Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2006, par Olivier974
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Mon 1er Grand Raid
20-21-22 oct 2006 - Mon premier Grand Raid
H – 4
Je quitte ma chère et tendre… Un dernier bisou, quelques mots d’encouragement et je me dirige vers l’arrêt de bus ou le car de l’organisation doit ramasser les raiders dans 30 minutes. Malgré mon avance, une quinzaine de fous attendent déjà. Je ne parle à personne, je préfère me concentrer sur l’événement que je prépare depuis plusieurs mois. Certains raiders rient aux éclats, pour masquer leur peur peut-être, alors que d’autres sont assis à l’écart, immobiles, la tête dans les mains. Beaucoup de conducteurs nous klaxonnent en passant et nous encouragent.
H – 3
Les cars de l’organisation arrivent enfin. Je m’installe dans le premier où il reste quelques places. Mon voisin dort déjà, je prends garde de ne pas le réveiller. L’ambiance est détendue, des bribes de discussion arrivent à mes oreilles ; on parle de tout sauf de la course à venir. J’avais prévu faire un somme pendant le trajet mais je constate rapidement que je n’y arriverai pas car trop de choses se bousculent dans ma tête.
H – 2
A chaque minute qui passe, le silence s’installe d’avantage, si bien qu’à quelques encablures de St Philippe c’est un calme olympien qui règne dans le car. Nous arrivons dans les embouteillages. Cela fait du monde 2200 coureurs ! Nous marchons les derniers hectomètres jusqu’au stade. J’aperçois le sas de départ ; à ma grande surprise de nombreux raiders sont déjà prêts à partir. Cela doit être important pour eux de gagner quelques minutes….. Point de passage obligé : vérification des sacs et du matériel obligatoire : frontale, élastoplast, eau, pile et ampoule de rechange, sifflet, vêtement de pluie et couverture de survie. Première étape réussie ! J’attrape au passage un café, un croissant et je rentre dans le stade.
H – 1
Je m’assieds au pied du podium où se trémoussent des enfants sous les maloyas endiablés d’un groupe local. Derniers préparatifs : je me passe de la crème anti-frottements sur les pieds, j’enfile mon bonnet, j’ajuste les sangles de mon sac à dos qui me semble énorme par rapport aux autres raiders, j’appose ma frontale sur mon front et je me relève, histoire de ne pas m’engourdir les jambes. Une pluie fine commence à tomber ! Ca commence mal ! Heureusement c’était juste pour nous stresser, cela s’arrête aussi vite que cela a commencé. Bulletin météo rassurant et encouragements de l’organisateur, appel des vedettes (Jacquerot, Delebarre, Fontaine, Oulédi, Techer, Herry, Favre…etc), évacuation des cracheurs de feu et c’est le décompte final… 5….4….3…..2….1…C’est parti sous les flashes des photographes et les applaudissements de la foule !
Départ 20/10/06 – 01H00 – Altitude 17 m
J’ai décidé de ne pas courir mais je m’y résigne pourtant : mieux vaut courir qu’être piétiné ! 500 m plus loin j’ai la possibilité de marcher ouf ! J’adopte un pas rapide. Des centaines de coureurs me doublent. Je souris en pensant à cette fable de La Fontaine ! Vous savez, celle avec un lièvre et une tortue ! Je ne sais pas si j’ai choisi la bonne attitude mais c’est trop tard pour changer de tactique. La foule est amassée de chaque coté de la route et nous acclame. Je me dis que tant d’honneur présage certainement une suite particulièrement difficile. Après 3 Kms nous quittons la nationale pour monter dans des champs de canne sur un chemin bétonné.
Fin chemin ceinture – Km 4.8 – Altitude 98m – 45 minutes de course
Ravitaillement marathon. Je ne m’arrête pas car j’ai tout ce qu’il faut avec moi. Je garde le même rythme mais c’est désormais une route forestière sous mes pieds, en bon état mais il faut rester concentré, quelques galets par ci, quelques flaques d’eau par là… C’est trop tôt pour se mouiller les pieds.
