Récit de la course : Sur les Traces des Ducs de Savoie 2016, par keaky

L'auteur : keaky

La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie

Date : 24/8/2016

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 2645 vues

Distance : 119km

Matos : Cascadia 11
Sac Raidlight Olmo 12
Black Diamond Carbon Distance-Z

Objectif : Terminer

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TDS 2016 – « BE STRONG »


TDS 2016 – « BE STRONG »


Je me lance sur ce récit de l'objectif ultime 2016, ma TDS. Attention c’est très long.

Je vais faire court et déjà tuer le suspense :

« Finisher de la TDS 2016 - 119km 7300m+ marquée par une extrême chaleur en 28h12, 459ème sur 1794 partants, inespéré et irréel.. Je vous remercie pour tous les messages de soutien et le suivi "appuyé" de certain(e)s. La saison 2016 est déjà terminée mais remplie de satisfactions. »

Mais résumer la course à ce paragraphe serait réducteur tant le chemin a été long. De fait mon récit est très long, gérez votre effort..

Après une pré-inscription mi-décembre 2015 et un tirage au sort positif début janvier, je me retrouve inscris à une course nommée Sur les Traces des Ducs de Savoie, ou plus intimement la TDS. Ce sont 119km, 7250m de montée, 7450m de descente sur le 3/4 tour du Mont-Blanc. Le tout durant le fameux festival UTMB à Chamonix. C'est une distance encore jamais réalisée pour moi et après 3 cents-bornes en trail, je souhaite franchir de nouveau un palier.

J’ai toujours eu un gros apriori avec la grosse usine à business qu’est cet évènement de l'UTMB où tout repose sur le mythique Mont-Blanc. Et comme quoi, il faut toujours se frotter à la machinerie avant de porter un jugement. La TDS m’a permis de changer d’avis sur cette organisation au cordeau, avec des bénévoles et une ambiance exceptionnelle et ce sur chaque patelin que l’on traversera.

 

MA PREPARATION

Pas de prise de tête particulière. C'est mon objectif de l'année mais ne le ressent pas comme une fin en soi malgré le beau morceau qui m'attend. Une préparation à ma façon...

Cette année, j'ai voulu transposer ma préparation Beaufortain 2015 à ma saison 2016. C'est à dire, environ 3 entrainements par semaines (souvent moins et très rarement plus..) mais en qualité plus qu'en quantité (plus de fractionné en côte notamment).

La quantité je les produits lors de courses mensuelles après une remise en jambe sur janvier/février, avec les conditions climatiques fournies avec. A ce niveau-là, j’ai été peu épargné :

  • en mars, 58km et 2800+ du Céven'Trail (froid, neige et pluie) ;
  • en avril, 40km et 1700+ du Trail Drôme (doux, gris et pluie) ;
  • en mai, 41km et 3100+ des Allobroges (doux/froid, gris à bleu, abandon en leine forme pour cause de lassitude sur un parcours boueux/glaiseux extrêmement exigeant...) ;
  • en juin, 108km et 5600+ de l'UTPMA qui me servira de très bon bilan global en terme de gestion et de ressenti (brouillard, pluie, pluie, pluie, boue, boue et sur la fin boue/bouse...) ;
  • puis en juillet une reconnaissance de la TDS sur 2 jours en compagnie notamment de deux David (qiou et dca) avec qui nous ferons : le samedi le tronçon Bourg-Saint-Maurice-Refuge de Nant-Borant (42km et 3000+) et le dimanche la fin du parcours, Refuge de Nant Borant-Chamonix (29km et 1500+).

Un très bon moyen de jauger de l'extrême difficulté de l’ascension de 2000m+ sur 11km depuis Bourg-Saint-Maurice (à moitié course) via le Fort du Truc et de la Platte ainsi que de désacraliser le Passeur de Pralognan. Certes, c’est très technique, mais ce n’est pas non plus de l’alpinisme… J’espère tout de même pouvoir passer ce passage de jour.. Surtout si le temps est humide.

Pour les statistiques en préparation TDS, depuis le début de l'année j'ai cumulé 261 km, 13 400m+ et 49 heures de course. Le tout enrobé de 750km et 17000m + d'entrainements, notamment avec le Club de Saint Alban de Roche en Nord-Isère, soit au global 1000 bornes et 30 000 m+, une moyenne de 140 km/mois et 4300 m+, le tout exclusivement en trail. Ce sont les courses qui m'ont permis de maintenir une base physique tout au long de ces 8 mois de prépration.


2 SEMAINES AVANT L’OBJECTIF

Vacances dans le Sud-Aveyron, chez moi, où l’été est rythmé par d’énormes fêtes de village où la débauche et la joie de vivre sont de mises. C’était un des gros points de volonté à jauger afin de ne pas ruiner la préparation.. et aussi un point d’interrogation, fête et sport sont-ils compatibles ? Le programme effectué :

  • J-10 : 3 jours de fête à se coucher très tôt le matin pas très frais le week-end du 15 août… Récupération, 3 jours au bord de la plage plus quelques footing..
  • J-3 : un gros samedi soir abrégé où je passe à l’eau en fin de nuit.. Footing de ¾ d’heure le lendemain pour évacuer les toxines. Gestion le dimanche à boire du Perrier toute la journée (hormis, 2 bières, 1 jaune et 1 blanc…). Après, j’ai fait cure d’eau stricte jusqu’au matin de la course..

Ça passe ou ça casse !!! En tout cas, niveau moral, je suis au top, aucune frustration pendant ces vacances ;)

 

MARDI 23 AOUT 2016 - VISITE DE CHAMONIX

Les divers sacs avec matos sur le dos, sac d'assistance, sac du Cormet, sont prêts depuis déjà une semaine... Juste une vérification le matin et c'est parti. Transfert vers Chamonix en blablacar et la famille de S. URTADO, ultra-sympathique, qui vienne suivre leur poulain pour la TDS également.

Je m'installe au camping des Barrats. Il est affiché complet mais tente le coup.. En fait, ils ont des places pour les campeurs n'ayant qu'une seule tente, comme moi. A 15 minutes du centre-ville, c'est bien placé et il donne un pass' transport gratuit pour les hébergés. Très bonne adresse.

Récupération des dossards vers 17h30 où il n'y a quasiment personne, une première bonne surprise. Contrôle minimum du matériel obligatoire puis on accroche le fameux bracelet autour du poignets.. Ca y est, je suis matériellement fiché "TDSiste en devenir".  

 

Deuxième bonne surprise, je retrouve David (qiou) juste en sortant du retrait des dossards, un des David avec qui j'avait fait la reconnaissance un mois plus tôt,. Le soir, on ira manger un dernier repas à "l'M" avec une magnifique vue sur le Mont-Blanc au soleil couchant. Petit appel de Franck A. de Raidlight qui me débriefe rapidement son début de semaine en tant qu’ « Administrateur Environnement » sur le festival. On ne se croisera malheureusement pas sur le parcours.

 

A 21 heures, extinction des feux dans la micro-tente. Réveil à 3h00 pour aller prendre la navette.


MERCREDI 24 AOUT 2016 - LA COURSE

3 heures. Mes deux réveils ont sonné, la nuit s'est plutôt bien passée. C’est dur de sortir de la tente car c’est bien humide dehors à cause de la rosée et faut le dire, ça caille un peu.. Je prépare mon café, 2 bananes, une compote, lit les derniers messages d'encouragements reçus la veille au soir, un léger débarbouillage et je décolle pour récupérer la navette prévue à 4h15. Deux kilomètres à rajouter à la journée pour la rejoindre, ça permet de s’échauffer un peu et jusqu'ici, tout va bien, je suis heureux d’être là, quoi qu'un zeste d'appréhension est présent, normal..

