L'auteur : Grego On The Run
La course : SaintéLyon
Date : 30/11/2024
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 134 vues
Distance : 82km
Objectif : Pas d'objectif
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le lien du récit in extenso avec photo :
Autant le dire tout de suite, en 14 participations à la SaintéLyon, je n’ai jamais connu des conditions atmosphériques aussi favorables que pour cette 70ᵉ édition. Un froid sec, aucune précipitation, un terrain hyper « courable » comme jamais (en tout cas depuis 2010). Bref, une édition faite pour exploser un record pour les personnes entraînées dont je ne fais pas partie cette année.
En ce qui me concerne, je n’ai jamais été aussi peu préparé pour une SaintéLyon que cette année. Je n’ai cumulé que 97 km en cinq semaines (même pas 20 bornes par semaine) : bref, c’est complètement indigent. Je savais que je me mettais dans une situation où je risquais de souffrir pendant presque toute la course, et qu’il ne fallait pas espérer être capable de courir à partir de Soucieu-en-Jarrez, là où la SaintéLyon commence vraiment. Entendez par là qu’à partir de Soucieu, il reste un semi-marathon hyper roulant, celui où les différences se creusent entre concurrents.
Bref, place au récit.
« Si tu es cuit à Soucieu, le chrono te fait ses adieux. » Elle est bien, celle-là, non ?
Préparation / Check Up avant course
Oui, seulement 20 bornes de course à pied sur les cinq semaines précédentes, contre plus de 100 habituellement. Un chrono aux 20 km de Paris qui est le pire en 10 participations (1h35), et même punition pour mon temps sur les 10 km de Paris Centre (plus de 43 minutes). J’ai eu beaucoup de mal à me remettre, non pas de mon Tor des Géants, mais de l’effort de me lever tous les matins à 5 heures pour aller courir. Jamais, depuis mes semaines de récupération post-Tor, je n’ai réussi à aligner ne serait-ce que trois séances matinales de course à pied…
Mon poids de forme s’en ressent : en trois mois, j’ai pris 4 kg pour peser 65 kg le jour du départ de la SaintéLyon, alors que sur mes 10 précédentes éditions, je ne dépassais pas les 62 kg. Ça va se sentir, c’est sûr !
Je me dis qu’à défaut d’être en forme et bien entraîné pour la course, je vais tout miser sur la fraîcheur ! Néanmoins, dans un dernier sursaut (suicidaire ?), je ne peux m’empêcher d’aller courir 21 bornes les lundi, mardi et mercredi précédant la course (soit 63 km), histoire de me rassurer. Évidemment, il est trop tard pour rattraper le temps perdu, mais j’ai tellement peu couru que j’ai besoin de savoir si je suis encore capable de courir. Au moins, cela me permet de choisir la bonne paire de Speedgoat version 5 (j’en ai quatre), car leur degré d’usure et leur confort varient selon les paires.
J’arrive à midi, le vendredi 29 novembre, à Lyon Part-Dieu, hyper confiant dans mes capacités à faire la tournée des coffee shops et pâtissiers à pied avant de me rendre à Tony Garnier. Ainsi, après avoir lesté mon estomac d’un flan pâtissier et d’un Paris-Brest, je retire mon dossard à 16 heures, ainsi que mon bracelet jaune, qui me permettra d’accéder au sas Performance au départ. La bise aux organisateurs du stand de la Trans Aubrac, parce que je les aime ! Puis je quitte ce barnum surchauffé pour me rendre – toujours à pied – chez ma belle-mère, sur la pente de La Mulatière.
Le soir, ce sera saucisson lyonnais et pommes de terre à l’eau (oui, quand même… l’eau, c’est mieux que l’huile !). Dodo à minuit, car le livre collector sur la SaintéLyon, que je viens de récupérer, me tient en haleine trop longtemps ! Et voilà à quoi tient un échec sur une SaintéLyon.
Le lendemain, déjeuner chez ma belle-mère avec Sylvain et Laurent pour le traditionnel plat de quenelles lyonnaises à la béchamel qui replâtre l’estomac, suivi de l’incroyable tarte au chocolat de Terrasson (grand pâtissier lyonnais que je recommande) : j’en reprendrai deux fois. Et voilà à quoi tient un échec sur une SaintéLyon.
