L'auteur : Zaille
La course : Marathon de Paris
Date : 14/4/2019
Lieu : Paris 16 (Paris)
Affichage : 1263 vues
Distance : 42.195km
Matos : Altra Paradigm 1.5
Objectif : Battre un record
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La logique est implacable : un jour tu cours puis tu fais ta première course, un 5 ou un 10. Evidemment après quelques 10 tu envisages un semi. Immédiatement après, enfin juste après avoir repris conscience, tu te vois finir un marathon. Qui dit marathon, dit Marathon de Paris surtout si Paris est ta capitale !
3h25
Donc c’est décidé, mon 5ème marathon se déroulera à Paname. Décision prise au plus tôt, à l’ouverture des inscriptions, juste 8 jours après l’édition 2018. Bah oui, si tu t’inscris au plus tôt le dossard est quasiment gratuit …. 80€, oui j’ai dit « quasiment ».
Entre temps j’ai couru mon 4ème marathon en octobre à Francfort en 3h26 et espère donc logiquement au moins confirmer ma perf ou même l’améliorer en visant 3h25 (Ca va, je ne suis pas trop gourmand pour une fois).
Comme d’habitude, je me programme un plan sur 9 semaines avec du fractionné et beaucoup d’EF. 490km avec 2 grosses semaines à 70km et une moyenne de 4 séances hebdomadaires. J’ai aussi fait le traditionnel semi de prépa en AS42 où j’étais bien en jambes. Pas de bobos mais l’impression d’avoir perdu en vitesse notamment dans les séances de 1000m en résistance dure.
Le chat noir de la SNCF
Paris est à même pas 2h de TGV de Strasbourg donc c’est logiquement que je m’oriente vers la SNCF pour m’emmener à destination. Le train c’est rapide, c’est fiabl … Euh, en fait pas tant que ça et encore moins quand t’as un dossard à récupérer au plus tard à 19h !! J’ai bien prévu 2h30 de marge pour rejoindre la porte de Versailles et le salon du running mais c’était sans compter une panne électrique qui va immobiliser le train en pleine Meuse durant 2h20 !!!
Catastrophe ! J’ai déjà connu le même stress en allant à la Saintélyon où des gilets jaunes squattaient la voie. Je commence à croire que je suis le chat noir de la SNCF. Maintenant je suis dans un train où on annonce 45 minutes de retard sans garantie que ça ne puisse pas durer plus longtemps. J’en informe tonton Domi qui doit me loger et me récupérer sur place, il me propose d’emblée d’aller chercher le dossard.
J’hésite, me disant que le train n’aura peut-être que les 45 minutes de retard annoncées mais finalement j’envoie par mail les documents nécessaires à la récupération du Saint Graal. Bonne décision car je vais n’arriver finalement qu’à 19h00 à la Gare de l’Est. Ça aurait été fichu pour mon dossard sachant que j’avais au moins 30 minutes de métro en plus !! Merci Dominique !
Get up !
Réveil aux aurores, 6h du mat je reçois un SMS « Get up ! Matinée fraîche, prévois une veste … Paris t’attend, bonne course ». Ils sont prévoyants mais il est tôt, j’avais prévu de dormir encore 15 minutes. Tu parles, ça fait 2 heures que je tourne et me retourne dans le lit. Mes affaires son prêtes, disposées par terre dans un ordre précis pour ne rien oublier : l’équipement de base mais aussi mes sucres, une compote et une barre céréale au cas où, la crème anti-frictions, un ticket de métro, ma montre, ….
Un peti—déj’ rapide à base de poudre d’amandes et autres avec un peu de lait et c’est parti direction Montparnasse pour prendre le métro. La voiture indique 2°C et je suis déjà en short mais avec pull jetable et doudoune. Je n’ai pas froid mais ça pique un peu quand-même. Une fois dans le métro, impossible de se perdre, il suffit de suivre les mecs en running.
