L'auteur : Clément LHE
La course : 100 km de Millau
Date : 28/9/2024
Lieu : Millau (Aveyron)
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Distance : 100km
Objectif : Terminer
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38 jours pour devenir centbornard
Remarques de prélecture :
Pourquoi j’écris sur ce blogue ? (Séquence émotion, on sort les violons). En tout honnêteté, c’est modestement que je délivre mon témoignage, parce que mon expérience n’est pas un exemple de ce qui doit être fait. 38 jours pour un 100 km, ce n’est pas raisonnable, je le savais avant, et même après-coup, je le pense toujours. Je pense avoir eu pas mal de chance (un physique « favorable », pas de blessure majeure avant, ni pendant, ni après la course). Je dis donc aux lecteurs de ce billet avec humilité que je n’incite pas à faire pareil, chaque personne est différente et cette notion est d’autant plus vraie en course à pied, même si j’espère que ce récit encouragera les gens à se challenger (oui oui, de manière intelligente). C’est notamment grâce à l’un de ces récits sur ce blog que j’ai pu me préparer et en savoir plus. J’espère en retour apporter peut-être quelques éclaircissements à ceux qui se posent des questions comme moi je m’en suis posées, à travers notamment 12 clefs de réussite détaillées tout le long (Passage relou terminé (: ).
Contexte :
Rien que dans le titre de ce récit il y a un problème… Je suis un étudiant de 21 ans habitant à Toulouse depuis 1 ans à l’heure des faits. A l’été 2024 je suis en stage en région parisienne dans le cadre de mes études, et le moins que l’on puisse dire, c’est que je m’encroute dans les bureaux à travailler les dossiers de mon stage (très intéressants au demeurant, mais là n’est pas le sujet, je digresse déjà). Bref, le fameux métro-boulot-(re-métro du coup)-dodo. De nature sportive, je commençais pour la première fois de ma vie à ressentir l’effet de rester assis toute la journée, en plus de ne pas manger très sainement (je logeais chez mes grands-parents pour l’occasion, et forcément j’avais une alimentation moins équilibrée). A rajouter à la situation une absence totale de sport. Cela faisait d’ailleurs depuis le début de l’année 2024 que je faisais de moins en moins de sport, avec la disparition progressive des compétitions dans l’équipe de badminton de mon école. Le badminton est mon sport de prédilection depuis longtemps, auquel j’ai joué 2 fois par semaine pendant 10 ans en association sportive. J’ai fait quelques années de tennis, et je me débrouille (pas mal on va dire) au football. Et le running dans tout ça ? J’y viens juste après ! Partant de cette situation, je décide début août de reprendre la course à pied en rentrant du taf, vers 19h. La reprise est dure, puisque je me force à faire au moins 30 minutes par séance dans le quartier, qui est littéralement fait de grosses côtes. Une semaine et 3-4 « footings » plus tard, je rentre chez moi en Bretagne pour 1 semaine de congés mi-août. Là-bas, j’ai l’occasion d’y continuer mes petits footings qui tournent entre 30min et 1h. Et ce sans cohérence : je n’ai à ce moment-là (et c’est peu de le dire) AUCUNE notion de course à pied. Endurance fondamentale, FCMax, fréquence de pas, … rien de tout ça. La seule « référence » que j’avais était un test de VMA réalisé au lycée et qui m’avait donné un résultat de 19, un truc pas trop dégueu de ce qu’on m’avait dit. Et effectivement, si je n’avais pas les notions, j’ai toujours été relativement « bon » en course à pied. Pendant les cross en primaire et au collège, il m’arrivait souvent de choper un podium avec pour seul entrainement la petite sortie course à pied avec le padre le samedi de la semaine qui précède. Donc ok, pas mauvais en course à pied, mais ma pratique se résumait à max 1 sortie par mois. Pour revenir à la chronologie, je retourne sur Paris pour finir ma dernière semaine de stage. Je continue la course de manière aléatoire, et en rentrant d’un run, me vient à l’esprit cette question toute bête : « Mais ça existe des courses de 100 km tout pile ? Est-ce que je pourrais courir 100 km d’affilé ? ». Ce moment est à l’origine de tout ce qui va suivre (logique en même temps…). Le lendemain, pendant mes pauses au bureau je consulte les courses des 100km, au départ par simple curiosité. Je découvre le fameux site Finishers. Et puis à un moment donné, je vois la course « 100 km de Millau 2024 ». Je me dis « tiens, il n’y pas que le viaduc de connu à Millau ». Aujourd’hui je me serais giflé si je m’entendais parler de la sorte. Je décide de regarder sur une carte où se trouve précisément Millau (toujours par curiosité), et là Bim ! Je constate que Toulouse est tout proche (en fait pas tant, suuurtout en train). Immédiatement sans pouvoir l’expliquer, je me dis que cette course il faut que je la fasse, elle est faite pour moi. Je regarde la date prévue : Samedi 28 septembre 2024. Inconscient de ce que nécessite comme préparation une telle course, je me dis tout de même que c’est un peu juste. Mais mon choix s’était arrêté à Millau. Ce jours-là nous étions précisément à 38 jours de la course (d’où le titre), je m’en rappelle grâce au décompte sur le site des 100 km. Et donc comme je fais les choses habituellement, c’est-à-dire à 200% quand je suis lancé, je commence à me renseigner : podcasts, vidéos, blogs, … Je me rends compte rapidement que courir les 100 km de Millau dans ma situation est un petit peu ce qu’on pourrait appeler une folie. A ce moment, je n’avais aucune expérience en course officielle, et dans mes souvenir je n’avais jamais couru plus d’1h/1h30 d’affilé. Je me pose encore plus de questions quand j’apprends que, par exemple, une bonne préparation marathon pour un runner débutant, c’est au minimum 3 mois. Mais tous les doutes sont rapidement balayés pour deux raisons :
- La première c’est que le défi à relever est hyper excitant. D’une côté une préparation express. D’un autre côté, courir 100 fichues borne… Je ne sais pourquoi, mais j’ai des étoiles dans les yeux et des fourmis dans les pattes. Alors que pourtant, l’idée de courir un marathon ne m’excitait pas plus que ça, 42 km « c’est pas assez » (finalement j’avais encore parlé trop vite puisque j’ai fait le marathon de Toulouse du 10 novembre suivant). J’avais Envie de cette course avec un grand E. C’est ma première clef de réussite : avoir l’Envie.
