L'auteur : Gillou39220
La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie
Date : 29/8/2018
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 1037 vues
Distance : 123km
Matos : jusqu'au cormet de roseland: salomon s lab ultra
Du cormet de roseland à l'arrivée: the North face ultra endurance 2
batons 3 brins leki
sac salomon adv skin 12l modifié pour recevoir un custom quiver
2 flasques 500ml + 1 poche à eau 1500 ml
Objectif : Terminer
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TDS 2018
Préparation
Avec un bébé et une coupe du monde au mois de juillet, (sans compter les problèmes de personnel au boulot) j'ai perdu grosso modo une grosse semaine d’entraînement. Malgré tout, j'ai la sensation d'avoir m’entraîner comme bon me semblait. Mon credo : plaisir avant tout, pas de séances de fractionné, pas de programme d’entraînement. La seule contrainte est la recherche du dénivelé, au programme plusieurs séances au Noirmont avec les fameux blackmount challenge et deux grosses sorties à Lelex qui est le spot le plus proche pour s'appuyer plus de 700 mètres d'un coup, les variantes par Thoiry sont également bénéfiques et auront beaucoup servi sur le plan mental. J'arrive donc à Cham prêt mais angoissé par la souffrance de la CCC 2016. J'ai peur des soucis gastriques, d'autant que j'en ai eu à nouveau lors de la transjutrail. Légère inquiétude également sur un genou qui siffle un peu, mais c'est toujours comme ça avant les grandes échéances, le cerveau est à l’affût du moindre signe, peu être pour se trouver une excuse en cas de pépin.
Lorsque tombe la décision du changement de programme (pas de passeur de Pralognan et ses pentes extrêmes dans la montée et la descente), je suis mitigé car je sais qu'on enlève une partie très difficile. C'est toujours ça de pris me direz vous, mais j'avais quand même envie de me frotter à ce passage mythique du parcours. Après une pizza et un pot de rouge entre amis je vais me coucher, une courte nuit m'attend et malgré un endormissement facile, je ne retrouve pas le sommeil dès 2 heures, je suis déjà dedans...
avec Ludo ravitailleur de luxe (52e utmb, 25e tds)
Départ
Après avoir traversé le tunnel du mont blanc je vais assez tôt sur la ligne de départ, c'est un bon choix. J'ai mis longtemps à comprendre l'utilité d'être placé sur les courses ou nous sommes plus de 1000 au départ, on gagne vraiment du temps à être « dans le bon wagon ». Avant le départ comme il y a deux ans je ressens la peur, mais également la conviction que la journée s'annonce belle...
Depart - Arrête du Mont favre 1h54
Après les 2 km de plat bien vite avalés, une bonne montée nous attend sur des pistes de skis, le chemin est large et poussiéreux, mais les pourcentages assez doux jouent en ma faveur. J'ai vraiment l'impression de monter au crêt de la neige par les pistes de ski, je ne double pas grand monde, je me fais doubler, mais pour l'instant mon seul objectif est de ne pas de griller de cartouches. Je me pose au premier ravito, je prends le jambon à pleines mains, la deuxième partie devant le mont Brouillard qui s'illumine avec le soleil est somptueuse. Je me dit que quoi qu'il arrive j'aurai vu ça, c'est toujours ça de pris...
première bosse, toujours le sourire
Arrete du Mont Favre – Col Chavannes 1h32
Au sommet de la première bosse je m’arrête faire pipi et en profite pour manger une petite barre, comme prévu, je m'interdis de manger en courant pour m'éviter tout problème gastrique. Je commence donc la descente tranquillement en marchant, et une fois ma barre terminée j'attaque la course. La descente est belle est technique, tout ce que j'aime... malheureusement, je sens déjà que j'ai du mal à digérer, je sais que ça va passer mais je crains pour la suite. La partie pourtant plate jusqu'au ravitaillement du lac Combal est dure, je ne vais pas bien vite (en même temps on est à 2000 metres), je mange des fruits au ravito qui ont le mérite de tout tasser et de me faire digérer. Comme le dirait le goûteur de Cléopatre après avoir bu le remède de Panoramix « ça va mieux! ». Nous enchaînons direct sur la deuxième bosse, je souffre de la chaleur mais le paysage est beau, je sens que je brûle, nous sommes en file indienne, le rythme est bien assez rapide, je ne double pas je ne me fais pas doubler. Nous arrivons au sommet avec une magnifique vue sur le val Veny et le Vallon de Chavannes, je mange un petit sandwich et discute avec un brave homme qui semble décidé à abandonner « pas de jambes », de mon coté la machine commence à se lancer, 3h30 de course, tout va bien, c'est toujours ça de pris...
