Après plusieurs mois d’entrainements et d’attente, j’ai enfin l’opportunité de faire cette fameuse TDS, course autour du mont Blanc s’effectuant durant la semaine de l’évènement UTMB. C’est déjà un chemin de croix pour être au départ car il faut avoir acquis des points en terminant d’autres courses équivalentes puis être tiré au sort car il y a trop de demandes.
C'est quoi la TDS ? La TDS, Tour des Ducs de Savoie, est une course autour du mont blanc qui part de Courmayeur et qui arrive à Chamonix en passant par le versant ouest du massif du mont blanc. Elle est catégorisée, selon l'organisateur, comme étant plus dure que l'UTMB !. Elle fait 120km et 7500m de dénivelé positif. Pour ceux à qui ça ne parle pas, ça correspond à 7 grosses randonnées d'une journée, mais à faire en une seule fois ...
Nous voilà le jour J : réveil 3h15 du matin pour le trajet en bus de Chamonix à Courmayeur. Il fait nuit et frais. Dur à ce moment de se dire que l'on ne vas pas pouvoir dormir avant au moins 28 heures ... et on se dit toujours à ce moment : « qu’est-ce que je fais ici plutôt que d’être bien au chaud sous ma couette ? ».
Le départ est donné à 6h, pas de pression particulière avant le début de la course sachant que je me suis entrainé comme il le fallait, que je commence à avoir une certaine expérience en ayant déjà fini 3 ultras, que je n'avais pas de blessures particulières et que l'objectif fixé semblait atteignable. La seule grosse crainte concerne la météo car ils prévoient de très grosses chaleurs. Ils n'ont pas eu tort !
Première bonne surprise au départ, ça part assez tranquillement et la première montée s'effectue en marchant. il faut dire que le menu est copieux et que le premier col fait quand même 800m de D+.
Arrivé au premier ravitaillement après une heure de course (7e km, 1h de course), j'ai 20mn d'avance sur mes objectifs. Premier problème donc : je vais trop vite mais ça, je m'y attendais .... Je ralentis pour aller sur le second ravitaillement. Le jour se lève et la vue est magnifique : on passe au pied du massif du mont blanc avec le sommet juste au-dessus.
Arrive ensuite le 2e col à monter, le col Chavanne, 600D+ à faire. La montée s'effectue également tranquillement en file indienne. Il faut quand même faire attention aux pierres qui tombent à cause des coureurs situés au-dessus. Dans la longue descente suivante de 4km, je double un "petit vieux" grassouillé qui n'avait physiquement rien d'un traileur... je vois sur sa casquette une inscription du grand raid de la réunion. J'entame la discussion et apprend qu'il a participé à 3 grand raid et 5 UTMB. Respect !
Arrivé en bas de la descente (30e km – 4h de course), je commence à comprendre, vu la chaleur qu'il faisait déjà, que la journée allait être difficile. Les jambes commencent également à titiller. J’entame ensuite le col suivant, celui du petit saint Bernard (500D+ à faire) en étant toujours aussi en forme. Dans la montée, je reconnais Alain Roche, célèbre entraineur qui propose des conseils et des recettes pour sportifs sur internet. Je recommande fortement d’aller voir son site internet !
Arrivé au ravitaillement du petit st Bernard (36e km – 5h de course), première alerte santé : j'ai une douleur au pied gauche à cause d'une ampoule. C’est la première d'une longue série ... Je vais dans la tente médicale pour la soigner. On a déjà l'impression d'être en guerre : un coureur avec la tête en sang, un autre en train de se faire mettre des points de sutures sur tout le tibia, ... Pour mon pied, une infirmière, manquant d'expérience, se limite à me mettre un strap sur la zone d'échauffement, ce que je vais payer très très cher plus tard ...
Durant ce ravitaillement, j’applique le protocole mis en place pour l’alimentation : toutes les deux à trois heures j’avale 1 banane, un bol de soupe aux vermicelles, un sachet de sel, un sandwich au jambon et un verre de coca. J'entame ensuite la très longue descente vers Bourg-st-Maurice (14km pour 1400 D-). Je me souviens maintenant de ce que disait le speaker au micro avant le départ: " vous verrez, lors de la descente vers Bourg-st-Maurice, vous aurez l'impression de rentrer dans un four". Et il avait raison. il fait extrêmement chaud. impossible de respirer la bouche ouverte. J'ai croisé à deux reprises des anglais qui me disaient :" this is an oven, this is an oven !". j'augmente mon hydratation à ce moment pour boire 1à1.5l à l'heure, soit au final environs 25 litres d'eau bu sur la course!.
