L'auteur : samontetro
La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous
Date : 23/10/2009
Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)
Affichage : 3972 vues
Distance : 150.1km
Objectif : Pas d'objectif
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Il y a un peu plus d'un an j'ai vu arriver un des Doctorants avec qui je travaille, une grosse enveloppe à la main et un sourire malicieux. Il m'a dit:
"Tu en rêvais mais tu disais que tu n'avais pas les moyens, tu ne peux plus le dire"
A l'intérieur un bulletin d'inscription pour le GRR et la contribution des enseignants et de tous les anciens doctorants que j'ai cottoyé ces 15 dernières années et qu'il avait retrouvé un à un.
Eux qui me traitaient de fou quand entre midi et deux j'allais m'entrainer au lieu de manger, eux qui se demandaient comment on peu aimer courir pendant plusieurs dizaines d'heures au milieu de nulle part, ils m'envoyaient rejoindre les autres fous, dans cette course ou le titre de fou se mérite.
Il m'a fallu plusieurs minutes pour pouvoir articuler un mot de remerciement.
Et puis il y a eu Bernard et Ketty, deux Réunionais. Bernard, on a fait quelques dizaines de Kms cote à cote sur un 100Km dans la Drôme et on y a partagé la même passion de la course en pleine nature. Il m'a dit "si tu viens à la Réunion on t'accueille". Et le pire, c'est qu'il l'a fait! Bernard c'est un quintuple finisher du GRR. Dans la Drôme c'est moi qui annonçait le terrain que je connaissais bien et là c'est lui qui coache le grenoblois trop habitué à ses Alpes!
C'est donc la veille de la course que je débarque à St Denis de la Réunion après un long voyage. Bernard est là, à l'aéroport et l'accueil est chaleureux. J'ai l'air d'un clown avec mes vêtements, mais quand je suis parti de chez moi la température peinait à passer au dessus de zéro et là je viens de plonger dans l'été!
A peine le temps de prendre une douche, de boire une « Dodo » et c'est parti pour un long briefing. A coup de DVDs, plans de course, topos, gestion des sacs, Bernard va passer de longues heures à me décortiquer le parcours, ses pièges, ses points clefs pour que je tente d'atteindre mon objectif de moins de 35h. J'ai l'impression qu'il en connait chaque piton, chaque sentier, chaque virage, chaque caillou (et pourtant, il y en a!). Je suis comme une éponge essayant d'emmagasiner toutes ces précieuses informations mais je connais mal la géographie de l'Ile et je m'embrouille. Le manque de sommeil ne m'aide pas non plus. Mais les points clefs sont là:
partir vite sur le 15 premiers Km pour ne pas bouchonner ensuite sur le sentier de foc-foc
ne pas utiliser de chaussures gore-tex pour que l'eau qui rentre puisse ressortir
ne pas s'arrêter en haut du volcan, le vent y est trop froid
etc....
et une phrase qui sera mon leitmotiv pendant 148Km: « ne cherche pas à aller vite, contente toi simplement de ne jamais perdre de temps ». Il n'est pas un quintuple finisher de la diagonale pour rien!
Deux petites heures de bus et me voici à St Philippe où je retrouve Toto38. Il pleut! Coincé sous un bout de tente je sirote du café en grignotant des pains au chocolat. Je sais, ce n'est pas franchement diététique mais j'aime le chocolat et je vais en manger une demie-douzaine (faut bien tuer le temps en attendant le départ) et j'en glisserai même un dans le sac pour la route. Toto38 veut partir cool et je lui explique rapidement ce que j'ai retenu des conseils de Bernard. Un peu avant minuit nous nous plaçons dans le sas de départ, abrités sous un sac poubelle. La pluie redouble d'intensité mais elle n'est pas froide. Abrité sous mon sac plastique, en tee-shirt, j'essaie de garder un coupe-vent sec pour le sommet du volcan.
