L'auteur : kikidrome
La course : 100 km de Millau
Date : 24/9/2011
Lieu : Millau (Aveyron)
Affichage : 1751 vues
Distance : 100km
Objectif : Pas d'objectif
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Les deux participations de Patrice en tant qu’accompagnateur aux 100 bornes de Millau m’avaient vraiment donné envie d’y aller moi aussi. Du coup, quand Tonton Michel m’a proposé d’être sa cycliste, j’ai tout de suite accepté. Pas de chance pour Michel, il s’est blessé durant l’été et c’est Séverine qui m’a offert la chance de participer à cette course mythique.
Nous quittons Montélimar vendredi en fin d’après-midi pour arriver au camping vers 21h00. Cathy, Isa et GPS sont déjà dans leur mobil-home, la famille Leroux arrive en même temps que nous. Une bonne partie des autres copains du club nous attend à la Pasta Party. Cathy et Isa partent avec leur GPS avant nous pour acheter les tickets repas pendant que nous prenons possession de notre hébergement. Lionel et Christophe arrivent et nous partons ensemble au parc, avec un plan de la ville. Sans GPS, nous arrivons avant Isa, Cathy et Philippe ;-)
Première rencontre émouvante : Thierry de l’association Laurette Fugain l’a contactée par sms, il m’attend dans le parc avec son accompagnateur vélo. Nous échangeons brièvement en nous promettant de nous revoir demain sur la route.
La salle n’est plus très remplie, les musiciens sont fatigués mais que c’est bon de se retrouver dans cette ambiance. On sent un soupçon de tension et d’inquiétude... sauf pour les accompagnateurs vélo et les supporters. Retour au camping où Lionel et Christophe acceptent de dormir dans le fourgon de Tonton Michel.
7h00, réveil, petit-dej et préparation du VTT que Cathy m’a prêté.
On quitte le camping, je suis bien sur le vélo mais un petit truc me chagrine, quand je freine, j’ai de drôles de sensations, le freinage est saccadé. Cathy me rassure en me disant que les patins de frein sont neufs et que ça doit venir de là.
08h30, retrouvailles avec le groupe au parc pour la photo. J’encourage tous les coureurs, j’espère que tout le monde va réussir ce défi complètement fou. Vers 09h15, les cyclistes sont priés de sortir du parc et de rejoindre Aguessac au 6ème km où ils vont attendre les coureurs.
La météo est parfaite pour le moment, on a vraiment de la chance cette année.
On retrouve Manu le rapace à qui je piquerai l’idée de fixer les bidons sur le panier :
On voit passer des trottinettes un peu curieuses qui avancent vraiment vite :
Et puis les premiers coureurs passent, les vélos commencent à suivre.
ET voilà ma Séverine accompagnée de Steph. A mon tour de partir. Steph s’est décidé un peu au dernier moment. Pour lui, ce 100 km va servir d’entrainement pour les 24 heures d’Aulnat. Il a bouclé l’UTMB fin août. Respect.
Il y a beaucoup de monde et ce n’est pas facile de circuler. Isa m’avait prévenu, la partie marathon avec le vélo, c’est un peu galère. Il faut faire attention de ne pas perdre son coureur et de ne pas gêner les autres coureurs.
On discute, on regarde les paysages, je savoure le bonheur d’être là.
Et soudain, au freinage, sensation de blocage de roue. Je m’arrête, je regarde la roue arrière, il y a une espèce de bosse sur la jante. Aïe. Je repars en forçant à chaque tour de pédale pour rattraper Steph. Je stresse... Si je reste coincée là, Séverine et Steph ne vont pas comprendre ce qui se passe et c’est moi qui ai leur ravito et qq habits de rechange.
Je rejoins Steph et lui explique mon problème. Il me décroche le frein arrière. Ouf, cette fois, je peux pédaler. Il va juste falloir faire gaffe dans les descentes.
L’ambiance est sympa, certains cyclistes ont la radio dans le panier et on se tient au courant du score du match de rugby France-Nouvelle Zélande.
Les kilomètres défilent, les rencontres aussi. Là, je vois Domy, mon pote de Rochefort du Gard. Ça fait plaisir de le voir courir.
Sa femme, Christiane est là aussi avec Brigitte. Elles ont fait Millau il y a 2 ans et avaient terminé avec le sourire. J’espère les voir. Là, c’est « le solitaire » de Kikourou. Steph connait beaucoup de monde et fait les présentations.
