L'auteur : Philippe8474
La course : Ultra Trail du Mont Blanc
Date : 30/8/2003
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 2092 vues
Distance : 150km
Objectif : Pas d'objectif
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273 autres récits :
http://philippe.teamtrajectoire.over-blog.com/article-2003-08-30-utmb-2003-37122703.html
Et sinon sans photos, ça donne:
Le 8 octobre 2009: Voilà un petit bout de temps que je voulais m'atteler à ce récit...
Parce que ça a été ma première expérience d'Ultra,
parce que c'est ça qui a guidé les années de course qui ont suivi,
parce que c'est ça qui m'a amené vers des paysages, des rencontres que j'ai adorés,
parce que c'est ça que j'ai en tête de puis le jour où j'ai découvert ce site internet,
parce que je crois qu'il n'y a pas eu un jour depuis ma première inscription où je n'ai pas pensé à cette course,
6 ans plus tard, j'ai envie de garder quelques souvenirs même si ce récit ne sera peut être pas le plus précis !
Avril 2003, je surfe sur le net et tombe sur le site d'une course : l'Ultra Trail Tour du Mont Blanc (comme ça s'appelait exactement à l'époque), ... j'y reviens régulièrement dessus,... le cheminement commence à se faire dans ma tête...
Qui suis-je pour penser me lancer dans cette aventure ?
Je randonne avec mon père d'aussi loin que je me souvienne... (sauf bien sur de l'adolescence jusqu'à 20-21 ans), 4 ans d'athlé de 12 à 16 ans, des périodes de course à pied pendant les études (entre 2 fiestas) avec en point d'orgue un Marathon de Prague 96 (catastrophique), une pratique de plus en plus régulière l'été depuis mon installation en Haute Savoie (avec Le Bélier à la Clusaz (27 km) en 2001 et 2002, montée de la Tournette en 2000 et 2001, Montée Aix les Bains le Revard en 2002) .
Pas lourd, hein !
Heureusement quelques vrais randos d'une semaine (ou plus) avec un vrai big sac (Tour du Mont Blanc en 1993, Tour de l'Oisans en 1994, Dolomites en 1995, GR20 en 2001) me rassurent un peu sur ma capacité à être en montagne.
Juin 2003 après avoir longuement hésité, je franchis le cap et m'inscrit... Bou du con j'ai peur mais j'y vais...
Appel un soir de M. Poletti pour confirmer mon inscription et savoir un peu si j'ai de l'expérience... Ben non pas trop... on verra bien jusqu'où on ira... Même si pour moi le but (insouciant vraiment !) est de boucler le tour, l'avantage de cette édition est de se décliner en fait en 3 courses.
Chamonix - Courmayeur
Chamonix - Champex
Chamonix - Chamonix
Le choix se faisant au gré de la course.
Au mois de Juillet, j'ose enfin en parler à mes parents. En fait personne (y compris moi), je crois, ne se rend vraiment compte.
L'entrainement va se faire au feeling, essentiellement alternance de sorties dans le Veyrier et de montée de la Tournette x 2.
La seule autre course que je courirai, sera le Cross du Mont Blanc 03.
Content de ma course mais on ne peut pas vraiment dire que ce sera une course de préparation au sens de l'UTMB.
Disons que j'essaye de peaufiner mes habitudes de course sur mes sorties d'entrainement.
Début août si je me souviens bien lors d'une sortie dans le Veyrier, je sens comme un coup de poignard dans le mollet gauche... surement une petite déchirure à laquelle je ne prêterais guère attention (si ce n'est une semaine de repos).
Aujourd'hui encore je traine cette raideur au mollet gauche.
Enfin le grand jour est là.
Vendredi 29 août 2003, je quitte mon chez moi, direction Chamonix.
La météo est exécrable après cet été caniculaire.
Retrait du dossard, récupération des sacs pour Courmayeur et pour Champex.
Le briefing est passé, je file dans le lycée dormir un peu.