Sentier du volcan – Km 15.9 – Altitude 685m – 2H25 de course
Un coca, une cuillère à café de sel, un quartier de pomme, un carré de chocolat. J’emporte 2l d’eau et je fais 5 minutes d’étirements. Je m’approche du départ du sentier et là, changement de décor : sentier très escarpé, de hautes marches à franchir, impossibilité de doubler, résultat : embouteillages…Pas de doute on est à la Réunion !! La montée se fait très tranquillement avec de nombreux arrêts forcés où je profite de m’étirer. Une concurrente redescend ; elle dit avoir égaré le capuchon de l’objectif de son appareil photo, j’hallucine ! Le jour se lève. En me retournant j’aperçois le littoral au loin. Je ne pensais pas être déjà si haut ! Je me sens toujours très bien, juste légèrement essoufflé par l’altitude.
Foc Foc/Crête de l’enclos – Km 23.7 – Altitude 2350m – 6h30 de course
Je m’arrête environ 20 minutes. Plein d’eau, soupe, chocolat et étirements. En repartant je rencontre Yannis, un camarade. Il souffre d’échauffements à l’entre jambe. Ma crème anti-frottements est la bienvenue. Les paysages sont magnifiques. J’aperçois beaucoup d’anciens cratères et les fumées blanches du volcan toujours en activité. Je fais quelques pauses car je respire moins facilement. Je croise des randonneurs avec des enfants…je ne dois plus être très loin du prochain ravito. J’aperçois une voiture au loin, puis deux… j’arrive au parking de la route du volcan.
Route du volcan – Km 30.9 – Altitude 2320m – 7h50 de course – 1509ème
Ravitaillement rapide, étirements, je m’assieds sur une chaise (bonheur suprême !) je me masse les pieds, je change de chaussettes et je repars. Il fait frais mais le soleil commence à chauffer. Je troque mon bonnet contre la casquette officielle. Je traverse la plaine des sables, toujours aussi lunaire et désertique. Je m’imagine en train de participer à la célèbre 555 dans le désert du Ténéré !! Un jour peut-être, avec quelques dizaines d’années d’entraînement en plus ! La montée du rempart des basaltes m’offre un point de vue magnifique sur la plaine des sables. Je commence à souffrir de la chaleur et c’est tranquillement que j’atteins l’oratoire Sainte Thérèse, point culminant de la course avec ses 2380m. Je redescends en direction du piton Textor.
Piton Textor – Km 40.1 – Altitude 2165m – 10h00 de course
Le temps s’est couvert et ce n’est pas pour me déplaire. Je me dis qu’ayant passé le point culminant, la suite sera plus facile (on se motive comme on peut !). De nombreux participants se font masser par leur assistance. Je ne les envie même pas car pour l’instant mes jambes répondent très bien. Je traverse maintenant les pâturages de la Plaine des Cafres. C’est très roulant et je décide de courir quelques kilomètres. Je me sens bien mais je ne force pas l’allure car la route est encore longue. Quelques échaliers plus tard, me voici sur une route. Je n’aime pas ça, je n’ai plus l’habitude du bitume… je marche tranquillement jusqu’à la nationale, puis je me dirige vers le premier gros ravito. Il y a beaucoup de spectateurs et les encouragements font chaud au cœur.
Mare à Boue – Km 50.4 – Altitude 1594m – 11h30 de course – 1443ème
Pâtes, poulet grillé, café, soupe, fruits… C’est la totale et j’en profite, mais sans me «blinder » l’estomac. Je récupère le sachet que j’ai fait déposé par l’organisation et je refais le plein de gâteaux salés et fruits secs. Je fais cadeau à un bénévole des barres énergétiques que je n’arrive plus à avaler. Petit coup d’œil sur mes pieds : RAS ! Merci la crème anti-frottements ! Je sais maintenant que j’irai au moins jusqu’à Cilaos. J’arriverai difficilement jusqu’au Kerveguen en essuyant mes premiers moments de moins bien. Il n’y a pas trop de boue pour une fois mais je m’arrête 2 fois 10 minutes pour m’étirer et me remotiver. J’imaginais cette partie beaucoup plus rapide et ça me met un petit coup au moral.
