveau  quelqu’un se colle dans ma roue ! Au bout d’un moment, en marchant, je lui demande si le rythme que j’ai lui conviens… d’un aire ironique ! Il est anglais alors je lui demande dans sa langue natale, et il me réponds un truc comme «  perfect » ! on éclate de rire, mais pas pour la même raison !

 

Finalement je sympathise avec le « Rosbif », on déblatère des kilomètres de paroles après des heures passées seul. Un espèce de Franco-Englico-gestuelle qui marche du tonnerre ! On attire même l’attention des gens sur ce quelques minutes de rires partagés dans l’effort.

Il me dit de venir en Angleterre, je réponds, ça va pas ! Je lui désigne les sommets un par un afin de peaufiner sa connaissance du massif qu’il a déjà parcouru l’année dernière (Utmb et montagnes). Le point de bascule est devant nous, la descente sur le col Chécrouis ne sera plus qu’un lointain souvenir !

 

Il fait une pause de 10mn auquel il me convie, mais je continue. On se serre vraiment amicalement la main en se souhaitant bonne chance, la ou la politique ne réunis pas forcement les gens, nous étions dans ses montagnes, un Anglais, un Français, une même peine, une même passion !

 

La descente sur Checrouis se fait dans les alpages a flanc de montagne. Le col se situe dans la station de ski de Courmayeur, au dessus de Dolonne. Elle n’est pas technique, pas très raide, on n’y perds pas trop de temps ni d’énergie.

 

On cours parfois le long des pistes ou le long de tranchée métallique qui capte l’eau nécessaire au canon a neige l’hiver. Ce n’est pas forcement bien intégré dans le paysage !

 

Le ravito de Checrouis est la adossé a un refuge ou plutôt a un restaurant d’altitude.

Il y a la un petit fromage qui me plaira bien (pas forcement bon pour un expert mais bon pour un traileur ).

 

Checrouis- Courmayeur

 

Descente, descente, descente….voilà le résumé ! Plusieurs centaines de mètres parfois au sol très dure parfois au sol confortable, parfois sur chemin, parfois sur sentier sous les arbres.

 

En arrivant dans Courmayeur, pas un chat, personne, pas un Italien ! Carton rouge pour Courmayeur, c’était nul, on sent le désintéressement des autorités de la ville et de la population. Beurk !

 

Courmayeur

 

Grande base vie dans une belle salle. Je récupère mon sac d’allégement, croise ma femme et ma mère venue me soutenir. J’y resterais ½ heures.

 

Soupe, pates, eau. Je sors la casquette, laisse mon buff Kikourou et je repars.

 

Je cherche le chemin, c’est très mal indiqué, je tourne en rond, heureusement ma mère avait reconnue un peu l’itinéraire et m’indique le chemin.

 

Courmayeur- Bertone

 

Dans Courmayeur c’est le bordel, pas de flèche ou effacé, peu de jalons et quelques employés de la ville pour nous orienter sans grande motivation.

 

Heureusement que les Français venue soutenir leur concurrent sont la, merci a eux !

 

La montée a travers la ville est décevante, mais fait partis de la course. Elle nous amene sur une portion de sentier bien balisé de peinture rose ! Une succession de lacets (combien, je ne sais pas) nous fait grimper de 800m je crois jusqu'à Bertone. L’ascension est longue, monotone, je n’en voie pas le bout, mais pas a pas le refuge se rapproche.

Je coupe la poire en 2 et m’octroi 5 mn sur un rocher. Le soleil est maintenant bien présent et tape sur la caboche dans les zones non boisées.

 

Je vois le refuge sur une bosse devant moi et l’atteint enfin, 3mn, camel bak et hop on y va !

Quelques mètres de D+ avant de basculer sur un long balcon avec une vue fantastique sur les sommets enneigés et les Glaciers !

 

Bertone- Bonatti- Arnuva

 

C’est une longue portion sur un long balcon a flanc de montagne, une espèce de montagne russe faite de plat entrecoupé de petites cotes et descentes cassantes. La vue est magnifique sur les crêtes glaciaires des grandes Jorasses au Mt Dolent.