L'organisation est très bien rodée, quasiment aucune attente et un départ de la navette pilepoil à l'heure de Chamonix pour passer sous le tunnel du Mont-Blanc et rejoindre le départ à Courmayeur. Arrivé tôt, la température est déjà douce et mon manche courte et de simples manchettes suffisent à ne pas avoir froid. Je pose donc directement mon sac d'assistance et part m'installer dans une salle à l'écart. Je m'isolerais avec la musique 30 minutes pour me reposer avant les prochaines longues heures qui ne devraient pas être de tous repos.

5h35, je sors pour m'installer dans le sas de départ. Il y a déjà beaucoup plus de monde, ça grouille et me positionne de suite vers l'avant du peloton.. Non pas que je compte partir vite, loin de là, c'est juste pour me retrouver plus rapidement dans mon rythme et ne pas subir le faux rythme du fond de peloton. Ce sera un vrai plus pour moi.

C. Poletti nous mets en garde sur la chaleur et le "four" qui nous attends à Bourg-Saint-Maurice. Pour une fois la météo dira vrai. Je profite de l’instant et savoure cet ambiance douce et sèche, c'est la première course de l'année que je ferais avec du ciel bleu et du soleil...

Sur la ligne, à coté de moi, un ex-triathlète finisher de la Diagonale et presque voisin, il habite à coté de Vienne à 30 minutes de la maison. Nous faisons passer le stress du départ en discutant quelques minutes avant de se souhaiter une bonne course dès le départ donné.

 

Je suis au départ de cette TDS tant décrite et enjolivée par les dizaines de récits lus avant la course. Annoncée si difficile, je connais la fin de parcours quasiment par cœur et espère, à minima terminer bien sur, mais approcher les 28 heures. C'est mon objectif caché qui viendra selon la forme du moment.

6h00 - LE DEPART : Le départ est donné, c'est parti, la musique à fond, je profite des festivités du devant de peloton, je m’estime dans les 200-300 premiers sur les 1800 coureurs présents au départ. Je me mettrais à courir réellement qu’au bout d'une minute.

Ca part assez vite, le profil est descendant sur du goudron mais certains sont déjà à fond.. Perso, mon premier but est de gérer la première ascension pour tester la forme puis arriver à Bourg Saint Maurice, au 50ème, le moins entamé possible avant d'attaquer la montée au Passeur.

Les 2 premiers kilomètres passent très vite puis le profil devient montant et c'est en rentrant dans une sorte de parc de jeu que l'on débute enfin la course. Direction le Col Chécrouit, 5 kilomètres et 800 mètres plus haut. Au fur et à mesure, j'observe la vallée de Courmayeur qui se réveille, c'est beau.

 

Cette première montée est simple, c'est du large chemin de 4x4 qui sert de piste de ski l'hiver, la pente est prononcée à certains endroit et tous le monde monte grosso modo sur le même rythme. Je maintien mon rythme cardiaque dans les valeurs que je voulais. C'est bon, je sais déjà que vais pouvoir profiter de la première partie de course sans puiser dans les réserves.

 

Je serais étonné de voir une femme d'origine asiatique avec des tongs aux pieds... Purement hallucinant, je n’imagine pas la tête des orteils dans quelques heures après s'être pris quelques coups de bâtons malencontreux… Un gars devant moi lui demande même l’autorisation de la prendre en photo, moment épique.

Quelques instants après, dans cette même montée, je suis une Japonaise qui porte un dessin type manga sur l’arrière de son sac, une sorte de serpentin avec une tête de chat avec écrit « Be strong ». Cette formule restera dans ma tête tous le long de la course, je la ressortirais à chaque moment délicat.. Ce sera mon fil conducteur de cette TDS.

Le Col Chécrouit arrive rapidement. Il y a un ravitaillement mais je ne m'arrête pas, c'est blindé, et file direct en direction du Lac Combal.

 

07H19 : Col Chécrouit - 7km 800m - 01h18 depuis le départ. 1079 ème.

 

De suite après le ravitaillement, je m'insère à la suite du peloton qui s'en va à l'Arête du Mont Favre. On est en file indienne et on le restera durant toutes les montées jusqu'au Petit Saint Bernard. Le côté sauvage et solitaire, c'est pas pour de suite, mais ça je m'en doutais.

 

Par contre les paysages commencent à valoir le détour. Le sentier est magnifique et la vue de plus en plus alpine, avec les contreforts du Mont-Blanc en fond. On rentre dans le vif du sujet.

 

Et plus on monte, plus le panorama se bonifie. Le Val Veni. Somptueux!!!

 

On aperçoit alors l'arrivée à l'Arête Mont Favre caractérisée par des épingles parsemés de coureurs multicolores.

 

08H19 : Arête Mont Favre - 11km 1300m - 02h19 depuis le départ. 974 ème (+ 105 places).

 

Passé l'Arête du Mont Favre, on redescend illico vers la plaine du Lac Combal et le prochain ravitaillement. Je démarre la descente doucement pour me remettre en jambe puis suis un coureur dont le rythme me convient. A l'approche de l'hélicoptère de l'organisation, curiosité oblige, les yeux en l'air, je me fais une petite frayeur en me tordant violement la cheville gauche... Ça siffle quelques seconde mais plus de peur que de mal, je me reconcentre vite sur le sentier parsemé d'ornières et de petits rochers.

 

Passé la descente, nous sommes accueillis par de chaleureux applaudissements, rare moment avec des spectateurs, avant de se diriger vers le ravito du Lac Combal. Ayant les jambes, je me force à courir ces deux kilomètres de plats en me disant que ce n'est pas en seconde partie que je pourrais le faire...

08H53 : Lac Combal - 15km 1300m - 02h53 depuis le départ. 933 ème (+41 places).

 

Arrivée au ravitaillement du Lac Combal, c'est un peu l'anarchie et en voyant ça je m'improvise un arrêt express : je remplie mes deux gourdes, bois un verre de coca, prends 3 morceaux de bananes et ressors vite de cette zone pour me ravitailler à l'extérieur. La forme est là, je souffle et repars : 5 minutes d'arrêt.

Le profil montant reprend direct. Après un premier ressaut, on rejoint une sorte de cirque au premier abord légèrement bosselé. Ce n'est que plus loin et avec l'apparition du soleil que je comprends la dure tâche à venir et la montée au Col Chavanne. Un single qui monte sérieusement mais régulièrement. Plus qu'à prends le rythme d'un comparse et c'est parti.

Cette montée est presque un plaisir tellement le panorama sur le Mont-Blanc et le massif est beau. Il fait oublier par moment la lassitude de la montée. Tout en avançant, je profite donc de chaque vue face au massif pour remplir ma mémoire et prendre quelques photos.

 

Le coté impressionnant de la montée est que l'on aperçoit ce qui nous reste à gravir sur les 200 prochains mètres. Et c'est facile de deviner, il n'y a qu'à voir les files de coureurs parsemées ci et là.

 

Et que l'on regarde en haut ou en bas, c'est la même. Je suis bel et bien au cœur du peloton (en plein milieu selon mon classement du moment)..

 

Le dernier raidillon avant le Col Chavanne est assez impressionnant de loin. On dirait un mur, mais les nombreuses petites épingles limitent la difficulté. Arrivé au Col, je ne m'arrête pas et poursuit vers la première descente qui m'amènera à l'Alpetta, dix kilomètres plus loin...

09H50 : Col Chavanne - 20km 1900m - 03h50 depuis le départ. 839 ème (+106 places).

Les places gagnées l'ont certainement été au ravitaillement précédents...

 

Je garde un rythme régulier et gagne des places. Je sais que je vais en perdre dans la descente car je compte me préserver en vue de Bourg-Saint -Maurice.

