L'auteur : diegodelavega
La course : 100 km de Millau
Date : 24/9/2011
Lieu : Millau (Aveyron)
Affichage : 1711 vues
Distance : 100km
Objectif : Objectif majeur
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Bonjour à tous !
J’ai longtemps hésité à écrire ce bout de texte trouvant cela un peu egocentrique. Pourtant j’ai puisé beaucoup d’informations et de plaisir à dévorer celui d’autres coureurs anonymes. Donc pourquoi ne pas « partager » mon expérience ? Certains y chercheront des chronos, d’autres le simple plaisir de lire une petite aventure et des détails qui peuvent servir … ou un peu de tout !
Avant d’entamer le récit de cette 40ème édition des 100 kms de Millau, une petite présentation s’impose. Pourquoi ?
Parce que c’est au travers de cette course incroyable que j’ai découvert l’univers de la course à pied.
Un jour d’Août 2008, mon ami Sapeur-Pompier me demande si je suis partant pour l’accompagner en tant que suiveur pour son 1er 100 KM à Millau.
Adepte des sports de raquettes et de nage, j’accepte en me demandant si ce n’était pas une plaisanterie : pensez-vous ! Courir 100 kms !!! Le bougre réussi son 1er 100Km en 10h50 au terme d’un magnifique effort (depuis il en a fait 2 en 9h50 !!! Respect !!!).
Et paff ! Coup de foudre pour cette discipline : humilité, état d’esprit (aux antipodes de celui du tennis et je sais de quoi je parle), goût de l’effort, école de la vie et j’en passe.
Bref, je me suis mis à la course à pied en Octobre 2008 à 39 ans (merci Anthony) … un doigt de pied, le pied, la jambe et ensuite vous le savez tous, amis coureurs … on est accro !!! Pourtant je n’ai pas le gabarit comme on dit : à cette époque je fais 83 kg pour mon 1m80 … je ne suis pas en surpoids mais j’ai une forte ossature : robuste mais lourde à traîner. Depuis, mon poids de forme hors préparation est descendu à 80kg (merci la CAP) avec une relative sècheresse désormais, mais toujours avec la même carcasse à traîner … rien à faire sur ce plan et je fais avec.
Bien sûr au début, je menais de front les 2 disciplines … prétentieux que j’étais !! Je décidai de participer à mon 1er 100Km de Millau au bout d’un an et ce, malgré une déchirure au mollet gauche contractée dans un tournoi, et à peine guérie à J-15 (prétentieux vous dis-je !). Et là, la course à pied vous ramène très vite à la raison : ce fur un vrai calvaire et une agonie qui s’achevèrent en 13h40 avec une chance de débutant comme on dit : ma blessure ne s’était pas aggravée. Plus jamais ça !!
Ensuite pour l’année 2010, plus de sagesse et de structure : le tennis ? terminé et je ne regrette rien ! Mon corps ? je l’écoute. Mais il me restait cette quête absolue de performance personnelle. L’édition 2010 s’achèvera au 60eme km perclus de crampes : erreur dans l’hydratation, objectif trop ambitieux (10h / 10h30), pas de plan B en cas de défaillance et surtout une quête de perf sur un 100 km pour un coureur sans expérience significative. Alors pour 2011 pourquoi ne pas prendre du plaisir tout simplement et n’envisager un temps qu’accessoirement !!!???
Pour finir avec ce préambule, je précise que j’ai fait appel aux plans de préparation de Bruno HEUBI pour mes courses et à la sagesse de M. COTTEREAU (merci encore à lui et aux bénévoles pour ce 100 KM). Chaque année, mes compétitions se limitent à 2 trails de 20/30kms, 2 semis, 1 marathon, 1 100KM (Millau of course). Je cours 3 à 4x par semaine plus une séance vélo route et 5x par semaine en préparation d’épreuve. A ce jour, j’ai un Marathon en 3h20 (2010 à Marseille) et une tentative à 3h10 cette année à Annecy mais crampes au 31ème (ahhh ces crampes !!). Sur semi => 1h31.
