L'auteur : akunamatata
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 24/8/2007
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 2933 vues
Distance : 86km
Objectif : Faire un temps
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Il est des week ends qui semblent durer, durer...une vie. Ou des bouts de vies différentes, si différentes qu'elles nous semblent un peu étrangères. Métamorphoses c'est le mot qui me vient à l'esprit. Welcome aboard!
D'abord le camp de base de Bons en Chablais (à 800 m d'altitude!), chez mes charmants hôtes Didier, Violaine et le petit Camille constitue une bonne entrée en matière. Assez loin de Chamonix (1h de voiture) afin de ne pas être trop influencer par la UTMBmania qui sévit gravement en ce moment. Je goute à l'air bien plus vivifiant que celui de la méditerranée, le soleil m'a suivit jusqu'ici car les semaines précédentes ont été très pluvieuses. La météo s'annonce comme la plus clémente depuis l'histoire de cette épreuve en 2003, le Mont Blanc se pare d'un manteau neigeux tout frais, un bijou à regarder sans modération. Chose que je vais appliquer à la lettre au risque d'avoir un torticolis à gauche du cou. Pourquoi à gauche parce que le mont blance sera à notre gauche pendant le tour! Ah oui je ne vous ai pas prévenu mais le plan c'est ça:
http://www.ultratrailmb.com/page.php?page=presentation
"Sept vallées, 71 glaciers, 400 sommets... le massif du Mont Blanc fascine.
Faire le tour du Mont Blanc, c'est découvrir un univers incomparable, celui de la haute montagne impressionnante et magique ; c'est partager le rêve éternel des pionniers, c'est traverser le jardin féerique de Gaston Rebuffat et des récits de Roger Frison-Roche et découvrir la géographie intime des sommets: l'arrondi du Mont Blanc, l'arête de Bionnassay, la Noire de Peuterey, la Dent du Géant, la paroi des Grandes-Jorasses, les pointes sud et nord de l'Aiguille du Tour, l'Aiguille Verte, la verticale des Drus...."
Rassurez vous je ne fais que le demi tour (Courmayeur à Chamonix, 86 km 4500m D+), pour l'instant l'heure est à l'inspection minutieuse des sacs. Ceux ci doivent comprendre le matériel obligatoire (pêle mêle: couverture de survie, lampes frontales, piles de rechange, bande de strapping, veste imperméable etc...) iindispensable pour retirer le dossard à Courmayeur (Italie). D'ailleurs la lecture du règlement et du roadbook est une épreuve en elle même: pas moins de 60 pages d'explications, de plans en tous genres sont nécessaires pour intégrer le minimum d'informations cruciales et souligne quant à l'évènenment hors norme de par sa longueur et sa dureté dans le landernau du trail. La logistique, le ballet incessant des acteurs sur 4 jours (coureurs, touristes, bénévoles, presse, organisateurs, et autres VIP...) donnent immanquablement le tournis.
En attendant de plonger dans ce maelstroem, nous prenons une bonne respiration au frais.
Nous voici à Chamonix, sous un soleil radieux. Une queue impressionnante pour le téléphérique de l'aiguille du midi nous promet un week end chargé de touristes dans cette belle petite ville où je reviens avec plaisir après un le raid north face de 2004.
La statue du docteur Michel Paccard nous rappelle que nous sommes entourés d'hommes et de femmes ayant dédiés leur vie à la montagne (auteur de la 1ere ascension du Mont Blanc le 8 Aout 1786).
Je trouve avec plaisir Koline, Philippe, Emmanuel sur la stand des Ufos (magazine Ultrafondus). Sachant ma propension à prendre des photos, Yoyo me branche sur Phil pour obtenir une accréditation presse inesperée. Bref, tout roule bien et quelle fut ma suprise de voir que le package presse contient, outre le badge presse sésame passe partout sur l'épreuve, des "perks" attrayantes (sacs, frontale petzl etc..) . J'ai l'impression d'être un gosse découvrant les cadeaux au pied du sapin. Merci Phil ;)))
Au fond, Scott Jurek des US (un top gun dans son genre) discutant avec Phil (peut être de la Western States Endurance Run ? ).
Ici à Courmayeur, peu avant le départ (et même un peu après l'heure la faute à un tunnel du Mont Blanc fut un peu plus encombré que prévu) Violaine fait la distribution de crème solaire.
