L'auteur : matou
La course : 100 km de Millau
Date : 29/9/2007
Lieu : Millau (Aveyron)
Affichage : 2459 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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2 commentaires
Commentaire de matou posté le 19-10-2007 à 22:05:00
100 KM DE MILLAU 2007
Qu'est ce qui a bien pu me pousser à faire un 100 bornes ?
Voilà toute l'histoire (je vous préviens, je suis pipelette, j'espère que vous n'avez rien d'urgent qui vous attend dans les 15mn qui suivent)
Tout a commencé fin 2006 lors de l'AG de la section CAP de l'amicale sportive –Il avait été décidé que la course 2007 de la section serait MILLAU –possibilité d'inscription marathon , ou … 100 km.
C'était la 1ère fois que je participais à l'AG - ce soir là, j'ai pensé que j'étais entourée de fous et bien entendu, il était clair pour moi que jamais je ne m'inscrirais à un 100 km
LA REFLEXION :
Jusqu'alors, j'avais couru quelques courses de 10 km, 3 marathons, et j'étais persuadée que jamais je ne dépasserais cette distance qui me semblait déjà énorme (elle l'est)
Je ne sais pas pourquoi, mais au fil du temps, je commençais à me dire que ce serait bien de savoir si je pouvais encore aller au-delà. De plus, quand j'écoutais les membres de l'amicale parler de cette course, je me demandais si je n'allais pas passer à côté d'un évènement que je ne pourrais peut être plus jamais vivre.
J'avais déjà ressenti un tel regret sur le marathon de Paris 2005 où mon mari M. était inscrit alors que moi je m'étais contentée d'être supportrice par manque de cran. Je me suis rattrapée en m'inscrivant sur le marathon 2006. Mais pour MILLAU, il ne fallait pas louper le coche. Ce n'est pas tous les ans que la section court à MILLAU (le côté groupe est toujours un moteur pour une épreuve importante).
J'aurais pu m'inscrire au marathon, mais je me suis souvenue d'une phrase de notre président de section : "pour 100 km de déplacement , il faut courir 10 km," - donc Millau étant à 900 km ....fallait courir le 100 ! logique , non ?
Autre motivation : Pour l'année de mes 50 ans, je voulais faire un truc particulier, un truc un peu dingue, y avait que Millau pour y répondre.
Mais tout de même, c'est trop non ? , vraiment, c'est pas du sérieux, je ne suis pas assez au top pour ce truc, quoique ?
La date limite d'inscription approchait. J'y vais, j'y vais pas, j'y vais....
LA DECISION :
Qu'est ce qui a fait pencher la balance pour le OUI : mon marie
Il m'a dit qu'il m'accompagnerait si je m'inscrivais (je pense qu'il a fini par le dire pour avoir la paix, car une femme quand elle ne sait pas ce qu'elle veut, çà peut prendre la tête)
Inscription sur le site CAP dès le lendemain. Advienne que pourra.
Je n'en ai pas trop parlé dans mon entourage, surtout familial, car je n'étais pas certaine que l'idée allait plaire.
L'ENTRAINEMENT :
On était à la mi-août : tout juste bon pour une période d'entraînement à peu près correcte (je sais y en a qui vont dire "c'est pas assez",)- Selon le magazine Jogging, 4 séances par semaine, dont 2 sorties footing d'1h30 environ et 2 sorties marche pour un temps de 16h à 20 h au 100 km, temps que j'espérais pouvoir réaliser.
Une des sorties longues : un aller domicile - Hornisgrinde en Forêt Noire, 44 km - dénivelé 1200 - dodo à l'hotel - lendemain retour 44 km – J 'ai craqué au retour (ampoules de tonnerre –décue, trop dure, trop c'est trop) et je me suis fait rapatriée à 9km de la maison - je n'aurais pas pu faire un pas de plus - mon mari est allé jusqu'au bout sans problèmes.
Millau devenait un rêve impossible pour moi - le moral était plutôt bas.
Heureusement mon mari a (encore une fois) trouvé les mots pour me motiver et positiver - j'ai poursuivi les séances d'entrainement et me suis revigorer moralement, car j'avais compris qu'il fallait de la "niac" pour y arriver ,
Bien sûr, Rocco mon BA adoré, m'a accompagné dans toutes mes sorties – un super coach ce toutou!C'est d'ailleurs la ballade pour sortir "toutou" qui m'a emmené vers la course à pied.
LE STRESS D'AVANT COURSE
J'ai fait plus d'un cauchemar (j'avais peur de courir la nuit, le loup qui peut surgir de la forêt....)
La période d'avant-course n'était pas de toute tranquillité. Les 2 nuits précédents la course, impossible de m'endormir : 2 nuits blanches avant une course de 100 km où j'allais aussi passer la nuit dehors, ce n'est pas gagné tout çà !
