Si je ne l'écris pas maintenant, je le ferai jamais... Je me lance donc dans ma résolution d'après course : Ecrire le compte rendu de mon UTMB.
Mon recit commence début août même si la préparation a commencé depuis bien longtemps. Côté mental, la course commence à me monopiliser mes pensées. Côté physique, je ne me sens pas du tout au point. J'ai effectué peu de sorties longues avec du dénivelé. J'ai donc 3 semaines pour finaliser ma condition et être prêt (même si on ne sait jamais si on est prêt pour ce type de course). Le programme des vacances est simple : levé tous les jours à 7h du mat pour 2 à 3 heures de course. 3 semaines après, j'ai du mal à me situer. Par contre, j'ai pris beaucoup de plaisir sur ces sorties longues avec quelques séances de fractionnés.
Le jour de la course arrive rapidement et toutes les questions habituelles reviennent : Est-ce que mes chaussures sont adaptées ? Quelle alimentation avant et pendant la course ?... Et surtout est-ce que je suis prêt ?
Arrivé à Chamonix après 6 heures de voiture avec pierre et tomy, la première sensation est d'être tout petit au pied du mont blanc et d'être face à un mur... Et, je me pose une nouvelle question: Qu'est-ce que je fais là ?
Dernière soirée avant le début de la course, nous voyons des coureurs de l'OCC passer la ligne d'arrivée. On se prejete sur ce moment magique... Pour cela, il reste juste à parcourir 168km et 10kmD+ :-)
Jour de la course : première étape, le dossard. Pas si simple que ça, ma veste n'est pas homologuée. Comme pour beaucoup de personnes, je suis obligé d'en acheter une en sachant très bien qu'elle me servira pas car les conditions météo sont idéales voir trop chaude. C'est le côté business de la course :-( On rencontre une équipe qui nous propose de nous suivre pendant la course pour analyser notre gestion du sommeil. Why not ?
17h50. On se place sur la ligne de départ dans les derniers car on arrive très tardivement. L'ambiance est à la fois tendu et festive.
18h00 (musique de Vangelis) : GO. Pris dans le flux de participant, nous partons beaucoup trop vite (comme d'hab...). Va t-on le payer par la suite ?
La première bosse (Delevret) passe bien. Heureusement... Par contre, la descente est raide (piste des ski) mais heureusement sèche. Pierre lache les chevaux. Pour ma part, je déboule également. Est-ce bien raisonnable à seulement 14km du départ ?
Super ambiance sur les ravitaux de Saint Gervais et Contamines. Dans la montée du col du bonhomme, je me retrouve tout seul. Est-ce que Tomy et Pierre sont derrières ou devant ? Difficile de dire car il y a beaucoup de monde. Sans savoir, je décide d'accelérer car j'ai des jambes.
Au chapieux (49 km), je décide de faire un ravitaux assez long pour attendre Pierre et Tomy. Coup de chance, je croise Pierre au moment de partir. Ca me rassure car je me voyais mal terminer la course seule... Par contre, mauvaise nouvelle : Tomy est derrière et n'est pas en grande forme.
La montée du col de la saigne est certainement l'un des moments les plus dûrs de la course. Le col est interminable (les frontales au loin nous montre le chemin à parcourir), nous sommes confrontés à un vent de face en pleine nuit et la fatigue se fait sentir. Un mal de bide et une sensation de gorge sèche (dûe à l'altitude cartainement) viennent s'ajouter au tableau... Ce n'est pas très bon car nous sommes uniquement la première nuit. Je pense plus à l'abandon qu'à terminer la course. Jusqu'où va t-on tenir ? Courmayeur ?... D'autant plus que la prochaine journée est annoncée très chaude...
Première pause sommeil (10 minutes à la façon d'un marin) dans une auberge dans la descente du lac combal. Le paysage est superbe mais toujours pas la grande forme. J'ai hate d'arriver à courmayeur pour faire le point. Pierre lui a regain d'energie. Il me motive en disant qu'après courmayeur, ce sera plus facile. On pourra en profiter pour se faire une bonne pause... Au fond de moi, je n'y crois pas.