Et dès le départ, j'ai de mauvaises sensations. Je me donne alors un rythme de descente cool et surtout sans forcer. 9 km/h minimum/maximum à la montre. Et premier élément perturbateur de la journée, la chaleur qui augmente au fur et à mesure de la descente.

Après 6-7 km de descente, je ressens le besoin de me rafraîchir. Je m'arrêterais à chaque filet d'eau qui sors des talus amonts pour mouiller ma casquette et mon buff que je mets ensuite sur la nuque. Ca fait un bien fou, et je ne suis pas le seul. Je manque d'eau à l'approche du fond de vallée et espère voir un point d'eau supplémentaire mis en place par l'organisation comme possiblement évoqué.. Le bonheur salvateur viendra d'une arrivée d'eau dans une vasque à proximité d'une étable, juste au-dessus de l'Alpetta. Je remplis mes bidons de cette eau fraîche et repars rassuré mais je ne suis pas au mieux à ce moment là..

Le coin de l'Alpetta est très sympa. On traverse une passerelle en bois et je démarre l'ascension vers le Petit Saint Bernard. J'avance pour avancer sans réel plaisir. La fatigue est présente et quelques émotions remontent.. Généralement ça fait du bien et profite d'un moment seul pour me lâcher... On traverse une parcelle pleine de vache, une route où des suiveurs nous enouragent, un nouveau chemin puis, dès la traversée d'un cours d'eau. On démarre la montée à découvert dans des pâturages.

Plus loin, je reprends des couleurs à la vue de nouveaux beaux paysages. Puis également la satisfaction de retrouver l'air frais à mesure que je monte et qui me tiens éloigner de la surchauffe.

 

Après l'étirement du peloton dans la descente, je retrouve les files indiennes avant d'attaquer la montée finale vers le Col du Petit Saint Bernard et qui se fait en deux fois. Cette première montée passe bien, rafraichie par quelques vasques et tuyaux d'eau parsemés. La récompense est immédiate. J'arrive sur le Lac Verney qui est tout simplement magnifique.

 

Au loin, je me fais alors une idée du fameux coup de cul décrit dans les récits. L'arrivée au Col via un single orné de végétation dense. C'est vraiment en approchant que je détermine que les fourmis que j'observe depuis quelques minutes gravissent un vrai mur. Avant, il faut longer ce Lac Vernay si beau, si frais, l'eau y est cristalline.

 

 L'ascension de ce raidillon passera tout de même assez bien au rythme des coureurs qui grimpe devant moi.

 

J'aimerais apercevoir Pierre, mon frère, qui devait peut-être venir me voir à partir d'ici. Je scruterais mais ne verrais. Petit pincement et coup de moins bien au moral à ce moment-là. Marqueur de fatigue certains..

12h45 : Col du Petit Saint Bernard - 36km 2500m - 06h45 depuis le départ. 977 ème (-44 places).

 

Rien de grave, je prends du temps sur ce ravitaillement. Le temps prévu. Je bois beaucoup (coca+eau pétillante) servi par un super bénévole Italien tout sourire (il me reconnaissais bien après qu'il m'est remplis une bonne dizaine de fois mon écocup..). Je mange aussi pas mal et me refais réellement une santé. Comme au Lac Combal, je finirais de me restaurer après le ravitaillement, pour finir trois cookies allonger dans l'herbe à admirer la vue royale. Je reviendrais randonner et pique-niquer dans cet écrin de verdure. Je me suis arrêté à peine 12 minutes mais cela m'a semblé une éternité..

J'ai rallumé le portable pour voir les premiers messages arrivée depuis ce matin 3h, ça fait plaisir et ça rebooste. J'ai eu mon frère au téléphone qui m'attends à Bourg avec Damien, deux Millavois en Savoie !!! Allez, là c'est reparti. Et direction.. le four!!! Arrivée prévu dans... 15 kilomètres pour 1500 mètres de dénivelés négatif!!! Au revoir l'Italie, bonjour la France. Cette première partie de parcours est sublime, le coté Italien mérite un détour et de très très belles randonnées.

Pour cette second longue descente, même stratégie que pour la première vers l'Alpetta. Tranquille, tranquille!!! Je me laisse digérer en marchant, fais ma première pause pipi et recommence à courir petit à petit. Le peloton est très diffus et je cours seul. Il fait plus chaud de ce coté, le petit air frais a disparu. Une nouvelle fois, tous le monde profite des divers filets d'eau présents le long des talus, je fais de même. De mes souvenirs pendant la course, la descente est passée très rapidement. Seulement marquée par la chaleur de plus en plus présente et ponctuée par mes nombreux arrêt trempage de casquette, de buff, de tête... A chaque fois une délivrance.

A l'occasion de l'entrée dans Séez, j'observe sur la droite les deux forts qui surplombent Bourg-Saint-Maurice, prochaine étape et juge de paix de cette TDS (l'espèce de mont pelé à gauche du magnifique pylône électrique).

 

J'ai bien tenu mon petit rythme, je marche sur le plat jistoire de me préserver et perd de fait quelques places. Je retrouve Pierre et Damien qui m'attendent à l'ombre dans le parc que l'on traverse avant le ravitaillement. On marche un peu ensemble jusqu'au ravitaillement, je file le ticket assistance à mon frère pour qu'il puisse venir m'apporter quelques affaires.

15H13 : Bourg Saint Maurice - 51km 2600m - 09h13 depuis le départ. 1025 ème (-48 places).

 

Le ravitaillement est un vrai b***. Déjà c'est blindé de coureur, compréhensible, mais les assistants sont bien trop présents. Ils ravitaillent leur poulain. Je trouve tant bien que mal un banc pour me poser et attend mon frère qui doit m'amener mon sac. En patientant, je fais moi-même les allers retours au buffet, sandwich fromage/saucisson, trois verres de coca, et de grandes gorgées de Saint Yorre que Pierrot a adorablement été me chercher à sa voiture, un régal !!! Je ne ferais que changer de maillot, j'enfile un Ultralight, et de casquette, j'enfile la saharienne RL, pour affronter le cagnard !!!

25 minutes d'arrêt, 2 minutes pour passer le contrôle matos obligatoire (frontales, couverture de survie et portable) puis quelques phrases fébriles à Pierrot avant de me lancer dans l'enfer... Au total, 30 minutes d'arrêt comme prévues.

Je pense avoir l'avantage d'avoir reconnu un mois plus tôt. Et j'estime que cela m'a grandement aidé de savoir où j'allais (tenter de) mettre les pieds. Je repars de Bourg avec un peu d'appréhension. Il fait 35/36°C et la prochaine étape vers le Fort de La Platte fait 5,3 km et 1090 m de dénivelé exclusivement positif, 21% de moyenne, en pleine chaleur, sans pouvoir s'arroser la tête. Ça va être éprouvant, c'est une certitude. Et pourtant je suis motivé, je sais que dans 3 heures ce sera passé mais bon, faut le faire… «  BE STRONG !!!! »

La montée entamée, la quantité impressionnante de personne qui redescende abandonner ne me met pas plus à l'aise. Je l'avais lu dans les récits, mais le voir est proprement hallucinant. Certains semblent même soulagés de leur décision. Je m'isole alors dans mon effort et attaque cette ascension sur un rythme ultra doux, le but : avancer, doucement, très doucement, très très lentement même mais avancer..