Les autres coureurs de la section escomptaient arriver avant minuit, alors que nous avions prévu de voir le pont de Millau la nuit et/ou à la levée du jour.
LE JOUR J - 29.9.2007
Le temps de faire des photos de groupe avec le maillot de la section, départ des chalets vers 8h30 à pied pour se mettre tout de suite dans l'ambiance– direction parc de la victoire à environ 2.5 km
Bizarrement, le matin même de la course, j'étais d'une sérénité étonnante : pratiquement pas de stress, (ce n'était pas le cas avant le départ du marathon d'Annecy par ex), j'avais juste un peu froid, j'étais heureuse d'être à MILLAU au départ d'un 100 km.
L'ambiance, la musique, la foule, les copains : génial !
Jusqu'au semi, le parcours était pratiquement plat, mon pas de course était facile, le ciel était bleu, le paysage superbe, la vie était belle -
Après, il y a eu quelques petites montées, nous avons marché pour économiser nos forces comme prévu et pouvoir terminer en bon état
Malheureusement, mon mari a eu des crampes et des douleurs musculaires vers le 30e km - Nous avons ralenti le rythme.
Vers le 38e km, Fafa (elle participait à son 1er marathon) et Thierry, nous ont rejoints
Je me sentais des ailes pour courir jusqu'au km 42, mon mari a poursuivi en marchant. Nous avons convenu de nous attendre dans la salle de MILLAU pour repartir ensemble sur la 2e boucle du parcours.
Juste avant l'entrée dans le parc de la Victoire, des cris à ma droite : les marathoniens de la section CAP et la suiveuse vélo ,installés tranquillement à la terrasse d'un bar "hello, M., c'est super" (je ne me rappelle plus exactement des mots, mais le ton d'encouragement y était) - Merci
Je suis arrivée au marathon en 5h14 - puis Fafa est arrivée tout sourire, elle a passé sous ligne "marathon" en 5h25 - elle n'a pas pu retenir ses larmes tellement elle était heureuse de finir son 1er marathon (félicitations Fafa d'autant que le parcours était vallonné)
Puis mon marie est arrivé.
Il avait des crampes Il était préférable qu'il ne poursuive pas J'ai donc également décidé d'arrêter la course, en fait c'était de la pure folie d'avoir pensé que nous pouvions le faire (j'avoue qu'au fond de moi, il y avait une voix qui me poussait à poursuivre …la niac, je l'avais en moi).
Il m'a dit que je devais reprendre la course. J'hésitais car je ne voulais pas le laisser seul, et c'est là que D., il s'est proposé de rester avec lui pour que je puisse poursuivre.
J'étais rassurée (enfin presque), et je suis repartie seule (après décision d'abandon et 45 mn d'arrêt)
Il était 16h00 (je n'avais pas réalisé à cet instant que j'allais encore courir durant 9 heures et qu'en temps de course je n'étais qu'à 1/3, et je pense en temps d'effort à 1/5).
A la sortie du parc de la Victoire, j'ai sympathisé avec une belle blonde (ça aide d'être pipelette) et nous avons fait un bout de chemin ensemble -du km 43 au km 52 environ -jusqu'après le pont de Millau- là j'ai senti que je ne pourrais la suivre à ce rythme jusqu'au bout - j'ai su après qu'elle avait fini en 13h54.
C'est là aussi que le dénivelé devenait plus que généreux– plus de parcours plat – ça chauffe les cuisses, les genoux : les montées droit vers le ciel et les descentes tellement abruptes qu'il était difficile de rester au pas de marche, la foulée venait automatiquement.
Ensuite, je me suis accrochée au groupe du meneur d'allure 15 h00 jusqu'au km 57 environ – la meneuse a eu un malaise en sortant de la salle de ravitaillement -trop de différence de température entre dehors et dedans - elle ne pouvait reprendre la course de suite (j'ai su par la suite qu'elle est arrivée en 16h25)
Une fois de plus, j'ai continué toute seule - je voulais aller jusqu'au bout – le moteur était en marche, le régulateur enclenché, il suffit de continuer ainsi, ne rien changer.
Puis, un groupe avec un autre meneur d'allure 15h00 m'a rejoint - j'ai à nouveau accroché et là, je me suis mis en tête que j'allais y scotché, coûte que coûte.
Surtout ne pas lâcher le meneur d'allure d'un pouce.
