L'auteur : leptitmichel
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 28/8/2009
Lieu : Courmayeur (Italie)
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Distance : 97km
Objectif : Pas d'objectif
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Introduction
L'UTMB et la CCC... Une aventure extraordinaire.
3 pays - 166 km - dénivelé positif de 9600 m - 46 heures maxi
Sauf qu'après mes échecs en 2007 et 2008, j'ai décidé de faire profil bas cette année en m'inscrivant à la CCC et non pas à l'UTMB
La CCC, bien que souvent nommée "la petite course", c'est quand même près de 100km, environ 5600m de D+ et une limite à 26 heures pour boucler ce parcours.
Pourquoi la CCC cette année ?
Cette saison n'était pas orientée montagne pour moi, je n'avais donc pas la possibilité de préparer l'UTMB comme je l'aurais voulu.
Ensuite la CCC couvre la partie de l'UTMB que je ne connais pas (arrêt à courmayeur l'an dernier)
Enfin, si je la passe, elle me rapportera 3 points qui me serviront pour m'inscrire à l'UTMB l'an prochain
La préparation
En 2007, j'avais intégré très tôt l'UTMB dans ma préparation. En fait cela avait même commencé des Septembre 2006 après les 100km de Millau puis la saison s'était orientée vers cet unique objectif au travers d'épreuves très typées montagne (Vulcain, TGV, chevreuse…).
En 2008, pas de réelle prépa spécifique. Un objectif intermédiaire en mars pas vraiment compatible avec une épreuve de montagne (Raid Amazonie) et moins de possibilités de déplacement dans l'année.,
Dans les deux cas, je me suis planté… La première année a cause du mental qui n'a pas suivi (alors que j'étais bien physiquement), puis l'an dernier par manque de préparation spécifique
Pour cette année, la CCC n'est pas un objectif majeur, j'y vais donc très décontracté, d'autant que je n'aurai aucune épreuve de montagne dans les jambes. Mon principal D+, c'est à Montmartre que ça se passe.
La CCC présente quelques particularités qu'il faut intégrer.
Alors comment gérer ces paramètres quand on est parisien...?
En ce qui concerne la distance, c'est quelque chose finalement facile à gérer. Le truc consiste à faire de l'endurance et beaucoup d'endurance...
Pour cela c'est un travail de plusieurs mois qui est à prendre en compte, et c'est surtout un volume global qui va être à privilégier plutôt qu'un travail sur une période définie. Par chance, je commence à avoir un petit retour d'expérience qui me permet d'aborder ce point de façon sereine.
Pour l'aspect durée, c'est un peu pareil. Rien ne sert de faire des sorties régulières de 20 ou 30 heures... Cela n'aurait d'autre effet que de fatiguer l'organisme. Par contre une ou deux épreuves longues peuvent s'avérer être un plus. L'idéal étant d'intégrer au moins une épreuve avec une nuit complète, car ce point peut s'avérer chez certains difficile à gérer.
Là encore j'ai la chance d'avoir déjà fait une épreuve de durée similaire et 3-4 épreuves entre 20 et 30 heures. Donc j'ai dépassé le stade de l'inconnue, et même si ce n'est pas une garantie, c'est vrai que c'est un confort mental appréciable.
Là ou on commence à attaquer le spécifique, c'est avec le dénivelé. Pas facile de faire un travail similaire à celui de la course quand on habite en banlieue parisienne. L'UTMB ce sont de longues, voire très longues montées pendant plusieurs kilomètres...
Pour gérer cela l'objectif sera des réaliser une sorties spécifiques grâce à :
- des séances de 15 à 45 mn non stop de montée/descentes d'escaliers. Là j'ai un terrain de jeu tout prêt à côté de mon boulot…. Montmartre !
- des séances avec des montées sur route, courtes (200-300m) mais raides (autour de 20%) mais faites plusieurs fois d'affilée, ce qui permet de travailler (un peu) sur la durée
Pour le dernier point, l'altitude, là je n'ai pas de solution miracle. C'est un travail que je ne vais pas préparer en dehors d'une course en juillet. Le reste sera de la gestion "en live" une fois sur place. Bon j'ai une petite barrière à passer dès que je suis au dessus de 2000m, mais dans l'ensemble, en levant un peu le pied je sais que ça doit passer. Le tout est d'en être informé pour ne pas risquer de se griller.
