L'auteur : trinouill
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 27/8/2010
Lieu : Courmayeur (Italie)
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Distance : 97km
Objectif : Pas d'objectif
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CCC……CCC….CCC……CCC….CCC….CCC voilà le tic tac qui s’est mis en route à la pré inscription et qui rythme les battements de mon cœur à cette course mythique………la sensation et l’éxitation d’être dans le sas 8 mois avant le départ. Le tirage au sort confirmera la chose. La programmation de la saison peut commencer.
TVC et autres courses régionales jalonneront la préparation mais, comment accumuler le dénivelé en région parisienne ? Sur ce, je décide de prendre part à la « moins hard ».Quel joli nom pour une courte distance dont le dénivelé positif avoisine les 3400m pour 37 km de course. Elle est vraiment dure mais cela passe avec quand même une sérieuse envie d’abandon au 10 éme kilo ; cela m’aura permis le choix sur un dilemme sur l’utilité des bâtons et la réponse sera oui sans hésitation.
Chamonix……..magique, magnifique ; je n’ai jamais vu autant de magasins de sport dans une ville. Je rejoins mon pote avec qui je vais courir demain ; cherche mon refuge pour la nuit et par chercher mon dossard………..numéro 7000, pas mal non ?
Le soir arrive à grand pas et la tristesse puis la solitude m’envahit à l’idée de passer la nuit loin des miens. Mais l’ambiance salutaire du gîte du type ‘ les bronzés font du ski » me réconforte et m’envoie directement chez le marchand de sable.
5h …………..putain c’est tôt ;je prend mon barda et quitte le dortoir sans faire de bruit,les occupants de celui-ci s’étant conviés pour l’utmb et la tds. Merci à la patronne pour le thermos de café froid. Bref je petit déjeune tranquillou, prend ma douche et zou.
Allez hop………….tin tin tin …….en route vers l’aventure. Je monte dans le bus de son et commenceront l’approche du tunnel qui, impressionne vraiment. Le yéti, Hervé de son prénom,me dit avec son accent jurassien : « tu verra, en Italie fait toujours meilleurs qu’en France »…………..mouais me dis je en regardant le nuage dans lequel nous rentrons à la sortie du tunnel………..pas grave, on fera avec. Courmayeur est un bel endroit mais pluvieux ce jour .Nous gérons l’attente au café suivi de papotage et autre
Badaboum, patatras, zig zag en tout genres en animent le début de ’l’épreuve ‘ qui nous attend. La traversée de cette jolie ville est pleine de papotage en tout genre avec les coureurs venus des quatre coins de ce monde. Nous quittons le bitume pour les chemins de traverse qui nous emmène quand vachement haut pour cette entrée en matière. Y a un monde !!!………..la densité est assez surprenante, signe que les gens sont plus aguerris à la préparation que nécessite ce type d’effort. La montée est facile sur la tête de la tronche, c’est vraiment chouette comme endroit pour évoluer ; le panorama vu d’en haut est splendide ; 3h 26 d’efforts, tout vas pour le mieux, la première descente nous tend les bras………attention, la journée vas être longue, faut pas se griller…….bonne éclate en tout cas, je prend mon pied, le bonheur m’envahit, rien ne peu m’arrêter……….je suis le roi du monde. Salut trinouill ………tiens, j’ai été suivi jusqu’ici par loicm. Cool, encore un kikou parmi nous. Le mental est excellent est de par le fait, le reste aussi. Le grand col ferret……………pire q’auparavant si ce n’est encore plus sauvage et d’autant plus magique…………wouahhhhh, des claques, j’en prend depuis le départ………je rêvais d’un autre monde…………j’y suis et les frissons m’envahissent à l’écriture de ces mots…….c’est très intense……revivre ces moments par l’écriture…..
Le sommet qui nous bascule en hélvétie et planté de tentes himalayennes, étrange ce sentiment de faire partie d’une certaine élite dira t’on……ça me botte.
L’épisode de la pluie qui croise depuis 10h du mat n’est pas dérangeant, on chauffe moins dans les montées………..jusqu’ici tous vas bien………….