 

Peu d’ombre, un soleil puissant. Je cours chaque plat….mais l’aisance sur le plat, la sensation enfin de courir me fond un peu perdre le cours de mon alimentation et Bonatti et son ravito ne pourront rien pour me remettre en jambe.

 

Bonatti est atteint après un long moment, heureusement le paysage permet de se distraire un peu . Le chemin n’est pas technique et permet de lever un peu la tête.

 

Je bois une soupe, un coca et je repars aussi sec (plutôt aussi vite…sec je le serais après).

Le mal guette toujours, mais je ne l’ai pas sentis venir. C’est seulement dans la descente sur Arnuva que ma mauvaise gestion depuis Bertone se fait sentir.

 

Je descend cette cote abrupte et longue, très longue. Le sentier zig zag sans cesse et s’éloigne parfois très loin du point a atteindre, avant de revenir de suite. Je marche difficilement, un gel ne suffira pas a me redonner même un peu de Force. Le moral est la quand même , ce n’est qu’un moment difficile a passer…il mettra 2 a 3 heures a se résorber.

 

Arnuva est a bout de bras, je rentre dans le ravito, y reste 15mn au moins. M’allonge sous un arbuste, discute avec un bénévole, repars difficilement vers le grd col ferret.

 

Arnuva- Col Ferret

 

Un premier bond nous amène vers un petit plateau sous le col. D’ailleurs, le morale en prend un coup, on aperçois une tente jaune TNF tout la haut sur la montagne. Je ne crois pas au col a cette endroit, même si je l’ai déjà  gravis il y a longtemps. Je me dis c’est plus bas, la haut c’est un relais radio de l’organisation !

 

Que nenni, ce sera bien la haut c’est a dire 700m au dessus.

 

Le coup de zouzou est toujours la, je coupe la montée en 3 portions égales.

Je ne suis pas le seul, le long du chemin il y a du monde en stand by…

 

En grimpant, un virage au dessus je vois une féminine…charmante d’ailleurs.... Nous sommes a mi pente, la pente fait de beau lacet propre permettant un rythme régulier. Cependant il y a quelques raidillons bien casses pattes.

 

Après plusieurs lacets, elle est toujours devant moi, l’air agare comme moi. Je la regarde, elle me regarde ! Je me dis j’espère qu’elle ne pense pas que je suis le gros obsèdé du coin qui la dévisage sans cesse…en fait je crois reconnaître se visage, alors dès que je l’aperçois, je l’observe tel une bête curieuse !

 

Finalement je crois avoir trouvé, ça doit être sur le net ! Bref pas sur, faudrait que je vois son prénom sur son dossard. Lorsqu’on arrive au sommet, une dizaine de mètres devant moi, elle se pose et j’en profite pour passer, je regarde son dossard , et ne lis rien de particulier !

Elle doit se dire qu’il est lourd celui la. Je me suis trompé, je reprends mon chemin vers Peulaz.

  

 

 

Col Ferret-Peulaz

 

La descente est longue sans visibilité particulière sur les montagnes environnantes. Le massif du Mont blanc est derrière maintenant. Les montagnes autour de nous sont dépourvus de végétations, de pitons, de neiges et de glaciers.

 

Le sentier est bien entretenue, bien large aussi. On croisera plusieurs VTT  a l’ascension du col. La seul chose que l’on observe c’est une ferme sur le versant en face au bord d’un chemin de cailloux. De la pars deux sentier de rando, un très raid juste derrière vers la ligne de crête ( au moins 500m de D+) et un autre a droite en balcon avec des gens dessus.

 

J’ai du mal a situer on l’on va passer, alors je me fais des plans dans la tête, c’était sans voir le refuge et son ravitaillement juste dessous au carrefour des vallons. Je descendais en marchant en prévision de l’ascension d’en face…qui ne viendra jamais heureusement.

 

Je rentre dans le ravito, camel bak, soupe et fromage, plus de sucre pour moi sur les ravito depuis pas mal de temps déjà. Accueil sympa des Suisses, la nous sommes en

Suisse avec des Suisses aux commandes, pas comme en Italie.

