L'auteur : marathon-Yann
La course : Marathon de Paris
Date : 9/4/2017
Lieu : Paris 16 (Paris)
Affichage : 1470 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
221 autres récits :
Dimanche 2 avril. Dans la forme de ma vie, je bats mon record au marathon de Rome (en 3h09), sans trop savoir comment. Etonnamment, je récupère facilement de cette course, sans la moindre courbature. Dans un émouvant récit posté le jeudi sur kikourou, j’écris « les marathons, c’est comme les cacahouètes, quand on commence on ne peut pas s’arrêter ». Quelques heures plus tard, une nouvelle cacahouète s’offre à moi : un kikou me remet un dossard pour le marathon de Paris. Je vais courir deux marathons en 8 jours.
C’est avec plaisir que je reviens sur le lieu de mon premier marathon. Dans le RER, ce dimanche matin, je ne m’étonne plus de voir plus de coureurs que de "civils". Suis-je blasé ? Un grand black entre dans la rame et serre la main de tous les coureurs, en leur souhaitant bonne chance. Décidément, les marathoniens n’ont pas fini de me surprendre.
J’avais une légère appréhension que les bénévoles se rendent compte que « Flore » n’était pas mon vrai prénom. Subtilement, je l’avais recouvert d’une étiquette avec mon pseudo Kikouresque. Petit moment de solitude arrivé au départ, quand je me rends compte que les numéros de dossard des filles sont écrits en rouge, comme le mien, et ceux des garçons en noir. Ma ruse de sioux n’aura servi à rien. Mais personne ne me fera la moindre remarque aux nombreux points de contrôle que je franchirai.
Après avoir posé mon sac, je subi un léger moment de stress en voyant la foule qui essaie de rentrer dans le sas 3h15, mais je réussi finalement à me faufiler dedans quelques minutes avant le départ. Le temps s’annonce magnifique, le public nombreux, le parcours extraordinaire, tout est en place pour une belle course ! Je m’élance le cœur léger. Très rapidement, je reprends le rythme rapide de Rome (4’30 /km), mon objectif étant de voir combien de temps je pourrai tenir ce rythme, et aussi de m’habituer à courir aussi rapidement.
photo L'Equipe
Dès la rue de Rivoli, je commence à chercher de l’ombre, il va faire chaud en ce début de printemps. Premier ravito devant la foule immense de la place de la Bastille, c’est le moment de voir ce qu’il y a sur les tables : eau en bouteille, bananes, oranges, ça me va très bien ! Je cherche dans le flot de coureurs un « pacer », quelqu’un qui cours à mon rythme, mais que les gens sont lents dans la vague 3h15 ! Finalement je repère un coureur avec un tee-shirt de l’Ecotrail 2016, qui va rester à portée jusqu’au Km 30. Mais nous n’en sommes pas encore là ! Pour le moment, je m’amuse à repérer des tee-shirts de courses auxquelles j’ai participé : Vannes, Millau, Ecotrail, autant de beaux souvenirs, autant de coureurs que je salue.
Encore en forme après... 1 km de course. Mais je serais bien incapable de vous dire ce que je voulais montrer à ce moment ! Une Tour Eiffel peut-être ?
Les kms s’égrènent à un rythme régulier. Les jambes répondent correctement, aucun bobo ne me perturbe, tout va bien. Semi en 1h34, c’est trop rapide mais je considère déjà comme une victoire d’avoir tenu si longtemps à ce rythme. Peu après, je double un coureur qui a inscrit sur son Tee-shirt : « Paris 2017, 100ème marathon ». Je le félicite chaleureusement et me sens tout petit à coté de lui. Ainsi va la course à pied, où l'on passe de fierté à humilité.
Le deuxième passage à la Bastille est encore un moment fort. Un coureur s’arrête juste devant moi pour embrasser son bébé, furtif instant de bonheur contagieux. Mais à l’approche des quais, je sens que mes jambes sont plus lourdes, le moment où il faudra payer l’addition s’approche.