- La deuxième raison était la suivante. En découvrant les descriptions faites des 100 km, je m’aperçois que c’est un évènement familial, où le gens viennent se mesurer à eux-mêmes plus qu’ailleurs. Les gens qui vivent cette expérience en ressortent différents. Je voulais donc prendre du plaisir à courir cette course, où la performance passerait au second plan. C’est ma deuxième clef de réussite : intégrer une dimension plaisir.
Le plan d’entrainement (à ne pas reproduire):
Je me fais donc un plan d’entrainement sur Excel, bien condensé comme il faut, d’autant plus que la préparation hors affûtage (9 jours) me donnait 29 jours d’entrainement. Le volume hebdomadaire planifié (volume dans l’idéale) était trop élevé par rapport à ce que j’allais faire, mais j’en étais conscient. C’est pourquoi dès le début de ma préparation je me suis fixé la règle intangible de me fier d’abord et avant tout à mes sensations, d’écouter les signaux de mon corps. C’est ma troisième clef de réussite. Au niveau où je démarrais, une préparation réussie (ou plutôt qui n’est pas un échec) est celle où j’arrive en bonne condition physique le jour J. Je continuais donc à me documenter en masse sur l’Ultra-fond et la course à pied en général. Rapidement, je décide d’aller acheter une montre de running à Décath’. Je suis quelqu’un qui déteste les achats intempestifs, inutiles, et pas calibrés à mes besoins. Je prends conseil, et je choisi la Forreunner 55 d’entrée de gamme. 140 euros c’est déjà un investissement, mais que je ne regrette pas du tout.
Mon programme d’entrainement prévoyait des sorties longues augmentant de 10 à 12 km par semaine à raison d’une SL tous les 6 jours environ. Je n’avais pas moyen de faire plus progressif si je voulais faire ne serait-ce qu’une SL de plus de 50 km. J’essayais de bien répartir entre repos après une SL, footing qui diminue après un fractionné, etc. Il s’avère que je n’aurais pas fait une seule séance de fractionné. D’abord parce que j’avais un tout petit peu la flemme. Et aussi parce que je sentais que c’était ce genre de séance avec de l’intensité qui était susceptible de blesser, déjà que niveau progressivité c’était 0/20. Finalement les seules choses que j’ai bien respecté dans mon plan d’entrainement sont les sorties longues (et encore) et la règle ultime de suivre mes sensations.
Alimentation prépa :
Pour maximiser mes chances de survie, j’essayais d’avoir un sommeil plus cadré, et d’avoir une alimentation appropriée. L’alimentation a été un des points forts de ma préparation (et de ma course). C’est ma quatrième clef de réussite. Je suis rentré en Bretagne fin août. Gérer mon alimentation a donc été plus facile. Petite recette : j’ai tout le temps faim, surtout à l’heure du goûter (alors que je suis littéralement un « chat maigre » de 64 kg pour 1,80m). Pour manger en quantité, tout en ayant un goût sucré, mélangez 1 ou 2 bananes, des flocons d’avoine, 1 ou 2 yaourts, du chocolat noir en morceau et des fruits secs. Ça cale comme un pied de porte.
