Récit de la course : Ultra Trail du Mont-Blanc 2017, par Benjamin73

L'auteur : Benjamin73

La course : Ultra Trail du Mont-Blanc

Date : 1/9/2017

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 3342 vues

Distance : 168km

Objectif : Objectif majeur

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UTMB 2017 : La boucle est bouclée

UTMB 2016, je franchis la ligne en 26h20… Maussade. Je ne suis pas satisfait de ma course. Je pense que sitôt mon chrono arrêté, j’avais déjà pris la décision d’y retourner l’année suivante. Histoire de mieux faire le boulot !

Place donc à une nouvelle année de préparation, de séances de piste, de PPG, de sorties longues en montagne, de ski de fond, bref, des heures et des heures d’entrainement avec toujours à l’esprit de réaliser un bel UTMB. L’hiver se passe bien, mes chronos autour de la piste diminuent encore : on ne fait pas plus factuel qu’une séance à enquiller des 400 m.

Fin mars, je m’aligne sur le Ventoux. J’y prends conscience une nouvelle fois de mon faible niveau en descente. Vraiment, il va falloir bosser ça. J’avais également pu constater en analysant mes temps de passage sur l’UTMB 2016 que jusqu’à Courmayeur je tapais des chronos en montée du niveau du top 15 alors que je basculais dans le top 40 voir moins sur mes chronos en descente…  Clairement un point à corriger.

Fin mai, Maxi-Race. Une bonne course avec un départ prudent, aucune prise de risque pour un résultat assez satisfaisant sans être extraordinaire. Je constate un léger mieux en descente.

Juin : le mois des changements

Au début du mois, sur les conseils de mon frère, je décide de tester un mode d’alimentation pauvre en glucides et riche en gras (régime LCHF). Je vous laisse vous rencarder, vous trouverez une multitude de sites internet traitant de la chose. L’intérêt de ce type d’alimentation dans le cadre de l’ultra endurance est l’optimisation de la lipolyse. En gros, l’objectif est d’améliorer son rendement d’oxydation des graisses… Vous verrez plus loin que les résultats sont intéressants.

Autre changement, je décide de m’aligner sur l’UTMB avec des bâtons ! La raison ? Tous ceux qui gagnent l’UTMB à part Jornet ont des bâtons… Là encore, je peux le dire aujourd’hui, je suis convaincu qu’ils ont contribué à ma performance.

Enfin, fin juin, je prends contact avec Patrick Bringer pour qu’il me prenne en main. Cela faisait maintenant 6 ans que Gildas Penverne m’entrainait, l’heure était venu de changer de méthode pour bousculer un peu les habitudes et surprendre un peu mon corps qui s’était peut-être un peu trop habitué à certains schémas d’entrainement. 

Place donc à la méthode boucherie du Saint père Bornus comme on aime à le prénommer au sein de sa structure d’entrainement 2EP. Plutôt qu’un long discours sur mon mois de juillet, voici 2-3 chiffres :

 

-          42000 m de dénivelé

-          460 bornes à pied

-          90 h d’entrainement

 

Et quelques séances sympas dont la plus sexy reste quand même ce superbe 3x1000 m de dév avec pour consigne :

« Le 1er 1000m en « marcher c’est tricher », le 2nd 1000m en 1’ VMA – 30’’ marche ampli, le 3ème en chrono max r=moitié descente cool, seconde moitié tonique. »

Voilà voilà…

On assaisonne tout ça de deux trois trails dont une belle 6éme place au trail de l’Ubaye sur un bon fond de fatigue et me voilà prêt à affronter le tour du Mont Blanc !