Le départ est un peu chaotique puis très rapidement on commence à courir sur la route. L'orage déverse des ruisseaux et l'eau m'arrive par moment au dessus de la malléole. On quitte la route pour une piste forestière. Il pleut toujours aussi fort et je maintiens tant bien que mal le sac plastique au dessus de moi. Les gens commencent à marcher. Cours Toto, cours, jusqu'au sentier! Nous passons sans nous arrêter le premier ravitaillement vers le 7eme Km. La pluie semble se calmer. Le chemin monte mais nous ne lâchons rien, courir jusqu'au sentier! Et puis c'est une rumeur qui vient de l'avant et qui enfle... une exclamation... « on voit les étoiles! » C'est fini, il va faire beau!
Au pied du sentier je mange mon pain au chocolat (je sais, c'est gras, vous l'avez déjà dit) et le quignon de pain que j'avais emmené (conseil de Bernard). Mais il a pompé l'eau.... Nous faisons le plein d'eau, environ 1,5l et c'est parti pour la « phase rando » jusqu'au volcan qui culmine à 2350m. Objectif: ré-cu-pé-rer. Pas question de perdre des watts ici en essayant de doubler. Interdiction de s'accrocher aux arbres dans la nuit, certains sont parait-il des épineux redoutables. Et sur ces 1600m de D+ nous allons nous transformer en véritables commères avec l'ami Toto! La colonne progresse dans un silence de plomb et deux zoreil n'en finissent pas de papotter! Certains coureur essaieront bien de s'intercaler entre nous pour nous empêcher de discuter mais on ne se laissera pas faire, foi de zoreil bavard! Vers 2000m d'altitude le vent froid nous prends par surprise et nous enfilons rapidement le coupe vent. Depuis un moment je traine un mal de ventre qui s'amplifie (je sais, les pains au chocolat...) et je m'écarte faire une pause dans les fourrés pendant que Toto continue à progresser lentement. Je le rejoins juste avant le ravitaillement de foc-foc. Arrêt éclair, comme prévu et on fonce vers le point suivant: « la route des volcans ». Il fait encore nuit et on distingue à peine le piton de la Fournaise. Ici le paysage est minéral entre scories, coulées de lave... On devine la grande falaise qui plonge dans la caldéra autour du piton.
A la route des Volcans l'ambiance est sympa: beaucoup de monde, de la musique, de la soupe. Mais on évite de trop trainer et on repart en direction de l'oratoire Sainte Thérèse via l'epoustouflante plaine des sables. Au moment ou nous sortons l'appareil photo le soleil embrase le mur de basalte qui entoure cette dépression à fond plat. Le paysage est complètement minéral et les coureurs ne sont que des petits points alignés sur le long sentier qui la traverse. Un grand moment.
A partir de là le sentier plonge vers Mare à Boue et la plaine des Cafres. C'est sans doute la seule partie vraiment roulante de ce grand raid et on essaie de courir un maximum. Je vais perdre Toto un moment dans cette descente: il juge le rythme un peu trop élevé et préfère lever le pied. De mon coté, la stratégie est d'en faire le maximum de jour, pour avancer, certes, mais aussi profiter du paysage. Quelques Kilomètres avant Mare a Boue on emprunte une longue route bétonnée. La plus part des gens marchent mais j'ai promis à Bernard d'y courir. « Ne pas perdre de temps » . Alors je cours et c'est vrai que cela passe plus vite. A Mare a Boue je croise les parents de Maï74. Mai74 est dans le top-ten féminin, génial! Et son mari Nico dans les 50 premiers! Ca envoie du gros la Yaute! Je me ravitaille, les yeux rivés sur la montre: pas plus de 5mn! Et hop, c'est repartit vers le Piton des neige. Ca va remonter sec et la cote n'est pas mon point fort.
