L'auteur : yves_94
La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous
Date : 20/10/2016
Lieu : Saint-Pierre (Réunion)
Affichage : 2265 vues
Distance : 167km
Objectif : Objectif majeur
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Voilà un bon défi pour fêter ses 40 ans... 170km et 10.000 de dénivelé sur un des terrains les plus techniques du monde (je m'emballe peut être un peu...). Cela faisait quelques années que cette diagonale me démange. Je ne compte plus le nombre de fois où j'écoutais les live sur radio RER, je suivais le live de fou sur le kikourou, et je regardais toutes les belles images de mecs complètements perdus dans ces paysage magnifiques!
Cette année fût la bonne ! Inscription faite, il n'y avait plus qu'à organiser le voyage (partir seul, partir à deux, partir avec les enfants...), et s'entrainer un peu sérieusement.
Si l'idée de partir seul en mode j'arrive de l'avion, je vais chercher mon dossard, je cours, je repars au boulot me dérange pas, mon épouse préfère tout de même stresser sur place qu'à10.000 km! On prends donc l'option de partir à deux et de faire garder les enfants par les grands-parents...et heureusement car cette course se fait dans le partage ! Ceci dit, il n'est pas impossible que les enfants viennent avec nous la prochaine fois, quitte à manquer 1-2 jours d'école pour cause de "papa fait une course de fou à l'autre côté de la terre" !
Question entrainement, j'avais construit l'année comme ceci :
- février : maxicross de Bouffemont (42km, 1200d+)
- mars : écotrail de paris (80km, 1500d+)
- mai : maxirace Annecy (80km, 4500d+)
- juillet : ultra beaufortain (105km, 5000d+)
- aout : vacances à Madère (7000d+ en 1 semaine)
- septembre : we choc à Chamonix (2 x 35km et 5000m D+ dans la pluie et le brouillard)
- octobre : un petit truc de fou...
Et tout ca avec en moyenne 4 sorties par semaine, sans toute fois faire trop de kilomètres, travail et temps compté oblige. Au total, de janvier à octobre, cela fait environ 240h d'entrainement, 1800km, 47.000d+. Ce qui me semble pas excessif par rapport à certains, mais je sais que c'est le compromis temps passé par rapport à la vie de famille et du boulot que je peux faire.
Départ le vendredi soir de Paris, arrivée samedi 11h. Tiens, c'est étrange de voir tous ces mecs avec la grosse montre et en baskets, si pas en tenue quasi complète...Y'aurait un truc organisé à Saint-Denis?...J'ai bien dormi, le manque de sommeil de la semaine précédente à cause du boulot a fait son effet.
A peine sorti de l'aéroport, on se fait aborder par des gentils bénévoles qui nous dirigent vers une grande tente où est organisé le pot d'accueil. C'est super sympa et cela met directement dans l'ambiance ! Un petit jus de fruit et quelques samoussas, et on récupère le cadeau d'arrivée (une gourde et porte gourde "diagonale des fous'). La voiture de loc est réservée, on peut partir vers le gîte qu'à trouvé mon épouse. A priori c'est sympa, des chambres et une cuisine partagée.
On arrivant au gîte, l'accueil est très sympa, et on nous demande directement si on fait le grand raid. "Héé oui monsieur, on est là pour ça!". "Cela tombe bien, il y a même Antoine Guillon qui loge ici!". Whaattt ?? Monsieur le Métronome himself ? Et, ce que j'appris un peu plus tard, il y avait que du champion qui logeait là (à part nous bien sur). Cela à mis une ambiance toute particulière pendant les quelques jours avant la course. Et, en petit traileur moyen du peloton, voir ces champions au quotidien se préparer est assez intéressant : ue hygiène de vie incroyable, une gestion de la nourriture parfaite, une anticipation de l'assistance sur tous les sujets, et bien sur une fin d'entrainement en toute décontraction pour être frais au départ!
