L'auteur : @lex_38
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 27/8/2010
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 1706 vues
Distance : 97km
Objectif : Pas d'objectif
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Préliminaire
Depuis le temps qu’on la voulait…
C’était devenu l’objectif depuis 2 ans : faire la CCC !
Mais avec un seul but, celui de finir !
Veille de la course
RDV est prit jeudi 26 Août à Chamonix avec le Porc-Epic et ses parents, ainsi que 2 collègues du club, Eric et Patrice, pour aller récupérer nos dossards.
Pendant ce week-end là, Chamonix ne vit plus que pour le trail, l’ambiance est trailesque, les rues pleines de coureurs, du matos de sports à tous les coins de rue ! Il fait soleil, chaud, très chaud ! On trépigne d’impatience et une seule chose nous trotte dans la tête : l’envie d’être au départ !
Le soir on se partage un petit resto, et surtout une petite bière du Mont Blanc, accompagnés de Pierre et Pierre, venus au salon du Trail pour faire la pub de leur nouveau trail, le FestaTrail ! Et aussi venus pour nous encourager !
Avant le départ
Malheureusement, la météo du jeudi ne sera pas celle du vendredi !
Après un petit déjeuner entre coureurs au gîte, nous voilà parti en bus direction l’Italie, à travers le tunnel du Mont Blanc ! Courmayeur nous voilà ! Le 1er des trois C n’est pas le plus dur à atteindre !
Je retrouve alors sur place mon assistance de choc, mes parents, qui me font la surprise de venir tel un vrai fan club avec cloche et banderole ! C’est déjà bon pour le moral !
Sur la ligne de départ, la météo se dégrade de plus en plus. Puis la pluie commence à tomber… Ce n’est pas ça qui va nous arrêter !
Courmayeur – Refuge Bertone – 12.3km – 800m d+ – 1h34 – 173e
Et à 10 heures, en musique et après un décompte, les 2000 coureurs qui trépignaient sont enfin libérés, prêt à rejoindre Chamonix après un périple de 98kms et 5600m de d+.
Un peu scotché au tout départ, on essaye de partir assez vite avec Eric pour ne pas se faire enfermer à l’arrière du peloton. Dans les rues de Courmayeur, malgré la pluie qui redouble et l’orage qui gronde, les supporters sont nombreux !
Le début de la course est sur une route, ce qui permet au peloton de s’étirer un peu. Toujours avec Eric, on continue à courir et à remonter un peu. Mes fidèles supporters sont là malgré la pluie!
Puis on quitte la route et on commence l’ascension vers le refuge Bertone. Le trail commence vraiment ! C’est toujours très humide et on se dit que la suite de la course ne risque pas d’être des plus agréables ! Je sors les bâtons du sac !
Quand c’est plat, on court et quand ça grimpe un peu, on marche !
Au refuge Bertone, je m’arrête juste prendre un verre d’eau et l’ascension peut reprendre jusqu’à la tête de la tronche.
Refuge Bertone – Tête de la Tronche – 16.6km – 1410m d+ – 2h24 – 161e
Le début de la montée est extrêmement raide ! Mais heureusement, il n’y a pas trop de brouillard ce qui nous permet d’apprécier un minimum le paysage, qui doit être encore plus sublime avec le soleil ! Je suis sur un bon rythme et je remonte tout doucement. Je double alors Florence Auclair, que je retrouverai plus tard dans la course.
Après une montée tranquille sans me mettre dans le rouge, me voilà à la tête de la Tronche, le point culminant de la course. Eric est un peu derrière. La pluie se calme.
Tête de la Tronche – Refuge Bonatti – 22.1km – 1513m d+ – 3h04 – 149e
C’est maintenant parti pour rejoindre le refuge Bonatti. D’abord au milieu des vaches puis un peu plus en sous bois, cette portion descendante sera très délicate d’un point de vue stabilité ! Le sentier est souvent en devers et les glissades artistiques sont courantes ! Mais je réussi à ne pas chuter ! Ouf !
Je cours alors quelques kilomètres avec une slovaque dont c’était la première CCC également. Elle trouve le parcours un peu… boueux ! Ah bon ?
Puis voilà le refuge Bonatti et son ravitaillement. La météo a l’air de se lever, j’en profite pour poser le coupe-vent. Un verre d’eau et on y va direction d’Arnuva !