Cela fait un bon km que je chemine quand je réalise que j'ai oublié de faire le plein d'eau! Quel c...! A vouloir faire vite j'ai oublié l'essentiel. Je fais le point: un fond d'eau dans la poche à eau et une demie-gourde à la ceinture. Demi tour ? Non, Toto n'est pas loin derrière et il pourra peut être m'en passer un peu... Je continue ma progression quand un coureur réunionais arrive en sens inverse. Il a une grosse tendinite et il abandonne. Il me dépannera d'un gros demi-litre d'eau. Merci l'ami d'avoir mis ta déception de coté pour m'aider à aller un peu plus loin! Toto38 me rejoint peu après, et me fait le point sur l'ascension et le D+ qu'il reste. Mais à la Réunion quand ça monte... ça descend! Et on perd brutalement plusieurs centaines de mètres péniblement conquis. « Toto, ne me dit surtout pas ce qu'il reste à monter! » Et ça va le refaire à plusieurs reprises. Qu'il est loin ce piton! Nous sommes maintenant un groupe de 4, tous avec le même sac RL (whaou la pub que ça ferait mais y'a pas de spectateurs!) et le gars qui nous emmène nous raconte sa PTL. Il avance fort et je peine à suivre le rythme avec mes 85Kg (de muscle, si! Si!). Je vais même me faire un coup de fringale. Toto ralentit. « file Toto, on se retrouvera dans la descente! ». Mais rien de grave. Pointage express au gite du piton des neiges et je plonge vers Cilaos! La chasse est lancée! Très vite je reviens sur le groupe, le passe et continue sur ma lancée. Je sais qu'à Cilaos, Toto38 à prévu une longue pause en famille. De mon coté je dois faire court, j'ai promis au coach!
La descente est caillouteuse, pleine d'escaliers et de virages serrés mais j'aime ça et j'envoie les watts, même si ce n'est pas très sérieux! A ce moment là un coureur sort d'une « pause pipi » et prend le sentier quelques mètres devant moi. Il va y rester moins de 30 secondes: grosse accélération et je passe devant! Mais il s'accroche ! J'accélère! Il est toujours là! Je lui propose de re-passer devant. Non il ne veut pas. J'insiste en lui demandant s'il connait le sentier et il me répond que c'est son terrain d'entrainement. Il prend finalement le relais et je lui emboite le pas. Il va m'ouvrir la trace pendant les 2/3 de la descente sur un rythme de dingue, m'attendant quand je ralentis et relançant aussitôt! Nous arrivons au « bloc » hilares mais les cuisses complètement explosées. On se tape dans les main en buvant un coca et on repart ensemble en trottinant jusqu'à Cilaos. C'était du grand n 'importe quoi mais qu'est ce qu'on s'est marés!
Cilaos, j'ai prévu un passage chez les kinés et une courte pause. Les kinés sont occupés alors deux infirmières me proposent de passer avec elles. OK. Elles me tartinent les cuisses de pommade et de disent: « voila, c'est fini ». Ah bon ? 10 mn de perdues mais je ne vais pas rouspéter. Avec le boulot qu 'elles ont avoir dans la journée ce serait mal venu. Je change de chaussettes et tombe sur Bernard et Ketty! Ils sont là, venus encourager les coureurs. Et quand je dis coach... c'est vraiment coach!
Mange tes pates! je remplis ta gourde! ne traine pas! faut passer le Taïbit de jour! rapelle toi: ne pas s'arrêter à Marla, il y fait vite froid, allez go! Go! Go!
Ciao Cilaos!
Cilaos - le Taïbit c'est en gros 1100m de D+. En gros ! Car ça monte un peu... et ça redescend! Ca remonte un peu et ça redescend! Le mental il n'aime pas ça, mais alors pas du tout! Et les cuisses non plus! Et ça remonte un peu... et..... oui, ça redescend! Mais il est où ce pu...n de sentier qui monte au Taïbit ????