Train depuis Oullins à 17h35 pour Saint-Étienne Châteaucreux. Je suis accueilli à Villars par Yves pour la traditionnelle pasta party chez lui, comme lors des 13 éditions précédentes depuis 2010. On ne change pas une équipe qui gagne. Avec mon bracelet jaune du « sas champions » (dont l’orga m’a prévenu quelques jours plus tôt par email, indiquant que le quota ITRA supérieur à 630 n’avait pas été atteint et que j’étais repêché), Yves me conduit à l’arche du départ à partir de 23 heures. Or, une fois sur place, dix minutes plus tard, je réalise que je suis sacrément à la bourre. Les organisateurs me demandent de contourner tout le bâtiment pour rejoindre le sas Performance. Je dois trottiner, contourner le bâtiment, passer des chicanes, entrer dans le Parc Expo, me frayer un chemin parmi les coureurs, puis finalement atteindre la porte indiquant « Sas Performance » pour me retrouver à l’extérieur, entre des barrières qui ne sont même pas alignées avec l’arche du départ. Nous sommes plusieurs coureurs coincés sur le bas-côté. Bon, rien de dramatique non plus, mais on a un peu froid.
Pour l’équipement, je cours avec une seule couche : un justaucorps long que je garderai jusqu’à la fin. La Gore-Tex ShakeDry ne sortira jamais pendant toute la course (je vous l’ai dit, conditions exceptionnelles !). En revanche, je porte une double paire de gants : des gants en soie et une paire de gants de ski en Gore-Tex (syndrome de Raynaud oblige).
Enfin le départ de la course en première vague
J’ai la chance de partir dans la première vague : il est 23h40.
Franchement, cette première partie de la course se déroule plutôt bien. Je suis même surpris, malgré mon faible entraînement, de ne pas trop mal m’en sortir sur le bitume stéphanois. J’ai même le temps d’admirer le paysage, notamment le traditionnel KFC devant lequel nous tournons à droite. Ensuite vient la longue descente, toujours sur bitume, avant d’arriver enfin aux chemins de terre. Puis arrive le changement de parcours, une nouveauté cette année : nous passons par une nouvelle commune, Valfleury (à vérifier), avant une très longue descente dans un trou, suivie d’une remontée très sèche. Je ne suis pas trop essoufflé, et je craignais que Saint-Christo, plus éloigné que jamais en 14 éditions, ne se fasse trop attendre. Finalement, je ne ressens pas trop d’impatience. J’arrive au ravito après 2h20 de course, tout frais et fringuant comme jamais. Il faut dire que « les conditions climatiques sont exceptionnelles ! ». Toujours le même rituel au ravito : trois gobelets de Coca, des tartelettes Diégo à la fraise (mais il n’y en aura plus par la suite), et surtout, je me gave de pâtes de fruits (au total, sur toute la SaintéLyon, je pense en avoir avalé près de 30 !).
En direction de Sainte-Catherine
Et me voilà reparti après moins de cinq minutes d’arrêt pour la portion que je considère comme la plus belle de la SaintéLyon (avis complètement personnel) et que je nomme : « en direction de Sainte-Catherine ». Je n’irais pas jusqu’à dire que les paysages sont alpins. Non, mais j’aime ce sentier, ce chemin de crête où j’ai tant pris de plaisir à courir, comme sur un nuage, en 2021 avec la neige, et aussi lors de ma première STL en 2010 (neige poudreuse). Bon, aujourd’hui, c’est moins l’euphorie, mais j’éprouve tout de même un plaisir nostalgique à retrouver la fameuse bande de rigolos supporters avec leur enceinte qui crache du métal et leur feu de camp. J’ai l’impression que, cette année, ils n’étaient pas positionnés au même endroit que d’habitude (à vérifier). Et c’est déjà l’arrivée à Sainte-Catherine, je n’ai pas encore explosé, mon heure viendra, je le sais. Il est 3h37 après mes 3h57 de course et je pointe en 1294 ième position.
En direction de Saint Genou le Camp
Je sais que nous attaquons la partie la plus difficile, selon moi, de cette SaintéLyon « nouvelle formule best of de la mort qui tue ». En effet, nous allons devoir affronter la montée du Rampeau, puis le Signal Saint-André… bref, le combo qui fait mal. La montée du Rampeau, finalement, se passe plutôt bien. J’ai encore du jus. En fait, je commence surtout à me sentir moins bien sur les parties roulantes bitumées (déjà !). En général, quand on se met à préférer les montées pour marcher et donc se reposer, c’est que les choses commencent à mal tourner.
Un petit mot sur la montée du Signal Saint-André : franchement, elle est très facile, et les animations ainsi que les bandes de lumières le long des derniers hectomètres ajoutent une touche sympa. Ces éclairages permettent de figurer le sommet, car, de nuit, on ne se rend pas compte où se trouve la cime (puisqu’on reste dans un sous-bois). D’ailleurs, il faut l’avoir faite de jour pour savoir où se trouve la table d’orientation, qui est très décentrée par rapport au sentier.
