Récit de la course : Marathon de Paris 2006, par Olivier91

L'auteur : Olivier91

La course : Marathon de Paris

Date : 9/4/2006

Lieu : Paris (Paris)

Affichage : 4050 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

2 commentaires

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Mon premier marathon

Que de stress avant ce premier marathon ! Je ne m'attendais pas à çà!

Lancé dans la course à pieds depuis 1 an, j'ai attaqué directement par de grandes distances (Trail du Pays de Sully, 42 km, 1000 m D+) puis UTMB. Alors le marathon, çà devrait passer. Sauf que là, c'est un peu un passeport obligé et surtout je me suis fixé un objectif chronométré, ce que je ne fais pas en trail. Résultat un stress qui m'envahit et me pompe de l'énergie. Alors dans ma phase de récupération avant la course, j'insère un massage relaxant de 45 mn: incroyable! La sérénité revient comme par miracle et je me présente sur la ligne de départ avec juste ce qui faut d'excitation.
Il faut dire que nous sommes gâtés pour cet anniversaire du marathon de Paris : un temps idéal - beau soleil et 12 °C.

Comme sur la plupart de mes courses, je suis avec Jean-Marie qui m'apportera son expérience du marathon. On est bien là, avec 31900 autres zozos. Nous nous sommes mis dans le sas bleu des 3h30.
J'ai préparé ce marathon consciencieusement, programme de 3 mois à 5 entraînements par semaine, puis régime hyperglucidique (pâtes, maltodextrine, gâteau spécial petit déjeuner du marathonien, boisson d'attente, …) rien n'est laissé au hasard, je ne veux pas avoir quelque chose à me reprocher.

Après quelques échanges sur le forum d'Ultrafondus, et des essais lors de mes entraînements et de mes dernières courses, je décide d'adopter la méthode Cyrano pour mon premier marathon, avec une alternance course + 1 minute de marche à chaque ravitaillement. Outre les avantages sur les performances en fin de course et la récupération, cette méthode me permet de bien me ravitailler, car franchement, pour moi, le plus dur dans la course à pied c'est de boire en courant ! ;-) Donc en marchant, je reprends mon souffle, j'avale du gel et des oranges, je bois largement, je reprends mon souffle et là je peux recourir dans de bonnes conditions. Donc tout est paré pour une bonne course.

Le départ est donné et tout de suite les sensations sont bonnes. Je me mets à rêver de passer directement sur un rythme un peu inespéré pour moi, un rythme à 3h15/3h20. J'ai réglé mon Forerunner pour découper la course km par km, je peux ainsi faire aisément le point sur mon rythme. Les premeirs km s'enchaînent facilement entre 4'30 et 4'40 au 1000m et j ' ai l'impression de devoir me freiner. Bizarrement, mes pulsations sont tout de même à 170, mais je ne ressens pas de difficultés. Alors allons-y comme cela.

Malheureusement, au 5ème, Jean-Marie m'annonce qu'il doit renoncer, sa tendinite au tendon d'Achille se réveille il est plus prudent d'abandonner. Et merde, çà gâche un peu le plaisir, j'aurais tant aimé franchir la ligne d'arrivée main dans la main avec lui. En plus cela me mets un petit coup au moral, car lors des courses que nous faisons ensemble nous avons naturellement pris le pli de se relayer et cela nous permet d'avancer plus vite. Bon enfin, c'est le sport. Je continue seul !

L'ambiance est sympa dans le public, les km se déroulent sous mes pas. Tiens déjà le 10 ème. Comme prévu je marche, je bois largement, je recours et là je commence à sentir des nausées. Je ne comprends pas dans un premier temps, c'est la première fois que cela m ' arrive : les gels, les boissons énergétiques, la migraine qui m'a réveillé en pleine nuit tout à l'heure? Je ne comprends que 7 à 8 km plus loin. Pour sûr, en marchant je me ravitaille mieux, à tel point que j'ai trop bu ! Je sens l'eau ballotter dans l'estomac ! 10 kms de nausées. Je saute le ravitaillement du 20è pour me libérer l'estomac… et çà marche ! Ainsi, j ' arrive au semi dans un état proche de la perfection. Plus de nausées, aucune douleur, du plaisir à tous les étages, un public chaleureux, de la musique un peu partout, du soleil, … et 1h42 pour le semi et j'ai l'impression d'avoir à peine commencé ma course !

Le second semi commence. A l'entrée dans Paris, la foule est tellement dense qu ’ elle ne laisse que 4 ou 5 m pour passer. La ligne bleue disparaît sous leurs pieds ! S'ensuivent alors 8 km de pur bonheur. Je dois être noyé dans l'endorphine, je suis plus que bien ! Je conserve mon rythme qui me conduit tout droit vers un 3h22 qui me va bien (qui disons-le est même inespéré !)…

Je double de temps en temps des groupes de coureurs qui se relaient pour tirer une "carriole" ou a pris place une personne handicapée. Alors chapeau bas, car ils sont tout de même sur un rythme à 3h30, comment font-ils ? Et avec le sourire encore. Je cours près d'une jolie fille qui file bon train. Je me dis que ce serait bien de la suivre (en tout bien tout honneur !). Je me prends au jeu et me cale quelques mètres derrière elle. Elle me met légèrement en surchauffe, mais çà tient.