Après une petite ballade le dimanche matin (850m d+ quand même, j'avais mal lu la carte...), je fais ma petite sieste au bord de la piscine. A peine réveillé, un voisin de transat me demande si je suis pas sur kikourou... Heuu mais comment il sait cela ? Je ne dors pas avec mon buff kikou ! C'est en fait notre ami Tidgi qui venait d'arriver le jour même, et qui avait lu sur le forum qu'on était tombé dans le gîte d'Antoine. Bref...le monde est petit ! Nous voila deux kikous dans le nid du trail mondial qui visons d'être juste finishers de cette diagonale des fous, alors que les autres visent un top 10...ou mieux !
Lundi et mardi, je ferai deux petites recos, une des chemins des Anglais à grande Chaloupe, et une de la fin de la montée de Maido. Je sais que si j'arrive à sortir de Mafate, il n'y aura plus qu'à rouler jusqu'à l'arrivée, le plus dur sera fait. Il est donc important d'avoir quelques repères de ces moments qui seront un peu durs. Le col du Taibit, je l'avais fait il y a 11 lors de mon précédent voyage à la Réunion, et il m'avait pas semblé si fou qui cela...
Le repas avec les Kikous le jour du retrait des dossards permet également de bien échanger avec ceux qui ont déjà fait la diagonale, et d'emmagasiner de nombreux petits détails sur la course, en plus de passer un bon moment autour d'un bon repas!
On part avec Tidgi et nos épouses pour Saint Pierre, on se gare finalement assez facilement pas trop loin de l'air de départ. Par contre, on y est à 18h15, on ne tenait plus au gîte...
Le contrôle des sacs se fait finalement assez rapidement, le contrôle de tous les éléments obligatoires est vite fait. Sauf pour Tidgi qui se prends à priori un peu la tête sur la description du strap. Après quelques minutes, on se dirige vers l'avant du sas, et on s'installe par terre.
C'est pas trop confortable, mais une fois couché, on est abrité du vent qui s'est levé, et prendre notre mal en patience jusqu'à 22h. C'est un peu long, mais avec le recul, on était pas si mal placé que cela sur la ligne de départ...
21h00, les élites commencent à arriver. Ils ont droit à un sas séparé.
21h40, on est toujours couché
21h41, en moins de 30 secondes, il y a eu un petit mouvement de foule et en moins de temps qu'il faut pour le dire, tout le monde s'est levé et on s'est tous resserré comme des sardines...
21h50, les orga ouvrent les premières barrières qui nous amènent sur la ligne de départ situé environ 300m plus loin. On assiste au premier mouvement de foule incroyable où tous les coureurs essayent de se placer le mieux possible. Impossible de marcher, tout le monde court en s'appuyant sur les autres coureurs. Certains tombent, certains perdent des choses...c'est pas le moment de déconner, il faut être hyper concentré. Je perds Tidgi, mais je le retrouve assez étonnement sur la ligne de départ.
21h55 L'ambiance est incroyable, tous serrés, prêt à en découdre.
21h59 Ca y est, un vent de poussière souffle sur la ligne de départ, l'émotion est grande !
22h00 les fous sont lâchés dans une ambiance incroyable !
22h00 : TOP départ ! Les 2500 coureurs s'élancent, on essaye de ne pas tomber, tout le monde se tient à l'autre telle une grosse masse compacte sur pattes. Il y a vraiment un monde de fou le long de la route, tout le monde crie et encourage les coureurs. Au bout de quelques centaines de mètres, j'arrive enfin à courir normalement sans trop faire attention pour ne pas bousculer, ou se faire bousculer, par les autres coureurs. Cette fois-ci j'ai bien perdu Tidgi, et je ne le reverrai plus jusqu'à Cilaos!
Antoine nous avait dit qu'il y aurait sans doute des bouchons après Domaine Vidot car le sentier y devenait plus technique et plus raide. Il faut donc à priori y être dans les 500 premiers pour que cela passe sans trop s'arrêter.
Les premiers kilomètres sont donc un poil rapides à mon sens (4'30/k), mais dès que la pente s'annonce, je rétrograde un peu et je passe en mode économie.
L'ambiance est toujours incroyable, avec beaucoup de spectateurs le long de la route pour nous encourager.
