Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2024, par Papou43

L'auteur : Papou43

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 17/10/2024

Lieu : Saint-Pierre (Réunion)

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Distance : 175km

Objectif : Terminer

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Ma revanche sur la Diagonale des Fous 2024

Ma diagonale des fous 2024 commence vraiment le lendemain de mon abandon sur cette même course en 2022. Sur la plage, en train de trouver mille réponses à cet abandon et à essayer de faire le bilan, je me dis que je reviendrai prendre ma revanche. Mais sous conditions, en effet lors de cette édition mon principal regret et de n’être pas aller assez vite et de n’avoir pas pu profiter de Mafate de jour. La nuit étant tombé à la plaine des Tamarins. Donc très vite je me fixe ses conditions pour revenir à la Réunion :

-          Améliorer ma côte ITRA pour partir avec la vague 1 (fixé à 585 en 2023 par l’orga, la mienne étant de 560 en 2022)

-          Perdre du poids et atteindre 76kg soit – 7 kg par rapport à 2022

-          Changement du parcours avec le retour du Maïdo car pour moi Grand Raid sans le Maïdo ça n’a pas la même saveur.

Mais pour l’heure il faut digérer la déception et passer à autre chose.

 

                   

 

Suit une année 2023 sans réellement d’objectif sportif : Finisher de la Trace des Maquisards en février me réconfort sur ma possibilité de courir plus de 100km. Mais un énième abandon au trail du Haut-Giffre à Samoens me conforte que j’ai qu’une envie, qu’un objectif encore en tête, retourner à la Diag. Tout le reste n’est que secondaire. Une blessure m’éloignera des sentiers sur la fin de l’année.

 

 

 

Octobre 2023 : Je regarde donc l’édition du Grand raid 2023 sur mon canapé toujours avec ces yeux brillants, cet enthousiaste et des souvenirs avec cette musique. Les bons moments reviennent (pas les mauvais) Je me dis qu’il vaut mieux vivre le truc de l’intérieur et ne pas la finir que de rester chez soi. C’est au moment de l’édition 2023, que je décide que l’édition 2024 sera ma revanche.

 

Novembre 2023 : La 1ère chose à faire est de prévenir Véro de mon choix. Elle n’est pas surprise car elle me connait et savait que je souhaitais y retourner. On décide cependant de ne pas prévoir de vacances famille autour du projet comme en 2022. Si j’y vais c’est uniquement moi avec/sans elle en fonction de son emploi du temps pro mais sans les enfants.

Je décide également de n’en parler à personne d’autre car je ne souhaite pas entendre les petites phrases gratuites «si c’est pour finir en papillote dans Mafate » ou « si c’est pour ne pas finir la course » certes réaliste mais je n’ai pas besoin de l’entendre pour ma préparation.

Bien que je décide que l’édition 2024 soit la revanche, je n’oublie pas les 3 conditions (qui pour le moment ne sont pas atteintes). Donc, pour ne pas précipiter les choses, je décide que je ne passerai pas par le package via Bourbon Voyage car en janvier (principalement) le parcours n’est pas connu (cependant des rumeurs cours sur les réseaux sociaux un retour du Maïdo). Je passerai donc par la voie du tirage au sort avec l’option de la Swiss Canyon Trail si je suis sur liste d’attente. Je m’inscris donc à la SCT 2024 dans ce sens en espérant être dans les 50 premiers inscrits (français) à faire la demande d’un dossard pour la Diag à l’issue de la course en juin.

 

Décembre 2023 : Voilà maintenant 1 mois et demi que je ne cours plus, j’atteins un poids record de 85 kg. Je décide donc de me remettre au régime et de reprendre progressivement l’entrainement. Mon régime est simple arrêter le grignotage et de manger normalement. Pas de régime spécial trouvé sur internet. En général, je tiens 2 semaines et je perds 2/3 kg puis je reprends le grignotage. En plus de commencer un régime pour les fêtes de fin d’année c’est du suicide. Mais j’aime encore plus le défi.

 

Janvier 2024 : Les fêtes de fin d’année sont passées et cela fait maintenant plus 1 mois que je perds du poids. De 85 kg début décembre, je suis passé à 79kg en janvier sans vraiment de privation, juste beaucoup moins de grignotage et du sport. J’atteindrai mon objectif de poids de 75 kg fin février. Je me stabiliserai autour de 73kg tout le long de l’année. Pour refaire un dernier affutage avant la Diag pour être à 70kg (sans privation juste beaucoup de sport). Ma première condition est remplie.

 

Février 2024 : Février est la reprise des courses à dossard, important pour moi afin de faire monter ma côte ITRA. Je décide pour ce début d’année de faire que des courses autour de chez moi (Haute-Loire) de 30 km max. Avec la perte de poids je vois une amélioration de mes performances. Je le ressens lors de mes entrainements et mes courses, je suis plus léger, je peux donc courir dans certaines montées.

Et dès les 1ere courses j’atteins mon objectif d’une côte de 585. Tout le long de l’année je finirai mes courses autour de 600 pour finalement avoir une côte ITRA à 632 (rappel 560 en 2022). Ma deuxième condition est remplie.

 

Mars 2024 : Ma perte de poids et ma forme physique me conforte que 2024 est l’année de la revanche. De plus, l’organisation annonce que le Maïdo est de retour pour 2024. Toutes les conditions sont remplies, je m’inscris donc au tirage au sort (je me serai quand même inscrit sans le Maïdo).

Bon finalement pas de suspens, je ne suis pas pris. Pire, je suis 1121 sur 1126 sur la liste d’attente. Mais ce n’est pas grave, j’ai l’option de la Swiss Canyon Trail : Finir cette course me permet d’avoir un dossard pour la Diag (mes calculs me confortent d’être dans les 50 premiers inscrits qui demanderont un dossard).