Avant le coup de feu
En sortant de terre je tombe nez à nez avec l’arc de triomphe, waow, on y est ! Un monde fou ! Je suis la foule, il faut que je trouve la zone pour les consignes du côté de l’Avenue Foch. Toute l’avenue est clôturée, je longe les barrières pour finalement trouver l’entrée de la zone. C’est le moment de me débarrasser de ma doudoune et de mon téléphone, je garde juste un vieux pull par-dessus mon maillot que j’abandonnerai juste avant le coup de feu.
Mon départ est à 8h40 et l’entrée dans le sas possible jusqu’à 8h25. Je suis bien dans les temps mais il faut remonter tout ce que j’ai descendu de l’Avenue Foch jusqu’à l’Arc de Triomphe et redescendre les Champs Elysées. Je trottine un peu, ça me fera un petit (très petit) échauffement et en même temps ça réchauffe, il fait toujours pas mal froid malgré un ciel totalement dégagé.
Un grand drapeau bleu indique le sas des 3h30, j’y rentre avec une bonne demi-heure d’avance sur le départ. Je profite de ce temps pour faire la queue pour les toilettes, j’ai 20 personnes devant moi. En fait, je ne sais pas s’il faut que je fasse popo mais j’ai un doute (le doute du popo) et puis comme je n’ai rien à faire qu’à attendre, autant attendre là !
C’est l’endroit idéal pour discuter entre runners. Ça passe le temps et ça déstresse. Il reste 10 personnes devant moi et voilà que la foule avance, le départ est imminent. Tant pis ! Je m’arrête quand même vite fait à un pissoir, ça sera toujours ça de fait. Je jette mon vieux pull et me dirige vers l’arche de départ.
Je dois courir à 4:45
On trépigne, on sautille, on se réchauffe comme on peut. Une petite séance d’échauffement est organisée en musique, le speaker met l’ambiance, la pression monte. Dommage qu’il n’y ait pas d’écrans géants (comme à Berlin) pour nous faire participer à la présentation et aux départs des élites. Au lieu de ça on aura droit à une séance de clapping orchestrée par Lorie (la chanteuse que plus personne ne connait).
Le départ est donné et le temps que la foule avance, je jette une dernière fois un œil derrière moi pour voir la foule IMMENSE et cette perspective incroyable se terminant par l’arche napoléonien. Pour mon objectif je dois courir à 4:45 et j’avoue que je suis très vite à l’aise sans personne dans les pieds. C’était un peu ma peur à la vue du monde (60.000 selon les organisateurs, 1.000.000 selon moi) mais finalement les Champs sont tellement larges que chacun trouvera sa place.
Je comprends l’expressions « descendre les champs » car c’est bien un faux-plat descendant direction la concorde. J’avoue que pour apprécier pleinement le parcours, j’ai, au préalable, révisé un peu ma géographie parisienne car le tracé nous emmène vers les monuments les plus connus de la capitale.
Visite touristique
Au début on peut aussi admirer les tenus les plus improbables pour parcourir la distance. Il y a le coureur pieds nus, celui torse nu (il fait 6°C), il y aussi celui juste vêtu d’un short mais peint en vert, le zadiste en sarouel, le béret vert en rangers, celui en tenue de plongée et j’en passe.
Moi je déroule comme prévu et profite de la visite touristique : place Vendôme, l’opéra Garnier, le Palais Royal, … Jusqu’à Bastille km6 on en prend plein les yeux. Après on se retrouve dans des rues un peu moins cotées et aussi moins larges. Je slalome pas mal et suis souvent ralenti mais je tiens le cap en étant même un peu plus rapide que prévu.
Pas de super sensations
Le 1er ravito se situe au km7 environ, j’avais fait un repérage sur plan une semaine avant et je peux donc anticiper un peu. Je surveille les panneaux pour voir de quel côté de la route ils vont se trouver et me place en conséquence pour gêner et être gêner le moins possible. Comme d’habitude j’ai prévu de marcher le temps de m’alimenter à chaque ravito. Je regarde ma montre et m’octroie 45 secondes pour attraper une petite bouteille d’eau et 2 sucres que je fais fondre sur ma langue.