Voilà maintenant Willy de l’ASPTT Valence qui fait un bout de chemin avec nous et Domy :
Sur les ravitaillements, je n’assure pas trop. Je pense que je suis mal organisée. Je reste avec Sev et Steph et j’attends que Steph reparte. Du coup, comme c’est difficile de doubler, Sev se retrouve parfois à courir pendant de longues minutes sans eau.
Les paysages sont super jolis. Je fais quelques photos. La température monte. Il commence à faire chaud. Presque trop chaud pour les coureurs.
Un peu avant le 35ème km, nouveau blocage de roue. Steph est à côté de moi, il s’arrête. On regarde la roue, elle est bloquée par le patin de frein qui est coincé, la jante est gonflée et soudain « Pôôôôm ! », le pneu explose ! La tuile...
Dépitée... Vite, Steph récupère les affaires qui sont dans le panier, prend l’essentiel et enfile le sac à dos. Il part rejoindre Sev qui ne se doute de rien. Je me demande comment je vais faire pour rentrer à Millau et je suis effondrée d’abandonner Sev & Steph.
Et là, le miracle se produit. Une voiture me double, la conductrice baisse sa vitre et me demande si elle peut m’aider. Je me demande d’où sort cette voiture, le circuit est fermé au voiture. Et puis, c’est gentil, mais qu’est-ce qu’elle va pouvoir faire cette petite dame. Je suis grognon, encore trop déçue pour être lucide. Et puis, quand même, par politesse, je lui dis que oui, j’ai besoin d’aide, il faudrait que j’aille à Millau. Elle sort de la voiture, et avec ses 2 fils, elle installe le porte vélo et fixe le VTT. Et nous voilà partis au milieu des coureurs dans une situation bien embarrassante. Elle m’explique qu’un policier lui a indiqué une route et qu’elle s’est retrouvée sur le parcours et que depuis, elle se fait insulter. Avec un « 13 » sur la plaque, les noms d’oiseau sont facile...
J’appelle Isa qui est au 40ème et qui attend le passage de Cathy et Joël pour les accompagner. Je lui explique la situation et lui demande de prendre le relais. A ce moment, je suis certaine que mon aventure aveyronnaise s’arrête là et que j’ai déjà bien de la chance de pouvoir rentrer à Millau.
On discute un peu avec Nathalie. Son mari est en train de courir, elle doit le rejoindre à St Affrique. Mais elle est dans une drôle de galère... Ouf, voici une petite route qui part à Aguessac, on quitte enfin le parcours. On arrive à Millau, il y a un bouchon, je reconnais la petite rue qu’on a prise hier soir pour aller à la pasta. Il me semble avoir vu un magasin de vélo près du départ ce matin. Et là, deuxième miracle de la matinée : on passe devant un magasin de moto et vélo. Nathalie s’arrête, je file au magasin. Un monsieur très aimable m’accueille, je lui explique la situation, il me dit qu’il va pouvoir réparer. Ouf. Je cours à la voiture, un de ses 2 garçons détache le vélo.
Je remercie Nathalie, lui demande de retenir le nom du club en lui disant que je parlerai d’elle dans un petit récit. Nous nous quittons en nous souhaitant bonne chance pour la suite ... J’apporte donc le VTT au magasin. Le mécano regarde la roue et me dit qu’il peut me remettre le vélo en état de marche.
Mais je n’ai pas d’argent sur moi, il faut que je file au camping chercher ma CB. Troisième miracle : il me propose un vélo ! Et me voilà sur un vélo électrique, à fond, slalomant entre les voitures, croisant les coureurs ... Tiens, voilà Domy et puis Nico, je les encourage. Le camping, enfin. Isa et Tonton Michel sont là, ils encouragent les coureurs. Séverine et Steph ne sont pas encore passés. Je file au mobile-home, récupère ma CB, un peu de liquide et je repars à fond.
Quand j’arrive au magasin, le vélo est presque prêt ;
Super, il est réparé. Je paie, le remercie pour son aide et je file en direction du parc pour récupérer Sév et Steph !
J’appelle Isa pour lui dire que c’est bon, le VTT est en état de marche. Elle est en train de pédaler, à fond : Lionel a un problème mécanique et elle fonce pour le remplacer auprès de Christophe Sabardu. C’est la série des problèmes pour les accompagnateurs !
