Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2009, par toto38

L'auteur : toto38

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 23/10/2009

Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)

Affichage : 2320 vues

Distance : 150.1km

Objectif : Terminer

4 commentaires

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Le récit

En préambule, on pourrait dire que le grand raid, c’est une idée de mon club, on en parlait pendant un entrainement et je me suis laissé tenté… J’ai essayé d’enrôler plus d’un copain mais aucun n’a voulu me supporter pendant plusieurs dizaines d’heures

 

Arrivé à la Réunion, j’avais rendez-vous avec Roland, un coureur du  forum du grand raid. C’est marrant, on ne se connait pas, on part pour une reco de 4h et on a exactement le même rythme. En plus, on part sur les mêmes objectifs : 30-35h… On sera par la suite ensemble jusqu’à la mi-course.

Avant la course, juste pour vous donner envie, c’était plage, plage, ballades et piscine sous 30° !!

 

Le jour de la course, j’ai encore quelques courbatures de la reco faite avec Roland 4 jours avant… RDV est fixé à la mairie de Saint Leu pour prendre le bus. Dans l’attente, on discute, certains sont déjà dans la course, concentrés et d’autres en profitent pour dormir un peu.

 

Arrivé au stade du départ, c’est sous une pluie battante que nous attendons . Je retrouve sans aucune difficulté (vu sa taille de géant) Samontetro et on discute en attendant. Le plus drôle, c’est que c’est de la pluie chaude. C’est GENIAL !! On va monter au sommet sous la pluie, on ne va pas trop transpirer comme ça… Sauf que les locaux l’ont mauvaise, ils ont froid, eux !

 

 

00h00 : le départ est donné. Lors de la reco, je m’étais dit qu’il fallait se méfier de ce premier tronçon très roulant. En effet, on part très vite, et je me mets rapidement en mode économie d’énergie.  Je suis décidé à arriver frais au sommet du Taïbit (c'est-à-dire à 80km) et c’est là que course commencera pour moi …

On traverse des torrents de boue, nos pieds font foc-foc, et trempé pour trempé, autant aller tout droit et ne pas chercher à éviter les mares à boue…

Arrivé au début de la 1ere grosse difficulté, il faut monter, monter et monter encore.

C’est fou cette montée : on est parfois obligé d’escalader, les mains au même niveau que les pieds. Avec Samontetro, on en profite pour faire les pitres, on discute, on refait le monde, au mileu des coureurs super absorbés. En fait comme on m’avait dit : « si t’arrive à parler, c’est que t’es bien » ! Alors on a parlé, parlé et parlé. Il y en a bien quelques uns qui ont essayé de nous séparer, mais on parlait plus fort encore !! Il y en a bien quelques uns qui ont essayé de nous séparer, mais on parlait plus fort encore !!

 

Après 5h30 et 30km, on atteint enfin le sommet à 2500m !

Au sommet quand le soleil se lève sans pluie , au milieu de nulle part, on tombe sur un gros ravito. C’est assez surprenant, en fait je ne m’attendais pas à un ravito ici.  On goutte à l’hospitalité des locaux, à leur accueil et à leur bonne bouffe. Direction la plaine des sables, un paradis lunaire où rien ne pousse. On monte après au fameux oratoire Ste Thérèse, un lieu mythique sur la course. Les paysages sont absolument superbes. C’est nu, désertique, et à l’oratoire, on arrive sur une végétation dense, humide. Peu après, on arrive dans  un paysage du Jura, avec ses vaches, ses ruisseaux ses herbes hautes…

 

L’arrivée à Cilaos marque déjà un tournant dans la course, on commence à être fatigué. Là-bas m’attend la famille. C’est top !: Les enfants accourent et me sautent dans les bras. Je savoure ces moments intenses de partage et de communion avec eux. Quelle joie ! Je décide alors de prendre un peu de temps en famille, je resterai à Cilaos près de 3heures ! On a mangé, on s’est reposé, on a discuté et joué en famille. 