L'arrivée au ravitaillement de Bourg-st-Maurice (51e km – 8h de course) se passe bien, je suis encore en forme et j'ai l'impression de mieux supporter la chaleur que les autres concurrents. C’est peut être également lié à l’entrainement que j’ai suivi ces dernières semaines qui me permet d’avaler facilement les kilomètres. Pour info, une préparation d’ultra trail se planifie sur idéalement une année avec des fractionnés, des sorties longues avec dénivelés, des week-end chocs, des courses de préparations et beaucoup de sorties en endurance. Le seul, et "énorme" problème pour l'entrainement, c'est le manque de temps, sachant qu'il faut compter en moyenne 15h par semaine. La technique : prendre sur son temps de sommeil et faire « quelques concessions » sur la vie de famille, les amis et les autres loisirs …
Par expérience, c'est à partir de 50km de course que l'on commence à voir les traits se durcir sur les visages et que la tente "abandon" commence à accueillir ses premiers clients. D'ailleurs, le stand de ravitaillement ressemble à un champs de bataille : certains sont allongés sur le sol comme des cadavres, d’autres pleurent dans un coin ... Il y a parfois des accompagnateurs qui tentent de remotiver leurs coureurs mais, à voir dans leur regard, ça semble plié pour eux...
Avec ces abandons, j'ai gagné 70 places sans doubler. cool ! Je repars du ravitaillement en ayant bien bu et mangé correctement. c'est là que la course se durçit. Voici un extrait du mail reçu de l'organisation 3 jours avant le départ : "Nous vous rappelons que la plus grande difficulté de la course se situe en quittant Bourg-St-Maurice , avec 2000m de montée quasiment ininterrompue ..., suivi d'une descente très technique. Chaque année, de nombreux coureurs sous-estiment cette section, se mettent inutilement en danger et sont contraints à l'abandon". ils n'avaient pas tort !
Alors, voilà la tableau : on a déjà fait 51 km, il est 13h30, c'est donc le pic de chaleur de la journée, on a 2000m de D+ à faire exposé en plein soleil car pas d'arbres sur cette section et sans ravitaillement au milieu. c'est l'enfer !. Pour passer ce moment, je me mets dans ma bulle, je prends un rythme de croisière assez lent et j'écoute de la musique. Et ça fonctionne assez bien car je ne me ferai pas doubler de toute la montée. A l'inverse, je ne croise que 2 catégories de coureurs : ceux qui sont allongés au bord du sentier car ils ne peuvent ni avancer ni reculer, et ceux qui redescendent à Bourg-st-Maurice pour abandonner...
La montée est longue est semble infinissable. Je vois apparaitre un Fort et pense arriver au bout. Je finis donc toute mon eau avant de pouvoir remplir les gourdes. Mais erreur, il y a deux Forts : le fort de Platte et le fort du truc. Et là, on est au fort truc bidulle chouette. aahhhh ! je vais donc passer plusieurs minutes sans eau.
Je finis enfin cette montée apocalyptique et arrive au Fort de la Platte (56ekm – 9h de course). L'organisation a exceptionnellement prévu de quoi s'hydrater et des éponges pour se mouiller. ça fait un bien fou !. Je regarde autour de moi et je ne vois que des « zombies » : la chaleur a fait des dégâts, et ça se voit sur les visages. on se croirait dans dans la serie "the walking dead". Je connais à cet instant le premier gros coup de fatigue, mais je me dit que je ferai une longue pause au ravitaillement suivant, au Cormet de Roselend. Avant ça, il faut passer le passeur de Pralognan qui est un col très technique, surtout en descente. On est en bordure de falaise, dans la caillasse et c'est très glissant et pentu. Des guides sont présents pour nous tenir dans la descente. Cette portion sera très dangereuse pour les coureurs qui arriveront içi de nuit et qui seront encore plus fatigués que moi. C’est incroyable de faire passer une course par un endroit aussi dangereux !
Je suis content d'arriver au Cormet de Roselend (66e km – 12h de course). Je prends le temps de manger, de me débarbouiller et de me changer. Même si j’en ai envie, je délaisse la Pasta party à la bolognaise, qui d’ailleurs n’est pas du tout adaptée pour un ultra trail…
Je vérifie mon matériel pour savoir s’il faut le changer et/ou l’adapter : rien à signaler. Finalement, plus on fait du long, plus le matériel nécessaire est simpliste. Petite remarque d’ailleurs sur ce point : c’est un peu la course à l’armement, pour acheter toujours plus cher pour avoir le matériel le plus léger, le plus respirant, le plus à la « mode », le plus récent … tout ça est inutile et n’augmente pas les performances ! il suffit d’acheter le moins cher et s’habituer à l’utiliser plusieurs semaines à l’avance.
