Récit de la course : Saintélyon 2012, par Nini

L'auteur : Nini

La course : Saintélyon

Date : 2/12/2012

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3854 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

23 commentaires

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Une descente aux enfers...

C'est l'heure du bilan... et il n'est pas tout rose...

On a commencé l'entraînement par des offs très sympas et des afters gargantuesques !! Quel plaisir de se retrouver plusieurs weekend de suite, pour la même préparation de course et aussi le plaisir de retrouver les chemins de la SaintéLyon où je me suis tant fait plaisir l'année dernière !

 

Malheureusement, 1 mois avant la date, une TFL au genou droit s'installe :-( Etirements et musculation, j'ai aussi levé le pied sur la prépa. Le moral en berne, ces dernières semaines n'ont pas été très agréables pour mes proches...

Il faut dire que je la voulais cette SaintéLyon. C'est l'un des 2 objectifs de l'année 2012 (l'autre étant le maratrail de Lans). Je voulais améliorer d'1H30 le chrono de l'an dernier, avec les 2 nouvelles portions, c'est presque 2h de mieux qu'il faut que je fasse... C'est pas gagné et le doute m'habite !

 

Nous voilà enfin le jour J avec la tête pleine d'interrogations ! Le repas au Flore était vraiment sympa, dans une ambiance feutrée, c'est agréable de pouvoir rencontrer tout ce petit monde ! Je ne sais pas si les autres ont eu la même impression, mais à la fin, l'ambiance était tellement calme qu'on se serait cru en fin de soirée, au moment où tout le monde rentre chez soi ! Sauf que...

Une fois dehors, le froid est pénétrant. Ca vous réveille bien ! Heureusement il n’y avait pas de vent. Je me dirige vers le départ avec Florent. Je rejoins mon sas après un dernier câlin et bisou. Ca fait bizarre, quand d’habitude on fait une course ensemble, Florent fait les 500 premiers mètres avec moi !

Je me retrouve seule, aucun kikourou n’est dans les profondeurs… Jusqu’à ce qu’Eowyn69, nouvellement inscrite sur kikou et copine de plus longue date arrive avec son mari. Ca a été cool de se retrouver. Je sens que cette année, après son échec de l’an passé, elle passera la ligne, ce sera sa SaintéLyon et je le lui dis (et le lendemain me donnera raison ! J). Elle mérite de la réussir cette année, elle s’est donnée beaucoup de mal !

On part donc ensemble, et passons la ligne de départ, bien 10 minutes après les 1ers, les yeux plein de larmes… Quelle émotion !

On fait route commune en papotant, jusqu’à la sortie de Sorbiers. C’était bien sympa ! Tout allait bien, je tenais l’allure de 11H30, sans me cramer, dans la bonne humeur !

J’ai sorti mes yaktrax dès la 1ere montée verglacée, c’est le début des chutes et elles seront nombreuses… Mais pas pour moi, grâce à elles, mais elles sont bonnes pour la poubelle… pas très résistant tout de même…

Je suis arrivée à St Christo dans les temps, pas fatiguée et le moral était encore au beau fixe ! Ce serpentin de lumière a tout de même quelque chose de magique et laissera des images indélébiles. Je ne saurai pas expliquer ce que l’on ressent exactement lorsque l’on est au milieu de tous ces coureurs, mais il en découle un bien être profond !

Et quelques instants plus tard, je rentre dans le ravito… et là, je déchante… J’en suis même énervée… C’est quoi ce bin’s ? C’est super difficile d’accéder à un bout de banane et du pain d’épice… Je renonce à faire la queue pour boire chaud. Et ça me gonfle ! Je taille ma route ! Grrrrrr L

Après St Christo c’est le début de la fin ! Les premiers ont tracé un chemin dans les congères, merci à eux ! Sauf que, globalement, le peloton est hésitant, ça marche beaucoup trop à mon goût  (surtout sur le plat). Mon chrono en tête, je double sur les côtés, là où la neige est peu tassée et j’y laisse des plumes !!!

Rapidement je me sens gelée dans le bas du dos, jusqu’aux genoux et je mets du temps à me rendre compte que j’avais mal fermé ma poche à eau et en grosse gourde que je suis, je ne me suis pas arrêtée pour la fermer, je ne voulais pas perdre de temps… J’essorais régulièrement ma polaire. Les doigts de mes gants de la main gauche, mouillés, ont fini par geler...

La neige et la glace sont petit à petit remplacés par la boue. La descente sur Ste Catherine est un grand chemin de boue. Nombreux sont ceux qui empruntent un champ sur la gauche mais il faut escalader des barbelés. J’ai pas envie, alors, comme quelques autres, nous filons tout droit. Les premiers instants gèlent les pieds, puis on oublie rapidement et on finit par se réchauffer.