Je revois passer Domy, Nico, je les encourage. Certains disent que la course commence ici. D’autres disent que c’est à St Affrique. Et voilà Jean-Jacques qui passe. Je ne l’avais pas reconnu. Maria arrive, elle me donne un peu de ravitaillement en boisson énergétique pour mes 2 coureurs. Elle me prend en photo. On voit que je suis stressée ?
Et voilà Steph et Sev. Ouf !
On sort de Millau. Le peloton est moins dense, ouf. Isa avait raison, c’est stressant la partie vélo sur le parcours du marathon. Il y a beaucoup de monde. Sauf pour les premiers j’imagine.
Nous voilà dans la bosse qui monte vers le viaduc. Cet ouvrage est vraiment magnifique.
Je raconte à Séverine notre course du viaduc en 2007 où nous avions fait un aller-retour sur le viaduc, avec départ de Millau. Un super souvenir.
Il y a des ravitaillements tous les 5 km. Certains sont déjà bien "entamés" ;-)
On papote pas mal. Je trouve Séverine à l’aise. Les kilomètres défilent, et puis on voit arriver le premier coureur qui rentre sur Millau. On l’encourage. Il a bien creusé l’écart. Le deuxième arrive, le troisième, le quatrième... Ils sont encouragés, font des petits signes ou alors, c’est le suiveur qui dit « merci, merci, merci », un clin d’œil par ci, un sourire par là...
Et voilà notre Christophe ! Je compte 7 ou 8ème. Il semble super bien et a de l’avance sur les suivants. Il va finir dans le top 10 ! On aperçoit Christelle au bord de la route. Christophe ne devrait pas tarder.
Le voilà ! Avec un sourire qui en dit long ! Steph calcule dans sa tête et nous dit qu’il est super bien et qu’il va battre son record !
L’euphorie nous gagne. Pour Séverine, tout va bien. Voilà la descente sur St Affrique.
On discute, on fait un bout de route avec Franck l’extraterrestre.
On croise Isa
Et voilà le castor, on fait la petite photo qui va bien ET Thierry de l’assoc Laurette Fugain, avec son suiveur, lui aussi en violet.
Et on croise Nico, Seb, François, Joël, Tom. Il nous manque Jean-Jacques. Echange avec Cathy et Isa, personne n’av vue Jean-Jacques.
Patrick et Guy sont derrière nous. On les verra au retour. St Affrique, nous voilà. On entre dans le village. Séverine marche un peu. On est au km 70. Je suis épatée. C’est déjà une sacré distance.
Je pose le VTT et on se retrouve au ravito. Séverine s’assied, elle est blanche, le regard sombre. Elle n’a pas l’air dans son assiette. Un petit coup de moins bien ? Elle boit, s’alimente un peu. Je l’accompagne à l’intérieur, elle a mal au ventre. Un passage aux toilettes, elle me dit qu’elle veut s’allonger. Elle trouve un lit de camp et s’installe. Je tourne en rond, ne sais pas quoi faire. Il y a des pompiers. J’en attrape un et lui demande d’aller voir Séverine car je la trouve vraiment pâle. On dirait qu’elle n’a plus de jus du tout. Steph nous rejoint. Il n’est pas plus inquiet que ça. A la CCC, Sev avait aussi eu un coup de fatigue mais elle était repartie. La tension est basse, elle fait une hyperglycémie. Le médecin vient la voir et nous dit qu’il faut attendre. Je suis pessimiste.
Patrick m’appelle. Il a arrêté au marathon (c’est déjà pas mal !). Christophe Sabardu termine 9ème en 08h38. Le record de Joël Tourneux tient encore !
A côte de Sev, sur un lit de camp, un coureur un peu dans le même état s’est installé dans une couverture et semble dormir profondément. Son accompagnateur patiente. Sev essaie de s’assoir, boit une soupe mais semble toujours vidée de toute énergie. Steph continue de dire que ça va aller. J’avoue que j’ai de gros doutes. Mais un pompier me conseille d’aller me reposer en me disant que dans 2 heures, peut-être que Séverine sera en pleine forme et moi, je serai HS.
Il y a un écran dans la salle et on voit Christophe arriver en direct avec un chrono de 30 mn de mieux que son précédent record. La classe !
