L'auteur : ogdul
La course : 100 km de Millau
Date : 25/9/2010
Lieu : Millau (Aveyron)
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Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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Récit 100 km de Millau 2010.
Le raid 86 du Golfe du Morbihan en 2008, puis en 2009, quelques marathons, quelques trails, et oui vous me voyez venir, il fallait que je passe à autre chose, une autre aventure, et beaucoup se reconnaîtront dans ce que je vais dire, l’aventure se trouve souvent en allant un peu plus loin. Un peu plus loin ? C’est à dire un peu plus long, un peu plus de préparation, un peu plus de challenge, quelque chose de nouveau à décrocher, mais aussi un peu plus de souffrance... donc un autre dépassement de soi.
Je m’oriente donc vers un 100 km, et là naturellement je me tourne vers l’un des plus mythique, The 100 km : les 100 km de Millau, la Mecque du cent bornard.
J’en parle autour de moi, à l’asso de St Jacques mais les aléas, les plannings des uns et des autres et les choix font que je me retrouve seul partant. Instantanément, je pense à un accompagnateur. Oui mais accompagner un 100 bornes, cela veut dire qu’il faut aussi le faire le 100 bornes et qui plus est à vélo... Des aptitudes de coaching, d’entente mais surtout des aptitudes d’endurance énormes car il va falloir tenir sur le vélo des heures et des heures.
Mon accompagnateur sera une accompagnatrice, ma partenaire de course à pied depuis quelques années, celle qui accompagne mes pas à travers déjà pas mal d’aventures comme le marathon de Paris, le trail de la vallée du Couesnon, le raid 86 du Golfe, ... Merci Sylvie de te lancer dans cette nouvelle aventure.
Ca y est l’inscription est faite, je suis mon plan d’entrainement type : finir un 100 Km. Super, c’est mon objectif, “finir” quel doux mot. Quelques mois d’entrainement, 4 à 5 sorties par semaine, des séances longues sur deux journées consécutives, bref la règle est assez simple en suivant le plan. J’intercale dès que je le peux des séances avec dénivelé, pas toujours facile autour de Rennes, alors je profite des vacances à Camaret sur Mer pour courir le long des falaises, Perros Guirec aussi avec son sentier des douaniers et Marseille avec sa fameuse montée vers Notre Dame de la Garde. Des séances sous la chaleur pour préparer un éventuel 100 bornes torride comme peut l’être Millau fin septembre.
Le marathon du Médoc 15 jours avant, pour effectuer une dernière sortie très longue et pour être en adéquation avec une période de surentrainement préfaçant la période d’affutage.
Le jour J approche, mon accompagnatrice me rejoint pour une soirée camping (quelques uns comprendront) et nous voilà parti à travers les routes en direction de l’objectif de l’année. Quelques heures plus tard, récupération du dossard, et là, l’ambiance est très différente des autres courses, on sent qu’on n’est pas ici pour s’amuser. Tout le monde a l’air affuté, j’ai l’impression d’être entouré de légionnaires ou de “commandos” surentrainés. Gloups, qu’est ce que je fais là ? Mais bon, j’y suis, j’y reste...
Découverte de notre gîte, un vrai coup de coeur, avec ses chambres atypiques (après la soirée camping place au chantier, les mêmes comprendront) et placées à 1 km du départ, super. En fait, ça s’annonce presque comme des vacances, euh...si ...on met les 100 km de côté...
La nuit qui précède la course, forcément moyenne, les sacs sont préparés la veille, le vélo est opérationnel, roues remontées et gonflées.
Nous nous rendons sur le site du départ, on n’est pas trop bavard, déjà un kilomètre de parcouru entre le gite et le parc de départ (et on a pas encore commencé...).
Passage au contrôle obligatoire, dépôt du sac de vêtement chaud pour Saint Afrique, et voilà Sylvie qui récupère son vélo et se rend à Aguessac.
Seul, je me mêle au peloton qui se forme pour effectuer un tour de la ville en cortège sous les applaudissements de la foule dans les rues. Encore 2 km de fait, et toujours pour rien (comme si j’en avais déjà pas assez des 100 bornes qui vont suivre...).