Depuis le début je n’ai pas de super sensations et je me trouve même anormalement essoufflé. On approche du km10 et je ne la sens pas super bien cette histoire. Je me rassure en me disant que j’ai déjà connu ça sur marathon et que ça ne s’était finalement pas trop mal passé.
Horreur ! Malheur !
Au passage de la borne des 10km je m’aperçois que ma montre indique 300m de plus et que je suis à 49 minutes ! Rapide calcul dans ma tête (5:00 – (50-49)x60/10 = 4:54, tout le monde suis ?). Horreur ! Malheur ! J’ai déjà 6 secondes au kilo dans la vue sur l’objectif des 4:48 de moyenne alors que je n’ai pas fait le quart de la course. Il faut à présent que je me fie au balisage et non à ma montre dont le GPS déconne apparemment à nouveau comme à Francfort, fichtre alors !!
Punaise, je me sentais essoufflé alors qu’en fait je me promenais ! Je commence à me dire que 3h30 c’est pas mal non plus. Et puis mer... zut, on verra bien, je décide de dérouler un peu plus vite, au feeling. Je ne regarde plus ma montre sauf pour le chrono mais les calculs d’apothicaire commencent sérieusement à me casser la tête. Allez, on file vers le semi, là-bas ça sera simple, il suffira de faire chrono x 2 pour me situer.
Le semi
Km15, je tombe sur le meneur des 3h30. Ben merde, qu’est-ce qu’il fout là lui ? Soit je suis vraiment à la bourre soit il capitalise vachement pour avoir des minutes d’avance sur le 2ème semi. Le gars s’arrête pisser contre un arbre sous les hués de ses dizaines de suiveurs qui se trouvent soudainement orphelins. Il les rattrapera très vite mais ça m’a bien fait rigoler.
On est du côté du bois de Vincennes avec son château. On est aussi dans une zone plutôt dégagée et j’ose à nouveau faire confiance à mon GPS en me disant que ce sont peut-être les hauts bâtiments du début qui ont faussé les mesures. J’enchaîne des kilos à bonne allure même souvent sous les 4:40. Je me dis que je vais peut-être rattraper mon retard. Je ne sais pas en fait car je suis fatigué. Les jambes, le corps tout entier, une fatigue générale mais ça va aller il ne reste plus que 27km !!
Arrive le semi, au loin je vois le portique. Le public est impressionnant depuis le début, nombreux et bruyant mais là ça ressemble au tour de France, c’est incroyable ! Je regarde ma montre et c’est plutôt une bonne nouvelle : 1h41:53 et donc dans les clous pour l’objectif de 3h25 avec même un peu de gras pour les derniers kilos qui seront forcément plus lents.
On arrive sur les quais
Je suis reboosté et je repars revigoré. Les 5 prochains kilos seront tous entre 4:30 et 4:40, je continue de capitaliser sauf au km24 pour le ravito où je m’alimente avec une banane en plus du sucre et de l’eau.
Km25, on arrive sur les quais et c’est WAOW !! Tous ces bâtiments hausmaniens, la Seine, la foule sous le ciel bleu, c’est génial. Je déroule toujours bien, il fait presque trop chaud en plein soleil. Je réponds même aux encouragements de la foule, je m’amuse, je kiffe. Je me rends compte qu’on va bientôt voir la Tour Eiffel. Ça sera aux alentours du km30, un chiffre qui fait peur à tout marathonien ayant déjà fait connaissance de ZE MUR.
On passe dans un long tunnel dans lequel on entend tout le long les percussions du groupe qui jouaient juste à l’entrée. Ça en devient hypnotique. Au loin, la lumière, la sortie de ce premier tunnel et elle est là au rendez-vous, j’en aperçois juste un bout, la Tour Eiffel. Au loin un drapeau français sur un dôme, c’est le sénat (je crois). J’en oublie la montée pour sortir portée par la foule et le décorum.