Une semaine avant la course, j’arrive sur zone avec ma chérie et toute la famille. A partir de maintenant, il y a un sujet qui va, je dois le confesser, un peu plus me préoccuper que les délires atomiques de la Corée du Nord : la météo ! En l’espace d’une semaine je suis devenu expert en analyse de modèle météorologique… Une chose semblait certaine : la météo serait instable et froide voire très froide tendance « winter is coming »…

Partant de ce constat, l’interrogation planait sur tout Chamonix : l’orga va-t-elle nous envoyer sur le vrai parcours ? Il aura fallu attendre le vendredi matin 10h00 pour que la sanction tombe : vous irez au charbon ! Parcours maintenu (à 2 variantes prêt assez anecdotiques) !

 

Maintenant qu’on est fixé, on peut enfin préparer l’assistance. C’est mon frère Thomas qui comme l’année dernière va se charger de s’occuper de moi ! Vu la météo, on ne laisse aucune, mais alors aucune place à un quelconque imprévu. C’est avec un véritable magasin de sport que mon frère me suivra de ravito en ravito.

Bon, on va pouvoir y aller !

18h28 sur la ligne de départ… Juste devant moi toutes les machines de la planète Ultra sont là. Depuis le printemps, tout le monde frétille à l’idée de ce rendez-vous. D’Haene, Thevenard, Jornet et Walmsley sont en première ligne avec à leur côté une liste de seconds couteaux longue comme le bras. Entendons-nous bien : du second couteau de type lame japonaise sur affuté, pas de l’opinel rouillé !

Allez, vaz-y DJ, envoie-nous Vangelis, et lâchez les fauves !

(Petzl/Rémi Fabregue/D.R)

 

Chamonix est noir de monde, comme jamais ! La traversée de la ville est complétement hallucinante et c’est comme ça jusqu’aux Houches…

Je navigue entre quelques têtes connues, j’aperçois Laney au loin avec sa casquette trouée… Jeff Browning est là, je croise Caroline Chaverot, Nuria Picas, Seb Chaigneaux… Bref, ça circule !

La première bosse déroule sans embuche, calme et serein tout comme la descente sur Saint Gervais où j’arrive en 02h01 (02h03 en 2016) à la 66 éme place. En direction des Contamines, la pluie qui nous avait jusqu’alors épargnée se décide à venir nous dire bonjour. Je ne m’inquiète pas et fais le choix de ne pas sortir la veste. Je sais que de toute façon, je vais repartir changé et sec des Contamines où m’attend mon frère.

Cette première partie de course jusqu’au Contamines est clairement la plus pénible pour moi, il faut trouver son rythme, se mettre dans sa bulle et rester calme… Vraiment pas évident au vu de l’effervescence. A ce petit jeu, je m’en sors nettement mieux qu’en 2016 et prend la course avec beaucoup plus de décontraction.

Enfin, après Notre Dame de la Gorge nous voilà vraiment en montagne ! Au ravito de la Balme, mon état d’esprit est enjoué et confiant ! J’aborde alors le col du Bonhomme à un rythme très confortable et reprends pourtant pas mal de monde. A la bascule, neige, vent et brouillard sont au rendez-vous. J’adore ces ambiances un peu rustiques et pour me combler, je suis enfin tout seul ! (Je pointe en 5h22 à la 61 éme place contre 5h24 en 2016). Enfin pas vraiment seul : je me fais accueillir par tout un groupe à l’approche de la croix du Bonhomme qui m’encourage comme jamais alors que les conditions météo sont plus favorables au duo couette – tisane ! Merci les gars. Vraiment !

Après avoir pas mal analysé les temps de passages des premiers de l’édition précédente, j’ai remarqué que je mettais sans doute trop d’intensité dans les montées et pas assez en descente… Cette année, j’adopte donc pour une nouvelle approche : les descentes ne sont pas faites pour récupérer (du moins si tu veux perfer) ! En avant donc pour la descente sur les Chapieux.

Je réalise toute la descente seul et finis par revenir sur Chaverot peu avant le ravito. Je pointe en 5h54 (5h58 en 2016).

