Récit de la course : Marathon de Paris 2005, par poussman

L'auteur : poussman

La course : Marathon de Paris

Date : 10/4/2005

Lieu : Paris (Paris)

Affichage : 3230 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

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mais qu'est ce que je fais la

Mais qu'est ce que je fais là ( PARIS 2005) par Poussgirl

6 Heures du matin, ce n’est pas mon heure ! En plus, je n’ai pas droit au café et il fait froid, donc, je bougonne. Je saute dans mon collant, je mets mes super-chaussettes de compétition et avale docilement le cocktail rituel guronsan/aspirine que mon homme me prépare. Cela me permet enfin d’ouvrir les yeux. Ensuite, le gâteau énergétique qui fait du bien et on se dirige vers le métro…

Il fait -12°, du vent en banlieue et tandis que le froid creuse un tunnel dans mes os, je me pose cette question redondante à chaque course trop matinale : Pourquoi est-ce que je fais ça ?

Alors ça fait maigrir, ok, le parcours est joli, d’accord, oui mais au fond c’est mon coach préféré qui remporte le morceau, juste pour lui faire plaisir !

On arrive à l’arc de Triomphe, on fait une photo pour JSC (Association qui soutient les jeunes atteint du Cancer) et pour laquelle j’ai couru entre Marseille et La Ciotat.

Maintenant il faut poser les sacs et là, panique existentielle : il faut se déshabiller ! J’ai beau avoir une combi de plâtrier et un sweat à jeter après le départ, j’ai l’impression de me transformer en bâtonnet igloo, et j’ai horreur de ça ! Moi à la base, je suis libraire dans des pièces chauffées. Malgré tout je me sens prête, j’ai beau râler comme à chaque fois, je sens bien que mon entraînement me met à l’aise.

On entre dans les sas, le temps passe relativement vite. L’intérêt d’être petite c’est que comme me le répète inlassablement Michel les autres me protégent du froid.

Ça y est, on est parti, près de 6’ après les premiers, j’évite comme je peux les milliards de bouteilles d’eau et d’urine et autres cadavres qui jonchent le sol. On descend les champs, la Concorde, c’est rigolo, après 30 ans passées ici, je n’avais jamais vu Paris comme ça. Au 5 eme Km, j’enlève mon sweat, tout va bien, on est dans les temps (objectif 5’20 au Km, pour un chrono autour de 3h45).

Au 5 eme Km j’ai droit à mon premier gel que je complète de 25 cl d’eau, accompagné des « Regardes le sol, Evites les bouteilles » de mon suiveur inquiet pour mes chevilles fragiles…Il est trop mignon et bien plus inquiet que moi !

On passe Bastille, je place des anecdotes sur les endroits que je connais, ou j’ai vécu. Michel me rappelle à l’ordre et me demande de ne pas parler pour ne pas me fatiguer, quel rabat-joie. Je suis bien calée à 5’20 aux kilomètres et plutôt à l’aise. Les Km.

passent vite, et je ne sens aucune douleur. On passe au 10 eme Km.

en 52’, pile poil dans les objectifs. On commence à doubler pas mal de monde, je discute quelques instants avec un type qui visait les 3h30 visiblement dépité quand il comprend que partis dans le sas de 3h45 nous l’avons déjà rejoint. Il me conseille, lui aussi d’être prudente et de ne pas partir trop vite : « Il y aurait une pointe de machisme que cela ne m’étonnerait pas» me dis je.

Km 15, on a légèrement accéléré, tout va super bien, Michel me tempère un peu et du coup, cela me donne un petit doute sur la suite de la course. Nous passons finalement au semi-marathon en 1h49, largement en avance sur le chrono prévu (1h53). Michel est content mais prudent, il ne cesse de m’interroger sur mon état de fraîcheur qui lui paraît incroyable.

La douleur à mon pied cassé se réveille après la mi-course, mais comme d’habitude je sais que cela devrait se stabiliser. Après m’avoir longuement questionnée Michel me propose d’accélérer encore. Nous courons désormais à près de 12 Km heures et je vois bien à ses regards angoissés qu’il a peur que je capote. Moi j’ai juste peur du fameux mur du 30 eme km. Les gels et ses encouragements permanents s me dopent à mort, surtout sous les tunnels où je commence à ressentir une petite fatigue. Re-gel, air libre et là je vois que Michel commence à envisager un autre chrono, moins de 3h40. Il est tellement content et surpris de me voir si fraîche à ce moment de la course que cela me dope plus que n’importe quoi. Il est très beau., cela me donne l’énergie nécessaire pour accélérer encore. On attaque le 35 eme Km et le Bois de Boulogne, je n’ai aucune idée du chrono, je me rends juste compte que je double des centaines de coureurs et beaucoup d’hommes me regardent bizarrement. Michel ne me lâche plus il hurle des encouragements, me force à continuer à avaler gel et eau, et essaie de m’ouvrir une route au milieu des cette marée humaine en déroute. C’est l’homme-orchestre ! Sans lui je resterai tranquillement derrière les autres et là il me force à accélérer encore. On remonte de plus en plus de monde, au 40 me Km, on entend un copain nous encourager, c’est super agréable. Là je souffre vraiment il est vrai que cela va très vite depuis quelques kilomètres malgré la difficulté pour doubler (4’40 environs). Je n’entends plus que la voix confiante de Michel qui m’ordonne de ne pas lâcher. Putain si je ne ralentis pas, même un peu c’est vraiment pour toi, je me dis. On attaque enfin la grande ligne droite de l’arrivée, on se décale à gauche pour une chouette photo tous les 2. on se prend la main et on passe la ligne en 3h34’.

L’entraînement despotique et bienveillant de mon homme à porter ses fruits, ainsi que sa confiance et ses encouragements ininterrompus.



Je suis super contente de ma course, même si je suis un peu inquiète car je suis sûre qu’il va me forcer à faire de la vma pour préparer mon prochain Marathon sous les 3h30….



Poussgirl

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