Les 500 premiers mètres de dénivelés sont parsemés de quelques arbres qui permettent à certains de s’allonger pour récupérer. Il y a des mecs partout. Le single en sous-bois se raidit et je commence à avoir une légère nausée. Pourtant comme depuis le début de course, je m’astreins à boire régulièrement. Mais je pense que l’effet digestion/effort/chaleur centralise les priorités du corps sur la gestion thermique. A ce moment-là, un groupe et un gars à buff kikou me double, je lui demande son nom, c’est dca, David !!!! Ça me fait vraiment plaisir de le croiser. On s’encourage mutuellement mais je ne peux suivre son rythme de sénateur dans un élément qu’il semble affectionner, la montée (il nous l’a montré lors de la reco un mois plus tôt).

David et le gruppetto qui s’éloigne au-dessus me ramène à la réalité. C’est dur et j’en ch** grave. Je sais que plus haut on croise une route située juste en-dessous du Fort du Truc. Mon objectif est de l’atteindre pour faire une pause et ainsi scindée en deux ma progression vers La Platte. J’y arriverais à mon rythme d’escargot sans avoir fait d’arrêt sur cette première section de 650m+ en 1h15. Je suis rincé.

Je choisi un morceau d’herbe et m’allonge à côté d’une autre dizaine de coureur au repos. Il y a du avoir un point d'eau à un mment donné, le sol est jonché de bouteille en plastique vide.

Je m’asperge le visage d’eau, boit et contrôle ma respiration pour reprednre ems esprits et souffler. Grande première pour moi, je tente une courte sieste et programme ma montre pour qu’elle me réveille dans 10 minutes puis je positionne ma casquette sur les yeux. Les plaintes incessantes des coureurs alentours et également un gars qui vomit à 3 mètres de mon oreille droite ne me permet pas de siester comme je le voudrais mais cette pause me fait un bien fou. Dès que la sonnerie de ma montre a retentie, je me lève doucement et reprend le chemin. Il reste environ 450m+ à faire, en plein soleil, sans arbre, sans cours d’eau pour se rafraichir et sur une pente qui va encore se prononcer. Je profite de l’arrivée d’une chenille de « marcheur » pour prendre leurs pas.

Je m’en vais alors pour les instants les plus difficiles mentalement de ma courte vie de traileur. Le physique tient et les jambes sont là, heureusement, mais la chaleur m’écrase au sol. Je ne suis plus qu’une machine dont le seul mot d’ordre est d’essayer d’avancer, sans s’arrêter malgré l’envie, mettant un pied devant l’autre, comme elle peut. Je m’interdis d’arrêter, ni de me pleindre, je me dis à ce moment là que 120 bornes c'est long, doux euphémisme. Je pense à ceux qui pourraient être ici à mes côtés, à Steph, Romain, Rémy. Ceux qui nous ont quitté, qui aurait pu mais qui ne pourront plus jamais être présent. Oui c'est dur.

C’est moralement que c'est compliqué, j'arrive encore à monter les genoux, je continue. Après avoir passer le Truc, je m’étonne désormais d’être chef de file. Lièvre pour mort vivant.. Mon rythme lent mais régulier semble être apprécié. Je fais pourtant ce que je peux mais ne suis pas eul dans cette galère. Je me donne des objectifs en comptant mes pas, en mètre de dénivelé parcourus sur ma montre, tous les moyens sont bons pour leurer l'esprit et arriver à ce Fort de La Platte que j’aperçois désormais mais qui semble inaccessible, à des heures à ce rythme.

J'atteint enfin cette sorte de crête qu'on longe, dernière « ligne droite » vers le Fort. Mais que c’est raide. Plein de personnes sont encore arrêtés le long du sentier. Le soleil est désormais moins haut dans le ciel et certains tente de dormir à l’ombre de petits talus. Je m’oblige un ultime effort pour enfin accéder à ce premier graal de la journée, le Fort de la Platte, c'est une libération morale. Car je sais que la suite sera plus « clémente », on s’approche du coucher du soleil et la pente du terrain va s’adoucir avant d’arriver au pied de la montée du Passeur.

18H15 : Fort de la Platte - 56km 3700m - 12h15 depuis le départ. 909 ème (+116 places).

 

Sur une sorte de terrasse, à coté d'un abreuvoir à bête, une bataille se joue ici pour attraper un pauvre tuyau d’eau qui coule, destiné à simplement remplir les gourdes. Un ravitaillement de l'organisation est niché plus loin mais non visible en arrivant. Dans mes plans d’avant course, je souhaitais seulement faire l’appoint d’eau puis tracer. Là, grâce aux récits des années précédentes, je sais que l’on peut se restaurer un peu à coté à la ferme du Fort. Je m’achète un coca à 3€, sors mon mesclum de noix salées et m’assois pour récupérer un peu. On doit être une trentaine avec des mines déconfites. J’y resterais en fait à peine 15 minutes. Je pointe à la sortie du Fort et m’arrête 5 minutes pour mettre en place la charge de batterie de montre que j’ai oublié de faire durant la pause par manque de lucidité..

Je repars alors vers le Passeur de Pralognan. Et oui, il reste encore 800 mètres de positif à monter. En m’éloignant, je prends une photo de ce maudit Fort. Au loin de l'autre côté de la vallée, pour ceux qui connaissent, la station de Ski du Domaine des Arcs. Je suis désormais dans l’ombre des montagnes et rien que ça, ça fait du bien.

 

La pente est encore raide mais s’adoucit peu à peu. Des paysages nouveaux apparaissent, beaucoup plus accueillants que les 6 dernières heures passer depuis le Col du Petit Saint Bernard. Des petits lacs, des sommets enherbés vert fluo, j’avais adoré cet endroit avant le Col de la Forclaz lors de la reco, je profite encore plus cette fois ci. En prenant une photo, on me propose d’en être le décor, j’accepte, un grand merci, c’est pas souvent.

 

 

 

 

Avec la baisse progressive de la température et du profil, je reprends des couleurs et en même temps un rythme plus soutenu. Je ne subis plus et double pas mal de coureur. Arrivée au Col de la Forclaz, je prends juste une photo et je file. On redescend sur un joli sentier rocheux pour remonter brièvement.

 

Derrière la bosse on rejoint un charmant lieu où est niché le Lac Esola, un micro paradis.

 

Durant ma pause photo, deux coureurs sont passés devant moi mais me ralentisse dès la descente qui nous mène vers un passage assez technique. Je pense que c’est à ce moment-là que je me remets dans la course. Je me force à les doubler pour éviter qu’ils me freinent de suite après. On traverse alors la rivière par l’exutoire du lac et rentrons dans une petite gorge qui marque le début du passage technique.

Grosse marche et rocher devenu glissant par le passage de nombreux coureurs avant moi, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que je constate mon choix judicieux. J’ai déjà pas mal d’avance sur les deux coureurs précédemment doublés qui forme un gros bouchon derrière eux. Satisfaction personnelle mineure, on s’accroche à ce qu’on peut..

 

Je suis de toute manière rapidement le rythme d’autre personne moins à l’aise dans ce genre de terrain. La descente est courte et me voilà devant la « dernière » montée de l’après-midi, il est 19h30 et j’entame l’ascension vers le Passeur de Pralognan niché 320 mètres au-dessus. Après ça, la moitié du chemin sera fait.

Comme à mon habitude depuis le début, je me mets en rythme lent et régulier et au fur et à mesure de la montée accroche un wagon que je ne lâcherais plus jusqu’au sommet.

 

Cette ascension est passée étonnement vite. Certains passages sont délicats et la pente parfois raide mais le cadre, les couleurs du soleil couchant et la fraicheur relative me font enfin profiter de la course et je trouve enfin de bonnes sensations, quasi inexistantes depuis le départ.

 

Après 14h15 d’effort, 60 kilomètres et 5000m+, dans la montée du Passeur de Pralognan, je rentre dans ma course. Inconsciemment, c’est à ce moment que je sais que j’arriverais au bout (alors qu’il reste encore 60 bornes et presque 3000m+ à faire...). Mais à partir du Cormet de Roselend, je connais la suite presque par cœur grâce au Beaufortain 2015 et la reconnaissance du parcours.

