L'auteur : yayoun
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 28/8/2009
Lieu : Courmayeur (Italie)
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Distance : 97km
Objectif : Pas d'objectif
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Vendredi, 6 heures du matin: le réveil sonne, je n'ai pas très bien dormi, j'ai couru toute la nuit. Ca y est, ce que j'attends depuis neuf mois maintenant est enfin arrivé. Suis-je prête, j'en sais rien mais ce n'est pas le moment de se poser des questions. Petit dèj rapide, tunnel du Mont-Blanc, Courmayeur. Dans la voiture, je suis plutôt silencieuse, signe de grand stress?ou de grande concentration? Je passe en revue tout ce que j'ai sur moi, peur d'avoir oublié quelque chose...Le discours ultra sécuritaire de l'organisation a eu des effets sur moi: et si j'oubliais un truc vital, qui pourrait me mettre un danger sur cette course??? Car, ce que je vais comprendre durant toute cette course, c'est que je suis passé dans un autre monde, celui de l'ultra, un monde qui peut s'avérer dangereux...
Après je ne sais combien d'aller-retours au petit coin ...ou plutôt devrais-je dire derrière le sapin près de la ligne de départ, on arrive près du départ. Les gens sont là, se toisent, se scrutent, les visages sont crispés. Et pourtant, on part faire un truc qu'on adore, un truc qui nous passionne, un truc auquel on a passé pendant beaucoup de nos entrainements, de nos moments de réflexion. Je discute avec Ultra-Steph qui tente le doublé CCC-TDS...je penserai à lui qui prendra le départ de la TDS à 5 du mat' alors que j'arriverai à peine à Vallorcine. Et soudain le miracle retentit: j'entends LA musique, THE musique que je n'ai pas cessée d'entendre sur les DVDs de la course...CA Y EST, J'Y SUIS...un immense sourire se dessine sur mon visage....P****, j'y suis. J'adresse un signe de victoire à Nico avec un immense sourire...j'ai retrouvé la gnaque, la motivation, cette course, comme diraient certains de mes élèves, je vais me la faire...
9 heures vingt du matin: je rentre dans le sas de départ avec mes parents. Je n'ai pas l'habitude d'attendre aussi longtemps. J'ai envie de partir moi. Je suis placée dans le premier quart pour éviter les bouchons qui pourraient me rendre les barrières horaires périlleuses.On écoute l'hymne suisse, français et enfin italien. Et là, j'entends le décompte: 5,un dernier sourire à Nico qui va me suivre durant toute la course, 4, un cri de guerre avec mes parents, 3: je me concentre, je vais y arriver, 2: je souffle; 1, doigt sur le chrono.....
Zero: c'est parti, enfin, façon de parler. Pour l'instant, on marche. Suivant les conseils de Tercan, j'ai découpé ma course en six parties ce qui me la rend plus facile à imaginer.
1er partie: Courmayeur-Arnuva: 26,2 kms; 1669+; 1120-
Arrivée: 15h24; temps de course: 5h24'33''
On commence par un petit tour dans Courmayeur sous les acclamations des gens, les bruits de cloches, je comprends que ça y est, j'y suis. Dans ma tête, je pars pour 26h.P***** 10h de plus que sur la Merrell... Ogni bel giuco, vuol durar poco: point de beau jeu s'il ne dure peu.
Je cours, trop vite je pense. Je trouve mon sac un peu lourd. J'ai chargé deux litres d'eau en prévision de la chaleur. Je vois Nico au détour d'un virage, les deux pouces levés...Allez c'est parti, il m'attend à Arnuva, il faut que j'y aille. Je cours pendant les 7 premiers kms sauf dans les petites montées. J'adopte en montée le rythme sur lequel je veux terminer la course...J'ai du mal, ça ne va pas, mon coeur s'emballe...Mes pensées ne sont pas terribles sur cette première partie: je me dis que je n'ai pas assez d'entrainement de course pure, que je suis fatiguée ou que sais-je encore...bref, je me trouve des excuses et j'attends la montée. Celle-ci, je la connais, c'est la même qu'à l'Arrancabirra: je l'ai passé une fois, je la passerai deux fois. On commence alors à monter vers Bertone, dans une montée longue, régulière. Je double des gens mais ça bouchonne un peu...On accède à des virages en S...et là, je vois trente coureurs couper à chaque fois...je pense qu'en trois S, je me fais doubler par une centaine de personnes qui coupent sous les sifflets et les huées des autres coureurs. Je m'en soucie peu, j'ai 90 kms encore pour faire la différence. Je sais que dans les gens autour de moi, un sur trois ne terminera pas la course.Et puis, durant ces 26 heures, mon seul concurrent, ce sera moi-même. Les autres, je m'en fous. Ce sera Sarah contre Yayoun. Je monte sans passer dans le rouge en essayant de doubler deux personnes et j'arrive enfin à Bertone où je retrouve ma mère. 5 minutes au ravito et j'attaque la montée raide. Ca va mieux, j'avance, je double. Mes talons ne touchent plus la pente mais c'est pas grave, je sais que ça ne va pas durer.Par contre, mon genou droit me fait mal à l'intérieur. Zut, c'était la même chose au Nivolet donc je sais que ça ne va pas me lâcher.Je ne vais quand même pas m'arrêter à Arnuva. La montée devient moins raide. J'avance d'un bon pas comme me l'a appris Nico: un planter de bâton à chaque pas.
J'ai réussi à faire taire mon bavardage mental, je ne pense à rien, je regarde le paysage. C'est magnifique. On longe les Grandes Jorasses, on voit le glacier, il fait un temps magnifique, c'est superbe. J'ai juste un peu chaud car j'ai choisi de partir en corsaire mais bon, je sais que ça ne durera pas.
J'arrive enfin au sommet de la Tête de la Tronche et j'entame la descente: 300m assez raide et glissant et après c'est roulant...Et là, à ma grande surprise: c'est la première descente de ma vie où personne ne me double: normal, ça bouchonne...Je me force à courir sur les parties roulantes, à dépasser l'appréhension de la descente et à dérouler: le Rapace m'a dit déroule, Petitjean m'a conseillé de toujours rester en mouvement en descente, des petites foulées mais courir...Totote m'a dit: pas de secret, pour les barrières, il faut courir en descente alors je cours... J'entends des cloches, je crois arriver à Bonatti mais erreur de ma part, ce ne sont que des vaches...non, il faut remonter légèrement pour arriver à Bonatti: je m'arrête 3 min le temps de remplir mon camel à l'abreuvoir et de me faire tremper mon sac par un coureur indélicat...
