Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2010, par lolod

L'auteur : lolod

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 27/8/2010

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 904 vues

Distance : 97km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Une course dingue


Récit de ma CCC 2010 : course hors du commun


La mise en place


Finalement, mon mentor Antoine ne viendra pas. Il a une santé fragile le petit. Sa présence me manquera le jour J au départ de la course. Heureusement l'organisation du covoiturage facilite les rencontres. C'est avec Stefan, Anthony et Thierry que les discutions autour du trail s'animent.


Les bulletins météo se dégradent à l'approche de la course. La dernière prévoit averses avec éclaircies, mais rien de catastrophique. L'arrivée en bus sur Courmayeur nous laisse encore du répit. A une heure du départ la bruine arrive et on démarre sous une bonne averse à 10h.


En italie, une bonne période.


Les jambes sont bonnes en ce début de trail. Je vais tenter de rester dans le rythme des 17h. Seule fausse note qui plombera un peu ma course, une première petite entorse à la cheville gauche vers Planpincieux à cause de la pluie. J'ai oublié les essuie-glaces sur mes lunettes. L'an prochain, verres de contacts!! Pour une fois l'hydratation et l'alimentation me donnent satisfaction. Dès le début de la course, j'ai profité de mes provisions perso (noisettes, amandes, raisins secs...) et de la soupe aux vermicelles qui passe super bien. Jusqu'à Bonatti, je suis dans les temps de 17h mais le palpitant monte trop à mon goût. Je continue malgré tout vers Arnuva au même rythme et profite enfin de quelques maigres éclaircies. Ce n'est pas cette année que je découvrirai en live le spectacle magnifique des Grandes Jorasses versant italien. A 160/165 battement par minutes, le coeur va trop vite, et je décide (enfin?) de calmer le jeu dans la montée du Grand Col Ferret en le stabilisant vers 145/150. Je bascule en Suisse après 5h05min de course.


En suisse, moments difficiles.


Dans la descente, je n'hésite pas à attaquer dès le début. Cette partie « montagne » me convient bien et je sais qu' après je risque de souffrir. En effet entre La Lechère et Issert, il y a environ 12 km de descente roulant. Ce type de terrain ne me convient pas trop, surtout qu'on y avale une bonne partie de bitume. C'est calamiteux: une bonne trentaine de coureurs me dépasse dont Stefan qui me talonnait derrière à 5min. Il s'envolera vers un résultat magnifique de 17h04min. Je suis carbo après cette descente (je préfère le raid en montée et en descente, pas taillé pour le marathon le bonhomme!) et la montée vers Champex est alors bien casse-pattes.

Après 8h05 de course, je décide de manger un peu mais les pâtes ne passent pas trop. Je retourne à la soupe aux vermicelles qui confirme ses bienfaits et sur les conseils d'un habitué je tente le yaourt. Dur, dur, une cuillère pour maman, une pour papa, une ....L'envie de vomir n'est pas loin mais au fond de moi je sens que le yaourt (nature) apportera ses fruits. Je repars après une pause finalement de 30 min. Trop longue.

A la sortie de Champex je marche 3km pour faciliter la digestion. A l'attaque de Bovine, montée réputée pour sa difficulté (grosses pierres, racines, pente..) le yaourt a remis d'aplomb le bidon. Il ne bruine plus trop à ce moment (enfin). Je regagne environ 10minutes sur l'horaire 17h sur cette montée. Malheureusement, à la descente la pluie redémarre. Il faut en plus allumer ici les frontales. Malgré l'attention, les deux chevilles lâchent. Putain !!!Elles jouent avec mes nerfs. La gauche en prend un sacré coup. Au final, sur toute la course, 8-3 pour la gauche. J'en ai les larmes aux yeux de subir ici mes années foot....Un moral d'acier m'incite à continuer à chaque fois de suite après l'entorse pour éviter de gamberger. Au prochain trail, je strappe tout çà. Je reperds ainsi 5 minutes jusqu'à Trient à cause de ces désagréments. Un thé, de la soupe et c'est reparti. Dans la montée des Tseppes, le coeur ne monte plus au delà des 130, trop fatigué. Cependant, dans chaque montée les sensations sont plutôt bonnes. J'avance donc tranquillement et sereinement sous la pluie. Dans la descente, encore trop longue à mon goût, et avec toujours autant de boue, de flaques, vers Vallorcine, la cheville se tort de façon encore plus importante. Avec l'habitude....Arrivée à Vallorcine après 14h05 d'effort, éreinté au niveau cardiaque, je mets du temps à récupérer. La gentillesse et l'attention des bénévoles sont remarquables. La fatigue se lit sur nos visages et ils s'empressent de nous réconforter avec du thé chaud, réchauffer nos vêtements autour d'un brûleur de gaz. Réconfortant dans ces moments de faiblesses. Merci, merci à eux. Je mets quand même 15min à récupérer avant de repartir. A ce moment , je pouvais espérer arrivée en 17h30min environ.