Sur la ligne de départ évidemment un monde fou, ci desssous Julien (casquette rouge), notre meilleure chance de l'équipe kikourou (il a remporté le trail du TGV devant l'icône népalaise Daichhiri Dawa Sherpa à son premier trail)
L'ambiance est électrique, ici les compétiteurs ne frappent pas des mains mais lèvent leurs batons tels des épées à l'orée d'une campagne de guerre. Toutefois si l'excitation est palpable, je sens une certaine humilité face aux 86 km et 4500 D+ qui nous attendent. Ci dessous Le Bulot, concentré menton sur la paume des bâtons, semble adresser une prière silencieuse.
Dédicace du Bulot à la communauté de kikoureurs qui nous suivent en live (grâce au tracking UTMB aux points de passages disposés tout au long du parcours) à partir du site kikourou. Live que l'on "revit" toujours avec plaisir une fois rentré au bercail.
Le départ est donné avec une demi heure de retard, je suis bien placé grace au Bulot qui me fait une place juste derrière la banderole. Je joue aussi du fameux sésame presse pour m'immiscer devant la scène et ainsi revêtir l'identité du reporter en quête de photos privilégiées. Ca part vite, trop vite, mon cardio atteint les 160 puls/min alors que je devrais être à 145. Mais chacun sait qu'il faut se presser avant les sempiternels bouchons, annonciateurs de la montée vers Bertone. Le parcours dans les petites rues de Courmayeur est plaisant mais chaud, j'ai un oeil sur le cardio, je prends des clichés histoire de refroidir le moteur et la tête. A la fin d'une prise de photo vers l'arrière, je me retourne et me prends ... un mur d'une maison dépassant un peu sur le bord de la route. Le gag ! Plus de peur que de mal car heurté à 2km/h, mais ça surprend.
Dans le vif du sujet dans la montée de Bertone, le rythme est élevé et je crois contrôler en en dépassant pas les 155 puls/min et les 1000 m/h. Mais il faut reconnaitres à la place que j'occupe (environ 250ème) je me fais doubler de partout. Cependant je suis dans les temps des 15h (ce qui correspond à la 130ème place!) d'après l'estimateur d'allure de Rémi et de Thierry. Le calcul de Rémi est plus théorique tandis que celui de Thierry, résolument tourné vers le concret, s'appuie sur les statistiques de l'an dernier. Ce qu'il faut retenir, c'est que, en moyenne, les compétiteurs finissent à 40% de la vitesse de départ ! Pas besoin d'être Hawking pour deviner qu'une vitesse la plus constante possible est l'optimum. Donc je prévois un temps final de 15h,un temps d'arret d'une heure au total, et une vitesse de fin de course à 70%. Hop j'imprime et plastifie le tout, voilà une précieuse aide qui permet d'avoir tous les temps de passages et même les vitesse ascensionnelles !
Il ne manque plus que la météo à intégrer dans le calculateur, car pour le moment je cuis dans cette montée et ce n'est pas vraiment prévu dans excel ça?
L'hélicoptère nous suit dans notre progression, ses pales font un bruit assourdissant malgré la distance. Les pauvres spectateurs sont victimes du souffle de celui-ci faisant virevolter dans les airs d'un seul coup sac plastiques et autres déchets. Autant pour la propreté ethique mis en avant par l'organisation, 5 secondes ont suffit à éparpiller plus de détritus que j'en ai vu tout au long de la course...
Direction le grand col Ferret, le point culminant du parcours (2537 m), j'ai un peu trop mangé à Arnuva, surtout du jambon cru... Je crois que je n'aurai pas dû. Le mode d'attention "étroit interne" (d'après notre spécialiste Ufo de préparation mentale Francois Castell) c'est bien mais "le large externe" c'est mieux pour prendre des photos.
