L'auteur : daloan
La course : 100 km de Millau
Date : 27/9/2008
Lieu : Millau (Aveyron)
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Distance : 100km
Objectif : Terminer
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Ce qui suit a été écrit un mois avant cette course mythique, histoire de se motiver, de mettre la pression sur mes compagnons d'infortune. Alors maintenant que l'épreuve est passée, il faut bien faire la mise à jour qui s'impose car tout ne s'est pas passé tout à fait comme prévu, quoique...
Donc les changements :
- la logistique avec un accompagnateur vélo qui a trop bien fait son travail et motivé son coureur tout au long de l'épreuve. Manque de bol, ce coureur c'était pas moi mais The Blondinet, dont on reparle ensuite.
- la météo : pas de brouillard la veille ni de pluie pendant la course, alors forcément le récit s'en ressent un peu. Un vrai été indien et quelques rougeurs aux joues. Etonnant après cet été épouvantable. Donc statistiquement, nous aurons peut être eu notre quota d'heures de soleil en 2008, il suffit qu'il fasse beau encore 3 mois sans interruption.
- La course : nous n'avons jamais vu le meneur des 12h. Nous sommes restés au chaud entre le 12h et le 13h, alors qu'en revenant de St Affrique et découvrant le meneur des 14h, on regrettait de ne pas avoir pris ce rythme là. Je laisse aux Kikous l'ayant croisée le soin de compléter. LE plus dur pour moi aura été le très long faux plat avant la monté de Tiergue. Plus de 6km de plat montant à l'aller. Trop roulant pour marcher, mais difficile de courir, donc on s'use exagéremment avant la montée. Et au retour, un peu plus cuit on n'a même pas le loisir d'apprécier le plat descendant.
- Le classement : 12h19 pour The Blondinet, donc moins bien que ce que je lui avait prévu (juste sous la barre des 12h), moi à l'arrache en 12h25 et Dominique arrivant en 13h14. Tous les 3 fourbus et contents, arrivés Samedi ce qui était le vrai objectif. Mais ne nous cherchez pas du côté de Millau l'an prochain, c'est un secret mais on se tente le GRP.
La suite n'est qu'imagination. Bonne lecture à tous et félicitations à tous les participants
Bon, ça peut paraître un peu prématuré de raconter la course de cette fin de mois de Septembre, mais après les plans d'entrainement qui vous garantissent x heures sur l'épreuve (yaka suivre les meneurs d'allure, sont là pour ça!) et après les JO de Pékin dont une partie de la cérémonie était enregistrée, je ne vois pas pourquoi ça ne se passerait pas comme suit... Excusez les quelques imprécisions logistiques et géographiques, mais je ne suis jamais allé à Millau.
RdV fin Septembre pour que la réalité dépasse (?) la fiction, je vous promet de mettre mon buff de Kikou quelquesoit le temps (je l'avais pris pour la Via Romana cet été en Corse, mais par 35° c'est insupportable).
Les 100 km de Millau... Début 2000, ce terme avait pour moi la même saveur que l'UTMB à cloche pied aujourd'hui. Un mythe, quelque chose d'inaccessible. Et le JDM est passé par là (Jogging du Dimanche matin pour les non initiés, club amical de Bures sur Yvette regroupant des adeptes de 3ème mi-temps et des champions de course, donc il y a forcément de la place pour toute personne de bonne volonté), avec ses superlatifs et ses propres défis personnels, qui ne sont que roupie de sansonnet à la lumière des dernières fuchseries (néologisme en hommage à Philippe Fuchs, membre du JDM, qui vient de parcourir 8500km à pied en 5 mois pour rallier Paris à Pékin dans le cadre des JO).
2008 c'est décidé, pour en finir avec les courses sur route (quoique...), j'me fait le mythe. Impossible de passer à côté, d'autant plus que le challenge intéresse aussi Super-Yves et Hyper-Dominique. 3 challenges, des semaines d'intox et nous revoilà ce Vendredi 26 Septembre 2008 réunis dans la même voiture avec 2 témoins assez partiaux : la tendre moitié de Dominique, qu'on appellera Catherine dans le reste du récit et le non moins tendre-voisin du Blondinet, Didier, qui porte bien son prénom. Je suis donc en infériorité et essaie de sympathiser avec le vélo de Didier pour rétablir l'équilibre.
Flash-back sur l'entrainement :
Yves, hyper affuté a suivi les traces de Robert (le père du Castor Junior, bien connu sur le forum Kikou) en Juillet, a durci son programme en Août et est aussi sec que Philippe le jour de son départ pour Pékin. Il rentre parfaitement dans sa sempiternelle tenue 14 ans, et pour gagner du poids, il ne lui resterait plus qu'à porter des lentilles. Un tueur. Le regard rivé sur la ligne d'arrivée dès le départ de Bures, sauf quand nous nous retrouvons coincés derrière un camion, forcément.
Dominique, adoptant un nouveau plan d'entrainement en 3 phases : « j'en fait trop » début Juillet suivi de « je prends de la brioche en Août » et terminé par « je rattrape le temps perdu » qu'il va pouvoir mettre à l'épreuve du feu (façon de parler, vu le temps qu'on a eu).