Col Chavannes – Col du Petit Saint Bernard 2h12
Comme j'avais pu le voir sur les différentes vidéos, la descente est douce et simple, tous les kilomètres se font en moins de 6 minutes, je remonte quelques places mais je sais que je suis en gestion, je discute avec un autre coureur, c'est une manière de contrôler mon rythme, tant que je parle ça va. La descente est malgré tout assez longue et devient monotone, je suis presque content d'enfin basculer de l'autre coté du vallon et attaquer la montée vers le petit saint Bernard. Comme d'habitude, je peine à la transition, je suis déçu de ne pas voir mes supporters lorsque nous longeons une route et pour couronner le tout je mange un gel qui me tord le bide. Bref, si les jambes sont bonnes à ce moment la j'accuse un peu le coup moralement d'autant que la chaleur est présente, pour le coup j'ai vraiment hâte de rejoindre ce petit Saint Bernard. Alors que je commence à me lamenter un enchaînement de choses va me remettre en selle : Déjà je vois Ludo qui m'attend environ à la mi bosse, il m'encourage et me dit que tout le monde m'attend au petit saint Bernard. Il marche derrière moi quelques minutes, avec ses cannes et son sac on dirait presque un coureur. Deuxième élément déclencheur (et c'est surprenant), un énorme orage s'abat lorsque nous approchons du lac de Verney, je sais à ce moment la qu'il reste une vingtaine de minutes avant le ravito, je fais donc le choix de ne pas mettre la veste de pluie pour attendre le ravitaillement. Et cette bonne douche froide est plus que bénéfique, oublié le coup de chaud, oublié le coup de mou, je suis galvanisé en montant le dernier raidard avant le ravitaillement et j'en profite même pour « haranguer la foule ». J'arrive donc au ravitaillement dans la tempête il fait très froid, je m'habille, je mange, je bois un thé, je suis congelé mais je sais qu'en redescendant ça passera. C'est à la sortie du ravitaillement que je croise les gens qui sont venu me soutenir, même si je tremble comme une feuille à cause de la pluie glaciale et du vent, je sais que je suis de retour dans ma course et prêt à en découdre, c'est toujours ça de pris...
pas de veste ça passe large...
Col du Petit Saint Bernard – Bourg saint Maurice 1h35 (+25mn de pause)
Nous attaquons donc la longue descente sous la tempête, le chemin est glissant mais je suis serein, je sais que mes meilleures courses, je les ai faites sous la pluie. C'est à ce moment la que je commence ma remontada, la descente va être longue, j'essaye donc d'être le plus relâché possible et j'apprécie cette portion. Nous enchaînons chemins roulants et assez techniques, pas de place pour l'ennui, très vite la pluie laisse sa place à un soleil bien chaud, j'enlève ma veste et continue ma descente. Toujours dans l'optique de contrôler mon allure je parle à un autre coureur, un certain Tristan. Il me dit qu'il à prévu de boucler la course en 24h et qu'il m'a mis environ 1 heure sur la transjutrail en mai dernier, je me dis à ce moment que je suis peut être parti un peu fort... La dernière partie plate avant d'arriver dans Bourg Saint Maurice est dure, je me fais violence pour maintenir la course jusqu'au ravitaillement (MENTAL). C'est la première grosse pause, Ludo m'attend, tout est prêt je peux changer short et T shirt (j'opte pour l'option light car la chaleur est revenue), je mange un peu de tout, je sais que c''est important, je ne veux pas rééditer l'erreur de la CCC 2016. Au bout de 25 minutes d'arrêt (au lieu des 30 minimum planifiées) je prends la musique pour la première fois de la course, je lance le concert Eddy Mitchell, pour moi c'est quasiment du dopage technologique. Le départ à été donné depuis 7h35, je pars à l'assaut du Cormet de Roseland, j'ai plus d'une heure d'avance sur mon planning, c'est toujours ça de pris...