Bon c'est reparti, prochaine étape Arnuva: là, je commence enfin à être dans la course. J'allonge la foulée (enfin, proportionnellement à ma taille), je ne m'arrête pas pour ramasser les myrtilles ni les framboises. Je me souviens d'exercices faits avec Nico: les frationnés en côte: prenez une côte bien longue et vous courez 30'', marchez 30'' puis 1'1'...qu'est ce que j'ai pu hurler en faisant ça mais c'est exactement ce que je suis en train de faire...un groupe suit mon rythme et refuse de me doubler...je joue le rôle bien connue en off de conna*** qui relance le train quand les autres ne veulent plus. Enfin, je vois Arnuva, j'entame la descente...J'arrive à 15h15, je suis sur les temps de 24h...Yes, ça,c 'est fait...Je vois Nico qui me remplit mon camel, j'ai une faim magistrale, j'ai déjà mangé trois barres. Je prends du coca, de la soupe aux vermicelles, de la viande de grison, du pain, du fromage...Après neuf minutes de pause, un bisou à Nico et rendez-vous est donné en Suisse, à La Fouly ...
Arnuva-La Fouly: Km 40, 1; 2467+; 2094-
Arrivée: 18h47; pause: 18 min, repartie à 19h05; temps de course: 9h04'14''
J'étais furieux de n'avoir pas de souliers: alors j'ai rencontré un homme qui n'avait pas de pieds et je me suis trouvé content de mon sort"Mong-Tseu.
Je m'apprête à affronter la grande montée du Col Ferret, Nico m'accompagne dans la zone autorisée puis je repars toute seule et croise cette jeune fille qui va faire certaines parties de la course en joëlette ...Elle a un sourire magnifique aux lèvres...et moi, je me sens toute petite. J'ai cette chance immense de pouvoir courir dans la montagne alors cette montée, on va se l'avaler. Depuis le début, vous voyez certains proverbes ponctués mon récit. Avant de me laisser partir, Nico me tend une feuille...Dessus, il n'y a que des proverbes de ce genre ce qui me vaut un immense sourire voire un bon fou rire en pleine montée du Col Ferret. Sur cette montée, je me sens super bien, j'ai juste chaud. Précisons que depuis le début, je bois un litre par heure de course...j'ai près de trois litres sur le dos pour cette montée, sachant que je ne pourrais pas recharger avant La Fouly...Et là, je monte, je double, je profite de mon avantage sur l'altitude...Je croise des coureurs qui redescendent, qui sont allongés dans l'herbe...je suis très très étonnée et inquiétée par l'état de certains, on n'est qu'au 27e km...Je bois plusieurs fois aux fontaines, mouille ma casquette...Je branche mon ipod, tiens fermement les bâtons, les plante et j'avance...Surtout, ne pas regarder le sommet...la casquette est vissée sur la tête, la visière couvre les yeux, ne pas regarder le sommet...Mon genou me fait mal, il faut que je le strappe à la prochaine pause.
Il n'y a pas de marche qui un jour ne finit pas , Ahmadou Kourouma.
Et là soudain, la délivrance, je vois deux tentes jaunes plantées au milieu de nulle part...Ah, le sommet...La vue est magnifique avec ce ciel bleu en fond...Je ne m'arrête pas, je ne veux pas attraper froid...D'après mon étude du milieu des coureurs, les problèmes digestifs viennent du froid, des boissons énergétiques, de l'altitude alors, j'évite le froid et je bois de l'eau ou de la menthe à l'eau avec du sirop d'agave, ma boisson perso...J'ai aussi une gourde de coca dégazéifié par mes multiples secousses de course...
J'entame la descente, je me force à courir pour relancer mais ça ne passe pas...j'opte pour la technique de Tercan: 10' de course, 2' de marche. La descente est roulante mais je suis obligée de m'arrêter sur le bord du chemin: j'ai plein d'ampoules, le pied me brûle...Je colle trois compeed qui évidemment n'adhère pas sur des pieds couverts de poussière et en plus j'ai mal aux deux genoux. J'ai l'impression que ma rotule gauche a décidé de sortir de son logement...je descends tant bien que mal...dans les descentes raides, ça fait vraiment mal. L'idée d'arrêter à La Fouly commence à m'effleurer. Mais en même temps, je n'ai pas encore essayé tout l'attirail de ma trousse de secours avant de décider ça alors je continue. On comprend tout de suite qu'on est passé en Suisse: tout ce côté là est à l'ombre. Le paysage est différent, on est davantage dans les paturages, je ne vois plus de sommets enneigés. Le dernier km de descente est infernal...je me sers de mes bâtons comme des béquilles...J'arrive enfin sur le goudron...ce soulagement...je me remets à courir jusqu'au ravitaillement. Nico arrive juste à ce moment-là...
Hop, entrée dans le ravito, je chope du pain, du fromage, du saucisson, une banane...la soupe n'est pas prête, je ne peux pas me permettre d'attendre...oui, je sais, je suis un estomac sur pattes mais il faut la nourrir la Yayoun...ça consomme ces bêtes-là... au moins 600 kcal à l'heure...
Je fais une pause plus longue que prévue, j'en ai besoin. On va utiliser 2m50 de strap et pourtant, je ne suis pas grande. On strappe mes pieds pour faire tenir les compeeds et éviter les frottements, je pose un strap sous mes genoux et au-dessus...un peu au feeling je l'avoue...mais pendant cette course: j'écoute mon corps, je me suis dit qu'il saurait me faire savoir de quoi il a besoin. Je sens tout de suite un soulagement avec l'impression que le genou est bien maintenu. Je change de tee-shirt pour un tee-shirt léger manches longues. Ce sera une erreur de ma part car j'aurai rapidement trop chaud ensuite. J'aurais du mettre un tee-shirt manches courtes sec en fait.Je pose mes lunettes de soleil. La prochaine fois que je les ressortirai, on sera samedi.Waou, ça fait drôle de se dire ça. J'échange la casquette contre un buff.
Je prends ma dope: un bisou, une nouvelle page de proverbe et c'est parti pour la longue descente jusqu'à Praz de fort: je sais que je vais pouvoir courir.
Celui qui ne brille pas le jour brille la nuit.