L'ascension est lente voire pénible pour moi, j'ai pas de souci au niveau souffle (le cardio montre un rythme tout à fait correct aux alentours des 150 puls/min), mais j'ai les cuisses lourdes. Je dois certainement payer mon manque d'entrainement en course à pied de ses deux derniers mois. Des petites blessures à répétitions qui m'ont fait tour à tour décliner les participations aux Off du ventoux, trail du canigou et 6000D. J'ai dû compenser en nageant et en faisant du vélo jusqu'au dernier moment (grosse charge d'entrainement entre J-15 et J-9). Grosse satisfaction quand même de savoir que la douleur au pied droit semble stabilisée, je ne pense pas abandonner à cause de cela. En parlant d'abandon, à 300m de la tente jaune, signal du sommet, un concurrent devant moi s'accroupit et commence à vomir. Un petit check pour savoir si il va bien, mais l'altitude a eu raison de son estomac, pfft si près du but.... Quant à moi je bascule au sommet (km 21, 322ème 10minutes de retard sur l'objectif) et entame la loooooonnnngue descente (17 km) qui mène successivement à la Peule, la Fouly puis Praz de Fort.
Autant de marques intermédiaires qui me font prendre conscience d'une baisse de régime importante, je perds régulièrement des places et du temps sur l'objectif des 15 h. Plus sérieux mon cardio m'indique que mes pulsations diminuent elles aussi, 145,140 puis 135. J'ai perdu la vista et le plaisir s'en ressent dès que le plat ou les montées du relief apparaissent. Je bois régulièrement et m'alimente correctement mais j'ai l'impression que le syndrome trail de Signes ou de Mimet s'est mis en marche aussi (JM+ chaleur + durée au delà de 3-4h = total meltdown). A l'approche de la base de vie de Champex (km45, 1477m), je ne marche plus très droit, j'ai mal à la tête et au coeur, si le spectre de l'abandon existait il serait entrain de danser de joie autour de ma carcasse fatiguée. Pourtant je n'ai jamais envisagé d'abandonner, je devais être trop "stone" pour ça, par contre je me demandais comment j'allais pouvoir finir! Vous voyez la différence? Shazaam! La métamorphose opère de nouveau et j'ai un éclaire de lucidité à l'approche de Champex: je sors mon APN pour filmer les courageux spectateurs venus nous encourager. Oté quelle ambiance!
Tounik (un kikoureur) m'a devancé et m'a pris en photo (bien que sur le coup j'en ai absolument aucun souvenir). Preuve édifiante sur mon état ...avancé..et je suis poli.
Champex La base de vie porte bien son nom, la première chose que je fais c'est de m'allonger près de la salle de repos, puis je fais les comptes "15h on oublie, le cardio on oublie (je l'enlève), la pause de 15 minutes on oublie (j'ai du prendre 40 minutes), Courmayeur 7h demain matin* on oublie". Bref une petite mise à niveau mentale s'impose afin de se libérer l'esprit et accepter une nouvelle situation. Les compteurs remis à zéro, mon cerveau reboot: faim, soif, les reflexes reprennent le dessus et cette routine me permet de surnager avec un cerveau bien embrumé. Je rencontre pas mal de kikoureur dont Tounik qui me dit qu'Albanais est dans le coin et qu'il repartira dans quelque temps aussi , je n'ai pas la force de chercher dans cette salle bondée et surchauffée. Un bon plat salvateur de pates se révèle être d'un réconfort hors du commun. Je suis requinqué moralement et même physiquement, boudiou ne serait-ce qu'un problème d'alimentation ! Je repars rasseneré quelque peu de Champex (désormais 395 ème mais je m'en fous royalement à ce moment) et prêt à affronter la terrible montée de Bovines (+700m D+ en 4,8km), juge de paix de l'épreuve (rien que ça!). J'ai même fière allure devant le lac de Champex.
