Récit de la course : 100 km de Millau 2004, par patate
L'auteur : patate
La course : 100 km de Millau
Date : 25/9/2004
Lieu : Millau (Aveyron)
Affichage : 3642 vues
Distance : 100km
Objectif : Terminer
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Mon premier 100 kms
Nous sommes le 17 septembre 2004, je quitte mon travail et je suis enfin en vacances.
Depuis 2 mois je m’entraîne très dur (suivant un plan de Patrick MASSON) et l’échéance est dans une semaine , mon aventure, les 100 Kms de Millau.
Après avoir fini mon dernier marathon (le 2ème en fait) à Chavagnes en Paillers , j’ai décidé de faire un 100 Kms et honnêtement, le seul qui m’attirait vraiment, celui dont tout coureur d’ultra doit avoir fait au moins une fois , c’est celui de MILLAU.
Je pars donc dès le lendemain dans l’Aveyron , j’ai pris deux semaines de vacances encadrant le cent borne. On m’avait prévenu qu’il y avait quelques raidillons mais je fût tout de même surpris du dénivelé et de la longueur de ces côtes ; enfin je suis la maintenant , on ne peut plus reculer et de toute façon , la motivation est toujours intacte.
La veille de la course, je me rends dans le parc pour prendre le dossard, j’avoue que je suis vraiment excité, j’attends ce moment depuis 6 mois.
Nous sommes maintenant le 25 septembre , je me lève après une nuit agité et je pars vers le point de contrôle obligatoire avant le départ.
Il est maintenant environ 09H30 et nous nous rassemblons devant le parc pour rallier tous ensemble le point de départ situé à environ 500 mètres, ce moment est déjà pour moi, un moment très fort.
Il est 10H00 et ca y est , nous sommes parti pour 100 Kms ; j’ai décidé de partir à environ
6 mn au kilomètre sans compter les ravitaillements. Je suis parti en short, tee-shirt manches courtes, la casquette (chez moi, c’est toujours le cas) et mes New balance 832.
J’ai amené une ceinture gourde, avec quelques gels, quelques barres de céréales , un coupe vent , une lampe frontale (un petit modèle) et je pense qu’avec cela et les ravitaillements officiels, cela devrait aller. Ce fut d’ailleurs la vérité ou presque.
Nous sommes tout de même plus de 1000 concurrents et c’est un avantage indéniable car nous ne sommes jamais seuls sur la route et pour le moral, c’est vrai que cela peut aider dans les moments difficiles.
Nous arrivons au premier ravitaillement et je m’arrête tranquillement et je bois un verre d’eau ; j’ai décidé d’alterner eau et glucose , cela m’a réussi lors de mes courses précédentes.
Le terrain que l’on m’avait dit accidenté est pour l’instant bien plat et je suis facilement le rythme du départ c'est-à-dire entre 6 mn et 6mn 10 au kilomètre.
Pour l’instant tout va vraiment très bien, j’admire le paysage (c’est vraiment magnifique cette région) et les kilomètres s’égrènent .
Après le Rozier, une joli petite côte apparaît, mais tout va bien, je ne faiblis pas et je crois même que j’attendais la première difficulté avec impatience pour me situer finalement ; nous rejoignons une première fois Millau avec encore quelques côtes mais rien de bien méchant finalement et je m’arrête 5 bonnes minutes à la salle des fêtes pour bien me ravitailler. Ca y est le marathon est fait, maintenant il va falloir repartir pour 58 kms et non des moindres (ça je le saurais plus tard). Le temps est plutôt bon, il ne fait pas trop chaud à mon goût .
Ca y est , je repars et je croise quelques marathoniens qui en finissent et qui m’aplaudisse en passant, je suis déjà fier de moi, je viens de passer le cap du marathon (c’est la première fois que je coure aussi loin et en parcourant la première boucle en 4h20 , je suis encore en forme et j’espère bien atteindre mon objectif, c'est-à-dire , le finir ce cent borne).