Enfin, le départ approche, pan 10H00 pile c’est parti. La délivrance, surveiller le rythme et rejoindre mon accompagnatrice qui sera au km 6. Je croise un participant qui porte une pancarte qui indique qu’il est de la cuvée exceptionnelle de 1937. Je fais un rapide calcul, il a 73 ans... Chapeau bas, si je pouvais en faire autant dans un peu plus de trente ans...
La veille, une partie du journal de Millau m’a beaucoup intéressé. Je savais bien avant l’inscription que Millau était réputé pour son dénivelé, ce que j’ai pu vérifier sur le profil de la course mais j’ai souri à la lecture de cet article : “Les 20 premiers km sont plats, sans aucune difficulté, du 20ème au 41ème le parcours est légèrement vallonné, et du 41ème au 100ème voir le graphique du profil”. Et là re-gloups, c’est vrai que c’est impressionnant, cette seconde boucle.
Là où ça devient vraiment hilarant (mais c’est un rire nerveux), c’est qu’une fois dedans, on se rend compte que les 20 premiers km ne sont pas plats. Ca laisse augurer du pire. En effet, il y a des chances que le légèrement valloné soit très valloné et que dire de la seconde boucle.
En fait, la notion de dénivelé est bien différent d’une région à une autre, et je comprends encore mieux aujourd’hui mes cours de primaire où j’apprenais que “ En Bretagne, le massif Armoricain est le plus vieux massif de France, ses sommets sont peu marqués”. Et bien, je confirme, j’en ai la preuve...
Le premier semi se déroule sans encombre, on pourrait presque penser qu’en fait ça va être plus simple que prévu. Sylvie se dandine sur son vélo et se met à penser que vraiment, ça va être une partie de plaisir (bon, j’exagère un peu mais pas trop...).
On est souvent avec le ballon des 14 heures, avec lequel nous adoptons la technique “je cours sauf quand ça monte”.
Le 30ème km, forcément on commence à sentir ses jambes, y a pas de magie, ce n’est pas parce que c’est un cent bornes qu’on va commencer à les sentir au 80ème km.
Retour sur Millau, le temps est agréable pour courir, mais il ne fait pas chaud à vélo, le vent frais y est pour beaucoup et le soleil n’est pas dominant dans le ciel. Quand je pense que je me suis obligé à faire des séances en pleine canicule à Marseille pour préparer l’organisme, ou encore que je me félicitais d’avoir couru le marathon du Médoc sous 31°C...
Nous accompagnons les marathoniens jusqu’à leur arrivée, je les vois souffrir pour certains, et je ne fais pas le malin car il reste environ 60 km. Je propose à Sylvie qu’on se masse pour récupérer un peu, échange de bons procédés, je la masse, elle me masse les jambes, et à une dizaine de mètres de nous, un coureur se fait masser par son accompagnatrice : cuisse, mollet, pied, plante de pied,... C’est décidé on leur prend un ticket pour la prochaine pause.
Nous voilà reparti pour la deuxième boucle et rapidement, très très rapidement on comprend ce qui nous attend. La montée qui passe sous le viaduc de Millau qui n’est pas la plus impressionnante sur le profil de course est...(comment dire) pentue ! Bon c’est vrai le paysage est joli, le viaduc impressionnant mais les jambes n’apprécient guère ce dénivelé, Sylvie sur son vélo réalise l’exploit de la faire complètement en roulant.
Aux alentours du viaduc, nous croisons le premier concurrent qui fait son retour sur Millau, au final il mettra environ 7H15, un autre monde...
Mais ce qui fait le plus mal au moral, c’est qu’à environ 45 km, on voit le panneau de l’autre côté de la route qui indique ... 95 km. Et là c’est dur, car on souffre déjà et on se rend bien compte qu’il reste un bon bout de route à faire, plus de 50 km !
Arrivés en haut, je me remets à courir pour se diriger vers Saint Georges de Luzençon.
Beaucoup marche encore alors que ça descend, dur dur de se remettre du dénivelé précédent.