La Fouly-Champex: km: 54,7; 3000+, 2743-
Arrivée: 21h40, pause: 32'; temps de course: 12h10
On commence par du plat assez roulant le long d'une rivière. Le terrain est très agréable. Je trottine (à ce rythme là, on ne peut pas vraiment dire que je cours). C'est l'une de mes parties préférées...Je suis bien, il ne fait plus chaud, j'avance bien sans trop forcer et surtout, je n'ai plus mal aux ampoules ni aux genoux. J'ai l'impression de repartir à neuf...Je descends tranquillement jusqu'à Praz de Fort. Je discute avec une Indienne avec qui on ne cesse de se croiser mais j'ai un peu de mal à parler en anglais avec la fatigue. On arrive dans ce beau village typique avec de jolis chalets en bois. Des enfants ont sorti leur table en plastique et offrent un ravitaillement clandestin...C'est tout simple mais qu'est-ce que ça fait du bien...je prends un verre, cours un peu avec deux d'entre eux, tape dans les mains et repart. A la fin, je croise Nico qui m'a fait la surprise et est venu me voir dans ce village...il me donne une nouvelle feuille de proverbe à lire avant d'attaquer la montée. Le jour décline...j'apprendrai à Champex que ma mère arrêtera ici à cause de deux hématomes sous-unguéaux. Après le village, ça descend doucement dans les paturages pendant encore 500 mètres. Je ne vois plus grand chose, je sors ma frontale.
Commence alors ma grande peur pour moi: la nuit: peur du noir, peur du loup, peur de me perdre, peur de m'endormir. Pour remédier à cela, Nico m'a offert une belle Myo XP qui éclaire comme un phare, on a fait quelques sorties de nuit mais jamais toute la nuit.
Il vaut mieux allumer une seule et minuscule chandelle que de maudire l'obscurité".
On attaque enfin la montée, elle ne me fait pas peur. C'est la plus courte du parcours. Je vois Champex au dessus de moi. Au bout de 500 m, j'aperçois une immense croix illuminée. C'est complètement surréaliste. Un ravitaillement clandestin se tient là aussi avec en musique de fond une chanson d'Anastasia dont les paroles sont les suivantes: "Still I wonder if you know how it really feel to be left outside alone when it's cold out here"...La coincidence me fait sourire. Non effectivement, je n'ai pas la moindre idée de ce que cela fait de rester seule dehors quand il fait froid mais je ne vais pas tarder à le comprendre...
Je poursuis ma montée, tranquillement...depuis le début de la course, je suis au même rythme, environ 600 à 700m/h et j'avance, je double...Je me fais badger à un point de contrôle surgi de nulle part et je continue...Je me retourne et derrière moi, je vois une longue file de frontales comme autant d'étoiles filantes perdues dans la nuit...C'est magique, magnifique...Je comprends qu'à partir de maintenant, je pars pour une nouvelle course, une course qui va se transformer en pélerinage intérieur, une course qui va me demander d'aller chercher au plus profond de moi...
Soudain j'aperçois le Blob, perdu dans la montagne avec sa frontale. Il est venu nous soutenir. Ca me fait plaisir, mais alors, plaisir. Il descend avec moi jusqu'à Champex. Il est 21h40: je suis dans les temps de 24h. Je m'arrête, je prends une soupe aux vermicelles, de la banane, du chocolat. Je commence à être un peu fatiguée. Je suis bien dans la chaleur de la tente. Je rajoute une polaire dans mon sac. Je chausse mes compress mollets et là le soulagement est immédiatement...J'ai les jambes légères, légères...J'enfile la gore-tex mais c'est pas tout ça, il faut repartir. Nico sait trouver les mots pour m'encourager. J'ai la pêche (photo du Blob)
Nico m'annonce que Bovine, ce sont des marches...je comprends des marches en rondins de bois...je n'avais rien compris...je n'ai pas la moindre idée de ce qui m'attend, de combien je vais ramer à partir de maintenant...
Champex- Trient:km 70,1;3778+; 3698-
Arrivée: 2h15, repartie à 2h39: pause: 24'; temps de course: 16h39
Je repars de Champex avec une super frite....Allez, c'est parti pour la nuit: c'est comme une nuit en boîte: j'ai la musique, je ne suis entourée que d'hommes et je compte les filles sur les doigts de la main, ma frontale peut faire stromboscope et au lieu de danser, il va juste falloir courir...Ca va le faire...ca va le faire...oui mais voilà, je n'arrive absolument pas à concevoir dans ma tête que je vais courir plus de 24h, que je vais passer toute ma nuit dehors...Je redoute ce moment...
On commence par repartir sur du bitume en longeant le lac. De jour, ça doit être superbe. Les gens en terrasse nous applaudissent, ceux sur les balcons de leurs chambres d'hôtel aussi...Quelle chance ils ont, bien au chaud dans leur chambre, ils vont pouvoir se blottir dans leur lit et moi, je repars dans la nuit...
Au bout de cinq cent mètres, on plonge dans la forêt et c'est alors vraiment la nuit noire...on commence la montée. Au début, ça se passe plutôt bien...oui, mais voilà: ça dégénère assez vite...j'enrage, je n'ai rien compris, ce ne sont pas des marches en bois, ce sont des fichus rochers qu'il faut grimper...Ca n'a pas l'air difficile comme ça mais imaginez des blocs de 50 à 70 cm pour mes petites jambes, autant dire que je monte à quatre pattes...Ca fait 55 bornes que je cours et il faut que je pousse sur mes cuisses comme une dingue pour franchir ce p***** de rocher...je maudis tout le monde à ce moment-là, je suis d'une humeur massacrante...Un coureurr achève de me démoraliser en me disant qu'on est juste sur la barrière horaire et qu'on est dans les cinquante derniers...(ce qui était totalement faux)En plus, il fait noir, ça glisse...Grrr, qu'est-ce que je fous là...Non, stop aux pensées négatives. J'ai remarqué que, lorsque je suis de mauvaise humeur en course ou découragée, je me fais systématiquement une entorse alors on réagit: ça va forcément finir, ça ne peut pas durer éternellement...je regarde l'altimètre et je décompte: plus que 300, plus que 200...j'en ai marre, mais marre...et pourtant, je double. Certains sont hagards, en train de vomir...d'autres sont assis sur les blocs et essaient de récupérer et retrouver leurs forces...Moi, j'ai décidé dès le début de ne jamais m'arrêter en montée sinon, je ne repars pas....
Mieux vaut marcher sans savoir où aller que rester assis sans rien faire Proverbe touareg
Plus que 100...j'avoue que même si je suis soutenue par Nico, par ma famille, les amis, les kikoureurs, là, je suis seule, c'est moi contre moi. Je débranche le cerveau, je monte...ça va forcément finir. Ma seule peur, que la descente soit du même acabit... Enfin, je vois le sommet, la tente...j'ai avalé cette montée à 700m/h et ça, ça me met la pêche, je suis toujours dans les temps de 24h...Yes...Nico m'avait dit que j'en avais pour deux heures, j'ai mis une heure et demie et rien que ça, ça me regonfle à bloc...Je bois une soupe en deux minutes, me brûle la langue, je croise mon père et repars, je ne veux pas prendre froid.