Quand on monte enfin depuis un moment on n'ose plus le dire, faudrait pas que ça... mais non, ce coup-ci on y est: ravito sur la route et c'est parti entre cailloux et escaliers. Au sommet on bascule dans le cirque de Mafate. L'organisation a prévenu: si vous basculez dans Mafate il faudra en sortir par vos propres moyens, il n'y a pas de route d'accès. OK, on y va. La descente sur Marla vaut celle du Piton des neiges mais j'y vais plus cool. Je recharge en eau au ravitaillement et j'enchaine vers Trois-Roches. Malgré un terrain très technique j'avance bien, le paysage est splendide, sauvage, avec des pentes vertigineuses. La nuit tombe et courir de nuit est particulièrement usant nerveusement. Le chemin jonché de blocs rocheux demande une attention permanente. Au moindre relâchement je bute sur une pierre ou ma cheville fait une figure de style. Difficile dans le petit halo de lumière de ma frontale d'intégrer tout cela, repérer le balisage du GR... et j'entame ma seconde nuit blanche en course qui se cumule avec la fatigue et le manque de sommeil du voyage. Je déboule à Roche-Plate où Julie, la fille de Ketty, est infirmière bénévole et là, un peu dans le cirage, quand elle vient vers moi je la prends pour Yayoun ! Elle me demande si ça va, je répond machinalement que oui mais en moi je me dit « Mais qu'est ce qu'elle fout à la Réunion Yayoun ??? » Sans doute une réminiscence d'un pointage au lac Combal par Yayoun au milieu d'une nuit glaciale sur l'UTMB... Je fini quand même par reprendre mes esprits en m'excusant. Je rempli mon sac, mange un peu... Je sais que le prochain tronçon est terrible avec une monté effrayante entre la Rivière des Galets et Grand-Place. Comme chaque fois, avant de repartir je me shoote aux SMS et messages des kikous et de ma petite famille, j'enfile le sac en saluant les bénévoles et replonge dans la nuit.
La descente vers la rivière des galets est terrible: escaliers, sentiers aériens avec main courante, balisage du GR minimal et des cailloux, encore des cailloux, toujours des cailloux. Je fini par arriver dans le lit du torrent et devant moi se dresse une monstrueuse rampe d'escaliers dans un brêche! C'est parti pour la bagarre! J'ai assuré dans la descente et j'avale ces escaliers sans trop de peine. Je vais même les trouver au dessous de leur réputation et remonté comme un ressort je bascule derrière dans la descente vers le ravitaillement. Ca y est je vois de la lumière et j'entends parler! Yess! Je l'ai eu et «même pas mal! ». Je traverse un cours d'eau et tombe sur des pompiers. Des lits de camps sont alignés et des coureurs dorment sous les couvertures. Je demande où est le ravito et un pompier me répond « dans 500 ou 600m ». Bizarre. Je reprend ma course mais le sentier remonte brutalement. Je suis au pied d'une nouvelle rampe d'escaliers et je ne m'y attendait pas. Et là je comprend: les « 500 ou 600m » c'est du D+! La terrible cote elle est là, l'autre n'était pas sur le profil. Et là, ça va être très très dur! Impossible de raccourcir la foulée pour monter cool, il faut monter sur la marche suivante et je ne suis plus maitre du rythme. Je suis dans le rouge, vif, très vif! Le coeur tape, les jambes font mal. Je marque une première pause assis sur les marches et en profite pour me ravitailler. Et j'y retourne, et ça n'en finit pas! Je n'arrive pas à gérer cette cote terrible. Je me laisse tomber une seconde fois assis sur les marches. Ce n'est pas possible un mur pareil! J'ai l'impression d'être une mouche qui vient de percuter une vitre en plein vol. Sonné. Il faut en sortir. Et je repars, m'accrochant au rocher, parfois à quatre pattes, mais j'avance, je progresse, marche après marche. Enfin le sommet! Je descend vers le ravitaillement, complètement épuisé en me répétant cette phrase « gérer, il faute que tu gères et que tu te refasses maintenant ».
Jusqu'à Deux Bras je vais progresser en mode « off ». Trottiner lentement en descente et au plat, ramper dans les cotes... et des cotes il va y en avoir! Ils appellent ça des ravines: 200 à 300m de D- en escaliers pour descendre traverser la rivière sur une passerelle suspendue au dessus du vide (ne pas courir surtout dessus! La peur de ma vie!) puis le symétrique à remonter. Et quand on arrive en haut il ne reste plus qu'à... remettre le couvert! Quand on aime les ravines on ne compte pas! E-PUI-SANT! La baisse de rythme, la fatigue nerveuse pour trottiner de nuit dans les descentes en escaliers et la caillasse, ouvrent la porte à la fatigue. La poussière me pique les yeux, j'ai du mal a voir les pierres et je fais de plus en plus de bêtises. Les derniers escaliers pour atteindre Aurère sonnent la délivrance, derrière ça va enfin redescendre un long moment.