Kerveguen – Km 59.5 – Altitude 2206m – 14h50 de course – 1374ème
Grosse ambiance : sono et fous rires. Les bénévoles ont la patate ! Je repars gonflé à bloc ! Je me promets d’arriver à Cilaos avant la nuit et je dévale les 800m de dénivelé et 4 Km du coteau comme un dératé ; Je ne sais pas quelle mouche m’a piqué mais moi qui ai le vertige habituellement, je me surprends à descendre certaines échelles sans les mains et à couper les virages! La fin du rempart est plus calme à cause d’un léger embouteillage. C’est la pleine forme. Je zappe le ravito au pied du Kerveguen et je me remets à courir direction Cilaos en passant par la ravine du bras de Benjoin. J’y suis presque. Deux charmantes petites demoiselles m’applaudissent et m’offrent des chips et du chocolat. Je les remercie de leur accueil et je repars de suite. Voici le stade de Cilaos. Il fait encore jour …. Pari gagné…
Cilaos – Km 67.2 – Altitude 1382m – 17h10 de course – 1293ème
Je commence par me faire masser les jambes et le dos. C’est dingue comme un massage peut vous remettre d’aplomb ! Je n’ai plus aucune douleur ni courbature ! J’avais prévu de m’arrêter 3h à Cilaos mais je veux profiter de ma forme actuelle pour gravir une des grosses difficultés restantes, le col du Taîbit. Je me restaure, je refais mon sac, je me change et je donne un sac à l’organisation pour faire déposer…..à l’arrivée ! C’est décidé, j’irai au bout ! Je repars après 1h15 d’arrêt en compagnie de Serge, un raider entraîné pour faire le raid en 30h, mais blessé au tibia depuis le sentier du volcan par un concurrent qui l’a déséquilibré en tombant. On décide de faire route ensemble. Le temps de faire les présentations et le tour du Bras Rouge est déjà passé…Nous voici au départ du sentier du Taîbit.
Début sentier du Taîbit – Km 74.3 – Altitude 1260m – 21h00 de course
La nuit s’annonce fraîche… 2 bols de soupe et nous devons repartir car nous commençons à nous refroidir. Nous passons devant la célèbre tisanière, qui propose sa tisane appelée l’ascenseur pour nous aider à gravir le col. Serge ne s’arrête pas, je le suis. Nous doublons un concurrent assez âgé, qui semble en peine… quelques encouragements et on le quitte… Il avance lentement, mais il est bien conscient. La montée sera longue…..très longue…Impossible de s’arrêter sinon le froid nous tétanise les muscles. Nous sommes accueillis au sommet (2080m) par un vent glacial et attaquons de suite la descente de 2 Km jusqu’à Marla. Nous apercevons le PC en bas, mais chaque mètre que nous descendons, il semble s’enfoncer d’autant dans les entrailles de la terre !! Après une interminable descente, nous le rattrapons!!
Marla – Km 80.5 – Altitude 1580m – 23h45 de course – 979ème
Le PC me rappelle Noël : Tous ces concurrents enroulés dans leur couverture de survie à même le sol ressemblent à des papillotes ! Il fait si froid que je ne dormirai qu’1/2h sur les 3h de pause. Un petit en cas, un café et il faut repartir. Un concurrent se réveille et grille une cigarette….Quelle folie ! La descente sur 3 Roches se passe plutôt bien, cette pause nous a fait du bien
Trois Roches – Km 83.5 – Altitude 1220m – 27h30 de course
J’ai un début d’ampoules…Je remets de la crème anti-frottements et je les couvre par de l’élastoplast. Nous repartons de suite. Le sentier est maintenant très technique, vu la fatigue accumulée et la nuit encore bien installée. Passage de galets, Franchissements de petits cours d’eau mais surtout parcours toujours en montée ou en descente, pas de plat ou si peu….Le ciel se dégage enfin pour laisser poindre le jour sous les nuages et une petite pluie très fine. Serge dort debout et ça devient dangereux. Il s’assied sur un rocher pour dormir, après s’être assuré que je le réveillerai 15 minutes plus tard. Cette pause me glace les reins et je suis heureux de repartir. Il fait jour maintenant.
Roche Plate – Km 88.8 – Altitude 1095m – 29h30 de course – 1035ème
Les bénévoles sont en pleine forme. Nous parlons du stade (de la Redoute) et ils commentent le stade (..avancé de notre folie). Nous repartons bien requinqués. Des randonneurs sont hilares en me surprenant à me brosser les dents en marchant. La journée s’annonce très chaude car le soleil me brûle déjà. Je fais un coucou à mes proches par l’intermédiaire d’un cameraman à bord d’un hélico qui nous filme lors d’un passage vertigineux à flanc de falaise. Nous arrivons maintenant sur le terrain d’entraînement de Serge. Il connaît le moindre galet et il peut courir. Je le suis en posant mes pieds sur les traces de ses chaussures.
