Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2013, par pollic1

L'auteur : pollic1

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 30/8/2013

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 901 vues

Distance : 98km

Objectif : Faire un temps

5 commentaires

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une CCC envers et contre tout...

Ou comment arriver à terminer une course que les médecins considéraient comme une pure folie vu mon état !

Flash-back. Je me suis inscrit en 2013 car cette course me trottait dans la tête depuis déjà un certain temps, suite à une renonciation de dernière minute en 2008 suite à une entorse à la cheville lors de ma préparation. Donc, je tente ma chance pour 2013 et ai le bonheur d'être tiré au sort. Je continue donc de plus belle ma préparation entammée à l'automne à base de courtes séances spécifiques trail dans les monts du mâconnais, de séances de VMA courte (20*200 m) et de longues sorties (2 par semaine) de vélo en tournant bien les jambes.

La forme arrive petit à petit et à la mi-février, je suis déjà bien. Mais...patatras, le 20 février, à la fin d'une sortie de vélo, violent accident. Bilan, fracture de la colonne vertébrale, d'où douleurs de dos et vertiges pendant des mois. Reprise de la CAP 2 mois après l'accident, mais les douleurs et les vertiges sont toujours là. Mais malgré tout, je me dis qu'il faut que je la fasse, cette course... Fin juin, mon état ne s'améliorant pas vraiment, je vais voir un médecin qui me déconseille formellement toute activité sportive un tant soit un peu intense pendant un minimum de 3 mois... Mais je m'entête, modifie l'organisation de mes vacances de manière à pouvoir arriver dès le 21 juillet à Chamonix avec l'idée d'opter pour une prépa intensive, du style "ça passe où ça casse". Et, chose étonnante, plus je commence à courir en montagne, plus mon état s'améliore... Mes douleurs et étourdissements commencent à s'estomper peu à peu. Au début de la prépa, les descentes rapides me posent encore problème, mais peu à peu, même lors de ces phases, cela s'améliore. Du coup, je réussi à faire une sortie quasi quotidienne en alternant un enchaînement montée/ descente de 1000 m D+/D- avec des séances de fractionné en côte, plusieurs séances de reconnaissance du parcours de 30 à 50 km sous forme de rando-course (4 au total, la dernière 18 jours avant la course) et de longues randos en marchant. Bilan, 500 km et 36000 m de D+/D- en 6 semaines !

Avec tout cela, et un bon repos les 5 derniers jours, j'arrive relativement en forme le jour de la course. Comme j'avais donné un objectif de moins de 17h lors de l'inscription, je suis dans la première vague de départ, donc n'ai pas trop de mal à bien me placer. Comme j'ai reconnu 2 fois toutes la première partie du parcours (jusqu'à la Fouly), je sais que la montée de la Tête de la Tronche est redoutable et que l'on peut y laisser des plumes... Mon objectif est donc de rester tranquille jusqu'au pied du Gd col Ferret et de commencer à faire mon effort à ce moment là, et surtout dans la descente très roulante qui mène jusqu'au pied de Champex, où je pense que l'on peut gagner énormément de temps si l'on est encore frais...le tout en arrivant pas trop entamé à Champex, où une véritable 2ème course commence... Bref, compliqué, tout cela... surtout que j'ai quand même l'appréhension que sur un effort aussi long, mon dos se rapelle à mon bon souvenir...

Donc, je pars tranquille, à mon rythme, me place derrière le 2ème groupe de tête et veille surtout à ne pas trop monter au cardio pour éviter de consommer trop de glucides. Bonne montée de la Tête de la Tronche où je passe 19ème en 1h37. Enchaînement facile jusqu'à Bertone où je pointe en 1h59, aucune douleur, impeccable. Et puis, 1ère alerte, un moment d'inatention en repartant de Bertone, je tape une pierre et fait une lourde chute sur le bras droit. Plus de peur que de mal, à part un eoeuf de pigeon qui se forme très vite, mais dès que l'on se déconcentre, on peut le payer très vite ! Je cours ensuite à l'aise jusqu'à Bonnati (passage en 2h44) puis Anurva, où je pointe en 3h15, à la 15ème position. Seul souci, je commence à avoir le dessous du talon droit qui chauffe très sérieusement depuis Bonatti.... et je n'ai rien sur moi pour em soigner. Pourtant, j'ai mis de la Nok, je n'ai jamais eu d'ampoules dans mes chaussures, alors d'où vient le problème ? En fait (après de longues moment de réflexion), je trouve... Des chaussettes ! Ce sont mes chaussettes habituelles, sauf que j'ai acheté une paire neuve juste avant la course et c'est cette paire que j'ai mise... Cruelle erreur, elles ne sont sans doutes pas faites et je vais le payer lus tard...