A la différence de l'an dernier, je suis sur une saison de coupure, c'est a dire que depuis août dernier j'ai tourné au ralenti côté compétitions (voir à l'arrêt total pendant presque 2 mois).
Une reprise initiée en mars de nouveau stoppée en mai-juin pour cause d'entorse…
Si on y ajoute 3 semaines de vacances dans un contexte totalement défavorable à la course de montagne (chaud et plat), vous aurez compris que je suis très très loin de la préparation idéale. C'est donc dégagé de tout objectif que je vais me rendre là bas.
Le CR de la course
Bon, même avec un peu de retard, j’ai quand même jugé intéressant de faire un CR sur ma CCC.
Pour bien comprendre ce qu’il s’est passé, il faut replacer cette course dans son contexte.
En 2007, j’avais fait une bonne préparation pour l’UTMB avec des courses de montagne. J’étais bien physiquement, mais cette année là c’est la tête qui n’a pas suivi et j’ai abandonné au lac Combal…
Retour en 2008 toujours sur l’UTMB et nouvel arrêt à Courmayeur cette fois, pour cause d’arrivée hors barrières horaires. En fait j’étais bien mais c’est ma préparation qui n’étais pas au niveau (et donc je n’étais pas dans le bon rythme)
Tout de suite après ce second échec, j’ai pris 2 décisions…
La première est de ne pas revenir sur ce type de course sans une préparation adaptée. Un nouvel UTMB ne se fera que si je peux orienter au moins une saison complète aux courses de montagne.
La seconde décision est de faire une année de break côté " ultra ". J’ai fait près de 35 courses d’ultra en 4 ans et je sens bien que physiquement ça commence à coincer.
Janvier 2009. Ouverture des inscriptions pour l’UTMB. Bien sur, suivant mes nouvelles décisions, je ne compte pas y aller, mais je décide de m’inscrire à la CCC, non pas pour aller courir, mais simplement pour être dans la liste d’attente (je vais m’inscrire un peu tardivement) et être prioritaire l’an prochain (donc pour l’édition 2010 comme prévu).
Seulement cette année, pas de chance pour moi (façon de parler)… Contrairement à l’année passée, il n’y a pas de tirage au sort et tout le monde est pris d’office… Gaps !
Bon de toutes façons on verra bien d’ici là, mais pas sur du tout que j’y aille.
Le reste de la saison se déroule tranquillement…
Août - Novembre. Je lève franchement le pied et je termine en roue libre… Très peu d’entraînement et juste une participation à quelques CO sur lesquelles j’avais prévu d’aller
Décembre, Janvier je fais un break total côté sport… Pas un seul footing. Je résiste même à l’appel des raids hivernaux sauf pour le Raid 28 auquel je participe… mais en tant qu’organisateur.
Février, mois de remise en route… reprise progressive d’activité physique. Rien d’extraordinaire, mais ça fait du bien et un début d’envie se fait sentir
Mars Je recommence doucement à monter en charge…
Avril, après 2 semaines light pour cause de boulot, je me retrouve embarqué par Domi sur le seul ultra de ma saison… Un raid orientation en normandie…
Mai, lors d’un déplacement en Bulgarie, chute, entorse… Stop !
Juin, Suite de l’entorse… Activité sportive maintenue au minimum, à savoir une participation par semaine aux CO du trophée de St Quentin (mauvaise idée car ça va faire traîner mon entorse) et sinon, tir à l’arc…
Juillet. Je remonte en charge avec en moyenne 5 sorties par semaine, mais rarement au delà de 1h15
Août, vacances au Kenya… En 3 semaines ce sera un footing de 40mn…
Et voilà qu’il est déjà temps de se poser la question de se rendre ou non à Chamonix. Franchement, je n’étais pas super chaud pour y aller… Aucune sortie longue depuis 1 ans, pas de préparation spécifique (D+), un état physique général qui même si il était bon, n’était pas au top…
Alors je fais quoi ?
Ben oui, j’y vais quand même… mais j’y vais en mode ballade.