Arrivé au ravito de Domaine Vidot, je ne m'arrête presque pas, il y a beaucoup de monde et ce n'est pas très agréable. Je veux juste boire un verre de coca, mais je me trompe et je prends un verre de malto bizarre, positionné sur la table juste à côté du coca. Beurkkk ,j'ai l'impression de boire une bière brune bien dense.
Nous sommes partis sur les singles, d'abord un peu large, puis de plus en plus étroit. Il y a plein de sections très raides entre les racines et les arbres. Tout le monde marche, fini l'excitation du départ. C'est une section qui semblait assez facile sur la carte, mais qui en réalité est beaucoup plus dure, avec une succession de petites montées et de descentes raides et techniques où il n'est pas facile de relancer. De toute façon, même s'il n'y a pas vraiment de bouchons, il y a tout de même beaucoup de monde et il se sert à rien d'essayer de doubler.
Le single devient un chemin large, et la pente devient moins importante. Cela fait du bien de se reposer un peu... Cela permet même de recommencer à courir tranquillement et d'arriver au ravito de Notre Dame de la Paix. Eau, Coca, pain jambon fromage et c'est reparti. Je dois rester 5 minutes au maximum. Je suis exactement dans mon temps de passage prévu pour mon objectif de 48h. Cela rassure en fait, et malgré un départ trop rapide, je vois que je suis toujours bien dans un bon rythme sans trop forcer.
On continue de monter un peu avant d'entamer une assez longue portion en faux plat descendant sur un chemin 4x4. Cela permet de dérouler tranquillement, mais je fais attention à ne pas trop m'emballer, la route est encore longue ! Après un petit temps, on tombe sur une route, cela fait du bien de ne pas devoir regarder où mettre les pieds ! J'avance sereinement, les plats et faux-plats descendant se font en courant, les faux-plats montant en marche rapide. Je double pas mal de concurrent comme cela, et il me semble que c'est assez économique comme stratégie.
Avec l'altitude et la nuit, il commence à faire frais, et j'ai mis la deuxième couche, et le coupe vent. A l'arrivée du ravito, on entends la musique et une ambiance de fou. 15 minutes d'avance sur mon planning, et même 45 minutes par rapport à celui de Softrun...C'est étrange, je n'ai pas l'impression d'aller si vite... Mais je suis heureux d'être là, et de sentir que la forme est bonne, et que après 5h45 de course tous les voyants sont au vert.
Là encore, pause au ravito de 5-10 minutes maximum. Les bénévoles sont trop sympa, ils viennent à ta rencontre et se proposent de remplir les flasks etc, je n'avais vu cela sur mes autres trails. J'en profite donc pour me poser 2 minutes pour boire une bonne soupe de vermicelles, qui je sais, passe toujours bien!
On commence enfin la dernière section de cette longue montée jusqu'au Piton Textor. Arrivé là-bas, ce sera la descente, le jour qui se lève, et enfin un peu de chaleur.
Cette section ne présente pas trop de difficultés, mais heureusement qu'il ne pleut pas, car avec l'altitude et le petit vent, le froid est supportable. Sans aller très vite, j'arrive finalement au Piton Textor dans mes temps prévisionnels, mais avec 1h d'avance sur celui de Softrun... Suis-je trop rapide du coup? Je doute un peu... Le ravito ne dure pas longtemps, juste le temps de remplir les flasks. Il fait en effet assez froid là haut, et j'ai hâte de commencer la descente vers Mare à Boue.
Il ne fait pas encore jour, mais on commence à sentir au loin les premières lueurs du jour. La descente n'est pas très raide, mais assez technique avec cailloux, racines, petits fossés. On part pour quasiment 10km de descente comme cela, donc cela se court la plupart du temps.
Comme il n'a pas plu depuis quelques jours, toute cette section est sèche ! Donc le mythe de Mare à Boue toute boueuse...je reviendrai une autre année pour la connaître !