Cette année, nous nous dirigeons vers le col de la Seigne via un sentier et non pas par la route menant à la ville des Glaciers. C’est la bonne surprise de la soirée. L’ascension du col de la Seigne sera je crois un des seuls moments de la course durant lequel des pensées négatives ont tenté de venir me titiller. Je laisse un peu passer l’orage en me calant derrière un groupe d’italiens durant la descente.

Allez, on enquille tranquillement sur l’arête du Mont Favre, toujours derrière mes italiens, en mode suceur de roue et on bascule sur Courmayeur. J’adore la descente qui suit le col de Checroui et je laisse alors aller mes grandes guiboles. Je fais sauter 5 gars sur ce tronçon et arrive 43éme à Courmayeur en 9h49.

Mes deux frangins sont là. Dans le gymnase, je constate que certains ont déjà l’air passablement atteints. Je prends le temps de me changer, de manger un peu et de boire du thé. Bien évidemment je demande également à mon frère de me raconter ce qui se passe devant. La course du siècle semble bien avoir lieu !  Je reste 8 minutes à Courmayeur et repars.

Devant moi : la montée à Bertone. Et derrière, le tronçon qui m’avait vu littéralement exploser l’année dernière. Après un léger fourvoyage dans les rues de Courmayeur, j’attaque l’ascension à un rythme toujours confortable. Personne ne revient sur moi, c’est bon signe. Je suis encore sur la retenue et derrière, ça semble déjà souffrir. L’avenir est devant moi !

En arrivant au ravito de Bertone, je sais que cette année, la suite ne sera en rien comparable à l’année dernière, bien au contraire. Je pense que je vis mon pic de forme sur le tronçon Bertone – Arnouva. Le sentier me parait extrêmement roulant. Je cours sans fatigue et reprends au train quelques coureurs. Le jour pointe et la face Sud du massif, immense, sauvage, me fait l’honneur de m’accompagner. C’est exactement pour ces moments-là qu’on part à l’entrainement toute l’année. Je suis dans la zone ! Cette sensation d’invulnérabilité et de facilité si jouissive. Au refuge Bonatti je pointe 37éme, je viens de reprendre Nuria Picas qui semble subir un gros coup de moins bien. Avant de plonger sur Arnuva, je reprends Sage Cannaday (mon ego frétille un poil…) et arrive 35éme en 12h36. Je prends beaucoup de plaisir sur ce stop. Les bénévoles sont adorables avec moi et excusez du peu, on trouve ici de la viande des grisons, du filet mignon fumé, du bon fromage…Bref, je me refais un peu la cerise avant de partir au charbon dans le grand col Ferret.

Cette ascension, de par l’ambiance, sera sans doute la plus marquante. Je démarre un peu poussivement puis trouve un rythme qui me convient. Le froid qui règne me pousse à sortir les surgants histoire de ne pas me taper un onglet… J’ai déjà assez à gérer avec mes quadriceps… Je reprends un mec dans le dernier tiers de l’ascension et atteints le col seul. Brouillard, gros vent, givre… Une putain d’ambiance ! J’adore. Je suis 29éme. Je suis parti depuis 13h41.

 

 

Me voilà en Suisse. Durant l’ascension du grand col Ferret, j’ai pas mal souffert des coussinets à la base des orteils, j’étais donc un peu inquiet pour la descente. Rapidement, je me rends compte que tout ira bien. Ce petit matin en Suisse est un régal !

Je ne reprends qu’une personne dans la descente, mais pas un lapin de 6 semaines : Jason Schlarb, vainqueur de la hardrock avec Kiki himself en 2016 : deuxième frétillement de mon égo !

Débarquer à la Fouly fait du bien. C’est un peu le retour à la civilisation. Mes deux frangins sont là pour m’accueillir. Je ne stoppe pas longtemps ici, je préfère me réserver un arrêt un peu plus conséquent à Champex où l’assistance est autorisée. En avant donc ! 