Refuge Bonatti – Arnuva - 27.1km – 1633m d+ – 3h42 – 142e
Le début de cette portion est un joli sentier légèrement vallonné. Le soleil pointe le bout de son nez et on peut voir et entendre les magnifiques glaciers qui nous entourent !
S’en suit alors une descente en lacets un peu glissante. Je descends bien, mais sans prendre de risque. Puis on voit enfin le ravitaillement d’Arnuva. Il y a beaucoup de spectateurs qui encouragent à l’approche de ce point, avec cloches et trompettes ! Bravi Bravi. Ça doit vouloir dire Bravo en italien ! Toujours cette bonne ambiance ! Je vois alors en bas les parents de Yorick qui l’attendent. Je m’arrête 2 minutes, le temps de remplir la poche à eau, de manger un tuc, et je repars alors pour la longue ascension en direction du Grand Col Ferret
Arnuva – Grand Col Ferret - 31.4km – 2401m d+ – 4h49 – 142e
J’attaque cette montée pas trop vite, mais j’ai l’impression d’être un peu mou. Je ne suis pas dans le rouge, mais ce n’est pas la meilleure forme !
Je continue lentement ma progression, mais je suis finalement au même rythme que tout le monde. Je commence à discuter alors avec un Suisse de Cran Montana et nous allons faire toute la suite de la montée ensemble ! Finalement, on ne verra pas la montée passer et le sommet est alors atteint. Un bénévole me prend en photo et nous voilà prêt pour la descente côté Suisse !
Grand Col Ferret – La Fouly - 41.1km – 2540m d+ – 5h50 – 137e
Il ferait même presque chaud avec ce soleil qui sort ! Mais ça ne durera pas… Je gère une belle descente, sans jamais me donner à fond pour préserver les quadri car il y a au total 20kms et 1500m de d- à avaler. Mais toujours sur mon rythme, je remonte régulièrement quelques coureurs. Au moment où le parcours rattrape la route, je retrouve alors mon fan club ! Par chance, le parcours recoupe plusieurs fois la route jusqu’au prochain ravitaillement ce qui va me permettre de me faire souvent encouragé !
C’est bon de se savoir soutenu, surtout que cette portion est assez longue et pas la plus intéressante ! Le ravitaillement de la Fouly est maintenant là! Un court arrêt, histoire de ravitailler, et je continue ma course.
La Fouly – Champex - 55.1km – 3103m d+ – 7h37 – 127e
Jusqu’au pied de la bosse de Champex, c’est encore une longue portion, plutôt roulante, en fond de vallée. Le sandwich au jambon a du mal à passer, du coup je n’arrive pas à accrocher quelques coureurs qui me doublent. Mais le petit coup de moins bien ne durera pas longtemps et je vais vite me remettre en jambes ! Et c’est d’ailleurs avec Florence Auclair que je poursuis ma route. Tout en discutant, on continue d’avancer sur un bon rythme, elle est plutôt rapide sur le roulant ! Le temps se couvre mais il ne pleut pas ! Pas encore…
On arrive alors au pied de la bosse de Champex. Une courte montée, mais à ne pas négliger. Les sculptures sur bois tout le long du sentier permettent de se distraire. Je suis régulier et j’avance sans jamais être dans le dur. Au sommet de la bosse, le fan club est là ! Je prends le temps de faire une photo avec ma maman et je continue rapidement jusqu’au ravitaillement. Le deuxième C est enfin là après 7h37 de course !
Je prends alors une pause un peu plus longue, 15 minutes. Je change de chaussettes, de casquette et de T-shirt. Puis, pendant que je tente tant bien que mal d’avaler quelques pâtes et une compote, la pluie se met à tomber. Je remets alors le coupe-vent, et je repars en direction de Bovine.
Champex – Bovine - 64.7km – 3828m d+ – 9h33 – 122e
En sortant du ravitaillement, je retombe par hasard sur Florence. On continue alors notre bout de chemin ensemble étant donné qu’on est sur le même rythme sur ces portions roulantes. Car avant d’attaquer la vraie montée sur Bovine, il y a une partie descendante et plate sur un chemin large.
