Récit de la course : 100 km de Millau 2012, par alain94

L'auteur : alain94

La course : 100 km de Millau

Date : 29/9/2012

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 1664 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

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Mon premier 100 bornes

La genèse

 

Devenir cent bornard.

L'idée trottait dans ma tête depuis quelques années. Mais non, cette distance n'était pas faite pour moi.

Les fins de marathons étaient toujours difficiles, alors comment parvenir à faire 58 kms supplémentaires ?

C'est vraiment une conjonction de plusieurs éléments qui ont fini par me décider à mettre les 100 kms de Millau en point d'orgue de mon programme 2012, et pourquoi Millau ? et bien à faire un 100 bornes dans sa vie, autant que ce soit celui-là et affronter le mythe :

- les 80 Kms de l'Ecotrail de Paris 2011 (ou plutôt 83 cette année-là) étaient bien passés,

- ce serait un beau cadeau de participer et terminer Millau pour la première fois à 50 ans et quelques jours

- Et c'est aussi la lecture des récits, et en particulier celui d’a_nne qui a achevé de me convaincre.

 

Le programme 2012 sera donc réalisé avec cet objectif comme fil conducteur, et en essayant de tirer de chaque course une expérience qui pourra être profitable dans la gestion de ce 100 kms, dans des domaines aussi divers que la logistique, l'alimentation, la gestion de la durée, l'allure spécifique ...

Même si la préparation spécifique (très largement inspirée de celles proposées par Bruno Heubi dans son livre "Courir Longtemps") sur 9 semaines ne débutera que fin juillet.

 

2012 débute avec le classique (pour les franciliens) Ice Trail, puis le marathon de Barcelone où je réalise mon meilleur chrono et le marathon de Sénart où j'expérimente sans succès l'allure spécifique 100kms puisque je ne la tiendrai que sur les 25 premiers. Difficile de rester derrière le meneur d'allure 4h00, le doute s'installe, la peur de voir apparaitre des douleurs inhabituelles m'incitent à reprendre une allure plus conforme à mes habitudes, pour terminer en 3h51.

Il y a encore du travail ... Mais c’est décidé, je me lance, l’inscription est envoyée

 

Après le traditionnel Trail des Cerfs en mai, c'est le Trail de la Vallée des Lacs en juin qui va s'avérer finalement une excellente préparation : 9h18 de course, du dénivelé, de la pluie, la gestion de la durée, les problèmes gastriques, bref tout ce qu'il faut.

 

Puis le Trail des 5 Moulins (version courte) début juillet, histoire de maintenir des séances au-delà de 2 heures, tout en se faisant plaisir.

 

La préparation spécifique

 

Une opération chirurgicale bégnine mais non prévue me contraint à faire une croix sur la première semaine de préparation, puis arrive le mois d'août et les vacances, certes sportives mais bien loin du programme prévu.

Randonnées en montagne, les 42 kms du Trail Ubaye Salomon, 3 à 4 séances (dont une au-delà de 2 heures) hebdo sous la chaleur.

C'est la confirmation une fois de plus, que je suis incapable de respecter un programme d'entrainement à la lettre, je fonctionne plus aux sensations, à l'envie, ce qui me permet malgré tout d'atteindre les modestes objectifs fixés.

Mais cette fois-ci, la tâche s'annonce ardue, et c'est vraiment ma détermination à terminer cette course et dans de bonnes conditions, qui va m'aider à coller au plus près du programme prévu les 5 dernières semaines.

Seule transgression, le Trail des Beaux-Monts à 20 jours de la course venant en remplacement d'une sortie longue de 3h.

L’objectif de terminer en 11h ne sera peut-être pas atteint, mais qu’importe, l’essentiel est d’arriver au bout et terminer ma 80ème course sur 80 dans de bonnes conditions.

 

Les dernières heures

 

Et voilà comment on se retrouve le dernier samedi de septembre à Millau, ou plus exactement le jeudi soir, ce qui permet de joindre l'utile à l'agréable et faire un peu de tourisme et de repérage la veille de la course.