J'ai décidé de faire une pause de 20mn à Deux Bras avant l'ultime difficulté. La descente d'Aurère vers la Rivière de Galets est interminable. Je tiens ma frontale à la main pour mieux voir l'ombre portée des pierres, ça m'aide un peu. C'est avec soulagement que j'arrive à « Deux Bras Plage », récupère mon sac et refait le plein de gels et d'eau. Si je m'arrête 20mn, j'ai le temps de passer chez les kinés. Une charmante kiné s'occupe de moi tout de suite mais je ne la verrai pas longtemps: je m'endors profondément pendant le massage! Elle me réveille en souriant et me conseille d'aller dormir un peu: 1h30, juste un cycle. C'est peut être une bonne idée. Je rentre sous la tente pendant qu'un militaire note le N. de mon lit et l'heure de réveil. Je ferme les yeux sous la douce chaleur de la couverture et... il me tappe sur l'épaule: « c'est l'heure, faut y aller ». Quoi ? Déjà ?
Je quitte la chaleur de ce nid douillet pour me retrouver dans la nuit, le froid et l'humidité au bord de la rivière. Je prends un café debout en grelottant et me donne un grand coup de pied au cul « c'est maintenant ou jamais! » Allez go, Patrick, go! Ne regarde pas la tente! Ne la regarde pas! Et je plonge dans la nuit.
Dos d'Ane le dernier monstre à gravir! Et bien sûr c'est la réunion, donc on monte quelques centaines de mètres et on.... redescend. Et ça recommence! Ce qui me reste de mental est en train de m'abandonner! En plus cette heure et demie d'arrêt a du me faire plonger dans les 300 ou 400 au classement et pour les 35h c'est foutu. Une frontale revient sur moi rapidement dans la monté. C'est un réunionais, président du club de course à pied de la Police. Je lui demande s'il connait cette monté. Oui, c'est son terrain de jeu. Il me dit, « c'est beaucoup moins dur que la roche ancrée, prend mon pas, suis moi! » Et nous allons entamer 800mD+ de discussion jusqu'au stade de Dos d'Ane et je ne la verrai pas passer cette cote! Merci Florian, merci pour ce bout de chemin. Ca va mieux, je n'ai plus sommeil, les jambes reviennent peu a peu. Au ravitaillement j'essaie de savoir qui a gagné et une bénévole me répond « C'est Julien Chorier. Vous le connaissez ? Mais qu'il est sympa ce jeune... » Et là je reprend 20Kg de mental d'un coup! Julien, gagner la diagonale, Julien le roi des fous 2009! C'est trop génial! Allez il faut aller fêter ça à la Redoute! Et je charge mon sac et je repars.
Mes objectifs étant hors d'atteinte, j'ai sorti l'appareil photo et je progresse tranquillement, encourageant les coureurs qui me passent. Il fait jour, je profite des paysages grandioses en montant sur cette crête effilée qui sépare Mafate de Dos d'Ane, en direction de Piton Batard. 1,5m de large et le vide de chaque coté! Heureusement qu'il y a de la végétation pour masquer un peu tout ça. Et puis au détour d'un sentier, un contrôle surprise. Je fais poinçonner mon dossard et le gars annonce :
- « 151 ».
- « quoi 151 ? »
- « vous êtes 151ème !» Et la ma tête fait Tilt!
- « 151ème, mais alors moins de 35h c'est jouable ? »,
- « Bien sûr si vous ne trainez pas »
Je range mon appareil photo au fond du sac, j'ai retrouvé mes jambes, ça va le faire! Les 20Km qui restent vont se faire le couteau entre les dents! Je repasse plusieurs coureurs surpris de me voir débouler ainsi. Je fais une pause express au Kiosque d'Affouche. Ca descend tout le long annoncent les bénévoles! Et je repars sur la longue piste forestière. J'ai du mal a courir vite alors je m'applique: « faire que chaque pas soit efficace », chaque courbe est négociée à la corde, le moindre centimètre gagné me rapproche de l'arrivée! Je me répète les mots de Bernard « ne pas perdre de temps » !