Je fais le bilan de mon état de santé à mi-course : j’ai encore du jus, pas de crampes, le moral est bon mais le hic, c’est que j’ai de plus en plus mal aux orteils et suspecte l'arrivée de nouvelles ampoules. je vais dans la tente de médicale et la podologue me confirme que j'ai quelques ampoules "pas très belles" qu'il faut traiter. Cela est selon elle probablement lié à la chaleur. Problème, on est plusieurs dans ce cas et il y une file d'attente de 40mn. Comme je suis en avance de quasiment 1h sur mon objectif, je préfère attendre pour me faire soigner.
Arrive donc mon tour avec la podologue. Je déguste !! Pour info, le traitement se fait en injectant de l'eosine avec une aiguille dans l'ampoule, puis on aspire tout. ça fait horriblement mal. Et il faut le faire pour chaque ampoule. Problème ensuite en sortant de la tente, je n'arrive plus à poser le pied au sol à cause de la douleur. Je commence à prendre peur en envisageant, pendant un demi seconde, la possibilité d'un abandon pour cette raison. Ahh ! Mais je suis trop gonflé à bloc pour arrêter et repart en boitant du ravitaillement.
Après quelques centaines de mètres, ça va mieux et j'entame la montée du col de sauce (600d+ à faire). La montée n'est pas difficile mais assez longue. Je décide donc de taper la discute avec un autre coureur pour faire passer le temps. C'est la 3e fois qu'il fait la TDS et il très déçu car il visait un très bon classement mais des crampes l'empêchent d'aller plus vite. Il avait fini 8e la fois précédente !
On déroule jusqu'au prochain ravitaillement de la Gitte sans problème (75e km – 14h de course). Le moral est toujours bon et je ne me sens plus spécialement fatigué. Je m'asperge d'eau à chaque abreuvoir pour refroidir la machine car il fait toujours aussi chaud même en fin de journée. Je m’aperçois par contre que je commence à perdre de la lucidité car je ne m’alimente plus comme prévu: une petite barre céréales toutes les 30mn dès que la montre sonne. En fait, mon cerveau n’entend plus la sonnerie …
Arrivé à la gitte, on apprend que le 1er vient d'arriver à Chamonix. Moi, il me reste 45km à faire et une nuit entière à courir ! Durant la montée suivante, la nuit tombe vite et on met nos frontales. C'est une autre course qui commence car on passe d'une journée avec des panoramas magnifiques autour de nous, à une vision limitée à un point de lumière de 1,5m de diamètre entouré de noir complet. Durant la montée, j’accuse le coup physiquement et me fais doubler par plusieurs coureurs. Je n’ai plus assez de lucidité pour me l'expliquer : les ampoules, l’alimentation et/ou l’hydratation défaillantes, les autres coureurs qui accélèrent,… ?
On arrive presqu’au sommet du col. Deux personnes de l’organisation nous attendent avec de l’eau et un feu. On est plusieurs à s’arrêter et à discuter autour du feu. ça fait du bien. On parle doucement, on est au milieu de nulle part. A cet instant, l’objectif n’est plus maintenant de faire un « temps » ou une « place », mais d’être uniquement « finisher ». ça enlève une forte pression mentale que l’on s’inflige pourtant inutilement à mon avis. En repartant, mon corps entier se met à trembler de froid. Impossible de se maîtriser et d’avancer. C’est l’impact combiné de l’épuisement physique et de l’éloignement du feu qui est à l’origine de ce phénomène. J’avais déjà connu çà sur d’autres courses. Il suffit de courir quelques minutes pour faire disparaitre le phénomène. Rien d’alarmant …
Le prochain ravitaillement, le col Joly doit se faire en descente selon mon Roadbook. Je déroule donc tranquillement. Pourtant, je vois des frontales dans le haut de la montagne ... Il y a en fait un col à monter avant de redescendre sur le col Joly. Je prends un sacré coup au moral et la montée est donc très difficile. Je me fait doubler par un moins 10 coureurs dans cette courte montée.