Pour l'instant, pas de problème dans la montée du Gd col Ferret que je fais assez rapidement (passage en 4h08), avant de me lancer dans la longue descente. J'adore descendre, quand je suis en forme, c'est presque naturel pour moi, j'ai l'impression de ne pas me retenir. Au début, jusqu'à la Peule, cela va tout seul, je suis euphorique, reprend d'ailleurs 2 concurents et commence à rêver entrer dans le top 10 ! Mais l'ampoule se forme...et commence à se rapeller sérieusement  à moi dans le passage plus raide avant d'arriver à la Fouly. Je m'y fait d'ailleurs reprendre par un Italien (Nicolas Giovanelli) qui me double comme un avion... Moi qui n'aime pas me faire doubler dans les descentes, cela me met un coup au moral... D'un coup, je commence à me demander comment je vais pouvoir arriver jusqu'au bout (alors que 1/2 heure plus tôt, j'avais des rêves de place !)... Et alors que je craignais des problèmes de dos, ce sont les pieds qui ne vont pas.. J'expérimente le fait que lors d'un ultra, on peut passer d'un état extrême à un autre très rapidemment..., que le moindre détail compte, qu'il ne faut rien oublier dans la préparation de la course. Heureusement, ma femme est là pour m'assister à Champex et elle a de la double peau... Je me raccroche alors à l'idée d'un pansement salvateur à Champex et me résoud à serrer les dents jusque là...

Mais cette partie de la Fouly à Champex fut très difficille. Alors que c''est là que je comptais gagner du temps, profitant de mon passé de coureur sur route pour exploiter le caratère très roulant du parcours, la moindre pierre, la moindre branche me fait mal, j'ai à chaque fois l'impression que la peau de mon talon glisse, comme une seconde chaussette... Alors que je suis passé en 5h à la Fouly, je me traîne jusqu'au pied de la montée de Champex et même si je rattrape sans doute un peu du temps perdu dans la montée, je n'arrive à Champex qu'à 15h39... Ma femme m'attends pour me ravitailler, mais c'est surtout à mon pied que je pense ! Une fois la chaussure enlevée, je découvre que c'est bien la moitié de la peau du dessous du talon qui est est déchirée, c'est à vif... Soin du médecin, double peau, pansement... 17 mn d'arrêt et dans tout cela, je ne pense pratiquement pas à me réalimenter... Je vais m'en appercevoir à la fin de la montée de Bovine, où la tête commence à me tourner, où je me retrouve sans force...hypoglycémie, je suis obligé de faire toute la première partie de la descente vers Trient en marchant, d'autant plus que le pansement n'a pas été assez serré, que la double peu glisse et que cela recommence à me faire sérieusement mal... A ce moment, je songe vraiment à l'abandon mais c'est en pensant à ma femme qui m'attends de nouveau à Trient, puis à Vallorcine, à tous ceux qui me suivent, et à tout ce que j'ai fait pour être là aujourd'hui, pour faire cette course malgré tous les obstacles que j'ai rencontrés depuis mon accident de vélo que je trouve la force de continuer. Avec du recul, c'est ce que j'aime dans l'ultra trail. Quand plus rien ne va, ce qui, finallement, arrive forcément à un moment à peu près à tous les courreurs sur une course aussi longue et dificille, la tête est toujours là... L'esprit nous fait avancer. Enfin , pas trop vite quand même (!) puisque j'ai mis une heure pour faire la partie Bovine-Trient, où j'arrive au bout de 9h12 de course... Aucun de mes concurents directs n'a mis plus de 50 mn dans cette partie....

Arrivé à Trient, je sais désormais que je vais aller au bout.  En plus, ma femme me refait un super pansement (mais au prix de 7 mn d'arrêt quand même...) qui me fait oublier l'ampoule. Je monte Catogne correctement (en un peu plus d'1 h) et retrouve même des ailes dans la descente vers Vallorcine, que je dévale en moins de 34 mn !

Je repart juste après 21h de Vallorcine, où je me fais encore refaire mon pansement. Je suis 13ème au scratch. C'est inespéré pour moi. Je décide donc de gérer, surtout d'éviter de me reprendre une hypo dans la Tête au Vents et de me tordre une cheville, dans la nuit, jusqu'à la Flégère puis Chamonix. Bien m'en prend puisque je cale un peu à la fin de la Tête au Vent, que je mets près de 1h40 à monter. Mais je ne peux même pas gérer ensuite dans la descente puisque je vois des frontales qui se rapprochent dangeureusement. Je suis donc obligé d'accélérer jusqu'à la Flégère, puis dans le descente vers Chamonix.

Je franchis finallement la ligne au bout de 13h46mn et 50 s, 13ème au scratch et 3ème vétéran. Le lendemain, j'ai du mal à marcher (mais je ne suis pas le seul !) et ai le droit au podium. C'était génial ! RDV si je le peux l'année prochaine !

5 commentaires

Commentaire de djlaulau1 posté le 07-09-2013 à 07:24:33

Bravo... super résultat. Respect

Commentaire de map-o-spread posté le 07-09-2013 à 10:08:48

17h de prévu, 13h46 au final, chapeau l'artiste!
Et quelle belle fin de préparation, 36000 m D+ en 6 semaines, ouch

Commentaire de bledrunner posté le 07-09-2013 à 13:24:49

Impressionnant. Bravo à toi.

Commentaire de Caro74 posté le 07-09-2013 à 13:51:00

Impressionnant, bravo!

Commentaire de ilgigrad posté le 07-09-2013 à 16:27:26

Waouh !

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