Le terrain est de nouveau roulant en légère descente. Je me remets à courir mais soudain, ma vue s'obscurcit, se grise...Tiens, ma lentille me lâche...Je cligne des yeux, rien n'y fait...Il y a des fumigènes ou quoi...il me faudra dix minutes pour comprendre que je suis dans le brouillard....je suis vraiment dans le brouillard au propre comme au figuré. Alors ça, je n'y avais absolument pas pensé, je n'y vois rien. Je n'arrive pas à voir la rubalise suivante et je suis toute seule pour la première fois de la course...Je me concentre...En plus, je commence à voir des trucs bizarres. J'ai l'impression d'être poursuivie par un chien, me retourne cinq ou six fois mais rien. L'avantage,c 'est que le brouillard ne ralentit pas vraiment ma progression vu la vitesse à laquelle j'étais déjà. J'enfile mon bonnet, mes gants et ceux de VTT par dessus, la polaire et c'est reparti. En descendant, le brouillard disparaît. Je vois une ville entièrement éclairée en-dessous, Marigny me dira un coureur. La descente se fait, je rejoins un groupe de sept hommes et on rejoue Blanche-Neige et les sept nains (géants les nains...)...Ayo, ayo, on rentre du trés haut...je sais, je délire mais ça fait 15 heures que je cours, il est 1H30 du matin, on fait ce qu'on peut pour passer le temps...Enfin, j'aperçois à nouveau le Blob...Yes, je sais que l'arrivée est proche...je lève les bras à l'approche du ravitaillement: 70 bornes, il est 2h15...pour moi, c'est déjà plus que ce que je n'ai jamais fait.
Je me pose, prends une soupe, une compote mais je n'ai pas très faim et mon corps n'est pas fait pour digérer la nuit...je vois un coureur en pleurs dans les bras de sa femme, un autre oublie sa frontale. J'ai envie de dormir, je ne veux pas m'asseoir mais c'est pas pratique de manger la soupe debout . J'enlève mes lentilles et prends mes lunettes de vue. Je suis bien assise au chaud, je n'ai pas envie de repartir...je vois mon père...on échange quelques mots, pas plus, chacun est dans son truc à essayer de trouver les ressources nécessaires pour repartir. Mais il le faut, allez, c'est une sorte de routine maintenant: la soupe, assise sur un banc, Nico à mes côtés, on ressort dans le froid, se remettre à marcher, relancer la machine, se réchauffer. Et on y retourne...
Trient-Vallorcine: Km: 79,6; 4566+, 4526-
Arrivée: 5h45, repartie 5h52, temps de pause: 7 min; 19h52 de course.
La montée des Tseppes ne me fait pas peur:on m'a dit, tu vas voir, c'est régulier, tu peux monter presque en dormant...Mouais, tu parles...Ca relance d'abord tranquillement et puis ça recommence à monter raide, j'ai chaud, je transpire et là, le truc pénible, j'ai de la buée plein mes lunettes de vue, je n'y vois rien...Génial...Je me retrouve donc au bord du sentier à chercher ma paire de lentilles de secours et à mettre mes lentilles à la frontale sans miroir avec des mains pleines de poussière et de terre...Si avec ça je ne me chope pas une conjonctivite, l''ophtalmo me tuerait s'il me voyait. Mais bon, je reprends mon ascension. A mon grand étonnement, je suis encore bien en montée, j'avance toujours au même rythme. Je double pas mal jusqu'à ce que je vois mon père assis sur un rocher: petite bouffée d'inquiétude. Je l'encourage à repartir mais il m'apprend qu'en réalité, il fait ça tous les 200m gravis pour récupérer, il a du mal avec l'altitude. Je rejoins des groupes, je les double, je rejoins, je double. Enfin, j'arrive au sommet et de nouveau je suis dans le brouillard mais alors dans le brouillard comme il faut. En plus, il pleut. J'ai l'impression qu'il neige mais je ne suis pas sûre. Et ce vent, ce vent me glace...moi qui suis frileuse...Je pourrais etre au chaud dans un lit, c'est surréaliste d'être là. J'avance, je me dis que ça va se calmer en descente mais j'ai trop froid et peur de prendre froid au ventre. Je profite d'une zone un plus protégée pour changer de haut et mettre un haut à manches longues sec et plus épais. Je rajoute la gore-tex, je remets le bonnet et c'est reparti. Dans la descente, je perds du temps, je ne vois pas les rubalises, ça glisse, c'est raide...P*****, j'en ai marre. Je ne sais pas si c'est le froid ou le fait que je descende mal en me retenant mais mes cuisses se sont tétanisées. Ca ne me quittera plus jusqu'à l'arrivée. J'ai l'impression que tous les muscles de ma cuisse ne font plus qu'un et qu'on les a coulés dans le béton. J'en ai marre, je n'en peux plus, je veux que ça s'arrête, j'ai mal. Je descends quand même parce qu'il faut de toute façon rejoindre le ravito mais franchement, je n'en peux plus. Je veux arrêter, abandonner, le mot est posé. J'entends des vaches à côté de moi. Je me dis que si je me couche entre deux vaches, je pourrais dormir au chaud, je serais bien. J'en suis à ce point. Cette descente me détruit avec les virages en S et ces foutues petites planches posées à la verticales tous les mètres qui m'obligent à lever mes pieds plus hauts. Je n'en peux plus, je suis vraiment dans un sale état. Je me dis que je ne regretterai pas mon abandon, je l'ai décidé à un moment où je souffrais vraiment (a postériori j'évalue cette souffrance à 5 sur une échelle de 10).
Mais non, ça ne va pas la tête, il te reste 18 kms à faire. Si tu voulais arrêter,c 'était à Champex qu'il fallait le faire. Tu as ramé, tenu jusque là, tu continues. En plus, objectivement, je ne suis pas blessée, je n'ai pas une douleur précise, pas de problèmes digestifs. Je suis juste fatiguée. C'est normal.
Non, je ne veux pas continuer, je n'en peux plus, je veux que ça s'arrête, je veux dormir, m'allonger au chaud et dormir...