Bourg Saint Maurice – Cormet de Roseland 3h40
Cette section de repli laisse perplexe, combien de temps vais-je mettre 3h ? 4h ? 5h ? D'après bon nombre de concurrents, nous allons faire pas mal de goudron. Bénéfique car les pourcentages sont plus doux mais aussi horriblement décourageant. Je me dit que je vais prendre les kilomètres les un après les autres et qu'on verra bien ce que ça donnera. La première partie dans le bois est assez raide, mais la pause du ravitaillement fait du bien et lorsque nous arrivons à un point de contrôle dans un petit hameau (les échines dessous), nous retrouvons le goudron et une bonne partie... descendante. S'en suit un enchaînement de longues montées entrecoupées de petites descentes, c'est dur mais ça passe pas mal, mais intervint un moment qui casse le moral. Nous attaquons le goudron et une borne bien connue des cyclistes du tour de France nous annonce « Cormet de Roseland 10 km ». Je prend un coup derrière la tête, d'autant que je n'ai plus d'eau, je me ravitaille dans un ruisseau. Je me met une bonne galère, sur une partie plus plate je retrouve Ludo qui est venu à ma rencontre, il me dit qu'il reste 3 km jusqu'aux Chapieux ou tout le monde m'attend. Je suis revigoré par cette nouvelle, je peux recourir sur une partie plus plate, je parle avec Ludo jusqu'à ce qu'un commissaire lui dise de me laisser « dura lex sed lex », évidemment je ne me suis pas fait ravitailler mais ce moment peut être considérée comme du pacing. Nous nous exécutons sans broncher sous le regard bienveillant du commissaire de course qui semble nous dire « je sais bien que c'est pas grave mais d'autres concurrents pourraient se plaindre ». Mon rythme et ma foulée se dégradent sensiblement jusqu'aux Chapieux où je suis heureux de retrouver la fine équipe, je checke Sacha et repars sur le chemin de l'UTMB en me disant que je suis quasiment au ravitaillement... grossière erreur. J'avais fait ce bout de route du Cormet de Roseland jusqu'au Chapieux l'an dernier lorsque je ravitaillais Ludo sur l'UTMB, de nuit et en voiture j'avais trouvé ça assez court, mais quand mon père me dit qu'il reste encore 4km avant le col, je suis à la limite de l'engueuler. S'en suivent les 3 kilomètres les plus pénibles de ma course, des rampes interminables, la météo qui se dégrade, c'est très dur à ce moment. Je marche doucement, on me double, je tente de recourir mais je tiens moins d'une minute, j’entends l'orage gronder, le vent se lève mais j'arrive au ravito sous quelques gouttes. Je sais qu'une grosse pause sera nécessaire pour me réalimenter, me changer et me refaire la cerise pour affronter la nuit. Je fais tout ça en 45 minutes (plus que prévu) mais je sens que cette pause sera bénéfique, je suis habillé pour affronter le froid et la pluie. Je change de playlist, c'est au tour de Johnny de m'accompagner. Dans ma galère j'ai un peu de chance, un gros orage s'est abattu pendant que j'étais sous la tente, il est quasiment terminé quand je ressors, c'est toujours ça de pris...