Le lever du jour est magnifique et la vue sur ces hauts plateaux est superbe, je ne peux m'empêcher de m'arrêter quelques instants ici et là pour admirer le paysage et profiter du moment présent. L'arrivée sur le ravito de Mare à Boue est un peu longue, on doit bien faire 2-3 kilo sur une route à la fin avant d'arriver au ravito.
Je suis toujours dans mes prévisions 48h, et 1h d'avance sur les prévisions Softrun.
Je prendrai bien 15 minutes à ce ravito pour bien manger et boire. Le saucice rougail me fait de l'œil, mais j'ai peur que mon petit estomac métropolitain ne supporte pas, je passerai donc cette fois-ci.
La montée vers Kerveguen commence par des sentiers assez tranquille, mais en commence ensuite à monter et descendre sur un sentier qui part dans tous les sens. Cailloux ici, cailloux là, on tourne, on monte, on descends, j'ai chaud et un peu désorienté. Je suis obligé de m'arrêter un peu à deux-trois reprises...gros coup de mou... J'enlève la deuxième couche et je bois bien. Mais cette montée me semble interminable ! Je pense surtout que mentalement je ne l'avais pas anticipé, et bref je suis dans le dur.
L'arrivée vers la crête qui permet de redescendre vers Cilaos n'arrive pas, c'est long...très long. Un petit crachin vient rafraichir l'ambiance...vivement le début de la descente, Cilaos, et un bon repos bien mérité!
Enfin la descente, enfin, le mur, qui permet de relier Kerveguen à Ciloas. C'est raide de chez raide. Il ne faudra pas tomber ! Surtout que le petit crachin a bien humidifié toutes les racines et les pierres. Je laisse donc passer un bonne dizaine de coureurs qui sont pressés d'arrivés... Je n'ai pas envie d'exploser mes quadri ici, car après Cilaos, les choses sérieuses vont commencer...
Et ce qui devrait arriver arriva, dix personnes devant moi, un gars tombe, d'éclate le front, et pisse du sang partout. Je n'ai pas vu le gars tomber, mais 5-6 personnes sont déjà autour pour essayer de faire un premier diagnostic et d'appeler le PC sécurité. Après quelques minutes, on passe finalement, j'ose à peine regarder le gars qui est tombé... On est un petit groupe à continuer la descente, et plus personne n'a envie de doubler...
Je ne m'attarde pas au ravito de Mare à Joseph, celui de Cilaos n'est pas loin.
On commence par une petite section sur route avant d'attaquer une petite descente vers une petite ravine après Bras Sec. Pas très longue, pas très compliquée, mais on sent que la chaleur commence à monter tout doucement. Un petit coup de cul avant d'arriver dans les faubourg de Cilaos où je retrouve avec impatience mon épouse qui fera mon assistance de choc sur cette diagonale. Elle est située avant le pointage, ce qui expliquera mon classement un peu lointain au pointage de Cilaos. L'épouse de Tidgi est là aussi, et a priori il n'est pas si loin derrière moi. A peine arrivé, je me couche! J'avais prévu en effet de dormir 15-20 minutes à Cilaos. Je ne sais pas si j'ai réellement dormi car j'était quand même conscient à certains moment de ce qui se passait autour de moi, mais cela fait du bien de fermer les yeux ! A y repenser, j'aurais dû donner quelques instructions à ma femme avant, histoire qu'elle sache quelle flasks préparer etc...Au réveil, j'en profite pour manger les bonnes crèpes que l'on avait préparé la veille au gîte et qui avait donné envie à bon nombre de personnes ;). Petite toilette (première fois que je le fais sur un trail) rapide, nok, nouvelles chaussettes et t-shirts, et c'est reparti.
Tidgi est arrivé aussi et est parti vers le ravito de l'orga et retrouvera sa femme à la sortie.
Du coup, en sortant du ravito, je m'attendais à les voir pour pouvoir repartir ensemble, mais au bout de deux trois minutes, ne voyant personne, je suis parti.