Ecole des Orangers – Km 93.7 – Altitude 950m – 31h30 de course
Serge se fait soigner une ampoule. J’apprends qu’un concurrent est évacué plus loin (nez cassé et genou vrillé), surtout ne pas oublier d’être prudent….. Nous repartons en trottinant jusqu’au captage des Orangers puis c’est la descente dans le lit de la rivière des galets, sous un soleil de plomb qui me vaudra des coups de soleil aux cuisses et aux mollets. Je ralentis car les muscles des cuisses commencent à me faire souffrir. Une passerelle pas très vertigineuse, un dernier raidillon et nous voici au PC suivant.
Ecole Grand Place Les Bas Cayenne – Km 98.6 – Altitude 650m – 33h15 de course – 977ème
Serge décide de dormir à nouveau 15 minutes. J’en profite pour me passer de la crème solaire qu’une bénévole m’a gentiment prêté et je mets mon pull à sécher sur une chaise en plein soleil. Je m’étire longuement. Nous repartons après nous être bien hydraté. Cette boucle dans Mafate tant décriée car rajoutée par l’organisation offre néanmoins des paysages magnifiques. Je reviendrai ici c’est promis, pour passer quelques heures là ou le temps semble s’être arrêté. Voici maintenant Aurère où nous nous arrêtons pour nous restaurer. Juste le temps d’avaler quelques fruits secs et je m’endort sans même m’en rendre compte. Serge me réveillera 15 minutes plus tard. Une concurrente attend l’hélico pour être évacuée.. problème d’aducteurs…Puis nous repartons pour une longue descente, toujours en plein soleil, qui débouche sur une passerelle 50m au dessus du vide que je traverse sans me poser de question et surtout sans regarder en bas ! Catastrophe ! Je m’aperçois que j’ai oublié mon pull à Grand Place ! Tant pis je continue…Il existe un Bon Dieu : je trouve un pull abandonné sur le bord du sentier ! Un peu sale mais tant pis il me sera utile !La descente jusqu’à la rivière des galets dure une éternité. Serge a compris que je ne vais pas très fort. Il me laisse devant et j’avance à mon rythme, sans parler en me remotivant et en pensant aux heures d’entraînement pour être là. Je n’en peux plus et j’accélère pour relancer la machine. C’est concluant, je retrouve un semblant de forme. Quelques passages de rivière en équilibre sur des galets et voici ENFIN le poste de 2 bras.
Deux-Bras – Km 116.7 – Altitude 255m – 38h30 de course – 923ème
Nous décidons de ne pas nous attarder car un coup d’œil circulaire nous offre un spectacle peu motivant : les organismes sont fatigués, usés, les regards sont parfois creux et en levant les yeux apparaît déjà la dernière grosse difficulté de ce raid, le rempart de Dos d’Ane. Donc pas de massage, pas de repos, juste quelques étirements, le plein d’eau, une assiette de riz lentilles et c’est le départ après seulement 11 minutes d’arrêt. Pas le temps de cogiter, la pente nous montre de suite a quelle sauce nous allons être mangés. Je m’arrête deux minutes pour ôter une épine de ma chaussette. Serge continue il ne m’a pas vu stopper, je le laisse partir sans dire un mot. Quelques instants plus tard, il m’appelle…. Je ne réponds pas, stoppe 5 minutes et je repars ; Je ne veux pas poursuivre avec lui car malgré sa blessure, il est plus en forme que moi et je ne veux pas le retarder jusqu’à la Redoute. Je ne lui dis pas car bien évidemment, sa gentillesse lui conseillerait de m’attendre. Je monte seul désormais. Mis à part quelques mètres de plat, la montée est très difficile, avec des passages limite escalade sécurisés par des câbles pour me hisser avec les bras. 2h d’effort et 650m plus haut j’arrive enfin à Dos d’Ane. De nombreux spectateurs m’encouragent. Je passe le ravito sans m’arrêter car le suivant n’est qu’à ½ heure, il faut juste se rendre au stade par la route, dans les hauteurs du village.