*on verra ça à la fin ;))
Je marche tranquillement, digérant sagement le repas. Mais rapidement "Bovines sort rapidement ses épines", des racines, des rochers forment des marches énormes très irrégulières qui cassent le rythmes des compétiteurs. Pour ma part, je suis scotché à 500-600 m/h soit nettement en dessous de mon rendement habituel (800-1000m/h), mais à ce moment ce n'est qu'un paramètre de plus à intégrer à l'équation. Je me fais doubler par une foultitude de concurrents, je m'écarte conscienscieusement du chemin pour les laisser passer, peu de remerciements j'entends sauf de la part de groupes qui arrivent à bavarder. C'est pas grave, nous sommes tous dans le dur et après 10h de course la politesse est un luxe que seul les plus frais peuvent se permettre. Mon altimètre AXN 300 (merci pour le cadeau d'anniversaire la famille !) va se révèler un allié précieux dans cette infernale montée. Fidèle à mon habitude mentale de discrétiser les difficultés, je coupe l'ascension par tranche de 100 m de denivelé. Puis je m'accorde une pause sur un confortable rocher pour boire, grignoter (crème de marron, noix de cajou hummm merci Koline pour les conseils diététiques) et prendre des photos des marcheurs (d'ailleurs la lampe frontale Led Lenser micro chip en plus du flash marche pas mal du tout pour éclairer les sujets la nuit :-))) et enfin je m'auto-congratule d'un <<Yessss 1400m atteint allons rallier le 1500m maintenant>> Le pire c'est que c'est efficace, j'enfile les petites victoires comme les perles sur un collier. Collier constituant un bon rempart d'ondes positives face à l'adversité. Dans cette environnement presque hostiles, les rencontres sont rares mais précieuses, j'en garde une insolite pour Phil. Un bon petit thé au ravito en haut de Bovines pour fêter l'évènement de mon passage (418ème, 10h30 de course).
La descente après Bovines reste un mystère encore pour moi, où a commencé l'envoutement ou la transformation ? Serait ce la lune ? Or quand l'esprit du photographe disparait faute de lumière, il ne reste plus qu'un coureur. En descendant vers le col de la Forclaz, mon esprit s'imprègne, s'approprie les lieux, je cours enfin sans douleur et sans entrave. J'utilise un état ressource de ma trousse à outil de gri gri mentaux, cela me dope littéralement. La descente technique, qui me rappelle les pentes du sud, est avalée avec une aisance insolente. D'habitude j'ai toujours une petite appréhension de jour, mais ici et maintenant est une révélation. Je n'ai pas peur, mon differentiel de vitesse avec les autres concurrents est au moins de deux, le faisceau de ma led lenser éclaire de 1,5 à 10m devant moi et Ô miracle les pieds trouvent eux mêmes les endroits repérés une demi seconde auparavant par le halo blanc lumineux de la diode laser. Je suis bien et je m'éclate à jouer au Pac Man. Musculairement, les quadriceps ne souffrent absolument pas car j'ai le corps bien en avant, seul des tensions aux niveaux des ischios me rappellent de prendre des comprimés de sporténines anti crampes. Les passages de plats sont un peu rébarbatifs mais le nouvel Akuna descendeur n'en finit pas de se métamorphoser. Sous le ciel étoilée, au milieu de clairières sombres dévoilées par le faisceau blanc de ma frontale, mes modes d'attentions à leur maximum, je tiens à la main mes bâtons diosaz raid 700 pointes en avant et porte mes manchons tattoo. Est ce vraiment le cas ? Je sens une plutôt une lance dans mes doigts, mes bras sont ornés de tatouages tribaux, je me vois tel un guerrier Masai dessiné par un Hugo Pratt ayant trop bu pour me placer ici, en montagne, à la place de la savane africaine. C'est ainsi métamorphosé que je cours pour courir sans réfléchir, juste être ici, juste être.
J'arrive à Trient avec un moral et physique intact, j'arrive même à faire rire les jolies bénévoles du poste de BIP.
Lumière, chaleur, couleur... un retour à la civilisation me tire de mon auto-hypnose, je suis de nouveau dans la course. Je demande des nouvelles de la tête de course: écoutez ma réaction !
Je repars de Trient revigoré par la belle victoire de Julien. Peu après la sortie du ravitaillement je croise un couple qui s'embrasse amoureusement avant d'attaquer les Tseppes . Même dans la nuit noire, je jurerai que l'éclat de leur baiser illumine, un bref instant, notre chemin. Je me prends (de loin) pour Doisneau et les convainc de recommencer pour que je puisse prendre une photo pour le mag. Merci Mickael V., à croire que ce baiser furtif fut un inépuisable réservoir d'énergie car il finit loin devant moi à Cham.
Si la course Courmayeur Chamonix est moins prestigieuse que son ainée, les "pattern" sont similaires: j'observe volontiers autour de moi que le traileur n'est pas seul face à l'adversité. C'est presque un projet collectif où ami, compagnon, mari, femme et enfants tiennent une place primordiale dans notre coeur et notre mental. Un astre brillant et chaud dans notre univers mental, fait d'images et de sensations que l'on active et déplie quand le corps se rebelle et le moral s'effrite.