La tempête


Allez c'est reparti sur une partie plutôt cool jusqu'au col des Montets (toujours sous la pluie qui me semblera finalement clémente dans quelques dizaines de minute). Dès le début de la montée à la tête aux vents, le déluge commence: pluie torrentielles plus brouillards avec une bruine tenace.. Le chemin est un véritable torrent. Pas facile d'autant plus que le terrain est difficile. Grandes marches, beaucoup de pierres. Au début le chemin reste malgré tout repérable à 5 mètres. Après environ une heure (600mètre de dénivelé environ), la pente s'adoucit mais pas les conditions climatiques. Je ne pensais pas que cela pouvait être pire. Sur un passage herbeux et un peu plus plat, le chemin d'origine traverse des petits ruisseaux. Au feeling, on (dans ces conditions les coureurs se regroupent par petits groupes pour se soutenir) cherche un peu les balises et on doit traverser des torrents de 20 à 40 mètres de large en ayant de l'eau jusqu'aux mollets. J'arrive à la tête aux vents après1h10 d'efforts et de questionnement sur ma présence ici. Malgré mon expérience de montagne et de haute montagne, je n'ai jamais connu de situations aussi difficiles. Pas toujours facile de repérer la prochaine balise, mais leur présence fut vitale. La traversée descendante vers La Flégère. Toujours en groupe pour s'aider dans la recherche des balises (on ne voit toujours pas au delà de 5/10 mètres) est éprouvante psychologiquement. Environ 50 minutes interminables pour finir ce passage (au lieu d'environ 30 dans des conditions correctes). J'arrive à La Flégère en 17h06 pour déguster un thé bien chaud. J'apprécie de porter ma gore-tex en voyant certains souffrir d'hypothermie. Des coureurs mettent leur couverture de survie comme sous vêtement avant d'affronter la dernière descente. 5 minutes de répit avant de repartir le long d'une piste de ski. Après quelques centaines de mètres, un chemin doit partir à gauche. Sur la piste, les balises sont assez éloignés et nous hésitons à continuer la piste à chaque balise. Après plusieurs hésitations, on trouve le chemin qui part en lacets à travers les bois. Le chemin n'est pas très raide, et ici, malgré la pluie persistante, il n'y a plus de problèmes d'orientation. La cheville se rappelle deux nouvelles fois à son bon souvenir. A la Floria, une large piste nous ramène sur Chamonix.


Chamonix, arrivée.


Sur le goudron vers l'arrivée, je trouve encore la force de courir pour dépasser quelques camardes de galère. A 4h28 du matin, j'en fini avec cette épopée devant quelques rares personnes. L'arrivée n'est pas très joyeuses mais elle clos un magnifique effort. Juste une petite pointe d'amertume, une coupure de courant me prive de mon temps officiel. Les officiels auraient pu noter nos arrivées sur une feuille de papier. Enfin, à ma montre j'ai 18h28min et cela j'en suis finalement fier.


Remerciements


A ma femme et mes enfants pour avoir supporter mes quelques semaines d'entraînements.

A mes parents pour la découverte de la montagne depuis ma plus jeune enfance.

A Antoine pour me motiver, me pousser, me donner encore plus confiance dans mes possibilités.

Aux bénévoles



Denis


3 commentaires

Commentaire de vogoy' posté le 12-10-2010 à 15:30:00

chouette CR, avce les conditions terribles de course, le chrono est annecdotique... le passage de la tête au vent me rappelle de sacrés souvenirs...
Mais où sont les balises, où est le chemin...sous le ruisseau en fait !!!
ouaip, une édition au mental qui servira pour la suite.

Commentaire de frankek posté le 12-10-2010 à 18:57:00

bravo pour ta course. c'était loin d'être facile...

Commentaire de raspoutine 05 posté le 13-10-2010 à 07:12:00

Incroyable ! Le ciel qui tombe sur la tête !
Avec tes descriptions, on comprend mieux pourquoi cette course était aussi calamiteuse ! Il fallait quand même en vouloir pour persévérer jusqu'à l'arrivée.
Une magnifique performance !
Bravo et respect !

Raspa

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