Stade de Dos d’Ane – Km 123.7 – Altitude 1064m – 41h15 de course – 863ème
Je me renseigne sur Serge : il est passé au pointage ½ heure plus tôt. Je suis rassuré, j’ai eu raison de le laisser filer. Je mange rapidement 2 bols de soupe et je repars car je veux me rapprocher au maximum de l’arrivée avant la nuit. Un petit garçon m’accompagne les quelques mètres de route avant le sentier. Il me dit vouloir faire le Grand Raid quand il sera grand et me montre à quel point il court vite. Je le félicite et lui donne rendez-vous dans quelques années. La première partie de l’ascension se déroule sans problème, la nuit commence à tomber et je jette un dernier regard sur les projecteurs du stade en contrebas. Soudain, le chemin sur la crête se rétrécit pour ne faire que 50cm de large ! Ayant le vertige, je me mets à courir pour passer cet endroit au plus vite, avant que mes jambes ne me jouent un mauvais tour. Je commence à avoir des hallucinations : sur les feuilles mortes et les galets, je distingue des visages qui me regardent….il faut vite que j’arrive car la fatigue me rattrape. Je m’arrête quelques instants vers un concurrent qui galère pour changer les piles de sa frontale dans le noir. Nous faisons route ensemble. Je ne tarde pas à accélérer pour le lâcher car son téléphone sonne sans cesse, entre madame qui s’inquiète et les sms des amis, cela devient insupportable. Je paie cet ultime effort cash et je frise l’hypoglycémie ; mes jambes flageolent. J’avale difficilement une barre chocolatée avec l’aide d’au moins ½ l d’eau pour aider à la faire passer. Et c’est reparti pour un raidillon….bizarre, je croyais qu’il n’y en avait plus….pas grave je ne suis plus à ça près…Puis enfin c’est la descente dans les goyaviers ; mes hallucinations sont à leur paroxysme : je vois des chats, des visages, parfois même des cases créoles ! Je dois relever la tête quelques secondes pour retrouver une vision normale. J’arrive enfin au kiosque d’Affouches ou je me ravitaille et je repars aussitôt, pressé d’en finir. Je rencontre Jimmy avec qui je fais route maintenant. Il est au moins aussi épuisé que moi. Au terme d’une descente éprouvante, nous arrivons au Colorado.
Colorado – Km 138.3 – Altitude 680m – 47h00 de course – 859ème
Dernier point de contrôle. Des spectateurs chantent à tue-tête sous l’effet de l’alcool ingurgité pour se réchauffer. Un bénévole me demande d’enfiler le Tee-shirt de l’organisation car en bas, c’est l’arrivée. Pas d’étirements, juste un peu de soupe et je repars. Il parait qu ‘il faut 1h30 à 2h pour le dernier tronçon. J’ai tellement mal aux jambes que je repars en courant pour oublier la douleur. Je mettrai plus de 2h pour arriver en bas, tenu en éveil par la vision du stade tout en bas. Ces 5 derniers kilomètres me semblant en faire au moins le double. J’arrive enfin sur la route. Une charmante bénévole stoppe une voiture afin de me laisser traverser…Un grand merci aux 1000 bénévoles sans qui bien sur je n’aurais pu terminer, un grand merci, du fond du cœur..…plus que 100m à parcourir… J’ai la gorge nouée….
Stade de la Redoute – Km 143.3 – Dénivelée positive totale 8742m – 49h04’11’’ de course – 859ème
Je rentre dans le stade l’air hagard. Je franchis la ligne sous les percussions d’un musicien déchaîné et les applaudissements des personnes encore présentes à cette heure tardive. On me remets mon tee-shirt de finisher, une médaille et quelques cadeaux des sponsors. Je n’ai toujours pas réalisé que c’est fini. Je ne sais plus où aller. Je pars m’asseoir sur la pelouse. Je mets la tête dans mes mains et je ne peux retenir quelques larmes. Je me remémore les magnifiques paysages traversés et toutes les rencontres survenues au fil des heures. Enfin je réalise….Que d’émotions…. J’oscille entre la joie d’être arrivé, et la tristesse d’être au terme d’un pari fou, commencé le 06 janvier 2005 lorsque j’ai arrêté de fumer et pris la décision de faire cette course de folie. Que vais-je faire demain ? Je reviendrai l’année prochaine c’est sur…mais plus entraîné encore car je ne veux plus connaître la troisième nuit de course !!!
Olivier – Dossard 1721
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3 commentaires
Commentaire de titifb posté le 02-11-2006 à 13:16:00
Suberbe récit, plein d'émotions. On vibre et souffre avec toi ! BRAVO !
Titifb
Commentaire de Geronimo posté le 03-11-2006 à 08:50:00
Formidable récit, et quelle gestion de course !
J'espère moi aussi pouvoir participer à cette épreuve mythique.
Bravo !
Commentaire de Tamiou posté le 06-11-2006 à 09:24:00
Bravo Olivier, super réçit, en plus en étudiant tes temps de passage on devait être ensemble, avant que je m'arrête...
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