L'auteur : vinzz
La course : Saintélyon
Date : 7/12/2008
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 4467 vues
Distance : 69km
Objectif : Pas d'objectif
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Quelques nuits, avant, je me réveille en cauchemar, en sueur, je n'irai pas à cette course elle est trop dure, trop longue, les récits que j'en ai lu ici même montrent que je ne suis pas prêt à faire cette course, que je ne connais pas cet espace au bout de 4 heures de courses... Mais le pire serait de se défiler de trouver un prétexte bidon, comme cette angine en début de semaine... alors non, j'irai... mon entrainement est léger, les trois dernières semaines, une seule sortie et en plus un déménagement dans les mollets la semaine d'avant, qui au lieu de me maintenir en forme m'aura peut être épuisé...
Je retrouve Didier, Hervé, Bertrand et André, des collègues de travail ce sont eux qui m'ont décidé : viens avec nous, c'est possible... c'est sympa l'avant course, l'attente au parc des expos de Saint Etienne la mise en position...
Je ne sais pas si je vais parvenir à pouvoir avoir des souvenirs de toute la course... Quand j'y repense je n'ai que des flashs...
Bertrand, Didier et Hervé qui ont décidé de courrir ensemble me disent de les accompagner, mais je connais leur niveau (très bon) et je me dis que si je pars avec eux, je vais être en surégime, et que si j'arrive à les suivre au début ensuite je vais m'accrocher et exploser...
Puis le départ, c'est la première fois que je cours de nuit dans ces conditions, je suis très bien au début, et l'euphorie me gagne : je n'ai pas de chrono, pas de temps, donc je ne sais pas du tout sur quelle base je suis, les premières difficultés arrivent mais ça monte tout seul je ne le saurai que ce jour, mais je suis passé en 1h50 à Saint Christophe en Jarrest... Donc, très très largement en surégime sur une distance de 69km... Il y a des portions très difficiles, très glissantes, boueuses... Des coureurs tombent déchirent leur collants, semblent se faire mal, même si ils disent que tout va bien... Je glisse plusieurs fois, mais j'arrive toujours à me rattraper, c'est peut être sur une des ces glissades, que je sens le genoux se tirer, à l'intérieur, mais c'est chaud, ça va donc... Ma tenue n'est pas terrible, je suis beaucoup habillé et j'ai beucoup transpiré, je suis humide donc, là je suis chaud, ça va, mais après...
La nuit, et ce sera mon impression, on est seul, on court seul, on ne peut discuter, échanger, ne serait que voir les autres courreurs : moi qui aiment bien parler en courant, puisque cela me permet de ne pas penser au fait que je cours, je me retrouve esseulé... Je ne m'y attendais pas...
La bascule de ma course se fait à Sainte Catherine : la descente sur ce village m'aura été traumatisante, mon genou me fait horriblement mal, il a dû se jouer d'une glissade ou d'un appui, que faire ? Abandonner ? Je n'ai jamais abandonner une course, jamais, et le fait que j'abandonne, je ne pourrai plus le dire, et l'objectif que je me suis donné pour ma première Saintélyon : Finir, Finir même à 4 pattes...
Je réssaie encore un peu, mais je ne peux plus courrir en descente, le genoux n'est plus assez fort, en montée je marche, en descente, je marche, sur le plat, je cours un peu mais très vite, je dois m'en remettre à espérer des montées pour marcher : inlassablement des coureurs me doublent...
On est après Sainte Catherine "Mais c'est Vincent", je reconnais la voix de Didier, il est avec Bertrand et Hervé, c'est cool me dit il on se met ensemble et on finit ensemble, je leur dis que je suis mort, ils me disent, nous aussi, viens... J'essaie un peu : ils restent 20 bornes ? je dis. Non, 38... Là le moral en prend un gros coup, j'essaie de courrir un peu mais le genou me fait mal... Ils me dépassent me disent qu'ils m'attendent : non les gars je ne pourrai pas, allez y ! je ne fais plus que marcher maintenant, mes habits sont humides et je prends froid, je suis seul, des dizaines et des dizaines de coureurs me doublent, sans arrêt... C'est le début de l'enfer, les kilomètres s'llongent, s'allongent...Le moral est en berne, les kilomètres sont interminables... A 10 km de l'arrivée c'est le ravitaillement de Beaunat dans un garage, là je dis si il y un bus qui me ramène à GERLAND je monte dedans, je vois un coureur qui s'enveloppe dans un couverture de survie et qui monte dans une voiture, je l'envie, j'ai envie de monter avec lui, qu'on en finisse... mais je continue, la desente de Sainte Foy sera terrible, un cauchemar, je descends pas à pas... Un autre courreur qui doit être blessé, descend de travers pour ne pas souffrir, (mais il va bien plus vite que je ne le peux) j'essaierai même (sans succès) de descendre à reculons pour moins souffrir, je ne voudrais pas endommager mon genou pour 6 mois, à cet instant je crois que c'est une tendinite... Enfin, je traverse le Rhône, des Lyonnais que je croise, me félicitent, je lis dans leur regard de la pitié, je suis à bout, il reste 5 km, c'est vite passé 5 km... C'est interminable, les quais sont longs et l'entrée dans la palais des sport longue, longue... Je continue à me faire doubler : Depuis Saint Christophe en JAreste je me ferai doubler, inlassablement doubler par 1159 courreurs plus tous les relais... Même ceux qui marchent me doublent à une vitesse vertigineuse qui me laisse sur place.