Les blessures : sur un fil de rasoir :
J’avais donc fait mon premier semi-marathon le 21 août. Chaque sortie longue signifiait pour moi la plus longue distance parcourue (en course à pied, j’étais accoutumé aux longues marches). Les 5 derniers km tiraient sur les jambes, mais je fini le semi sans trop de peine. Quelques jours plus tard, j’avais prévu une SL de 33 km. J’ai commis plusieurs erreurs (en ayant fait 2h de train juste avant, alimentation sans glucides, …). C’est ma cinquième clef de réussite : faire des erreurs (à l’entrainement évidemment). Dans l’aventure, j’avais embarqué un pote, le vieux de la vieille. Il n’était pas un pro de la course à pied, mais toujours de bon conseil, et comme moi, se documentant beaucoup sur le sport, le running en particulier. C’est ma sixième clef de réussite : embarquer quelqu’un (pas forcément un expert du running) mais qui vous conseil, donne un avis extérieur, un garde-fou. Pour revenir aux 33 km, j’en ai bavé, et j’ai décidé de n’en faire que 31, en me disant sagement que 33km juste pour respecter le plan n’est pas raisonnable. J’étais content d’avoir respecté ma règle ultime : les sensations avant tout. La SL suivante fût donc la distance du marathon. Pas spécialement emballé par le mythe de la distance. Mon pote m’a accompagné à vélo sur cette distance. Le fait de ne pas m’être arrêté a été sans doute le chose la plus dure de ma préparation. Ce qui m’a fait aller à 7’00/km. C’est ma septième clef de succès : courir lentement. Le fait de courir relativement lentement chaque SL m’a fait progresser chaque semaine, repoussant un peu plus ce que je pensais être mes limites. Le lendemain, je sentais une douleur (sans doute d’origine tendineuse) au niveau de la bande latérale de la voûte plantaire. Je pensais que c’était très certainement dû à mes vieilles baskets de 2 ans. J’en ai donc acheté une nouvelle paire, des Brooks pour la course du route, sous l’égide d’un conseiller en course à pied (le vendeur du magasin quoi). Sans savoir quelle était la blessure, je décidais de stopper 3 jours la course, puis la douleur est partie. Ecouter mon corps avait encore payé. Et ce n’étais pas si facile quand on se dit que 3 jours d’arrêt c’est perdre 10% d’une préparation déjà maigre. J’en avais profité pour redécouvrir la corde à sauter, qui ne me faisait pas mal. Vint ensuite la SL de 50 km. Cette fois, le poto était pas dispo pour m’accompagner. Entre-temps, j’avais acheté un sac d’hydratation pour être autonome. En fait ça a été un très bon investissement, non par parce que je partais pour 25 km aller-retour (je faisais des boucles de 10 km), mais parce qu’il me permet de manger et boire régulièrement, tout en ayant les free hands. Avant cette SL, j’avais découvert (notamment grâce à l’excellent Bruno Heubi) la méthode Cyrano, qui consiste à alterner course/marche, pour finalement choisir les moments de marche plutôt que de les subir (forcément sur 100 km j’allais marcher quelque part). C’est ma huitième clef de succès : la méthode Cyrano. Dès le départ j’étais ok avec le fait de marcher. J’ai donc testé cette méthode sur ce 50 km, et étonnamment je l’ai plutôt bien fini. Et même après la récupération a été bien plus rapide. Cyrano est peut-être la plus formidable technique que j’ai pu découvrir. Elle m’a permis de repousser l’apparition des douleurs musculaires du 23e au 33e km, et de la rendre beaucoup plus progressive et donc moins douloureuse. Ça nous fait tout bonnement aller plus loin en moins de temps (j’ai mis 30 min de moins à faire la distance marathon que la méthode précédente !!). C’est une méthode que je qualifierais de puissante. Je suis rentré à Toulouse en septembre pour mes études. Et quelques jours plus tard, à la suite d’une sortie d’EF de 25 km, une douleur venue de nulle part est venue compliquer les choses. Presque la même douleur que la première fois, quoiqu’un peu différente, au pied gauche. Sans pouvoir identifier l’origine du problème, je suspecte un ou plusieurs ligament talo fibulaire et/ou le muscle long fibulaire. Au pic de la douleur, j’avais même du mal à marcher. Je décide stopper la course dès lors que la douleur arrivait progressivement, en appliquant une crème anti-inflammatoire et de réaliser des exercices de renforcement du pied au fur et à mesure que la douleur disparaissait. Parce que oui, elle est partie aussi mystérieusement qu’elle est venue. Résultat : 4 jours sans course, et une reprise progressive de l’entrainement. Cette coupure ne me laissait plus qu’une seule sortie longue avant une indispensable période d’affûtage. En réalité, et c’est ma neuvième clef de succès, la diminution du volume d’entrainement pour se préserver de blessure peu de temps avant la course a été convertie en un temps de rechargement des batteries. A choisir entre suivre son programme jusqu’au bout ou la prudence, prendre la prudence. Ainsi, j’ai fait ma dernière sortie longue le 19 (la course était le 28) pour une distance prévue de 60 km. Et encore une fois, j’ai commis un certain nombre d’erreurs. Par exemple, je faisais des boucles de 20 km autour de chez moi, et dès la première j’avais oublié le sel. Je l’ai payé d’autant plus chère qu’il faisait chaud ce jour-là. Les 2 ravitaillements que j’ai fait chez moi ont pris entre 8 et 10 minutes chacun, de quoi plomber les jambes quand on repart. Je n’avais pas fait le plein de glucides les 3 derniers jours pour être sûr d’être à bloc. J’ai quand même pu tester des gels avec succès. Cette sortie est celle où j’en ai le plus bavé. Au 50e km, je me suis dit que ça pouvait être un bon compromis de s’arrêter à 53, ce que j’ai fait. Je ne sais pas d’où est venue cette lueur de lucidité, mais je crois que c’était la bonne décision. Toujours à l’écoute de mes sensations. Et tout de suite après la séance, même si je n’avais pas atteint l’objectif de 60 km, j’étais satisfait d’avoir fait toutes ces erreurs, qui sont autant de rappels pour le jour J. Et ce n’est pas les 7 km en plus qui auraient changé grand-chose. La période d’affûtage se déroula sans encombre, avec 23 km sur 8 jours, ce qui correspondait à moins de 30% de mon volume hebdomadaire, dont 2 jours de repos avant la course. Entre-temps, je m’étais procuré des électrolytes à diluer dont chaque cachet correspondait aux 500 ml de mes flasques.