10 minutes après avoir quitté la Fouly, je percute qu’il y a un truc qui cloche. Qu’est-ce que je fous sur la route ? En fait, l’organisation n’a pas pu nous faire passer par le sentier habituel pour je ne sais quelle raison. J’en prends mon parti et maintiens le cap. Avant de venir butter contre la bosse menant à Champex, j’ai encore repris 2 gars. Je monte sans trop d’accro et débarque au ravitaillement en 27ème place.

Ma chérie et Sarah ont rejoint mes deux frangins. Les encouragements vont bon train. Comme depuis le début de la course, j’essaye de rester calme au ravitaillement. Je prends quelques tasses de thé, un sandwich à la viande des grisons et beaufort, une gaufrette GU et quelques graines. Je me change et repars !

Pour moi, l’UTMB démarre réellement maintenant ! La fatigue est désormais définitivement installée et le tarif est le même pour tout le monde. C’est la tête qui va devoir être bien solide. J’aime cette fin de parcours, elle est claire, nette et précise : 3 bosses ! 

Je pensais globalement bien me souvenir du parcours mais j’avais oublié à quel point la route était longue avant d’attaquer la montée à Bovine… Sur ces longues ascensions, en fin de parcours, relativement fracassé, il faut trouver le rythme juste, ne pas s’endormir sans non plus tout faire exploser. Je ne m’en sors pas trop mal et reste concentré. Avec la pluie qu’il est tombée, les chemins ici sont devenus de vrais champs de boue, rendant parfois les appuis un peu fuyant ce qui ne facilite pas vraiment l’ascension. Bordel mais elle n’en finit pas cette montée à Bovine ! Je commence à m’impatienter d’en voir le bout et tant bien que mal, j’arrive à la Giète, sous la neige. Je pointe dans la bergerie en 24éme position et constate que dans le même temps je prends deux places de mieux… Miguel Heras et Diego Pazos sont là, dans leur couverture de survie et vue leur tronche, je suis confiant sur le fait qu’ils ne reviendront pas sur moi… J’attaque la descente sur Trient. Allez, plus que deux bosses camarade ! Une paille en comparaison de ta séance de 3 x 1000 de dénivelé. Je ne sais pas trop pourquoi mais dans ma tête, à partir de maintenant, j’ai la quasi certitude que je serais dans les 20 à l’arrivée. Un top 20, c’est l’objectif ultime qu’a lancé Patrick avant la course. J’ai le sentiment qu’il y a un vrai écart de fatigue entre les gars que je dépasse et mon ressenti et je me dis qu’il doit bien en rester 4 devant moi à faire sauter !

J’arrive à Trient…21 éme. Allez hop, encore 3 dans la besace ! Ravitaillement classique et je repars pour Catogne. Là, pas de souci je sais que l’ascension débute dès la sortie du ravito. Le portugais Luis Fernandes est reparti juste avant moi et mon frère m’indique que Jeff Browning est reparti il y a 2-3 minutes. Je recolle rapidement aux fesses du portugais et me calle dans ses baskets. Il monte à un rythme légèrement supérieur à ce que j’aurais fait seul mais je décide de m’accrocher. Petit à petit on aperçoit Browning et on finit par le reprendre. Il semble cuit et en tout cas, plus trop décidé à se rentrer dedans.

« I just want real food ! I want steak” nous lâche-t-il…

Peu après, je sens qu’imperceptiblement notre rythme baisse. C’est le moment de dire au revoir à mon portugais. Je le passe et pose une mine (toute proportion gardée après 19h de course) afin qu’il ne m’ait plus en point de mire. Selon mes calculs, je suis maintenant 19éme ! Ca y est, je suis rentré dans le top 20. Durant la descente, j’élabore ma stratégie de fin de course. Il me reste suffisamment de gels dans le sac pour tenir jusqu’à l’arrivée, aucune raison de squatter à Vallorcine, je reprends deux flasques pleine et feu ! Bon, au final, j’ai fait un ravito « semi-express », disons 2-3 minutes. Mon frère m’indique que Chorier vient tout juste de repartir.  Je décolle le couteau entre les dents.

