L'auteur : marat 3h00 ?
La course : Ultra Trail du Mont Blanc
Date : 30/8/2013
Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)
Affichage : 1970 vues
Distance : 166km
Objectif : Pas d'objectif
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Forcément sans pression … explications : |
05 janvier 2013 : ça fait 3 mois que j'ai des picotements dans le dos mais cette matinée là, l'aiguille deviens d'un coup très grosse. Je quitte le boulot et regagne difficilement mon lit. |
fin janvier : après 3 semaines passées plié dans mon lit, le diagnostique arrive : cruralgie sévère. "ça va être long" qu'ils me disent à l'hosto … La jambe droite est presque insensible et le genou est sur répondeur. Soyons positif, la colonne ne semble pas touchée. |
mi-février : premiers pas debout. Le genou droit répond, parfois. |
mi-mars : je tente de courir 30" à 6/7km/h. C'est bon même si je ne sent pas vraiment la jambe droite. Je recommence 5 fois. Ma femme m'accompagne et est surprise au début : c'est à son tour de m'attendre ! |
fin-mars : nouveaux retour en arrière : les nombreux médicaments semblent incompatibles avec une quelconque activité physique et déclenche des tendinites. Dommage, j'en étais à 10x30" marche / 30" à 7km/h ,,, |
mi-avril : nouveau test lors d'un mini off Arclusien marche + un peu de course. Bilan : sympa, j'ai forcé mais la jambe droite est trop douloureuse pour renouveler l'expérience. Merci pour la sortie Laurent ! |
début mai : reprise du travail contre l'avis du médecin : je n'en pouvais plus d'être confiné. Ouf ! Un vrai changement ! |
9 mai : UTMB - 100 jours. Je décide de marquer le coup et réalise ma 1ère vrai sortie de l'année : 3 km en 24'. C'est pas énorme mais c'est réalisé sans douleur et ça c'est cool. La jambe droite obéit assez bien même si le genou reste mou. Est-ce bien raisonnable d'envisager un UTMB dans 100 jours ? ... |
fin mai : Je retrouve doucement les chemins, + en marchant qu'en courant , Vivement que la tendance s'inverse. Ma femme patiente et fait des aller-retour en m'attendant. Je ne réfléchit pas plus loin que l'étape suivante. |
juin : la progression doit continuer. Objectif : pouvoir faire une/des sorties de 20km en rando-course en fin de mois. Les muscles sont douloureux, plus encore à droite mais je prend ça comme un bon signe. La 3ème semaine voit le 1er " OFF de la gentille" arriver avec grand plaisir dans la "préparation". 14Km avec les copains, que c'est bon ! Merci les gars. J'étais pas au top et vous m'avez attendu ! Bon, il ne faudra pas trop vous imposer ma présence quand même dans les semaines à venir ! Merci encore ! J'enquille derrière avec un 1er tour du mont-blanc en 4 jours ,,, et en voiture. C'est vrai que c'est + facile qu'à pieds mais le contact est renoué. Etape suivante : planifier les échelons qui me permettrai d'être au départ de l'UTMB le 30/08. |
juillet : il reste 8 semaines pour préparer l'UTMB et je me fait -enfin- mon programme de "travail" : pas de semaine de repos -pas le temps- et une montée en charge régulière chaque semaine. Pas de vitesse mais du dénivelé, pour marcher. Mentalement, je ne m'autorise pas à penser comme un participant. Je déciderai 1 semaine avant, si tous les voyants sont au vert, d'une éventuelle participation. |
fin juillet : le tour du mont-blanc en 7 jours avec madame. Météo superbe. Semaine très agréable. Comme un aperçu d'une reconversion hors compèt' ? La jambe droite se courbature toujours vite mais elle obéit bien maintenant. Je rajoute même 2 x 1h30 à un bon rythme. ça fait du bien. RAS au niveau du dos. Je me dit que petit à petit, les signaux passent au vert. reste le test ultime dans 2 semaines |
