L'auteur : Ewi
La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie
Date : 28/8/2019
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 1372 vues
Distance : 145km
Objectif : Balade
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Avant tout, il me faut remercier ma femme qui m’a laissé le temps de m’entrainer et m’a soutenu dans mes bêtises (et pour une fois, Benman n’y est pour rien). Il me faut aussi remercier Chococaro qui a été d’une gentillesse infinie en m’offrant gite, couvert et un havre de paix et de calme après la course. Une chose est sure, c’est que tout aurait été beaucoup plus compliqué sans Kikourou. Sans Xavier, Benoit, Franck & co, je ne me serai pas aligné sur cette course et sans cette bêtise de 365h, je n’aurai jamais eu la caisse.
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J’ai longtemps hésité à faire le récit de ma TDS. Tout est passé très vite, l’objectif est rempli mais j’ai quand même beaucoup râlé, et ai l’impression d’être passé complètement à côté. Truklimb aura bien deviné la raison : « "Belledonne c'est plus joli, Belledonne c'est plus sauvage, en Belledonne y'a pas de bouchons, en Belledonne y'a pas plus d'accompagnants que de coureurs, en Belledonne y'a des cailloux..." »
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Ne spoilons pas trop, commençons par le début.
Après l’Échappée Belle l’année dernière, j’ai mis du temps à redescendre de mon nuage, j’ai mis du temps à évacuer toutes ces drogues naturelles que le corps secret. Et, comme un junky en manque, je me suis mis en chasse d’un nouvel objectif. Sur le papier, les 144km/9000D+ de la TDS, les avis sur le forum et de certains lyonnais m’ont très vite emballés. Du moins suffisamment pour tenter le tirage au sort. Seule ombre au tableau, Benman ne sera pas de la partie, et après avoir au moins 50% de mes kms de 2019 (et surement 70% de ceux de 2018) avec lui, c’est une petite source d’inquiétude. Xsbgv, deuxième, mais non des moindres, compères de l’EB2018 et de la MH2019 et Benman participerons au tirage au sort pour la course des grands, l’UTMB.
Le tirage au sort est positif, mais très vite j’oublie cette inscription et passe à autre chose : un Bigorneau arrivé plus tôt que prévu, la course à pied s’éloigne de mes préoccupations... Je ne pense pas TDS, je ne dors pas TDS, je ne rêve pas TDS et je ne bassine pas mon entourage avec la TDS. Gros changement par rapport à 2018 où ma femme était capable de décrire tout le profil de la course tellement je « vivais » échappée Belle. L’avant-course n’est pas aussi stimulante que prévu… première déception et début de démotivation. Mais c’est sans compter sur Kikourou, ses TASK et ses offs lyonnais. Belledonne me fait aussi des yeux doux tout l’hiver, et l’idée de repartir crapaüter en montagne redevient vite au programme. Finalement, c’est le WE de la Montagnhard qui, alors qu’aborder en touriste, va finir de me préparer pour la TDS.
Reste qu’au fond de moi, je ne la sens pas cette TDS, il n’y a rien à faire, j’ai la tête ailleurs, dans les pierriers de Belledonne, sur les crêtes de Belledonne et j’ai de plus en plus envie de refaire sonner la cloche d’Aiguebelle. Cet état d’esprit ne va pas me lâcher, et sera, je pense, le fossoyeur du plaisir durant ma course. Je me motive quand même à faire une reco, la montée de BSM vers le fort de la Platte est réputée difficile … allons voir. Cette sortie confirme mon impression et malgré les mots rassurants de FranckDeBrignais, c’est un peu la douche froide. Le terrain ne m’amuse pas. Je regarde les sommes engagées et je peste contre moi-même…
Deux semaines avant, mon roadbook n’est pas fait, et je n’ai pas envie de le faire. Je n’ai pas tout le matos obligatoire et préfère toujours m’amuser du côté de Val Pelouse, du col d’Arpingon et du refuge de Ferice… Bigorneau fait ses dents, les nuits sont courtes, je suis déjà fatigué, bref j’ai des centaines d’excuses pour râler.
Quand il faut y aller, il faut y aller.
Meocli me prend à Lyon direction Chamonix où nous retrouvons Xavier et David pour la navette vers Courmayeur. Le retrait des dossards est hyper efficace, un diner sympa avec David, Yves, Xavier et Meocli et au dodo.