J'aborde les Tseppes plus confiant, un bénévole ne m'a t il pas avoué sur le ton de la confidence que cette montée est plus constante, moins anarchique que Bovine. Las, dès les premiers lacets je suis toujours confronté à notre chère gravité classique newtonienne (pas de passage dans l'hyper espace j'en ai bien peur!). Rebelote, la routine "100 m de dénivelé et une pause pour fêter l'évènement" s'avère nécessaire, tout les traileurs que j'ai dépassé avec impertinence m'enrhument de nouveau. Je les encourage et leur dit qu'on se verra dans la descente. En haut, vers catogne, la magie (noire?) opère encore, abracadabra...Vous connaissez la suite. Il est des nuits où la lune aime se jouer des mortels... Moi qui d'habitude est plus un grimpeur que descendeur, je ne saisi pas ce qui m'arrive. Comme si mon sens du danger etait inhibé, je trouve tout ludique, mon pied dérape et je manque de me fracasser, bah! pas grave les quatre où cinq appuis suivants servent à rétablir l'équilibre instable mais suffisant. Tel un équilibriste avec son bâton, mes bras ont leur propre vie et dansent autour de moi au gré de mes déséquilibres.
Je dépasse un traileur avec une lumière frontale rouge, l'instant d'après j'entends un cri et je distingue des pieds sur le chemin tandis que le rouge éclaire les arbres. Bref il me faut dix mètres pour m'arrêter et revenir porter secours au malheureux. Plus de peur que de mal, il a un mal fou à remonter sur le chemin. Je continue mon chemin en essayant de me convaincre que la vitesse me protège de la chute.
Vallorcine, je suis toujours optimiste quant à mon état de forme, mon nouveau profil de descendeur me sied bien car il ne reste plus de grosses montées et mes jambes sont en bon état. A présent je ne fais que remonter au classement, je ne cours pas en montée mais sur le plat et dans les descentes. Tout est facile, c'est la fête à Pac Man si chère à Yoyo ! Jusqu'à Cham je gagnerai ainsi plus d'une quarantaine de place. Je me suis fait doubler par un seul traileur en la personne d'un Bulot survolté.
A propos de Chamonix, c'était assez calme vers 5 h 30 du matin. Je finis comme une balle, et goûte à l'arrivée avec une joie contenue (17h01, 343ème) car je sais que la journée ne fait que commencer! L'Akuna Masai disparait avec la nuit et l'Akuna reporter numéricus se dit qu'il y a encore du taf.
Le ravito est vite expédié, il faut que je me dirige dès à présent aux sacs pour me changer et repartir au plus ivite sur l'UTMB. Ah oui je ne vous l'ai pas dit, mais le programme reporter UFO comporte une option suivi "live embedded" UTMB à partir de Courmayeur samedi 7h du matin. Un petit "reality check", me fait prendre conscience que le planning a du plomb dans l'aile, la faute au 2h de galère entre le km30 et km40.
La bonne nouvelle est que le cerveau a l'air de fonctionner, je (cours, hum non, trottine, hum non) claudique jusqu'à la salle de massage où Nathalie (stand bénévole, encore merci à elle) a entreposé mon PC sous clef. Puis récupère mon sac de rechange au gymnase. A présent, c'est l'impro totale il faut trouver du jus pour mon PC, mobile, APN, PDA, antenne GPS, pace maker (non je déconne;-). Chargé comme une mule je vais à la recherche de la fée éléctricité. C'est finalement près du dortoir que je trouve mon bonheur, une prise multiple "rhaaa lovely" comme le dit si bien Gotlieb. Une mention spéciale à tous les bénévoles de ne pas m'avoir (dit que j'étais) pris pour un fou ce matin là à chercher plutot du courant que d'aller prendre une douche et se piauter comme tout sain d'esprit et de corps le ferait.
Une fois mes petits joujoux numériques au ravito, je m'accorde enfin une pause pour me changer et m'assoir tranquillement. Plus que 1heure à attendre la pleine charge, le hall est exposé froid (portes ouvertes) et je me blottis autant que je peux en position foetale. Curieux d'avoir le plus froid maintenant...