C’est soulagé que j’arrive au sommet et au point de contrôle.

20H10 : Passeur de Pralognan - 62km 4500m - 14h10 depuis le départ. 852 ème (+57 places).

 

Le panorama au sommet est sensationnel. Le Beaufortain dans toute sa splendeur.

 

Je me cale 2 minutes sur un promontoire un peu à l’écart pour manger un petit bout et profiter du spectacle. Le gros de la journée est maintenant derrière et je vais revoir Pierrot au ravito, ça motive !!

Je me lance alors dans le fameux passage du Passeur de Pralognan. Sans peur, je maîtrise la descente de ce passage particulièrement technique. Ce n’est qu’une formalité pour moi, j’ai fait pire (Allez faire un tour du côté des Terrasses du Lodévois dans l'Hérault fin avril…) mais je n’oublie pas d’assurer chaque pose de pied. Ce n’est tout de même pas le moment de tomber, faut l’avouer.

Le peu de coureur devant moi me laisse passer et c’est sans encombre que je retrouve le sentier plus terreux et poussiéreux situé en dessous et qui me ménèra jusqu’au prochain ravitaillement. C’est en se retournant qu’on perçoit le caractère aérien du Passeur de Pralognan.

 

Je laisse passer deux types plus rapide et m’élance en légère foulée, toujours en conservant mes quadris en prévision de la suite et profite de l’instant, la nuit tombe.

Prochain défi, ne pas allumer la frontale jusqu’à Roselend. Je rejoins le large chemin après la retenue d’eau et me mets en mode marche nordique à 7/8 km/h de moyenne… Je double alors pas mal de monde sur cette portion de deux kilomètres jusqu’au ravito.

Mon frère m’accueille quelques centaines de mètres avant. Ça me fait vraiment du bien de le retrouver depuis c’est 5h30 passées depuis Bourg. On fait un bilan en continuant à marcher de façon soutenue, lui fait part de mes difficultés dans la montée après Bourg mais que désormais tout va mieux. Il ne pourra m’accompagner sous la tente du ravito, on se donne rendez-vous à la sortie. Toujours frustrant de « lâcher » quelqu’un alors que la personne vous suit depuis des heures pour vous voir qu’une petite poignée de minutes…

Il fait désormais nuit noire et j’ai atteint mon mini objectif, le Cormet de Roselend avec la frontale toujours dans le sac..

21h12 : Cormet de Roselend - 66km 4500m - 15h12 depuis le départ. 835 ème (+17 places).

 

Je me fais bipper (je crois..), récupère immédiatement et sans attente mon sac d’allègement et pars me trouver un coin, du moins essayer. Je choisis un bout de banc. Dedans c’est un peu le bazar, il y a du monde partout, par terre, allongé sur les bancs, et même le groupe électrogène a du mal à tenir le rythme. Malgré quelques tentatives de relances, l'organisation nous laisse dans la pénombre. C'est pas tout noir mais j’ai tout fait à la frontale… Ça fait un souvenir !!

Je me prépare pour la nuit et présent qu’il ne fera pas très froid. Je change (oui encore une fois) de haut, pour le Performer ML, change de chaussettes, sors la frontale (pour éclairer mon ravito), remplis mon bidon de poudre, refait le plein de barres et pense à prévoir un nouveau change pour le Col du Tricot (vous comprendrez plus tard..). Je pars ensuite à la recherche d’une bonne soupe salvatrice, mon traditionnel sandwich fromage/saucisson, du coca, de l’eau pétillante. Au total 25 minutes d’arrêt.

Je pose mon sac d'assistance et sors de la tente avec la frontale que j’aurais gardé le temps du ravitaillement sur la tête et rejoins mon frère avec qui je prends 5 minutes. J’en profite également pour acheter un café au gars qui vend du fromage et de la charcuterie dehors. Je ressens un peu de fatigue mais je n’ai mal nulle part, je n’ai aucun échauffement mis à part sous l’entre jambe et qui ne me lâcheras pas de la fin… Je me suis bien alimenté et hydraté depuis le début, tous les voyants sont donc au vert pour continuer.

Je laisse une nouvelle fois le Pierrot que j’insiste à aller directement aux Contamines ou aux Houches qu’ils puissent dormir mais il me dit qu’il préfère venir me voir au Joly. C’est entendu, on se retrouve là-bas. Toujours une source de motivation supplémentaire.

Je reprends le single direction le Col de la Sauce, une montée qui ne me fait pas peur, à peine 400 mètres avec une pente très douce à part sur une centaine de mètre et un chemin simple. A partir de là, très peu de photo, il fait tout noir.

Après quelques mètres, me voyant seul, je veux casser la monotonie et décide de mettre la musique. Ce sera "Caravan Palace" jusqu’à La Gittaz. J’aime beaucoup le coté entrainant, ça motive et je décolle avec des jambes de premières jeunesses, c'est relatif. Très bonne foulée sur la première partie de chemin large qui monte sans plus. Avec la musique, les étoiles, la douceur de la nuit arrivée, je profite grandement de ces instants. Une mini introspection improvisée au cœur des Alpes. En tournant la tête, j’aperçois une longue procession de lumière sur l’autre versant. Moment magique, on voit le tracé du chemin parcouru depuis le Passeur de Pralognan. Les frontales que j’aperçois doivent être à 1h ou 2 de moi. Je n’envie pas ceux qui passent là-haut à ce moment-là. Motivation de plus pour avancer et donc, arriver plus tôt.. Oui oui j'y crois.

Je rejoins un homme et une femme avec qui je ferais la montée et dont on a discuté de tout et de rien, rencontre d’un soir, furtive et toujours sympathique. Le Col de la Sauce sera atteint très rapidement. On bascule alors pour se diriger vers le très beau cirque situé sous les Crêtes de la Gitte et le Col du Bonhomme, avant le Passage du Curé. Il fait noir et je profite du retour de la forme pour reprendre mon rythme et descendre en trottinant tout en continuant à préserver les jambes. Je doublerais pas mal de monde jusqu’après la passerelle en bois et le chemin qui grimpe au Col du Bonhomme.

A ce moment-là, on rejoint les sentiers de l’Ultra Tour du Beaufortain que j’ai fait en 2015. La sérénité grandit un peu plus car jusqu’au Joly, je connais les difficultés à venir par cœur. J’arrive bientôt au fameux chemin en balcon au-dessus des Gorges, le Passage du Curé. Passage dont l’entrée est marqué par un point de contrôle où je saluerai pas deux-trois mots les bénévoles nichés autour d’un feu.

De nuit, il est vrai que le torrent qui gronde en contrebas impressionne. J’ai eu la chance de le voir de jour lors de la reco, et en fin de journée l’an dernier sur l’UTB, mais sous l’orage et des trombes d’eau (oui en 2015 aussi il y a avait eu un orage, très localisé, et surtout moins flippant que cette année..). Sous ma capuche, j’avais pas profité à ce moment-là.. Là je fais attention où je mets mes pieds, c’est légèrement technique, avec de gros cailloux parsemés, jusqu’à ce que la pente redevienne un sentier d’où l’on aperçoit le hameau de la Gittaz.

Et sur une pose complètement anodine de mon bâton droit, même pas appuyé, celui se disloque… Alors que tout allait bien, me voici un peu pris au dépourvu... Je ne fais pas de bilan hâtif, j’attends d’arriver à la Gittaz pour faire le constat des dégâts et prend le temps de réfléchir à la bonne solution : ranger mon bâton gauche en bon état ou continuer en sa seule compagnie.