Puis la descente emprunte un joli single qui.... remonte! Et oui, et des bosses comme ça il va y en avoir 14! Je n'ai plus les jambes pour monter en courant alors je marche avec de grandes enjambées (merci hémérodrome de m'avoir poussé à travailler cela) et en haut des bosses je m'autorise 4 pas au plat pour récupérer avant de relancer dans la descente. Dernier ravitaillement de Colorado, je met un verre de coca dans la gourde que je garde à la main et complète avec de l'eau et je mets toute l'énergie qui me reste dans cette ultime descente dans « le Brulé ». Il fait chaud, il y a des cailloux partout mais il faut avancer, les 35h sont au bout et il peut encore y avoir des cotes.
Et tout d'un coup, au détour du sentier, je vois le stade de la Redoute. Je lâche tout ce qu'il me reste je double encore quelques concurrents. J'en rattrape un dernier qui marche sur la route à 500m de l'arrivée et lui propose de relancer, qu'on finisse ensemble. Il me répond « je peux pas, je suis cuit, cuit, cuit! ». Tant pis, je les veux ces 35h, je ne sais pas très bien où j'en suis car je ne regarde plus ma montre depuis longtemps, je cours, je cours dans le stade les yeux rivés sur le panneau d'affichage 34h18mn16s!
Je suis un fou, un fou officiel de la diagonale! Epuisé, cramé, mais tellement heureux! Ketty est là pour les photos... C'est tellement fort!
Pendant que Ketty repart à Dos d'Ane faire l'assistance de Bernard, je vais rester près de l'arrivée pour attendre les copains, Domy, Toto38... mais je vais m'endormir à plusieurs reprise et ne verrai pas leur arrivées. Bernard est sur le semi-raid et j'attendrai son arrivée vers 20h. Il finit 2eme V2 et je n'aurai voulu manquer son arrivée pour rien au monde!
Cette course est avant tout une grande aventure humaine, les amis qui m'ont offert ce rêve de folie, Bernard et Ketty qui m'ont accueillis, bichonné, coaché (Bernard, ce chrono je ne l'aurai jamais fait sans tous tes conseils avisés), et tout ces coureurs avec qui j'ai partagé un moment de vie sur le chemin de la diagonale. Elle mérite bien son nom cette diagonale des fous, mais que la folie est belle à la réunion.
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30 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 07-11-2009 à 19:49:00
Je ne te comprends pas... tu ne t'es pas arrêté une seule fois pour prendre des échantillons de roches. T'avais oublié ton piolet ?
Bravo pour la perf mais aussi pour ce CR détaillé et les photos judicieusement choisies. Enfin, celle de l'arrivée, ça fait un peu peur... Tu étais plus jeune en juillet dans le Vercors.
Commentaire de Jack posté le 07-11-2009 à 20:13:00
Belle course,super CR.
Merci de nous avoir fait partager ces moments.
Au plaisir de te lire à nouveaux
Jacks
Commentaire de akunamatata posté le 07-11-2009 à 21:45:00
super le CR, vraiment on pouvait pas trop se douter depuis le live que tu avais tout ces hauts et bas, tout paraissait tellement lisse vu de la metropole, mais il est ecrit que le GRR est un trail de grands pour les grands (pieds ;-)) et les grosses emotions !
Commentaire de Francki 07 posté le 07-11-2009 à 22:06:00
Un trés grand bravo à toi finisher et en plus un temps canon trop fort !
merci pour ce CR trés beau qui nous a fatigué rien qu'a le lire, et dire que je ne vais pas tarder à signer pour 2010 !!!
encore merci et bravo
à bientot à crest pour le 100
francki 07
Commentaire de rapace74 posté le 08-11-2009 à 09:09:00
bravo pour ta course Patrick, c'est vrai que tu fais peur a l'arrivée.... Merci pour ton superbe CR
a bientôt
manu
Commentaire de sonicronan posté le 08-11-2009 à 09:17:00
Bravo,
Belle course. Moi qui court tout en retenu, j'admire !