Vous l'aurez deviné, je vire schizophrène. Le problème, c'est que je n'ai même plus la force de décider d'arrêter. Alors je me dis que je ne vais pas rester trop longtemps, repartir tout de suite et je serai bien obligée d'arriver à la Flégère. Mais en même temps, est-ce que ce n'est pas dangereux? Je n'ai jamais été dans cet état de fatigue, je me connais pas sur ça. C'est con mais j'ai peur que mes jambes se bloquent tout d'un coup, que je ne puisse plus faire un pas et que je reste bloquée dans un coin paumé...J'arrive comme un zombie au ravitaillement. Je ne sais plus où je suis. Ca fait trois heures et demie que je n'ai pas vu grand monde, que je suis dans le noir et là, j'arrive avec des lumières partout, tout ce monde qui tourne autour de moi et moi, je rentre dans la tente, reste plantée là comme si j'étais sur pause et que tout tournait autour de moi. J'ai l'impression d'être sortie de mon corps et d'assister à la scène.
Je suis là, dans une tente de ravito et je ne sais pas ce que je dois faire. Moi, l'estomac sur pattes, je demande à un bénévole ce que je dois faire. Je vois mon père, on mange notre soupe. A un silencieux ça va répond un silencieux non. Mon père croit qu'il nous reste 9kms, il nous en reste 18, p*****18, c'est un trail...Je sors sans parler. Nico voit au premier coup d'oeil que ça ne va pas. Je commence à pleurer au-dessus de mon assiette de soupe. Je n'en peux plus. J'attends qu'il me dise de rester là mais il ne le fera pas. Il saura vraiment trouver les mots justes. A aucun moment, il ne prononcera les mots abandons, arrêt. Il me demande ce dont j'ai besoin pour repartir, me dis de ne pas m'inquiéter, que ça va repartir. Il m'attendra au col des Montets. Je vois aussi Olivier 91 qui m'explique que le soleil va me recharger et me regarde sans trop savoir quoi faire. Le truc, c'est que je ne suis même plus capable de décider. Nico me dit de repartir, je repars. Je ne le le crois pas mais je le repars. Les assistantes de mon père me diront ensuite que c'était super dur pour elles qui ne connaissaient pas ce monde de me laisser repartir dans l'état où j'étais. J'ai les larmes aux yeux mais je ne resterai que sept minutes: surtout ne pas se poser de questions. Je ne remercierai jamais assez Nico d'avoir été là à ce moment là. Il a tout mis en oeuvre pour que je reparte et il m'a dit par la suite qu'il était certain que j'allais repartir parce qu'il sait que je suis capable de monter toujours au même rythme même quand je craque...Ce sera vraiment le pire moment de ma course et en même temps, a postériori, le plus curieux, le plus intéressant...je me découvre, sans carapace, sans barrière, sans artifice...C'est moi dans toute ma vérité et c'est à moi de jouer...
A voir marcher quelqu'un, on connaît sa pensée, Pétrone.
Vallorcine-La Flégère: 90,6 kms, 5505+, 4848-
Arrivée: 9h26, 23h26 de course
J'ai froid, je suis fatiguée. Je vois Olivier 91 à côté de moi dans son poncho qui a l'air si chaud et je n'ai qu'une envie, lui voler...Je passe devant trois feux de bois...ah,cette chaleur. Non, ne pas rester. Nico marche un peu avec moi dans les zones autorisées et puis repart. Je me retrouve à nouveau seule mais le jour se lève, enfin...J'éteins la frontale, je marche d'un bon pas sur un sentier agréable, longe un camping, une rivière. Objectif: le col des Montets. Enfin, j'aperçois Nico. J'ai marché beaucoup plus rapidement que prévu. Allez savoir par quel miracle mais mon corps a décidé de relancer. Avancer, toujours avancer...Devant moi se dresse la dernière montée: Tête aux vents. Au ravito, un gars m'a dit: "elle est pire que Bovine, les marches sont au moins un mètre plus hautes" Mais bien sûr, dans ce cas là, il ne me reste plus qu'à enfiler mon baudrier et prendre ma corde...Heureusement, la montée est dans le brouillard, je ne la verrai pas. Sinon, (je suis retournée la voir dimanche), j'aurais vraiment pris peur. J'enlève la gore-tex. L'i-pod a craqué avec l'humidité. C'est parti, j'ai 650+ à monter. Je décide de regarder toutes les 25' mon altimètre. La gnaque est revenue, m****, c'est la dernière, plus je la monterai vite, plus je me rapprocherai de l'arrivée. Alors de nouveau, j'avance, je double et j'ai une dalle: je mangerai six barres en trois heures. Il y a des marches mais la montée me paraît facile. Je suis toute à la joie d'avoir retrouvé un peu de force. A mon avis, je suis en fait complétement stone, trop d'endorphine. Je rentre dans le brouillard puis arrive au point le plus haut au dessus des nuages avec le soleil qui se lève, c'est magnifique. L'arrivée jusqu'à la Flégère est longue, mais longue. Je n'aime pas du tout cette partie. C'est casse-gueule, je ne suis plus très sûre de mes réflexes. Je discute avec une Suisse qui fait du ski de rando. On se dit qu'on est bien folles de faire ça juste pour une polaire...Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour des fringues...
J'arrive au sommet puis perds du temps dans la descente. Je n'ai plus la force de plier à plus de 90° mes cuisses pour descendre une marche. Il faut trouver d'autres techniques. Je suis de nouveau dans le brouillard. Du coup, je ne vois pas du tout La Flégère. Je n'ai qu'une peur, ne pas passer la barrière horaire. J'aurai en réalité une heure et quart d'avance sur elle. Mais je redoute la dernière descente. Je dois passer en moins de 26 heures. Je crains de ne pas être classée sinon et je ne veux pas avoir fait tout ça pour rien...il faut que je passe, il faut que je donne tout ce qui me reste pour surtout, n'avoir aucun regret...Enfin j'entends de la musique mais je ne vois pas le ravito. La musique disparaît. Nico me dira ensuite qu'il l'a éteinte pour que le médecin écoute le coeur d'un coureur au stétoscope. Puis de nouveau, de la salsa mais moins fort. Soudain, je vois Nico, je fais de grands signes, rien ne bouge...je m'avance vers lui...c'est un cairn...Je commence à avoir des hallucinations. Je verrai trois tentes de ravitaillement avant de trouver la bonne. Enfin, elle arrive, elle est là...J'aurai mis 50' entre le sommet et La Flégère. Je m'arrête trois minutes, prends une soupe, veut m'asseoir mais problème, mes jambes ne plient plus. Je n'arrive pas à descendre suffisamment pour m'asseoir. Je vois mon père, repars, je sais qu'il me doublera dans la descente. Il me reste 12 kms...non, non , 7 kms me dit Nico...avec la fatigue, je n'arrive plus à calculer.
