Communauté des sports d'endurance

Début 2010; ça faisait quelques temps que ça me trottait dans la tête mais là je tape dans la main de mon pote Pat de Lyon, on fait les 100 bornes de Millau en 2012, il sera mon suiveur lui le vététiste!

Depuis lors le projet est toujours dans un petit coin, surtout lors de courses ou d'entrainements quand je suis dans le dur: "et si t'étais à Millau tu arrêterais? non  alors continue feignasse!!"

La pensée permanente ou presque ne débute que 5 mois avant le jour J lorsque je poste le dossier d'inscription;

L'obsession n'arrivera qu'à quatre mois au début du programme.....

Là je mange, boit, dors, cours en fait vit 100 K de Millau, je lis plus d'une centaine de CR de Kikourou, à force j'ai l'impression de connaître tout le parcours, son profil et ses pièges, le 1er semi plat, la côte du Rozier, le marathon ensuite vallonné, la 1 ere difficulté au 47 eme, les côtes de Creissels, Tiergues, Ste Rome de machin, Sainte-Af, la circulation, la salle, le pointage, les massages, j'espère ne pas y aller....le retour on croise les autres coureurs, on s'encourage tout le monde est dans le dur ça y est j'ai des frissons partout, les larmes aus yeux ça arrive j'y suis je vais affronter le défi de ma vie j'adore ça... je commence à me sentir chez moi, ça sera ma course Mes J.O, je suis bien à l'entrainement, je passe mon temps à calculer mes futurs temps de passage virtuels, j'affine ma vitesse de course à chaque sortie.....

J- 60 Pat mon suiveur a un empêchement perso, il n'y a plus de suiveur...Carmen ma femme est catastrophée, moi aussi....3 minutes; je le ferai seul!! j'ai fait le grand trail du Limousin de 65 K seul avec mon camelbag c'est pas Millau avec ses ravitos tous les 5 K qui va me faire flipper quand même!! et comme dirait mon amie Nath (Kikou!!) il n'y a que la mort qui m'empêchera de faire cette course!! ou mon mollet droit qui est fragile....soléaire, jumeau, crampes etc etc...alors j'en prend soin, bons échauffements, pas trop de courses, étirements, récups etc etc...mais j'aurais dû écouter le signe et me dire que ça commençait mal car me concernant quand tout ne roule pas du premier coup facilement et sans heurts, ça sent "mauvais" mais bon....je suis trop motivé pour penser à ça...

Alors je pense à mes ravitos, mon bidon à la ceinture, mes deux ceintures de huit gels, mes poudres dans des sacs individuels prêts à être versées dans le bidon, casquette, coupe-vent anti-pluie, "double-peau" de foot accrochés à la ceinture, un sac à Millau un à Ste-Afrique, ça ira!!

J-30 à peu près, marathon d'entrainement, pas envie de partir je ne sais où pour le faire en course officielle en plus je ne crois pas être capable de le faire "tranquille" sans devenir plus barge que je ne le suis alors je me fais un parcours sur mesure chez moi avec deux côtes de 2,5 kilos à environ 7/8 % à redescendre dans la foulée comme à Millau en petit...il passe comme une lettre à la poste sous un déluge infernal,avec deux insignifiantes barres de céréales et un litre de flotte de base...c'est comme l'été à Menton à midi et 40° au soleil entrainement "commando"...ah ouais bah plus c'est dur là et plus je serais en ballade là-bas c'est pas grave...donc le marathon en 03 h 30 , pas un pet de jeu niveau fatigue juste mal au pattes....alors je me dis faut changer les semelles ortho..mais sans prendre de risque dis-je à la podo sans qui je ne courrais plus depuis longtemps..."non non on met un petit appui supplémentaire mais ça risque rien"....j'aurais dû insiter sur le "pas de risque" car là les douleurs apparaissent, sporadiques puis lancinantes, jusqu'à J- 14 où je rentre de ma sortie d' une heure que je finis sur 2,5 kilos en marchant, trop mal....c 'est la fin tout s'écroule je me prend la tête en marchant dans la rue les gens doivent vraiment flipper en me voyant, j'arrive pas à y croire je me dis que ça va passer je réessaye, c'est pire, non c'est fini; j'arrive chez moi Carmen me dit Youou!! sans me regarder et je lui dit non pas youou c'est fini, c'est mort!!! elle me regarde figée elle me connait elle sait que je déconne pas, je lui répète cinq fois avant qu'elle bouge, qu'elle parle; "Quoi?" je lui explique, elle s'assoit et ...elle pleure...putain j'ai fait pleurer Carmen c'est pas vrai quel con....."Attend on va voir je lui dis, ça va peut-être passer on sait pas"....mèdecin du sport, rhumato, podo.....verdict 3 semaines d'arrêt et trois semaines souple à l'issue....ha ouais? et ben moi ça sera 10 jours d'arrêt et trois jours souple après...."Arrête tes conneries me dit-elle" elle a raison mais on se refait pas à 48 berges....