 

Avril/Mai 2024 : Je me prépare donc à la Swiss Canyon Trail. Rien de spécial hormis mon entrainement habituel pour un ultra. Comme toujours j’essaye de placer mes entrainements sans impacter la famille. Mes WE bloc sont calé en semaine en suivant le tracé du chemin de Compostelle (Chavanay-Le Puy), un bon moyen de découvrir d’autres chemins. Je fais des courses dans les alpes pour le D+.

 

Juin 2024 : L’objectif 1 de l’année arrive : La SWISS CANYON TRAIL. Si je la loupe, s’en ai fini de l’objectif de la Diag 2024. Comme pour les courses préparatoires, je décide de partir au dernier moment pour profiter de la famille. La famille ne vient pas avec moi, on s’y refuse avec Véro, on estime que ce n’est pas leur place. Attendre des heures aux ravitos pour me voir quelques minutes c’est ingrat. Je pars donc à 23h pour conduire de nuit. Arrivé sur place je récupère mon dossard pour partir à 05h00 sans avoir dormi, je me dis que c’est un entrainement pour la Diag.

La course se passe plutôt bien. Départ prudent, je récupère petit à petit les concurrents (d’un côté je m’en fou des autres, je veux juste finir). Premier coup de sommeil vers 10h (le seul). Bonne sensation jusqu’au km 90 puis les 1er douleurs arrivent. Sans faire de suspens je fini tout de même la course avant la nuit (et la pluie) avec un temps qui me satisfait, heureux de ma journée et de ma gestion course.

Dans les jours qui suivent, je reçois un mail de la SCT, me demandant si je veux un dossard pour le grand raid tout en expliquant la règle des 50 premiers inscrits. Je leur renvoi le bordereau et j’attends. Et au bout de deux semaines, je reçois enfin le mail de l’organisation du Grand Raid cette fois-ci me confirmant mon inscription pour la Diagonale des fous 2024. Cela fait toujours quelque chose au ventre. Mon garçon n’en revient pas et pourtant je lui en parle depuis le début de l’année, il me répète : « Mais Papa, tu vas refaire la Diag cette année ? »

 

     

 

Juillet 2024 : Fin juin et tout juillet, c’est repos. Peu de sport, Festoch, on profite des vacances en famille et des JO Paris 2024.

L’erreur en 2022, c’était de ne pas avoir pris de pause en été. Cette année, je m’octroie une vraie pause de 2 mois entre la SCT et le début de ma préparation pour la Diag.

Je profite de ce mois pour finaliser le côté « organisation » du projet : Billet d’avion, hôtel, voiture de location. Finalement Véro viendra avec moi, j’annonce donc à ma mère mon projet de Grand Raid et qui va falloir qu’elle garde les petits pendant 1 semaine (je lui en avais touché quelques mots en début d’année prétextant un voyageant en amoureux). On est toujours dans le secret, hormis ma mère, Phillipe un collègue, Véro et les enfants, personne ne le sait et on va le garder jusqu’au dernier jour. Cela me permettra de déstresser un peu, de ne pas vivre que pour la Diag et de profiter des gens sans qu’on m’en parle sans cesse au boulot ou en soirée comme en 2022.

 

Août 2024 : Début de la préparation, rien de spécial hormis que j’y met un peu plus de volume que pour la SCT. Je suis encore sous l’euphorie des JO où j’ai vécu des moments forts en famille donc pas trop focalisé à la Diag et tant mieux.

 

 

 

Septembre 2024 : Suite de la préparation. Avec le choix de faire l’Ultra du Vercors en guise de préparation. C’est un 80km pas trop alpin. L’objectif est de ne pas se faire mal, de trouver des bonnes sensations que j’ai un peu perdues cet été. Encore une fois j’y vais sans avoir dormi. A la fin de la course, j’ai le sentiment du devoir accompli avec une bonne place, un chrono correct et sans blessure. Mais le lendemain, une douleur apparait au genou gauche. Au fil des jours la douleur disparait le matin pour revenir le soir. Je tente d’aller courir mais au bout de 30 minutes elle réapparait dans les descentes. Je décide donc d’annuler mes sorties longues car je ne m’en sens pas capable et prend rdv avec mon ostéo. Mon rdv ne change pas grand-chose mais la douleur diminue en durée (plus que le soir) et en intensité (elle ne m’empêche pas de courir, j’ai juste une gêne). Je décide de faire mon dernier bloc de 3 jours avec cette gêne.

 

 

 

Octobre 2024 : Au début de mon WE choc, j’avais une gêne au genou gauche. J’en ressort avec une petite tendinite d’Achille gauche et plus mal au genou. Je dis petite tendinite car la douleur au tendon n’est pas restée, elle est réapparue une fois après un entrainement sans plus jamais revenir (ne pas oublier que je suis en phase de diminution de l’intensité de mes entrainements).

Je fini ma prépa un peu dans le doute entre mon genou et le tendon d’Achille, je sens ma jambe gauche pas optimum. De tout façon, il est trop tard pour faire quelques choses. Voir un spécialiste, pas sûr que cela me rassure, je reste quand même sur de bonnes sensations, pas de douleur sur mes courtes séances. Puis finalement, si ces douleurs apparaissent pendant la Diag, j’arriverai à marcher. Mon principal objectif est de la finir.