La portion jusqu’au col des Montets est un bon indicateur de la gestion qu’on a eu sur la course. Ici, le monde se divise en deux catégories : ceux qui court et ceux qui marchent. J’ai bien l’intention de faire partie de la première catégorie. Assez rapidement je reviens sur Julien mais je décide de rester derrière, de ne pas le doubler trop tôt. Je suis confiant sur mes capacités à descendre et me dis que j’ai le temps. Malheureusement, à l’approche du col des Montets, je sens que je faiblis physiquement et nerveusement… Julien me met une mine dans la descente sur Tré-Le-Champ. Je ne peux pas suivre. Je l’aperçois ensuite dans la montée vers l’aiguillette d’Argentière. Il m’a déposé. A ce moment-là, il est clair que je rends les armes… Je suis vraiment fatigué que ce soit physiquement bien sûr mais également mentalement. Mon objectif était de rentrer dans les 20. J’y suis. Je suis confiant sur mes chances de conserver ce classement jusqu’au bout.  

Durant la descente de l’aiguillette d’Argentière je reviens sur Anthony Gay. Il n’avance plus. Il m’indique qu’il a les cuisses hors service depuis 3h. Je suis 18éme.

La suite jusqu’à la Flégère est dure, c’est évident, mais la sensation du devoir accompli commence à m’envahir. J’aperçois Julien un peu plus haut dans le dernier raidard de la course. La météo, encore une fois, est brumeuse et froide à l’approche du sommet de la dernière difficulté. Au ravitaillement de la Flégère je prends quand même le temps de me ravitailler un peu avant d’attaquer l’ultime descente. Au loin, j’aperçois un mec. Sans doute Anthony me dis-je…

Les jambes tiennent encore le choc. Je ne descends pas comme une balle, loin de là, mais je descends à un rythme honorable, prudemment aussi, je ne veux pas tout foutre en l’air ici. Durant le premier tiers de la descente, je crois entendre des pas derrière moi. Cela se confirme quelques instants plus tard. Je me fais déposer par un coureur. Ce n’est pas Anthony, mais le portugais Luis Fernandes qui n’avait pas lâché l’affaire. Je lui demande s’il y a du monde derrière lui. Pas de réponse claire.

Je décide de ne pas m’endormir et reste en prise. Sur la dernière moitié, la descente devient moins raide, très roulante. Je peux allonger la foulée. Je passe le chalet de la Floria, le signe d’une fin imminente. Cette descente sur Chamonix est l’occasion de se remémorer le voyage réalisé. Je m’étonne de déjà toucher au but et prends conscience de l’intensité de toute cette course. Je n’ai pas sorti une seule fois mon baladeur, trop concentré que j’étais à chaque instant. Trop décidé à ne pas mollir, à ne pas me laisser aller. Surtout, je n’ai jamais ressenti le besoin de devoir m’évader mentalement.

A l’approche de la route, je me décide à regarder ma montre. Croyez-le ou non mais la dernière fois que je l’ai regardée, c’était à Courmayeur. Je m’inquiétais à l’époque de savoir combien de temps il restait avant d’y voir clair afin d’être sûr que ma frontale tienne le coup.

22h44 !!! Putain, je suis à deux doigts d’éclater en sanglots. 22h44 !!! Tu te rends compte ? Je vais torcher ce tour en moins de 23h ! Je n’en reviens pas.

Ca y est, je suis sur la route, je cours comme si je risquais encore de perdre ma place… vite ! Et puis ça y est, j’entends le speaker annoncer mon arrivée. Contrairement à l’année dernière, il ne pleut pas et le monde que j’espérais tant pour mon arrivée est bien présent cette fois. Il y a toute ma famille, ma chérie bien sûr, les amis aussi et tous les copains également qui usent la touche F5 de leur PC pour réactualiser livetrail ! Et ce public hallucinant qui fait de l’UTMB une course à part.