Mercredi 26, J-3 je tente 20' de footing si ça passe on part...10 à l'heure sur des oeufs, ça passe on part;

jeudi 40' 11 à l'heure sur des oeufs ça passe mais je sens que c'est fragile j'ose pas accélérer...ça pue...

vendredi faut tenter là c'est demain...échauff, et côte de 1,5 kilo à monter et à descendre et dans la descente ça se réveille, c'est mort; j'averti tout le monde le coeur ouvert je le fait pas, j'averti Dominique mon nouveau suiveur depuis quelques semaines de ne pas prendre la route....je suis détruit....je masse pendant deux heures je ressort je teste toutes les positions possibles et je trouve une pseudo marche athlétique limite course croisement de pingouin et de débile mental où je peux avancer à environ 11,5 /h sans avoir mal...demain je fait ça...Carmen n'ose plus et n'a plus la force de dire quoi que ce soit....

Samedi 10 h 00 c'est parti je ne stresse même pas tellement heureux d'être sur cette p...de ligne de départ et puis de toute façon je crois vraiment que ça va pêter alors....

ça va jusqu'au Rozier, le semi en 01 h 40 assez facile mais dès la côte le mollet aime pas, je ne pense même pas à marcher trop occupé à courir sur les talons pour ne pas solliciter les mollets...et en haut du Rozier je suis cramé même en descente je n'arrive pas à tenir les 11,5 mais j'y crois encore un peu...j'abandonne tout espoir quand je crois qu'on est au 40 eme, qu'on me dit qu'on est au 39 eme et que ça me fait le même effet que si j'étais dans le rouge sur un marathon....

J'arrive sur la rampe tant rêvée de la salle de Millau en 03 h 57 (je voulais passer en 03 h 30) mais c'est pas grave, le problème c'est que hormis la douleur de blessure qui miraculeusement n'empire pas, j'ai trop mal aux cuisses, j'ai plus de jus , j'ai plus envie , j'avance plus, je suis mort, je bouffe et bois un truc, je ressort en marchant quand je regarde plus le chrono c que c grave, j'appelle Carmen je lui dis j'arrête elle dit rien, je pleure deux secondes, je m'assoie les jambes en l'air sur les barrières, je me masse, un mec et une femme me disent vous devrier arrêter msr; je sais je sais...merci du conseil c'est ce que je vais faire....je me relève, je dit à Carmen que je fait un dernier essai, je redescend le parc de la Victoire, j'ai hâte d'arriver en bas pour remonter, j'ai mal, j'en peut plus cette fois c'est fini....

Alors oui c'est vrai vous avez tous raison c'est pas raisonnable mais comme j'ai dit à mon coach Yannick ça m'a évité de "finir chez les fous :-)) " j'ai pas de regrets j'ai tenté et comme j'étais content d'arrêter ça passe mieux qu'un abandon avant le départ et j'ai eu la chance de pas m'être blessé plus alors....

J'ai remis les vieux équipement depuis et après huit jours de repos je recourt sans douleurs...à l'année prochaine biz;

Merci à Carmen, Dominique, Nath, ma famille, mes amis de Menton Marathon et les autres, désolé j'espère finir sans objectif de temps cette fois l'année prochaine....