ça checke avec le filleul
Avec ludo et sacha, c'est dur à ce moment
Cormet de Roseland – Col du Joly 4h30
La première bosse après la pause du Cormet de Roseland passe super bien, c'est l'équivalent d'une Dôle, le soleil se couche et j'allume la frontale avant de basculer au col de la Saulce. J'ai un soucis de bâton, la poignée est décollée et la canne reste quelques fois scotchée dans la boue, ce n'est pas bien grave, je peux toujours empoigner ma canne sans me servir de la poignée et de la dragonne, Pouick à une paire de rechange, ça ira largement jusqu'aux Contamines. La descente qui suit est importante, c'est une longue descente qui sera directement suivie d'un très gros morceau jusqu'au col Joly. L'orage à fait des siennes, nous courons dans plusieurs cm de grèle ou dans la boue, je suis prudent mais je sais que ce terrain technique m'avantage d'autant que les jambes répondent encore. Je réalise une belle remontada sur cette portion, je suis impressionné par le passage du curé, c'est super beau et j'ai envie d'y retourner de jour sous le soleil. Après cette longue descente, Pouick m'attend au check point / point d'eau de la Gittaz, je ne le reverrai pas avant un bon moment. Je sais que cette montée s'annonce difficile, je me lance, advienne que pourra...Comme prévu je passe un sale quart d'heure, les forts pourcentages du début ne m'avantagent pas, je souffre, au changement d'heure je sais que je dois absolument manger, je m’arrête sur un bas coté j'essaie de prendre une barre Baouw mais au bout de 5 minutes à mastiquer, je n'ai toujours rien avalé, à partir de ce moment ma nourriture en dehors des ravitaillements se limitera aux shoots isostar. La seconde partie passe mieux avec un chemin blanc moins raide et plus avantageux pour moi. J'arrive donc tant bien que mal au col est de la Gitte en perdant néanmoins quelques places, une partie vallonnée avec 200 petits mètres de dénivelé m'attend, et comme par magie tout va d'un coup beaucoup mieux. Après coup je pense que d'être arrivé là en ayant repéré la fin depuis les contamines m'a libéré, malgré tout même si le moral est bon je regarde ma montre qui m'annonce 80 km : il me reste un marathon à boucler... Je prend pas mal de plaisir sur cette partie, Johnny à laissé sa place à Gerard baste et aux Svinkels dans mes oreilles, les sentiers sont techniques j'arrive à courir sur le plat, je double énormément sur cette partie. Je sais qu'il ne faut pas se fier à la lumière du ravitaillement, qu'un grand détour de 3 km nous emmènera au Col du Joly avec un super sentier à flan de falaise. J'arrive donc tranquillement au col du Joly, s'en suit une séquence émotion avec les vidéos déposées par ma famille, les larmes coulent, je suis fatigué mais déterminé. Je me ravitaille à peu près correctement. Je repars avec la patate, je suis sur à ce moment la que se serai finisher, c'est toujours ça de pris...
Col Joly – Les Contamines 1h40
La descente jusqu'à Notre Dame de la Gorge est une longue descente qui mélange pistes de ski et singles techniques, on peut comparer ça à la descente du crêt de la neige avec des parties plus raides néanmoins. Je sens que je reste relativement efficace, je double régulièrement, le moral est bon et je réalise une nouvelle bonne portion jusqu'à Notre Dame de la Gorge. Un fait de course notable néanmoins, je n'ai plus de batterie sur ma lampe et le mode éco est très léger pour ce genre de sentier, j'improvise donc un mini bivouak pour changer la batterie, éclairé avec la torche de l'iPod, anecdotique si ce n'est que je suis très surpris de la faible autonomie de ma lampe. L'arrivée à Notre Dame de la Gorge marque la fin de la descente et le début d'un long plat descendant de 4 km, une grosse pause m'attend et je me sens assez bien pour hausser le rythme, je cours autour de 10 km/h cette portion, je me prépare à entrer dans le ravitaillement et la divine surprise : mon épouse, mon bébé d'un mois et demi et ma maman m'ont fait la surprise de venir m'encourager sur place à 1h30 du matin. Gros coup de fouet mental, j'entre gonflé à bloc pour la deuxième assistance, je change T shirt et chaussettes, j'enfile une veste plus fine et je peux repartir après une petite demi heure de pause. Je repars des Contamines après 17h30 de course, je connais dorénavant la fin du parcours, j'ai 2h15 d'avance sur mon planning, c'est toujours ça de pris...