Il est déjà 7h, que dois je faire? Rallier Courmayeur vers 9h et accompagner comme prévu les kikous et Ufos sur cette partie du parcours. Même si j'ai bien fini la CCC, le "meltdown" avant Champex a refroidi méchamment mes prétentions à refaire Courmayeur - Champex. De plus j'ai déjà couvert d'un point de vue photographique cette partie. Je décide, non sans une petite prière d'excuse à ceux qui voulait me voir à Courmayeur, d'aller directement à Champex en tête de course et voir la montée de Bovine de jour. Je repose mes affaires (PC + sac) au massage.
Avant d'embarquer aux navettes, je discute avec debizej (Jérôme) auteur d'une belle course (86ème, 14h13), il part sur Courmayeur retrouver sa voiture.
La route qui mène à Champex est longue, sinueuse à souhait. Toutefois j'arrive à somnoler entre deux virages en tête d'épingle. Près de 2h30 de petites routes sont nécessaires pour rallier la base de vie de Champex. J'arbore mon badge presse bien en évidence, signe de ma dernière métamorphose, mais mon accoutrement de traileur déclenche un réflexe quasi pavlovien des badauds: une salve d'applaudissement immérités me gênant au début. J'ai beau expliquer que je fais le reporter mais apparemment ça leur fait plaisir, ça me va. Après c'est comme la célébrité on s'y fait ;-))).
Il est 10h30, les premiers arrivent en vue de Champex, (je suis un peu redescendu en sens inverse pour prendre des bon shots). Je reconnais les Dawa, Olmo, Jacquerot mais je dois avouer que nombreux visages du top 15 me sont inconnus. Dommage ce n'est que plus tard que les noms connus de Millet, Guillon etc..ont pu être raccrochés à une personne.
Daichhiri Sherpa ci dessus avait l'air facile, Sam (Bonaudo, on se connait j'ai fait quelques reportages pour son trail de signes) en passant me demande "combien de Sherpa?" , je lui répond laconiquement 12'. Et le voilà qui s'auto invective "rhaaa j'ai perdu du temps, allez Sam". Bref il n'a rien lâché car il a finalement réussi à ravir la 4ème place à Daicchiri.
J'ai vu auparavant Mermoud devançant le toujours vert Marco Olmo (58 ans), celui ci une lueur malicieuse dans les yeux, l'air ravi du joli tour qu'il va faire aux "jeunots". En effet peu après Champex le leadership ne lui échappera plus. Je discute ça et là avec d'autres gars de la presse, il font des bouts de film pour "l'ours", une sorte de pool d'images où viennent piocher différents grand médias. Intéressant de voir l'autre coté du miroir. Peu après le passage impessionnant de Nikki (Kimball), je décide de repartir (non sans avoir mangé un bout) vers Bovine.
Comme je marche les compétiteurs me demande souvent si ça va, ou si j'ai besoin d'aide. Même les meilleurs ont les bons réflexes ça fait chaud au coeur. Certains insistent pour me prendre en photo à l'image de ce solide hongrois Oliver Lorincz aux trousses de Val (il finit 7' derrière!).
J'ai croisé Val alors que j'avais une mise au point GPS, pas le temps de le prendre en photo, je me rattraperai plus tard. Le GPS me permettra de géolocaliser mes photos pour une exploitation sur google earth par exemple.
Un troupeau d'Ufos me dépasse allèrgrement à la faveur d'un franchissement de rivière, il s'agit entre autres de Coureur solitaire, Yoyo, Dur dur. Ils avancent bien et surtout ils sont solidaires dans l'effort.
Voilà ci dessus le type de "marche" qui fait mal dans cette montée. De jour on se rend mieux compte. Passé la zone de combat, les paysages environnant sont à couper le souffle. Karine garde le sourire malgré le retard conséquent sur l'Italienne et surtout sur Nikki.
Pas grand chose à ajouter, sauf peut être que vous pouvez voir ces images et beaucoup d'autres sous google earth en téléchargeant ce fichier KML.
A vallorcine, Valery, toujours fringant, même si il disait le contraire, nous a fait forte impression.
J'étais aussi surpris par la volonté de certains qui, malgré les blessures, allaient au bout d'eux mêmes au delà du raisonnable. Cet anglais par exemple avec le dos tordu, suite à une chute, a rallié l'arrivée sous nos yeux ébahis.
Mais le meilleur est pour la fin avec la troupe d'ufos plus Clierzou63, une fois de plus le mental solidaire des Ufos a fait des merveilles.