22h51 - 19éme ! C’est fini. Putain, quel accomplissement. Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux et satisfait de moi sur une ligne d’arrivée. Je voulais faire un bel UTMB et il m’aura donc fallu deux années pour y parvenir mais maintenant, c’est fait et bien fait !

Quelques jours après l’arrivée, si j’analyse un peu ma course, je suis à peu près sûr que je n’aurais pas pu faire mieux et c’est ce qui me rend si heureux. Si, il y a bien un aspect qui peut encore être amélioré à mon avis, c’est ce que certains appellent les « gains marginaux ». Tous ces petits moments où tu perds quelques secondes, voire mêmes quelques minutes et qui après une course de plus de 20h peuvent peser dans l’addition. Ces gains marginaux, je peux sans doute les gratter un peu sur ma gestion du matériel en course et sur mes temps de pause. Un mec comme Thevenard s’est arrêté moins de 10 minutes sur toute la course ! Mais du point de vue physique, cette année, je pense pouvoir dire que j’ai tout mis ! Bien sûr j’aurais bien aimé reprendre Julien sur la fin, mais ça n’était plus possible. J’ai respecté ma stratégie en me préservant en montée et en abordant les descentes non pas comme des périodes de récupération mais comme faisant partie intégrante de la course. Un point très important également et qui je crois, a contribué à ce que je fasse une belle course est l’état d’esprit dans lequel j’étais. Durant toute la course, j’ai vraiment cultivé les ondes positives en disant merci aux encouragements, en parlant aux bénévoles, aux coureurs, etc… En analysant certains retours des élites sur leur UTMB 2016, une réflexion m’avait particulièrement interpellé. Tim Tollefson se répétait durant sa course, comme un mantra : « Be smart »… « Be smart »… C’est clairement une clé de la réussite d’après moi. Avoir l’intelligence de prendre 30 secondes pour sortir la veste, les gants. Temporiser un peu si un coup de moins bien te tombe dessus, et surtout ne pas paniquer.

Enfin, je vous ai parlé de mon mode d’alimentation au début de ce compte-rendu. Et bien je peux très précisément vous dire ce que j’ai avalé durant la course entre les ravitos : 4 gels (dont 2 entre le col des Montets et Vallorcine) et 2 barres (une en début de course et une au sommet du grand col Ferret). C’est tout. Pour l’hydratation, je tournais à l’eau plate.

Avant de conclure, j’en profite comme à chaque fois pour remercier en tout premier lieu ma chérie, Anne, qui me laisse m’entrainer à ma guise sans jamais un reproche, jamais une marque de ras-le-bol. Clairement, tout ceci serait tout bonnement impossible sans son soutien. Merci ma chérie. Ma famille également et tout particulièrement mes deux frangins qui après avoir couru la TDS le mercredi m’ont suivi sur toute la course. Et puis bien sûr, tous les potes qui connaissent maintenant bien le site livetrail. Enfin, un immense merci à Gildas qui m’a entrainé depuis 2011 et à Patrick Bringer qui m’a pris en main début juillet pour me façonner durant tout l’été afin d’arriver bien bien solide et bien bien confiant au départ de l’UTMB. 

Voilà, je crois que je n’ai rien oublié. C’était un grand moment, une sacrée tranche de vie d’une intensité rare.

Ah si, un dernier truc, j’en profite tant que je vous tiens. Si jamais vous connaissez un team qui cherche à recruter un gars qui fait la taille de François d’Haene, faites-moi signe, je mesure 1’91 !

Allez, vraiment pour conclure, une petite vidéo d'Olivier Godin (un fan de voyage à vélo comme moi) qui pour mon plus grand bonheur a immortalisé mon arrivée :

 

 

25 commentaires

Commentaire de Nultymo posté le 08-09-2017 à 10:56:55

Sacrée entraînement et sacrée course ! J'imagine que pour attaquer plus dans les descentes, tu as sans doute fait des séances "casse de fibres" en descente ?
Et sinon question Matos ? Tu étais en Inov-8 Trail Talon 275 ?
Merci encore pour ce beau compe-rendu. Et il est sûr que tu mérites sans doute d'intégrer un team.