mi-août : nouveau TMB mais en 4 jours cette fois avec 2 kikours : arnaudb et fildar. Encore de bons moments. Merci les gars pour votre sympathie et pour m'avoir attendu. Les étapes sont gérées au rythme de l'éventuelle course, histoire de connaitre un éventuel temps de course. je termine un peu fourbu les étapes. Du coup, je me pose la question sur ma participation. Est-ce dû à mon entraînement sans semaine d'assimilation depuis 2 mois (donc fatigue logique mais non pénalisante pour la course) ou est-ce que simplement je ne suis pas prêt pour une telle épreuve, physiquement et mentalement ? |
Je passe la semaine suivante à me poser la question et à écouter les différents avis de chacun. Difficile de faire la part des choses. |
A ma façon de répondre à mes propres questions, je comprend que l'envie d'y aller est là. Au moins, le mental sera présent. Pour le reste, ce sera "la fleur au fusil", sans la somme d'éléments préparés à l'avance qui m'accompagnent habituellement et font ma marque de fabrique... |
pareil pour le côté logistique (et puis c'est trop tard) : ce sera donc comme pour un trail à côté de la maison. Arrivée sur place juste avant le départ et retour après la course, avec un matelas dans la voiture en cas de besoin. |
Voilà, ma décision est prise, j'y vais. Il y a 1 risque, c'est vrai. Mais il y a aussi tellement de lieux sur cette organisation où s'arrêter qu'il me semble possible de ne pas pousser trop loin le corps. La règle sera qu'au 1er signal d'alerte, je m'arrête. |
Je fais part de ma décision à mon entourage. J'explique qu'en raison de mon manque d'ambition chronométrique, je ne vois pas l'intérêt de venir faire une quelconque assistance. Ce serait trop de fatigue, donc dangereux pour eux et ne me servirait pas à grand-chose. J'ajoute qu'au vu de mon peu d'entrainement et de la fraicheur de mon rétablissement, il y a de grandes chances que je sois cramé à Courmayeur ou avant. |
Mes mots portent peu et je me retrouve avec un problème que je n'avais pas envisagé jusqu'à présent : l'inquiétude des miens semble dépasser la confiance qu'ils portent à ma capacité à être raisonnable en course. Je tente de les convaincre sur le ton de la plaisanterie mais la tactique s'avère mauvaise et ne fait qu'accentuer l'incompréhension. C'est vrai que je n'ai pas toujours été raisonnable dans la gestion de mon physique. Avec le recul, je m'aperçois que j'en paye le prix à ce moment-là. Ne réagirai-je pas de la même façon si les rôles étaient inversés ? |
Je promet donc d'être raisonnable et de m'arrêter à Courmayeur … sauf si ça va. |
Ma femme me lance alors que si je n'arrête pas à Courmayeur au maximum, elle saute dans la voiture et viens direct' me chercher ! Ah !? … |
Nous en restons là. |
Et me voilà partant pour un UTMB comme à un entrainement de 15Km : 3 barres, de l'eau, le matos obligatoire et rien d'autre ! Pas une fiche avec des horaires de passages, pas de cardio, même pas de montre, c'est pour dire. Un vrai touriste. |
Arrivé à Chamonix, je retrouve Arnaudb (vaillant kikoureur lyonnais) et nous nous plaçons en 1ers sur la ligne de départ. Il fait beau et chaud et nous n'avons plu qu'à nous préserver du soleil en attendant le départ, tout en gardant une place à nos cotés pour ogo (autre vaillant kikou du Rhône) et Maria (toulousaine et même pas kikou, pfffff). |
L'ambiance monte de plus en plus. Je ne ressent aucun stress. Vraiment comme si nous allions nous élancer pour un bon off. La musique est très bonne, les discours courts bref, que de bonnes ondes. |
Bien sûr, je ne peux m'empêcher de faire mon rabat-joie avec tous mes conseils à 2 balles. Ben oui, je suis lourd en vrai (95Kg en mai) mais pas que ! |
Je vais même jusqu'à retenir Maria pendant les premiers kilomètres pour ne pas qu'elle se grille et pour la mettre sur le tempo des moins de 30h (notre objectif commun au moment des inscriptions). Comme si elle avait besoin de moi ! |