PREPARATION
J’ai essayé d’effectuer toutes mes sorties dominicales dans des conditions similaires à Millau ; j’ai la chance d’habiter dans une région vallonnée (environs de Nîmes) et d’avoir pu faire 400 à 500 m de D+ sur chaque sortie longue; vous le verrez plus loin, cela m’a bien préparé aux dégâts qu’engendre le relief de ce 100 km. Par contre je décidai de les raccourcir (jamais plus de 2h45) et de privilégier la fraicheur pour le jour J. Stratégiquement parlant, je décidai de pratiquer une sorte de cyrano version longue (15/1 jusqu’au 50eme et 10/1 ensuite avec une vitesse de base de 5’20 / kil puis decrescendo à partie du 50eme). Pour l’alimentation, j’ai prévu uniquement du liquide (boisson énergétique préparée à l’avance). Etant sujet à une très grande sudation, il fallait que je privilégie absolument une bonne vidange gastrique pour une hydratation maximale. Pour cette préparation, un mois précédent la course, j’ai éliminé cette année le demi verre de vin du repas du soir mais aussi la glace au dessert (et oui je suis un bec sucré !). J’ai tout de même conservé le petit bout de cantal jeune avec la grappe de raisin … faut pas déconner quand même !!! Pour le reste, et ce depuis que je suis marié, nous avons une alimentation très équilibrée à base de légumes, poissons et viandes blanches, pâtes al dente 2 fois la semaine pour l’énergie … donc on change rien (merci chérie). Et ça marche plutôt bien car je suis au départ avec 77kg tout rond sur la balance et un aspect trop sec aux dires de ma moitié … mais c’est un autre sujet.
Pour cette 40eme édition (comme pour les précédentes), mon fils accepte le rôle de suiveur ô combien important (c’est lui qui est en charge de me faire boire toutes les 5 min entre autres). Il appréhende et c’est normal car ça ne s’est encore jamais bien passé. Ma fille, femme, sœur, maman et amis sont mes supporters et viennent chaque année sur les bords de la route pour m’encourager moi et autres fous. C’est devenu un vrai pèlerinage pour tout le monde et chacun veut y retrouver cette ambiance si particulière, si festive, si chaleureuse. Ils seront présents à Aguessac, à l’entrée de Millau, à St Rome, à St Afrique et enfin à l’arrivée.
LA COURSE
Pour le départ , la météo est parfaite et l’ambiance joyeuse. PAN !!! Chrono du 310XT en marche et c’est parti ! Les premiers kilomètres sont très agréables et je prends toujours autant de plaisir à contempler ces paysages. A Aguessac, la valse des suiveurs à vélo débute et mon fils se place. Au regard du nombre d’engagés pour cette 40eme édition, j’ai trouvé tout le monde très cool et conciliant ce qui a permis une bonne cohabitation coureurs / suiveurs vélo. Bien sûr pour cet anniversaire, il y avait beaucoup plus de monde, mais la convivialité arrange tout et au fil des kilomètres l’espace vital augmente et le plaisir avec. Petit à petit on se retrouve au semi et aux premières petites difficultés de cette première boucle. Dans le côte de Peyreleau, ambiance « Tour de France » garantie … j’adore !!!
Jusqu’au 30eme (La Creisse), une succession de petites bosses qui rendent cette partie agréable car variée. Jusque-là, je colle à mon 15/1 bien que je n’en perçoive pas trop le besoin. Dès ce 30eme km, je sens pourtant que je ne suis pas dans un bon jour : mes jambes sont déjà un peu lourdes, les sensations pas au top, et la température à déjà beaucoup grimpée …. Je me suis mis à penser à l’année dernière où j’étais dans un super état de fraicheur jusqu’au 50eme … allez .. pas grave … on positive … on avance et je verrai … pour l’instant je me recentre donc sur le plaisir !!!
Maintenant, je me languis d’arriver à Millau car j’ai hâte d’en découdre avec « l’autre dimension ». Ma fille avec son panneau d’encouragement préparé pour l’occasion me donne du cœur à l’ouvrage et je passe au contrôle du 42eme km en 3h50 (dans les temps prévu +3 min … peu importe). Je ne m’arrête pas aux ravitaillements car le fiston s’occupe de ma boisson et je suis toujours mon programme 15/1.