 

Je me sens prêt sauf la valise. Comme d’habitude je prépare mes affaires suffisamment à l’avance (10 jours) pour anticiper les achats de dernière minute. Partant sans les enfants j’ai donc une valise rien que pour moi, j’ai donc de la place et décide de tout apporter de métropole (Orangina, St-Yorre…) car en 2022 certains produits manquaient là-bas. Tous rentrent mais niveaux poids ce n’est pas bon, j’ai 3 kg en trop. Je dois me délester de certaines affaires : une paire de chaussure, bouteille d’eau et plein de trucs que j’avais pris en triple… Finalement tout rentre !!! Heureusement que les enfants ne viennent pas.

 

 

 

Je décolle donc pour la Réunion, toujours dans le secret… pour éviter le stress. Stress que je n’arriverai pas à gérer les deux derniers soirs avant la course. Pris par les émotions, les doutes qui reviennent, le sentiment de revivre ce que j’avais vécu il y a deux ans. Cependant ces émotions ne m’empêcheront pas de dormir.

 

Jour de retrait de dossard : La seconde étape après l’inscription. Et quelle étape !!! La patience est de mise surtout que cette année, l’organisation ont décidé de supprimer les créneaux horaires en fonction de la course. Ce qui veux dire que tout le monde peut venir retirer le dossard tôt le matin.

Plusieurs solutions s’offrent à moi, soit y aller tôt le matin comme tout le monde ou soit après le Ruch l’après-midi. Je décide d’y aller le matin tant pis si je reste longtemps, je pourrai profiter un max de l’après-midi. Arrivée à 07h50 dans la longue file qui court le long du trottoir, nous avançons cependant rapidement et à 09h30 j’ai mon dossard. S’ensuit une seconde file pour les cadeaux partenaires et la fameuse casquette.

Dans l’attente, je me rends compte que je suis bien dans le SAS 1, gros soulagement et fierté. Mon entrainement et mes performances ont eu gain de cause. (Petit changement pour 2024 avec un départ groupé donc plus de vague mais des SAS. La côte ITRA du SAS 1 n’ayant pas été communiqué je n’étais pas sûr d’en faire partie. De plus, l’organisation communiquait plus sur la côte ITRA 100M dont la mienne est à 0).

La seconde file d’attente fut longue et à 12h00 j’ai enfin récupéré tous les cadeaux et je rentre profité de la plage avec Fabien un pote (en vacances à la Réunion) et annoncer à tout le monde que je suis à la Réunion.

  

 

J’aurai tant aimé voir la réaction des gens en vrai car sur Messenger ça a été de la folie. A peine l’annonce faite que je n’ai pas pu placer un mot pendant 5 minutes.

J’aurai très bien pu ne rien dire mais je connais l’engouement qui peux y avoir autour du Livetrail et encore plus avec la Diag. Je voulais quand même leur faire vivre ces émotions à travers mon aventure.  Je ne le regretterai pas, tout le monde sera à fond derrière moi. Certains se lèveront le matin dans l’espoir que je sois encore en course. Un truc de fou !!!

 

Jour J : Ma nuit fut bonne. J’ai dormi 9h, d’un trait. Je me lève quand même à 7h00 et je ne ferai pas de sieste. Je me contenterai que de moment de calme dans la journée.

A 18h00, nous partons avec Véro vers St-Pierre. L’erreur de 2022 est d’y être aller trop tôt, 3h avant. Pour cette année, on profite au maximum de l’hôtel bien qu’on tourne un peu en rond. A 19h00, on arrive sur le parking de la ZI Canabady, nous mangeons sur place une barquette de riz avec Véro et je me change. A 20h15, je quitte Véro qui ne veux pas voir le départ (trop de monde et elle l’a déjà vu) et préfère aller se reposer à Bourg-Murat pour me voir au ravito de Mare à Boue le lendemain. Je prends un bus de l’organisation qui me permet de me rapprocher du départ.

 

 

 

Départ : Je décide de ne pas rentrer tout de suite dans la zone de départ pour éviter de m’exposer au vent (comme en 2022). C’est seulement qu’à 21h00 que j’y rentre, il y a encore un peu de monde, il faut faire la queue pour donner les sacs de délestage et faire le 1er pointage. Un fois dedans, je profite d’un café pour me réveiller car j’avoue, je commence à piquer du nez. Va falloir partir pour me réveiller. Je rentre rapidement dans mon SAS et fait la queue pour les toilettes. Et aux vues du nombre et du temps qui me reste (15 min), je suis persuadé que je n’arriverai pas au bout. Je finirai comme la plupart des mecs par faire pipi devant tout le monde par manque de temps.

A 21h30, on nous demande de nous préparer pour la mise en place sur la ligne de départ. Etant dans le SAS 1, je ne veux pas me stresser, je me place volontairement derrière et souhaite profiter du moment sans trop me bousculer.

Je suis surprit lors de la mise en place, c’est bon enfant, ça ne se bouscule pas. Même au moment du placement des coureurs du SAS 2, pas de bousculade venant de l’arrière.

Je profite donc au maximum des derniers moments avant le départ, des mots d’encouragement de Ludo le speakeur et surtout de la musique… la fameuse musique de la Diag qui me met la petite larme à l’œil, je vais partir pour le Grand Raid 2024.

 

 

 

Le départ est donné à 22h00 pile. Au bout de quelques secondes je passe déjà la ligne de départ comme quoi ça vaut le coup d’être au SAS 1. Je suis surpris ça ne bourre pas, j’arrive rapidement à courir et à me mettre à une allure de 5 min/km (limite que je me suis fixé pour les 1er KM). Pour me réguler, je décide de profiter du moment et de taper dans les mains de tous les enfants. Et là l’émotion me reviens, il y deux ans les miens m’attendaient au bout de la ligne droite du départ, cette année ils n’y seront pas.