                       

Il faudra d'ailleurs que je revienne dans cette région, les gorges du Tarn parcourues à la hâte le vendredi matin, et la visite des caves de Roquefort l'après-midi ont permis de reconnaitre le parcours du 100 kms, mais ne m'ont pas rassasié de la beauté des paysages rencontrés.

 

 

Entre temps mon suiveur est arrivé, un peu de bricolage pour monter une sacoche sur le guidon et ensemble nous allons au Parc de la Victoire pour le retrait des dossards, et s'imprégner de l'ambiance. Le stress commence à monter.

 

C'est autour d’une bière que nous analysons les consignes de course, et élaborons la stratégie pour mon épouse qui sera en voiture, la route étant à juste titre coupée à la circulation, les déviations proposées lui permettront de nous voir à Peyreleau puis Millau (Km 42) puis Saint-Rome-de-Cernon, Saint-Affrique, à nouveau Saint-Rome et enfin à l'arrivée.

 

Une assiette de pâtes vite avalée, un dessert pas trop riche et direction l'hôtel pour une nuit qui s'avère finalement assez sereine.

 

L'accomplissement

 

Nous sommes vite dans l'ambiance en ce samedi matin 29 septembre, dès 7h pour le petit-déjeuner, au milieu d'une salle de restaurant bien remplie, les conversations vont bon train, et c'est le thème de la météo qui revient le plus souvent. Il a plu dans la nuit, le ciel est très chargé, et après une matinée plus calme, il est prévu le retour de la pluie dans l'après-midi, mais à quelle heure ? 

 

Nous préparons la sacoche : imper, frontale, quelques gels qui ne serviront pas, deux bidons d’hydrixir très dilué. Et au-dessus, le tracé, le profil, les temps de passage prévus par tranche de 5kms.

 

 

Nous arrivons au Parc de la Victoire, lieu de rendez-vous d'où l'on doit partir en convoi vers la ligne de départ.

La tension monte et je suis impressionné à l'écoute des conversations autour de moi. Les coureurs y relatent leurs exploits passés, sur les précédentes éditions, sur d'autres 100kms, sur des 24h ... Serais-je donc le seul à affronter cette distance pour la première fois ?

 

Les premiers à partir sont les suiveurs, nous les retrouverons bien rangés sur plusieurs centaines de mètres à la sortie d'Aguessac, 7 kms après le départ. Les numéros impairs à gauche, les numéros pairs à droite de la chaussée.

Puis vient notre tour, en marchant derrière la fanfare, un bon km jusqu'à la ligne de départ, ce qui permet à mon épouse de m'accompagner. Le discours Mr Serge Cottereau, celui du maire et c'est enfin le moment de s'élancer.

 

Les 7 premiers kms jusqu'à Aguessac se font sur une route assez large permettant au peloton de s'étirer avant de rejoindre les suiveurs. Les kms suivants seront plus denses avec la présence des vélos. J'ai prévu de passer au semi-marathon autour de 2h, et je me cale donc sur un rythme de 10,5 km/h.

 

Je passerai les 20 premiers kms, de profil assez plat, à l'écoute de mes sensations, j'ai parfois ressenti quelques douleurs à l'entrainement, au tendon d’Achille gauche et au talon, qui pourraient s'avérer dramatiques si elles survenaient à nouveau maintenant, et ma volonté de terminer cette course ne résisterait sans doute pas à la douleur amplifiée par la répétition des chocs sur le bitume. Mais je fais confiance à mes ASICS 2160 noires aux lacets rouges. La première paire déjà bien usée est en secours dans le coffre de la voiture au cas où et celle que j'ai aux pieds a encore de beaux jours devant elle avec seulement 150 kms sous la semelle.

 

Les deux premières heures sont un réel plaisir, discussions, photos, on profite des paysages entre autres la traversée du Tarn en arrivant au Rozier.

 

 

Puis arrive le semi, la première côte et mon épouse postée dans le lacet, à Peyreleau. On échange quelques mots, quelques photos, et c'est reparti, on la reverra à l'arrivée du marathon.