moi, mon épouse, maman et ma fille
Les Contamines – Col du Tricot 2h30
La première partie de la dernière grosse difficulté du jour est une longue montée assez monotone vers le chalet du Truc avec des longues portions de chemin de 4x4, je fais le choix d'attendre un autre concurrent et de lui demander si il est Français pour pouvoir parler un peu et casser la monotonie. Je tombe sur un pyrénéen qui est complètement dingue parce que son assistance ne s'est pas réveillé pour le ravitaillement, il peste, il l'appelle, ce petit sketch m'amuse mais j'avoue que je n'aurais pas aimé être à sa place, il me dit qu'il ne peu rien manger de solide et qu'il n'a plus rien, je lui file un gel car pour moi je suis restreint au régime de bananes. Je sème mon compagnon d'infortune et arrive assez vite au chalet du Truc, la descente jusqu'au chalet de Miage est courte et permet de relancer la machine, au pied du col je sais ce qui m'attend, le Tricot c'est vraiment un truc de porc... Frais j'avais mis 40 minutes, je sais qu'il en faudra au moins 10 de plus. Je me lance tête baissée dans la montée, et la pour la première fois de la course je me dis que le niveau de difficulté est vraiment extrême, je fais un kilomètre en 26 minutes, l'expression « pas à pas » prend tout son sens. Pour leurrer mon esprit, je m’interdis de regarder ma montre tant que les chansons de l'iPod ne sont pas terminées, je me souviens d'un rythme de 30m+ par chanson. Autre astuce, je compte mes pas, j'essaye d'atteindre 1000, je compterai jusqu'à 600. En plus de l’extrême difficulté due aux pourcentages très élevés (30% de moyenne), la lumière du checkpoint que l'on voit au sommet semble inaccessible ajoute une difficulté mentale non négligeable. J'ai l'impression d'être lent mais le groupe que je menait est passé d'une dizaine de personnes à une seule personne qui me suit, je fais l’effort de ne pas m’arrêter, cela ne servirait à rien, j'arrive au sommet en 55 minutes. Je vais basculer, je suis venu à bout du terrible col du Tricot, c''est toujours ça de pris....
Col du Tricot – Les Houches 1h30
Après une petite pause au sommet du col pour reprendre mes esprits et manger la fin de ma banane emportée au contamines, j'attaque la première partie de la descente vers la langue du glacier de Bionnassay. Une descente assez technique dans des sentiers bien creusés nous mène jusqu'à la passerelle qui me semble beaucoup plus impressionnante de nuit que lors de la reco. A ce moment pas de mauvaise surprise, une partie montante nous attend jusqu'à Bellevue, je ressors donc mes cannes pour la dernière fois et me régale sur cette partie de single ou les petites montées s’enchaînent avec des petites sections plus planes où je peux courir et à nouveau dépasser allégrement, je pense à Ludo qui m'a dit « avant le chalet du Truc, ton seul adversaire c'est toi même, après tu peux rentrer dans la course et tu ne leur laisses rien, pas même les miettes ». Je suis surpris de prendre encore du plaisir après quasiment 110km course. Le raidard menant à Bellevue est le dernier de la course, (nous zappons la crête car le détour pour aller au Cormet nous à rajouté quelques kilomètres) mais je demande quand même au bénévole pour m'en assurer et pour entendre d'une voix humaine que les montées sont terminées. En revanche, si sur le plat les muscles sont encore efficaces, je commence à être sévèrement entamé musculairement pendant les descentes. Celle qui s'annonce va être longue, je maltraite une dernière fois mon estomac en buvant un shoot isostar (ce serait con de faire une hypo maintenant), la descente sera pénible mais durera « que » 40 minutes, c'est dur jusqu'au moment ou nous retrouvons la route, mais apparemment je ne suis pas le seul à piocher étant donné que je double encore du monde sur cette partie, une fois dans le village je vois mon Ludo qui lance un « ça court là », je rigole parce que je sais qu'il ne m'a pas reconnu et il m'accompagne jusqu'au ravitaillement. Je n'ai pas envie de traîner à ce ravtaillement, j'ai trop souffert dans la descente pour gagner cette dizaine de places qui me rapproche du top 200, alors que j'enlève ma veste pour repartir, Ludo pointe sa tête dans la tente de ravitaillement et me lance, tu as 11 cadavres à reprendre pour faire dans les 200. J'écoute d'une oreille dans ma tête c'est plutôt, « tu n'as plus que l'équivalent du tour du village que tu as fait tant de fois pour préparer le marathon de Lyon pour finir la TDS », et c'est toujours ça de pris...
