L'auteur : marathon-Yann
La course : Marathon de Rome
Date : 2/4/2017
Lieu : Rome (Italie)
Affichage : 2020 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Les marathons, c’est comme les cacahouètes, quand on commence, on ne peut plus s’arrêter. 15 jours après l’Ecotrail (pas un vrai marathon, mais 80 km quand même, ça compte !), je me retrouve à Rome pour un weekend prévu de longue date, en famille. Avec un beau marathon à la clé, mon 15ème, que je vais courir avec mon frère triathlète. L’objectif : tout simplement me faire plaisir.
Premier défi : récupérer le dossard. Si la queue est impressionnante, la file est finalement assez fluide jusqu’à la remise du précieux sésame. Après, c’est plus confus : une véritable cohue pour la remise du tee-shirt et du sac. A côté de ça, la visite du Colisée, l’après-midi, me semblera reposante, c’est dire. Et la pizza du soir achèvera de me réconforter.
Dimanche matin. La météo avait annoncé la pluie pour 9h, mais en sortant de l’hôtel il fait bon, le ciel est dégagé, seuls quelques nuages sont éclairés par un lever de soleil rouge vif, « rouge kikourou » me dis-je. Bon présage ? Comme je me suis mal débrouillé à la réservation des chambres, nous sommes dans un établissement qui ne propose pas de petit-déjeuner. Ce n’est pas grave, je grignote un paquet de biscuits et bois un Ice-tea en rejoignant le métro, me promettant d’écrire l’anti-guide du marathonien si je m’en sors, tant tout ce que je fais me semble aller à l’opposé de ce qui est recommandé dans les revues (enchainement des courses, manque de repos, et maintenant nourriture).
Si le retrait des dossards était un peu fantaisiste, le départ est parfaitement organisé. Fluidité, dépôt des sacs, indications des sas, rien à redire. Et quel décor ! En raison d’un temps de référence de 3h12, je me retrouve dans la vague 1, celle des coureurs visant entre 2h30 et 3h30. Quel sas sensass ! Rempli d’athlètes en maillots de clubs, au regard déterminé, s’échauffant longuement pour partir directement à la bonne allure, quel sérieux ! Pour ma part, je m’assieds sur le trottoir et les regarde faire. N’ayant pas eu mon café ce matin, j’ai un léger mal de tête. Grâce aux drapeaux sur nos dossards, nos nationalités sont visibles, cela facilite le contact. Je suis rejoins par Stéphane, un coureur breton qui vise 3h10, son neveu, qui vise 3h, un élégantV4 qui vise 3h20… Que du beau monde ! Stéphane me demande quel est mon objectif, je lui réponds honnêtement que je n’en ai pas, Ecotrail oblige. Ceci m'oblige à me poser enfin la question de ma stratégie de course, je pense partir rapidement, sur une base de 3h20, jusqu’à ce que la fatigue me rattrape.
8h50 : l’hymne italien chanté a capella donne le signal du départ. On nous avait annoncé 54 orchestres sur le parcours, c’est plaisant de croiser dès le premier km des fanfares de carabineri impeccables. Si on plaisante parfois sur la ponctualité des italiens, à 9h précises les premières gouttes de pluie font leur apparition, suivi d’un éclair et du tonnerre. Les carabineri battent en retraite, rapidement c’est l’enfer de Dante ! Je me concentre sur ma course, j’ai l’impression d’être dans un tunnel, ne voyant que les quelques mètres devant moi. Heureusement, les jambes répondent bien en ce début de course. Parti en fond de mon sas sensass, je rejoins en 3kms les meneurs d’allure 3h15 et reste derrière eux. Nous sommes dans une situation bizarre, où les coureurs félicitent les spectateurs, où les éponges servent à nous essuyer plutôt qu’à nous rafraichir, et cela va durer un peu plus d’une heure.
Heureusement, le parcours urbain est splendide, nous faisant défiler devant des monuments connus ou moins connus. Peu après le Km 15, je dépasse mes meneurs d’allure sans trop savoir pourquoi, pour rejoindre un triathlète français qui est un peu devant. Nous arrivons au Vatican, où je retrouve la même émotion que lors de ma première visite à Rome, enfant, devant l’immensité de la Place Saint Pierre. Notre hôtel n’est pas loin, je commence à regarder si mes enfants et mon épouse sont dans le public. Les kms s’enchainent, toujours aussi rapidement. Résultat : je passe au semi en 1h36, sur la base de mon record. Une folie.
Je garde confiance, chaque km parcouru à ce rythme est une victoire, j’attends juste avec curiosité le moment où je vais faiblir. Au Km 23, je rattrape Stéphane, qui a un problème musculaire. Je cours ensuite avec un coureur polonais, puis un groupe d’espagnols qui avancent à un bon rythme, sans cesser de discuter, comment font-ils ? Je reste avec eux plusieurs kms. Après une montée suivant un pont, je me retourne : plus d’espagnols. Il se passe quelque chose de pas normal.