(bon, ok, la photo n’est pas très nette, il faut me croire sur parole)
La tension monte un peu. Le médecin demande au pompier de prendre la tension debout. Mais Sev ne tient pas debout. Steph semble réaliser que l’aventure va probablement s’arrêter à St Affrique. Je sens la déception. Et moi, je me sens bien inutile.
Séverine décroche de dossard. Elle va rentrer avec la navette, Steph va l’accompagner.
Je repars dans la nuit, en solo. Ambiance un peu surréaliste. Patrice l’avait vécue lors de son premier accompagnement. Je m’en veux de ne pas avoir le n° de Guy que je vais probablement doubler dans le nuit. J’attaque la montée, elle me semble longue. Il faut être vigilent, il y a des coureurs solitaires, sans lumière.
Je croise des marcheurs, des coureurs en petits groupe qui discutent et rigolent, d’autres plus silencieux. Des couples qui marchent en se tenant la main. Une hallucination ? Je viens de croiser un bagnard... J’appelle Steph qui me dit que Séverine est sous perf. Ils vont bientôt pouvoir rentrer. Pas de regret, c’est vraiment un gros coup de fatigue.
J’attaque la dernière montée qui passe sous la viaduc et là, je reconnais mes 2 copines de Rochefort du Gard. Cricri et Bribri, déjà centbornardes il y a deux ans, renouvèlent l’exploit. Je fais un bout de chemin avec elles. Et là, au fond de moi, je me dis que ... oui, là, je regrette vraiment de ne plus pouvoir courir. J’aurais aimé connaitre cette satisfaction-là. Un sacré truc quand même... Courir pendant 100 km ! Je les laisse, elles n’ont besoin de rien. Et mes potes du club m’attendent. Guy m’a passé un petit coup de fil pour me dire qu’ils m’attendaient pour une petite bière à l’arrivée.
Un SMS de Thierry arrive, il me demande où je suis. Je l’appelle pour lui dire que je viens de passer sous le viaduc. Il est très content, il a fini en 11 heures, il m’attend à l’arrivée.
Je mets le turbo, la route et belle, il fait bon. Entrée dans la ville, il y a un peu de circulation. Je trouve le dernier km un peu long...
Et voilà, je retrouve Thierry, j’apprécie vraiment qu’il m’ait attendue. On discute un peu et on se donne rendez-vous au marathon de Paris que mon Patrice va refaire en 2012. Je vais ensuite rejoindre les copains du club. J’appelle Steph. Il est dans la navette. Ils sont sur le chemin du retour.
Nous rentrons au camping après avoir bu une bonne bière. Une pensée pour Guy qui est encore en train de courir.
Une bonne nuit et on se retrouve pour un pique-nique organisé par Sylvie et Tom. Un moment sympa où les regrets font place à des projets. Pour certain(e)s, l’objectif sera de franchir la ligne, pour d’autre, le but sera d’améliorer le chrono.
Lundi soir, un message de Nathalie sur le site. Son mari n’a pas fini. Il reviendra aussi. Nous nous croiserons à nouveau sur une course. C’est certain.
Moi aussi, j’espère revivre un jour cette aventure. J’ai quelques idées d’amélioration (accrochage des bidons sur le panier, ne pas oublier la CB et un peu de liquide, avoir les n° de téléphone de tous les copains du club qui courent et qui roulent, meilleure organisation sur les ravitos)
Beaucoup de coureurs avaient rendez-vous avec eux-mêmes, certains ont échoué mais ils (elles) reviendront et le succès sera au rendez-vous.
Rendez-vous en 2013 !
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3 commentaires
Commentaire de Lolarun posté le 17-10-2011 à 10:27:48
Défi impressionnant et récit très prenant, stressant même ! j'imagine ton angoisse quand le pneu a rendu l'âme ! Un grand coup de chapeau à tous.
Commentaire de Françoise 84 posté le 18-10-2011 à 16:03:03
Et bien, c'est une sacrée aventure pour tous ce 100 bornes!!! Bravo à toi de t'être accrochée comme ça malgré les soucis (je suis bien contente de n'avoir que 2 jambes à gérer et pas cette chose infernale à 2 roues!!!).Bisous, Kiki!
Commentaire de philkikou posté le 18-10-2011 à 19:25:51
Les malheurs de Kikidrome à Millau !!! que d'aventures !!! chaud pour assurer l'assistance, mais t'as bien assuré...
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