Arnaudb à disparu au bout de 50m, fonçant vers son méga trip tandis qu'ogo reste sagement 50m derrière nous. Beaucoup nous doublent, prouvant par là même que je ne suis pas le seul à partir la fleur au fusil. |
Une fois Maria libérée de ma pesante présence, je ralentis et vois passer un ogo toujours aussi aérien. On dirait qu'il est encore sur son vélo. |
C'est vraiment la fête de partout. Au passage des Houches, quelques-uns s'arrêtent pour se faire prendre en photo aux côtés de Kilian venu en spectateur. La montée au col de voza est également + peuplée que dans mon souvenirs de l'édition 2011. J'en profite vraiment, sans me soucier du chrono. Je fait tout aux sensations et si je dois m'arrêter, je le ferai sans regret. |
Je m'aperçoit en arrivant à ce moment de mon récit que je n'ai même pas eu la curiosité d'aller voir mes temps de passages intermédiaires ni mes classements successifs. J'y vais, cela permettra de mettre des points de repères à ce récit. |
Me revoilou ! |
Donc, passage au delevret en 1h57 et 976e. C'est 4' de moins qu'il y a 2 ans. Le départ et la météo clémente cette année explique la petite différence. |
Comme prévue, je marche dans les parties les + pentues de la descente qui nous mène à St-Gervais. C'est quand même plus facile avec le soleil et le terrain sec. Et puis s'il y a 1 descente qui peut te griller ta course, c'est bien celle-là. Coureur qui cherche des infos avant de t'élancer, retiens ceci : doucement pour descendre sur St-Gervais. |
Je fais le plein de ma poche dans une fontaine, 3km avant le village. Il n'y a personne et ça va me permettre de passer tout droit au ravito qui, généralement, retiens pas mal les coureurs. |
Bien m'en a pris car je double un nombre impressionnant de coureurs. Je dois bien gagner 3/4' dans cette manœuvre. |
Au pointage du ravito à St-Gervais : 2h53 et 1083e. Encore 4' de gagnées / il y a 2 ans |
Je continu mon chemin en prenant du plaisir dans les paysages et dans le fait de pouvoir être là, simplement. Dès que je peux, je remercie les bénévoles qui vont passer de longues heures au même endroit. |
A l'approche des contamines, je recommence l'opération remplissage de ma poche à eau dans une fontaine. J'ai le sentiment d'avoir au moins préparé ça : le gain de temps des arrêts ravito. |
La nuit arrive. Juste avant de prendre le chemin habituel nous menant au village, le fléchage nous oriente vers la droite. Oups ! Un vrai raidard nous attend. Je peste un peu contre les organisateurs mais bon, il y a toujours quelques variantes par rapport au tracé annoncé. celle-ci est quand même assez rude et longue. Elle dois faire perdre pas mal de temps à ceux qui suivent un tempo. C'est le moment que choisissent bon nombre de coureurs pour, à ma grande surprise, c'arrêter pour mettre leur lampes. |
C'est donc grâce à l'éclairage de nos frontales que nous montons rejoindre le ravito. Grosse ambiance dans cette montée, bien sympa. |
J'effectue un passage rapide, soupe + provision de barres. 1' d'arrêt au lieu des 20' d'il y a 2 ans. Je me dit qu'entre mes jambes qui répondent moins bien mais grâce à l'optimisation des arrêt aux stands, la balance temporelle doit s'équilibrer peu ou prou. |
Aux contamines, le temps relevé est de 4h30 et 687e. J'ai donc conservé 6' d'avance par rapport à 2011 |
La partie nous menant à notre dame de la gorge est presque plate mais le "presque" est bien à prendre en compte et je marche de façon régulière. J'en profite pour préparer mon changement de tee-shirt (ML vs MC). Il est toujours préférable de s'arrêter dans une portion bien montante que sur du plat : le cœur fait une pause salvatrice et repartira + doucement et cela "casse" moins la vitesse. |
J'apprend qu'ogo est derrière moi à présent. Cela me surprend alors qu'il avait pris un départ prudent. Avec mon futur arrêt et la montée du col du bonhomme, je me dit que je devrait le revoir rapidement et je guette donc ceux qui me doublent. |