La Flégère-Chamonix: dernière partie Yououuuuuuuuuuuu: 97,7 kms, 5505+, 5690-
Arrivée: 11h12; 25h10 de course
Nico m'accompagne un peu dans le début de la descente, essaie de me faire courir mais c'est trop raide, ça me fait mal aux cuisses. Les adducteurs sont en compote. Il me sort alors ce proverbe qui me fait rire en pleine descente:
Tout a une fin sauf la banane qui en a deux.
Je le garderai en tête tout le long. On descend 400m sur une route forestière puis on bifurque dans une forêt. La descente est souple, roulante mais il y a trop de racines et de pierres pour moi. Non, ne pas faire ma mauvaise tête, il faut que j'arrive en moins de 26 h alors je vais me bouger les fesses...qui soit dit en passant commencent à être très douloureuses...J'essaie de courir sur de toutes petites portions mais je préfère marcher vite, enfin vite, 4km/h environ...ce que je trouve tout à fait honorable après 90 bornes...On descend en faisant de longs S et je guette le chalet de la Floria: je sais qu'il ne me restera alors plus que deux petits kms et demi. Je le vois partout mais en réalité, il se fait désirer. On passe ensuite sur un sentier en balcon très roulant avec de légères bosses et là, j'arrive à trottiner. Je tiens à l'orgueil, ras le bol de me faire doubler. Il faut que j'arrive...J'ai les yeux rivés sur mon alti: si seulement Chamonix était à 1300m au lieu de 1030m, ça m'arrangerait. Enfin, je vois le chalet, un mignon petit chalet. Il est 10h45. Même en rampant, ça devrait passer normalement. Alors je profite. Depuis 25h, j'imagine mon arrivée, cette rue piétonne de Chamonix, les gens, les cris, les applaudissements, les larmes...Alors, j'ai le droit de profiter. Je trottine et enfin, j'arrive sur le bitume. Il me reste 1km. Nico est venu me chercher. Cette fois ça y est, je vais le faire, je vais le vivre. Je ne peux pas courir, je garde des forces pour la rue piétonne. Je ne réalise pas du tout, je suis dans un autre monde. Les gens m'applaudissent, me félicitent, je suis un peu hagarde. Enfin, je vois l'Arve, je le longe, les gens m'applaudissent, je me remets à courir 100 mètres. Je marche sur le pont, prends le virage et là, enfin, c'est cette rue piétonne dont j'ai tant rêvé...Je prends mes bâtons dans une main, celle de Nico dans l'autre et je me remets à courir...les gens m'applaudissent, je ne comprends pas tout, je suis dans un rêve, les larmes me montent aux yeux: souffrance, fierté, fatigue, bonheur, trop d'émotions pour une petite Yayoun comme moi...je tiens mon amoureux par la main, mes parents m'applaudissent et m'encouragent...je cours, j'ai l'impression soudain que la fatigue s'est envolée, les applaudissements me portent mais pas trop vite, il m'a fallu 25 heures pour accéder à ça, je ralentis, profite et puis surtout je ne m'attendais pas au petit détour pour passer devant le magasin North Face, j'ai peur de craquer avant l'arrivée, de ne pas réussir à courir...Enfin, ces cinquante derniers mètres, c'est de la folie. Je ne voulais pas mettre moins de 24h pour avoir droit à cette foule en délire...La ligne se rapproche, je suis toute "bouleversifiée", je vois Manu (Rapace )avec l'appareil photo et ça y est, je la franchis derrière l'ainé de cette course âgé de 77 ans et qui m'a mis ma race en descente....
Je l'ai fait. J'ai réussi. Trop d'émotions en même temps. Nico qui me serre (et je tairai les autres détails) dans ses bras, Manu me prend en photo. Mes parents sont là pour m'embrasser, tout le monde me félicite. Je vois Céline, le petit Rafael paisiblement endormi au milieu de ce brouhaha. On me demande plein de choses, je ne sais plus où j'en suis, je suis heureuse mais épuisée. Et surtout, j'ai enfin une belle polaire rouge qui ne me quittera plus du we.
Epilogue:
Je sors de la foule pour aller m'asseoir sur les marches de l'Eglise. Je suis vidée, épuisée, j'ai tout donnée. J'ai touchée mes limites. Je mange un peu. J'essaie de me lever pour aller voir Rafael dans sa poussette: 1er essai: je tombe. Sensation étrange, je sens mes pieds, mon bassin mais entre plus rien. Je n'arrive absolument plus à commander mes jambes. 2e essai: je retombe...Je suis en hypo. Après trois petits sandwichs jambon cru fromage et deux cocas, j'arriverai à me relever...Direction l'hotel pour une sieste sous deux couvertures, je n'arrête pas de trembler.
Mais je l'ai fait. Je suis Finisher.
Bilan:
Une expérience formidable qui m'aura énormément appris sur moi, sur autrui, sur la solidarité, le soutien et le trail. Avant la course, j'étais partie pour faire la CCC cette année et l'UTMB l'année suivante si tout se passait bien. A la fin de la course et encore aujourd'hui, je me dis que l'UTMB, ce ne sera pas pour l'année prochaine. Pour faire une course comme ça, il faut une vraie préparation, il faut de l'expérience, de la patience, des muscles, bref...il me faudra encore quelques courses de ce format avant de m'attaquer à l'UTMB pour le réussir dans de bonnes conditions...car finalement, j'ai fini une course de grande mais je suis encore une petite, un poussin dans le monde de l'ultra qui compte tellement de géants...
Surtout un immense MERCI à Nico pour son soutien avant, pendant, après la course, son soutien de tous les jours, lui qui a su me rassurer, me conseiller, m'épauler, m'aider aux ravitos, me convaincre de repartir, me réconforter, me donner la force. Sans lui, ma course aurait été tout autre.
Merci à mes parents avec qui nous avons partagé toute notre préparation. Heureuse que mon père termine à 18 min devant moi (l'année prochaine, je t'aurai Papa), déçue que ma mère ne finisse pas mais c'était le plus raisonnable à faire et elle aura une revanche à prendre l'année prochaine. Ce n'est que partie remise.
Merci aux quelques étoiles qui m'ont donné la force de continuer. Cette course, c'est pour toi Ada (mon grand-père): ce samedi, moi aussi, j'ai un peu approché les étoiles et elles sont superbes...