Pas d’objectif, pas de pression (sauf à la brasserie) je prends le départ et je verrai bien comment ça fonctionne.
En plus j’ai entre temps décidé de m’inscrire à une grosse épreuve pour fin 2009 qui sera mon objectif principal, donc pas question de prendre de risques sur cette CCC
Jeudi 27 Août
Départ de Paname le matin tôt, et arrivée tranquille vers 12h30 sur Chamonix… Passage express au retrait des dossards qui contrairement à l’an dernier se passe sans file d’attente… Encore un bon point de résolu par l’organisation !
Dans la foulée je retrouve mes potes de l’X’trem team pour un déjeuner en terrasse… Hé oui, il fait beau alors on en profite.
L’après midi est consacrée à la détente, avec la visite du salon de l’UTMB où je retrouve quelques connaissances (ouais, on va le dire comme ça…) et ensuite direction la piscine histoire de se rafraîchir… et aussi de prendre une bonne douche étant donné que je n’ai pas réservé d’hôtel.
Tout le matériel est prêt (cf fiche équipement). Sur la CCC il n’y a pas de dépôt de sac, donc là j’ai tout ce qu’il faut pour être autonome , comptant exploiter les ravitaillement au mieux.
Soirée avec les copains, resto terrasse, bière… bref tout va bien
La nuit je la passe dans la voiture. Oh pas de soucis, j’ai la chance d’avoir un véhicule dans lequel je peux installer un matelas et dormir pour de vrai… Je me suis installé sur un petit parking tranquille, entre les voitures d’autres coureurs… Je me couche assez tôt et du coup je me fais un gros 8h de dodo…
Vendredi 28 Août
Réveil matinal (6h15) car j’ai réservé une navette pour Courmayeur assez tôt histoire d’aller me poser là bas tranquillement (le départ est prévu à 10h) et pour éviter la cohue.
Arrivé sur place je termine de me préparer dans le gymnase, puis je vais m’installer tranquillement dans la zone de départ. Là c’est encore une opération rencontre… C’est marrant le nombre de personnes connues qu’on peut retrouver comme ça…
Je n’ai pas prévu de m’associer à qui que ce soit pour le départ, ne sachant pas du tout quel sera mon allure, ni même si je pourrai passer les barrières horaires.
10h le départ est donné… Toujours un petit coup d’émotion quand la musique retentit après la minute de silence en hommage aux personnes disparues, ce qui me touche un peu plus particulièrement lorsque Catherine Poletti évoque les 3 disparus du raid du Mercantour, et plus spécialement Philippe que j’avais rencontré quelques semaines avant lors d’un WE anniversaire en Savoie !
Allez ! c’est parti dans les petites rues de Courmayeur… Ca part bien vite me semble t-il, et même dans les courtes montées je décide de ne pas courir… Je reste fidèle a ma technique… Courir quand ça descend ou quand c’est plat et marcher (même vite) dès que ça monte
On sort finalement de Courmayeur et on se dirige vers Entrève et Planpincieux. Et ça continue de monter. Oh pas toujours de façon trop raide mais quand même, ça grimpe et je le sens bien.
J’essaie de ne pas prêter attention aux coureurs qui me dépassent. Je suis parti assez devant et donc c’est normal. J’essaie principalement de me concentrer sur mon allure et mes sensations… On alterne bouts de route et larges chemins sans problèmes de bouchons jusque là.
Ah oui, ce début de course va quand même devoir se corser ensuite car globalement sur les 16 premiers kilomètres, on va se prendre près de 1400m de D+, soit la plus longue montée de la course et aussi le passage au point culminant de la CCC avec le passage à la Tête de la tronche à 2584m.
Après Planpincieux, on s’attaque à notre première section de vraie montée. Là on alterne désormais un peu de chemin avec du sentier, bref on rentre enfin dans le vif du sujet.
Bon assez vite je me rend compte que même si je suis bien physiquement, je suis complètement à la rue côté musculaire. Impossible d’envoyer en montée ; pire je ralenti assez vite. Je pousse pour tenir le rythme, mais je sens vite les limites de l’exercice.