Je m'allonge dans mon duvet dans un couloir à côté d'autres gars qui dorment déjà. La pluie tombe toujours dehors.
J'écoute sur mon discman (et oui en 2003, c'était encore le discman) l'album Umani de I Muvrini.
Cet album reste pour moi lié à cette nuit-là, à cet UTMB.
Dormir, un peu.
Réveil. Je me prépare. Petit dej dans le réfectoire.
Direction la ligne de départ, dépose des sacs intermédiaires (en rang dans la rue) et ça y est je suis avec 700 autres sur la ligne de départ.
4H00, c'est parti!
Aujourd'hui avec le recul, c'est vrai je n'étais vraiment pas prêt : physiquement comme la suite va le montrer mais aussi au niveau de mon expérience. Mais j'y croyais et ça c'était simple !
Les rues, la sortie de Chamonix, je trottine... je ne sais pas trop quel rythme prendre.
Les Houches, pas vraiment d'arrêt.
La montée du Col de Vorza, je m'arrête dans un fourrée pour un arrêt technique mais tout mon corps est encore brouillon.
Je repars.
Col de Vorza. 1er ravito. Je ne sais pas trop que faire. Je grignote un peu.
Allez c'est parti pour la descente. A un moment on se paume 300 - 400 m tout un groupe.
Je me sens déjà bien entamé, la descente me fait déjà mal.
Les Contamines, ravitaillement et arrêt technique dans les toilettes en dessous du ravito.
Les Contamines - Notre Dame de la Gorge, je connais ce petit bout, on le faisait en échauffement lors d'un séjour Beach Volley à l'UCPA en 2000.
Allez on attaque la montée, les premières dalles font mal.
Je me souviens doubler une nana qui avait le même camelback que moi... sauf que moi je ne l'utilisais que pour les sorties de 2-3H... Comme quoi je ne suis surement pas le plus inexpérimenté au moins vis-à-vis de la montagne...
Ravito de la Charme... un 4 x 4 posé au bout d'une prairie, il reste un peu de quatre quart, de l'eau et plus de coca... et encore le quatre quart faut pas trop en manger car il faut en laisser pour ceux qui suivent.
Montée du Col du Bonhomme, mes mollets se font sentir. Non seulement le gauche, strappé depuis le départ mais le droit également.
Le col finit par arriver.
Une photo au sommet... Ca pelle grave!
Je suis en short, Tshirt et cape de pluie... aujourd'hui dans les mêmes conditions je passerais au minimum avec une petite polaire supplémentaire.
La jonction jusqu'au refuge de la Croix du Bonhomme est longue.
Les conditions sont difficiles. La preuve : la course devait passer par le Col des Fours ; mais apparemment la descente sur la ville des glaciers serait trop scabreuse avec ces conditions.
La course descendra sur les Chapieux et remontera par la route à la ville des Glaciers.
Ce qui sera finalement sera le parcours définitif pour toutes les futures éditions.
Au refuge, je décide de me mettre au chaud un moment. Je commande une soupe et me fait un strap supplémentaire au mollet droit. Ce petit arrêt me fait du bien et me réchauffe. Je ne suis pas le seul à m'arrêter même si ce n‘est pas un ravito de la course, mais les conditions extérieures sont suffisamment mauvaise pour chercher un petit coin de réconfort.
Je repars, la descente est longue et commence à laminer mes cuisses.
Les Chapieux, on rejoint la route.
Une bénévole annonce du style ½ H la ville des Glaciers... je crois que l'on aura été nombreux à la maudire !!!
Pourtant les températures sont plus clémentes, mais le bitume sera très très très long.
On monte un moment avec 2 gars, ils semblent avoir un autre palmarès que moi et ils n'envisagent plus que Courmayeur...
Moi je crois que je ne pensais pas à grand-chose, conscient de ma fatigue, conscient de mes limites, je sens surement que je ne suis pas capable de faire le tour.