 

Un savoyard nous double comme une fusée, il bondit comme un chamois fier d’être la !

 

Refuge Peulaz -Fouly

 

Il reste encore de la descente, raide mais courte avant de rejoindre un chemin puis la route goudronnée menant au village préservé de la Fouly.

 

Je discute avec un autre concurrent, il me décrit le chemin, je déconne avec une dame qui lui fait la bise, mais pas a moi…

 

Une fois sur la route, j’allonge un peu le pas, je cours et double des concurrents avant d’entrer dans le village calme et paisible. Des supporters français sont la et ne se lassent pas d’applaudir chaque concurrent.

 

Le ravito est a la sortie du village, toujours bien fournis, spacieux sous une tente aux cotés relevés pour ventiler le tout. Il fait assez chaud. Un concurrent est couché sur une table, laissant dégouliner quelques litres de sueurs sur lequel d’autres plus tard viendront se ravitailler…attitude bizarre…surtout quand il y plein de place sur un sol propre et sous les arbres !

 

La Fouly- Champex.

 

C’est une portion assez longue légèrement descendante principalement sur des chemins carrossables dures ou sur sentiers.

 

Après être sortis de la Fouly, sur le sentier dominant le torrent et a l’ombre, je m’installe 20mn sur l’herbe pour profiter du paysage et me reposer un peu, Champex n’est pas tout prêt !

 

J’entends des gens qui passent et qui se demandent de l’utilité ou non de dormir ici ou la : quand j’ai envie, je dors, quand j’ai pas envie je dors pas…je ne serais jamais un compétiteur dans l’ame a essayer de prouver que je suis le plus fort du monde ! Chaque minute de perdu est une minute de perdu dans une vie qui en compte plus de 42 000 000 !

 

Faisons la part des choses et gardons toujours la tête sur les épaules !

 

Lorsque je sors de mon coma réparateur, je vois passer la féminine de toute à l’heure, le pas décidé… je remarque a ce moment la une peluche représentant un âne sur son sac , bingo : Agnès de Kikourou.

 

Je repars a mon rythme et finis par la rattraper, la doubler et je lui glisse un mot en passant :

On alternera marche et course jusqu'à Champex ensemble. Nous avons bien rigolé et je dirais qu’elle correspond bien aux différents messages que j’ai pu lire sur elle sur kikou !

 

Ce fut un bon moment ou j’espère l’avoir un peu aidé, mais en tout cas, elle m’aura aidé, c’est sur. Le fait de ne pas être seul, de discuter de tout et de rien, de rire un peu permet de passer le temps.

 

Je rencontrerais son équipe, pardon sa sacrée équipe de soutien, composé de kikoureur et surtout de « Kikoureuses ». Elle en a de la chance la Bourriquette !

 

La montée sur Champex paraît assez longue même si le D+ n’est que de 400m environ. Pas après pas, on se rapproche. Je lui dis a maintes reprises de filer, mais non. Elle me dit la même chose, mais non.

 

Les gens nous annoncent de manière un peu erronée la distance avec Champex. On y arrive finalement au moment ou le Rapace(74) des bois nous rattrape. Je salue Manu et reconnaît cet oiseau de bonne augure !

 

On entre dans la salle, je quitte Agnès et rejoint mon Staff, ma famille et elle ses amis. On ne se revera pas.

 

Champex-Bovine

 

Je profite des masseurs un petit peu, coupe cours une conversation avec deux coureurs, nombrils du monde, jamais content de rien, qui en plus me disent qu’ils n’ont pas que ça a faire(attendre), ils ont un métier leux (bouffon)! Je Discute avec le Kiné (stagiaire) et le kiné (instructeur). Je change de chaussettes, récupère ma dernière série de gels (soit 31 au total sur la course…hummm), mange un bout avec ma famille que je remercie d’être venu la a l’improviste.

 

Il fait nuit, je sors la frontale, reprend ma route seul au monde le long du lac de Champex avant de gagner un sentier qui me mènera au dessus de Bovine : un sacré morceau ! Le sacré morceau du la course.