Arrivée à courmayer, je me ravitaille (jus de poire, miam miam), un massage par une kine et une micro sieste de 10 minutes. On en profite pour acheter un fanta orange dans un magasin de courmayeur (le marchand trop sympa nous les a donné). Et, là, je suis un nouvel homme :-) Avec Pierre, on négocie très bien la montée bertone puis on enchaine sur une portion de 15 km relativement plate jusque Bonnati. On est toujours dans l'optique de faire une bonne pause d'1 heure avant la nuit mais les barrières horaires sont très proches. Donc, on enchaine les ravitaux avec 10 à 15 minutes de pause. Mauvaise nouvelle : on apprend que tomy s'est arrêté à courmayeur. On ne rééditera pas l'arrivée à 3 sur la diagonale...
On entame l'une des plus grandes difficultés de la course : grand col ferret. C'est le point culminant et la pente est très raide. Avec Pierre, on garde le même ryhthme efficace et on passe le col sans grande difficulté alors qu'à côté beaucoup de personnes tirent la langue. C'est bon pour le moral et on commence à penser à une issue positive de la course.
On entame une longue descente vers champex. Cette portion n'est pas très marrante. A des moments, on peut observer des ravins de chaque côté, il faut donc rester vigilent d'autant plus que l'on entamme la deuxième nuit. Nous ne sommes pas très efficaces sur cette portion et on se rapproche betement des barrières horaires. On accélère dans la montée malgré le monde et nous voilà à Champex :-)
Il ne reste plus que 3 bosses. Ca parait simple sur le papier... Dans la réalité, la première bosse est hyper-technique (Elle me rappelle la diagonale...) et elle laisse des traces surtout pour Pierre qui a les yeux qui se ferment. On decide de faire une micro-sieste comme des creuvarts dans la descente. Je n'arrive pas à fermer l'oeil.
On arrive à trient toujours 30 minutes d'avance sur la barrière horaire. Nous n'avons pas de marge de manoeuvre.
La montée suivante est raide mais très régulière. En plus le soleil se lève. On la gère très bien avec Pierre. Une avant dernière descente et nous voilà à Vallorcine. On n'a jamais été aussi prêt. Pour autant, il reste 20 bornes et la barrière horaire n'est pas toujours pas très loin.
Cette dernière montée est dûre mais l'envie de finir la course me motive plus que jamais. Je prends beaucoup de plaisir sur cette portion malgré la difficulté et la chaleur. Arrivée au sommet, l'arrivée à la Flégère est interminable mais j'avance bien sous le stress de la barrière horaire...
Arrivée à Flégère, j'attends Pierre une vingt minutes car je sais qu'on touche au but.
Je decide d'attaquer la descente vers chamonix car la barrière horaire n'est toujours pas loin. Pris par un sentiment de legerté, j'ai envie de prendre du plaisir sur cette dernière portion et de profiter de ces derniers kilomètres.
J'attends Pierrot pour passer la ligne d'arrivée. La traversée de chamonix est mémorable, il y a une superbe ambiance et de l'émotion se lit sur tous les visages des finisher.
Le bilan est forcément très positif car l'objectif était de terminer (même en 45h). Un regret est de ne pas avoir passé le ligne avec Tomy mais il y en aura d'autres occasions... Dernier enseignement (pourtant évident) : démarrer doucement nom de dieu. Notre départ canon a failli couter un abandon dès la première nuit !!! Au délà de ça, on a fait une très belle course avec Pierrot et, le plus important, j'ai pris beaucoup de plaisir et je n'ai pas ressenti les douleurs ou coups de pompe ressentis lors de la diagonale. C'est le métier qui rentre !!!
2 commentaires
Commentaire de oc12 posté le 17-09-2015 à 08:45:14
C'est noté pour ma prochaine course le 1er novembre: "démarrer doucement nom de dieu." Et aussi je l'affiche dans les toilettes!!!
Commentaire de Bruno Kestemont posté le 25-07-2017 à 15:08:35
Merci ! Enfin un récit à ma portée (sauf que moi j'aurai la barrier horaire aux trousses ET pas que du plaisir). Bon à lire pour se donner la volonté et le plaisir de s'entraîner.
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