Me voila à mi-course et je pointe en 375ème position , c’est honorable finalement pour un débutant, je m’arrête au ravitaillement un peu plus loin et en repartant, la première « montagne » (c’est une côte) est devant moi. Je suis la pour courir donc je la monte sans marcher et je double d’ailleurs pas mal de concurrents.
A ce moment, je commence a avoir un doute, ne serait-il pas préférable de marcher et ainsi m’économiser ? Non je veux le faire en courant.
Mon rythme baisse, mon cardio s’affole , tant pis je décide de ne plus regarder ma montre, je veux finir c’est tout, le temps, la place que m’importe.
La descente que je craignais moins est finalement plus difficile à gérer que la montée, les articulations et les genoux en particulier supportent mal cette retenue (la je dirais que c’est une erreur, j’aurais du laissé aller) mais maintenant c’est du plat ou presque donc tout va bien.
Je commence a avoir soif entre les ravitaillements, (le soleil tape un peu) et je pense que j’aurais du amener une gourde et la remplir de temps en temps aux ravitaillements.
Je connaissais la côte de TIERGUES de réputation mais enfin j’y suis , du moins je suis encore au bas de cette dernière.
Je commence à la gravir et dès les premiers hectomètres, les jambes me font quelque peu souffrir mais je continue malgré tout ; a chaque lacet , je me dis que c’est le dernier mais non, il y a toujours un virage derrière un autre , derrière un autre, derrière un autre etc…..
Nous commençons à croiser les premiers concurrents et je les applaudis (du moins les tous premiers, car je monte toujours et les cuisses souffrent terriblement.
Enfin nous sommes en haut et je m’arrête également quelques temps au ravitaillement suivant à l’amorce de la descente vers St Affrique.
La descente est longue et quand je pense qu’il va falloir la remonter ……
J’arrive dans la patrie de Serge Cottereau et j’hésite à me faire masser mais non, j’ai trop peur de ne pouvoir plus repartir, je préfère repartir assez vite et j’amorce le retour vers Millau (je me dis que maintenant je peux réussir) après 70 Kms.
La remontée de St Affrique , est également très dure mais la motivation est toujours la et j’arrive en haut de la côte avec de nouveau un bel arrêt au ravitaillement.
Je décide de mettre mon coupe-vent roulé en boule dans le logement de ma ceinture prévu pour la gourde (il fallait faire un choix) et je repars par Thiergues.
Maintenant je sais que je peux finir, le temps est clément et il fait frais , un temps idéal pour courir.
J’arrive enfin au bas de la dernière côte à St Georges de Luzencon et je décide de faire un bon ravitaillement. Je prends un café, un petit morceau de pain, mon dernier gel ( j’en ai amené 4, un pour 25 Kms), je mets les bandes réfléchissantes sur mon dos, la frontale ( il fait nuit depuis quelques temps) et je repars .
Je ne sais pas si c’est le café, le gel ou autre chose, mais je retrouve des jambes et je gravis la dernière difficulté sans problème et j’amorce la descente sous le Viaduc de Millau en trombe (enfin une petite trombe)
Il reste un dernier ravitaillement mais celui la je ne préfère pas m’y arrêter, j’ai peur de perdre mes bonnes jambes de fin de course. Mon rythme me surprend et je double pas mal de concurrents qui sont surpris de me voir avec du jus à ce moment la.
J’arrive près de Millau et les kilomètres qui étaient encore affiché tous les 5 kilomètres, le sont maintenant tous les kilos. 95, 96, 97, 98, 99, plus qu’un kilomètre et je me surprend à sprinter dans la nuit millavoise.
Je rentre dans le parc et je remonte vers la salle des fêtes toujours en courant à vive allure.
Tout d’un coup je remonte et j’arrive dans la salle des fêtes ou les applaudissements m’accueillent. Ca y est, je l’ai fait, j’ai parcouru 100 Kms . J’arrête le chrono que j’avais oublié depuis le 50ème kilomètre et mon périple aura duré finalement 11heures 11 et 08 secondes pour être précis.
Je suis fier de moi, je me change rapidement et je vais manger un peu dans la salle des fêtes, je suis le roi du monde ce soir , ce moment , restera gravé dans ma mémoire pendant de longues années je pense.
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