C'est beau ! Tu arrives parfaitement à ton objectif en ayant donné le maximum.
Belle Perf !
Commentaire de toto38 posté le 08-11-2009 à 09:18:00
T'es encore devant moi pour ton CR, le mien arrive!!
En tous cas, c'est vrai qu'on a bien refait le monde ensemble! Je suis sur que pas mal de coureurs ont été démoralisés à cause de nous deux! Bravo pour ta gestion! t'es vraiment trop fort! Un de ces 4 on se refait un off avec ta dodo parceque la dodo léla!! C'était génial de courir les 70premières bornes avec toi, on a bien rigolé et pas vu le temps passé...
Commentaire de @lex_38 posté le 08-11-2009 à 11:31:00
Enorme! Tout simplement énorme! Que ce soit ta course, tes photos ou la façon de raconter ce que tu as vécu, c'est énorme!
Un grand bravo pour ta perf!
Tu dois avoir des souvenirs pleins la tête!
Le genre de récit qui donne envie d'y participer... un jour...
Commentaire de Domy posté le 08-11-2009 à 12:38:00
Super ton C.R, qu'elle photo de ton arrivée avec le point rageur !!! Très content de t'avoir rencontré dans l'avion, tu as vraiment la mentalité des trailers que j'aime et si un jour tu veux faire qqs chose vers chez nous, prends contact avec nous et on arrangera ça !!!
Domy et Coco.
Commentaire de Jerome_I posté le 08-11-2009 à 15:04:00
bravo pour ta course et ton récit, j'avais suivit ta progression sur le live, mais :
cadeau l'inscription (quel beau cadeau)
les pains-au-chocolat: oui oui oui ;-)
ta descente avec un réunionais à fond, tel un enfant, tel qu'on est tous! Des grands enfants avec des chaussures très grandes pour toi
Un super résultat
Merci pour ton Récit, ta vitesse a eu des hauts et des bas tout comme le parcours.
Bonne pause hivernale.
Jérome
Commentaire de ptijean posté le 08-11-2009 à 19:18:00
Tu m'as dit que tu en avais bavé, mais la photo de toi à l'arrivée résume à elle seule ce que tu a dû endurer.Encore bravo grand machin.
Ptijean admiratif. A+
Commentaire de La Tortue posté le 08-11-2009 à 20:28:00
le Cr est magnifique, mais les deux photos de toi à l'arrivée pourraient suffir, celle où tu franchis la ligne rageusement et celle où tu es accoudé sur la barrière veulent tout dire !
le poids des mots, le choc des photos ;-)
tu peux vraiment dire merci à tes collègues et tes étudiants !
méga bravo !
Commentaire de DROP posté le 08-11-2009 à 20:33:00
Très beau récit pour un très beau résultat.
Une belle aventure qui donne envie.
Commentaire de nono_la_robote07 posté le 09-11-2009 à 10:18:00
Bravo Patrick pour cette belle course et merci pour les belles émotions que tu nous donnes. Le cadeau, les moments partagés sur la course avec les autres coureurs et cette magnifique photo de ton arrivée le poing levé. Tu en rêvais, tu t'es entraîné dur et tu as survécu...
Commentaire de taz28 posté le 09-11-2009 à 16:45:00
Quel récit et quelle course de fou de cette diagonale !!
Patrick, tu es grand, très grand, mais tu es un immense champion !!!
Merci pour ces lignes, ce partage, ces photos...
C'est vrai que ta photo à l'arrivée en dit long sur tes eforts fournis, BRAVO !!!
Remets toi bien, sans abuser de la dodo ;-))
Bisousssss
Taz
Commentaire de Françoise 84 posté le 09-11-2009 à 18:27:00
Tu t'en es super bien tiré, même sans balai...!!! Bravo pour cette belle course et merci pour le récit!
Commentaire de maï74 posté le 09-11-2009 à 20:46:00
Ah toi aussi tu t'es fait avoir par le 1er raidillon de la Roche Ancrée !.. Mais il en aurait fallu bien plus pour t'abattre même après avoir dévalé le Bloc à toute allure : je me répète mais vraiment bravo à toi, notre Géant Vertaco !