C'est dans le début de la montée qu'il me rejoint. Je viens de me changer et nous en profitons pour faire un petit bilan de ce début de course. La sagesse l'a un peu quittée dans la descente sur St-Gervais. Pas pour longtemps car aux premières douleurs il a fallut faire une pause. Il faut préciser qu'Ogo n'a pratiquement suivi qu'un entrainement cycliste les 8 dernières semaines ! |
Bien vite, monsieur s'éloigne, léger et avec un mental de battant. Bravo pour ta perf et ta volonté de finir ! |
Je me retrouve donc dans ma bulle. La nuit est magnifique, le ciel superbe. Je profite de chaque instant. Je suis bien, sans forcer. |
C'est dans cette montée vers la balme que je me dit pour la 1ère fois que les jambes étant nickels, je pourrai bien faire le tour complet. Je me laisse encore un bon moment avant de valider cette décision mais j'en prend le chemin et garde mon tempo en conséquence. |
Refuge de la balme : 5h56 et 650e. 10' d'avance / 2011 |
Comme il y a 2 ans, je profite du ravito pour prendre ma veste car dès la sortie de ce ravito, la température baisse. Aujourd'hui, il ne fait pas froid mais une seconde couche sera appréciable lors des passages ventés. Mon passage est encore une fois rapide. |
L'ascension se fait tranquillement. Je me fait pas mal doubler mais si je veux faire le tour complet, je dois gérer mon effort. Je ressent le manque d'entrainement dans cette portion. Pas très grave, je suis quand même bien content d'être là. Je pense à tous ceux qui m'ont soutenu depuis 8 mois et ça me fait chaud au cœur et au corps. |
L'arrivée au col du bonhomme marque une demi-étape. Il reste à atteindre le refuge en gérant au mieux le chemin qui monte moins régulièrement. Par rapport à 2011, il est + compliqué de courir dans les portions plates ou descendantes à cause de la nuit. Je dois perdre du temps. c'est étonnant comme mes pensées reviennent souvent à cette comparaison avec 2011 pour quelqu'un qui a annoncé s'arrêter à Courmayeur. Je devrait m'en moquer mais j'y reviens souvent. Je me dit que c'est parce que j'ai envie d'aller au bout, que je m'en sens capable. |
J'entame donc la descente vers les chapieux en m'obligeant à gérer doucement cette partie. Il n'y a que des risques à forcer dans cette descente pour un gain très limité. C'est une descente qu'il va falloir faire patiemment et de façon prudente. La nuit change vraiment la donne / 2011. Patience et confiance sont essentielles à ce moment-là de la course. |
5' après le sommet, c'est le passage au refuge pour le pointage. Il y a beaucoup + de coureurs qu'il y a 2 ans. Je trouve que la densité est élevé autour de moi et met ça sur mon retard probable / 2011. |
refuge du col du bonhomme : 7h29 et 676e. Tiens, j'ai gardé 6' d'avance mais il y a quelques place aux classement en + (586e en 2011) |
La descente apparait vraiment + technique de nuit et la vitesse s'en ressent. Je profite moins de ce qui m'entoure, trop concentré sur mes pas. |
Nous arrivons finalement Aux chapieux où je fais la queue pour le contrôle du matériel. Comme au supermarché, je n'ai pas pris la bonne file : le coureur me précédent est étranger et ne comprend pas les différents élément qu'on lui demande. Et bien comme au supermarché, la perte de temps m'énerve. allez comprendre ... |
Nouveau passage éclair et je repars en courant : Il faut se forcer à courir le km qui suit les chapieux car il permet de se réchauffer avant d'attaquer la longue marche qui va nous mener au col de la seigne. |
Les chapieux : 8h12 et 637e; Comme ressentit, j'ai perdu du temps / 2011 mais pas tant que ça. Je suis passé avec encore un peu d'avance (2'), preuve s'il en est qu'il conviens de gérer doucement cette descente. Qu'est-ce que 4' ? |