 

 

Le deuxième semi se déroule sur une petite route vallonnée, le peloton s'étire de plus en plus, la course est maintenant fluide, et comme prévu je marche deux ou trois fois une trentaine de secondes dans les côtes les plus pentues entre le km 20 et le km 30, même si je n'en éprouve pas le besoin.

 

  

Les kilomètres défilent étonnamment rapidement, on double quelques marathoniens qui semblent être dans le dur, puis nous arrivons à La Cresse, Paulhe et la descente vers Millau. Je suis surpris par les encouragements des enfants sur le bord de la route, ils ont la liste des inscrits et scandent mon prénom.

 

Les 41ème et 42ème en léger faux plat et c'est l'arrivée au parc de la victoire, et le premier passage sur la ligne d'arrivée en 4h12mn.

 

 

Un petit coucou à mon épouse, un ravitaillement vite avalé et nous voilà partis pour la deuxième boucle. Jusque-là tout va bien, mais le ciel s'assombrit et j'eus souhaité que les prévisions météo ne se réalisent pas.

 

Le ravitaillement de Creissels passé, c'est une légère descente qui permet de récupérer avant d'attaquer la montée du viaduc. Cette partie de route est en travaux à partir du rond-point de Raujolles, et même si ça ne nous aide pas vraiment, nous bénéficions d'un bitume flambant neuf.

 

 

Je marche quelques dizaines de secondes, puis me sentant bien je trottine le reste de la montée, ce qui me permet de doubler plusieurs concurrents.  

 

On arrive enfin sous le viaduc et nous sentons les premières gouttes puis nous franchissons le km 50 après 5h06 de course. On peut déclencher le compte à rebours.

 

 

 

 La pluie est maintenant continue et accompagnée de rafales de vent. J'enfile l'imper, la descente sur St-Georges de Luzençon est terrible, l'eau court sur le bitume, les rafales de vent fouettent les gouttelettes  sur le visage, je passe avec un grand soulagement le panneau St-Georges, le ravitaillement est le bienvenu, couvert, dans un gymnase. Les 2 à 3 mn de pause me suffisent pour me régénérer, et je repars. Je suis trempé et la pluie ne me fait plus aucun effet, seul petit problème, les pieds bien imbibés qui font floc floc à chaque foulée.

 

Les 7kms vers Saint-Rome-de-Cernon sont relativement monotones, un faux plat montant, une succession de lignes droites et de larges courbes au détour desquelles on espère toujours apercevoir les premières maisons du village, tout cela contribue à un début de lassitude, mais au Km 60, juste avant Saint-Rome, je croise Michaël Boch, puis peu après David Laget qui termineront aux deux premières places. Les écarts avec les suivants sont conséquents. Arrive enfin St-Rome et le ravitaillement, j'engloutis un verre de St-Yorre et une soupe bien chaude qui sera vraiment réparatrice.

 

 

La pluie diminue, mon épouse m'attends au début de la montée vers Tiergues et semble frigorifiée sous son parapluie, le moral revient.

 

 

J'attaque cette deuxième montée en bonne forme, je trottine et finalement marche dès que la pente s'accentue. La pente faiblit et je cours à nouveau, enfin le début de la descente et le ravitaillement de Tiergues. Une soupe chaude qui encore une fois me fait un grand bien, de toute façon, c'est la seule chose que j'arrive encore à avaler.

 

La descente sur Saint-Affrique se fait à allure régulière, et me semble plus longue qu'espéré, la pente s'accentue sur la fin, on rentre dans la ville, et je commence à y croire, on est à la moitié de la 2ème boucle, et il ne reste plus que 29 kms pour rejoindre Millau. Je rentre dans le gymnase, celui-ci est noir de monde, certains se font masser, d'autres se changent. J'échange quelques mots avec mon épouse et ne m'attarde pas, il faut battre le fer tant qu'il est chaud.

La remontée sur Tiergues se passe bien, je cours régulièrement, arrive Tiergues puis la descente sur St-Rome, nous croisons de nombreux coureurs, la pluie cesse enfin, et nous arrivons à Saint-Rome, j'en profite pour me changer, enlever l'imper, changer de tee-shirt, j'avale une soupe et je repars.