Commentaire de LtBlueb posté le 09-11-2009 à 22:37:00
Du cadeau de tes collègues à cette arrivée rageuse, le poing levé , c'est une sacrée tranche de vie que tu nous offres là ! Magnifique . En cette période ou les polémiques stériles sur le forum me fatiguent de plus en plus , de tels récits font sacrément du bien ! Merci "grandmachin" :)))
L'Blueb_heureux_pour_son_pote
Commentaire de eric41 posté le 10-11-2009 à 13:06:00
Immense bravo pour ta course,bien gérée,avec des passages de folie et des moments de recup.
Superbe CR qui donne envie de devenir fou.
Eric
Commentaire de Pat'jambes posté le 11-11-2009 à 01:10:00
Dingue... un truc de dingue (heu, non, de fous) votre truc!!!!
Impressionnant: bravo et merci pour le CR.
Commentaire de oufti posté le 11-11-2009 à 22:51:00
Waouw quelle course ! Je rejoins le rapace pour ta photo à l'arrivée !!!
Commentaire de foxtrot posté le 12-11-2009 à 19:21:00
Immense par la taille et par le talent
Avec nos malheureux 42 bornes du week end derniers, on est pas grand chose face a toi.
Respect
Commentaire de béné38 posté le 13-11-2009 à 00:48:00
Que d'émotion à lire ton récit... je retrouve cette même émotion qu'à ton arrivée lorsqu'on s'est parlé au téléphone. Et quel plaisir de lire ton récit et de revoir ces fabuleux paysages.
Merci pour tout cela, ce fut un plaisir de suivre ta course. A quand la prochaine ?
Commentaire de laurentS posté le 15-11-2009 à 22:41:00
Un gd bravo pour cette performance et bravo aussi pour le CR. Ta tête à la fin fait peur à voir, mais il y avait de quoi. Il est évident que ça fait un très fort souvenir. Bravo.
Commentaire de pio posté le 16-11-2009 à 19:24:00
Je l'ai déjà dit et je le répète : t'es deux fois un grand Monsieur !
Ciao
Pio
Commentaire de langevine posté le 07-02-2010 à 22:07:00
ouch, j'avais loupé le CR de patrick-grand-sourire-jusqu'aux-zoreils ;-))
Que c'est beau raconté ainsi, on s'y croirait presque!!
Tu m'as fait frissonné, et ce CR ne fait que confirmer ce que je savais déjà... tu es un grand très très grand monsieur!!
Merci d'être toi, tout simplement!
Bises
Karine
Commentaire de Arclusaz posté le 06-07-2012 à 11:53:00
Magnifiques aventure et CR que je découvre 3 ans plus tard à l'occasion du projet de livre : et bien sûr, je vote pour !
il y a tellement d'humanité dans ce CR et aussi "un peu" de sort : bravo !
Commentaire de Cheville de Miel posté le 04-09-2020 à 16:34:06
Avec un peu de retard je découvre ton récit!!!
Le parcours avait l'air mieux que le mien de 2017!
J'aurais du le lire avant, c'est bourrés de on conseils!
Merci!!!!Tu as fait une magnifique course et ton écrit est à la hauteur! Bravo.
Commentaire de Cheville de Miel posté le 04-09-2020 à 16:35:28
Avec un peu de retard je découvre ton récit!!!
Le parcours avait l'air mieux que le mien de 2017!
J'aurais du le lire avant, c'est bourrés de on conseils!
Merci!!!!Tu as fait une magnifique course et ton écrit est à la hauteur! Bravo.
Commentaire de samontetro posté le 04-09-2020 à 19:28:40
Oui, ce parcours depuis Cap Méchant qui ne redescendait pas à la Possession était vraiment sympa (et moins difficile). Ça reste un très gros souvenir, surtout l'aventure humaine! Ça avait commencé dès l'avion au départ de Paris, les deux passagers assis à côté de moi, repérant mon buff kikourou au poignet n'ont mis que quelques secondes à dégainer leur casquette rouge! Pas beaucoup dormi dans l'avion :-)
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