Commentaire de Benjamin73 posté le 09-09-2017 à 12:40:55

Oui, pas mal de travail spécifique en descente cet été. Ça passe par des descentes appuyées lors des sorties longues voir des enchaînements de 500 m de D- à bloc. Ajoute à cela du travail de pliometrie et ça te forge le cuissot !

Commentaire de shef posté le 08-09-2017 à 11:00:45

Ah la vache ! Ton D+ de juillet est quasi mon D+ de toute l'annee !
Quelle abnegation !
Bravo pour ta course, merci pour ton CR.

Commentaire de Zorglob posté le 08-09-2017 à 11:02:48

Bravo Benjamin pour ta performance et d'avoir pris le temps pour un CR!
Je retiens que la clef est la gestion de course et l'esprit positif :)

Note à moi même: be smart next time.

Commentaire de JuCB posté le 08-09-2017 à 11:19:07

Merci pour le partage, l'humilité. Bravo pour l'engagement, la perf.

So smart

Commentaire de galette_saucisse posté le 08-09-2017 à 11:31:42

Incroyable! Je frémillais derrière mon ordi à te suivre toute la course, c'était tellement excitant. J'y ai même rassemblé toute ma famille. Ils n'en croyaient pas leurs yeux...
Superbe gestion de course. Pour le coup, tu as été smart. J'imagine les frissons en passant Sage Canaday ou Jeff Browning.
Prochain objectif??
Bravo

Commentaire de Trixou posté le 08-09-2017 à 13:55:57

Enorme bravo et merci pour ton CR !

Commentaire de Cheville de Miel posté le 08-09-2017 à 13:57:10

Gestion au top, course qu top et récit aux petits oignons!
Pdt le live j'pensais même que t'allais pouvoir gatter un Top 15/16 vu ta progression!
Well Done

Commentaire de Mazouth posté le 08-09-2017 à 14:25:43

Quelle belle course qui résulte d'un non moins bel entrainement, bravo, tu peux la savourer longtemps celle-là !

Commentaire de Matt38 posté le 08-09-2017 à 14:29:37

Ben, Chapeau bas monsieur.

Commentaire de pinafl posté le 08-09-2017 à 14:56:29

Récit captivant au milieu des "top runnners". Bravo pour ce résultat!

Commentaire de Papakipik posté le 08-09-2017 à 16:29:51

Une course comme dans un rêve, bravo ! Et c'est marrant ta remarque de la fin sur ta recherche de team, j'ai fait la remarque sur le fil kikou de l'UTMB qu'avec une perf' pareille, il y avait de fortes chances que tu te fasses remarquer...à bon entendeur ;-)...

Commentaire de Jean-Phi posté le 08-09-2017 à 16:40:13

Bravo Benjamin ! Très belle course suivie et commentée avec Olivier. On était vraiment heureux pour toi !
Chapeau pour cette superbe perf !

Commentaire de --- posté le 08-09-2017 à 17:46:18

Super impressionnant & inspirant !!!

Merci pour ce récit au plus prêt de la course parfaite !!!

J'ai vraiment l'impression qu'à un certain niveau le côté "smart" permet de faire la différence...

Commentaire de Hockeyeur posté le 08-09-2017 à 17:51:59

Un très grand bravo et j'espère bien que ton égo a frétillé !! Il y a de quoi ;-)

Commentaire de thomas69 posté le 08-09-2017 à 19:47:56

Félicitations !
Ça été un réel plaisir de te suivre et t'assister, l'espace de 23h j'ai oublié la fatigue et ma cheville!
Pour avoir été au plus prêt, je peux temoigner du côté "be smart" et de l'état d'esprit positif. Tu as semblé tout maîtriser et d'être heureux d'être là.
Pour avoir couru un peu "ensemble" cet été j'ai pu me rendre du gouffre qui nous sépare, mais vu le travail accumulé depuis des années c'est normal... y a pas de secret.
Bonne recup et au plaisir de trotter ensemble à La Croix!