Une organisation pas facile :
Une des spécificités de Millau, est que l’on peut bénéficier d’un suiveur à vélo. Je proposais à mon frère de m’accompagner, ce qu’il accepta volontiers. Habitant à Paris, venir en train ne fut pas chose aisée. Il pu par chance venir le vendredi la veille de la course. Cependant, puisque c’est moi qui l’ai embarqué dans cette aventure sans qu’il n’ait rien demandé (la pauvre), je me suis fait un point d’honneur à m’occuper de toute l’organisation de A à Z (ce qui me paraissait la moindre des choses). Et je dois dire que ça a été pesant de gérer ça en même temps que l’entrainement. Les 3 contraintes majeures furent de trouver un hôtel, un train et un vélo. Finalement, j’ai opté pour un ibis en sortie de Millau qui s’est avéré très convenable, j’ai pu trouver un train avec correspondance la veille me faisant arriver sur les coups de 21h (juste à temps pour récupérer mon dossard), et un sympathique habitant de Millau m’a loué l’un de ses vélos.
Pas de certitudes, mais pas de doutes non plus :
En résumé, j’arrivais avec peu de certitudes, mais paradoxalement aucun doute sur ma capacité à finir les 100 km d’une manière ou d’une autre. Pourquoi ? Parce que j’en avait une envie folle et que je voulais d’abord prendre du plaisir. Sur les 38 jours de préparation, j’avais réalisé un volume hebdomadaire moyen de 72 km, (avec un pic à 90 km sur 7 jours glissants), 16 séances d’EF pour 143 km de distance 6 SL pour 222 km, et 16 jours de repos (dont 8 de blessure). J’avais parcouru 366 km sur les 541 prévus, mais ça c’est anecdotique.
L’arrivée sur les lieux des faits :
Je partis donc le vendredi de la veille en train depuis Toulouse. J’avais une correspondance à Bézier avec une douzaine de minutes d’intervalle. Et puis sans surprise, mon train s’est mis à avoir du retard. 5 minutes. Bon… Et puis 10 minutes. Là j’ai commencé à flipper un peu. Je n’allais quand même pas louper ma course pour ça… Les 10 minutes des de retard se sont maintenues, mais sans se réduire (oui il ne faut pas abuser avec la SNCF). Le train arrive en gare, et coup de chance, ma correspondance se trouve sur le quai d’en face. Je monte à bord, et le train est littéralement parti 1 minute après. J’ai ressenti un grand soulagement, une sorte de décompression, en me disant que désormais, quoiqu’il arrive, je les finirais ces 100 bornes. A force de recherches google sur les 100 km de Millau, je suis tombé sur un excellent article qui retrace l’histoire de la course et qui m’a mis dans le bain du mythe que représente cette épreuve. Connaître l’histoire des 100 km de Millau permet de mieux ressentir la dimension légendaire quand on la connaît. (lien : https://www.millavois.com/2024/09/27/100-km-de-millau-la-passion-cent-bornes/)
21H00, gare de Millau. Quelques coureurs reconnaissables à leur équipement descendent du train avec moi. Il fait déjà nuit et pas un chat dans les rues. Jusqu’à l’entrée du parc de la victoire où quelques personnes vont et viennent. Je m’y rends pour retirer mon dossard, avant d’aller rejoindre mon frère arrivé à l’hôtel. Dans le parc, on remonte l’allée qui constitue la dernière ligne droite. On ne peut pas s’y tromper. Une atmosphère fiévreuse règne entre les passants, tous venus retirer leur dossard, souvent accompagnés de leurs proches. On rentre dans la salle des fêtes comme quand on arrive sur une brocante. Je retire mon dossard, et discute un peu avec les bénévoles. Tout de suite je ressens un sentiment accueillant, chaleureux. Je repars dans la nuit froide, mon sésame entre les mains. A l’hôtel, je me rends compte que j’avais donné rendez-vous au propriétaire du vélo le lendemain matin devant l’ibis, mais sans préciser lequel, puisqu’il y a 2 ibis à Millau. Je le contacte et là coup de chance. Il m’envoie une photo de l’ibis dans lequel je suis. Il habite tout près de l’hôtel. Le temps de me préparer, qu’on se rôde sur la stratégie de ravitaillement, de manger mon riz-poulet, on finit par se coucher vers minuit. Pas idéal, mais on fait avec.