Ville des Glaciers, Refuge des Mottets, ravito.
Je me pose, mange un peu, puis repart.
La montée du Col de la Seigne va être très longue...
J'ai en plus le souvenir d'un reportage sur un raid type X-Séries passant par le Col de la Seigne et d'une concurrente pestant justement contre la longueur de col.
Sur la fin, j'accélère... En fait je finis de me griller complètement.
Une photo au sommet, puis c'est la redescente.
La descente pour moi est laborieuse, en marchant, les jambes ont du mal à encaisser.
Je file un moment avec 2 autres gars.
Mais j'ai vraiment du mal à me lier comme cela en course. D'ailleurs je suis plus en train de les suivre qu'être avec eux.
Je crois que ce jour-là ça m'a un peu chagriné, j'aurais aimé avoir ce contact. C'est rigolo parce qu'aujourd'hui au contraire sur une telle course je suis complètement dans ma bulle et assez imperméable aux autres.
A ce moment, je sais que Courmayeur reste le seul but envisageable, je suis cuit.
On arrive au Lac Combal, le ravito est tout au bout.
Je me souviens m'être beaucoup langui le réconfort de ce ravito mais finalement arrivé devant je n'arrive pas à vraiment en profiter.
Je suis crevé et aimerait m'assoir un moment mais rien de prévu, nous sommes en plein vent, toujours en short, TShirt, poncho j'ai très froid...
Je mange un peu et redémarre.
400 m plus long, je m'arrête, je me sens mal, je suis grelottant, j'ai la tête qui tourne... je dois commencer à faire une petite hypothermie.
Je m'habille tout de suite... Ca va tout de suite mieux mais il n'aurait pas fallu que je traine trop avant de m'habiller.
Je peux repartir.
Mais je viens de prendre une grande leçon !
C'est la montée vers l'arrête du Mont Favre.
De toute façon je suis cuit, c'est très dur, j'avance tout doucement. Plus de jus.
Passage au « sommet », au poste de contrôle un peu plus loin, on nous propose un peu d'eau, pas besoin je file.
Voilà c'est la descente vers Col Checrouit. C'est dur, j'en bave. Les cuisses n'ont pas supporté les descentes. Je suis carbonisé !
2eme grande leçon : les descentes... beaucoup se joue dans les descentes... je vais garder ça en tête à partir de ce jour : Monter, j'y arrive toujours à peu près, par contre il faut réussir à encaisser les descentes.
Col Checrouit je ne me souviens pas trop...
J'ai rejoins un des 2 gars d'avant le lac Combal, on va finir ensemble.
On remet les frontales.
La fin est longue.
Arrivée à Courmayeur on cherche un peu le gymnase.
Ca y est pointage, fin de parcours.
17H20 - 67 km
Normalement on était encore bon au niveau barrière horaire pour continuer mais vu les conditions la barrière a été modifié.
De toute façon, j'étais très loin de pouvoir continuer.
Complètement carbonisé.
Mais heureux d'en être arrivé là. Je me rends compte surtout du reste du chemin à parcourir pour arriver à Chamonix.
Sinon le gars avec qui je viens de faire toute la descente, une fois arrivé ne m'adressera plus la parole... sympa... mais pas étonnant... Pas étonné non plus lorsque l'année suivante je lirais une interview de lui sur Ultra Fondu en train de dégoisé sur l'UTMB...
Finalement les premières impressions sont souvent les bonnes.
Pas de Tshirt « finisher - Courmayeur » pour nous, trop de monde s'est arrêté à Courmayeur par rapport aux prévisions des organisateurs.
Je récupère mon sac, une petite douche froide, habit de rechange, un plat de pâtes avec 2 gars sympas, les derniers arrivés et hop le bus direction Chamonix.
Je somnole dans le bus, traversée du tunnel, dépose à Cham...
Que faire, rester à Cham en essayant de dormir dans la voiture ?
Je préfère rentrer sur Annecy avec la promesse d'une grasse matinée à la maison le lendemain.