C'est en montant le col de Tiergues (il me semble vers le km 60) , que j'ai vu sur la voie en face en retour vers Millau sur la descente, les membres de la section, l'un après l'autre, J. au pas de course, accompagné par son suiveur en vélo O., puis C. (il était entrain d'étirer ses quadriceps à un arbre), J-C (étonné de me voir avec le fanion des 15h00), J-M, R. , N. et S., à chaque fois un petit coucou au passage en leur criant "dites à mon mari que vous m'avez vu" (nous étions sans nouvelles de l'un et de l'autre depuis plus de 4 heures)
Arrivée à St Affrique, après une longue descente de tonnerre, un des coureurs du groupe m'a gentiment prêter son portable et j'ai enfin pu joindre Michel – il était environ 20h30.
Moi :"allo, ? c'est moi, comme ca va ? je suis à St Affrique, je suis avec le meneur 15H , je ne lui " moi ça va bien, mais bien sûr que tu vas arriver au bout, y a plus que 28 km à faire, je t'attends, ne t'en fais pas pour moi "
Il m'a dit que C. était déjà arrivé (10h02) et qu'il était entrain de boire une bière. (j'ai su par la suite que s'il n'avait pas fait un détour à St-Affrique, il passait sous la barre des 10h00). Révérence !
Et me voilà repartie, vraiment rassurée cette fois-ci quant à l'état de santé de mon mari(j'avais écarté toute pensée "négative" qui aurait pu me pousser à l'abandon....de la niac, il me fallait de la niac)
La nuit était tombée - j'ai attaché mes bandes fluo sur mon tee-shirt et sur mon sac à dos - j'ai entendu dire que je ressemblais à un sapin illuminé ! j'ai mis la frontale au tour de la taille.
Au km 80, il était exactement 22h00 - Cela faisait 12 h00 que j'étais sur le bitume. Si je reste scotché au fanion des 15h00, il me reste 3h00 à tenir.
Le rythme me convenait, notre meneur d'allure, Alain CHAMPION (!) trouvait les mots pour nous motiver : Il courait, je courais, il marchait, je marchais (sauf que parfois, il fallait que je me mette au pas de course car les autres du groupe -plus grands que moi - faisaient des grands pas) , il se ravitaillait, je me ravitaillais, il faisait pipi...je n'avais pas d'envie particulière !
Surtout ne pas lâcher le meneur d'allure d'un pouce.
Dès qu'il prenait un peu d'avance, et qu'un écart se formait entre nous, et hop, je faisais l'effort qu'il fallait pour arriver à son niveau (en plus ma frontale s'était éteinte, valait mieux que je reste dans la lumière des autres)
Le pont de MILLAU était au loin devant moi, avec toutes ses lumières – superbe comme sur les cartes postales. J'ai eu longuement le temps de l'admirer avant de passer en-dessous vu mon rythme : je marchais, je me mettais en petites foulées, bref j'avançais, mais le pont restait toujours aussi éloigné,
Vers le km 92, à hauteur du pont (enfin) j'ai eu un creux physique et moral, j'ai dit au groupe qu'il devait partir sans moi, je trouverais bien le chemin toute seule –
Mais à peine le temps de finir ma phrase, j'avais déjà changé d'avis
Surtout ne pas lâcher le meneur d'allure d'un pouce
En fait, j'avais fait un calcul rapide : si je marche à 4km/h, il me faudra encore 2 H (c'est bien ça, non ? ) et je n'arriverais que vers 2h00 du matin, alors que si je m'accroche, je ne mettrais plus qu'un peu plus d'1 heure, et ça fera toujours çà de moins que mon mari aura à attendre dans la salle à Millau.
J'ai su par la suite qu'il avait profité de l'après midi pour visiter le Larzac et acheter du fromage du pays (il était excellent)
Km 93, km 94, km 95, j'ai l'impression que je n'avance plus et pourtant je suis toujours en foulées (dans la descente) petites, très petites foulées, en tout cas c'est ce qui me semblait.
Enfin, MILLAU, toute en lumière à l'horizon.
A l'entrée de MILLAU, passé le km 98, j'ai laissé partir le groupe car il a accéléré pour passer sous la barre des 15h00 (il est arrivé au 100 en 14h58),
De toute façon, même pas peur, y a pas de loups dans le coin.
J'ai poursuivi en "très, très, petites foulées", toute seule. Ne pas marcher, garder la foulée.
C'est là qu'une voiture immatriculé 67 arrive en face et j'ai entendu "c'est bien M. , tu arrives au bout, super" , c'était une partie des coureurs de la section, ils étaient au moins à 10 dans la voiture, non j'exagère je crois, mais elle était bien remplie. Même si je n'ai pas eu le temps de voir vraiment qui était dans la voiture, ça m'a fait plaisir - ils avaient l'air aussi heureux que moi.
Puis une autre voiture, avec les autres potes (ceux qui n'avaient plus de place dans la 1ère voiture) qui m'ont également félicité - ouah !, ça fait quelque chose tout de même - je commence à réaliser que j'allais bientôt pouvoir dire que je suis une "cent bornardes", moins de 2 km , je vais y arriver.