11h03 : j'ai terminé, je ne reviendrai jamais sur cette course elle est inhumaine... C'est mon premier sentiment.
La Saintélyon m'a dompté, elle a été plus forte que moi.
Aujourd'hui le lendemain, mon genou ne va pas si mal, je ne crois pas que ce soit une tendinite mais plutôt un étirement interne dû au choc d'une glissade... Bref un truc qui devrait se remettre rapidement.
Mon équipement n'était pas bon (trop chaud), mon entrainement n'était pas bon (pas assez de km, pas assez de dénivelés, pas d'entrainement la nuit,...) mon approche n'était pas bonne (trop négative, pas la bonne vision de la course...) je n'étais pas assez reposé (lever à 6h le matin), et malgré tout cela j'ai eu la plus mauvaise gestion de la course qui soit (départ rapide, surégime...)
Je vais travaillé sur tout cela, et je reviendrai un jour sur la Saintélyon ! Car cette course est magique, indéfinissable, unique... Je reviendrai c'est sur !
Ah oui, un seul point positif de ma course : je l'ai terminée !
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12 commentaires
Commentaire de golum posté le 09-12-2008 à 00:43:00
Déja un grand bravo pour avoir terminé. Et rebravo pour ta premiére phrase: " j'ai terminé, je ne reviendrai jamais sur cette course elle est inhumaine... C'est mon premier sentiment " . T'es accro c'est fini ;o).. Je disais aussi ça aprés ma premiére Sainté en 2005(et accesoirement dimanche aussi en arrivant à gerland:o)). L'année prochaine venez avec nous à l'AAB.
Christophe
Commentaire de Aiaccinu posté le 09-12-2008 à 07:53:00
Très beau CR, Vincent ! Une petite erreur, toutefois , c'est toi qui a dompté la Saintélyon !
PS : si tu l'as refait , j'en suis.....
Commentaire de hagendaz posté le 09-12-2008 à 08:33:00
alors inhumaine ou magique? lol c'est vrai que ce genre de pensée nous traverse parfois
Commentaire de millénium posté le 09-12-2008 à 09:27:00
tu as déjà analysé les "erreurs"...Bravo , cela te permettra de gagner 1H voir plus en 2009....!
Chapeau.
Commentaire de sarajevo posté le 09-12-2008 à 13:17:00
je crois que t'es grillé .... quand on dit plus jamais, c'est qu'on a le virus ...
bienvenue donc et a bientot
a+
pierre
Commentaire de Davidou le minou posté le 09-12-2008 à 14:15:00
Bravo !! Je crois que c'est le récit que je lis où le coureur est le plus combatif. Tu as vraiment TOUT TOUT TOUT donné pour finir. Quelle force mentale !! Quelle volonté !!
Un grand bravo. C'est clair que c'est toi qui l'a domptée la Sainté !
David
Commentaire de agnès78 posté le 09-12-2008 à 19:24:00
un grand BRAVO pour être allé au bout de toi-même... et si j'ai bien compris, à l'nnée prochaine alors ;-))))))
bises
agnès
Commentaire de calimero posté le 09-12-2008 à 19:58:00
C'est bizarre j'ai eu la même réflexion : plus jamais! et aujourd'hui c'est plutôt quand est ce que je reviens?
Commentaire de MIKE13 posté le 09-12-2008 à 22:28:00
Bravo pour ta course, tu finis et c là l'essentiel. Quel courage! malgré tes differents maux.
Commentaire de vial posté le 09-12-2008 à 22:31:00
finsiher c'est l'essentiel
tu as gagné deux fois: sur cette course et sur ta souffrance
la sainté est toujours une grande école de la vie
michel
Commentaire de seapen posté le 10-12-2008 à 16:11:00
Sallut vinzz. J'ai eu l'occasion de lire quelques lettres de ces poilus de 14-18 à leurs parents leur racontant la vie quotidienne dans les tranchées rythmées par les assauts répétés des assaillants, y'à pas à dire... ça y ressemble un peu. L'enfer.
Trève de...
Bravo d'être arrivé au bout. être si mal en point si loin de l'arrivée et y arriver... chapeau. Leçon de courage. Salutations sportives.
Commentaire de gilou01 posté le 12-12-2008 à 06:37:00
bravo pour ta course tu as finis la tete a suivis le corps suivra l année prochaine
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