Très vite la sueur arrive comme en 2022 sauf que l’a je suis en T-Shirt (en 2022, j’avais gardé la seconde couche à cause du vent au départ), je n’ai pas refait l’erreur et cela reste supportable. La pluie arrivera rapidement dans la ligne droit et finira de nous mouiller avant de quitter St Pierre.

La montée vers le 1er Ravito de Domaine Vidot est plutôt roulante, chemin large à travers la canne à sucre. J’essaye de suivre le rythme sans trop forcer. Petit coup de frayeur lorsque j’aperçois une féminine ressemblant à Sissi Cussot. Je me rapproche, regarde son dossard… ouf de soulagement, ce n’est pas elle, je ne suis pas en surrégime, enfin il me semble.

 

Domaine Vidot : 14km – 429ème – 01h35 (temps de course)

Arrivée au 1er ravito avec 30 min d’avance sur mon prévisionnel de 41h. C’était voulu, afin d’avoir un peu de marge pour plus tard et je n’ai pas le sentiment d’avoir forcé.

Au ravito, je recharge rapidement mes deux flasques et ma troisième. En effet, j’étais partie avec 2 flasques pleines de 500mL mais en 14km j’avais déjà tout bu. Bon signe mais je préfère repartir avec la troisième pleine pour la suite au cas où (je n’y toucherai jamais).

Après le ravito, nous entamons des chemins un peu plus techniques avec plus de single. L’organisation à même modifié le parcours pour le rendre plus fluide et éviter les bouchons. J’ai trouvé cette partie toujours roulante, ça monte mais ce n’est pas compliqué. Enfin c’est la sensation qui me reste. Avant d’arrivé au second ravito, il y a même une section de route.

 

Notre Dame de la Paix : 33.4km – 360ème – 04h41

1h d’avance sur le prévisionnel, c’est mon matelas lorsque j’en aurai besoin. Je me sens bien, je n’ai pas l’impression de forcer. Un petit coup de mou dans la nuit mais ça n’a pas durée. L’envie est là.

Au ravito, je profite pour me changer, je quitte le T-shirt trempé par la sueur et la pluie (une petite farine nous arrose depuis le début) par la seconde couche. Il fait bien moins froid qu’il y a deux ans.

On continue de monter progressivement vers le prochain ravito. Rapidement ma lampe, m’alerte par un clignotement que je n’ai déjà plus de batterie... bizarre je n’ai fait que 5h de course et elle a une autonomie de 8h. Pas de quoi m’alerter car j’ai une batterie de rechange et une autre lampe+pile dans le sac de quoi largement finir la nuit mais pas forcément une seconde nuit.

 

Nez de Bœuf : 45.4km – 302ème – 06h32

Au ravito, je profite de la lumière pour changer ma frontale pour fini la nuit (il est 04h32) et j’appelle Véro qui vient de se réveiller pour lui confirmer que je repars de Nez de Bœuf. On doit se retrouver au prochain ravito. Je suis dans le même rythme avec 1h30 d’avance sur mon prévisionnel (mon max), mon King size.

Depuis le début, nous faisons que monter majoritairement et le peu de descente me fait revenir cette douleur au tendon d’Achille et au genou sans pour autant me gêner dans ma course. Mais après Nez de Bœuf c’est une longue descente.

Et très vite, cela se confirme les douleurs sont là. Je comprends très vite que je ne serai pas le grand descendeur sur cette course. Tant pis, la douleur ne me paralyse pas non plus. Je décide donc de me caler derrière un groupe sans essayer de les doubler pour canaliser mes envies d’aller vite.

 

 

 

Mare à Boue : 55.7km – 333ème – 08h05

Je retrouve Véro avec le sourire. On s’était quitté la veille avec beaucoup de doutes mais la nuit s’était plutôt bien passé. Pas eu froid, pas fatigué, je mange bien, je bois. Hormis ma jambe gauche mais j’avance bien c’est l’essentiel. Et en plus il faut beau !!!

Mes ravitos durent 2/3 minutes en général je ne m’y attarde pas. Mais là, il y a Véro, je m’octroi 15 min (il me semble) pour prendre des forces pour l’ascension qui m’attend en direction du refuge du piton des Neige. Cette ascension m’avait couté chère en temps et en énergie en 2022. Si j’ai demandé à Véro de venir ici, ce n’est pas pour rien… faire le plein d’énergie et sa présence est un bon carburant. Au passage je lui transmets ma batterie de frontale pour la recharger (elle m’achètera des piles supplémentaires au cas où)

Je quitte donc Véro vers une longue ascension technique et boueuse. Je commence une nouvelle partie de ma course. Si la nuit, je l’ai voulu rapide sans pour autant me mettre dans le rouge, j’ai décidé que pour la suite, j’allai m’économiser un peu sur la durée. Je fais la montée derrière différents groupes sans chercher à doubler. Je suis même surpris qu’au bout de 65km des mini bouchons se forment.

 

 

 

Côteaux Kerveguen : 65.2km – 289ème – 10h02

Je poursuis ma montée tranquillement sans chercher à doubler. Il y a deux ans, j’avais eu le droit à une apparition dans une vidéo de Youtube pas très en forme (comme le narrateur). Je venais tout juste de vomir, je n’arrivais pas à manger normalement. Cette année, je me sens bien mieux, je mange bien. J’ai même anticipé un Orangina au cas où. Chose qui m’avait manqué en 2022. Sur cette montée beaucoup de choses me font dire que j’ai tiré beaucoup d’expérience d’y a 2 ans.