Moi, ou Fred, ayant casé une Via Romana épique début Août, mélange de mort subite, de cuisson en papillote, de métamorphose en loque humaine, le tout dans un cadre magique mais un poil trop chaud, 10° au bas mot.
La pression monte dans l'habitacle de la voiture, les pâtes seront-elles « al dente » ce soir ? Une bière, est-ce raisonnable ?
Arrivés à Millau sans encombre, si ce n'est qu'une nouvelle fois le brouillard nous a caché le viaduc, que je n'ai dons toujours pas vu, nous flanons en ville et récupérons nos dossards. Organisation parfaitement rodée et sourires qui nous réchauffent un peu, ce qui n'est pas un luxe. La météo du lendemain est semble t-il plus clémente, prions pour que cela se confirme...
Nous logeons au milieu de Millau et repérons le parcours le plus court pour regagner nos pénates le lendemain soir, espérant être assez lucides pour le retrouver.
Place à la course. 2 stratégies : Yves et moi repérons le meneur d'allure des 12h, Dominique lorgne sur celui de 13. J'aurais bien fait comme lui, mais dans la présentation de ce coureur, il est indiqué qu'il a participé l'an dernier au Raid 28. En entendre parler le Dimanche matin pendant 2h est parfois épuisant, 13h ce sera assurément trop, ne cumulons pas les handicaps.
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Pan, on part. Forcément ça ne va pas trop vite alors comme nous étions tous 3 sur la même ligne, on reste ensemble et Dominique revoit sa stratégie en live. Nous nous promenons sur une tôle ondulée bitumée qui laissera forcément des traces plus tard, mais plus tard c'est après et nous ne sommes pas pressés d'y être vu ce qui va se passer. Nous courons en paquets, entourés de marathoniens qu'il convient de ne pas suivre. Régularité, régularité. A chaque ravitaillement, nous nous forçons à marcher durant 2 minutes. Ironie de l'histoire, en fin de course il faudra plutôt se forcer à courir 2 minutes consécutives.
Le marathon est atteint en 4h20, moi ça me semble un peu rapide vu qu'on est presque à 10km/h, mais vu le profil qui suit, il ne fallait pas trop trainer pour pouvoir gérer la succession de montées et descentes et tutoyer les 12h. Un qui descend bien, c'est le thermomètre. Les marathoniens en ont fini, et nous voilà confrontés simultanément à une vraie montée en sortie de Millau, une non moins vraie averse et la fatigue qui commence à nous raidir les muscles et titiller les articulations.
La première grimpette nous amène au kilomètre 50 et pour le même prix sous le viaduc de Millau. Me voilà rassuré, il existe bien. Yves a pris une bonne longueur d'avance dans la montée en ne ralentissant pas et Dominique qui aurait du concéder quelques dizaines de mètres ne décroche finalement que dans la descente. L'honneur est sauf. La raison consisterait à rester ente les 2 et à discuter avec Christophe (le meneur d'allure), mais si j'étais raisonnable, ben ça se saurait et puis je ne serais probablement pas là en train de faire un 100km, alors je profite de la descente pour rattraper notre blondinet et poursuivre ma conversation avec Didier, le voisin-accompagnateur-vélo : il faut que je trouve le moyen de m'arranger avec lui pour le co-voiturage de la prochaine saison de foot car nos loustics portent haut les couleurs de Bures en Chamionnat Benjamin, restent 7 heures plus 7 de voiture, j'ai bon espoir de le convaincre.
Tout ça nous mène au km 60 en 6h30, soit encore 5' d'avance sur le plan de progression des 12h. Vu la montée qui nous attend vers Tiergues, je pense que nous n'avons pas pris assez d'élan dans les 5km de faux plat montant que nous venons de parcourir. La bonne nouvelle, c'est que tout cela sera de la descente au retour, comme l'attestent les coureurs qui reviennent de Saint Affrique. Je ne sais pas de quoi est fait le ravito, mais j'ai hâte d'y être car ils sont en pleine forme. Montée à la marche, elle est trop raide pour être courue.
Les suiveurs en vélo sont face à un autre challenge. Soit ils attendent là leur idôle et vont poireauter près de 3h (mais éviter 2 montées et autant de descentes), soit ils choisissent de poursuivre. Les meilleurs vont alors devoir garder les mimines sur les freins et ses les geler pour le même prix, les autres se feront larguer dans les montées par des coureurs, devenus vifs comme de bulots frits. Car là, ça monte raide, si bien que la météo ne juge pas utile d'en rajouter et il s'arrête de pleuvoir. La souffrance s'installe durablement, notamment au niveau des genoux qui avaient donné quelques signes d'inquiétude durant toute la fin de la préparation. J'en ai pas parlé avant, la patronne m'aurait engueulé, vous imaginez bien la scène.