APRES MILLAU
A la sortie de Millau, la lourdeur de l’air me décide à changer le tee-shirt pour un débardeur. Les premières raideurs dans les jambes apparaissent mais j’aborde la côte du Viaduc avec pas mal d’énergie et une allure modérée grâce à une alternance marche/course et marche uniquement sur la 2eme moitié. La descente jusqu’à St Georges commence mal dès le début au 51eme … début de crampe au quadri droit (au même endroit qu’en 2010 !). A ce moment, l’inquiétude m’envahit quelques instants et je revois le spectre de la galère 2010 avec l’abandon à St Rome. Et puis non, ce serait trop bête ; ne pas paniquer et gérer. Je m’arrête 30s et m’étire doucement les quadriceps. La crampe disparaît et je repars. Jusqu’à St Rome, je suis obligé de gérer en baissant le rythme afin d’éviter les pré-crampes. Le long faux-plat jusqu’à St Rome est difficile ; ma boisson ne passe plus et à ce moment je perds pas mal de temps car je suis obligé de rester à 6’30 au kilo au lieu des 5’35 prévus. Mais le fiston à les mots justes : il m’encourage, me rassure et m’assure que j’avance bien quand même. De toutes façons je n’ai pas le choix car il faudra « passer Tiergues » … c’est ma première période « de gestion ». A cet instant de la course, un autre phénomène apparaît : j’ai du mal à respirer !? Diaphragme bloqué par un estomac qui ne se vidange plus ? Je ne sais pas trop mais je prends un petit risque au niveau de alimentation : je laisse tomber ma boisson qui m’écœure et ne passe plus et je me décide à prendre du miel et de l’eau plate. J’arrive St Rome de Cernon avec 15min de retard mais bizarrement, je ne suis pas préoccupé par ça car mon estomac va mieux et je respire bien à nouveau. En plus je me régale avec le miel que je prends comme un gel (gels que j’ai bannis depuis plusieurs mois désormais) avec de l’eau plate.
Je suis plutôt satisfait d’avoir bien géré cette partie qui m’effrayait et surtout j’allais pouvoir me faire masser 5’ par ma sœur et ma femme (1 jambe chacune !). Ma mère et mes amis m’encouragent de toute leur énergie. Ici je décide de changer de chaussures et de remplacer mes Bondi-B qui me chauffe la plante des pieds : je mets donc mes Nimbus que j’avais pris au cas où et je constate que je n’ai ni ampoules ni rougeurs (j’ai la chance d’avoir des pieds coopératifs … merci Papa merci Maman). Pourtant les essais depuis plusieurs semaines étaient concluants mais il est vrai que je n’avais jamais fait 60 kms d’affilée avec ce modèle. Après un arrêt total de 10’ je démarre la côte de Tiergues en alternant marche et course. J’effectue une très belle montée mais la fin est difficile car presque plate et donc synonyme d’amorces de crampes à gérer. Dans la descente et le « gros dénivelé » j’arrive enfin à allonger et tenir un rythme de 4’45 à 5’00 au kilo !! Et le retour des bonnes sensations !!! Je n’y croyais même pas … le fiston non plus !!!
A St Afrique, j’ai 25min de retard sur l’objectif des 10h (qui n’en n’est plus un) mais je préfère assurer le retour : arrêt de 10’ avec un dernier massage et changement de tee-shirt.
LE RETOUR
Le remontée vers Tiergues est géniale et je prends beaucoup de plaisir dans cette côte ; j’alterne la marche et la course et cela fonctionne vraiment bien ! Je ne me fais jamais doublé et au contraire je reprends (sans le vouloir) pas mal de concurrents. J’effectue la montée totale en 1h comme prévu. J’ai toujours la patate et j’en profite pour bien allonger dans la descente (4’45 au kilo !). Je me régale mais très vite nous arrivons à St Rome et le faux plat (descendant cette fois) qui me ramène vers la dernière difficulté. Sur cette portion, je suis à nouveau obligé de gérer les amorces de crampes et je ne peux plus courir plus de 5min d’affilée et à 6’30 au kilo … pas plus. L’énergie est là et le cardio est même très bon (130-135 puls/min) mais les amorces de crampes sont de plus en plus fréquentes donc peu importe, je gère et je veux essayer d’arriver en moins de 11h. Les meneurs d’allure des 11h me reprennent mais j’arrive à rester dans leur sillage toujours grâce au fiston qui utilise les mots à bon escient dans ces moments où l’on est dans sa bulle. A 2km de St Georges les drapeaux des 11H00 s’éloignent inexorablement mais je ne panique pas car la côte arrive. Et effectivement je me refais parfaitement dans cette montée (toujours en alternance course/marche rapide) et je les rejoins et dépasse à la fin d’une ultime et dernière descente menée tambours battants à 5’00 au kilo et mon gaillard de fils qui s’emballe avec moi !!!