Le jour J :
Lever 7h15. Je me douche et déjeune rapidement des flocons d’avoine, chocolat et fruits secs pour pouvoir avoir le temps de digérer d’ici le départ (à 10h). Premier problème, le détour aux toilettes n’est pas fructueux, et ça faisait un bout de temps que je n’y étais pas allé. A 8h10 nous récupérons le vélo, et vers 8h50 nous commençons notre descente vers le parc de la victoire, le temps pour moi de commencer à m’échauffer. A peine arrivé, les organisateurs indiquent que les suiveurs vélo doivent se rendre à Aguessac au km 6, lieu de rencontre avec les coureurs. Nous avons juste le temps de prendre une photo, mais j’avais oublié de mettre les électrolytes dans mes flasques. Première erreur, et la course n’avait même pas commencé. On s’échauffe dans une atmosphère plutôt festive, comme à une fête de village, et on ne ressent pas un esprit de compétition particulier. Le cortège part sur les coups de 9H30 sur la ligne de départ. La météo, pourtant annoncée favorable, fait des caprices. Il est à la limite de pleuvoir, mais les conditions seront finalement excellentes. Parmi les coureurs, on sent une excitation, une envie d’en découdre avec eux-mêmes. Chacun est venu pour des raisons différentes, mais tous pour le même objectif. Le top départ est donné à 10h pétantes. Je suis dans un état d’esprit de légèreté, pas particulièrement stressé, mais curieux de découvrir la course. Désormais, chaque kilomètre parcouru est un kilomètre qui rapproche de l’arrivée. Déjà un premier souci, le GPS de la montre ne se connecte pas immédiatement, je me dis que ce n’est pas grave en soi mais embêtant sur le moment. Elle finit par se connecter au bout de 300 mètres.
Les premières foulées sont du pur bonheur, avec tous les gens qui nous supportent. Malgré le bon millier de coureurs partis en même temps, on ne se marche pas dessus, les rues sont assez larges. Je me suis fixé une stratégie claire : tenir le plus longtemps possible la méthode Cyrano à raison de 9 minutes de courses pour 1 minute de marche active, pendant laquelle je me ravitaille systématiquement en eau et barres ou gels. Les ravitaillements tous les 5 km faisaient qu’ils ne tombaient pas toujours au moment de ma marche. J’ai donc décidé de « sauter » les ravitos quand je n’en avais pas besoin (essentiellement de l’eau), et de m’y arrêter quand ça tombait pile ou peu avant ou après de ma minute de marche prévue. C’est ma dixième clef de succès : un ravitaillement très régulier en petites quantités, dès le départ. Le plus « dur » dans la méthode Cyrano est de pouvoir la mettre en œuvre dès le début pour maximiser son efficacité. Ce que j’ai réussi à faire (après avoir dépassé les derniers supporters tout de même). Alors qu’on sortait à peine de Millau au bout de 10 minutes, j’étais le seul pélo à marcher. Mais je me suis dit qu’une minute ça passait vite, et qu’au fur et à mesure, cette stratégie allait marcher, et que à un moment c’est moi qui commencerais à doubler des gens qui marchent. Pour me rassurer.
Et l’objectif de temps tout ça ? Je ne m’en étais pas fixé, pour ne pas me mettre de pression, mais aussi parce que je manquais de repères. Je savais que j’allais mettre plus de 11h, avec une allure de 6’/km au début + les ravitos + le D+ (1200m). Dans un coin de ma tête, je gardais un objectif secondaire de 12h, qui serait cool de taper. Mais je ne me suis pas posé plus de question que ça avant le 50e km.
Physiquement je ne me sentais pas dans la forme de ma vie (peu de sommeil, du train la veille, une semaine chargée, …). Mes chevilles étaient raides, mais surtout, je commençais à ressentir de nouveau ma gêne au pied gauche que j’avais eu 10 jours auparavant. Cette gêne était à la limite de la douleur, à tel point que j’avais du mal à garder une foulée naturelle. Ce dont j’avais peur, ce n’étais pas vraiment la blessure en elle-même (j’aurais fini la course en rampant s’il le fallait, j’exagère à peine), mais plutôt qu’elle vienne m’empêcher de profiter de l’expérience. J’essaie d’évacuer les pensées parasites, de discuter avec quelques personnes. Une fois sortis de Millau, on n’entendait plus que les foulées sur le bitume, dans une atmosphère remarquablement détendue. Je rejoins mon « sherpa » à vélo à la sortie d’Aguessac. Je ne m’arrête pas au premier ravitaillement. Le début du parcours est facile et agréable. Au 12e km, je m’arrête au ravitaillement pour remplir mes flasques et y mettre mes électrolytes. L’ambiance y est incroyable, et les bénévoles d’une gentillesse. Ils nous aident dans la moindre de nos demandes. Limite ils nous donnent le biberon. Comme les suiveurs vélos ne peuvent pas accéder aux stands du ravito sans descendre de leur vélo, j’essaie de choper quelques trucs pour mon frère. Quand même, les cyclistes qui nous accompagnent restent le derrière vissé toute une journée sur une selle, il faut bien qu’ils puissent taper dans le buffet.