Yves, alias Cloclo en a profité pour filer devant, j'imagine qu'il va se la pêter du style « allez accroche-toi » quand on va se croiser mais en pensant très fort « ouais mais pas trop quand même ». La longue descente qui s'ensuit pourrait être roulante sans 65 km dans les pattes. Imaginez la côte de Belle Image en plus long (régulière, 7-8% sur 2km pour les non Giffois). Tant que vous y êtes, imaginez là aussi dans l'autre sens car on va revenir. Mais avant, pause à Sainte Affrique. Devaient pas être plus lucides que les coureurs quand ils ont baptisé la bourgade, ya un « f » en trop. Là c'est le camp de base, avec plein de bonnes excuses pour perdre du temps, ne serait-ce « que » le sourire de Catherine récupérant nos sacs. C'est l'Ile du plaisir des 12 travaux d'Asterix (on a les références littéraires qu'on peut), mais avec des moustachus en plus car l'Aveyronnais n'est pas homophobe.
Changement de tenue, histoire de se refaire une beauté et bien entendu le meneur des 12h s'est fait la malle sans moi. Le road-book avait pourtant prévu de faire les 5 derniers km + pause en 40' et je n'ai pas tenu la cadence. Dire que je vais profiter de la côte pour le rattraper serait extrêmement présomptueux... Tiens au fait, coucou Dominique qui arrive en pleine introspection au ravito, ce qui me fait penser que je n'ai pas vu Yves ni Didier, on a du se croiser dans les stands, comme en formule 1, j'ai donc moins de 10 minutes de retard... Mais il pèse 20kg de moins que moi Cloclo et pendant que je réfléchis à tout cela, ça monte et cela ne m'avantage pas. Allez, banco, Cloclo, je t'accorde 15 minutes d'avance au km 78, ravitaillement de Tiergues, mais la fin est encore incertaine...
Descente sur St Rome. Là c'est plutôt la Côte de l'Abbaye (15%) et cela fait des ravages. Un bon tunnel l'an prochain représenterait un bon argument de vente. Il est 19h45, c'est Samedi et je pourrais être en train de prendre l'apéro, j'ai bien les raisins secs mais la boisson glucosée manque cruellement de goût et si les barmen sont plein d'entrain, les convives ne sont pas trop guillerets.
Une bonne nouvelle : un faux plat descendant nous est proposé jusqu'au km 90, et ça, ça ne se refuse pas. J'ai une certaine avance sur le meneur des 13h et cet objectif vient de s'imposer à moi vu que je me vois mal accélérer. Dans peu de temps, ma seule motivation risque d'être de finir : en fait tant que j'arrive Samedi, I'm happy. Mais pour ce faire et après un nième ravitaillement qui commence à avoir du mal à passer, voilà que se profile la montée sous le Viaduc. Toujours sans brouillard comme cela on voit mieux son malheur. Ma motivation fait le yoyo entre « te casse pas plus que ça, Blondinet t'a largué » et « si ça se trouve il est juste devant toi, c'est une loque ». Au final, plus d'une heure nous sépareront, et Yves finira en 11h55. M'en fiche, il y avait encore à manger quand je suis arrivé.
La dernière bonne montée, c'est un peu le chemin de croix, mais version Ultra et sans croix. Nous sommes un peu en enfer, des anges nous attendent en haut pour le ravito et on espère bien ressuciter dans quelques jours.
En haut il ne reste plus qu'encore 7km, c'est selon, dont une franche descente vers le dernier ravitaillement. Beaucoup d'empathie sur le stand et on recharge les accus en discutant car après, il faudra se mettre sur pilote automatique. Promis juré, je ne m'arrêterai plus avant l'arrivée; attention je n'ai pas dit « je ne marcherai plus », il suffira de bomber le torse en traversant Millau et de courir le dernier kilomètre, ce qui me rappelle la dernière ligne droite des 12h de Bures, en pas plat...
La seule différence, c'est qu'on monte tous sur le podium dès la ligne franchie. A Millau, nous sommes tous vainqueurs, tout finisseur reçoit le premier prix et rien que cela donne envie d'y retourner. Enfin, ça c'est ce qu'on se dit une semaine plus tard car pour l'heure il faut descendre du podium, devant la mine hilare de tous ceux qui se sont livrés à cet exercice périlleux avant. Je me vengerai en regardant faire Dominique et j'espère qu'Yves ne m'a pas vu... Temps final : 13h05, il ne faudra donc pas trop attendre Dominique pour faire un concours de ronflements. De fait, il franchira la ligne d'arrivée juste avant minuit : pari gagné, c'est encore Samedi...
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2 commentaires
Commentaire de L'Castor Junior posté le 07-09-2008 à 16:19:00
Arfff... T'es sûr que ça vaut vraiment le coup d'aller courir ?
LE CR est impeccable, savoureux comme à l'habitude, et Dominique, le blondinet et toi allez évidemment tenir vos objectifs comme de bien entendu.
Allez, amusez-vous bien, et à un de ces quatre pour le debriefing !
Commentaire de bluesboy posté le 08-09-2008 à 22:08:00
Original un CR avant de courir cette course mythique .Je te souhaite une course conforme a tes previsions et surtout prends du plaisir
L' an dernier il m'a manqué 43 minutes pour que j'arrive le samedi
Bonne course
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