Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2013, par yves_94

L'auteur : yves_94

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 30/8/2013

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1361 vues

Distance : 101km

Objectif : Objectif majeur

6 commentaires

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Ca, c'est fait !

J-8 mois

 
Nous voilà fin décembre, les inscriptions pour la CCC sont ouvertes. Cela fait quelques années qu'elle me tentait cette course, et finalement, après avoir progressivement monté en durée et difficulté de courses, je m'inscrit sur la CCC (et sur la Montagn'hard 60 début juillet qui me servira de trail de préparation. La MH60 sera également mon premier vrai trail de montagne avec du D+ conséquent.)
 
J-2 mois
 
MH60 : Belle course, bonne sensations, bonne gestion de course, bref, tous les voyants sont au vert pour la fin août. On me dit que la MH60 est plus "dure" que la CCC, ce sera à voir...
 
J-15 jours
 
Enfin de le départ en vacances dans les Alpes en famille, histoire de décompresser un peu et de faire deux sorties, une de 4h avec 1500 de D+ et une une une de 2h et 1000m D+ que je place vers la mi août. Je le fais en mode assez tranquille. Après c'est repos, siestes, et petites balades tranquilles en famille.
 
J-4 jours
 
Les gars de la PTL passent devant l'appart, on les encourage avec les enfants, l'ambiance commence à monter et je suis assez admiratifs du chemin qu'il vont parcourir !!!
 
J-1 jours
 
C'est le jour des mini courses pour enfants. Il fait super beau et mes enfants sont super motivés pour la course des micro-CCC (quasiment comme papa...) 400 m à fond, avec une super collation à l'arrivée...cela motive. Je croise même Sébastien Chaigneau qui venait encourager son fils...(j'espère que le mien lui a foutu une raclée sur ce 400m ;) ). Juste avant, j'avais été chercher mon dossard. Une heure d'attente, un mini stress pour le contrôle des sacs (on ne sait jamais...j'aurais pu oublier un truc), mais finalement tout s'est bien passé et tout commence à se concrétiser ! Le soir, j'échange rapidement mon no de portable avec Bubulle qui s'apprête à faire un suivi de fou !
 
J-0
 
Le réveil est mis à 4h45, mais je me réveille à 3h30...puis je tourne en rond...Le sac et toutes mes affaires étaient prêtes, donc départ pour Chamonix à 5h25. J'avais initialement un bus a 6h30, mais en arrivant vers 6h10, j'ai demandé à un gars de l'orga si je pouvais monter dans le bus...pas de soucis...et hop nous voilà partis vers Courmayeur.
J'attends tranquillement dans le hall de la bibliothèque qui est situé à 3m de la ligne départ...il y fait plus chaud, et j'ai même trouvé un petit banc. Un coup de crème solaire, quelques mots avec les voisins, et j'attends tranquillement.
A 8h15 je commence à me diriger dans le sas des 6000. Ce sera donc un départ à 9h15. (là j'ai pas bien joué le coup, car j'aurais peut-être évité un peu de monde dans les montées si j'étais parti dans la 1ère vague...mais bon au moins je ne partirai pas trop vite)
 
Je suis parti sur un plan de passage de 20h, auquel il faut rajouter les temps de ravitos. Mais j'espère pouvoir les "intégrer" en allant un peu plus vite à chaque fois.
 
Courmayeur - Bertone
 
Le départ de la deuxième vague est donné. Je suis sur la première ligne mais je pars tranquillement en courant, et au bout de 1-2 km, je commence à marcher rapidement avec les bâtons dans la montée goudronnée. La première partie en sous-bois se fait à bonne allure, mais dès que nous passons sur la partie plus raide pour monter à la tête de la troche, c'est un peu bouchonné. Mais je prends mon mal en patience, mais c'est vrai qu'il est difficile de rentrer dans son rythme et son allure. Je mets 2h18 pour monter, tous va bien pour l'instant.
Arrivé en haut, je prends quelques photos, et donc du coup je perds pas mal de places au classement, mais bon, cela en valait vraiment la peine : la vue est magnifique !!
La descente sur Bertone se fait assez tranquillement, tout en doublant quelques personnes. Arrivé au ravito, je vois deux trois verres et je repars direct. J'avais prévu en effet de m'arrêter un minimum craignant le monde. Mais finalement ça allait encore...2h51 de course pour 2h55 prévus...bon timing!
 