Je vois L'Dingo à l'arrivée, il y a quelque chose qui cloche mais bizarrement sur le coup je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Pour ma part je suis bien éreinté, je retrouve avec plaisir Cyril qui a accompagné Yoyo et Cie depuis les Tseppes.
Après l'excitation de l'arrivée et du travail bien fait, je n'ai qu'une envie, prendre une bonne douche et dormir. L'Dingo m'apprend qu'il a fait une hypoglycemie, vous savez celle dont on se remet? Eh bien lui c'était l'autre type. Même le doc n'a rien pu faire pour lui. Or à le voir à coté de moi, il a l'air correct ??!?? C'est sûr il doit être frustré mais il met tout son coeur à aller supporter les unsn et les autres. Il a même pris mon APN dimanche à 3h du matin pour allez voir Agnes, Il m'a pourtant secouer et j'ai dû lui répondre "mmrmrggrfff" depuis le lit de camp.
Ci dessous Steve et L'Dingo
C'est avec plaisir que je découvre les photos prises, ici le Sanglier et Sandrine
Au petit matin, L'Dingo me secoue pour aller accueillir Phil, Mathias et la Souris. Je joue des coudes pour arriver dans l'aire d'arrivée et endosser une dernière fois l'habit de reporter. Je n'ai plus d'empreinte digitale à l'index tellement j'ai pris de photos.
Phil et Runstephane finissent groupés, il ont fait le plein d'émotions et l'ont bien retranscrit ici et là et méritent leur thé Darjeeeling?
La Souris et Mathias en finissent à leur tour.
Les habituelles arrivées qui font chavirer les coeurs ! Notamment celle d'un traileur tout seul, marchant l'air de rien, se mettant à craquer et sangloter à chaude larmes sans pouvoir s'arreter. Même l'inénarrable speaker (ceux qui ont subi ses calembours douteux s'en souviennent) n'a pas su quoi dire. Très grand moment d'empathie collective démontrant, si besoin est, que cette course est de la race des plus grandes.
Cette année 62% de finishers, c'est exceptionnel ! Il a fait beau certes mais il faut le faire!
http://www.flickr.com/photos/akunamatata/sets/72157601768003150/
et le diaporama
http://www.flickr.com/photos/akunamatata/sets/72157601768003150/show/
Akuna
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25 commentaires
Commentaire de taz28 posté le 02-09-2007 à 09:13:00
Et un superbe récit de plus, et de merveilleuses photos en prime !!
Le CCC ou l'UTMB ne se terminent jamais finalement grâce toutes ces lignes de souvenirs...
Merci Akuna pour tout cela, je suis fan ;-)
Bisous
Taz
Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 02-09-2007 à 10:10:00
Akuna !!! Comment oses-tu nous planter là comme ça ?
C'est pas humain, ça, et très frustrant :-(
La suite, vite !
L'escargot_en_manque !
Commentaire de vboys74 posté le 02-09-2007 à 10:13:00
Comme d'hab, un excellent récit du "nouvel Akuna"!
Un brin de poésie pour une belle aventure!.
Bravo JM et à bientôt!
seb
Commentaire de gdraid posté le 02-09-2007 à 10:33:00
Merci akunamatata pour cette première partie de ton excellent CR, où la victoire de Julien semblait te tenir tant à coeur...
JC
Commentaire de Jerome_I posté le 02-09-2007 à 12:21:00
alut Jean-Marie,
cool ton CR.J'avais pas capté que tu étais aussi mal à Champex... Très beau CR plein de tes superbes photos. Je crois bien que la plus belle soit celle de Champex au bord du lac avec ce ciel!!!
On attend la suite.
Sportivement, a bientot
Jérome
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 02-09-2007 à 16:51:00
La suite ! La suite ! La suite !
Merveilleuses photos !
Commentaire de DidierC posté le 02-09-2007 à 18:43:00
Bon, alors, Akuna, répète après moi: Bons en CHABLAIS, pas en Valais! on est pas loin de la Suisse mais quand même!:-)
A part ça aucune faute de goût, et même si je connaissais les photos, je ne m'en lasse pas...
Commentaire de Khanardô posté le 02-09-2007 à 21:31:00
P... de récit !
Merci Akuna, comme d'hab, c'est du haut niveau !