Il fait chaud, très chaud, trop chaud ! Je sais que je crains la chaleur, donc cette montée va être pénible, je le sais. On commence d'abord par une petite descente, histoire de bien arriver au fond du trou avant de pouvoir remonter! Il n'y a pas trop d'air, le sol est archi sec... Je monte donc lentement, très lentement...j'essaye de bien m'hydrater, j'avais d'ailleurs pris une 3eme flask avec de l'eau en plus et je profite de chaque petit cours d'eau pour mouiller la casquette.
Je suis obligé de m'arrêter à plusieurs reprises, mais au final, on y arrive à ce pied du Taibit...
Malgré cela, environ 30 minutes d'avance sur mes plannings.
La pause s'impose. J'essaye de bien m'hydrater à ce ravito et de m'alimenter correctement car on y laisse beaucoup d'énergie. Je ne suis pas le seul dans le dur, et cela me rassure.
La dernière fois que j'avais fait le col du Taibit, c'était il y a 11 ans avec ma femme. Il ne m'avait pas semblé si dur que cela à l'époque...on verra bien cette fois si avec 60+km dans les jambes! Un pas après l'autre, je suis monté, mais ce n'est pas glorieux tout cela...j'avance à deux à l'heure... Heureusement qu'après la tisanerie, il faut moins chaud avec l'altitude. Il y a un peu plus d'air également et je retrouve tout doucement quelques sensations. Le col met du temps à arriver. A plusieurs reprises je me dit qu'on y est, mais non... Arrivé en haut, la vue est magnifique. On voit Cilaos, on voit Mafate. C'est le moment de plonger vers Marla et d'entamer la traversée du cirque pour ressortir du côté du Maido.
La descente vers Marla est un peu technique, mais cela va encore. J'en profite pour bien avancer et redoubler des gens qui m'avait doublé dans la montée.
Quelle ambiance en arrivant au ravito de Marla ! Je repasse devant l'école où je m'étais arrêté il y a 11 ans, mais je n'avais à l'époque pas été plus loin !
Et toujours 30 minutes d'avance sur mes estimations.
Je ne reste pas trop longtemps à Marla, peut-être 15 minutes, car j'avais envie d'avancer un maximum de jour dans Mafate. Le sentier après Marla est assez sympa, en légère descente, avant de commencer une nouvelle montée vers la Plaine des Tamarins. Il commence à se couvrir pas mal, et l'ambiance des nuages dans la Plaine des Tamarins est assez magique.
L'allure est pas mal même si je ne cours plus trop.
On arrive au Col des Bœufs, où après une petite descente sur un très large sentier, on arrive à un ravito. Il fait pas chaud et très humide. Je me repose un peu mais c'est une ambiance un peu tristounet. On repart sur un petit sentier en descente, parfois un peu glissant. Il faudra faire attention car la nuit commence à tomber. Après 2km on arrive au pointage de sentier scout. 45 minutes d'avance sur mes plannings, tout va bien, cela rassure ;)
On va attaquer 1000m de D- sur environ 10km. En théorie cela devrait faire 1h-1h15 de course, j'en mettrai presque 2! Avec la nuit et la fatigue, on prends un peu moins de risques. Cette descente m'a donc semblé longue, très longue avec à quelques endroits des bonnes sections de montée que je n'avais pas repéré. C'est une portion qui doit être magnifique de jour...mais comme on passe de nuit, on ne profite pas trop des paysages. Je commence aussi à avoir des hallucinations : les classiques personnes assises à côté du chemin qui n'en sont pas, un pompier (?!?), jpoggio (!!????!???? ;) ) Bref, le cerveau commence à faire de drôles de connections entre les neurones...
Et puis c'est étonnant, mais il fait chaud dans Mafate en pleine nuit. Je me remets en t-shirts !
Ceci étant dit, arrivé au ravito de Ilet à Bourse avec 1h d'avance sur mes temps prévisionnels, j'ai donc pas dû trop trainer tout de même.
Là aussi, je ne m'attarderai pas trop au ravito. On commence à voir pas mal de personnes qui dorment ou complètement zombiefiés.
Une section à priori pas trop longue, mais c'est étonnant, je n'en ai pas trop de souvenirs particuliers. On doit certainement avoir une vue incroyable de jour, mais de nuit...