Ste Catherine : même combat qu’à St Christo… Je ne remplis pas ma poche car il m’en restait suffisamment. J’attrape un peu plus facilement à manger et part aux toilettes. Et là, comme tout commence à me gonfler, je peste contre les coureurs… Ce n’est pas parce qu’on a des problèmes gastriques qu’il faut pourrir les toilettes ! Je repense alors à Marat3h? qui nous avait indiqué lors d’un off l’année précédente les toilettes sur la place de l’école. Sauvée !!!

La descente du bois d’Arfeuille a quelque chose de surréaliste. Il n’y a pas une, mais plusieurs files de coureurs, 3 voire 4 files ! J’ai remarqué 2 états d’esprit qui sont le reflet du stress généré : certains déconnent et rigolent pour exorciser la peur de la chute, et d’autres sont complètement dans leur bulle, fermés et oublient même les techniques de descente. Et moi, je suis là au milieu à analyser la situation… je fais une étude sociologique, alors que je devrais être dans ma course, mais je m’en rends compte en écrivant que je n’étais en fait plus dedans… L Plus j’avance, plus je me demande ce que je fais là !

Les Sms des copines, les images de l’année dernière quand je passe la ligne, mes loulous, Florent, rien ne me remonte le moral. J’arrive au ravito de St Genoux bien éprouvée et c’est le pire de tous. Il est minuscule . Je ne remplis pas ma poche, je me rationnerai si besoin, et je ne prends pas à manger, mais je me retrouve là dedans bloquée (j’aurai dû passer dehors, mais je pensais que j’allais tout de même pouvoir choper quelque chose !)

Je ne veux pas abandonner. Je suis un peu en retard par rapport à mon objectif, une demi-heure il me semble. Mais vu les conditions, ça ne me traumatise pas ! Je me dis que j’ai le temps de me refaire, et que le moral va revenir, qu’à Soucieu le ravito est grand, que je pourrai me poser dans un ravito à la hauteur (grandeur) par rapport au nombre de coureurs inscrits.

Je repars pour cette portion que je sais longue. C’est là qu’il y a les 2 fameux ajouts et c’est déjà cette partie qui m’avait paru interminable l’année dernière.

A 7h je sors du bois de la gorge, j’aurais dû sortir du bois des dames. Florent doit arriver, je passe donc un petit coup de fil à Héloïse. Il est en retard d’une bonne heure. Entendre la voix de ma louloute me fait pleurer, je craque. Elle essaye de me booster, Adeline aussi m’encourage, mais je suis à bout.

La descente puis la montée du bois des dames m’achèvent. Je prends encore du retard et arrivée en haut de la montée je peine à relancer. Je ne suis plus dedans. J’ai abandonné à ce moment là. Florent m’appelle à son arrivée et me fait promettre de prendre mon temps et de ne pas rendre mon dossard tout de suite à Soucieux, de le rappeler. Je finis les quelques derniers km à un rythme de tortue malgré les 2016 km/h de moyenne que mon GPS affiche, lui aussi est out !

Arrivée au ravito je rappelle Florent, mais il comprend bien que j’ai bataillé, longtemps, j’ai usé de toutes mes ressources pour positiver et retrouver l’envie. Je pleure comme une madeleine, c’est mon 1er abandon, c’est dur…

J’aurai eu le temps de me poser 1h, puis de repartir, mais je n’avais plus envie, plus de plaisir. A 8H40 de course, STOP ! Finie la SaintéLyon, je ne serai pas finisheuse cette année, je n’ai pas eu la force physique et mentale de finir !

Je suis triste, mais je n’ai pas de regret. Je me suis battue, longtemps, je n’ai pas jeté l’éponge à la 1ère difficulté. L’accumulation de tous ces petits trucs a eu raison de mon plaisir.

Je pense que je ne retournerai pas sur la SaintéLyon, trop de monde pour moi. C’est dommage parce-que courir la nuit, à côté de la maison, reste quelque chose de plaisant !

23 commentaires

Commentaire de xekebo posté le 04-12-2012 à 07:29:37

Un premier abandon que tu oublieras vite j'espère, bravo pour ton courage, on sent que tu es allé au bout de toi même... cette édition était très compliquée, c'était très courageux d'être au départ samedi soir à St Etienne. Bonne récupération.