Finalement vers le 20e km, la douleur s’estompe progressivement. Je ne la reverrais plus de la course. C’est à partir de ce moment que je profite pleinement du paysage, des villages, des gens, de la nature. Arrivé à Peyreleau (21e km), une foule de gens se tiennent sur les bords de la route en épingle et qui monte franchement. L’ambiance est irrésistible, et je ne décélère pas en montée, au contraire. Heureusement la côte ne dure pas longtemps et je me suis dit aussitôt franchie, à faire le pitre comme çà je finirais par le payer physiquement. Je franchi le km 25 en 2h38 (clt 446).
Petite anecdote. Depuis le début de la course, un des coureurs (la soixantaine) va exactement au même rythme que moi. Il a une allure un peu inférieure, mais comme je marche 1/10e du temps je finis systématiquement par le rattraper. Mais vraiment tout le temps. C’est un peu mon meneur d’allure sans qu’il ne le sache. Le plus drôle, c’est que de dos, ce monsieur ressemble à s’y méprendre à l’aventurier Mike Horn. Alors avec mon frère, dès qu’on le rattrape on en rigole. C’est con comme private joke, mais qu’est-ce que c’est drôle.
Les km défilent sous le charme de l’Aveyron envoûtant. On discute de tout et n’importe quoi. Autre anecdote : je parlais avec mon frère des publicités que je trouve insupportables, et particulièrement d’une qui m’irrite au plus au point. Celle de Basic fit qu’on retrouve de partout. Et pile à ce moment-là, on entend dans une enceinte d’un jardin voisin en train de diffuser cette publicité. Gros fou rire, la coïncidence est extraordinaire. Au km 40, on arrive à Millau. Pendant ma minute de marche, on croise un groupe de gens attablés, qui nous propose très sérieusement de taper dans leur repas. Ce que nous déclinons avec sourire, surpris par la surprenante proposition. C’est l’ambiance de Millau. Entre temps, nous avions perdu « Mike Horn », et nous ne l’avons jamais revu. J’apprendrais plus tard que ce monsieur était bien positionné sur le 100 km, mais qu’il avait abandonné au 42e km. Il avait pourtant une bonne allure. J’arrive à la salle des fêtes, synonyme de distance marathon, en 4h35 (clt 401). J’y bois un pepsi. J’ai de bonnes sensations dans les jambes, plus qu’un marathon et demi ! Cap vers Saint-Affrique, gonflé à bloc !
A la sortie de Millau démarre un faux plat montant qui nous ralentit sérieusement. C’est à partir de ce moment-là qu’on aperçoit de la casse et un éparpillement des coureurs. Nous sommes seuls désormais. Arrive au 48e km la côte dont le sommet est dominé par le Viaduc. On pense qu’on peut la courir assez aisément en regardant en haut, mais en jetant un œil derrière nous, elle donne presque le vertige. Je décide donc de marcher. Il y a quand même un groupe de fous d’une dizaine de personnes qui la courent. Et qui aperçois-je parmi eux ? Le meneur d’allure 12h. J’ai alors cet objectif sub 12h qui germe dans ma tête. Au début, avec peu d’espoir puisque je m’aperçois que le groupe me dépasse dans la montée. Mais ils commencent à marcher presque arrivés eu sommet. A mon tour je me remets à courir et les dépasse. Un jeu du chat et de la souri à suspense débute entre nous (du moins de mon côté). S’en suit une longue descente vers Saint-Georges-de-Luzençon. J’y croise en sens inverse le légendaire Gabriel Noutary (qui va remporter l’épreuve pour la troisième fois en 6h48 !!!). Les jambes commencent à tirer un peu, et au 53e km je rentre dans l’inconnu. Qu’est-ce que ça fait de courir 47 km de plus pour la première fois ?
Passé Saint-Georges-de-Luzençon, nous entamons une légère pente. Ça commence à devenir dur. D’autant que je me fais rattraper par le groupe du meneur d’allure. Je commence à me poser des questions sur le fait qu’ils soient un peu trop rapides. Même en prenant en compte de la marge pour les dénivelés, je suis bien dans les clous (pour le moment) pour passer sous les 12h. Je décide de m’accrocher à leur wagon, en suivant leur allure. Je déroge un peu à Cyrano (en courant 15 minutes) pour atteindre le prochain ravitaillement à Saint-Rome-de-Cernon (km 60). Je décide de me dépêcher sur le ravito (comme sur tous finalement) et de repartir avant le groupe. C’est ma onzième clef de succès : minimiser le temps sur les ravitos. Sur les 18 ravitaillements, j’aurais passé un total de 15’30 (en réalité un peu moins parce qu’on s’est aussi arrêté pour prendre des photos). Soit un temps de revient d’environ 45 secondes par ravito.