LE FINAL
Les 5 derniers kilomètres sont galères car il n’y a plus de dénivelé pour éviter les crampes … donc je suis obligé de rester à un rythme très faible en alternant marche 30s (10’ au kilo) et course 2 à 3 min (6’00 au kilo). Mais dans ma tête les calculs sont faits et à ce rythme j’étais pratiquement sûr de mon coup ! Pendant la traversée de Millau j’essaie de profiter au maximum et je ne m’arrête pas pendant le dernier kilomètre; j’arrive enfin à l’entrée du Parc de la Victoire avec les enfants qui m’accompagnent et nous suivons les meneurs d’allure tous ensemble main dans la main. La famille et les amis sont là et m’encouragent une dernière fois. La remontée de l’allée sera pleine d’émotions intenses mêlées de fatigue extrême, de bonheur et de joie. Tous ces gens qui applaudissent et vous encouragent comme si vous étiez un proche !!! Je les remercie encore. Je monte sur l’estrade de l’arrivée … flash photo avec en arrière-plan les 10h56’00 mais surtout un immense bonheur d’avoir pu prendre beaucoup de plaisir jusqu’à la fin !!!
Un grand bravo aux vainqueurs qui se placent au même niveau que nous du point de vue de la motivation car il s’agit bien d’une course d’amateurs où le l’appât du gain n’a pas sa place. Quelle simplicité et quelle gentillesse … Michael est resté longtemps pour accueillir les concurrents comme un simple spectateur … un exemple à suivre.
UN PETIT BILAN
Le positif :
- Une course incroyable organisée impeccablement grâce à des bénévoles magnifiques
- Un plaisir quasi ininterrompu
- Le meneur d’allure vraiment au top ainsi que les masseuses !!!
- Une vrai référence pour moi sur ce parcours pour les prochaines éditions
- L’entrainement pour le dénivelé s’est avéré payant d’où une aisance appréciable dans les côtes et descentes
- Une gestion correcte des amorces de crampes
- Une énergie toujours présente pour profiter des dénivelés
- L’absence de prise d’aliments solides s’est avérée payante (Merci M . Cottereau)
- Mes nimbus qui resteront définitivement mon modèle préféré sur route
- Avoir pu boire 8 litres de liquide ce qui parait correct au regard du temps de course
Le négatif :
- Encore trop d’amorces de crampes surtout et bizarrement sur les portions plates à partir du 51eme km.
- L’écœurement à la boisson énergétique en poudre d’un magnifique laboratoire … de belles économies en vue.
- Une déception pour mes Bondi-B liée à la surchauffe de la plante des pieds
- Mes 3 années de course à pied qui sont encore un peu juste pour une perf en moins de 10h sur cette épreuve
Pour la prochaine édition :
- Limiter l’alternance marche/course aux montées et partir un peu plus doucement sur le marathon (une autre stratégie quoi !)
- De l’eau, du miel, 2 ou 3 verres de coca et peut être quelques bouts de banane bien mâchés.
- Une seule pose massage au lieu de deux.
- Continuer à travailler la VMA et l’endurance pour progresser et revenir encore plus solide musculairement
Maintenant place à la récupération (15j sans CAP et reprise par du vélo et petits footings légers).
Encore merci à tous les organisateurs et bénévoles. Chaque zone de ravitaillement est une mini fête locale qui rythme ce parcours magnifique. A une époque où tout doit changer perpétuellement, s’il vous plaît, ne changez rien et à l’année prochaine !!!
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6 commentaires
Commentaire de kkris posté le 29-09-2011 à 17:32:46
bravo, superbe gestion de course,chapeau!et merci pour le récit!
Commentaire de petitrot posté le 29-09-2011 à 18:09:03
Super ta course et ton récit, comme tu le dis il faut rester humble
"Chapeu bas" diegodelavega
Commentaire de petitrot posté le 29-09-2011 à 18:09:16
Super ta course et ton récit, comme tu le dis il faut rester humble
"Chapeu bas" diegodelavega
Commentaire de lapinouack posté le 29-09-2011 à 19:40:55
tu as bien fait de l 'écrire ton récit
bravo à toi :-)
et bonne récup :)
Commentaire de Eponyme posté le 29-09-2011 à 20:01:09
Oui, clair que tu as bien fait de l'écrire, toutes les expériences sont bonnes à lire. Bravo pour ta course ! :)
Commentaire de a_nne posté le 30-09-2011 à 13:34:03
Bravo pour ta course et ton récit très sympa.
Génial de faire ca avec son fils !
Bonne récup !
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