On attend la suite... !
Commentaire de l'ourson posté le 02-09-2007 à 23:21:00
Beau récit, belle balade qui fait baver d'envie devant le diaporama ;-) Merci, tu comptes déjà toi aussi au nombre de mes zamis que je vais sans doute maudir le jour où je vais m'embarquer à mon tour dans cette galère ;-)))
Commentaire de akunamatata posté le 02-09-2007 à 23:28:00
promis je m'y remet dès que possible pour la fin du récit !
Commentaire de may posté le 03-09-2007 à 19:30:00
salut Akunamatata et Bravo pour ta belle course!
RDV à l'UTMB 2008!
au plaisir de te croiser et merci encore pour tes photos qui sont toujours aussi belles.
may
Commentaire de oufti posté le 03-09-2007 à 21:09:00
Bravo pour la course et les superbes photos!!!
Commentaire de maï74 posté le 04-09-2007 à 15:29:00
Superbe CR, comme d'hab... vite la suite !!!
Commentaire de linda70 posté le 04-09-2007 à 19:28:00
salut !!
je suis une admiratrice de tes photos c'est un regal pour les yeux
bise
Linda ;)
Commentaire de Say posté le 04-09-2007 à 23:51:00
Chalut Jean Marie
Tes récits sont toujours impressionnants et pas que pour les photos. Encore un grand moment de lecture dont je ne peux que te remercier.
Coli
Commentaire de akunamatata posté le 07-09-2007 à 19:45:00
désolé pour le retard, la seconde partie est parue!
Commentaire de riri51 posté le 07-09-2007 à 20:30:00
Merci JM, superbe CR et félicitations pour ta perf. Vivement un petit off sur la sainte victoire afin que je puisse apprécier tes progrès de descendeur!!!
Commentaire de gdraid posté le 07-09-2007 à 20:53:00
Cela vaut la peine de revenir te lire akunamatata.
L'avalanche de photos magnifiques, et ton récit de qualité me donne beaucoup de plaisir à suivre une si belle course.
Merci pour ton talent si élégamment offert à tous.
JC
Commentaire de akunamatata posté le 07-09-2007 à 21:31:00
merci content que ça vous plaise, pour la descente c'est pas moi c'était le guerrier masai, et c'est seulement la nuit du coté de Bovines ;-)))
Commentaire de Jerome_I posté le 07-09-2007 à 22:56:00
Salut Jean-Marie,
je viens de finir de lire le CR complet. alors l'année prochaine enfile tes manchons de masai et on s'élancera sur le grand tour... ;-)
A une prochaine sur les chemins.
Jérome
Commentaire de tounik posté le 10-09-2007 à 16:39:00
Bravo, très heureux que tu es retrouvé des forces pour bien finir ta course.
Commentaire de ALBANAIS posté le 11-09-2007 à 08:53:00
salut akuna
merveilleux récit et de si belles photos
quel plaisir de se replonger dans tout cela 15 jours après
je suis content de t'avoir vu à ton arrivée à cham
amitiés
albanais
Commentaire de rapace74 posté le 13-09-2007 à 07:13:00
bravo jean-marie pour avoir fini le CCC et recommencé une partie de la course apres
merci pour ce CR et ces photos ,c'est tjrs un vrai regal a regarder
manu
Commentaire de Le Bulot posté le 14-09-2007 à 15:46:00
BRAVO, BRAVO et Grand BRAVO
CR de chez CR , fabuleuses photos
heureux de t'avoir enfin rancontré et j'espére que nous nous re-croiserons pour papoter plus longuement.
Merci pour celle de la concentration du départ il esr vrai qu'à ce moment précis c'est une sorte de priére mais surtout la prise de conscience que c'est la dans les heures qui suivent que je dois montrer a mes proches (ma femme en 1er) que ces mois de préparation n'ont pas etaient vains ce n'est pas a moi même que je dois prouver quelque chose mais a tous ceux qui me suivent via internet (cousins, cousine, freres soeure, oncles etc...).... faut pas que je me plante....
le bulot
Commentaire de mokujin13 posté le 21-01-2008 à 20:50:00
félicitation,étant inscrit cette année ça me donne beaucoup de renseignement et m'instruit pour mes prochain récit sur la forme car vraiment on prend son pied en le lisant ça donne trop envie!!!
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