Je repars donc avec un second souffle mais le plus dur n’a fait que commencer. La distance entre le 58e et le 70e km m'a paru interminable. A partir du 61e, la fameuse côte avant Saint-Afrique débute, sur environ 4 km. Je la marche sur une grande partie. Le groupe du meneur d’allure me dépasse en courant une nouvelle fois dans cette côte. Je me dis encore qu’ils sont trop rapides, mais que d’un autre côté le meneur d’allure connaît son job, et donc je pense à ce moment que c’est mort, que je ne les reverrais plus. Peu importe, je n’avais pas d’objectif initialement. Je me remets à courir, toujours dans la montée, me disant que j’avais assez marché comme ça. Je me concentre sur mon effort, et je ne parle quasiment plus avec mon frère depuis quelques kilomètres. J’arrive à me déconnecter de tout, et à ne penser qu’à ma foulée, pas après pas. Et quelque chose d’assez extraordinaire s’est passé. Durant cette vingtaine de minutes, j’avais l’impression de me régénérer physiquement. Nous arrivons au sommet de la côte, avec le ravitaillement de Tiergues au 65e km. Il reste 6 km de descente vers Saint-Affrique. Dans la descente, j’arrive à reproduire mon état régénérateur, avec plus de facilité. Le soleil se couche doucement, nous profitons tout autant du paysage, et de la vallée qui me fait drôlement penser à un panorama du seigneur des anneaux. Nous croisons de plus en plus de coureurs dans l’autre sens qui repartent donc sur Millau. Nous nous encourageons mutuellement. Je trouve ça assez formidable et authentique.
Nous arrivons à Saint-Affrique, le 71e km en 8h08 (clt 315). Je le vis comme un retour à la civilisation, avec des gens qui nous encouragent. Je reste peu de temps au ravitaillement, et je repars sur les chapeaux de roues, comme si j’étais au 40e km. Je décide de courir par intermittence en montée. J’avais remarqué que marcher trop longtemps rendait la reprise de la course proportionnellement plus difficile. A peine avions-nous fait un km dans l’autre sens qu’un phénomène inattendu se produit. Je tourne la tête et aperçois derrière-moi le meneur d’allure ! Comment se-fait-il ? Alors qu’il m’a dépassé bien des kilomètres avant, et que je ne l’ai plus revu ? Notre théorie c’est qu’il s’est arrêté relativement longtemps au ravitaillement de Saint-Affrique, voyant peut-être qu’il avait pas mal d’avance, et que nous l’avions doublé sans nous en apercevoir. Je décide donc de m’intégrer au groupe, qui avait diminué de moitié depuis. Nous étions cinq. Un autre meneur d’allure 12h en vélo celui-ci roule un peu au-devant. Le groupe me convient puisqu’ils alternent course/marche dans la montée. C’est un peu difficile pour moi de maintenir le rythme, mais ça passe. Nous atteignons le ravitaillement de Tiergues au sommet, et je me dépêche d’enfiler mon gilet jaune et ma lampe frontale (la nuit approchait à grands pas) pour repartir rapidement en les devançant, parce que je savais que j’irai moins vite. Ils finissent par me dépasser dans la descente. Je garde mon rythme en me disant que de toute manière c’était sympa d’avoir fleurté avec le temps du 12h. Au ravitaillement de Saint-Rome-de-Cernon (km 82), il fait nuit noire. Ça redevient difficile d’autant que la pente s’adoucit. Je reprends la méthode Cyrano à 8’ de course pour 2’ de marche. C’est ma douzième clef de succès : les longues courses sont faites de cycles, alternant entre périodes de bonne forme physique et mentale, et période de moins bien. Le tout sur ces périodes de moins bien est de se recentrer sur des repères sur lesquels s’appuyer (pour moi la méthode Cyrano et les micro-ravitaillements dont les minutes de marches sont autant de mini-objectifs court-terme). J’arrive quand même à profiter : on croise des coureurs, des bénévoles, les lumières rouges au loin, les lumières blanches derrière.
Nous atteignons le ravitaillement de Saint-Georges-de-Luzençon (km 88), avant-dernière étape. La fatigue s’accumule et la dernière grosse côte nous attend, dominée par le Viaduc. Je marche principalement. Nous prenons le temps de faire un selfie au 90e km. Arrivés en haut, nous rejoignons 2 autres coureurs et leurs suiveurs vélo. Comme si nous nous étions mis d’accord, nous nous sommes tous mis à courir comme des bœufs dans la descente. Les pas lourds, mais à une vitesse de 13 ou 14 km/h. Il nous restait moins de 10 km. Je me sentais pousser des ailes, avec un regain d’énergie assez inexplicable. Même arrivé en bas de la descente, je continuais ma course à « vive » allure, encouragé par mon frère. Nous nous retrouvions de nouveau seuls dans les rues éclairées par les lampadaires aux lumières jaunâtres. Je m’accroche. Et puis au km 96, comme sorti de nulle part, un petit ravitaillement dans un virage est tenu par quelques enfants en face d’une maison isolée. Nous nous arrêtons et nous proposent quelques bonbons. Nous quittons ce ravito, surprenant mais réconfortant, en les remerciant chaudement. 4 km bordel, il reste 4 km !