Commence alors une longue longue longue portion de faux plat, environ 8 km, c’est pas mal, avant d’attaquer la côte de Tiergues, The côte de Millau. Nous croisons déjà depuis un petit moment des coureurs sur le retour de Millau, bon il faut s’y faire, nous ne ferons pas partis des premiers...
Tout se passe bien, on monte progressivement, Sylvie alterne le pédalage, et la marche à côté du vélo pour que ce soit moins lassant, et pour préserver “son postérieur” des douleurs inhérentes à la pratique du vélo pendant des heures.
Le sommet est atteint, commence la descente vers St Afrique, on se met à courir, et oui tous les deux, car Sylvie m’accompagne en courant à coté de son vélo. Cette période de la course sera très agréable car les jambes répondent encore assez bien.
Le jour tombe, nous atteignons St Afrique juste avant la nuit, nous sommes très heureux d’être arrivés jusque là, le km 71 est atteint. Ca fait du bien au moral, car nous savons qu’il ne reste “plus” que la route du retour vers Millau.
On se réchauffe dans la salle, car dehors il fait froid, surtout à vélo, et je profite d’un kiné de libre pour me faire masser. Il passera un quart d’heure à me soulager de toutes mes souffrances, je descends de la table comme un homme neuf. Un échange en même temps avec ce kiné de St Afrique et des étudiants venus de l’IFMK de Montpellier pour l’occasion.
On se restaure puis on repart sans trop tarder, 45 minutes d’arrêt quand même au total, mais nous en avions besoin.
De nouveau la côte de Tiergues, mais en fait ça se passe plutôt bien grâce au massage. Malheureusement en haut de la côte, les effets du massage ont bien disparu, le froid se fait sentir, et la nuit est bien entamée. Heureusement, toutes les personnes que nous croisons sont très sympathiques, coureurs ou bénévoles, n’arrêtent pas de prononcer les mots “allez courage”. Oui courage, car maintenant, ça se joue dans la tête et il faut que le mental tienne.
Le viaduc que nous devrions voir de loin dans la nuit grâce à son puissant éclairage, tarde à apparaître et la fatigue se fait ressentir de plus en plus. Lors de la dernière grosse difficulté, vers le 90ème km, je sens qu’il est tend que ça se termine, “j’ai ma dose” comme on dit...
Enfin le 95ème km, mal aux jambes, les ampoules sur les deux pieds, mais je sers les dents et j’essaye de maintenir une allure de marche rapide, entre 6 et 7 km/h.
Les premières lumières de Millau, une rentrée dans la ville et le parc de la victoire et son tapis rouge, ça y est nous y sommes, je me remets à courir les 3 derniers cents mètres, j’omets de décrire la démarche de la course...
Il est presque 3 heures du matin, je ne me rends pas trop compte de ce que je viens de réaliser, de ce que nous venons de réaliser. Ca y est, je suis cent bornard, mais il me faudra du temps pour prendre conscience de tout ce qui s’est passé.
Si j’ai, si nous avons réussi c’est aussi grâce aux nombreux messages de soutien avant, pendant et après la course, mes amis joggeurs de St Jacques, mes amis du Nord et bretons, la famille et les messages d’amour de soutien incommensurable de Fanny. Merci aussi à toi Fanny d’avoir compris que cette course était un challenge pour moi et de m’avoir laissé le temps de m’entrainer pour préparer cette épreuve.
Enfin, merci à Sylvie, ma suiveuse, d’avoir géré à merveille la logistique de course, de m’avoir soutenu quand il le fallait, sans elle la course aurait été bien différente, l’aventure n’aurait pas été la même. Bravo à elle aussi pour son exploit sportif, 100 bornes à vélo et presque 17 heures d’efforts physiques et de soutien psychologique dont j’ai bénéficié.
Je profite d’ailleurs pour rajouter qu’un 100 km doit se prévoir avec accompagnateur, surtout s’il s’agit du premier.
Reste maintenant à prendre du recul sur tous ces instants de bonheur, et à laisser passer le coup de blues post 100 bornes.
Vivement de nouvelles aventures.
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