Puis quand la montée s’accentue, en même temps que la pluie, je la distance un peu. De roulant, le chemin devient un single beaucoup plus technique, avec de gros cailloux, des marches. Je rencontre alors 2 kikoureurs venus en spectateurs, pour camper au sommet ! Des courageux ! A la moitié de la montée, je rejoins alors un groupe de 5 coureurs et je reste avec eux. On traverse un torrent et il n’y a pas beaucoup de pierres qui dépassent ! Tant pis, les pieds sont déjà bien mouillés de toutes façons !
Puis on sort de la forêt pour un chemin un peu moins raide où l’on peut trottiner. Au sommet, il y a du vent et de la pluie, je commence à avoir franchement froid et mes doigts sont bien raides ! Je pointe alors au sommet de Bovine mais je ne m’attarde pas afin de rester le moins longtemps possible dans la zone ventée !
Bovine – Trient – 71.1km – 3908m d+ – 10h29 – 116e
J’attaque alors la descente en compagnie d’un représentant The North Face ! D’abord à découvert, la descente se passe bien malgré quelques glissades car le chemin est assez boueux à cause de la pluie. Mais les bâtons m’aident bien dans ces portions plus raides et glissantes. Puis arrive la forêt. Mais en bas, il fait relativement sombre et nous décidons de nous arrêter afin de sortir les frontales ! La casquette à l’envers pour pas que la visière gène le faisceau et c’est parti pour la fin de la descente. On passe d’abord au col de la Forclaz, bien désert, avant d’arriver au ravitaillement de Trient où m’attend mon assistance ! Je refais le plein d’eau, de gels et pâte de fruits et je quitte le ravitaillement, prêt pour la première montée de nuit.
Trient – Catogne - 75.9km – 4657m d+ – 11h50 – 103e
Je rattrape un coureur au tout début de la montée mais dès que l’on attaque le single, il ne me suivra pas. La montée est moins technique que Bovine, et heureusement. Par contre il y a parfois quelques nappes de brouillard, mais pas trop, donc je ne me fais pas de soucis. Au milieu de la montée, je rattrape alors 2 coureurs, dont mon représentant The North Face qui a du faire une courte pause au ravito ! La pluie, qui s’était un peu calmée, se met à redoubler d’intensité. Puis dès que l’on sort de la forêt au niveau des Tseppes, c’est le vent qui vient s’inviter ! Je trouve la fin de la montée terrible à cause des conditions et je suis gelé ! Mais à nouveau, je préfère ne pas m’attarder en haut pour vite retrouver la forêt afin d’être à l’abri du vent.
Trient – Vallorcine - 80.8km – 4663m d+ – 12h39 – 93e
Le début de la descente est malheureusement à découvert, et le chemin parfois très très boueux ! Je ne me réchauffe pas vraiment ! Mais heureusement, la forêt est là et en effet, il y fait beaucoup moins froid ! Les lacets sont très glissants et je suis très prudent afin d’éviter une chute ! Mais tout se passe plutôt bien et le ravitaillement de Vallorcine se profile ! Nous sommes maintenant en France, l’arrivée se rapproche de plus en plus… La fin de la descente se fait dans un champ et nous y voilà. Je fais une courte pause, mais je prends le temps de changer de chaussettes et de mettre un maillot manche longue sous mon coupe-vent avant de repartir
Vallorcine – La tête aux vents - 88.2km – 5554m d+ – 14h38 – 78e
On sort du ravitaillement au milieu des buches qui brulent pour nous éclairer (et réchauffer ?). Pour commencer, il y a une longue portion en faux plat montant. Je me force à courir tout le long, jusqu’à ce que je rattrape 2 coureurs. Je reste alors avec eux jusqu’au col des Montets, où je retrouve mes supporters qui marchent quelques mètres avec moi. On traverse alors la route puis on attaque le dernier gros morceau avec la montée vers la tête aux vents. Une montée tout en lacets, assez longue et raide, avec beaucoup de cailloux et rochers, surtout sur la fin. Je me sens bien et je double quelques coureurs, mais sans jamais me mettre dans le rouge. Les rochers sont glissants, il y a parfois des ruisseaux à franchir et des énormes flaques, même si côté météo, c’est bien moins pire que les 2 sommets précédents. J’arrive enfin alors au sommet, même si le pointage se trouvera en réalité un peu plus loin sur le parcours.