Arrive le 30è. Alors là c'est le moment des questions : "Bientôt le mur? A quoi çà ressemble ? J'espère qu'il se présentera au-delà du 35è". J'avais donné rendez-vous à Alice, ma femme juste après le ravitaillement du 30è pour profiter de ma minute de marche pour parler un peu avec elle. "Tu te tiens sur la droite de la chaussée". Sauf qu'elle n'a pas pu traverser et nous nous loupons. Je cours 1 km, la bouteille à la main, attendant pour marcher de la retrouver. En vain. Tant pis, mais cela me donne un petit coup au moral. Je voyais cette rencontre prévue comme une première récompense, un premier objectif à atteindre. Ce petit coup au moral se double des premières douleurs, à l'aine. Mais rien de bien grave. Allez fini de se morfondre, on reprend le rythme initial. Cà répond bien. Je garde mon avance sur les 3h30 et ne souffre pas vraiment… jusqu'au 35è, qui s’ il arrive relativement vite, s'accompagne des premier signes d'acidose dans les cuisses. Les brûlures arrivent d'un coup et ne me quittent plus. Imperceptiblement, mon rythme en pâtit et je perds quasiment 1 mn au 1000m par rapport à mon rythme jusque-là. Pourtant, j'ai encore du carburant ! Au 39è je me décide à passer outre la douleur et accélère : çà répond ! Je repasse sous les 5' pour ce km ! C'est donc sans doute une version allégée du fameux mur. J'ai l'impression d'avoir encore du carburant, seules les brûlures d'acide lactique me ralentissent. C'est là qu'être à 2 aurait été utile, car cela m'aurait certainement permis de me concentrer sur un rythme plus élevé en faisant abstraction des douleurs.

Après avoir hésité, je marche une bonne minute (sans doute plutôt 2 à 3, mais j'ai perdu une partie de ma lucidité. Il faut que je me force pour penser à mon plan de marche, à mon ravitaillement) au ravitaillement du 40è, mais au moins je sais que je le finirai honorablement ce marathon. Les 2 derniers km se passent dans la douleur de mes cuisses. Seul le souvenir des échanges sur les forums d'Ultrafondus et de l'UTMB, me rappelle la puissance du mental dans ces moments-là et cela me permet de renoncer à finir en marchant. C'est décidé malgré la douleur, j'irai au bout en courant.
Mon rythme a considérablement chuté (plus de 6' au km) je me fais doubler par des dizaines de coureurs en capacité de donner un dernier coup de reins. Moi je reste dans mon faux rythme sans vraiment me botter le cul pour en sortir pour les derniers hectomètres. Entre la marche au dernier ravitaillement et ce relatif "fatalisme" dans les 2 derniers km, je perds peu à peu mon avance sur les 3h30. Dans le dernier virage, les ballons bleus me déposent littéralement sur place. A ce moment, en voyant la banderole d'arrivée à 200m, j'ai une bouffée d'émotion, qui va jusqu'à me titiller une larme au coin de l'œil: "j'ai vécu le mythe: je suis marathonien!"3h33 : j' oscille entre légère déception (pour les 3 mn en trop que j'aurais pu éviter, j'en suis convaincu)et sérénité . Rapidement ( et çà s'est largement confirmé les jours suivants), c'est la sérénité qui l'emporte!

Qu'est-ce que ces 3 mn par rapport au plaisir que m' a apporté cette course! En un an, j'ai atteint un résultat que je n'osais même formuler comme objectif dans mes rêves les plus fous ! Je faisais 112kg, je me traînais une flemmingite aiguë. Et là j'entre dans le premier tiers des participants à un des marathons de masse les plus relevés (cette année, le marathon de Paris a battu le record mondial (qu'il possédait déjà) du nombre de coureurs en dessous de 3h – 1600 ou 1700 je crois!).

En remontant l'Avenue Foch, je constate que mis à part la brûlure des cuisses, je ne suis pas fatigué. Je marche normalement, monte sur les trottoirs sans difficulté. La préparation a porté ses fruits (près de 3 mois à plus de 60 km de CAP par semaine). Il me manque juste de la vitesse de base pour réellement passer le stade supérieur.

Après ce marathon je passe tous les tests que mes copains m'avaient annoncés comme cruels : j'ai déjà parlé de la montée de trottoir, il y a aussi la conduite de la voiture et l'utilisation des pédales, les escaliers, à la montée et surtout à la descente, … pas de problème. C ' est douloureux, mais çà passe bien, sans se dandiner. Le soir coucher à 23 h, pas de somnolence pendant la nuit, ni le lendemain. Seules quelques courbatures parfaitement gérables qui sont en train de disparaître au moment où j'écris, c'est-à-dire 48h après le marathon. En fait rien pour gâcher l'espèce de plénitude dans laquelle cette course m'a plongé.

Débutants, coureurs du dimanche, amoureux de la défonce physique : allez-y lancez-vous dans le marathon. Préparez-vous bien et vous verrez que des coureurs très moyens comme moi peuvent non seulement faire un temps présentable, mais en plus avec un niveau de souffrance tout à fait acceptable. Mais après je ne vous dis pas la sérénité dans laquelle on baigne ! Résultat : après la saison des ultra-trails en mon objectif majeur l'UTMB, je repiquerais bien une tête dans un marathon, alors, rendez-vous à La Rochelle ? (bien évidemment avec Jean-Marie qui a une revanche à prendre sur le sort).
En attendant, un petit raid multisport en Ardèche dimanche prochain (75 km), çà va me maintenir en forme!

2 commentaires

Commentaire de Isa posté le 12-04-2006 à 10:22:00

Bravo,

Quelle rigueur, quelle discipline dans ton entrainement !

Tant d'efforts méritaient amplement que tu atteignes ton objectif et pour un 1er marathon, chapeau !

Et puis, rien de tel qu'un p'tit raid multisport de 75 bornes une semaine après pour se remettre de tant d'émotions...

Si après tout ça, tu n'es pas préparé pour l'UTMB...
En tout cas, cette année, pour toi, c'est bouclage assuré !

Commentaire de riri51 posté le 12-04-2006 à 20:49:00

Félicitaions !!! pour un premier marathon, maximum respect!!!

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