 

Sentier ou s’entremêle racines, rochers instables, passages rocheux, arbres déformés et les bruits des torrents et des branches dans le vent. Nous sommes devant une masse sombre ou l’on ne distingue pas le sommet tellement il est au dessus de nos tête. La pente est raide, vraiment raide, parfois je saisi les branches et les racines pour me tirer vers le haut.

Les rochers sont hauts parfois, les quadri peuvent souffrir si on essaye de passer en force.

 

J’essaie d’imaginer un blessé grave la dedans, chapeau pour l’évacuer, mais c’est ça l’aventure, non ? Je me fais 2 micro pauses le temps d’avaler un gel. Je repars sur mon rythme de métronome, tic, tac….je repense a Rapace74 et ses 80000m de D+ et moi légèrement plus.

Finalement, d’un grimpeur, je suis passé a un coureur, j’étais plus a l’aise sur le plat et les relance que dans les montées….normale après 1 mois sans 1 m de D+. Par contre qu’il ne compte pas égaler mon D+, il se rapproche mais je vais accélérer l’accumulation de cote…lol

 

Au dessus de cette montagne en équilibre on rejoint un alpage venté ou la fraîcheur fait son apparition, je me couvre et récupère un chemin muletier en faux plat montant sur un bon bout. Il mènera au ravito de bovine le bienvenue pour ça soupe et son accueil agréable en pleine nuit.

Je discute avec un des bénévoles, je lui demande si tout les chemins sont comme ça en suisse ? Non, celui la il doivent l’entretenir depuis un bout de temps, mais la montagne est instable et dangereuse pour le bétail, elle n’est plus exploité actuellement.

La soupe est bonne mais elle arrache les amygdales !

 

Bovine- Trient

 

Petite montée dans les alpages avant de plonger jusqu’au col de la Forclaz par la forêt sombre et épaisse.

 

Cette descente est interminable, mais je prends mon temps, enfin façon de parler. Le sentier ne zigzag pas mais descend a flanc de coteau a l’opposé de la route qui mène au col.

On aperçois les voiture le descendre et le montée. J’imagine la position du col derrière le mouvement de terrain…mais encore une fois, difficile d’évaluer le temps et les distances dans le noir !

 

Maintenant il y a peu de coureurs, je ne vois personne ni devant ni derrière. Je suis seul au monde, et j’aime bien aussi…personne pour t’emmerder, pardon , t’embêter !

 

Je vois le col devant légèrement au dessus a environ 2mn. Je le rejoins et file dans la descente sur Trient en dessous ou j’entends le Speaker.

 

D’abord chemin carrossable le long d’un canal d’irrigation, il s’enfonce dans la pente par des escaliers raides et fait de hautes marches douloureuses pour les quadriceps. Les bâtons seront comme depuis le début un bon ami. Je traverse la route sécurisé par les Suisses naturellement…reprend un chemin carrossable jusqu’au village.

 

On me propose des soins , j’accepte, entre dans la salle de soins. Ca va mais je me dis pourquoi pas. Finalement j’aurais jamais du entrer la dedans : la Kiné ma plus fait souffrir en 20mn que en 30h de course ! Massage profond des quadri et intervention sur les hanches.

Après cette séance que je qualifie de torture (je lui ai dis, elle est resté de marbre !), je me suis allongé 15mn a coté d’un ronfleur avant de gagner le ravito quelques centaines de mètres plus loin dans le village.

 

Soupe, fromage, eau…toujours le même cinéma. Je décolle de la bas après 45mn-1heure je pense. Tout allait bien, mais j’avais envie de profiter un peu de ses moments…la fin de la course s’approchait quand même.

 

Trient- Vallorcine

 

Je quitte le village par quelques centaines de mètres de chemin avant de reprendre le GR dans la forêt. Le chemin est entretenu, régulier dans la pente. Il y a de nombreux lacets, je revois des frontales devant et derrière. Un petit groupe de 3 personnes dont 1 italien me collent et ils ne me lâchent plus la roue. Après 20mn je stoppe pour prendre un gel, et eux , bizarre s’arrêtent au même moment !