Dans la descente vers le col Joly, il y a un troupeau de vaches qui bloque le sentier. impossible de passer. Par expérience, je sais que les vaches ont plutôt tendance à fuir en voyant un humain. Le problème, c’est le taureau, qui lui a « plutôt » tendance à charger. Je cherche désespérément ce satané taureau au milieu du troupeau avec ma frontale. Je pique donc des sprints dans les champs à gauche ou à droite, en fonction des mouvements de fuite des vaches. Encore la même question qui revient : « qu’est-ce que je fous ici plutôt que d’être bien au chaud sous ma couette ? »
Arrivé au col Joly (85e km – 17h de course), il y a une ambiance de discothèque au ravitaillement : musique à fond, Olà à l’entrée des coureurs, chorégraphies, ... Pourtant on est tous sérieusement entamés, On ne profite donc pas de l’ambiance. Surtout qu'il reste une grosse descente de 900m de D- à faire de nuit avant d'arriver au gros ravitaillement des Contamines. J'ai le bon réflexe, à ce moment, de me dire qu'il ne faut pas trainer là. En plus, je commence à avoir un nouveau problème, mais attendu pour celui-ci : je n’ai plus faim. c’est vrai qu’après avoir ingurgité des kilos de bananes, de soupes, de sandwichs et de barres céréales, l’estomac dit stop. Pourtant, il faut de l’énergie pour avancer. C’est une cause importante d’abandon : le corps, sollicité de trop pour l’effort physique, ne donne plus la priorité à la digestion. dans ce cas, tout ce que l’on boit et mange reste stocké et n’est pas digéré. résultat : plus de jus !. Et pour ceux qui ne le savent pas, quand on tente de manger sans aucun appétit, on a un petit souci : on ne salive plus… la technique consiste donc à tout avaler en buvant de l’eau en même temps.
Je reste donc finalement très peu de temps au ravitaillement, mais en ayant pris soins avant, de mettre de la vaseline sous l'entre-jambe. Eh oui, après avoir couru et transpiré pendant 16 heures, c’est irrité là-dessous !
La descente est très difficile car je suis fatigué et j'ai mal aux pieds à cause des nouvelles ampoules qui se sont formées. Mais je me dis que c'est trop tard maintenant pour les traiter et qu'il va falloir faire avec jusqu’au bout.
Pour continuer à courir malgré les douleurs et la fatigue après avoir fait 85km, il faut réussir à transcender ses capacités, c'est-à-dire à aller au-delà de ce que le corps et l’esprit sont capables de subir. C’est, je trouve, le coté le plus intéressant de ce sport qui est le seul à mon avis à imposer un effort physique soutenue sur plus de 24h sans dormir. pour les béotiens, il y a des activités mentales existantes pour y arriver dont : l’image ressource, la bascule attentionnelle, le dialogue interne, la visualisation, le switch sensoriel, … En complément, il y a certaines activités comportementales : variation du rythme, de la respiration, de l’activité sociale environnante, relaxations contrôlées …
Avant d'arriver aux contamines à la fin de la descente, j'ai la très bonne surprise de voir Val qui est venue de Lyon pour me soutenir. Ca me fait beaucoup de bien. Ça ne fait plus aucun doute maintenant que j’irai au bout de la course. Pourtant, j'ai mal partout et mon corps est épuisé ...
Le ravitaillement aux contamines (95e km – 18h de course) se fait donc avec Val, qui m'aide pour manger et me reposer. C'est la 1ere fois que l'on m'assiste durant une course, et c'est très agréable. On fait le bilan ensemble : il reste maintenant un col à monter et 8 km de plat avant l'arrivée. Le problème, c'est qu'il faut se le taper ce col : 1200 de D+, puis négatif pour redescendre aux Houches. ça va faire mal au moral et aux jambes, surtout après avoir déjà fait 95km et 5600m de D+.
D’après les dires d’autres coureurs, c’est la fin de la montée qui est extrêmement dure et raide, pourtant le début du col est tout aussi compliqué. Pour y arriver, je fais une pause d'1mn tous les 15mn en m'asseyant au sol pour reprendre mon souffle et reposer mes pieds. Ça fonctionne tant bien que mal. Je me fais doubler par quelques coureurs dans la montée. Cela fait d’ailleurs maintenant plusieurs heures que je me fais doubler par d’autres coureurs. Pourtant, en analysant après la course l’évolution de mon classement, je ne faisais pourtant que m’améliorer. il y a dû avoir des dégâts devant moi !
