L'auteur : Garraty
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 28/8/2015
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 990 vues
Distance : 101km
Objectif : Terminer
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L’Idée.
Garraty court. Cela fait environ 6 heures qu’il court. Il n’est pas seul ce jour de juin 2014. Avec lui, des centaines de gars et de filles participent au Marathon du Mont-Blanc.
Il pleut, il fait froid. Des chutes de neige ont obligé les organisateurs à modifier et réduire le parcours. ça l’arrange un peu Garraty car il ne s’est pas tellement entrainé ce printemps.
Il ne le sait pas encore, mais il finira à une modeste 1498ème place à quelques minutes d’un célèbre présentateur de JT. En ce moment, il arrive à la Flégère. Il connait bien ce lieu pour y être déjà passé pour le Cross de Mt-Blanc et ce même marathon déjà en 2008. A l’époque, le soleil brillait, il fallait encore monter pour atteindre l’arrivée. Aujourd’hui, l’arrivée a lieu dans Chamonix, alors il attaque la descente et laissant les jambes prendre la direction, il pense. Il pense, cherchant le Mt-Blanc caché derrière les nuages, que peut-être, il pourrait tenter la CCC…
Le Loto
Garraty pianote. Devant son ordinateur, il consulte le site de l’UTMB. Il a besoin de 3 points avant la mi-décembre. Il vient d’en prendre un à Chamonix. Les 2 suivants, ce sera pour la SaintéLyon.
Il s’inscrit, s’achète une bonne lampe frontale et s’entraîne pour la SaintéLyon pendant l’automne. Excellente occasion pour apprendre à courir de nuit, cet entrainement lui fait rencontrer régulièrement sangliers et autres cervidés.
La SaintéLyon se déroule sans accrocs pour une première et voilà les 3 points dans l’escarcelle.
Garraty re-pianote. Il s’inscrit au tirage au sort de la CCC et miracle, ça passe dès la première année !
La Préparation
Garraty court le Trail des Glaisins en avril. Il aime bien cette course d’habitude mais là, c’est boueux, il fait gris, les jambes ne tournent pas. Bof bof…
Puis il augmente la dose d’entrainement à partir de mai et arrive ce qui devait arriver : une douleur au genou. Rien de bien terrible mais ça gène. Il consulte, et le médecin lui diagnostique une chondrite fémoro-rotulienne. Faut se reposer. Le doute s’immisce dans son esprit…
Garraty participe au Trail de Samoëns en juin, mais ça ne fait qu’une semaine que la douleur a disparu alors il a prévu d’abandonner vers le 20ème kilomètre pour ne pas prendre de risque. Et c’est ce qu’il fait d’autant plus, qu’il se rajoute une entorse de la cheville dès la 1ère descente.
Fin juillet, il court le Trail des Fiz. Tout se passe bien. Une 89ème place le satisfait largement. Il fait le plein de confiance.
La course
Garraty est à Courmayeur. Le premier objectif est de finir. La confiance est là ; à part une blessure personne ne l’arrêtera a-t-il décidé. L’objectif non avoué est de finir en moins de 24h.
Comme tous, il a des frissons quand le starter libère les coureurs. Super ambiance pour ce départ sous les « bravi » de la foule. En petite foulée, il rejoint le bas de la 1ère ascension et il attaque la montée dans le peloton. Surtout, ne pas s’emballer et attendre patiemment de pouvoir courir à son rythme. La Tête de la Tronche est atteinte tranquillement (1371ème).
La descente vers Bertone est facile, il peut doubler un peu. Mais il ne faut pas prendre de risque : une cheville est si vite faite… (1234ème)
C’est drôle mais à l’heure où il écrit ces lignes, l’auteur n’a pas de souvenir de Bonnati (1175ème). Les paysages du Val Ferret, la chaîne du Mt-Blanc depuis le côté italien ont captivé son esprit.
La descente à Arnuva fait du bien aux jambes. Il fait chaud mais il ne souffre pas. Il pense simplement à bien s’hydrater. Puis c’est l’ascension du Grand Col Ferret. Autour de lui, tout est magnifique. Il essaie de profiter un maximum. Un groupe d’espagnols devant lui ne fait que parler troublant sa paix intérieure. Quelque part à l’arrière, un concurrent s’écrie : « ils vont pas bientôt arrêter de parler les espagnols ! Ils se sont pas vu depuis 15 ans ou quoi ! » Il n’aurait pas dit mieux mais cela ne change rien ; il faut attendre le sommet (960ème) pour doubler et retrouver un silence plus propice.