Je leur dis que je stoppe la, ils comprennent ce que je veux dire…ils repartent non sans avoir eu du mal a choisir qui allait passer devant !

 

Je reprend ma progression et la couperais une seconde fois pour m’alimenter. Je passe vers des ruines, ce son celles des Tseppes. A partir de la, on sort de cette forêt épaisse et glauque pour des alpages ventés.

 

Un long faux plat montant nous fait passer sous les crêtes qui dominent la station du Tours juste derrière. Une petite descente nous mène au point de contrôle sommitale avant de fondre sur Vallorcine, par une piste de ski, très dure malheureusement.

 

Succession de grands virages (l’hiver c’est une piste verte) pas raides mais ou le sol n’est pas stable. Je cours ou plutôt trottine jusqu'à Vallorcine. Je double plus qu’on ne me double.

 

En quittant cet piste sur la fin pour prendre le GR en contre bas, je rattrape un homme en marche arrière depuis….3 h ! Il a 2 grosses tendinites des releveurs du pied et ne peu que descendre en marche arrière ! Imaginer, les racines, les obstacles, les rochers a passer en arrière dans le noir ! Je lui propose mon aide ! Il me dit prendre son male en patience, et qu’il s’en sortira. Je le quitte et arrive 30mn plus tard au village.

 

Vallorcine- Argentière

 

Soupe, fromage, eau…je repars d’un pas décidé d’en finir en beauté. Je marcherais jusqu’au col des Montets sous le bruit du torrent qui en descend. Se sera long, assez monotone, dépourvu de forêts denses, un petit vent rafraîchis la caboche.

 

Le col est atteint sans soucis. Je traverse le parc au pas de course et redescend rapidement sur Argentière. A ce moment je ne quitterais plus le mode course sauf pour les gros raidillons !

 

Argentière est en vue , son ravito en liquide aussi, un verre de coca, un gel et sa repart. Je souris quelques instants en entendant un concurrent qui arrive en trombe demander : reste 9 ou 10km ? Les jeunes bénévoles répondent qu’ils ne savent pas, il les engueule presque !!!

Je lui envoi dans les bronches un 12km bien ferme qui ne le fait pas rire, mais il arrête de suite de les agresser et s’enfuit vers l’arrivée !

 

Argentière-Chamonix

 

Je connais très bien cette portion, comme presque tout le circuit d’ailleurs, mais là, chaque bosse, chaque virage. Je le décrirais de nombreuse fois a d’autres concurrents en difficultés.

J’ai accéléré tout du long même sur la montée de 50m du Lavancher, qui avouons le est bien casse pattes !

 

J’arrive vers la DZ, allonge encore et double encore et encore, aucun coureurs ne court depuis Vallorcine, alors j’en profite comme un jeu de course de voiture…je vais bien je suis a l’aise mais l’énergie se consume vite, un gel, le 31eme et je repars aussi sec.

 

Le bois du Bouchet, la piscine, la place du Mt Blanc, la mairie je fonce sur la ligne mais laisse l’avantage a celui qui me précédait, passer la ligne devant les objectifs. Il me disait ne plus penser pouvoir courir…mais quand il ma vu….

 

Voilà, ma femme, ma mère, Steph de Cham (sur la CCC) sont la pour m’accueillir !

Je ne relâche pas la pression car je ne l’avais pas pour ce premier essai…je suis encore une fois heureux de ce que j’ai fait simplement. Pas de prise de choux, pas de pression inutile, des échanges, des bons moments, des plus difficiles, des gens sympa…

 

Je me dis quand même que c’est long…163km et je vais revenir sur du cours 70km a 100km !!! lol

Une course de fou, une orga de dingue sans anicroches, des bénévoles du tonnerre!