En forme
Km30, la chaussée se rétrécie, on frôle le public, l’ambiance est folle. Un mur en carton-pâte a été construit à cet endroit là où un DJ fou nous encourage dans une ambiance du tonnerre. Plus que 12km, ce n’est rien. Je regarde ma montre, il me reste une heure pour être dans l’objectif. Il faut donc que je cours sous les 5:00 ce que je fais encore assez facilement pour l’instant.
Km32, plus que 10. « C’est que dalle » que je dis à un voisin essoufflé. Malgré ma petite expérience, je le croyais vraiment à ce moment-là. Pourtant je sais comment un simple km peut être long quand on est rincé. Mais là je suis en forme, tout va bien. On passe encore un tunnel, un peu plus court que le premier et je prends soin de m’économiser dans la montée pour en sortir, ma moyenne baisse quelque peu mais rien d’alarmant.
Dure limite
Km34, on quitte les bords de Seine en direction du Bois de Boulogne. Un ami me disait : « Dans les bois tu peux lâcher les chevaux » sauf que là des chevaux j’en ai plus trop à lâcher. Je sais maintenant qu’il n’y aura plus de mur pour moi mais mes mollets sont durs et je crains la crampe. En tout cas je commence à être dans le dur, ma vitesse se réduit, je tourne aux alentours de 4:50 c’est encore suffisant pour être dans les temps. Dans un virage un orchestre joue « Dure limite » de Téléphone, c’est tellement d’à-propos que je fais l’effort d’acquiescer en applaudissant !
A partir du km36 c’est 5km de faux-plat descendant dans les bois. C’est vraiment grâce au dénivelé négatif que j’arrive encore à courir sous 5:00, c’est dur. Je commence à avoir des petites douleurs de genoux ou de cheville. Je me glisse dans les pas de 2 runners coachés par un ami en mode promenade. Ça m’aide pas mal, il motive et installe un rythme.
Paris est magique
Km40, on est toujours dans les bois, j’ai du mal à croire que dans 2 bornes on sera en pleine ville. On passe devant l’incroyable bâtiment de la fondation Vuitton qui me fait oublier 2 secondes que je suis totalement rincé. Je suis encore sous les 5:00 mais tout juste.
Km41, au loin, je n’en crois pas mes yeux, un maillot que je connais, celui de la RIM, le club de mon épouse. Je fais l’effort de le rejoindre, c’est Jérémy qui réalise un beau chrono avec 12 minutes de mieux que son précédent marathon. On échange 2-3 mots et je le laisse filer, mes jambes sont vidées.
Enfin on sort du bois, plus que 500m, la foule est au rendez-vous, on nous félicite déjà de tous les côtés, on nous fait le décompte des mètres. Qu’ils sont longs ces décamètres ! Un rond-point et je vois enfin l’arche d’arrivée avec dans son prolongement l’Arc de Triomphe, c’est fabuleux. Je passe la ligne, stoppe ma montre : 3h25:50. Mission accomplie (de justesse), Paris est magique.
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4 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 16-04-2019 à 15:01:53
Belle description de ce beau marathon plus fait depuis... 2005 !!!
Avec ce qu'il vient d ese passer à Notre Dame, il prend tout son sens en termes de parcours.
Bravo à toi tu as rondement mené ta course et réussi ton pari : 3h25. Plus qu'à viser 3h24 désormais !
Commentaire de Cheville de Miel posté le 16-04-2019 à 16:09:15
Très plaisant à lire! Merci
Commentaire de BouBou27 posté le 16-04-2019 à 17:28:15
Bravo ! Belle gestion et beau CR
Commentaire de Zaille posté le 23-04-2019 à 11:35:17
Merci pour vos appréciations. C'est un marathon que je recommande à tout marathonien. Je suis presque sûr de le refaire un jour !
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