Km 99
J'aperçois mon mari qui m'attend au panneau "km 99 "- Génial - Il est super – quel amour de mec !
Il savait que je voulais faire une photo à cet endroit bien précis, il s'en rappelait (cela avait autant d'importance pour moi que le passage sous le 100).
En fait, j'avais accroché la photo de cet endroit à mon bureau, c'était un "cadeau" de J-C pour me mettre dans l'ambiance de la course (!) : il y fait nuit noir, il y a juste un lampadaire allumé, pas un seul spectateur, un panneau km 99, et rien d'autre ! Lugubre !
Il me fallait cette photo avec la même prise de vue, mais avec moi sous le panneau 99 -voilà c'est fait.
Merci Fafa d'avoir prêté ton appareil photo et encore merci à M. d'y avoir pensé
Le temps de faire la photo, et de repartir sur le dernier km, (là les jambes ont eu du mal à reprendre la foulée)
KM 100
La remontée dans l'allée du Parc de la Victoire, le petite montée vers la salle, le passage sous la porte d'entrée, l'arrivée.. Ca y est, j'y suis. Dingue !
Le chrono affiche 15h05et 57s.. Contente, un pincement au coeur tout de même pour Michel qui n'a pas pu finir la course, mais ce n'est que partie remise ?
C'est bien mieux que ce que je pensais pouvoir faire. La niac !
Le groupe des "15h" m'attendaient à l'arrivée- Super sympa, le temps de faire environ 40 km de course ensemble et déjà c'est comme si on se connaissait depuis toujours- on se félicite, on s'embrasse et encore mille fois merci à ALAIN CHAMPION .
D. me rejoint et me donne une tape dans la main ! Lui aussi avait réussi ! On se félicite ! C'est super.
T. passe également sous la barre des 100 – Encore un champion.
APRES –COURSE :
J'ai eu quelques moments de "faiblesse" tout de suite après, mais cela a vite passé après avoir avalé du sucre.
Michel a avancé la voiture jusqu'en bas des escaliers de la salle d'arrivée - une fois refroidie, mes jambes ont fait grève (15h00 de travail non stop en 1 journée, eh oh, on se calme, on bouge plus, on a droit au RTT)
Direction chalets où les autres champions et championne étaient encore réveillés - quelques échanges de sensations de course puis dodo.
Je n'oublie pas S., la suiveuse " vélo" de N. et O. le suiveur de J., car ce n'est pas évident du tout et très physique (en plus ingrat, car pas de reconnaissance officielle et pourtant..)
Le lendemain, réveil un peu douloureux pour les muscles, mais peu importe, les 100 de MILLAU sont dans la poche !
On se rejoint tous dans un des chalets (chacun à son rythme, le style était libre) pour lever le verre à cette aventure, vraiment trop TOP!
ET APRES ?
La prochaine grande sortie de la section c'est la "diagonale des fous" à la Réunion en 2008...c'est sûr, pour celle là, je ne suis pas partante (?).faut pas pousser quand même ! Michel qu'est ce que t'en penses ?
EPILOGUE – REMERCIEMENTS
J'ai ramené la serviette à la maison
MERCI A LA SECTION CAP DE l'AMICALE et surtout à Roby, président de la section à Michel, à Didier (je n'aurais pas poursuivi sur la 2e boucle s'il n'avait pas été là), et au meneur d'allure Alain.
Jamais, je ne me serais lancée dans cette aventure toute seule, en fait c'était une course en équipe
QUELQUES CHIFFRES
1506 engagés -
Mon temps de passage au marathon : 5h14.52 – position 1080 e au scratch
Mon temps de passage à St Affrique : 10h14.15 – position 1054 e au scratch
Arrivée à Millau au 100 : 15h05.57 – position 936e au scratch –
Position 28e dans ma catégorie VF2
20 ravitaillements sur le parcours :
A chaque ravitaillement : 1 gobelet d'eau et un gobelet de glucose + 2 morceaux de sucre, 2 bouts de pain d'épice et rien d'autre
2 à 3 mn d'arrêt à chaque ravitaillement : au total environ 45mn de "pause"
RECOMPENSE
Une serviette de bain avec l'inscription "100 km de Millau"
Le diplôme de cent-bornard
Un ticket repas pour un buffet campagnard (sympa, mais franchement, je ne pouvais rien avaler)
m.
Commentaire de chepenoupet posté le 15-10-2012 à 20:18:11
Alalala... Je l'avais déjà lu à l'époque, il y a deux-trois ans et aujourd'hui j'ai eu envie de le relire. Je crois que c'est ce texte qui m'a donné envie de la CAP, lol.
Bravo Marraine !!!!!!!
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