Toujours 1 heure d'avance sur mon planning au ravito.
J'avais en mémoire sur le profil de la course, une belle petite montée à 1000m, puis une descente, puis une remontée au ravito de Roche Plate.
Avec le manque de sommeil et la fatigue musculaire, cette partie m'a semblé la plus longue de toute la course. Je n'avançais pas et je m'en voulais à mort, quelle honte d'avancer à cette allure, à se poser 20.000 questions à où poser le pied à chaque fois. Et ce que ne disent pas les cartes IGN, ou pas assez précisément, c'est que parfois dans une montée, on redescends pour remonter ensuite. Bref, on ne sait plus quand on arrive au sommet. Je regardais l'altimétrie sur ma montre, et chaque fois que l'on descendait alors que l'on venait de monter, et qu'au final on devait monter encore beaucoup, j'explosais!
A y repenser, je pense qu'avec la fatigue, l'esprit nous joue des tours et fait que l'on exagère des situations. Car en relisant la carte IGN, ca "passait". Ceci étant dit, quand on monte à pic, et que l'on descend à pic dans ce qui ressemble vaguement à un tas de cailloux avec une pente à 60° dans une cascade, on maudit quand même un petit peu le réunionnais qui s'est dit que ce serait bien de passer par là...
L'arrivée sur le ravito est un peu longue aussi, et surtout quand on commence à voir les lumières des coureurs qui montent en l'air...on se dit que le mur du Maido n'est pas loin!
Tout de même encore 1h30 d'avance sur les estimations, je prendrai donc 20 minutes au ravito pour bien de ravitailler.
J'en profite pour rallumer le téléphone et prévenir mon épouse que j'ai de l'avance sur mes temps de passage, et que sans doute il ne sert à rien qu'elle monte au Maido et qu'il vaut mieux se retrouver à Sans Souci.
Je repars seul de Roche Plate, personne devant, personne derrière. Je monte donc à mon rythme, qui me semblait pas si mal et qui me permet d'avancer sans devoir s'arrêter.
Arrivé à la brèche, toujours en pleine nuit, on ne se rend pas compte de l'immensité du paysage qui se dresse devant nous (ni du vide à sa droite...). La montée se fait tranquillement, mais surement. On croise quelques cadavres sur le côté, mais l'idée que je me faisais de faire un petit dodo en haut me motive à avancer. Je passe à un moment devant la bifurcation qui mène à un point de vue. Pour être descendu jusqu'à ce point en reco, je sais qu'il me faudra environ 30 minutes pour monter. Ca motive! Et puis on entends bien les encouragement des fidèles spectateurs perchés sur la crête. Arrivé en haut, je tombe sur une grande tente bleue qu'avait décrite le gars de notre gîte et dans laquelle il nous avait dit qu'on pouvait dormir. Je ne le voyais pas pourtant, j'hésite un peu à rentrer, mais finalement j'y vais et je m'installe pour dormir 15 minutes. Cependant, au bout de 10minutes, il fait froid, trop froid. Comme j'avais de l'avance sur mon planning, je suis arrivé trop tôt au Maido et il doit faire 10° max. Je me relève car je sens que cela ne va pas le faire et je me dirige vers le ravito qui est2 kmplus loin.
A peine arrivé dans la tente du ravito, je tombe sur le gars du gîte !!!?? What ??? Je lui explique que j'ai dormi dans sa tente...avant qu'il m'explique que sa tente est posé juste à côté du ravito ! What ??? J'ai donc dormi dans une tente identique, mais qui n'était pas celle prévue ;) Pas grave, c'est ça la solidarité trail à la réunion ;) Je m'assois pour m'alimenter et boire, car la descente va être longue jusqu'à Sans Souci.
Toujours 1h-1h45 d'avance...
Les descentes j'aime cela ! Je pars sur un bon rythme, cela permet de se réchauffer aussi! La première partie dans la foret est assez plaisante, entrecoupée de petites montées qui cassent un peu le rythme. C'est assez long, on aura 13k et 1600m D- à faire. Les quadri commencent tout doucement à couiner un peu, mais avec le jour qui se lève, le moral revient et je sais que mon épouse sera au prochain ravito.