La fin de la montée est quand même longue avec sans cesse de faux espoirs d’arriver au somment mais en fait non…

 

 

 

Croisée côteaux Kerveguen : 67.8km – 285ème – 11h01

Je ne vous ai pas reparlé de ma jambe gauche ? Normal car on monte donc je n’ai pas mal. Mais maintenant qu’on redescend… la douleur reviens.

Après une mini pause au sommet pour boire mon Orangina bien mérité, je me lance dans cette longue descente pas très technique mais piégeuse car on peut y laisser des plumes.

Je décide de la descendre doucement car c’est la 1er grosse descente et il y en plein d’autre derrière et je souhaite ménager ma jambe gauche. En réalité, j’ai mon premier coup dur dans cette descente. Je relativise rapidement, au bout de 70km avoir son 1er coup de moins bien, ça va j’ai connu pire. Je poursuis donc ma descente doucement en me laissant doubler. J’essaye de suivre quelque fois pour essayer de reprendre mon rythme. Ce n’est qu’à la fin de la descente sur le dernier Km que j’arriverai à suivre les autres.

 

Le Bloc : 71.8km – 311ème – 12h07

Afin un vrai ravito depuis Mare à Boue avec de quoi manger. Je m’y attarde un peu (5min) pour bien manger et reprendre des forces. Je sais que la base de vie n’est pas loin mais il me reste encore du chemin et de la route jusqu’à Cilaos. Et je souhaite profiter de la route pour courir.

 

Plateau des chênes : 73.8km – 311ème – 12h33

Après un dernier petit passage dans les bois de la roche merveilleuse, je redescends rapidement sur Cilaos. L’approche de la 1er base de vie me redonne des forces pour finir en courant et rapidement. Avant le ravito, je retrouve Sophie, une ancienne collègue, de voir une tête de connue me fait énormément du bien au moral.

 

Cilaos : 76.2km – 298ème – 12h51

En 2022, j’avais fait le choix d’avoir une assistance à Cilaos. Cette année, j’ai préféré avoir mon assistance ailleurs et de me contenter de mon sac de délestage. Le but à Cilaos est de ne pas perdre trop de temps. Je me change donc vite, rempli mon sac (Orangina, gâteau, bombons, batterie externe). Puis je mange enfin mon 1er (et seul) plat chaud : Pâte à la tomate. Je refuse le poulet de peur que cela soit trop dur à digérer pour mon estomac. Je repars de Cilaos moins frais qu’il y a deux ans car j’y avait fait une sieste. D’ailleurs je n’ai pas parler du sommeil… normal depuis le départ je n’ai pas ressenti un seul piquage du nez. Plutôt bon signe.

J’ai toujours des difficultés pour la descente vers la cascade de bras rouge mais je me rattrape par la montée vers le début du sentier de Taïbit. Pas le temps pour mon tendon de se plaindre.

 

 

 

Sentier Taïbit : 82.8km – 265ème – 14h43

Je ressens moins de difficulté dans les montées que dans les descentes. Donc j’en profite pour avancer. La montée vers le col du Taïbit est longue et raide. Comme il y a deux ans, je m’y engage sans poser de question avec comme seul but de passer de l’autre côté et de descendre vers Marla voir les vidéos que mes enfants ont fait (via SFR). Je profite de la tisane ascenseur pour une petite pause photo pour certifier qu’elle existe bien à mon fils.

Le temps est couvert depuis le début de l’ascension et il commence à pleuvoir au moment où je réalise que je viens de faire la moitié du parcours. Avec la pluie, je me pose la question : faut-il se couvrir ou non ? Transpirer ou se mouiller ? Telle est la question… Je décide que non car le ravito étant juste en bas.

 

 

 

Marla : 88.7km – 256ème – 16h40

Arrive le ravito Marla et la fameuse vidéo laissée par les proches via SFR. Je vais vous le dire cash, je m’effondre en larme sans même regarder la vidéo juste le fait de m’assoir devant l’écran car je le sais je vais voir mes enfants. Depuis Cilaos mes nerfs sont tendus, je suis à fleur de peau. Je pleure de joie car je me sens bien, je pleure de doute car j’ai peur de ma seconde nuit et de mes démons DNF. Je ne peux pas dire que la vidéo de mes enfants m’aura fait du bien mais m’aura permis de me rappeler pourquoi je cours : de leur permettre de voir leur papa finir cette satanée Diagonale des fous.

Je repars donc de Marla toujours à fleur de peau avec mes doutes sur ma nuit prochaine.

Je reste cependant vigilent car il y a deux ans c’est après Marla, dans la plaine des Tamarins que tout avait basculé. Je n’avais rien bu pendant 2h sans m’en rendre compte. En cause : mon esprit était occupé par l’extinction de ma montre. Mais cette année, tout va bien, je mange encore et boit de la soupe. Je fais pipi normalement, je suis en avance sur mon temps, non non tout va bien (hormis cette jambe mais j’avance) mais j’ai énormément peur de cette deuxième nuit.

La portion entre Marla et la Plaine des Merles est compliquée niveau vestimentaire. En effet, depuis que j’ai basculé dans Mafate il pleut et je me pose la question s’il faut que je me couvre ou non. Je passerai mon temps à quitter et mettre le coupe-vent. Pour finalement comprendre que quand ça monte = pas de coupe-vent. Quand ça descend = coupe-vent.

Cette année le passage par le col des Fourches me semble plus direct que le col des Bœufs. La descente derrière me semblait également technique mais je me surprends à doubler du monde, chose rare depuis le début de la course avec mon problème au tendon d’Achille.