J’arrive au hameau, connaissant les lieux, je me fais bipper et me dirige de suite à la vasque où je remplie mes bidons.

23h37 : La Gittaz - 75km 4900m - 17h37 depuis le départ. 700 ème (+135 places).

 

Mis à part le complément en liquide, je n’avais pas prévu de m’arrêter. Suite à l’imprévu, je m’assois à peine une minute pour regarder si la réparation du bâton est possible. En l’état non. Je range donc le bâton cassé et me décide à repartir avec l’autre dans la main. La monté jusqu’au col est longue.

Je change de musique. Depuis quelques temps, pour moi les montées riment avec régularité. Ce sera du dub, sorte de reggae électronique au rythme lent et régulier, parfait pour ce genre de pente. Et le choix se porte sur un groupe Lyonnais que j’apprécie beaucoup, Panda Dub, album « Antilogy ».

Je repars seul pour 700m+, avec un souvenir assez mitigé de l’an dernier sur l’UTB. La reco m’avais permis de redécouvrir le sentier et de le découper en deux tronçons. Un premier de 300m+ assez raide où il faut prendre son mal en patience. Le second de 400m+ sur un large chemin avec une pente beaucoup plus douce, mis à part à la fin.

Comme prévu, la musique m’impose le tempo. Parti seul, je me retrouve au bout de quelques minutes suivi par quelques coureurs. Personne ne double. La montée se passe bien, mes jambes vont bien et je ne ressens aucune fatigue particulière. Quelques centaines de mètre un peu plus haut, au détour d’un virage, je constate au moins une dizaine de coureur qui me suit. Personne ne double. Je suis devenu lièvre une nouvelle fois.. Je propose de me faire doubler mais personne ne souhaite prendre le relais. Moi je suis bien, je continu. Je reconnais l’arrivée de la fin de la première portion et me sens soulagé. Après ça, mis à part avant le Joly, ça « roule » jusqu’aux Contamines.

Dès le large chemin récupéré et sa pente montante mais plus douce, je relance facilement. Je suis heureux de constater que je suis en pleine forme après presque 80 bornes et 5000m+ dans les pattes. La montée sera vite avalée sans arrêt à un point d’eau surprise mis en place par l’organisation où de nombreux coureurs sont allongés. Un dernier effort et le Col Est de la Gitte est à moi. Maintenant, la prochaine étape est le Col du Joly.

Certains se mettent à courir, perso je garde mes forces pour la suite et me mets en mode marche énergique/nordique. Je garderais ce mode jusqu’aux Contamines. Cette portion est longue mais là le temps passe vite. On se retrouve vite dans le passage un peu technique avant d’arriver au Bolchu, puis juste avant de rattraper les champs à vaches Sous la Fenêtre, un hélicoptère fait des tours au-dessus de nos têtes.. Dans l’obscurité, je me demande comment il fait pour se déplacer.. et que fait il là ?

Arrive la montée vers le Col sous la Fenêtre, un gars est allongé dans une couverture de survie mais sans plus, je continue le chemin, grimpe sans difficulté jusqu’à la cheminée en dessous le Col et rejoins le sentier en balcon qui rejoint le Joly.

L’hélicoptère est toujours là et je vois rapidement une file de coureur arrêté sur le sentier, juste après un endroit assez technique. Les secours sont en train d’évacuer quelqu’un… Discipliné, je me mets à la suite, assis sur le sentier à attendre la fin de l’intervention. L'hélico récupèrera également le gars qui était sous la couverture de survie.... Aïe.

Je repartirais après 15 minutes ce qui m’a permis de souffler avant d’arriver au ravitaillement du Col du Joly et de lire et répondre aux messages reçus depuis midi... A la queuleuleu jusqu’en haut de la station où sur les replats je reprends mon rythme de randonneur express et double pas mal de monde.

Je rejoins mon frère qui me rassure en me disant qu’il a pu bien dormir dans la voiture. E nlui expliquant le coup de la neutralisation, il se rend compte pourquoi il ne voyait arriver personne pendant cette dernière demi heure.

 

Jeudi 25/09 - 02h39 : Col du Joly - 85km 5700m - 20h39 depuis le départ. 613 ème (+87 places).

 

L’ambiance au Col du Joly est géniale, la speakeuse à fond de fond, tout comme la musique mais la fatigue est clairement présente pour tout le monde. Je me cale sur un banc, prends un coca, un café et une soupe au moment où je revois David (dca) qui m’avait lâché dans la montée au Fort de la Platte. On se rassure l’un et l’autre sur notre état de forme. Je ne m’attarde pas et fini mon ravito en mangeant un cookie assis 2-3 minutes dehors avec mon frère. Comme prévu, il ira directement aux Houches et zappera les Contamines.

Je me serais arrêté à peine 15 minutes. Maintenant, c’est l’autoroute jusqu’aux Contamines, ou presque. Un large chemin nous fait rejoindre un plus petit puis nous rentrons dans un sentier en sous-bois. Personnellement le bois traversé ne me paraît pas difficile, le temps est sec et les racines ne glissent pas, les appuis sont sûr. Le Refuge de Nant Borrant où l’on avait dormi lors de la reco est atteint plus rapidement qu’il y a un mois, du moins ce sont mes sensations.

Je m’arrête 5 secondes au niveau du pont romain situé un peu plus bas que le refuge pour éclairer le fond de la gorge et continue ma marche nordique mono bâton qui fonctionne plutôt bien en fait.

Puis arrive le long plat depuis Notre Dame de la Gorge où l’on longe les bâtiments jusqu’aux Contamines. Ma progression frôle les 7,5 km/h en marchant sur cette portion. Je ne me ferais quasiment pas reprendre alors que je marche, efficacité.

J’ai commencé à ressentir une gêne sur mon petit orteil gauche et il me tarde d’arriver au ravitaillement pour entrevoir la chose. J’aperçois les lumières de la ville qui arrivera rapidement. Peu de souvenir sur cette section depuis le Joly. J’étais en permanence seul et l’objectif d’avancer le plus rapidement possible m’a permis d’occulter ce passage qui peut être très long.

 

Jeudi 25/09 - 04H40 : Contamines -95km 5800m - 22h40 depuis le départ. 564 ème (+49 places).

 

Il est 4h40 du matin quand je me rentre au ravito des Contamines, un peu fatigué après plus d’une journée d’éveil. J’ai désormais mes habitudes : coca, soupe, sandwich fromage/saucisse et café.  Je fais un rapide constat de l’état de mes pieds et notamment de mon petit orteil gauche qui est légèrement rouge et gonglée sur l’intérieur. Sans nok, j’en demande à une coureuse qui m’en prête chaleureusement. Cela m’a permis de terminer sans douleur car le résultat final n'était pas méchant mais pas très beau...

Voilà, c’est presque fini… Mais quel finish. Il reste la montée au Chalet du Truc et au Col du Tricot. Encore 1100 m+ à se faire après 95 bornes et 5800 m+… Allez, « Be Strong » !!!!!

Je démarrerais la grimpette à 5h pétante, au pied de l’Eglise des Contamines. Un autre album de Panda Dub dans les oreilles et c’est reparti pour une montée au métronome. Un gars me dépasse comme une fusée en début de montée, ce sera le seul.. La montée aux Chalets se fait également en deux parties, une très très raide mais régulière au début, puis un profil plus sage vers la fin avec un passage dans les bois. Les dix dernières minutes, je les passerais à parler espagnol/anglais avec un coureur qui vient d’Espagne, de Grenada, que j’ai rattrapé et qui me vends sa Sierra Nevada et son ultra qui se passe mi-juillet sous 40°C, petit rappel du mercredi après-midi passé dans le four. Rencontre avec un inconnu bien sympathique, faite d’échange simple dont je ne reverrais pas, typiquement ultra.