Après le 30ème km, nous retrouvons le centre-ville touristique. La pluie s’est arrêtée, et les spectateurs sont revenus, avec leurs encouragements si chaleureux (« Vai vai vai ! Grande ! Bravi »). Je me surprends à faire des gestes que je ne fais qu’à l’arrivée des courses : serrer les poings, haranguer le public, encourager les coureurs que je dépasse. Je sais pertinemment qu’il reste les 12 kms les plus difficiles et que je vais faiblir, mais mon corps crie déjà victoire. Et les petites victoires continuent de s’enchainer tous les kms. J’interpelle les spectateurs français : « Allez l’OM » (pourquoi ???). J’essaie d’évaluer mon temps à l’arrivée : 3h20 ? 3h15 ? mon record me semble soudainement à portée. Je relance. Une rangée de barrières nous sépare du public, toujours plus nombreux (et pour cause : sauf en de rares passages il est bloqué derrière les barrières, comme me l’expliquera mon épouse qui n’aura pas réussi à rejoindre l’arrivée). Je saute le ravito du Km 40 pour gagner quelques secondes. S’en suis une montée pénible sous un tunnel, suivi d’un panneau « Km 41 » libérateur et d’une belle descente. C’est la chevauchée fantastique. Je lâche tout, double encore et toujours, lève un bras, deux bras, me prends la tête : la ligne est franchie en 3h09, mon nouveau record. Quelle course !
De même que je n’avais pas prévu de faire un temps aujourd’hui, je n’avais pas prévu les larmes qui s’emparent de moi à l’arrivée. A ce moment, je sais pourquoi je cours, pour ces instants que je ne sais pas nommer. Un bénévole me parle en italien, je comprends « emozione », « complimenti ». J’ai envie de l’embrasser mais me retiens, la moustache sans doute.
La suite est un peu plus chaotique. Je me prends une nouvelle averse en rentrant à l’hôtel, où j’arrive transi de froid. Après une douche chaude, je m’endors sur des marches devant un musée où mes enfants et mon épouse s’éternisent. Mon mal de tête est revenu, et ne partira que le soir, quand j’arriverai enfin à manger. Nous retrouvons mon frère qui a couru en 4h05, bon temps pour un triathlète qui s’entraine autant à la course qu’au vélo et à la nage et qui n'a qu'un objectif : son ironman d'octobre. Je suis surpris de croiser, le soir et même le lendemain, tant de coureurs avec leur médaille autour du cou, fiers d’avoir fini ce fantastique marathon, comme je le suis aujourd’hui de ces trois dérisoires minutes gagnées.
Viva Italia.
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10 commentaires
Commentaire de Papakipik posté le 06-04-2017 à 16:05:47
Bravo, super temps (chronométrique pas météorologique) !
Commentaire de marathon-Yann posté le 06-04-2017 à 16:36:56
merci Papakipik,
j'ai vu que tu étais aussi à Rome, j'espère que tu as apprécié autant que moi ce marathon !
Commentaire de Papakipik posté le 07-04-2017 à 10:54:53
Mitigé en fait : tenu le sub 3h20 jusqu'au 30ème avant de (trop) décliner par manque de foncier. Mais content d'avoir tangenté 3h30 ;-) Belle organisation le dimanche mais enfer lors du retrait des dossards...
Commentaire de bipbip73 posté le 06-04-2017 à 18:04:12
bravo,
comme quoi on peut courir 80km, 15 jours avant, et être en forme.
bon récit.
un marathon dans une capitale ça doit être sympa.
Commentaire de marathon-Yann posté le 07-04-2017 à 09:30:48
C'est vraiment un très beau marathon, si tu as l'occasion...
Commentaire de Phénix posté le 06-04-2017 à 21:06:49
Merci pour ton récit qui me rappelle d'excellents souvenirs de l'an passé. Je suis ravi d'apprendre que le départ était enfin organisé correctement car l'an dernier c'était vraiment le merdier... Félicitations pour ta super performance ! Bonne récup !
Commentaire de marathon-Yann posté le 07-04-2017 à 09:30:07
Salut Physikos
j'avais lu ton récit et il ne m'avait pas forcément rassuré. Honnêtement, le départ était très fluide, cette année, je ne sais pas ce qu'ils ont changé par rapport à l'an dernier..
Et nous avons en commun d'avoir battu nos records à Rome !
Commentaire de Angeblanc82 posté le 06-04-2017 à 21:33:56
Bravo, quelle belle course !
Et pour ce qui est des conditions météos, un ardéchois t'aurait dit en regardant la couleur du ciel : "ciel rouge le matin, la pluie est en chemin".
Commentaire de marathon-Yann posté le 07-04-2017 à 09:31:46
Merci de ton commentaire. Je ne connaissais pas le proverbe, mais il s'est bien vérifié !
Commentaire de Laurent V posté le 10-04-2017 à 09:52:39
Beau récit et magnifique course. Bravo
A quand la suivante ?
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