 

La Plaine des Merles : 95.5km – 257ème – 18h30

Au ravito, je ne m’y attarde pas, je ne me charge même pas en eau car Véro m’attend quelques km plus loin au Début du Sentier Scout.

 

 

 

Sentier Scout : 97.2km – 250ème – 18h55

L’objectif 1 est atteint : Arriver au Sentier Scout avant la nuit pour profiter d’un éventuel couché de soleil sur Mafate au niveau du point de vue des « 2 fesses ». Pour le coup, vu la météo c’est raté, un brouillard à ne pas voir à 10m.

J’arrive avec 1h d’avance. Je décide d’utiliser ce matelas pour profiter de la présence de Véro car j’en ai vraiment besoin. En effet depuis le début de l’après-midi, les nerfs sont tendus. Je ne pense qu’a une chose, à cette bascule au niveau du Sentier Scout : repartir dans Mafate avec comme seule porte de sortie le Maïdo et ce n’est pas rien. En plus la nuit tombera alors que je serai à l’intérieur avec le souvenir de 2022 où j’ai dû arrêter dans Mafate pour une déshydratation (avec perfusion pour ressortir de Mafate de mes propres moyens).

Alors je prends mon temps, pour recharger mon mental (je récupère par le même temps la batterie et piles pour les frontales).

En quittant Véro, je me sens déterminé à réaffronter Mafate. Je n’ai plus vraiment de stratégie de course car je m’étais dit qu’à partir du sentier Scout, je verrai aux sensations. Et elles sont bonnes, j’ai encore un peu d’avance et il fait encore jours. Je me suis surpris à courir dans les descentes auparavant. Ma stratégie sera donc de traverser Mafate au plus vite. J’accélère dans cette longue descente sans pour autant me mettre dans le rouge. De plus, l’ayant fait en randonnée deux ans auparavant, je sais qu’elle n’est pas très technique.

La descente se passera tranquillement sans que je me plaigne vraiment de mon tendon. J’allumerai la frontale en bas juste avant le coup de cul qui mène à Aurère.

 

Aurère : 105.9km – 270ème – 20h54

Au ravito, je ne m’y attarde par. Je charge l’eau, une soupe, jambon, fromage et je repars le café à la main. Je n’ai toujours pas sommeil malgré le noir de la nuit.

On continue à descendre jusqu’à la Passerelle d’Oussy. La douleur est de retour, je me calme donc un peu dans cette descente.

 

Passerelle d’Oussy : 109.8km – 254ème – 21h51

Recharge rapide en eau. Pas de quoi manger ici. Ça tombe bien je n’ai pas faim. Et je repars pour une petite grimpette. Ce n’est pas encore la montée du Maïdo. Mais elle me fait du bien, ce changement de sens, de repartir en montée me permet de reposer certains muscles et surtout mon tendon. Je rebascule assez rapidement sur une nouvelle petite descente… allez c’est la dernière avant le monstre, le MAÏDO !!!!

Avant cela, il me faut traverser la rivière des galets à gué. Avant la course, j’y avais déjà réfléchi, je la traverserai sans les chaussures. Je vais donc prendre mon temps : je quitte les chaussures et chaussettes. Je traverse difficilement dans le noir juste à la lumière de ma frontale en faisant attention à ne pas glisser (un bénévole est de l’autre côté au cas où). Alors que d’autres traversent sans quitter les chaussures., je dirai que c’est du 50/50 sur le choix de quitter ou non.

Après cette petite pause, j’entame la longue ascension du Maïdo de 9km. Pour cette ascension, je sors ma carte joker : La musique. Je ne cours jamais avec. Etant malentendant, j’ai beaucoup de mal à percevoir le bruit venant de derrière donc avec la musique je m’isole encore plus. Et pourtant la musique peut être bénéfique, permet de redonner un coup de Peps. Mais je préfère l’utiliser en ultime recours. Et la montée du Maïdo s’y prête parfaitement, elle est longue et ennuyeuse. Il fait nuit donc rien à voir. Je ferai donc l’intégralité de la grimpette au rythme de la musique.

Le premier objectif est le ravito de l’Ilet des orangers à 3km. Je ne me pose pas trop de question, j’avance, pas de pause, j’avance. Dans la nuit noire je ne distingue pas où on va, je le devine. C’est uniquement à 100m du ravito qu’on sent qu’on s’en approche.

 

Ilet des orangers : 115.5km – 252ème – 23h49

Au ravito je continue dans ma stratégie, je ne m’y attarde pas. Je charge l’eau, une soupe, jambon, fromage et je repars le café à la main. La seule différence, je me pose quand même pour boire la soupe. Côté fatigue, ça commence à piquer mais pas suffisamment pour dormir ici.

Après le ravito une petite descente de 1km permet un peu de répit avant la montée finale de 5 km. J’en profite pour finir de boire mon café et de courir sur la fin de la descente.

Puis 2km de montée vers la brèche : point facilement repérable et me permettant de découper la montée en 2. Sauf, qu’à la brèche ce n’est pas un ravito, il n’y a pas de pause, tu enchaines.

Surtout à partir de la brèche, c’est là que tu vois le chantier qui t’attend. Le tableau est devant toi, le tracé dessiné par les frontales qui vont jusqu’au sommet. Il faut avoir le cœur accroché car même si je savais à quoi m’attendre ça fait toujours un peu mal de le voir en vrai.

Toujours avec la musique dans les oreilles, je continu mon ascension mais elle est moins rythmée. Depuis la brèche, je me permets des pauses de quelques secondes pour reprendre mon souffle. Je n’hésite pas à m’arrêter pour parler aux gens en pause sur le côté. La fatigue est bien là, les yeux piquent vraiment, je commence à faire des écarts sur le côté, je me fais peur, le vide n’est pas loin.