Enfin merci à tous les kikous qui m'ont suivi sur Internet (ce suivi m'a mis les larmes aux yeux quand je l'ai lu), qui m'ont envoyé des SMS y compris pendant la nuit (n'est-ce pas le Rapace et le Dingo), qui m'ont téléphoné, qui m'ont supportée sur le parcours ( Blob, Delphine, Olivier 91, les Rapace...), à tous ceux qui étaient là à Chamonix ce we, qui ont couru, assisté, supporté et qui savent chaque année transformer cette année en une fête magnifique...
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52 commentaires
Commentaire de ptijean posté le 02-09-2009 à 21:00:00
?????TU NE PARLES PLUS?????
Commentaire de rapace74 posté le 02-09-2009 à 23:16:00
superbe CR!!!!!!
ca change de d'hab ;-))))
manu
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 03-09-2009 à 07:39:00
Enfin un CR zen !
Commentaire de eric74 posté le 03-09-2009 à 07:58:00
je m'attendais à un CR fleuve , mais là j'suis sur le cul
bravo Sarah
Commentaire de yayoun posté le 03-09-2009 à 08:07:00
que voulez-vous? Cette course m'a laissée sans voix....;-)))
Commentaire de sarajevo posté le 03-09-2009 à 08:08:00
chapeau l'artiste !! CR de malade !!!
Au fait l'hotel était bien ?
a+
pierre
Commentaire de coco38 posté le 03-09-2009 à 08:39:00
Superbe course bravo !!!
Pour le CR, il y a un lien 'Mettre à jour' |O|, il est encore temps. J'attends tous les détails de ta course...
... Surtout qu'avec 1 point gagné à la 6000D l'année prochaine la CCC me tente bien |O|
Commentaire de le_kéké posté le 03-09-2009 à 13:05:00
De loin le meilleur CR que j'ai lu sur cette course qui nous fait tous rêver !!!!
Commentaire de frankek posté le 03-09-2009 à 13:56:00
il est ou ton réçit ? mais bravo pour ta course ! recupère bien.
Commentaire de Pegase posté le 03-09-2009 à 15:54:00
Ouf, j'ai eu peur d'avoir mal à la tête à l'idée de lire 3 tomes ;-)))
Commentaire de yayoun posté le 03-09-2009 à 16:45:00
ben dis donc, j'ai déjà neuf commentaires avec un récit blanc, je ferais mieux de me taire plus souvent moi...;-)
Mais non, évidemment, le récit arrive bientôt, dès que j'aurai fini de préparer mes cours...
Commentaire de calimero posté le 03-09-2009 à 17:52:00
Cà au moins c'est un CR qui résume bien toute la grandiosité de ta performance, bravo ;-)
Commentaire de LtBlueb posté le 03-09-2009 à 21:19:00
concision et humilité , ou aller à l'essentiel ! bravo sarah !
Commentaire de Pascaline posté le 03-09-2009 à 21:37:00
Ne rien dire, c'est là les plus belles émotions, ça m'a fait plaisir de te voir finisher...Bravo Sarah !!!
Commentaire de RogerRunner13 posté le 04-09-2009 à 17:42:00
Vite! vite! la suite... quel récit palpitant, merci de nous faire partager ces moments intenses...
Commentaire de Tercan posté le 04-09-2009 à 18:43:00
Ahhhhh nan t'as pas le droit d'arreter le CR a plein milieu !!!
Vais jamais penser à le finir avec ma p'tite tête.... bon pour la peine je te charge de m'envoyer un MP quand la suite sera en ligne :)
Sinon superbe première partie, et je suis ravi de t'avoir donner 2-3 trucs qui visiblement t'ont bien servi... vu le denouement final :)
Felicitation Sarah, ta réussite me fais vraiment plaisir : tu le mérites grandement.
La SUITEEEEEEEEEE VITEEEEEE :)
Commentaire de blob posté le 05-09-2009 à 00:28:00
Alors, tu sais que j'étais scié de te croiser aussi tôt sur le parcours ? (au moment où j'écris ce commentaire, ton récit s'arrête à Champex). Tu as facilement placé 30 minutes aux copains dont je faisais la claque ce soir-là ...
La suite, la suite , .......
Commentaire de chris78 posté le 05-09-2009 à 07:52:00
Merci pour le recit Yayoun. J'attends egalement la suite avec impatience. Un GRAND bravo à toi pour ta course !!
Commentaire de béné38 posté le 05-09-2009 à 09:00:00
Comme les autres, mais j'attends la fin pour un commentaire plus complet...
Commentaire de coco38 posté le 05-09-2009 à 09:39:00
Merci Yayoun. Vite la suite.
Je commence à prendre des notes ....
Commentaire de langevine posté le 05-09-2009 à 12:11:00
Tu sais que tu me donnerais presqu'envie de tenter l'aventure?? ;-)
Je t'imagine au fil du parcours, c'est magique!!
La suite Sarah!!
Bisous
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 05-09-2009 à 16:12:00
Ben, finalement, tu t'es mise à causer ! Et quel souci du détail ! A voir ce début, on perçoit la saga. Espérons que la suite sera dantesque !
Commentaire de Grain de sel posté le 05-09-2009 à 19:45:00
J'aime beaucoup ta phrase :
"j'ai fini une course de grande mais je suis encore une petite, un poussin dans le monde de l'ultra qui compte tellement de géants".
Un poussin vraiment courageux !
Bravo, bravo, bravo...
Ton récit est super et me donne des envies.
Bonne récup', et surtout reste sur ton petit nuage.
Laurine
Commentaire de Tercan posté le 05-09-2009 à 20:29:00
Super Sarah !!!
L'UTMB c'est trop gros pour toi l'an prochain ???
Laisse moi en douter... ce n'est qu'une autre course que tu aborderas différement.
Laisse toi le tps de digérer cette superbe CCC et tu en auras envi de la grande boucle.
Et tu sais,les petits poussins, ils arrivent à faire des choses etonnantes... crois moi :)
Au pire, on fais la TDS ensemble l'an prochain :)
Commentaire de eric74 posté le 05-09-2009 à 20:33:00
BRAVO Sarah
j'aime ta sagesse , moi ce n'est que cette année que je me mets penser UTMB après 3 ans dans les trails et 2 CCC réussis ...
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 05-09-2009 à 21:19:00
Kolossal ! C'est certainement le récit le plus euh... Yayoun que j'ai jamais lu !
J'appelle ma femme tout de suite pour qu'elle le lise.
Quelle leçon pour un loser comme moi, tu ne te rends pas compte mais tu redonnes le moral à ceux qui l'ont perdu avec un tel récit.
Commentaire de coco38 posté le 05-09-2009 à 22:02:00
ABSOLUMENT FANTASTIQUE...quelle émotion !
...