La partie suivante vas durer une bonne vingtaine de kil ‘ométres, les 5 premières bornes de descente sont joyeuses, on se marre, et oui, cela peut faire sourire……..on est bien là, la montagne continuant à se dessiner sur 360° .La Peule est un endroit assez inattendu avec ses yourtes sorties tout droit de nulle part, ces suisses sont vraiment sympathiques………….y a déjà de la casse à ce moment ;par pour moi mais pour le gars que j’aperçoit en train de dormir sur une table…………..vas pas bien lui ………reste 15 bornes de descente…..il est au plus mal…………petits encouragements à ce monsieur et zou, il y a encore de la route qui nous attend…………j’aurai du me taire. Effectivement y a de la route beaucoup, trop même, je me pose des questions à moi-même et aux mec qui l’on déjà courue……….c’est quoi ce bordel me disent ils………..c’est plus un trail c’est un 100 bornes……….
C’est, comment dire, interminable, ça te fusille les cuissots, un peu de mental mais pas cette motivation qui te transporte jusque la Foully. C’est festif et très encourageant pour la suite mais ce ravito est quand même blindé, la soupe les gâteaux, tout y passe et je repars direction Champeix, jusqu’ici tout vas bien ………..jusqu’ici tout vas bien.
T’a vuuuuuuuuuu les immeubles la hauuuut, c’est Champeix ;merci Hervé, prochaine fois je prendrai un cadenas pour fermer ton clapet……..cette phrase fuse dans ma tête,j’ai pas envie de ça, pas maintenant………jusqu’ici tous vas bien mais pas lui, ces réponses à mes questions sont sèches et sans……….non ses réponses sont nulles et je comprend qu’il est en train de perdre du mental à gogo, vivement la haut que l’on se restaure………c’est quand même raide l’approche de ce ravitaillement, j’en prend pour mon grade.
Ou lala, ou lala, c’est quoi ce délire ; il pleut à mort, la salle est comble de chez comble, personne dehors tout le monde à l’intérieur ; ici, c’est une pagaille incroyable ; désolé pour les autres mais on gruge pas mal de place et on gagne du temps en traversant une allée ‘vide’, oui oui, vide. Comment se reprendre du poil de la bête dans une cacophonie pareille ? Vite faut trouver de la place coté accompagnateurs tant pis .Changement de chaussettes pour moi…………zut , le sac est aussi trempé dedans que dehors ; heureusement, j’avais gardé le t shirt (celui remis avec le dossard) dans son emballage d’origine………ouuffff.
Tiens, les gars de Mondeville à ma table ; salut les gars…..et paf le mac gerbe devant moi………décidément cet endroit est maudit. Après 58mn de pause, nous quittons les lieux sous une pluie battante. Les frontales sont allumées, parés pour la suite, quelque peu reposés, nous poursuivons notre chemin en compagnie d’un groupe de normands fort sympathiques. Je redoute la montée suivante, on la dit rude, pas facile à ce niveau de la course …………or, à ce point là, je n’imaginait pas ; il ne faut pas avoir de petites jambes, ce serait handicapant à cet endroit ci……….jusqu’ici tout vas bien, je m’alimente correctement, dérape sans arrêt avec ces rochers mouillés/glissants, c’est long mais j’ai une parade : à chaque moment difficile, je visualise dans mon esprit le visage de ma femme Nathalie, mon fils Jérémy, ma toutoute Boulette ainsi que mes amis qui me soutiennent dans cette épreuve………..et ça marche, coup de fouet garanti. A ce moment précis, une fois Bovine passé,j’attrape comme une sorte de rictus permanent, je me souris à moi-même, je me visualise passant la ligne d’arrivée sous les hourras des spectateurs……….j’ai la banane, étrange comme sensation après ………….16h59 de course………..mon chrono s’est arrêté de lui-même. Auparavant, certaines rumeurs ce sont annoncées concernant la suite de la course tout en apprenant que l’UTMB avait été annulé et le départ de la TDS sans doute reporté…..que vas t’il advenir de nous………….jusqu’ici tout vas bien…………jusqu’ici tout vas bien.