La montée continue par de nombreux faux espoirs d’arriver au sommet.

Finalement à l’approche du sommet, le destin aura voulu que j’ai ma musique préférée : Gone Away de The Offsprings, le kiffe.

En passant au sommet en pleine nuit, il est 00h30. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Je passe donc le Maïdo sans filmer (mon plus grand regret) seul sans concurrent ni devant ni derrière et là…. Un monde en pleine nuit à m’encourager, rien que pour moi, l’émotion me monte aux yeux, tout ça rien que pour moi. Je ne cours pas (bien que le plat soir revenu), je veux juste en profiter. Je monte depuis 4h environ seul et de voir du monde me fait un bien fou.

Après le passage du Ti-col du Maïdo, j’ai une descente de 1.5km qui m’emmène au ravito. Je profite de cette accalmie pour faire le point.

Avant la course je m’étais dit de ne pas m’arrêter ici. On est sur les hauteurs et qu’il va faire froid. Mais il y a la théorie et la pratique. Je suis super fatigué cela fait 2h que je pique du nez à me faire peur à chaque virage. Derrière ce qui m’attend, une longue descente de 15km qui va falloir courir, si je la marche, la descente va être longue. Puis je n’ai pas si froid que ça, je suis encore en T-shirt.

De toute façon cela fait 2h que j’y réfléchi, il faut que je dorme. J’averti Véro pour qu’elle ne parte pas tout de suite à Ilet Savannah notre prochain point de rencontre.

 

Piton des orangers : 123.3km – 227ème – 26h49

Au ravito, je vais directement à la tente médicale pour trouver un lit.  La tente est quasi complète, reste 2 lits de dispo, la lumière est allumée surement pour qu’on ne soit pas trop dans le confort, il y a qu’un seul médecin/infirmier pour s’occuper de nous.

Je m’allonge en mettant mon réveil 40 minutes plus tard mais très vite je suis pris de frisson. On me rajoute une couverture de survie en plus de la couverture en laine. Mais rien n’y fait.

Au bout de 40 minute, le réveil sonne. J’ai toujours ces frissons, je n’ai pas l’impression d’avoir dormi mais je n’arrive pas à me lever. Véro m’appelle car je ne lui ai pas donné de nouvelle comme prévu. Elle me supplie de me lever et de bouger, il faut que je sorte de ce cercle vicieux. Elle a raison, je m’exécute timidement. Tout en gardant la couverture, je me dirige vers la tente du ravito pour prendre un café dans un premier temps. Puis je mange et me recharge en eau, les frissons ont disparus mais j’ai encore froid. Pour quitter la couverture, j’enfile tous ce que je peux, sous-couche, veste. Un dernier café et je suis reparti dans cette longue descente de 15km.

Très vite je me réchauffe et je dois quitter des couches. Tant mieux c’est bon signe. Sauf que le moral n’est pas au beau fixe. J’ai sommeil et je sais que la descente va être longue. 15km que je ne vais pas beaucoup courir, du moins un début. Mon roadbook m’avait calculé une descente de 3h40, je m’étais dit que je pourrai le faire en moins de temps mais j’avais laissé ce calcul pour me créer de la marge. Finalement, c’est le temps que je vais mettre.

Je n’avance pas et je m’en rends bien compte, au bout d’une heure j’avais fait que 3km. Pas facile pour le moral mais le côté positif, c’est que pas grand monde me double et j’en double aussi donc c’est difficile pour tout le monde.

Le sommeil m’envahit, les yeux se ferment. Il me faut courir pour me réveiller sauf que je n’y arrive pas. Je n’ai pas le souvenir que les chemins soient techniques, mais avec la fatigue pas facile de courir.

Au bout de 10km (il me semble) la descente se fait sur route à travers Sans Souci. Je peux enfin me relancer et avancer. Mais cela reste long, je n’ai qu’une envie me reposer et fermer les yeux.

Tout le long de la descente, je me suis dit que j’allais la finir cette Diag et que je pouvais me permettre de perdre 3 / 4 heures à la base de vie de Savannah. Je me fais déjà mon programme : douche, kiné, dodo et rougail...

Après un dernier passage A/R à travers une pente technique (merci à l’orga de ce passage inutile), j’arrive auprès de Véro pour me reposer.

 

 

 

Ilet Savannah : 140.5km – 266ème – 31h25

Arrivé au Ravito, j’expose mon souhait à Véro. Pas trop compatible avec sa présence car il me semble que je ne peux pas ressortir et rentrer dans le ravito comme je le souhaite. Mais à mon plus grand étonnement, le militaire qui gère le flux (très sympathique, serviable, calme,) me confirme que je peux aller et venir comme il me convient entre le ravito et la zone d’assistance.

Je vais donc dans un premier temps récupérer mon sac d’allègement (à la base, Véro ne devait pas venir et je devais me contenter du sac d’allègement. Elle devait aller au Maïdo mais à la vue de mon passage de nuit et de l’orga pour y aller (navette et 1h de marche) je lui avais demandé de ne pas y aller). J’en profite pour me servir sur le ravito et là, surprise… des crêpes !!!!! Un délice, j’en mange 4 ou 5, jamais assez mais suffisamment pour faire revenir le sourire.

Je rejoins Véro, le jour se lève, ça fait du bien. On commence à discuter de cette nuit, et au fil des discussions je lui demande mon classement (je refuse toujours qu’on me le dise) et là, surprise. Je suis 300ème environ et le plus surprenant c’est que je reste stable. Ma descente vers Savannah ne m’a pas fait perdre tant de place (je pensais avoir perdu 100/200 places). Cela me redonne le sourire et me montre que je ne suis pas tant à la rue que ça. Je décide donc de ne pas prendre le temps que je m’étais dit avec kiné/dodo…

Je me rhabille, un dernier Yop (tant pis pour le rougail) et je suis repartir pour la dernière partie de ma Diag.