Je marche d'un bon pas sur la route qui mène à la ville des glaciers. La nuit est magnifique et je passe mon temps à regarder les étoiles. J'en aperçois une qui file et fait un vœux "moins de 34h !". Bon, c'est sûr maintenant, je suis dans la posture du mec qui veut aller au bout. Je n'arrive pas à me convaincre d'être raisonnable et de respecter ce que j'ai dit. pffff, foutu esprit de compet' ! |
je m'interroge cependant sur mes motivations à vouloir aller au bout. Qu'est-ce que cela va m'apporter , qu'ai-je à gagner, qu'ai-je à perdre, ai-je quelque chose à prouver, … ? |
Je prends le temps de bien poser les tenants et aboutissements de ces interrogations. Je sais la montée longue et régulière, permettant de bien réfléchir. Je mène donc mes réflexions tout en chantant à moitié. Je dois passer pour un allumé mais que m'importe ! |
Arrivé au sommet, je suis toujours plutôt partant pour faire le tour complet. Mais je sens aussi que je m'approche de Courmayeur et qu'une fois là-bas, il ne devra plus y avoir de place pour le doute. |
col de la seigne : 10h33 et 621e. Waouh, exactement comme il y a 2 ans : 2h21' de montée et 16 places de gagnées. |
Le début de la descente à été réaménagée depuis 15 jours et c'est un poil + large. Tant mieux, il n'y a ainsi pas trop à se poser de question sur la pose des pieds. Je descente doucement pour éviter de détruire les jambes; c'est que la route est encore longue d'ici cham'. Le tronçon qui nous ramène au dessus du ravito du lac combal est par contre toujours aussi piégeux et avec la nuit, hors de question de prendre des risques. Il y a donc alternance de marche et de petits trots. |
La soupe du ravito est une soupe de haricots blancs. J'hésite un peu mais la chaleur fait du bien. J'attrape au vol 2 tranches de jambon et c'est repartit. |
pointage du lac combal : 11h09 et 578e. Tiens, c'est dans cette portion que mes temps de passages deviennent supérieurs à ceux de 2011. + 4' à ce moment là. |
Je repart en courant sans faiblir et profites de cette portion plate pour manger le jambon. La vache ! Qu'est-ce qu'il est salé ! Bon, en même temps, il en faut du sel, non ? |
5' après avoir entamé la remontée vers le mont Favre, j'ai soudain envie de vomir. Les vaches présentes n'ont pas l'air plus gênées que ça par mes gesticulations. Désolé mesdames … |
La progression reprend après ce bref intermède. C'est passé à peu près. |
Puisqu'on est en montée, je reviens à mes interrogations sur ma poursuite du tour. Et puis aussi comment vais-je annoncer ça et comment va-t-on réagir à la maison ? |
La montée tourne à la résolution de casse-tête. Physiquement, je ne me sens pas tellement fatigué et musculairement, ça va aussi. Je pense être sur les même base qu'en 2011 et pouvoir viser moins de 33h : le retour à un parcours classique cette année et les passages ultra rapides aux ravito devraient sans doute palier mon entrainement moindre. C'est un chrono inespéré il y a 4 mois et je pourrai être fier d'avoir bien géré cette mini préparation. |
Bon, maintenant que je sais ( à +/- 1h près) la valeur de ma préparation, qu'est-ce que cela m'apporte ? Car finalement, n'est-ce pas d'abord l'estime de soit que l'on recherche dans ces épreuves longues ? L'estime des autres est appréciable et utile à son épanouissement mais elle ne viendra qu'au travers de sa capacité à se respecter. |
Au bout de mon analyse, je me dit que si je continu, je vais me prendre un savon par mon entourage. Pas super grave sur la forme. Par contre, le fond m'apparait plus important. Comment ne pas perdre confiance en quelqu'un qui ne respecte pas son engagement ? Cette perte de repère ne risquerai-t-elle pas de déclencher d'autre réactions pour une simple fin de course ? Confiance et respect sont des fondamentaux de la relation entretenue avec mes proches. En respectant les craintes et les aspirations de ceux que j'aime, c'est un message d'attachement que je leur adresse. Ce ne sera pas un message directe mais parfois les actes peuvent suppléer les paroles. |