La tête aux vents – La Flégère - 91.2km – 5584m d+ – 15h00 – 76e
Cette portion est vallonnée, pas de grosses montées, pas de grosses descentes, mais un sentier assez technique. Il faut faire attention où l’on met les pieds. Ce serait bien bête de se faire mal à cet endroit, si prêt du but. Je continue donc ma progression jusqu'au ravitaillement. Je pointe, mais je ne m’y arrête pas. L’arrivée est tellement proche…
La Flégère – Chamonix - 98.5km – 5618m d+ – 15h56 – 69e
Pour commencer, il faut remonter jusqu’aux bâtiments de la Flégère. Au sommet, je retrouve Christophe, de l’ALE, avec qui j’avais couru un bout du ROC de Chartreuse 2008 mais que je n’avais pas pu accrocher ! Puis j’attaque la descente, d’abord sur un bout de piste de ski, puis dans un chemin en lacets en forêt. Je déroule, sans prendre de risque, et je double quelques coureurs. A mi-descente, il y a alors une longue portion plane, jusqu’au chalet de la Floria. Je me force à courir sur un bon rythme car je sais maintenant que la fin est proche. Puis la descente continue sur une large piste forestière et on rejoint enfin le goudron à l’entrée de Chamonix. Je commence à me sentir heureux. Et sur le pont, je retrouve alors Pierre et Benjamin qui m’attendent. Je me mets à dérouler comme un fou sur ce dernier kilomètre en ville, Pierre a mes côtés et Benji qui court devant en me filmant ! Des spectateurs sont là et m’encouragent, j’ai la banane, les larmes qui me montent aux yeux tellement je suis heureux. Puis mes parents sont là aussi, fidèles supporters ! Dernière ligne droite et je franchis cette arche d’arrivée tant attendue, heureux comme jamais je ne l’ai été à une arrivée ! Le troisième C !
Après l’arrivée
Je me change rapidement étant donné qu’il pleut, afin de ne pas prendre froid. Malheureusement, j’apprends que la course a été stoppée à Vallorcine pour des raisons de sécurité. Du coup, seulement 444 coureurs verront l’arrivée à Cham, dont Eric, et tous les autres ont été bloqués, dont Patrice et surtout Yorick. Je suis un peu dégouté pour lui, mais surtout fier car il a bouclé 81kms dans de bonnes conditions, et qu’il avait tout pour aller au bout ! Ce n’est que partie remise ! Bravo mon Frère-Fun !
Débriefing
Non je n’ai pas gagné, loin de là, mais jamais je ne me serais cru capable de boucler cette course en moins de 16 heures, surtout dans ces conditions. J’ai l’impression, à mon niveau, d’avoir fait la course parfaite, bien gérée. Je suis heureux, Finisher CCC tout simplement !
Merci
Tout d’abord un grand merci à mes parents, supporters et assistance du week-end, bien appréciable dans ces conditions météos, et sans qui je ne serais peut-être pas allé au bout comme ça
Merci à Pierre et Benji pour ce dernier kilomètre qui restera gravé à jamais
Merci à tous ceux qui m’ont envoyé des SMS avant la course pour m’encourager et qui m’ont suivi pendant la course : Amélie, Magali, Pierre, Karin, Christelle, Anne-Sophie, William, Olivier, Cyril, Elodie, Maz, Emilie, Seb, Pauline, Hervé, Laurence et tous ceux que j’oublie…
Pour immortaliser cette course, voici une magnifique caricature de l'ami Pat Mine HB! Un excellent dessin pour un excellent souvenir! Merci Pat!
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4 commentaires
Commentaire de vogoy' posté le 11-10-2010 à 11:42:00
bravo Alex!
une jolie remontée cette course !
que d'émotions lorsque l'on passe la ligne et quel bonheur de partager sa passion avec sa famille, ses proche !
bravo et l'an prochain, c'est l'UTMB alors:)
Commentaire de Land Kikour posté le 11-10-2010 à 17:26:00
Merci pour le récit et bravo d'en avoir terminé si vite....
Commentaire de raspoutine 05 posté le 12-10-2010 à 18:17:00
Ça fait plaisir une CCC qui est allée au bout !
Et en plus, tu sembles avoir survolé l'épreuve avec une bonne pêche jusqu'au bout. Superbe, cette remontée permanente !
J'aurais bien aimé connaître ta préparation pour cette épreuve si particulière.
Bravo pour ta perf et merci de nous l'avoir fait découvrir.
Raspa
Commentaire de frankek posté le 12-10-2010 à 18:55:00
belle perf...sous ce temps terrible ! bravo
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