En arrivant au ravito, elle n'est pas encore là, j'en profite donc pour commencer à manger et à boire avant qu'elle n'arrive. A son arrivée, je m'allonge pour redormir 15 minutes top chrono, mais je n'oublie pas de lui donner mes consignes avant de dormir cette fois-ci ! A mon réveil, tout est prêt, je me rechange, re nok, re crème et c'est parti pour la chaleur de la côté ouest!
Presque 1h30-2h d'avance...
En sortant du ravito, je suis un peu perdu par le chemin à prendre, et je suis obligé de demander à plusieurs personnes la bonne direction. On descends jusqu'à la rivière des galets, il fait chaud, très chaud. Pas question de se cramer, je marche à vive allure mais je ne cours pas. Le passage à gué puis la montée sur le flanc de la ravine n'est pas très glamour. La montée à travers le village, outre le fait de croiser des réunionnais sympa qui nous offrent à boire, n'est pas d'un intérêt particulier, mis à part pour faire des kilomètres et un peu de D+.
Au ravito, 2-3h d'avance...heuu...c'est pas normal tout ca!
Je n'ai pas aimé cette portion ! Faire le singe dans une descente en se tenant aux arbres et aux cordes installées par les organisateurs...bof.
Toute la partie sur le chemin Kaala est assez étrange, j'ai une sensation de déjà vu, et pourtant je n'y suis jamais passé! Je marche à bonne allure car je sens que je commence à être bien cuit avec cette chaleur. La descente sur Possession est un peu pénible alors qu'elle n'est pas si compliquée en réalité.
J'arrive quand même au ravito avec 2-3-4h (en fonction des tableaux) d'avance. Je ne perds donc pas de temps malgré mon allure d'escargot !
Haaa enfin de chemin des Anglais ! C'est bien raide, il fait une chaleur écrasante, la pierre noire rayonne à fond, j'adore ça ! Bon, j'aurais aimé adoré cela... J'avance si lentement que même mon fils de 8ans me donnerait des coups de pieds au derrière pour avancer. En fait, au delà de la fatigue physique, c'est surtout le cerveau qui a du mal à donner les instructions pour avancer plus vite. Là encore, de multiples hallucinations viennent rythmer la montée (je ne savais pas d'ailleurs que les hallucinations pouvaient arriver de jour également) et d'impression de déjà vu. J'arrive en fin dans la descente vers Grande Chaloupe que j'avais fait en reco. Je sais donc que le ravito n'est plus très loin et que je vais pouvoir me poser un peu.
En plus, mon épouse sera là et ça va me booster.
Toujours 2-4h d'avance...
Plus qu'une montée ! Le début sur la continuité du chemin des anglais est bien difficile. Mais on forme un petit groupetto avec des réunionnais et on se motive les uns les autres. Un pas après l'autre, on arrive enfin dans les premiers villages et les pas sur les routes en bitume font du bien. Les locaux nous donnent aussi un peu à boire ici et là, et un bon verre de limonade bien frais me fait du bien ! On quitte la route pour entamer un petit sentier un peu raide. Cet à ce moment là que l'hélico de l'orga se mets pas loin de nous et on sent que sa caméra est pointé droit sur nous. Pas question de montrer le moindre signe de fatigue (honneur oblige), et j'avance sur un rythme soutenu en me disant intérieurement : "la - redoute - la - redoute -..." pour me donner du courage. Je souffle un peu une fois l'hélico parti (quand même...) mais j'ai bien avancé au final et on arrive quasiment au ravito du Colorado!
Stratégie ravito : pas de ravito, je fonce vers la redoute !!
3 heures d'avance, je sais que je ferai moins que 48h!
Sur le haut du plateau, il fait encore jour. Je me dit que c'est bien pour la descente...enfin, si je trouve le début du sentier car ce n'est pas hyper bien balisé à cet endroit...
