L'auteur : pixou
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 30/8/2024
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 308 vues
Distance : 100km
Objectif : Terminer
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La CCC.
Difficile de retranscrire l'attente et l'excitation avant cette course. Il y a toujours un peu de stress avant un départ, surtout quand on sait que la journée va être longue et que finir n'est pas gagné. Mais aujourd'hui c'est différent. Pas mal de travail pour obtenir un dossard, un objectif sur plusieurs années, la notoriété de l'endroit... Un peu le trac aussi car on sait que des amis et la famille vont suivre la course à distance. Bref, j'arrive relativement bien préparé, heureux d'être là, impatient d'en découdre, excité par le défi.
Je loge à Courmayeur donc pas de réveil trop matinal, je suis tranquille dans mon sas de départ. Discours peu inspirants (j'avais adoré le marathon de Verbier où on avait eu droit à un poème de Kipling), boum c'est parti.
L'excitation est à son comble, je vois le cardio qui monte anormalement alors qu'on a fait que quelques dizaines de metres, je passe à côté de Catherine Poletti et c'est idiot mais je me dis "ah ok, c'est donc vrai tout ça". On fait un petit tour du centre-ville, puis on monte sur une route forestière qui s'élève doucement au-dessus de Courmayeur..
Au bout de 4-5km, on arrive dans le fameux single qui bouchonne, tout le monde reste sage sauf une nana qui essaie de doubler et s'embrouille un peu avec les autres concurrents. C'est très international, pas mal d'asiatiques, des américains, des australiens (j'hallucine en pensant au bilan carbone: est-ce que j'irais à l'autre bout du monde pour faire une course, certes mythique, mais qui n'est qu'une course quand même ?).
On se traîne dans la montée à la Tête de la Tronche, et enfin ça s'étire un peu, mais les gens n'osent pas doubler de peur de se faire engueuler.
On arrive enfin à ce premier sommet, ça fait plaisir de lever la tête et de voir le paysage magnifique. Descente roulante vers le 1er ravito à Bertone qui permet enfin de dérouiller un peu les jambes, on aperçoit Courmayeur au fond et on voit bien le détour effectué. Ensuite c'est parti pour les balcons vers Bonatti. C'est joli, il fait beau et on peut dérouler.
Au ravito d'Arnouvaz, je sais que les choses sérieuses commencent. Je m'alimente à peu près. J'ai déjà bu pas mal mais la température monte doucement (ça n'est quand même pas la canicule, faut pas exagérer).
Vers les 2/3 de la montée vers le grand col Ferret, je suis un peu crevé, allez je vais faire une petite pause et m'asseoir tiens. Ah mais en fait non, ça ne va pas du tout. Je transpire à grosses gouttes, j'ai quelques vertiges, ça ressemble à une hypoglycémie. Beaucoup de coureurs me disent un mot gentil, une coureuse échange quelques phrases pour être sûre que je n'ai pas besoin d'aide (et me demande notamment si je suis encore assez lucide pour penser à manger et à boire, ahahahah, bien sûr que je suis lucide, ah oui tiens manger c'est une idée...). Je me surprends à me dire que merde, quand même, je vais pas m'arrêter au bout de 25 bornes, on vient juste de commencer ! Je sais aussi que j'ai du temps et qu'en général ça passe. Au bout de 20 min je repars doucement. Je refais une petite pause de 5min et puis je me hisse comme je peux au grand col Ferret, vidé mais j'avance.
Je reprends une bonne pause un peu plus bas, à la Peule, où un point d'eau a été installé.
A la Fouly, ce n'est toujours pas la grande forme, je m'arrête un bon quart d'heure et j'essaie de manger/boire. Heureusement que tout ce secteur depuis le col est en descente facile et roulante, jusqu'à la remontée vers Champex. Je n'ai pas beaucoup d'énergie mais j'arrive à suivre le rythme autour de moi, je double même un peu maintenant.
En sortie de Champex, c'est dur de relancer, et on attaque la montée vers la Giète où j'arrive un peu après la tombée de la nuit. Ravito de soupe sympa dans la grange, attention à la tête. Arrivé à Trient je fais une petite photo de la fameuse église rose pour un copain qui y était cet été. Il reste 30 bornes et c'est le moment où on sait qu'on va finir.
Sauf que derrière, ça monte VIOLEMMENT jusqu'aux Tseppes, ça me rappelle la montée du rampeau de la saintelyon tiens, en plus alpin et 4 fois plus long, enfin bref. La descente vers Vallorcine n'est pas très roulante, je m'arrête assez peu, il reste une seule grosse montée.
Je trouve la montée vers le col des Montets facile, presque un faux plat, le sentier est large. Il fait bien nuit et on est par petits groupes, on peut causer. Ca se raidit avec la montée du Béchar et surtout on arrive sur une descente vraiment technique, des gros cailloux partout, c'est raide et je ne m'y attendais pas vraiment. Un coureur brésilien avec qui j'ai fait la montée depuis Vallorcine me demande "Are we done now ?". Pas vraiment non, je sais que tant qu'on n'a pas fait le bout de piste de ski à la Flégère, on n'y est pas. Il reste quelques centaines de mètres de D+ et on y est enfin. Ca doit être magnifique mais à part les étoiles, pas grand chose à voir.
Les gens disent que la dernière descente est difficile, franchement elle passe plutôt mieux pour moi que les précédentes vers Trient ou Vallorcine. Passage devant la Floria (pas grand monde sur les 3-4h du matin). Et puis c'est l'euphorie des derniers km, la passerelle, les rues mythiques de Chamonix. Un grand calme au milieu de la nuit, quelques familles venues encourager le papa ou la maman sur les derniers mètres. J'arrive un peu après 4h, 25min de plus que ce que j'avais en tête, pas mal du tout.
Je suis bien, je souris, une bénévole veut bien prendre une photo avec mon téléphone, je prends un hot-dog et une bière. C'est donc ça la CCC. C'était bien. La fin d'un bon cycle. On va souffler un peu avant de penser à la suite, avant de penser tout court.
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1 commentaire
Commentaire de Shoto posté le 21-09-2024 à 10:36:39
Bravo pour ta course et merci pour ton récit qui m'a fait revivre ma CCC 2018 (voir mon récit et ma vidéo sur le site kikou). J'étais arrivé bien plus tard que toi avec mon pote à Cham. Cette course est grandiose malgré le monde.
Sympa de voir tous ces coureurs venant du monde entier même si tu as raison, le bilan carbone des courses UTMB n'est pas très favorable ...
J'avais adoré le sentier en balcon face au mont blanc ... prodigieux !
Tu as bien su gérer ton coup de mou dans la montée au grand col ferret. Bravo.
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