Commentaire de Benjamin73 posté le 09-09-2017 à 12:39:07

Merci ;-)

Commentaire de Runphil60 posté le 09-09-2017 à 09:34:46

merci Benjamin pour le partage de ce récit sur ta course de haut vol !
Quelle humilité, et avec ce bel état d'esprit j'espère sincèrement que tu puisses intégrer un tram des cet hivers !
Malheureusement, je de connais pas de manager ou de personne bien placée !
Bravo pour ta course !

Commentaire de Benjamin73 posté le 09-09-2017 à 12:42:00

Un grand merci à tous !

Commentaire de Arcelle posté le 09-09-2017 à 15:40:31

Donc pour résumer, tu as fait top 20 sur la course du siècle, avec très peu d'abandons chez les élites me semble-t-il par rapport aux éditions précédentes, sauf les espagnols. Tu as au passage doublé entre autres Sage Canaday et Jason Schlarb, tu t'es éclaté du début à la fin, en toute humilité.
Bravo et merci de nous faire partager ton récit.

Commentaire de needlehill posté le 10-09-2017 à 21:08:39

Salut Benjamin,
Quel beau récit! C'est mon 1er message sur ce forum et c'est un plaisir d'écrire sur ta course.
J'ai lu ton récit de 2016 et au vu de ton énorme performance cette année, j'étais impatient de lire la version 2017!
On s'y croirait :) Quelle chance tu nous offres de vivre la course à l'avant par la lecture. C'est fou que tu doubles des top coureurs qui au final terminent à 3h de toi ... Tu es un coureur d'élite!
Je te souhaite de trouver un beau sponsor pour quelques années, pour te permettre de progresser encore plus et dans le confort.
Pourquoi ne vas-tu pas courir plus d'ultra trails du world tour? Cette année, il y avait un tel plateau à l'UTMB ...
Peut-être qu'un bon top 5 ouvrirait des portes?
A Hong Kong, où j'habite, il y une course en janvier qui monte, qui monte ... le Vibram HK100.
François (vainqueur en 2016) et Julien l'ont couru, tout comme bon nombre de coureurs de 1er plan.
Ca serait super si tu pouvais venir. L'UTMB, ça parle aux gens ici!
Encore merci pour ton partage. On a de la chance.

Commentaire de Eddy_87 posté le 11-09-2017 à 10:49:08

Franchement respect ! J'avais déjà lu des commentaires de toi sur kikourou mais je ne savais pas que tu étais un véritable monstre de l'ultra. D'ailleurs sur le live bouzin j'ai demandé "mais c'est qui ce benjamin73???". Merci pour ce CR vraiment passionnant, c'est rare les CR chez les top coureurs.
Félicitations, ta perf est énorme, si avec ça tu ne reçoit pas un coup de fil d'un team...

Commentaire de Benman posté le 11-09-2017 à 20:49:04

Merci Benjamin. quelle belle perf si bien racontée. Merci de nous faire partager cela ici, et surtout reste fidèle à kikourou quand t'auras intégré un top team...

Commentaire de LtBlueb posté le 11-09-2017 à 21:52:13

Chapeau pour la course et le récit ! Pour la team ça ne va pas tarder je pense :)

Commentaire de the dude posté le 15-09-2017 à 11:40:31

Un immense bravo à toi, finir dans le top sur cette édition exceptionnellement relevée ça pose tout de suite le niveau de ta performance.
Ton récit respire la maîtrise et la sérénité du début à la fin, c'est impressionnant surtout dans ces conditions climatiques très difficiles.

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