Je me serai quand même arrêté une petite heure. J’ai une heure de retard sur mon Raodbook mais c’est sans grande importance car je suis sur un bon rythme et je sais que je vais finir avant la 3ème nuit.

Après avoir traversé la rivière des Galets, j’attaque la montée vers le Chemine Ratinaud. Je ne sais pas pourquoi je m’étais fait toute une montagne sur cette montée. En réalité, une grande partie de la montée se fait sur une route à travers un lotissement. La montée se fera tranquillement, je me rends compte que je suis quand même lent, je n’arrive pas à suivre les autres coureurs.

La descente derrière vers le prochain Ravito est un enfer et le mot est faible. Ce n’est plus du trail c’est de la via Ferrata et avec ma douleur au tendon d’Achille, je ne peux pas aller vite mais c’est pour tout le monde pareil.

 


 

Chemin Ratinaud : 147.3km – 270ème – 33h58

Petit arrêt rapide au ravito. Le 1er du trail du Métis ne tarde pas à me doubler (les 1ers du Bourbon m’ont doublé à Ilet Savannah). Le chemin menant vers Possession est moins technique qu’avant mais avec mon tendon ce n’est pas ça. Je me suis fait une raison, je ne cours plus dans ces descentes techniques mais quand je retrouve des chemins de 4x4 ou plus roulant je fais l’effort.

 

La Possession : 155.6km – 272ème – 35h54

A la possession je retrouve du monde. Sophie avec qui je parle un peu. Puis Véro et Fabien, je ne reste pas longtemps car j’ai qu’une idée en tête finir au plus vite. Et enfin Alice (ancienne collègue de boulot) que je retrouve juste avant le chemin des Anglais.

Ah !!! Le fameux chemin des Anglais… J’ai de la chance, il fait nuageux, pas de soleil, ce qui me donne la tâche plus facile, il faut être franc. Toutefois, ils annoncent de la pluie, donc je ne veux pas trainer.

Côté difficulté, certes les pierres ne sont pas alignées parfaitement mais quand même, j’ai connu pire. Je vous invite à faire la coulée de lave de Bourianne sur le Trail de Tiranges. Un bel exercice.

Du coup, le chemin des Anglais se passe plutôt bien pour moi, j’ai un bon rythme, pas de grosse chaleur, hormis la descente vers Grande Chaloupe qui reste pentue et compliquée.

 

 

 

Grande Chaloupe : 162.9km – 282ème – 37h54

Dernière assistance avec Véro. J’y retrouve également Fabien et Alice. Je me change et enfile le maillot du Grand Raid. Ça sent la fin. Je me fais même interviewer par le direct du Grand Raid.

Je ne traine pas, je veux finir rapidement.

Je quitte Grand Chaloupe avec le sourire, dans l’idée que c’est fini. La 1er grimpette vers Saint Bernard est à l’image du chemin des Anglais, rapide et efficace. Je double des coureurs mal en point. Pire, un ne peux plus avancer, veut abandonner, j’essaye de l’en dissuader.

A Saint-Bernard, après une descente sur route, je me rends compte que finalement il me reste une dernière grimpette et pas des moindres. Les pluies des derniers jours l’ont rendu impraticable même les 1ers de la Dag dont Mathieu Blanchard s’en est plaint.

Je fini ma dernière montée de ma Diagonale des fous à 4 pattes dans la boue. Je peste, j’hurle c’est horrible de finir comme ça après 40h d’effort. Sincèrement ça m’a enlevé un peu les émotions que j’avais sur le final.

 

 

 

Colorado : 171.4km – 275ème – 40h16

Dernier ravito rapide, l’arrivée est en bas, on a tous envie de la rejoindre rapidement.

Mais la descente va être longue pour moi. J’ai trop mal au tendon. Je me force à courir mais je ne suis pas efficace. Je passe mon temps à laisser passer les autres coureurs notamment ceux de la Métis et du Bourbon.

Mais faut savoir être patient, l’arrivée est là, en bas. Je m’y approche petit à petit.

En bas de la descente, j’appelle Véro pour la prévenir que j’arrive.

Sur le plat avant le stade de la Redoute, j’essaye de trouver des émotions, de me dire que j’arrive enfin. Mais rien.

Je rentre enfin dans ce Stade de la Redoute, j’y retrouve Véro. On fait quelques mètres ensemble et me laissera passer la ligne d’arrivée seul.

Je suis heureux mais je ne pleure pas de joie alors que j’ai pleuré avant et pendant la course mais là à l’arrivée : rien.

Je récupère ma médaille, mon T-shirt et une dernière photo.

Je rejoins le ravito de l’arrivée où une jeune fille sympathique me propose de l’eau… j’ai gentiment refusé. 41h00 à boire de l’eau, je mérite bien une bonne bière maintenant.

 

La Redoute : 175.3km – 281ème – 41h28min26sec

  

  

3 commentaires

Commentaire de Scoubidou posté le 11-11-2024 à 17:11:22

Bravo pour ta course et merci pour ton récit que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.

Commentaire de Papou43 posté le 11-11-2024 à 20:55:32

Merci beaucoup.

Commentaire de keaky posté le 12-11-2024 à 14:55:03

Bravo à toi !! Belle revanche, une course très réussie, comme ton récit plein de détails à mettre de côté ;)

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