16 commentaires

Commentaire de béné38 posté le 28-08-2007 à 18:56:00

Merci pour ce récit très détaillé vboys, comme ça j'ai une idée un peu plus précise de la portion où on a dû laissé Agnès.
Quel soulagement de la voir dans tes pas à la descente avant Champex.
Va voir sur la galerie de photo il y en a une de toi avec ton petit... cadeau !
A très bientôt j'espère, et encore bravo !
Béné38

Commentaire de agnès78 posté le 28-08-2007 à 20:02:00

Très très très joli récit!
Mille mercis mon petit seb pour ces kilomètres faits ensemble. Merci du fond du coeur pour ton soutien qui m'a fait un bien fou au moment où j'en avais le plus besoin! BRAVO pour ta course.
Bonne récup et j'espère à très bientôt
agnès

Commentaire de Geronimo posté le 28-08-2007 à 20:23:00

Bravo pour ce CR d'une grande précision mais non dénué d'humour.
Dommage que la dame ne t'ai pas fait la bise à toi aussi !

Commentaire de Benoit_11 posté le 28-08-2007 à 23:13:00

Bravo pour ta course et merci pour ce superbe récit, ca donne vraiment envie...
Bonne récup.
Ben

Commentaire de Snoopy05 posté le 28-08-2007 à 23:21:00

Merci pour ce beau récit et bravo pour ta course,
dans un super esprit et avec beaucoup de sagesse... Respect !

Commentaire de Moicélolo posté le 29-08-2007 à 00:40:00

Super récit ! Bravo pour ta course ! La portion que tu as faîte avec Agnès lui a vraiment fait du bien et nous a rassurées, on la sentait en bonnes mains à un moment où elle en a eu vraiment besoin ! On te doit une fière chandelle. A Champex, on t'a cherché... pas trouvé et on a cru que tu allais dormir un peu.

Contente de t'avoir connu.

Lolo

Commentaire de Startijenn posté le 29-08-2007 à 10:41:00

Merci pour ce récit, et cette belle desrciption du Massif du Mont-Blanc. Bravo pour ta course, menée sereinement même dans les coups de moins bien : la rançon de l'expérience ?
Bonne récup

Commentaire de akunamatata posté le 29-08-2007 à 12:13:00

super recit Seb,
long mais prenant et on suit ton chemin a tes cotes, c'est bien de voir que sur la course les connaissances ca réchauffe bien le moral.
Akuna

Commentaire de rapace74 posté le 29-08-2007 à 13:00:00

merci pour ce recit je suis tres content d'avoir enfin pu faire ta connaissance ,bravo pour ta course, j'espere que la prochaine fois que tu sera sur cham nous pourrons faire une sortie ensemble....
manu

Commentaire de tounik posté le 29-08-2007 à 19:54:00

Bravo encore, superbe CR. Comme il m'arrive de marcher dans tes pas je pense tenter l'aventure l'année prochaine. Mais promis je prendrai les relais.

Commentaire de riri51 posté le 29-08-2007 à 21:32:00

Félicitations mon grand pour ton CR et ta manière d'aborder ce genre d'épreuve. Surtout ne change rien, continu de nous faire partager tes aventures avec autant de passion. A+

Commentaire de titifb posté le 30-08-2007 à 06:45:00

Bravo pour ce très beau CR et pour ta course bien menée. Tu représentes bien "le l'esprit trail" : respect des autres et de l'environnement. Félicitations Seb, ça me donne presque envie...

Commentaire de McFly posté le 30-08-2007 à 22:32:00

Merci pour ton récit que j'ai lu d'une seule traite malgré sa longueur. Quelle maitrise pour cette course hors norme ! Bravo !

Commentaire de LtBlueb posté le 31-08-2007 à 23:45:00

Super récit, pour une course bien maitrisée.
Bravo à toi

Commentaire de maï74 posté le 01-09-2007 à 14:21:00

A mon tour de te féliciter pour cette course bien gérée, tu as l'air de t'être fait vraiment plaisir, bonne récup.

Commentaire de amibugs posté le 15-09-2007 à 16:04:00

Salut Seb,
Encore bravo, mais j'ai déjà eu l'occasion de te le dire...
Juste deux choses :
Comment fais-tu pour courir en descente avec les mains dans les poches ? ;-)
Et comment fais-tu pour ingurgiter 31 gels sans problèmes de ventre ? re ;-)
A +
Stéphane

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