Commentaire de Japhy posté le 04-12-2012 à 07:38:39

Bravo Nini, tu as fait la partie la plus difficile du parcours, tu as très certainement bien fait de t'écouter. La Sainté tu étais déjà allée au bout l'an dernier, et le contraste entre les deux CR est évident, pourquoi s'entêter par orgueil si on n'éprouve plus aucun plaisir?
C'est normal d'être un peu triste, surtout lorsqu'on est fatiguée, j'ai été un peu triste après mon abandon à la CCC, mais on relativise en se disant que même les meilleurs abandonnent un jour! (comme le montrent les CR sur kikourou)
Je viens de dire à mon petit qu'il y avait eu peut-être presque mille abandons, et il m'a répondu que ça montrait qu'il y avait mille personnes raisonnables et que c'était déjà ça! :))))

Je me suis dit à plusieurs reprises "qu'est-ce qu'on serait bien si c'était un off". J'avais un thermos avec moi faut dire...Les gens ne me gênaient pas vraiment, j'ai même aimé l'ambiance, mais j'avais peur qu'on me renverse, avec toutes ces chutes.

repose toi bien.

Commentaire de Arclusaz posté le 04-12-2012 à 09:09:16

CR très émouvant, les circonstances de course étaient contre toi.

Comme je sais que Florent ne lira pas ce commentaire, je me permets de te redire combien j'ai apprécié le "offàdeux" que nous fîmes entre Beaunant-Soucieu-Beaunant. Dimanche matin, j'ai bien pensé à toi en traversant le lotissement de Chaponost que tu aimes tant ! Il était environ 8h30, l'heure où tu décidais d'arrêter, mes ondes positives ne t'ont donc pas atteintes.
Tu restes notre Jerry.
Signé : Tom (des Bauges)

Commentaire de Kirikou69 posté le 04-12-2012 à 09:34:15

Il est toujours plus facile d'écrire un cr lorsque la course fut une réussite : Ton récit nous montre ton courage de t'être lancée dans la course malgré ta blessure au genou.

Commentaire de Elcap posté le 04-12-2012 à 11:40:09

Bon. Ca te rendra plus forte pour d'autres fois. Ou te permettra d'abandonner plus vite en d'autres occasions...

C'est aussi ça l'expérience !

Commentaire de ogo posté le 04-12-2012 à 11:42:59

Le CR est bouclé, tu peux tourner la page et commencer à rêver à 2013. Repose-toi bien et reprend l'entraînement en douceur. Abandonner c'est savoir reconnaître ses limites et respecter son organisme. Sûr que cette expérience te sera utile par la suite. Bravo pour le chemin parcouru et pour avoir choisi la carte de raison.

Commentaire de Nini posté le 04-12-2012 à 11:55:16

Merci à tous...
Ogo, tu crois pas si bien dire, j'ai rêvé cette nuit que je courais, ou plutôt que je survolais le 12 km de Volvic, j'étais au top de ma forme !! Lol

Commentaire de Jean-Phi posté le 04-12-2012 à 12:28:22

Tomber pour meux rebondir... C'est cela aussi qui forge les caractères et l'expérience. Du caractère tu n'en manques point, l'expérience tu commeces à l'avoir. Et quand on file à 2016 km/h sur son GPS et ben on peut se dire que la prochaine fois ne pourra être que très bonne. Une page se tourne, pas le livre. Tu commences à écrire l'histoire. Ca c'est très chouette. Après les fêtes, tout ira mieux, tu seras regonflée à bloc et avec le mental que tu as, tu te joueras des prochaines courses !

Commentaire de Elcap posté le 04-12-2012 à 12:30:33

ha ça après les fêtes elle va être regonflée vu ce que je vais faire à bouffer durant tout le mois de décembre !!!

Commentaire de Jean-Phi posté le 04-12-2012 à 13:24:43

Mort de rire !!!

Commentaire de jano posté le 04-12-2012 à 12:57:04

ça tombe bien, l'année prochaine, c'est une lyonsainté !!
bravo à toi parce que ton genou t'a généré pas mal d'interrogations, stress et trous dans l'entrainement.
et le coup de la poche qui fuit vue la météo, c'était de trop.
A+

Commentaire de totoro posté le 04-12-2012 à 13:13:20

Merci Nini pour ce récit, il a dû être dur à écrire mais il te servira à l'avenir, c'est sûr ! Maintenant, repose-toi bien car courir à 2016 km/h, ça doit user !

Commentaire de marat 3h00 ? posté le 04-12-2012 à 16:36:07

c'est dur d'arrêter mais ça permet plein de choses après. Merci pour ce CR avec plein de morceau de vérité dedans !
Si je peux me permettre, dans 2 semaines, fais-toi la liste de ce qui à marcher et de ce qui t'as poussé à arrêter et capitalise. Et en 2013, les coursières sont pour toi !

Bravo !

Commentaire de tidgi posté le 04-12-2012 à 23:20:12

Pas facile d'écrire un CR d'une course que l'on a pas finie...
Pas facile d'abandonner quand l'objectif est d'aller au bout...

