L'auteur : marathon-Yann
La course : Marathon de Paris
Date : 7/4/2024
Lieu : Paris 16 (Paris)
Affichage : 555 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Un, deux, trois, nous irons au bois...
Les choses débutent plutôt bien. L'avantage de bien connaître ce marathon de Paris est que je fais les bons choix ce dimanche matin, que ce soit pour la tenue (légère), les horaires (lever à 5h, ça pique toujours mais ça permet de se préparer tranquillement) ou les petits détails comme la bonne sortie de métro ou l'entrée avenue Foch. Surprise, parmi les 54000 coureurs, je tombe sur Guillaume avec qui nous nous étions disputé la victoire sur la No Finish Line l'an dernier, et nous nous donnons rendez vous pour le retour cette année. Ces signes positifs sont atténués par la queue à l'entrée du sas 3h, dans lequel je pénètre parmi les derniers. Conséquence directe, je partirai dans une vague qui n'a pas de meneur d'allure, ce sera à moi de gérer comme un grand ma course.
Et donc, je gère comme un grand. Comme souvent, ce n'est qu'avec les premières foulées que je me demande "qu'est-ce que tu vises vraiment aujourd'hui ?". Je suis dans le sas 3h, ce qui constitue un bel objectif mais n'est plus une obsession depuis que cette barre a été franchie il y a un petit mois. Profitant du premier kilomètre en descente, je pars sur cette base ambitieuse, sans stress, heureux de dérouler ma foulée dans la ville qui nous appartient, sous un soleil prometteur.
Je remonte des concurrents partis moins vite .Parmi eux je retrouve Sébastien P, rencontré aux 24h de Capitany l'an dernier, et nous discutons un peu. C'est vraiment inattendu, dans cette foule, de tomber sur des copains ! Paris est un village !
Le parcours fait maintenant des détours touristiques, devant l'opéra puis devant le Louvre, avant de nous ramener vers la place de la Bastille en passant devant l'hôtel de Ville. Après la Bastille, c'est moins touristique mais encore plus animé, une ambiance de Corrida qui nous porte jusqu'à la porte Dorée. Que du plaisir !
Bois de Vincennes, on entre dans le vif du sujet. Moins de public, quelques faux plats, les premières fatigues, mais toujours de bonnes jambes et une densité de coureurs qui rend les choses plus faciles.
Quatre Cinq Six, retour à Paris
Depuis le début, je regarde ma montre à tous les kilomètres. Je sais que pour atteindre 3h, il faut courir en 4:15 au kilomètre. Comme je suis plus rapide en ce début de course, j'additionne les secondes d'avance, qui me donneront plus tard, peut-être, le droit de ralentir. Mon "capital secondes "que je constitue avec prudence et que j'observe avec attention.
Ça ne m'empêche pas de courir "tête haute", de profiter du paysage que je connais bien, et du public que je découvre chaque fois. Un groupe de supporters a imprimé en gros sur un panneau leur propre photo, pour être sûr d'être vu. Une petite fille a écrit sur un carton "Papa, j'ai perdu ma dent". Je ne vois pas bien le rapport avec un marathon, mais cette information me fait fondre de tendresse.
Retour place de la Bastille après le 25eme km. Cette année, en raison de la crue de la Seine, nous ne descendrons pas sur les quais. C'est dommage, j'avais bien repéré le tunnel des Tuileries lors d'un 6h connecté un pluvieux samedi de Novembre, 68 km pour rien ! Plus sérieusement, aujourd'hui je trouve cette partie du parcours plus facile et plus agréable, d'autant que nous croisons le peloton de coureurs qui n'en sont qu'au 5eme km.
Allez Yann ! À ma surprise, ce ne sont pas des spectateurs compatissants qui lisent mon nom sur mon dossard qui m'adressent ces encouragements, mais un collègue et des étudiants qui guettaient mon passage grâce à l'application de la course. Je leur tape dans la main et profite de ces sourires bienvenus pour en puiser un peu de force.
Car ça commence à être sérieusement dur. Cela fait longtemps que mon "capital secondes" n'augmente plus, je commence même à taper dedans aux ravitaillements, ça va être dur.
Sept, Huit, Huit, mais pas assez vite
Je m'accroche pourtant. Je commence à peine à apprivoiser cette dernière douzaine de kilomètres, si délicate à Paris, avec ce public moins nombreux et les dernières côtes du parcours. Je tourne encore en 4:30 au kilomètre, ce n'est pas un effondrement mais est ce que ce sera suffisant ? Je n'y crois plus guère.
Comme souvent, c'est l'hécatombe avant l'arrivée. Un coureur, livide, est allongé dans l'herbe sous le regard indifférent de spectateurs. Une ambulance remonte rapidement la file des coureurs. Plus loin, des pompiers font un massage cardiaque à un coureur. L'image m'impressionne. Je n'ai plus envie de me faire mal pour passer sous les 3h, non pas que j'ai peur pour moi, mais je n'ai tout simplement plus envie de faire la fête. Je me sens bizarrement en décalage avec les supporters joyeux et bruyants du Trocadéro. Un autre coureur, conscient celui là, est pris en charge par des secouristes. Je n'ai pas coupé mon effort, loin de là, mais je ne ressens pas l'euphorie que l'on a parfois à l'arrivée d'un marathon. Je franchi la ligne en 3h02, un peu content, un peu vide surtout.
Pas assez vite. La comptine s'arrête à huit cette année, comme mon nombre de participations à ce marathon parisien. Nul doute que ça ne s'arrêtera pas là. Il y a plein de rimes sympas à trouver avec "Neuf" !
photo : page Facebook de la course
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