La nuit est courte et bruyante, à l’italienne quoi. Dépôt des sacs, alignement dans le parc à sardines et c’est parti… Je n’entends même pas la musique, c’est impressionnant le monde qu’il y a. Objectif, partir tranquillement avec le même mantra qu’a l’EB : « Gestion, Gestion, Gestion ». Meocli n’est pas loin et je retrouve Xavier assez rapidement. Hasard du départ, un certain Fred nous interpelle, grâce à nos parures Kikourou, nous allons faire 50kms ensemble.
Avant de continuer, il faut que je vous avoue un petit défaut… je ne suis jamais stressé, je ne suis jamais anxieux, et rien ne peut me déstabiliser… temps qu’il n’y a pas de timing à respecter. À partir du moment où il faut être à l’heure quelque part, je deviens souvent exécrable, regarde ma montre toutes les 10 secondes et rejette souvent la faute sur les autres. Vous imaginez bien que sur une course où il y a 13 barrières horaires, certains moments vont très vite m’agacer. J’ai donc fait un roadbook JLBHAC par tronçons, histoire d’avoir les heures limites de passage. Il faudra courir le premier tronçon à 4.4km/h, le deuxième à 4.3km/h, etc.
Et c’est là que le « mini-moi en moi » commence à trépigner, à faire les cent pas… le premier ravito est synonyme de premiers bouchons. Pour passer la première barrière, il nous faut une vitesse moyenne de 4.4km/h. À ma montre, on passe de 5 à 4.5 puis à 4 et ça n’en finit pas de descendre… je tourne en rond et même l’incident diplomatique entre Hongkong et la Chine qui se joue devant moi me laisse de marbre. Il va falloir courir… et courir bien plus vite que prévu. Le soleil se lève doucement sur le lac Combal. Ce dernier est dans la brume, un peu comme nous. C’est vraiment joli, je découvre une nouvelle facette des Alpes, je m’accroche à ça. On prendrait bien notre temps mais avec son minibus qui nous crache des gaz d’échappement à la tronche et son hélico qui fait des rotations au-dessus du lac dans un vacarme à réveiller des morts… l’émerveillement aura duré cinq minutes… si en plus on rajoute la BH qui est vraiment juste derrière nous… pas le temps de lambiner.
Nous allons passer au lac Combal à 7h17 pour une BH à 7h30. Ouf. C’était la barrière la plus tendue. Petite mesquinerie de l’organisation : les toilettes sont placées avant le point de contrôle. La gent féminine bien moins à l’aise dans la nature appréciera !
Le lac Combal abandonné, je ne rentre toujours pas dans la course, je n’arrive pas à me détacher du monde autour de moi. Je sais que je suis dans un mauvais état d’esprit pour faire 144km mais je n’arrive pas à dépasser cela malgré des voyants au vert. Je grimpe vite, je supporte très bien l’altitude, et mon genou est en titane dans la descente. Sur les pentes du col Chavannes, je suis étonné de déjà trouver des coureurs en difficulté après seulement 2000m de D+ et quelques kilomètres. Je m’accroche comme une tique à Xavier qui fait un très bon pacer. Son allure en descente est parfaite, prudente et économe, nous prenons de l’avance sur les BH sans pour autant taper dans les réserves ni casser les fibres. Comme le col Chavanne, le col du PSB est avalé. Même pas mal… Y avait une montée ? Nous voilà en France. Destination Bourg Saint Maurice.
Il y a moins de monde sur cette portion, la descente interminable vers Alpetta a peut-être déjà fait des dégâts dans le peloton. BSM est en fond de vallée, 15km pour 1200m D- et même si chaque mètre de D- fait monter la température, certaines portions de cette descente sont amusantes. Xavier est prudent avec ses genoux, moi moins mais je m’amuse enfin. Je prends quelques minutes d’avance en sachant très bien qu’on se retrouvera à BSM où j’ai prévu de passer un peu plus de temps que lui. Premier contact avec un autre coureur, un japonais qui me demande de lui décrire la suite du parcours, on va discuter et relancer le temps d’arriver à BSM. Il a traversé la moitié de la terre pour venir faire cette course, c’est la course de sa vie… mais n’a ni roadbook, ni étudié le parcours… étrange.