Comme si la journée n’était pas assez chargée en rebondissements, nous allions en connaître un de plus. Vers le 97e km, j’aperçois devant moi une fois encore le meneur d’allure 12h !! Un énième rattrapage du meneur d’allure, une véritable course dans la course ! Il avait encore perdu des soldats au combat. Ils n’étaient plus que 3, en plus du meneur à vélo, avec qui je discuta quelques minutes. J’eus donc l’occasion de lui demander s’ils n’étaient pas en avance sur leur objectif. Il me répondit que si, mais qu’ils ont eu quelques soucis les autres années, et pour qu’ils puissent tenir leur contrat, ils ont pris un peu d’avance. Puis, il m’encouragea à les dépasser pour faire un temps. Ça m’a boosté, et donc je repartais de plus belle en les doublant, toujours suivi par mon fidèle sherpa. Une dernière courte marche de 30 secondes pour reprendre mes esprits à 1 km de l’arrivé, et j’entamais mon sprint final. A 300 mètres de l’arrivée, je propose à mon frère de me dépasser pour qu’on se rejoigne à la salle des fêtes. Les rues de Millau sont calmes, mais les quelques passants nous encouragent encore. Je passe la grille du parc de la victoire, et je me fais cette réflexion : « c’est déjà fini ?! ». Je monte la dernière ligne droite, et regarde une dernière fois ma montre : 101 km. Mince, j'avais déjà dépassé les 100 bornes en fait. A l’arrivée, pas d’émotions particulière qui transparait, sinon un futile regret que ce soit déjà terminé. Un peu hébété, réconforté par la chaleur de la salle des fêtes, je regarde mon chrono : 11h53. Finalement si, j’avais réussi à atteindre un objectif qui n’en était même pas un au début de la course. Mais là n’était pas le plus important pour moi. Je rejoignis finalement mon frère qui arriva après-coup. Nous nous félicitions, puis entamions un petit débriefing et discutions de la suite des évènements.
Je n'avais pas cherché la "performance" à tout prix, elle m'a rattrapée. En fait je me suis agréablement surpris, d'avoir bien géré ma course, et particulièrement le ravitaillement. J'ai pu tenir Cyrano les 60 premiers km presque sans discontinuité, et la reprendre dans les moments difficiles. Tout cela m'a permis d'avoir une bonne régularité. Sur un bon millier de coureur je suis passé de 446e au km 25, à 400e au km 42, à 315e au km 71 et finalement 259e à l'arrivée (224 hommes). Et dans ma catégorie Espoirs 3e/10. Mais pour moi, cette performance reste secondaire, d'une part parce que j'ai le sentiment que j'aurais pu faire un peu plus. Je n'ai pas été au bout de mes limites, mais ça n'était pas l'objectif premier. D'autre part parce que j'en retiens avant tout une expérience que j'ai pu apprécier à fond.
Je n’ai pas ressenti d’émotion particulière, d’abord parce que c’est dans ma nature, mais aussi pour deux autres raisons. Je n’avais pas d’objectif, donc j’aurais été satisfait quoiqu’il arrive. Par ailleurs, j’avais suffisamment bien géré ma course pour qu’à aucun moment (même si c’était très dur parfois) je me dise « qu’est-ce que je fais là ». J’étais sur le moment surtout satisfait de la fin de ma course, avec le dénouement final du meneur d’allure, mais pas seulement. Sur les 10 derniers kilomètres, j’avais réussi à taper mes meilleurs allures (environ 5:20/km). Je sentais que je pouvais encore faire 10 km de plus sans tomber en morceaux. Dans les 15 minutes qui ont suivi, je me suis dit : l’année prochaine j’y retourne ! J’étais absolument conquis par l’ambiance, l’état d’esprit des coureurs, la générosité des bénévoles, les encouragements aveyronnais. Une véritable aventure !
J’avais relevé mon défi, devenir centbornard en 38 jours. Et ce n’aura pas été le dernier...
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2 commentaires
Commentaire de Badajoz posté le 14-11-2024 à 10:09:12
Un récit marrant et passionnant qui nous offre une vision originale de la course à pied. Bientôt l'UTMB en moins de 60 jours?
Commentaire de Clément LHE posté le 14-11-2024 à 12:52:17
Ha ha !! Un poil trop ambitieux l'UTMB... Et puis avoir un dossard supposerait s'être entrainé un certain temps, ce qui rend ce défi techniquement impossible. Non, je me contenterai du Grand Raid de l'Ultra-Marin, pas loin de chez moi en plus. Le temps de bien me préparer cette fois ...
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