Ca n'a pas été la meilleure idée, je tombe de fatigue, mes yeux ont vraiment envie de se fermer...
J'arrive finalement à Annecy... mais ça n'a vraiment pas été prudent.
Le lendemain, j'ai les jambes explosées, complètement courbaturés et ça durera bien quelques jours !
Le lendemain je verrais sur le net que seulement 67 personnes auront bouclé ce tour dans les conditions de cette années-là.
Immensément impressionnants !!!
J'aurais le plaisir de rencontrer Monique Gauthier sur le Défi de l'Oisans 2007 et 2009 qui aura bouclé ce tour en 2003 et lui dire combien j'en suis admiratif.
Je serais très fier malgré tout d'en être arrivé là, d'avoir tenu jusqu'à Courmayeur, d'avoir fait ce demi-tour (même si je finis dans les derniers arrivés à Courmayeur)...
Je serais fier d'avoir fait partie des premiers sur cette course, fier de cette première expérience d'Ultra...
Quelques temps plus tard je recevrais en cadeau le sac à dos Finisher UTMB en compensation du cadeau Finisher Courmayeur...
Je trouverais cette attention de l'organisation très appréciable... Pourtant ce sac je ne m'en servirais pas vraiement avant fin Août 2006 (mais ça c'est une autre histoire!).
Voilà je viens de gouter aux sensations d'une course longue... et même si je suis ce jour là complètement explosé, je n'ai qu'une idée en tête c'est tout faire pour y revenir et boucler ce petit tour.
Mais ce tour se méritera :
En 2004, je me réinscrirais mais ne serait finalement pas prêt à prendre le départ : une entorse début juillet me coupera ma préparation.
Je réussirais quand même à courir le trail de Faverges au mois de Juin.
Je serais néanmoins avec mes parents sur la ligne pour voir arriver Vincent Delebarre en vainqueur et Dawa Sherpa, 2eme après son succès de 2003.
En 2005, je préfère ne pas m'inscrire et me « consacrer » à la livraison de mon nouvel appartement.
La seule course courue cette année là sera de nouveau le Bélier à La Clusaz.
En 2006, je me réalignerais enfin sur l'UTMB.
2 courses m'auront servi de préparation, le trail de Faverges et le Trail des Glaciers de Vanoise (TGV).
Le Vendredi 25 août 2006, ...
Voilà en cette fin d'Août 2003, je viens d‘apprendre énormément, je viens de faire mes premiers pas sur l'UTMB, cette course que j'aime et qui ne va pas me quitter jusqu'à aujourd'hui, parce que j'aime cette course, j'aime la course et la montagne, j'aime ce que ça me procure, ce que je fais pour ça, ce que ça me fait découvrir, les rencontre que je fais, les paysages que je traverse, les moments que je vis...
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3 commentaires
Commentaire de HERVE GAP posté le 08-10-2009 à 14:07:00
NOSTALGIE
La pssion de notre sport se résume pas seulement à ces efforts fournis! tu as bien raison d'avoir évacué par ce récit le bonheur et la joie que te procurent l'ultra.
Il faut que tu revives tes émotions sur la prochaine édition 2010 avec la deuxième partie!
Commentaire de Rem posté le 01-02-2022 à 08:20:53
Ton post sur Le fil de l’utmb remets en lumière cette 1ère édition, chouette cr ,
sacré sensations sans doute de s’aligner sur la ligne de départ de cette v1. beau témoignage historique :)
Commentaire de Philippe8474 posté le 01-02-2022 à 08:48:28
Ca me rajeunit pas d'être l'auteur d'un témoignage historique :))
Y avait pas grand recul en général encore sur ce type d'épreuve,... et pour moi encore plus!
Beaucoup d'insouciance, et juste l'envie de vivre cette aventure...
La course et l'organisation ont beaucoup évolué depuis cette année-là, mais l'étincelle était celle-là!
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