Malgré la vue imprenable sur la Seine, le Chatelet, Notre-Dame, le passage sur les quais n’est pas mon préféré. Que les tunnels sont longs ! Que les passages sous les ponts sont casse-pattes ! Malgré les animations, je sens que ma deuxième course va commencer. Pour le moment, je m’accroche encore au rythme que je me suis imposé, mais c’est de plus en plus difficile. Sous les ponts, je commence à lever le pied. Le ravito du Km 29, en face de la Tour, est plus que bienvenu. Même rituel (eau, banane, orange), mais en quittant le ravito j’ai le sentiment d’avoir encore soif, il faut dire que le soleil commence à cogner fort. Ce qui n’empêche pas les spectateurs, particulièrement enthousiastes à cet endroit, de nous offrir une ambiance inoubliable.
photo L'Equipe
Ca y est, je suis dans le dur. Je ne regarde plus mon chronomètre, maintenant, j’avance à l’énergie, marchant même dans une montée. Je lève encore la tête, beaucoup de coureurs autour de moi sont aussi dans en difficulté, certains encouragent leur copains, j’essaie d’en puiser un peu d’énergie. Je découvre la fondation Louis Vuitton. Les kms passent, insensiblement. Au Km 39 je dépasse une coureuse qui me semble avoir trouvé un raccourci, vue son allure (j’avais eu le même soupçon en dépassant un marcheur au Km 18, après 1h25 de course). Les pancartes des spectateurs me font parfois sourire (« les kénians boivent déjà la bière »), mais mes crampes sont proches, je ne peux plus accélérer. A leur allure, aux quelques paroles qu'ils échangent, on sent que les coureurs jettent leurs dernières forces dans la bataille, certains craquent : un premier coureur à terre, très pâle, à 1500 m de l’arrivée, un second pris en charge par les secours 500 m plus loin, un troisième à moins de 200 m de la ligne, c’est l’hécatombe…
Je franchis la ligne en 3h17, épuisé. En reprenant mon souffle contre une barrière, je me dis : « tu as voulu courir deux marathons en une semaine, tu les as couru, bravo ». Il fait beau, j’ai rempli mon objectif, je suis entouré d’une foule joyeuse et colorée, comme le disait Hemingway, Paris est une fête.
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.09 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
10 commentaires
Commentaire de augustin posté le 11-04-2017 à 16:53:47
Quelle forme! quell pic de forme! cela fait un gros mois glissant entre EcoTrail, Rome et MDP! merci pour tes récits sympas et bonne récup, tu l'as pas volée!
Commentaire de marathon-Yann posté le 11-04-2017 à 17:53:14
Merci augustin ! Quel plaisir de voir que tu apprécies mes récits !
Pour le pic de forme, il est assez inattendu et j'en profite au maximum. Mais je reste loin de tes performances !
Commentaire de Laurent V posté le 11-04-2017 à 18:05:43
Magnifique exploit mon frère : avec l'écotrail 80 km, ça fait l'équivalent de 4 marathons en 3 semaines, le tout avec des chronos plus que respectables. Tu as écrit une belle page de l'histoire du sport de la famille.
Commentaire de marathon-Yann posté le 11-04-2017 à 18:41:58
En même temps, dans la famille, il n'y a que nous deux qui faisons sérieusement du sport...
Et toi tu n'écris même plus de Cr !
Commentaire de Arnaud G posté le 11-04-2017 à 19:48:28
Chapeau. Pas seulement en raison de ta capacité à enchainer des courses éprouvantes à un rythme incroyable mais aussi parce que tu ne perds jamais de vue le principal : le faire pour le plaisir. Ton excellent CR le démontre. Tu prends encore le temps de regarder les autres coureurs, de t'amuser, de t'émouvoir. Je suis sincèrement et humblement admiratif.
Commentaire de marathon-Yann posté le 12-04-2017 à 14:27:01
Que dire, que dire... merci Arnaud !
Commentaire de ilgigrad posté le 12-04-2017 à 08:35:58
Moi qui me plaignait d'avoir reçu mon dossard l'avant veille et d'avoir couru un trail de 38 bornes le dimanche précédent, je suis calmé. Je suis impressionné par l'aisance avec laquelle tu as fait celui-ci une semaine à peine après avoir tapé un joli chrono à Rome.
Bravo. C'est enorme
Commentaire de marathon-Yann posté le 12-04-2017 à 14:28:49
Merci ilgigrad. Si j'ai donné l'impression d'avoir fait cette course avec aisance, c'est que mon récit n'est pas si fidèleque ça, car j'en ai sacrément bavé sur la dernière heure ! (comme tout le monde il me semble)
Commentaire de Papakipik posté le 12-04-2017 à 18:31:39
Faire 2 marathons en 1 semaine, c'est fort mais en plus avec ces temps-là, c'est énorme ! J'ai doublé aussi en fin année dernière avec 1 mois d'écart et j'ai trouvé ça dur mais là...chapeau et récupère bien car tu as quand même soumis ton organisme à un (très/trop) rude effort.
Commentaire de marathon-Yann posté le 13-04-2017 à 11:53:02
Merci Papakipik, et c'est promis, maintenant repos... jusqu'à la prochaine !
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.