Bertone - Bonatti
Le chemin en balcon est vraiment sympa. J'alterne course et marche rapide, je prends encore quelques photos en route (et perds qqs places) mais finalement j'arrive au bout de 4h de course au refuge de Bonatti, pile poil dans les temps du tableau de passage. Ravito rapide de nouveau (2-3 minutes) et je repars pour Arnuva.
 
Bonatti - Arnuva
Je continue en alternant course et marche. La descente sur Arnuva se fait à bonne allure, et les cuisses commencent à chauffer un peu, et puis le corps également car il commence à faire drôlement chaud tout de même par ceu beau temps d’août. Ravito de Arnuva en 4h50, dans les temps. J'en profites pour faire un pause technique, remplir la poche d'eau et galérer un peu avec la poudre, boire quelques verres de coca. Finalement je suis resté plus longtemps que prévu sur ce ravito (15-20 minutes) alors que je m'étais dit globalement que je resterais le minimum de temps. Pourtant je n'ai pas eu l'impression de trop traîner...
 
Arnuva - Grand col Ferret
Bon, là cela commence à monter raide. C'était la deuxième grosse difficulté du parcours. Après cela, je m'étais dit qu'on ne faisait que descendre avant de donner 3 bons coup de culs pour finir... Je monte en 1h20, assez conforme à mon tableau de temps de passage, même si je pers bcp de places au classement, dû à mon avis au temps que j'ai passé au ravito, car je n'ai pas eu l'impression de me faire doubler tant que cela dans la montée !
 
Grand Col Ferret - la Fouly
Arrivé au sommet, je commence à sentir une mini crampe dans le bas des cuisses, j'attaque donc la descente assez tranquillement mais finalement la crampe passe et je peux tout doucement accélérer...je dois frôler le 10km/h ;) wow !
La fin de la descente vers la Fouly n'est pas si raide que cela, mais après plus de 7h de course, je sens mes petites fibres des cuisses qui se cassent bien... Arrivé au ravito après 7h44 pour 7h37 du plan. Remplissage du camel, re-galère avec la poudre, petite soupe aux vermicelles que je prendrai à tous les ravitos à partir de maintenant. 15 minutes d'arrêt et je repars.
 
La Fouly - Champex 
 
Je marche rapidement sur 1-2 kilomètres car j'ai du mal à relancer. Cela me permet de digérer un peu aussi... Je trouve cette partie du parcours sans vraiment beaucoup d'intérêt...un chemin en caillasse qui finalement mène à un chemin en balcon en sous-bois où je m'accroche à une petit groupe de 3-4 coureurs qui ont un rythme assez constant. On fait un petit 9-10 km/h qui me va bien que j'arrive à tenir jusqu'à la côte qui mène vers Champex. Je commence à sentir une petite sensation de fatigue et de froid dans le bas du cou, mais je n'ai pas la présence d'esprit de mettre une couche supplémentaire... Champex n'étant pas trop loin, j'avais prévu de me changer là-bas. La montée est un peu longuette, je double quand ce n'est pas trop raide, je mais fais doubler quand ce l'est, mais j'arrive finalement à Champex où mon épouse et mon fils m'attendaient. Arrivé au ravito en 10h08 pour 10h02 prévu. Bref, je suis globalement assez constant. Au ravito, c'est un gentil bordel général. Il y a vraiment trop de monde... Mon fils me fait gentillement remarquer que mon voisin vomit ses pâtes par terre, je suis bien content d'être encore en relative bonne condition... Je me change en mettant un TS ML, bois une soupe, refais le plein de pâtes de fruits et je repars accompagné de mon épouse et mon fils sur quelques centaines de mètres. Le moral est finalement encore assez bon après ces 10h de courses. Les jambes sont certes fatiguées, mais il me semblait que les 3 dernières bosses étaient assez gérables.
 