La lumière est encore très tamisée lorsque l’on atteint le Chalet du Truc. Lors de la reco, j’avais sur-adoré ce passage au pied du Dôme de Miage, c’est magnifique et ça invite une nouvelle fois à revenir. (photo de la reco).

 

Il nous reste plus que le Col du Tricot et l’arrivée ne sera plus très loin. On bascule alors vers les Chalets de Miage, un autre petit coin de paradis niché 200 mètres plus bas. Je décide de me mettre à courir dans cette descente. La dernière fois c’était dans la descente vers Bourg-Saint-Maurice et un peit peu après la Sauce.

Voici la der’ des der’, je suis au pied de la montée vers le Col du Tricot. Encore 500 mètres de positif à faire et on en aura (presque) fini avec les montées. En tout cas c’est la dernière aussi grande. Je répète le même mode opératoire que les ascensions précédentes. Ecouteurs + Panda Dub et c’est parti.. Surprise, en plus de ma progression en mono bâton, je me vois continuer en mono écouteur, pourvu qu’une de mes deux jambes ne me lâche pas...

Toujours en rythme lent et régulier, je m’étonne à rattraper des coureurs. Doucement mais surement, la lueur du jour pointe son nez en même temps que j’approche pas à pas du sommet. Sans aucune pause, je mettrais 53 minutes pour grimper. Seulement 3 minutes de plus que lors de la reconnaissance… Je suis enchanté d’arriver au Col.

Jeudi 25/09 - 07H16 : Col du Tricot -102km 7000m - 25h16 depuis le départ. 507 ème (+57 places).

 

Le bénévole est extra et me dit de bien en profiter. J’en profite justement, autant pour savourer le paysage et la fraicheur matinale que pour me changer une dernière fois et me mettre en mode jour.

Vue depuis le Col du Tricot. A gauche, les contreforts du Dôme de Miage, en contrebas les Chalets de Miage, au fond au centre le Col de la Fenêtre et dans les nuages, le Col du Joly.

 

J’ai bizarrement aimé cette ascension avec dans le final l’aube sur le Mont Joly. Je suis littéralement en mode endurance. J’ôte la frontale pour la casquette, et change mon tee-shirt manche longue pas un manche courte « Je cours pour Lucio », récupéré au Cormet. Maillot en soutient à Lucio, le petit cousin d’une amie atteint d’une leucémie. Chaque personne, portant le maillot orné de ses couleurs, lui envoie une photo et un petit mot afin de l’aider à penser à autre chose, à se rapprocher pas à pas de la guérison. C’est Lucio qui me portera ces 15 derniers kilomètres.

Je profite de l’arrêt pour demander au bénévole ma position : « Tu es 507ème, c’est bien… ».

Ah que oui que c’est bien. La voilà la motivation supplémentaire, la cerise sur le gâteau, faire le top 500. Pas compétiteur dans l’âme, j’ai géré la course depuis le départ en me mettant le plus possible en dedans pour assurer le chemin à venir. Il reste  15 bornes, je suis en forme, peu fatigué physiquement, les jambes me tiennent et c’est ma dernière course de la saison, what else ? Je peux maintenant me faire plaisir, ça va passer !!! Be strong !!

Depuis les Contamines mes jambes ne ressentent plus de douleurs, j’attaque même la descente sûr de moi, en trottinant. Elle n’est pourtant pas facile, au départ, c’est un sentier profond, creusé par les milliers de randonneurs qui se transforme en une pente plus accentuée faites de rocher et de marches à passer. Il serait facile de s’emmêler les pieds. La luminosité est moyenne et ne transmets pas les couleurs comme il y a un mois. La vue sur le glacier est cependant superbe à cet endroit. (Photo de la reco - Glacier de Bionnassay).

J’avance pourtant bien, les quadris sont en forme et étant donné que ce n’est « presque » que de la descente jusqu’à la fin, j’en profite pour ne pas me freiner. Je ne suis tout de même pas une fusée mais je suis en mode Bubulle… Je compte les personnes que je double pour me situer et atteindre les moins de 500 au classement. Et le compte sera étonnament vite atteint, 2 à l’arrêt au sommet du Tricot (gratuit), un groupe de 4 italiens, une asiatique et après c’est que du bonus.. Et il y en aura d’autres dans cette descente. J’arrive "vite" à l’impressionnante Passerelle de Bionnasay où rugit un torrent en furie !!! On passe doucement et disciplinés deux par deux.

 

Après la passerelle, il reste la dernière difficulté de la course. 85 mètres de dénivelé que j’avale en un clin d’œil en m’accrochant à mon seul bâton, fidèle depuis 40 kilomètres désormais.. Un coureur peste de monter. Je ne bronche pas, lui indique qu’il reste quelques mètres et que c’est terminé. Arrivé au croisement vers Bellevue, je mange une dernière barre qui devrait me tenir jusqu’à la fin et je me lance alors sur le sentier en balcon qui rejoint la voie ferrée de Bellevue, je me régale. Tout va bien.

Je commence à scruter au loin pensant apercevoir Bubule, Sab et le reste de la compagnie à proximité de Bellevue. Juste avant d’arrivée à la voie ferrée, je rattrape un petit groupe d’une dizaine de coureur, rare à ce moment de la course. Le train arrive à ce moment-là et nous regroupe mais ne nous gênera qu'à peine 10 secondes. Je passe la moitié du groupe puis nous arrivons au pointage juste avant de basculer sur Les Houches, ultime descente..  Et pas de "team supporter kikouresque"..

Jeudi 25/08 - 08H17 : Bellevue - 106km 7100m - 26h16 depuis le départ. 481 ème (+26 places).

 

Ultime descente!!! Donc, je cours... Je chauffe doucement les gambettes et je me lance sur ce sentier un peu raide entre les buissons, puis à travers une prairie puis enfin le bois. Il fait encore frais mais le soleil est désormais sortie et ça tape déjà. Dès le sous-bois atteint, je suis survolté, j'adore ces singles parsemés de petites pierres, branches,...

Je ne m'arrêterais de courir qu'arrivé aux Houches, me fracassant l'avant des tibias sur le goudron jusqu'à rejoindre le ravitaillement. Je scrute à ce moment si je ne vois pas mon frère que je n'ai pas vu depuis 6 heures déjà.. Et là c'est une surprise, je vois quelques types les bras en l'air criant :" Le 6839, il est là le 6839 !!!". C'est la team supporter kikourou. Je suis un peu surpris et peu bavard mais cette impression d'être attendu et soutenu est très agréable, merci beaucoup !! J'en profite pour demander des nouvelles de qiou et dca. Qiou est déjà arrivé depuis 3 heures, énorme, trop content pour lui. Quelques mots de courtoisie et je rejoins mon frère niché à quelques mètres de là. Encore une nouvelle fois un plaisir de l'apercevoir. Il a bien dormi, c'est le principal. Dans ma tête, je suis déjà dans la ligne droite et tout en papotant m'avance vers le ravito.

Jeudi 25/08 - 09H04 : Les Houches - 111km 7100m - 27h04 depuis le départ. 476 ème (+5 places).

 

Il ne reste que 8 kilomètres et je me donne approximativement 1h15 maxi pour terminer, je suis dans un bain d'endorphine, complètement drogué, shooté par les hormones, sur un nuage. Mais me tarde quand même d'en finir, je ne ferais que remplir une gourde et prendre un morceau de banane, je file directement vers la sortie rejoindre Pierrot avec qui on parcourra cent mètres ensemble, histoire de profiter, avant que je le laisse pour descendre vers l'Arve et remonter son lit de l'autre coté de la vallée. Désormais, c'est à l'arrivée à Chamonix qu'on se retrouvera.