Pendant cette longue première partie de montée, même si cette année il n’y a pas de vrais bouchons, les quelques ralentissements qui se produisent lors du passage sur des monotraces me permettent de souffler un peu. En plus dans ces sections, l’allure globale se réduit fortement ce qui me permet de rester à la vitesse du groupe.
Alors que j’avais un peu peur du coup de barre à l’approche des 2000m, étrangement cette fois-ci ça passe tout seul. Pas de gros coup de mou. C’est d’ailleurs vers cette altitude qu’on arrive au Refuge Bertone.
Là comme prévu, je bois un peu d’eau, du coca et je repars après à peine 2mn. J’ai encore largement assez d’eau pour aller au ravito suivant et je ne veut pas traîner car la suite s’annonce ardue.
Le départ de Bertone est bien raide. Ca calme d’entrée. Je prend un tout petit rythme (de toutes façons je ne peux pas faire autrement) mais visiblement tout le monde souffre. Ca avance tranquillement. J’essaie de rester dans une traction acceptable au niveau des cuisses mais à chaque petit raidillon, je suis à la rue. Je suis physiquement bien, mais je n’arrive pas à appuyer sur les jambes pour avancer.
Et ca ne va pas s’améliorer. En gros je vais gérer ainsi toute ma progression jusqu’à la tête de la tronche.
Par chance on a non seulement un météo agréable (un peu chaude mais avec de l’air ce qui rend le soleil supportable) mais surtout des paysages superbes. En plus on voit au loin les coureurs en file indienne dans la montagne. Donc là au moins je sais où je vais.
La section finale est juste comme je les aime. Une arête étroite sur laquelle on progresse avec le vide de chaque côté… Ben oui, j’aime bien ce passage.
Arrivée au point culminant de la course. Pause technique expresse et je me lance tout de suite dans la descente.
Enfin quand je dis que je me lance c’est façon de parler. Bon dès que c’est technique je marche vite et dès que ça s’améliore je trottine… L’allure est correcte et la section est assez agréable.
Encore quelques petits coups de cul dans lesquels immédiatement je souffre à nouveau, y compris dans la montée finale sur Bonatti, et c’est l’arrivée au second ravito.
Eau, coca, je me pose 2mn sur une table au soleil… Et je me demande ce que je fais.
Ca fait 4h20 que je suis parti… La barrière horaire est à 16h à Arnuva. C’est environ 4,5 km de descente donc j’en ai au pire pour une cinquantaine de minutes en y allant tranquillement ce qui fait que j’ai quand même près de 1h50 d’avance sur les barrières horaires, alors qu’on a fait pratiquement que de la montée.
Bref, à la différence de l’an dernier je suis sur un bon rythme… Par contre musculairement c’est vraiment pas ça… Je ne me vois pas tenir encore 20h à ce rythme sans risques.
Du coup, je préfère stopper maintenant. Bon j’aurais pu pousser jusqu’à Arnuva, mais après ca devient un peu plus galère pour le rapatriement sur Chamonix.
Là je n’ai qu’à redescendre tranquillement dans la vallée et me faire transporter à Courmayeur où il y a des navettes directes par le tunnel.
J’hésite… et je me dis qu’après tout ça vaut peut être la peine de repartir. Je suis pas mega emballé, mais bon je m’y rejette. Et là, soyons honnête, ça a du durer environ 4mn… Le départ du ravito se fait par une petite montée… Et je n’arrive pas à me remettre dans le bain… Du coup, ni une ni deux, je fais demi tour et redescend au ravito.
Voilà, ce coup-ci c’est sur je me pose une bonne fois pour toute… et je me laisse reconduire sur Chamonix.
Bon et au final alors ?
Et bien je me suis fait une sortie en montagne de 4h20 avec 1500m de D+ et une météo super agréable…
J’étais bien et frais physiquement, et la situation ne fait que me confirmer qu’un retour sur l’UTMB ne se fera qu’après une saison dédiée à cet objectif (avec les courses qui vont bien en préparation).
A la différence des deux dernières années, pas de déception cette fois-ci. C’était couru d’avance (même si on a toujours le petit espoir que ça puisse passer quand même !)
Voilà, place maintenant à d’autres sorties, mais elles comporteront probablement moins de D+ !
Michel
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