Voila le chemin, les cuissons sont bien HS, mais comme c'est la dernière, on lâche tout !
Je double donc pas mal de gens au début. Je reste tout de même prudent car ce serait dommage de tout gâcher par une stupide chute dans la dernière descente!
Comme l'avait dit Antoine, elle est très technique, grosses pierres et marches, racines, et au final quand même 630m de D- à faire! Surtout avec tout ce que l'on a déjà fait, c'est pas rien.
Je suis rapidement seul, et donc je peux avancer à mon propre rythme, ce que je préfère.
Arrivé à mi-parcours, un gars me dit : "la redoute - 15-20 minutes". Bon, connaissant les locaux, cela veut probablement dire 30 minutes...mais je décide quand même d'accélérer un peu. Encore plus loin, un gars me dit cette fois "la redoute 15-20 minutes". Mais quoi ? ce serait vrai ? Je regarde ma montre qui m'indique 43h35. Oserais-je faire un moins de 44h ? Cela se tente ! Je passe donc en mode boost hyper sonique je vole au dessus des cailloux, je redouble deux personnes à qui je mets gentiment la pression pour passer, je me fait biper au contrôle en 3 secondes top chrono, et j'arrive enfin en bas ! Je fonce comme un malade à 16km/h le longe de la rue qui amène au stade. Un vrai moment d'euphorie m'envahit car j'explose toutes mes espérances sur un premier 160+km 10.000d+, et en plus celui de la réunion. Je rentre dans le stade, toujours à fond, à en oublier de regarder où était mon épouse, qui me rattrape in extrémis (tiens, elle court bien vite là!...) pour finir ce grand raid en 43h52' !
WOW! quelle aventure, humaine et sportive !
Pour un première course de 170km et de 10.000D+, sur un terrain technique comme la réunion, je ne peux qu'être satisfait. J'ai l'impression d'avoir maitrisé mon sujet, à mon niveau, sans réellement me mettre (trop) dans le rouge, afin de pouvoir prendre du plaisir jusqu'au bout de la course. L'ambiance au départ est magique, durant la course très spéciale car il y a un grand respect pour la difficulté de cette course qui rend tous les participants humbles devant les efforts à fournir. L'arrivée est incroyable, on a réellement l'impression d'avoir accompli quelque chose de grand, et l'accueil dans le stade est formidable!
Puis, pas de bobos, pas de courbatures, pas de tendinites, pas d'ampoules, juste la plante des pieds qui a un peu chauffé et un genou qui a couiné un peu pendant 3 jours. Une grosse fatigue générale cependant, qui nécessite de bien se reposer par la suite. Cela me rassure d'une part sur la préparation que j'ai faite durant cette année, et puis sur ma gestion de course, et globalement sur mon état physique général.
Maintenant on va pouvoir souffler un peu avant de planifier le prochain voyage ! ;)
En en bonus, une petite vidéo (trèèèèèèsss loin derrière la qualité et l'ambiance de notre maitre zinzin! https://youtu.be/8dN6lqrq2OA )
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4 commentaires
Commentaire de Raphynisher posté le 05-11-2016 à 23:09:43
Bravo Yves,
On a partagé un morceau de chemin ensemble,la montée du Maïdo de Nuit et on arrive quasi ensemble !! Belle perf, et tu as capturé de très belles images également. J'ai aussi fait le Maxi Cross et l'Eco Trail (signe d'appartenance à la region Parisienne ;-)
Commentaire de Bacchus posté le 06-11-2016 à 15:00:31
Bravo pour ta perf, super gestion de ta course
Content d'avoir fait ta connaissance lors du repas Kikourou
A bientôt
Commentaire de tidgi posté le 06-11-2016 à 21:10:53
Tu auras fait une belle course Yves. Bravo !
Chouette vidéo qui montre bien le déroulé du parcours.
Sympa tous ces moments partagés avant, pendant et après l'événement.
A une prochaine...
Commentaire de yves_94 posté le 10-11-2016 à 18:17:54
Ouip c'était cool de partager cette petite semaine !
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