Quelque chose me dit que tu ne vas pas attendre quelques années pour l'UTMB. Avec une telle volonté et un tel entourage...tu peux faire le tour complet !!!
Commentaire de akunamatata posté le 05-09-2009 à 23:13:00
Bluffé par la qualite du récit !
merci Sarah
L'UTMB n'est pas si loin que ça a mon avis
Commentaire de béné38 posté le 05-09-2009 à 23:16:00
Merci Sarah pour ce très beau et très émouvant récit. Moi aussi je le termine les larmes aux yeux en t'imaginant vivre cela. Quelle jolie quête...cette arrivée est décidemment très particulière (pour l'avoir vue de très près deux années de suite).
Reposes-toi bien.
Commentaire de Marco47 posté le 05-09-2009 à 23:44:00
Très beau récit, qui donne envie "d'en être" un jour, un jour peut-être...
Commentaire de Marco47 posté le 05-09-2009 à 23:45:00
...et aussi : BRAVO !
Commentaire de Stéphanos posté le 06-09-2009 à 10:47:00
BRAVO SARAH!
magnifique récit, que j'ai dévoré!
trés belle course que tu as bien géré et tu as su t'acrocher dans les moments difficiles et de doutes! BRAVO!
Ton récit servira à Séverine qui je pense tentera l'aventure dans les années à venir...MERCI
Commentaire de JLW posté le 06-09-2009 à 15:53:00
"Il descend avec moi jusqu'à Champex"
Tu descends vers Champex .... !!!
ou bien t'as fait un détour ou t'avais une pêche d'enfer.
Bravo yayoun pour cette course de "grande".
Commentaire de Le Bagnard posté le 06-09-2009 à 16:08:00
Merci Sarah pour ce magnifique CR !!!!ça donne vraiment envie d'y participer........ ;-)
Commentaire de jepipote posté le 06-09-2009 à 22:23:00
eh ben si avec ce CR, ceux qui doutaient encore de sauter le pas pour faire le CCC ne le font pas, j'y comprends rien moi!!
félicitations pour ta course et ce CR.
Commentaire de bibiche posté le 07-09-2009 à 07:37:00
bravo sarah
tu as su fusionner avec toi même
un récit qui change de d'habitude comme cette course la CCC si particulière
bisou
bon repos
Commentaire de laurent05 posté le 07-09-2009 à 16:04:00
bravo sarah
beaucoup d'émotion dans ton récit ...
ça donne envie de les faire ces courses des grands
à bientôt
bisous
laurent
Commentaire de frankek posté le 07-09-2009 à 17:36:00
j'ai retouvé ton réçit et quel réçit ! bravo, bravo... beaucoup d'humilité dans ton aventure et ça c'est bon pour tes prochains défis...récupère bien.
Commentaire de KiKiKoureur posté le 07-09-2009 à 19:04:00
Tout simplement splendide!
Ca donne envie et je sais maintenant quoi faire de mes points UTMB...
Commentaire de oufti posté le 09-09-2009 à 07:45:00
Super yayoun pour ta course !!! Je me suis régalé en lisant ton CR !!! A bientôt.
Commentaire de DJ Gombert posté le 09-09-2009 à 20:52:00
Content pour toi, tout simplement content que tu sois arrivé jusqu'au bout, c'était pas facile, ni gagné, j'étais même un peu inquiet avec ta fin de MSR.
Bon repos, prend le temps d'apprécié et puis ... à un de ces jours ;-)
Commentaire de Estive 73 posté le 11-09-2009 à 13:39:00
Récit Tip Top pour une course au Top !
Bravo pour ta course et merci pour ton CR
Commentaire de breizh alpini05 posté le 11-09-2009 à 22:59:00
bonsoir
Félicitations pour ta course et aussi pour ce magnifique récit.Quoi de plus beau que le sentiment d'avoir explorer (un peu..?) ses limites.Ton courage force le respect..BRAVO
Commentaire de samontetro posté le 12-09-2009 à 19:23:00
Bienvenue chez les ultras-félés grande Yayoun! Quand on dit que la tête (et le coeur aussi) est presque plus importante que les jambes dans ces courses...
En te suivant sur le net je savais que tu allais faire un grand truc! Chapeau!
Quand à l'UTMB, on le vit exactement de la même façon. C'est juste un petit peu plus long. Alors... on te suivra un peu plus longtemps sur le forum kikourou!
Commentaire de Souris posté le 13-09-2009 à 19:46:00
Bravo Sarah, oui tu l'as bien mérité ta polaire rouge... Tu as tout donné et tu peux être très fière de toi!!
Bravo
Commentaire de rapace74 posté le 14-09-2009 à 09:48:00
bravo sarah pour ta course, j'avais un peu peur que tu n'y arrive pas a cause des barrieres horaires mais tout c'est bien passé!!!!! felicitations!!!
les photos sont mise sur le post UTMB 2009 le top 3 dans l'ordre!!
bises
Commentaire de Fimbur posté le 15-09-2009 à 15:54:00
Super cr, Super Sarah
Bravo pour ta course, ton mental, et merci de nous faire vivre toutes ces émotions dans ton cr.
bonne récup
Fimbur
Commentaire de marat 3h00 ? posté le 16-09-2009 à 23:24:00
merci pour ce superbe CR. que d'émotions et de volonté ! ça donne envie et ça fait peur en même temps. Félicitations
Commentaire de Rapacette74 posté le 17-09-2009 à 13:54:00
bravo Sarah, superbe course et super CR!
on est bien content d'avoir pu assister à ton arrivée en fanfare à Chamonix!
bisous
Céline et Rafaël
Commentaire de jess06 posté le 13-10-2009 à 11:51:00
que dire en lisant ce cr...juste MERCI, pour les émotions que tu m'as fait vivre à travers tes lignes...c'est un réel bonheur, et ma petite larme n'a pu s'empêcher de couler. Bravo à toi ma chére Sarah, tu es une battante et tu n'as pas fini de nous étonner...Jess
Commentaire de myrtille posté le 07-05-2010 à 17:36:00
Merci Sarah pour ce vibrant CR, que je lis en prépa de l'édition 2010. Que d'émotion dans ton récit, les larmes me sont montées aux yeux. Comme toi je serai à la lutte avec les barrières horaires, la terreur de la nuit, les marches de Bovine ... et je penserai à toi dans les moments difficiles ! Alors au fait tu t'es inscrite à l'UTMB?
Commentaire de Shoto posté le 25-05-2018 à 22:57:47
On est maintenant en 2108 et ton récit reqte toujours aussi passionnant et vivant tres instructif pour moi qui suis inscrit à la CCC 2018. Bravo à toi.
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