L’Arrivée sur Trient arrive tant bien que mal, je commence à douter de la suite des événements. Les parents du yéti nous attendent avec nos fringues de rechange ;j’ai tout mis dans le sac que je leur ai donné à Chamonix, mais je leur ai donné mes vêtements pour l’arrivée donc,pouet pouet camembert,pas de change pour moi………quel con mais putain quel con. Qu’a cela ne tienne, je finirai comme ça, point bar. Mais le jurassien avait un autre t shirt planqué sous les fagots, merci, merci man…………un p’tit bisou ?Nous pointons au 70 éme kilo, comme le temps passe vite. Une nouvelle pas du tout joyeuse est élevée au son du micro tenu par le speaker, il y trop de vent à la tête au vent, conditions épouvantables et tout le toutim ; proirautage d’environ 20mn ; avec Hervé on se regarde et on se dit : Allez, avant qu’il nous bloquent on tape jusque Vallorcine, au moins, on aura déjà fait pas mal ; et on est parti.
Ici, ça ne vas plus du tout ; je viens d’apprendre que c’est foutu pour allez à Cham et de par le fait de passer la ligne, et, se prendre « ça » alors que l’on grimpe 700m de D+ sur 5 bornes après 70 km de course, le cerveau ne prend pas, mais alors pas du tout cette info pour de la rigolade. La description de ce moment est terrible car je repasse par les moments vécus avant : la banane, la joie, l’émotion ; ici, tout s’inverse dans une démesure totale : c’est l’orage cérébral, je l’ai eu, vécu, supporté mais, c’est horrible de se prend cela en pleine poire, d’autant plus que les conditions météos n’arrangent vraiment pas les choses. L’envie de tout laisser tomber, buter le mec devant vous et je suis sérieux, c’est vraiment maléfique comme sentiment, on peut basculer dans le coté obscur tant il est difficile de se contrôler pour tout un tas de chose. Le gentil petit cailloux, vous pestez dessus ; la descente acrobatique, pareil ; plus le moindre appui avec les bâtons ; votre pote qui vous attend, ça vous énerve ; vraiment une horrible situation ; les bâtons, putain de bâtons, fait chier il ne m’aident pas en ce moment, envie de les jeter…………..plus rien n’est contrôlable ;je glisse, tombe de plus belle ; j’entend et je vois les gens stopper derrière moi par mes réactions,c’est pas bon,ça ne vas plus,je vais vraiment craquer………….c’est décidé, annulation ou pas, j’arrête à Vallorcine, j’en conviens avec Hervé qui également, n’en peu plus mais supporte mieux que moi.
Vallorcine est un soulagement pour moi et pas mal de monde également, l’aventure s’arrête là, décision prise de l’organisation et poum, la tête repart dans l’autre sens, me voyant déjà en 2011 pour boucler cette satanée CCC.
Dans le bus qui nous ramène à Cham, ça y va, ça déblatère sur l’organisation, pas grave, j’enclenche le filtre à conneries et me dit que finalement, j’ai vraiment passé un belle journée avec des moments forts et très intense ; je suis rentré dans le monde de l’ultra en 18h43’36 après 80,80km et 4663m de D+.
Place à la récupération, digestion de tout cela, je reprend le train direction Pringy en seine et marne avec cette polaire de finisher dans le sac. La prochaine sera l’origole début Décembre…………….je vous raconterai.
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3 commentaires
Commentaire de JLW posté le 11-10-2010 à 21:26:00
"Jusqu’ici tout va bien".
Une sacrée édition que cette CCC 2010. Ton récit fait vraiment plaisir à lire et en plus tu l'as super bien gérée jusqu'à Champex.
Il a fallu que la météo s'en mêle et patatra tout se déraille. Pas facile d'accepter cela après des mois d'attente et de préparation. Mais c'est aussi cela le trail en haute montagne, il faut savoir l'accepter (je fais parti des victimes aussi ...) et tu reviendras plus fort en 2011, j'en suis sur.
En attendant, allons nous entrainer aux 25 bosses.
Commentaire de vogoy' posté le 12-10-2010 à 15:23:00
super ton récit, plein de recul!!!
tu as eu un sacré mental et avec ces conditions!!!
une belle entrée dans l'ultra...cela s'arrose non:)
Commentaire de frankek posté le 12-10-2010 à 18:58:00
superbe course...bravo à toi.
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