Ma mission avec mon compagnon le bâton, marcher très vite les côtes en mode marche nordique, et courir tout ce qui peut l'être, profil plat ou descendant. Mise à part un avion, je ne ferais que doubler sur cette portion. Il fait de plus en plus chaud et je suis soulagé de ne pas passer plus tard dans le cagnard. Cette section passe très vite, j'ai accepté ma mission et l'applique durablement jusqu'à rejoindre le mur d'escalade, puis la route, là on remonte puis du plat puis la descente. Une personne assise avec son fils me dit "de profiter de ces instants".

Il est dix heures, il y a beaucoup de monde un peu partout, j'écoute son conseil, profiter, j'essaye de profiter au maximum de ce dernier kilomètre qui me mènera sous l'arche. Cette ligne droite est absolument magique, chaque personne présente applaudit, congratule, dans toutes les langues, les larmes montent. Je pense une nouvelle fois à Stef notamment, qui m'a porté toute cette nuit, étoile éternelle qu'elle est. A ma chérie qui m'a supporté durant toute cette préparation, à cette fin d'année qui s'annonce particulière pour nous..

Arrive la fin de l'Avenue, les barrières, Pierrot est là, je ne sais quoi faire, j'avance et prends ce virage face à l'Eglise de Chamonix, signe salvateur de la fin de cette année 2016. Avec énormément d'émotion je passe cette ligne, dans un anonymat qui me convient parfaitement, je tape dans la main d'un bénévole inconnu, le sourire au lèvre.

Ca y est j'ai fini, terminé cette si difficile TDS, Finisher d'une course de l'UTMB, finisher de la TDS. Presque envie de dire "déjà" sur le moment tant ces dernières heures sont passées vite, en total opposé avec le compliqué mercredi après-midi qui n'en finissait pas.

Jeudi 25/08 - 10H12 : Les Houches - 119km 7250m - 28h12 depuis le départ. 459 ème (+27 places). Objectif caché de 28 heure atteint.

 

 

Pierrot me rejoint, j'ai un peu de mal à réaliser. Le temps de reprendre mes espris, quelques minutes après avoir passer la ligne j'ai du mal à marcher. Mon corps a tout donné ces derniers kilomètres et je sais que la nuit blanche passé à crapahuter me rappellera vite à l'ordre.

Je récupère la polaire, avec la déception que beaucoup connaissent (une sorte de "sac poubelle tuning" Columbia), et on va débriefer autour du ravitaillement avec mon frère. Une Kro méritée et quelques tranches de saucisses et une douche plus tard, on s'installe le long de l'arrivée avec Damien, vue à Bourg et qui nous a rejoint, autour d'une pinte savourée à sa juste mesure. On applaudira des camarades de combats ainsi que Xavier Thévenard arrivant en vainqueur de l'OCC dans une exceptionnelle bronca, dans l'ambiance immense et magique de l'UTMB.

 

Trois jours après, le temps de récupérer, de réaliser, et aujourd'hui encore, c'est un excellent souvenir. J'ai encore aprpis sur moi même et sur la souffrance intérieure que l'on peut subir. Souffrance seulement mentale et passagère, qui apprend la patience et l'abnégation. Mes retours seront brefs :

  • En comptant la neutralisation de course de 15 minutes avant le Joly pour évacuation d'un coureur par hélicoptère, l'objectif de 28 est atteint en 27h57 minutes.. Ba vi!!
  • Une ambiance purement exceptionnelle à Chamonix, à vivre au moins une fois ;
  • Pour gagner du temps et des places, faut pas traîner au ravitaillement... Mais il est vrai que le fromage était bon ;
  • Oui, on peut enchainer un week-end de fiesta et un ultra. Mais tout en maîtrisant un minimum de récupération avant la course et boire beaucoup d'eau après la chouille... Je le tenterais pas à chaque fois, ça c'est sur (hein Chris!!)...
  • Je remercie encore mille fois tous les soutiens présents de prêt ou de loin, qu'ils viennent de messages ou même de pensées. C'est toujours un plaisir.

 

C'est que ça donnerais presque envie d'en faire un peu plus, franchir le cap, l'année prochaine ? Non, un nouvel ultra se prépare pour moi, une petite fille à la fin de l'année, l'ultra d'une vie. BE STRONG!!!

 

* A Stef *

11 commentaires

Commentaire de Renard Luxo posté le 18-09-2016 à 13:45:22

STRONG tu l'as été, et il fallait l'être pour survivre à La Platte et au cagnard ! Je me suis pas mal retrouvé dans ton récit, encore que tu aies galéré un peu moins longtemps semble-t-il, et du coup davantage profité. Tes magnifiques clichés le prouvent d'ailleurs, quel pied de se remémorer tous ces passages (ou presque) !
Tous mes encouragements pour ton prochain "ultra", un bien beau défi celui-là ;-)

Commentaire de keaky posté le 26-09-2016 à 14:47:15

Merci Luxo!!! Et on l'a tous été costaud.. et les 150 pauses photos m'ont bien permis de souffler. Au plaisir!!

Commentaire de bubulle posté le 18-09-2016 à 14:19:21

Il est là, le 6839 !:-)

C'est que j'en aurai passé du temps à scruter les dossards au loin....

Sinon, t'as été particulièrement strong, quand même, avec cette progression constante, cette très intelligente gestion du début de course (pas facile d'aller doucement dans ces deux immenses descentes, n'est-ce pas ?)....et une bonne utilisation des infos glanées lors de la reco. On finirait presque par avoir l'impression que c'est facile.

Il y en aura certainement d'autres, de beaux ultras de montagne....

Merci pour ton récit qui fera certainement partie des références que liront plus tard ceux qui préparent cette course....

Commentaire de keaky posté le 26-09-2016 à 14:49:27

C'est clair que ces descentes étaient affreuses... En tout cas pour moi, je savais que ça allait être mon point faible. Fallait que je gère sinon je m'explosais pour la fin..
Encore merci à toute l'équipe pour le soutien de fin de course, c'est extra!!
A très vite mais pas au Puy-Firminy cette année, j'aurais bien aimé la refaire..

Commentaire de centori posté le 18-09-2016 à 22:00:15

magnifique. trés belle course, belles photos, belle gestion, beau récit.
bravo à toi.

Commentaire de keaky posté le 26-09-2016 à 15:04:43

Merci, merci, merci, merci, merci ;)

Commentaire de Benman posté le 18-09-2016 à 22:16:25

Bravo d'abord pour ce récit très complet et sincère. Le bain d'endorphines a continué quelques semaines visiblement! bravo ensuite pour ta magnifique course et son résultat très fort.

Commentaire de keaky posté le 26-09-2016 à 15:03:12

Cette TDS restera un très bon souvenir, je ne l'aurais pas imaginé en montant à La Platte.. Je pense qu'on est beaucoup dans ce cas :) Et merci!!

Commentaire de jano posté le 19-09-2016 à 10:27:31

salut Franck, bravo pour ta course et cette gestion très lucide. Quasi la course parfaite finalement !!
Au plaisir de te recroiser sur une course prochaine.

Commentaire de keaky posté le 26-09-2016 à 15:01:54

Merci bien Jano!! Pas encore parfaite la course, j'ai encore du boulot!! J'ai vu que tu t'étais bien rattrapé sur l'UTV après le Beaufortain électrique.. Au plaisir également!!

Commentaire de qiou posté le 01-10-2016 à 17:36:10

Bravo encore Franck pour ta course réussie avec force et intelligence. Et pour ton récit détaillé qu'il m'a fallu la semaine pour lire :-)

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