Champex - Bovine - Trient
Petit point de côté sur le plat, sans doute que j'avais encore un peu froid et que la digestion n'était pas encore tout à fait terminée. Je mets la frontale au début du chemin en sous-bois et je marche à bonne allure, et finalement je double pas mal de personnes. Dès que le chemin de raidit, je commence à peiner pas mal (manque de jus?) Je prends une petite pâte de fruits, mais j'avance pas si vite sur ces chemins raides. La montée sur Bovine semble durer une éternité ! Mais finalement la montée depuis Champex se fait en 1h55 au lieu des 2h08 prévus (!!?!?) Arrivé en haut, je sors le coupe vent. Je me dis que j'aurais peut-être du le sortir plus tôt, j'ai toujours une sensation de froid et de fatigue/froid dans le haut du dos.
La descente se fait en marche rapide, je sens que les suisses sont un peu HS et je n'ai pas envie de me vautrer. Je mets une 1h20 pour descendre au ravito, ce qui est finalement pas tellement plus lent que ce que j'avais prévu dans mon roadbook (1h15). Au ravito, j'ai 15min de retard sur le planning, je reprends un peu de soupe. Le camel est toujours bien plein, j'ai vraiment du mal à boire en course. Donc je me force à boire deux-trois verres de coca-eau et je repars au bout de 15 minutes (trop long...mais sur le moment, j'avais quand même pas l'impression de traîner...).
 
Trient - Catogne - Vallorcine
700m de D+... Bon Ok, je mets un pas devant l'autre et j'avance. Dans cette montée, il n'y a plus trop de monde devant ni derrière. J'aime assez cette sensation de monter tout seul dans le noir ! C'est raide, mais cela me semble plus facile que la montée de Bovine. En tous cas, le moral est bien revenu et je sens la fin arriver ! Je monte en 1h28, pille poil comme prévu ! Arrivé presque au sommet, il y a un gars qui joue de la trompette en pleine nuit perché sur son petit refuge...magique !
La descente vers Vallorcine se fait également en marchant rapidement. Deux trois glissades bien récupérées avec l'aide des bâtons. Je me dis qu'il faut faire gaffe ! En plus mes Cascadia ont les semelles qui commencent à être bien abîmées et je manque d'adhérence. 1h05 pour descendre et me voila au dernier ravito. Je reconnais le chemin emprunté pour le MMB...cela fait quand même du bien de le faire dans ce sens ;) Soupe + pain + coca et je repars. J'ai par contre toujours de l'eau dans le camel, donc je ne remplis plus, et je jette le reste de poudre qu'il me reste. Cela fait un bien les quelques grammes de gagnés ! Ma montre 310xt m'affiche batterie faible par contre... petit flip, je pensais qu'elle allait durer un peu plus. Je ne garde que le mode montre en désactivant le GPS, en espérant arriver au bout. Je regarde donc dans mon roadbook combien de temps j'avais prévu pour monter à la Tête aux vents, un peu moins de deux heures. Cela mon donnera une indication sur le temps de montée qu'il me restera.
 
Vallorcine - Tête aux vents - La Flégère
Toute la partie jusqu'au col des Montets se fait en marche rapide. Je me cale dans la roue de 3 italiens qui vont à bonne allure. Arrivé au col, on voit le mur avec le serpentin de petites frontales qui montent en zig zag très serré. Cela promet ! La montée est raide, très raide, avec des marches, des grosses pierres, des virages tous les 20m. Bref cela monte dur. Je me fixe mon petit rythme, je lâche un peu le train d'italiens que je suivais jusque là, et il n'y a plus qu'à monter.
2h05 pour monter, c'est ce que j'avais prévu ! Par contre je n'avais pas anticipé que le faux-plat descendant jusqu'à la Flégère soit plein de caillasse, donc difficile d'accélérer beaucoup et je pers même un quart d'heure sur le temps que j'avais prévu...
Au Ravito, coca, et GO GO GO je fonce !
 
La Flégère - Chamonix
Bon, maintenant c'est la dernière descente, je serai bientôt finisher ! Je descends la grande piste en courant, j'attaque le chemin également en courant...tiens...cela tient...mes jambes répondent.
Je mets la frontale sur une puissance plus élevée pour bien voir et j'avance "vite". Arrivé au petit resto à mi-pente, je me dis que l'on ne doit plus être très loin de la civilisation. Je continue à courir, cela pique dans les cuisses, mais bon c'est la dernière ! on peut tout lâcher ! Le chemin large qui continue à descendre est un vrai "billard" en comparaison à ce que l'on a eu avant. Cela permet donc de s'engager assez bien et je double encore pas mal de concurrents. 
Arrivé dans les rues de Chamonix, l'arrivée est toute proche, j'accélère un peu, mais surtout continuer à courir, ne rien lâcher. Les quelques derniers virages, ca y est, je franchis la ligne d'arrivée en 20h45 ! (pour 20h prévu sans compter les ravitos). Descente en 1h10 pour 1h40 prévu.
Voilà mon premier vrai ultra de montagne terminé, et je trouve que je suis encore en bonne condition. Certes les cuisses ont eu un peu mal, mais je n'ai pas d'autres douleurs ou grosses défaillances.
Il y a donc de la marge de progression !
 