Mais l'expérience se forge au rythme des km parcourus, et des sensations qui vont avec.
You'll be back in 2013 ;-)

Commentaire de turtlerunforfun posté le 05-12-2012 à 00:24:14

merci pour ce cr bien touchant ma foi, ne reste qu'à saluer ton courage et ta tenacité qui t'a permis de tenir près de 9h dans un contexte difficile si ce n'est hostile. Repose-toi bien et fais le plein de force pour 2013 où tu concrtiseras sans aucun doute de nombreux projets "trailesques"...

Commentaire de sabzaina posté le 05-12-2012 à 06:52:09

Nini, tu a joué de malchance, entre ton genou, ta poche à eau qui coule... Bravo pour cette décision raisonnable, ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir cette lucidité.
Maintenant que ce CR est écrit (et bien écrit), tu es tournée vers l'avenir et c'est l'essentiel.
Trop contente de t'avoir rencontrée en vrai de vrai.
(HUG) !

Commentaire de DROP posté le 05-12-2012 à 09:39:43

Jamais simple d'abandonner. Mais il ne faut pas oublier une chose, c'est qu'il faut que cela reste un plaisir. Tu as surement pris bcp de plaisir dans la prépa, les offs,... ! Alors tant pis pour ce samedi froid et verglassant de début de décembre, ça sera mieux l'année prochaine !
A bientot sur les sentiers.

Commentaire de Mamanpat posté le 05-12-2012 à 15:28:55

Nini, si tu savais les litres de larmes que j'ai versé à mon premier abandon ! C'était au Nivolet Revard, je ne faisais que chuter dans la boue, j'en avais marre, avias également épuisé toutes l cartcouhes possibles de motivation... Mon chéri m'a dit "tu es là pour te faire plasir non ? ce n'est pas le cas et alros ? tu ne fais pas les championnats du monde ! arrête". J'ai gardé cette amertume longtemps au fond de moi... 7 mois plus tard j'abandonnais la STL sur chute... C'était en 2010... Ne sois pas amère trop longtemps, tu vas analyser et tu en sortiras tellement plus forte ! Et la STL c'est sûr tu y retrouneras car ce fût le point de départ, ton premier ultra, ta première grande satisfaction, au fond de toi, pour toujours...
Récupères bien, prends du recul et ta prochaine course tu seras déjà tellement plus forte à tout point de vue !
Mais bon, je sais qu tu auras toujorus ce joli sourire, mi timide, mi téméraire qui reflète tes futurs exploits !

Commentaire de franck de Brignais posté le 05-12-2012 à 18:03:57

Merci pour ton récit. C'est assez simple de raconter une histoire qui finit bien, il faut beaucoup plus de courage pour partager une mauvaise expérience.
Tu l'as expliqué en préambule : tu as pris beaucoup de plaisir à la préparer cette course, tu as partagé de bons moments avec des amis. L'essentiel n'est il pas là ?
Récupère bien, profite bien des bons petits plats de Florent pour les fêtes... et vivement l'objectif 2013 !!

Commentaire de TwoTiVal posté le 06-12-2012 à 16:03:34

On ne peut pas gagner à chaque fois, ça fait partie de la course. Nous ne jouons notre vie sur cette course. Savoir abandonner fait partie de l'expérience. L'essentiel n'est pas là.
Sage décision Nini, tu n'as plus qu'a passer à la suite : tu as un temps à battre aux coursières en Janvier ;)

Commentaire de sebmelalix posté le 06-12-2012 à 19:30:31

Merci Nini pour ton récit si émouvant, c'est clair que ça doit être difficile de prendre cette décision d'arrêter... Mais quand les éléments sont contre soi, ça fait pencher la balance!!!
J'ai moi aussi souvent des problèmes avec mon camel, je le rebouche mal et cette fois au ravitaillement de Soucieu, je versais l'eau à coté de la poche!!!!! J'ai eu le dos glacé pendant un moment!!!!

Commentaire de lalan posté le 07-12-2012 à 19:34:17

Voilà presque une semaine de passée, l'émotion doit etre encore présente. Tu as tout ton temps pour refaire une course avec plus de plaisirs. Il faut laisser le temps au temps. Bravo pour etre allé jusqu'à Soucieu. Bonne récup et bonne fetes de fin d'année.

Commentaire de a_nne posté le 10-12-2012 à 13:58:26

On dit toujours que les abandons font partie de l'expérience...mais c'est surtout plus facile de le dire que de le vivre !
Une fois la déception partie, je suis sure que tu vas trouver la force de repartir vers de nouveaux objectifs, et puis à 2 c'est toujours plus facile aussi d'avoir la même passion !
Bravo pour ce CR !

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