Alors que l’envie et le plaisir remontaient, au ravito de BSM, c’est la douche froide ! C’est un point d’assistance, ou plutôt un point d’assistés. Il y a trop de monde, trop de « non coureurs » qui, surmotivés pour bichonner leur chouchou en oublie les règles de politesse, et leur bon sens. Je ne trouve aucune place pour m’assoir, j’arrive difficilement à attraper une soupe et je dois jouer des coudes pour un quartier d’orange. En plus de la chaleur, c’est les esprits qui s’échauffent. Xavier quitte le ravito, j’en fais de même alors que j’avais prévu d’y passer pas mal de temps pour préparer la montée vers le Fort de la Platte.
Je connais cette montée, j’y suis venu 3 semaines avant la course. Il n’y a rien de compliqué. C’est raide mais ce n’est pas long. La première partie est ombragée, la seconde à découvert. Il ne faut pas confondre le fort du Truc et celui de la Platte au risque d’être démotivé à l’arrivée du premier. Bien sûr aujourd’hui, on oublie les 1200mD+/h et on se fixe comme objectif 750mD+/h. Je m’enferme dans une bulle, et je passe la montée entière à doubler, il y a des coureurs assis à droite et à gauche. Beaucoup sont au ralenti voire sur place. Manque de préparation ou surprise… voir autant de coureurs en difficulté m’intrigue et surtout me rassure sur ma forme. Au fort de la Platte (transformé en bar pour l’occasion), je retrouve Xavier. Par je ne sais quelle magie, il s’est retrouvé derrière moi alors que je guettais sa présence dans la farandole de coureurs devant. Je prends le temps de boire un Orangina (prévoir 2€ si jamais ;)). La suite est sans encombre, on passe juste à côté des 5 lacs mais sans les voir. Dommage pour le lac noir, une pause « miam » à cet endroit est plus que reposante, il faudra se contenter du petit lac d’Esola sans trop de charme. Le Passeur se dessine au loin, la montagne commence à être minérale. C’est magnifique, enfin ! J’ai la banane. Y a des pierres, des cailloux, les pieds trouvent leurs chemins machinalement et naturellement. Ma vitesse moyenne remonte, ma motivation aussi.
« Si t’as le vertige, inscris-toi sur l’UTMB, pas sur la TDS », « à un moment, faut arrêter de randonner en montagne », « Laisse passer, t’es trop lent ». Le respect est mort, la solidarité entre coureurs aussi. Devant nous, quelqu’un a le vertige, c’est vrai que c’est un peu gazeux mais grâce à la ligne de vie et aux bénévoles, il n’y a pas beaucoup de risque sans compter qu’on le passe en plein jour. On est un peu ralenti, c’est vrai, mais de là à incendier le pauvre coureur tétanisé… c’est quand même super moyen et surtout ça ne change rien. Depuis quand, perdre 5min est important sur un Ultra où l’on ne joue pas le podium et où la barrière est à plus de 2h? Un mot d’encouragement et de remerciement pour les bénévoles et à mon tour de passer, je plonge dans le pierrier (mais qui possède quand même un chemin ;) ) et là c’est un très bon moment, le meilleur moment de la course. Je dévale, je glisse, joue les équilibristes, les pierres roulent mais ce n’est pas grave… à nouveau je fais abstraction des autres et m’éclate. C’est trop rapide, j’en voudrai encore ! Le Cormet et le col de la Sauce sont avalés avec légèreté et plaisir. La descente vers la Gittaz n’est pas très technique, mais très jolie, encastrée dans des gorges avec un ruisseau au fond. Il n’y a personne, j’ai la montagne pour moi tout seul. Au point d’eau, je trouve de la soupe, fais le plein et repars sans perdre de temps. Je suis rejoint par deux polonais. Ils ont un sacré rythme ! Je m’accroche à eux, sors la frontale et pose mes pieds dans leurs pas. 800mD+/h plus tard, le col de la Gittaz est avalé. Je m’assois à l’écart, éteins la frontale et profite du ciel et de la pénombre.