Les Houches – Chamonix 58 minutes
Je repars à l'assaut de la dernière section en choisissant la Slip tape de Gerard Baste plutôt qu'une playlist bateau pour être sur d'être bien boosté, je sais le profil plutôt montant mais je me sens capable de courir sur une bonne partie de la section. Une fois lancé, je ressens ce que j'attends depuis maintenant 2 ans et la dernière descente de la CCC, ce fameux cocktail d'hormones et d'endorphines qui te donne la sensation d'être invincible. J'ai littéralement l'impression de voler, je peux même accélérer lorsque je rattrape les fameux cadavres dont me parlait Pouick quelques minutes plus tôt. Je suis fier de faire un kilomètre en moins de 6 minutes et je me fixe le challenge de vaincre la lune « beat the moon challenge » et d'arriver avant le lever du jour. Contrairement à ce que je craignais après la reco ces 8 km sont du pur plaisir que même la fin de batterie de mon second accu de lampe ne viendront pas gâcher. Lors de mon arrivée dans Chamonix j'ai un dernier cadavre à abattre mais je n'ai pas envie de faire le sprint, j'ai envie de profiter, je sais que même si je marche jusqu'au bout je suis allé suffisamment vite pour que tout ceux que j'ai doublé sur cette portion ne me rattrapent pas. Ludo m'attend lorsque j'arrive dans la dernière rue, il me dit de ralentir (!) parce que je viens de mettre 30 minute à Livetrail qui m'annonçait à 7h à Chamonix, si je continue à courir je passerai la ligne avant que mes supporters ait pu se lever. Nous discutons, je suis un peu dans le gaz mais tout le monde est la quand je passe devant notre appartement situé à 200 m de la ligne, quel bonheur de partager ça avec femme, enfant, parents et amis. Je franchis la ligne avec Marine et Agathe, le speaker annonce que « c'est extraordinaire de passer la ligne à cet age là ». Je l'ai fait, 22h30 au lieu des 26 heures prévues, je termine 202ème sur 1800 partants, j'ai la sensation d'être un ultra traileur contrairement à la CCC ou j'avais la sensation d'avoir fini un ultra trail, la nuance semble faible mais tellement importante pour moi. J'ai été dans la course tout le long même lors de ma longue pause au Cormet de Roseland, je n'ai pas subi comme il y a deux ans lorsque j'étais affalé sur une table, un lit de camp ou sous une couverture de survie dans un champ.. C'est de loin la meilleure course de ma vie, des perspectives s'ouvrent devant moi, j'ai maintenant 15 points, c'est toujours ça de pris...
en famille sous l'arche
la team gillou
bien méritée celle là
l'an prochain on fait le tour
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2 commentaires
Commentaire de Shoto posté le 02-10-2018 à 16:18:11
sacré chrono et belle place de finisher. Bravo pour ton finish de tueur. Bravo aussi à ton épouse car venir te supporter de nuit sur un ravito avec un tout petit bébé est aussi fort que de venir courir la TDS ;-)
Commentaire de Gillou39220 posté le 02-10-2018 à 16:23:26
Merci! Oui c'est sur que l'UTMbébé c'est plus fatigant et encore plus long qu'un ultra!
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