En mode tranquillou, il rejoint La Fouly (894ème) puis atteint Champex-Lac à 20h (772ème) mais Dieu que cette montée anodine sur un tracé GPS, est fastidieuse… il passe une trentaine de minutes à se restaurer. Les pâtes passent mal, rien ne sert de se forcer. Va pour la soupe, une compote, banane et autres sucreries. Un collègue lui annonce qu’il faut 3 heures pour rejoindre La Giète.
Mais en sortant de la tente, la nuit arrive et la fraicheur est tombée. Il est pris de frissons et se rend compte qu’il ne s’est pas changé. Son T-shirt est mouillé, il se change, en profite pour mettre la frontale et c’est parti pour un deuxième Trail mais de nuit cette fois.
La 1ère difficulté de cette nuit-là se fait à la queue leu leu. Ce n’est pas un rythme qui lui convient vraiment mais cela permet encore d’en garder sous la semelle. Cette fois ce sont des portugais qui tchatchent à n’en plus finir…Punaises, ils ont 3 poumons ou quoi ? Les jambes commencent à se raidir mais on arrive déjà à La Giete (661ème) puis c’est Trient à 23h30 (638ème).
Après un arrêt rapide, il repart pour la montée à Catogne. Il sait qu’à Vallorcine, l’objectif sera atteint. La barrière horaire est loin, rien plus rien ne pourra l’empêcher d’arriver. Cette montée est avalée pas à pas à son rythme (545ème). Ici on peut doubler. Par contre, la descente sur Vallorcine commence à être difficile ; il devient dur de courir partout ; chaque racine, chaque pierre un peu haute devient un véritable obstacle mais il arrive au ravito de Vallorcine. P…. que c’est bon. (551ème)
Allez, il repart tranquillement. La montée au col des Montets est facile mais tout d’un coup, c’est la panique : c’est quoi ces lumières de frontale là-haut en face ?? Dites-lui pas que c’est par là La Flégère. Ben si. Alors là, il débranche le cerveau. Il montera coûte que coûte même s’il faut mettre 4 heures. Le début est horrible. Des cailloux, encore des cailloux. Mais pourquoi bordel de merde, les organisateurs font passer la course par-là ? Ne pouvaient-ils pas faire descendre la vallée par le chemin inverse du Marathon par exemple. Il jure, il insulte, il promet qu’on ne lui fera plus jamais faire ces conneries…Par quel miracle, il arrive à la Tête au vent (515ème)? Il ne saura pas le dire.
La partie dite « roulante » jusqu’à La Flégère est une horreur. Que du minéral ! Des pierres, des cailloux, de la caillasse ; c’est interminable. Il va d’un bon pas quand même. Heureusement qu’il a des bâtons : 20 fois, 30 fois, 100 fois son pied heurte une pierre, il perd l’équilibre. Mais il avance.
5h30, La Flégère est atteinte (517ème). C’est le pied avec un grand P. Il reste plus que la descente et le soleil commence doucement à éclairer le ciel. Il part en marchant, se force à courir tout doucement puis quand le chemin s’élargit, il accélère. Chaque coureur en point de mire est un objectif. Il entre dans Chamonix, trouve encore la force d’accélerer. Huit, neuf puis dix kms/h. Jamais, il n’aurait pensé pouvoir courir aussi vite après 100 bornes et 21h25 de course. Dernière ligne droite : quelle joie, quel bonheur. Il franchit la ligne après 21h26 de course (494ème). Finisher de la CCC ! Il a l’impression d’avoir vécu tout cela comme dans un rêve. Tout est passé si vite. Tout c’est si bien passé…
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2 commentaires
Commentaire de pdu78 posté le 05-09-2015 à 21:28:52
Beau récit. Ca rassure de lire que beaucoup de coureurs on eu les memes impressions dans la montée au Col des Montets.... ;)
Commentaire de Garraty posté le 06-09-2015 à 10:37:30
Oui, voir toutes ces lumières, c'était un vrai mélange de peur et de fascination.
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