À partir de là, la machine va se gripper et je vais retrouver mes vieux démons. Le balisage est presque inexistant, au point de jardiner un peu et de se remettre en question à chaque pas. On fait du D+ droit dans la pente alors qu’il serait tout à fait possible de faire des lacets… ce n’est pas l’extase. Je bougonne. Alors que je me pose sur une butte que je pense être le Pas d’Outray, je fais un point SMS, la famille, Benoit et Xavier sont présents. Ça fait du bien. Le pas d’Outray est encore à quelques kilomètres. Ce dernier me permettra de faire le plein d’eau et de partager une gorgée d’eau-de-vie avec un couple de bénévoles. Ça réchauffe, on plaisante, ça réchauffe aussi l’atmosphère qui est glaciale dans le peloton… à croire que tout le monde joue la gagne et que personne n’a envie de prendre 2min pour discuter avec un bénévole, ou même avec un autre coureur... toutes mes tentatives de contact seront laissées sans suite. Bref, j’avance à mon rythme. Quelques mètres plus loin, je prends l’eau. Mes chaussures et chaussettes sont trempées. Cette humidité et les 1500m de D- pour arriver à Beaufort vont achever ma course. Je suis dans un bouchon, on n’avance pas et on ne peut pas doubler. À force de piétiner, je vais me provoquer des échauffements sous les pieds puis des crevasses. Heureusement, la base vie avec chaussettes propre et chaussures sèches arrive enfin !
« Enfin », c’est vite dit. C’est Bagdad ! Il y a énormément de monde mais surtout des accompagnateurs. N’arrivant pas à trouver une place pour m’assoir, je pousse délicatement le sac à dos d’un accompagnant qui aussitôt m’engueule. Je suis tellement abasourdi par la scène que je lui montre mon dossard et m’assoie comme s’il n’existait pas. Je croise Xavier pour la dernière fois, il repart même avec des genoux en « K-tape bionique » et va finir sa course avec un super temps et un super classement. Pour moi, c’est direction podo et dodo. Je tombe de fatigue. Le podo ne peut pas faire grand-chose pour mes crevasses. Ça sera nok et chaussettes propres. Pour le dodo, ce n’est pas mieux, le dortoir est au milieu des podo/kiné donc pas d’obscurité, ni de calme. Ce n’est pas grave. Je repars, on avisera plus tard. Après tout, il ne reste que 50Km.
Beaufort – Col du joly
En partant de Beaufort, je suis remonté à bloc. J’apprécie la solitude et la nuit. J’avale les kilomètres. Je pousse sur mes bâtons et je monte à Hauteluce les doigts dans le nez. Je galère à trouver l’entrée du ravito, premier signe de fatigue. Je fais le plein d’eau et je repars. Ce ravito est étrange. Situé à 7km de la base vie, il est désert. Il est calme si on ne craint pas le froid, c’est même un lieu plus reposant que Beaufort. La prochaine étape est le col du joly mais avant il y a 1200m de D+. Le mont de Vores n’est pas loin, mais je sens le sommeil arriver, je sens mes yeux qui se ferment 1 seconde, puis deux, puis un peu plus longtemps… stop. Je dois me reposer. Je trouve une dalle de béton abritée par un porche. Je passe en mode nuit et programme une alarme. 30 min de dodo et ça repartent. Mont de Vores avalé, le col du Joly est en vue et « plouf, pieds dans l’eau » adieux chaussettes et chaussures propres, bonjour humidité. Courir devient de plus en plus compliqué. J’arrive au col du Joly en prenant mon temps et en profitant du soleil du matin. Ce ravito, on le voit de loin mais on n’y arrive jamais. Heureusement, le paysage est magnifique. Il y a un poste « infirmerie », l’infirmière me propose de la Nok et de faire sécher mes chaussettes/chaussures en attendant de voir le podo des Contamines. Je vais rester là, à me prélasser au soleil du matin, le temps de me réchauffer un peu. Il reste 33km, ça va être long mais j’ai le temps. En plus, je suis sur les terrains de la montagnhard que je commence à connaitre.