 

 

Le faux plat descendant aidant, le retour vers Saint-Georges se passe assez bien, je ne m'arrête pas au ravitaillement de Pont du Dourdou et file jusqu'au suivant à Saint-Georges. La nuit commence à tomber, je n'ai plus de coureurs en point de mire, et nous nous serions sentis un peu seuls mon suiveur et moi dans le gymnase sans la bonne humeur et la disponibilité des bénévoles. Un petit mot des secours à la sortie qui valident mon état, et j'ai le feu vert pour repartir. A ce moment, j'aperçois quelques dizaines de mètres devant le vélo accompagnateur du meneur d'allure 11h, il ne s'est pas arrêté au ravitaillement.

 

Je vais me caler sur son rythme, j'ai l'impression de revenir sur lui dans la côte, il marche je suis à 50m, et marche à mon tour, à ce moment, il se remet à courir, je ne le reverrai plus. Je croise les derniers concurrents qui termineront sans doute en 23h et quelques... La fin de la côte se profile, il fait nuit noire, je m'impatiente en attendant de revoir le panneau 50 Km (qui correspond pour moi au km 92) l'ont-ils enlevé ? Non, enfin, le voilà, puis le passage sous le viaduc et la descente, les cuisses sont dures, un concurrent me double, puis vient le dernier ravitaillement à Creissels, je ne m'arrête pas, les kms défilent dans cette partie descendante, 96, 97 ... on traverse le Tarn 98, le centre-ville, 99...

 

Le parc de la victoire, les 200 derniers mètres et l'arrivée magique dans le gymnase, une foule qui applaudit, les flashes, les bras levés, l'émotion,  un souvenir inoubliable, le chrono qui s'arrête 11h07mn09s.

 

 Je l'ai fait ...

9 commentaires

Commentaire de keaky posté le 25-10-2012 à 12:14:15

Félicitation et sacrée perf, superbe récit :) Il est vrai aussi que le récit d'A_nne donne envie de venir à bout du mythe ;)

Commentaire de Jean-Phi posté le 25-10-2012 à 13:24:50

Bravo ! 11h07 soit quasi ce que tu prévoyais, chapeau ! Les conditions n'étaient pas top en plus. Et puis en plus, ça a eu l'air finalement d'une formalité (ou presque !)
L'an prochain pour moi peut être...

Commentaire de alain94 posté le 25-10-2012 à 15:02:07

Merci Jean-phi
ça peut devenir une formalité ... à condition que tout soit en règle avant !!

Commentaire de Montana posté le 25-10-2012 à 14:42:35

Félicitations! 11h07 pour un premier 100 bornes et de plus à Millau, c'est une belle perf!!

Commentaire de diegodelavega posté le 25-10-2012 à 17:00:30

Bravo pour ce 1er Millau ... très bien géré !! Il n'y a plus qu'à revenir pour essayer avec des conditions plus "agréables" ... @+

Commentaire de a_nne posté le 25-10-2012 à 17:00:36

Bravo !! Très chouette récit.
Contente de t'avoir donné envie de faire cette belle course, et ravie de s'être croisés sur place.
Nous arrivons finalement 2min derrière toi !
Ha au fait, je ne sais pas si tu sais mais on est de la même boite, c'est en voyant la casquette que j'ai 'tilté' :-)... Marrant

Au plaisir de se recroisé !

Commentaire de alain94 posté le 25-10-2012 à 17:56:49

merci a_nne
oui, je vous ai dépassé au centre ville, km98, et vous sembliez très occupé avec la caméra !
je sais qu'on est de la même boite, depuis qu'une collègue me l'avait dit lors du Tri Max Trail de Vernon 2011

Commentaire de Vivien (100bornard1022) posté le 25-10-2012 à 20:28:11

Superbe course, très bien géré en dépit des conditions climatiques capricieuses...
Pour un essai sur la distance, ce fut un coup de maître ! Un grand BRAVO !

Commentaire de CROCS-MAN posté le 25-10-2012 à 21:00:54

Super chrono, BRAVO et merci pour ton récit

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