C’est là qu’est le seul point noir de ma course : j’avais une toute petite ampoule au pied. Prudent, je suis allé voir les podologues pour la percer et mettre de l’éosine à la place. Jusque là OK tout va bien sauf qu’ils ont mis sur chaque pied une bande autocollante. Mal posée avec une pliure, elles finiront  2h plus tard à me faire de grosses ampoules sous chaque pied qui m’ont pas mal handicapé.

Quand j’ai réalisé qu’il fallait repartir, je me suis tout de suite dit que j’avais joué ma course en prenant une telle pause. Mais en fait dès les premiers tours de roue, je me suis trouvé super frais ! en fait, ca a été super de s’arrêter et de recharger les batteries aussi longtemps ! Pour monter le Taibit, ca a été facile !!

 

Arrivé à Marlat, la douleur dans les pieds est intense, les ampoules ont percé et la chair est à nu: je ne peux plus poser l’avant du pied, et comme on a que des marches à descendre ou à monter, je compense en posant d’abord le talon. Plus question maintenant de courir tant que je ne guéri pas. J’avais entendu un gars disant qu’il avait eu un pareil problème, et qu’au bout d’un moment, l’ampoule finissait par cicatriser…

Arrivé à Grand Place à minuit, soit 24h après le départ, je suis crevé de sommeil. Il faut que je dorme, je fini par faire des tout-droits en courant. Ce n’est pas bon signe. Je m’arrête 25mn, c’est super frais que je repars.  La douleur aux pieds revient progressivement…

Et c’est reparti pour 3 heures… En fait, après 3h, je suis à nouveau crevé de sommeil, il faut que je m’arrête dormir, j’ai des hallucinations : je croise des personnes sur le bord des chemins ( je me rappelle un petit garçon avec une lance )! Alors au ravito d’Aurère, c’est pause obligatoire !

Ne pouvant plus supporter la douleur des ampoules, j’ai arraché les pansements, mis de l’éosine partout et j’ai badigeonné mes pieds d’une grosse couche de crème nok. Et tout de suite, la douleur est passée, je vais enfin pouvoir courir après cet intermède d’une dizaine d’heures je dors 25 minutes pour laisser le temps à la nok de pénétrer et c’est reparti. Je suis vraiment surpris de voir que je récupère super bien après les 25mn de repos : je n’ai vraiment pas mal aux jambes et je me commence  enfin à  m’amuser un peu comme je n’ai plus mal…

 

Et  quand j’arrive à Deux-Bras, c’est sous un nouveau soleil que je découvre ce ravito impressionnant : des tentes partout, des militaires partout c’est vraiment impressionnant ! J’en profite pour m’arrêter manger avant d’attaquer les dernières difficultés. Je me délecte des saucisses rougaï (j’en recommanderai à l’arrivée), de poulet délicieux. Je serai bien resté manger mais il faut penser à repartir. Je me suis arrêté 45 minutes, mais c’est super frais que je repars à nouveau.

 

A colorado, je n’ai pas envie de m’arrêter : ma sœur m’a appelé, je peux faire les 200 premiers. En plus, pour changer, je suis super bien et on arrive dans une partie roulante, ce serait dommage de casser le rythme maintenant. Je m’arrête quand même au pointage remplir le camel, je remets de la nok et je repars. J’ai du m’arrêter en tout et pour tout 2-3 minutes à Colorado…