Col du joly - Chamonix
Même si la descente est douloureuse, les repères que j’ai m’aident bien. Nous prenons le chemin de la montagnhard à l’envers. C’est plat, c’est long, et si on ne court pas, c’est un peu pénible. Alors qu’avec Xsbgv nous avions tout trottiné en juillet, il faut bien se rendre à l’évidence, malgré quelques relances, ma course au chrono et classement est fini. Fracture du mental, Pac-Man Game Over. Commence une nouvelle course, une course contre les barrières horaires. Sur la MH, le ravito est au niveau du camping, ici il est plus loin. Tellement loin que je suis presque sûr de l’avoir raté. Fais demi-tour, me ravise, repart dans le bon sens, tourne en rond et fini par attendre un coureur qui arrive et lui emboite le pas. Il est concentré et silencieux… nous finissons par arriver au ravito. Je profite du podo des Contamines pour refaire faire mes pansements et me reposer un peu. Il n’y a que 3 chaises qui se battent en duel… mais c’est calme, désert, c’est agréable. On dormirait presque. Je mange bien, bois bien et repars vers le Tricot, dernier col de la course. Dans la montée vers le chalet du Truc, je croise un spectateur venu encourager son fils qui fait aussi la TDS. Sans le savoir, il va me pacer et a plus de 800mD+/h il va me faire cavaler. On discute de la course, des difficultés, de son fils qui prépare le GGR. Je n’ai pas vu la montée passée grâce à lui. Ce sera une de mes seules interactions de la course. Arrivé à Miage, des souvenirs trompeurs me font jardiner pour trouver un point d’eau. Il faut aller le chercher 50m plus bas, sous le chalet. Attaquer le Tricot sans eau n’étant pas une super idée, je fais donc un détour pour remplir mes bidons. Le col de Tricot est en deux étapes. Rien d’insurmontable. On commence par une montée raide puis par quelques lacets pour arriver tranquillement au sommet. Je prends mon temps et finis par arriver au pointage. Je me pose deux minutes au sommet pour profiter de ce dernier surplomb sur la course. En 2018 j’ai fait la MH60, mon premier trail de montagne. J’y avais rencontré Béné, une Luxembourgeoise super gentille avec qui j’avais fait les 40 derniers Kms. Bubulle faisait des A/R entre Miage et le Tricot, Benman avait déjà pris le large et l’ambiance en général était plus amicale. Aujourd’hui au sommet, j’encourage les coureurs de la TDS qui me doublent et je n’ai que rarement une réponse, voire un regard.
En 2018, il y avait de gros névés sur le versant que je m’apprête à descendre. Aujourd’hui rien, juste des mini canaux à sec qui compliquent la descente. Ayant fait une croix sur le chrono et le classement, je profite du paysage et descends tranquillement à mon rythme, en répondant au SMS et au mail. J’apprends avec surprise que certains collègues sont devant livetrail à me suivre et que mon grand-père de 92ans fait pareil. Tous m’encouragent. J’arrive avec plaisir à la passerelle de Bionnassay et profite de la fraicheur que procure son torrent. Jardine encore un peu après cette dernière et arrive tranquillement à Bellevue et sa gare « du petit train du Mont-Blanc ». Pas question de descendre en train aujourd’hui. La suite sera sur le goudron de la route vers les Houches et enfin la portion interminable vers Chamonix. En entrant dans Chamonix, je découvre un autre aspect de la course, les passants ont tout le sourire, ils encouragent, félicitent, acclament… On a l’impression d’être sur une autre course. Si je ne cours pas à ce moment, ce n’est pas à cause de mes pieds ou de la fatigue, c’est pour profiter de cette ambiance. J’ai beau me faire doubler sur la ligne par deux avions, ce n’est pas grave, ça vaut le coup.
Puis l’effervescence retombe. Je retrouve PatFinisher sur la ligne, on se retrouvera quelques heures plus tard chez Carole. Lui est là pour l’UTMB. La routine continue, podo/dodo et cette TDS sera bien vite oubliée.
Il y a 38h j’ai quitté Courmayeur à pied pour arriver à Chamonix. Même si je n’ai pas eu de shoot d’endorphine comme sur l’EB, même si je n’ai pas l’impression d’avoir réalisé un Ultra, même si je râle beaucoup, je n’ai pas vu le temps passé et je n’ai pas trouvé ça dur, jamais je n’ai douté arriver à Chamonix. Après une nuit tranquille, je vais retrouver Patfinisher, Carole et surtout croiser rapidement Benoit avant son départ pour l’UTMB où il ne le sait pas encore, mais lui et Pat vont nous faire vibrer pendant 2 jours dans une course épique.
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11 commentaires
Commentaire de truklimb posté le 12-12-2019 à 14:32:07
Prem's sur le commentaire ! C'est juste pour dire que t'as pris ton temps pour accoucher du récit !!
;o)
Sur ce je me lance dans la lecture...
Commentaire de truklimb posté le 12-12-2019 à 14:59:58
Bon on sent bien que ça a pas été un gros kiff cette TDS...
Mais quand même bravo d'avoir été au bout ; ça aurait été facile de bâcher vu ton manque de motivation, c'est déjà une belle réussite de t'être accroché alors que l'envie n'y était pas.
Du coup c'est quoi le programme 2020 ???
Commentaire de Ewi posté le 14-12-2019 à 20:19:23
Plus que la motivation, c’est la tête qui y était pas ;)
Le programme ? Ça sera sûrement une mh100 et peut-être un utmr.