Juste avant d'arriver au sommet, je décide donc de renoncer à ce qui m'a motivé et pour lequel je me suis battu depuis 4 mois. |
Je fait le choix de l'amour plutôt que de l'amour-propre. |
Il fait nuit, il fait froid et je suis seul sur ce chemin. L'image est peu sympathique et pourtant loin de ce que je ressent. Je suis heureux et ri d'avoir pris cette décision. |
Au passage du col, le bénévole me demande si ça va. Je lui répond dans un sourire que" l'arrivée va vite être là maintenant" ! Ça le fait rire aussi. |
Arête du mont Favre : 12h15 et 543e (+10' / 2011). |
La redescente vers le col chécrouit se fait alors uniquement dans l'optique de ne pas tomber et sans forcer. Je vais pouvoir rejoindre cham' rapidement puis aller encourager les copains qui seront encore en course, eux. Il y a encore quelques ralentissement mais ce n'est plus vraiment important. Je me force malgré tout à continuer à une allure proche de ce que j'aurai fait si j'avais poursuivi le chemin mais la tête n'y est plus vraiment. |
Le clair de lune éclair un peu nos pas et nous accompagne jusqu'à Chécrouit. Passage rapide histoire de ne pas prendre froid. |
Col Chécrouit : 12h56 et 514e (+ 17' / 2011) |
Il ne reste plus qu'à laisser filer jusqu'à Courmayeur, dans ce single bien technique que j'affectionne. Là encore, priorité à la prudence. |
Si le départ du col Chécrouit est simple, lorsque nous plongeons vers Courmayeur, la donne change complètement : le chemin est tellement sec qu'un nuage de poussière se forme derrière chaque coureur et ne se dissipe que très lentement. Même avec la frontale à fond, il est difficile de voir le relief du sol. Les racines sont en parties masquées et les marches en bois idem. |
En 2011, de jour, je m'était bien éclaté dans cette descente. Là, impossible de le faire sans prendre de risque. Et comme je ne suis pas le seul à être gêné, de petits trains se forment. Difficile de doubler dans ces conditions sauf à ce que tout le train s'arrête pour laisser passer. Logiquement, ça n'arrive pas et nous avançons donc au rythme de l'homme de tête. |
Au retour sur la route, nous pouvons à nouveau courir chacun à sa vitesse et rejoindre la salle des sports. Bêtement, je fais un état des lieux des jambes, comme si j'allais continuer. Puis je repense à ma décision. Pas la peine d'enfoncer le clou. |
J'arrive à Courmayeur tranquillement. Je récupère mon sac et me change. J'en profite pour lire les messages de soutiens (mais ils sont jamais couchés les kikou ? Merci les gars !) et annonce donc mon arrêt. |
Courmayeur : 13h38 & 494e (+26' / 2011) |
de retour à cham', je fais un petit dodo dans la voiture puis vais voir l'arrivée du 1er. Moment sympathique avec un vainqueur bien souriant. |
Il sera ensuite temps d'aller au devant de Maria qui fait honneur à son objectif et termine en 29h35', presque en pleine forme. Nous avons fait la partie Vallorcine / col des Montet pratiquement tout en courant. Infatigable la miss ! |
J'apprendrai à Vallorcine qu'arnaudb a arrêté et qu'Ogo entame son chemin de croix. De bien valeureux guerriers. Respect. |
Au moment de revenir vers Lyon, pas mal de sentiments différents m'animent. Je préfère ne retenir que les bons côtés de ce week-end et ne pas accumuler les regrets. |
De belles choses ont été vécues et partagées et elles font désormais parties de ma vie. |
J'en suis content. |
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15 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 10-10-2013 à 17:09:39
sacré bonhomme !!!!
un "abandon" comme celui là, je n'en avais encore jamais lu.
Ta victoire, c'est d'avoir abandonner, par respect pour ton entourage. Ce que tu as fait là, c'est bien bien plus grand que ton incroyable perf de 2011.
Bien content de te connaître.
Bon, samedi, faut nous montrer tes talents de chanteur.....