J'arrive maintenant au pied de la montée finale, le col du tricot. il est 2h du matin et ça fait maintenant 20h que l’on court. C'est une vision irréaliste, amplifiée par la vue des frontales sur le sentier qui mène au sommet. On a véritablement l'impression d'être devant un mur et qu'il faut l’escalader. 600m de D+ en 2km. soit une pente moyenne de 30%. Et là survient la fameuse remarque récurrente : « c’est la dernière fois de ma vie que je fais un ultra. c’est trop dur ».
Le début de la montée est un calvaire. En plus, j'ai oublié de me ravitailler et je n'ai plus d'eau. Le cerveau ne tourne plus rond après 20h de course et toutes les actions pourtant très simples à réaliser deviennent quasiment impossible à faire : ouvrir un bidon, mettre des gants, fermer le zip du sac, ... c'est un peu comme si on avait 5g d'alcool dans le sang :-)
J’adopte une rythme très lent mais en décidant de ne pas faire de pauses de peur de ne pas pouvoir repartir... J'arrive enfin au sommet (102e km – 21h de course). je suis étonné de voir que j’ai accéléré dans la montée ! encore plus étonné quand j'entame la descente car la forme revient complètement et cela va durer jusqu'à la fin de la course. Faut dire que le col était le dernier de la course.
La descente se passe bien, hormis pour mes orteils…, et je déroule jusqu'aux Houches sachant que Val y sera pour m’encourager. Une petite frayeur car ma frontale, pour une raison encore indéterminée, n'a plus de piles. Heureusement que j'ai une batterie de rechange, imposé par le règlement. Merci l'organisation de l’avoir imposé !
Je suis étonné de ne pas avoir eu de crampes durant la course, malgré la chaleur qui a forcément occasionné une certaine déshydratation et mon passif de « crampeux ». Il faut dire que pour éviter ce problème, j’ai modifié mes habitudes alimentaires depuis plusieurs mois pour veiller à un bon équilibre acido-basique de ce que je mange. Pour faire simple, l’alimentation doit être la plus basifiante possible pour augmenter ses performances et diminuer les désagréments type crampes, fatigues, tendinites, … il existe des sites internet listant les aliments basifiants, et ceux acidifiants. Depuis que j’ai adopté ce mode d’alimentation, je n’ai plus aucun problème de santé !
Dans la descente, je vois plusieurs coureurs qui me talonnent et semblent me rattraper. La forme étant bonne, je me dis qu’il serait dommage de se faire doubler par autant de personnes si proche de l’arrivée. J’accélère donc le rythme en serrant les dents car mes pieds sont maintenant en compote.
Avant d'arriver aux Houches, j'arrive dans une portion avec spots allumés et des pancartes d'alerte. Je me demande ce qu'ils nous prévoient encore comme passage tordu ! il s'agit en fait d'un pont de singe à franchir. De nuit, à la frontale, et avec le vacarme du torrent en dessous, c'est vraiment pas rassurant.
Arrivé aux Houches (112e km – 23h de course), c'est une première délivrance car il ne reste que 8km de plat. Je décide de ne pas m'arrêter au ravitaillement et file vers Chamonix. Mon dernier souci, c’est que la batterie de rechange de ma frontale n’est pas aussi performante que la précédente, alors que le chemin vers Chamonix est en forêt qu’il fait très sombre. Je cours donc à l’aveugle.
Je passe, avec le sourire, la ligne d’arrivée à 6h07 du matin pour un objectif fixé à 6h00. Il faut maintenant plusieurs minutes de «décompression mentale » avant de revenir dans le monde réel. Au bilan : 120km et 7500 D+ avalé en 24h07, classement 181e au scratch sur 1700 participants au départ. Environs 800 abandons sur le parcours.
Malgré toutes les promesses faites à soi-même durant la course de ne plus jamais revivre à l’avenir les mêmes souffrances, la première pensée qui vient toujours à l’esprit dès que l’on passe la ligne d’arrivée est : « vivement le prochain ultra ! »
Pour completer le récit, une vidéo de la course :
2 commentaires
Commentaire de Titus73 posté le 02-09-2016 à 17:39:13
Bravo pour cette perf et merci pour ce récit, cette TDS a fait beaucoup de victimes à cause de la chaleur, plus que sur notre CCC et je comprends pourquoi. Sur tes photos, ton regard dit ta détermination, c'est impressionnant. Et on voit que tu n'as rien laissé au hasard dans ta préparation. Bonne chance pour tes prochains ultras.
Commentaire de tikrimi posté le 03-09-2016 à 09:07:10
Le récit est aussi fluide à lire que ta course semble l'avoir été. Bravo à toi.
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