La dernier col (le piton batard ) est super : certes il monte, il monte (mais on devient habitué)mais je le trouve assez roulant. Et je suis super en forme… On enchaine ensuite par les crêtes vraiment impressionnantes, le vide à gauche, le vide à droite. Mais mon Dieu que c’est beau, toujours aussi beau !! Arrivent les 10 derniers kilos. Certes mon objectif est loupé (entre 30 et 35h) mais il reste 10 bornes : c’est la fin !! Je jubile, j’ai envie d’embrasser un pauv’ gars assis au milieu de nulle part mais je continue. Le dernier pointage  aux 5 derniers kilo marque la fin. Plus que de la descente. Je regarde ma montre, il me reste 45mn pour faire les 5 kilomètres. Toujours avec mes repères de métropolitain, je me dit que ca passe large pour faire 36h. Mais en fait, plus la montre avance et plus je m’aperçois que la descente est super technique. Elle est faite de racines, de grosses pierres et je n’arrive pas à trouver le passage où je peux envoyer. Ca y est, laz descente est finie, il reste 500 mètres avant la ligne. Je cours de toutes mes forces, je crie que je veux faire moins de 36h. Devant moi, j’ai les barrières de sécurité qui nous séparent des voitures (35’58’30). Je franchi la rubalise  par un beau  ciseau et je cours entre les voitures (35’58’58). Je suis à 15 à l’heure et je veux faire moins de 36h. Je rentre sur le stade à toute vitesse (35h59’15) et mes enfants me sautent dans les bras, ils m’embrassent  et me serrent très fort (35h59’45) mais je veux faire moins de 36h !!! J’arrive sur le stade avec Lorraine dans mes bras, Quentin qui porte le dossard et déception, il reste 100m à faire ! Je ferai plus de 36h… Je passe la ligne à fond en 36h01’17 ! Quelle joie quand m^me !! J’ai envie de crier, d’hurler !! Mes enfants me regardent plein d’admiration mais ils se demandent tout de même ce que je suis réellement : un fou ou… un fou ?? Ma femme arrive quelques secondes après avec la dernière (elle n’a pas réussi à suivre) et on s’embrasse tous les 5 !

A l’arrivée, j’ai déjà envie de repartir. Je ne suis même pas saoulé ! C’est dommage que le coût soit si élevé

 

 

Au stade, je ne tarde pas à retrouver Samontetro, on se prend un bobo, je retrouve également avec plaisir Roland et toute sa petite famille. On se promet de se revoir.  

 

Il nous reste en famille à faire les grandes ballades promises pendant la dernière semaine qu’il nous reste.

 

C’est la plus belle course que je n’ai jamais faite : les paysages sont à couper le souffle, les réunionnais sont super accueillants, la logistique de cette course est époustouflante avec ses hélicos et ses villages ravitos, la bouffe super bonne et la bob se boit tellement bien !

Particularité de cette course : je ne sais pas combien de marches j’ai monté et descendu. Cela doit être hallucinant et je serai bien curieu de le savoir…

Autre particularité, les notions de temps/km propres à elle : sur 1 ravito il y avait cette affiche : « prochain ravito 6 km de descente, prévoir 3-4h » !! Quand on pense que sous notre latitude, 6km de descente, c’est 25-30minutes ! Il m’en faudra  en effet bien 4 pour boucler cette étape…

Merci à mes enfants qui depuis 5 ans ne font pas leurs nuits. Grâce à eux, j’arrivait à m’endormir super vite et profondément, je récupérait très bien en 25mn…

 

Le seul point négatif est la saleté des coureurs. C’est peut-être la plus belle course que je connaisse  mais c’est aussi celle où j’ai vu le plus de papiers gras ! C’est vraiment dommage pour une ci-belle ile !

4 commentaires

Commentaire de Manu R. posté le 14-11-2009 à 17:41:00

Du toto tout craché : euphorique ("C’est GENIAL !! ") voire halluciné ("j’ai des hallucinations : je croise des personnes sur le bord des chemins-je me rappelle un petit garçon avec une lance !") 36h durant à courir sans presque ressentir de fatigue ("je n’ai vraiment pas mal aux jambes")
BRAVO! tu l'as fait mais fallait quand même être un peu fou.
Manu R.

Commentaire de Pat'jambes posté le 14-11-2009 à 19:55:00

Toto,

J'ai un scoop pour tes enfants: oui, tu es fou!

Que de bons moments (blablater avec Samontetro, 3h de pause en famille en pleine course, cette arrivée à 15 km/h les enfants dans les bras après plus de 36h de course!!) dans une course qui semble incroyable et accessible uniquement aux doux dingues!

Bravo!

Commentaire de lulu posté le 14-11-2009 à 22:14:00

Bravo pour ta course...ça a l'air si facile en te lisant !!
Merci pour ce CR et encore bravo...

Commentaire de maï74 posté le 15-11-2009 à 21:12:00

Même pas fatigué à l'arrivée, t'aurais pu forcer un peu pour faire - de 36h !... ;-))
Bravo à toi, j'aimerais écrire le même genre de CR dans 1 an... A+

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