Je récupère ma veste de finisher, je m'assois rapidement dans la tente d'arrivée pour me changer et alors que je suis sur le point d'envoyer un sms à ma famille pour dire que je suis arrivé, ils m'appellent déjà ! En fait ils ont suivi toute la nuit ma progression...
Je me rebranche rapidement sur kikourou pour écrire un petit message et je découvre que le live a bel et bien duré toute la nuit. Super boulot Bubulle!!! (et moi qui à partir de 23h n'osait plus envoyer de sms de peu de te réveiller...)
Retour ensuite à l'appart familial, bonne douche bien chaude (ne rigolez pas, j'ai pris un petit tabouret pour prendre ma douche...) et je prends le petit déj avec les enfants avant d'aller me coucher deux trois heures. Levé midi, manger, sieste, balade, coucher 22h et bonne nuit de sommeil.
 
Le lendemain, je suis étonné de mon état de fraîcheur. OK j'ai un peu mal au jambes, mais j'arrive facilement à monter et descendre les escaliers, à marcher etc. Peut-être que j'en avais gardé un peu trop sous le coude, mais bon, quand on a pas de repères sur des courses aussi longues, il vaut mieux être un peu prudent.
 
Après, c'est vrai que les conditions météo étaient idéales. Avec de la pluie et de la boue partout, c'est clair que je n'aurais pas mis le même temps.
 
Maintenant encore 1 grosse semaine de repos avant toute reprise progressive, et j'étudie le calendrier des courses de fin d'année, avant le prochain objectif du mois de mars : l'éco-trail 80.
 
Et si j'arrive à dealer, ce sera la MH60 en juillet ou le 80km du mont blanc, et fin aout, re-ccc ou bien la TDS qui me tente bien.
 
A bientôt sur les chemins !
 
Yves

6 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 05-09-2013 à 15:51:19

Eh, super de voir ta course par le bout plus large de la lorgnette que celui par lequel je l'ai vue. Je corrige un peu : je suis bel et bien allé me coucher de minuit à 5h du matin, moi (juste que j'ai mal dormi, mais bon).

Ecrit comme cela, ça a l'air tout simple, cette CCC et pourtant....ce n'est pas de la tarte, notamment ces trois dernières "bossounettes". Et finir frais, c'est plutôt bien, non?

En tout cas, je vois que nos programmes potentiels de l'an prochain sont étonnamment parallèles : Ecotrail 80, MH60 et une des courses de l'UTMB (TDS pour moi si le tirage au sort est favorable)....donc on n'a pas fini de se croiser!

Commentaire de bubulle posté le 07-07-2014 à 16:14:20

J'avais apparemment raison pour "on n'a pas fini de se croiser"..:-)

Commentaire de sabzaina posté le 05-09-2013 à 21:18:15

Merci pour ce précis CR Yves. J'étais également aux mini courses, dommage qu'on n'ait pas réussi à se voir à ce moment-là.
Bravo pour ta course.
Alors, quelle est la plus ardue selon toi entre la MH60 et la CCC?

Commentaire de yves_94 posté le 05-09-2013 à 23:18:29

Sab : elles se valent finalement car même si la MH60 est plus dense, elle est quand même carrément plus courte. j'ai mis 13h30 pour la MH60, et faire 7h de plus, bien c'est tout de même assez long!
Bubulle : avec plaisir de te croiser. Je suis content de finir en bonne condition, cela me donnera plus d'assurances pour les prochaines courses et essayer d'aller un peu plus vite ;)

Commentaire de sabzaina posté le 26-09-2013 à 20:52:23

D'accord merci pour cette précision

Commentaire de Arclusaz posté le 26-09-2013 à 20:50:20

Je lis avec beaucoup de retard ce récit. c'est vrai que c'est facile vu de ce côté de l'écran.
A priori, on devrait se croiser en décembre....

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