Commentaire de Dozer posté le 10-10-2013 à 18:39:06
Là je dis res
Commentaire de Dozer posté le 10-10-2013 à 18:40:47
Desolé, foutu iphone ! Je disais donc " respect!. Ton abandon n'en est pas un. C'est le respect de la parole donnée et une preuve d'amour. Bravo."
Commentaire de fildar posté le 10-10-2013 à 21:09:55
Bravo Patrice pour ta course et surtout pour ton choix de ne pas trahir tes proches.
Encore merci pour m'avoir permis de partager cette reco.
Commentaire de snail69 posté le 11-10-2013 à 07:28:20
Lire ce CR après avoir couru à la Gentille avec toi force l'admiration. Lors de ce Off, tu parlais d'UTMB et moi cela me laissait totalement incrédule. Ce que tu as fait est bluffant.
Bon, sur ce, je vais me refaire une piquouse de ton CR de 2011, c'est que j'ai ma première SteLyon à terminer moi. J'espère qu'on se croisera sur un Off de préparation.
Commentaire de jano posté le 11-10-2013 à 09:53:29
en suivant ton avancée sur le live, j'avais bien perçu ta course et ta progression comme ça, avec beaucoup de recul dans l'évènement et l'action(j'en suis incapable).
mais j'avais un doute sur ta capacité à surpasser ton esprit de compèt'...
bravo en tous cas pour ton "1/2 tour" et tout ça avec une préparation "un peu" réduite.
(faut t'avoir vu en mai-juin pour vraiment halluciner !!!)
Commentaire de kelek posté le 11-10-2013 à 10:18:58
il faut savoir être raisonnable parfois si l'on veut durer dans ce genre de discipline... même si ce n'est pas facile pour nous amateurs d'ultra et donc d'excès... bravo à toi pour avoir su raison gardée!
Commentaire de Jean-Phi posté le 11-10-2013 à 10:51:27
Je suis sidéré par ta capacité d'analyse, de gestion et de respect de la parole donnée. Grand trailer tu es, pour ce que j'en sais et grande âme également. Je pourrais citer quelques phrases de ce CR qui sont tellement en phase avec ce que je pense...
C'est énorme ce que tu as fait. Revenir ainsi de blessure, partir sur l'UTMB qui plus est sur les bases superbes que tu avais eues en 2011 et renoncer par amour des tiens, par respect de la parole donnée, je dis bravo et respect. J'en suis tout esbaudi. Merci pour cette (belle) leçon de vie.
Commentaire de bruno230 posté le 11-10-2013 à 14:21:01
Au dela des performances sportives,une belle leçon d'humilité et du sens des réelles priorités dans la vie qui nous est faite là.Maintenant place à la chanson samedi, Could you be loveeeee and be loveddd.
Commentaire de franck de Brignais posté le 11-10-2013 à 22:06:09
Tu le dis fort bien : tu as fait le choix de l'amour, plutôt que de l'amour propre. C'est le meilleur que tu pouvais faire. Bravo à toi pour cette belle victoire. Quelle chance ont tes proches !
Commentaire de gj4807 posté le 30-10-2013 à 10:03:19
Chapeau l'ami.
Commentaire de Bert' posté le 04-11-2013 à 20:29:30
Bravo !!
Quel courage et capacité à résister à la tentation...
Difficile de jauger sans être à ta place mais il fallait être fort pour dire non !
Un côté Moitessier en te lisant... ;-)
Commentaire de Arclusaz posté le 04-11-2013 à 23:43:01
tiens, Moitessier, c'est une bonne idée ça...
sauf que Moitessier, il est reparti pour un (presque) deuxième tour.
Et visiblement, il était moins motivé que Marat pour retrouver sa femme qui l'attend au port au bout de la jetée, l'horizon bien morne dans ses yeux délavés...
Commentaire de stphane posté le 19-01-2014 à 01:31:21
.... respect!!!!
Commentaire de TomTrailRunner posté le 15-08-2016 à 12:29:30
Un récit empreint de sagesse dont je tenterai de m'inspirer dans....2 semaines :)
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