Commentaire de chococaro posté le 12-12-2019 à 16:46:49
Sans envie, difficile de prendre du plaisir. Désolée que cette TDS ne t'ait pas enchanté, merci pour la franchise de ton récit. Je ne suis pas prête d'oublier mon retour à Chamonix,jeudi tard dans la nuit en sachant qu'un kikou dormait dans ma chambre mais que j'ignorais tout de lui, même son pseudo que je n'avais pas retenu. T'accueillir fût un chouette moment. Tu apportes la sérénité et c'est précieux. Je ne m'imaginais pas que tu m'accueillerais avec son petit champion quelques mois plus tard à Lyon. Pour 2020 je te souhaite des rencontres magiques, des paysages et des courses inoubliales et rendez-vous très bientôt.
Commentaire de Ewi posté le 14-12-2019 à 20:23:54
Et oui, quand j’ai vu que je n’arriverai pas à prendre le dernier train pour Lyon, la carte « chocoCaro » a été génial. Puis honnêtement, je suis bien content de ne pas avoir eu ce train et d’avoir pu faire ta connaissance ;)
Commentaire de Mazouth posté le 13-12-2019 à 01:11:10
Pac-Man s'est fait rattraper par les fantômes de la nuit (et les démons de minuit aussi), mais je note quand même qu'il y a des moments où tu t'es amusé ;) Bravo aussi d'avoir fini ce gros morceau en bonne forme !
Commentaire de Benman posté le 14-12-2019 à 19:45:14
Il y a beaucoup de lucidité dans ton beau récit. C'est difficile de dire qu'on n'a pas aimé, alors que plein de gens reviennent de ce type de course en disant qu'ils se sont enfin réalisés.
Pourtant, probablement le fait que tu n'étais pas dans ton univers habituel, avec les compagnons des précédentes épopées a pu jouer... et pourtant nous n'avons couru ni l'EB ni la MH vraiment ensemble, avec xsbgv, quand on regarde bien...
Et c'est toujours difficile de faire sa 2eme première fois... et la première était tellement forte.
Et Belledonne c'est addictif et tu le sais.
Et on ne va pas du tout pour les mêmes raisons sur une course de l'UTMB que sur une course de l'EB...
J'ai vécu plein de choses sommaires à toi, et pourtant j'ai adoré mon UTMB, malgré des choses probablement similaires à celles que tu as relevées, mais que je n'ai même pas remarquées, ou alors très rapidement oubliées...
Donc chacun suivant les jours, son humeur, le moment, son histoire... va vivre un même événement très différemment. Et peut-être que la prochaine fois, sur la même course, tu vivras très différemment les mêmes événements...
Merci de nous l'avoir partagé, et bravo pour ce récit.
Commentaire de Ewi posté le 14-12-2019 à 20:29:19
Et je suis super content pour ton utmb :) te suivre à été une course dans la course. De mon côté, les reproches ne sont pas à faire à la TDS mais bien à ma tête ;).
Commentaire de Benman posté le 14-12-2019 à 19:48:02
Et j'oubliais... merci pour ce témoignage d'amitié fidèle et sincère.
Commentaire de xsbgv posté le 15-12-2019 à 01:59:51
incroyable ce récit... comme aurait dit l'autre: "montagne sans partage n'est que ruine de l'âme"... je comprends donc ici pourquoi on a accroché si vite, puisque notre sport pratiqué en montagne ne vaut d'être vécu s'il est sans partage... j'aime quand la càp par essence individuelle devient ainsi collective... vivement "vin vin" et de prochains défis!
Commentaire de meocli posté le 21-01-2020 à 11:13:08
Salut Ewi,
Je m'étais mis en tête que tu ne ferais pas de récit et étais donc passé complètement à côté.
Pour une toute autre raison, mon ressenti de la course (performance en moins) est très proche du tien.
Pourtant sur l'UTMB en 2015, j'avais été agréablement surpris, liant pas mal la conversation (ce qui n'est pas trop mon fort) avec des japonais (et l'anglais asiatique quand tu n'as pas dormi pendant deux jours, ça vaut le détour).
Bref, déçu de ne pas avoir fini, pour tourner définitivement la page Chamonix car vus les retours sur les inscriptions, même la PTL commence à ne plus franchement me donner envie.
Vivement 2021 où je tenterai Belledonne et si le coeur te dit de faire un saut en Andorre, je serai ravi de partager le terrain avec toi!
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