Et c’est parti pour la descente jusqu’à Lyon !!! Yaaallaaaaaaa !
J’ai omis de dire que, jusqu’à maintenant, je suis toujours dans un pack de coureurs. Beaucoup de monde devant, derrière, et qui me doublent aussi. Bref, je ne suis jamais seul. C’est triste, mais je n’ai plus le niveau pour me retrouver à courir seul dans les sous-bois de la SaintéLyon. Maintenant, c’est plutôt l’ambiance de la station des Halles aux heures de pointe à Paris. Et qu’est-ce que je me fais déposer par plus fort que moi ! Même des coureuses sacrément costaudes ! Il est loin, le temps de la SaintéLyon 2016 (j’avais terminé 101ᵉ), où je courais avec la 5ᵉ féminine sur quelques centaines de mètres. Dur de faire ce constat, mais c’est comme ça. J’arrive à Saint-Genou-le-Camp après 5h56 de course (il est 5h36 du matin). Je pointe en 1163ᵉ position.
En direction de Soucieu
Et c’est reparti après moins de cinq minutes d’arrêt et dix pâtes de fruits englouties (et glissées dans les poches). Ce n’est pas une partie facile. Malgré un profil de parcours qui semble exclusivement descendant, eh bien non, il ne l’est pas. Il y a des faux plats montants qui font très mal, au physique comme au moral. Et je ne parle même pas des plats sur bitume. J’ai très mal aux ischios, mais je m’y fais. Je ne suis pas capable de mettre la gomme comme j’en ai l’habitude sur le plat. J’arrive néanmoins à trotter, doucement, mais c’est toujours de la course. À l’approche de Soucieu, on sent que l’aube n’est pas loin, déjà ! J’entre donc au ravito après 7h36 de course. Il est 7h16 du matin, et je pointe en 1096ᵉ position.
En direction de Chaponost
Je me fais un plaisir de rappeler cette formule, qui est de moi (merci de me citer ! 😊) et qui m’a demandé du temps à trouver :
« Si tu es cuit à Soucieu, le chrono te fait ses adieux. »
À partir de ce ravito, c’est l’instant de vérité ! Soit tu es capable de courir le semi-marathon qui reste à la même allure que précédemment, soit tu es cuit, et c’est l’explosion. C’est ici que les différences entre coureurs se jouent. Maintenant.
Bon, eh bien pour moi, c’est l’explosion prévue. Et pourtant, le terrain est sec, archi-sec. C’est propre, c’est nickel pour faire un super temps, mais je n’ai plus de jus. Je trottine avec difficulté. J’ai l’habitude de dire qu’une SaintéLyon réussie, pour moi, c’est quand je suis capable de m’arracher et de voler à partir de Soucieu. C’est une découverte que j’avais faite lors de ma cinquième participation, en 2014 (243ᵉ), une vraie expérience de « flux ».
Cette année, cela ressemble plutôt à une vraie agonie. Au moins, j’aurai tout connu.
Je suis dans l’incapacité totale de relancer. Et à partir de Chaponost, cela va être pire.
J’arrive à ce ravito après 8h33 de course (il fait jour, il est 8h13 du matin). Je pointe à la 1223ᵉ position (première fois que je perds des places à ce moment-là de la course dans une SaintéLyon).
En direction de la Halle Tony Garnier pour la finish line
Après avoir quitté Chaponost, je vis un calvaire. Je marche souvent, je trottine rarement. Mais je prends du plaisir quand même, faut pas croire. Je constate que la première partie de cette portion a été assez sensiblement modifiée : on longe une route départementale, puis on retourne dans les champs. Le chant du coq que j’entends habituellement à ce moment de la course, je l’ai entendu bien plus tôt… avant Soucieu ! Il y a pas mal de supporters, et aussi de la circulation. Les faux plats montants sur les sentiers, je me mets à les détester.
Enfin, Sainte-Foy-lès-Lyon et sa fameuse côte de Beaunant. J’aime cette côte, car elle permet de se reposer, et puis c’est comme si c’était fini. C’est un peu le Col de Malatra de la SaintéLyon. On n’est pas encore arrivé à l’arche d’arrivée, mais on sait que la course est pliée. D’accord, d’accord, il y a cette remontée « cul sec » à la sortie du Parc Accrobranche qui ne sert à rien. Mais il faut bien faire visiter les installations ludiques aux coureurs pour promouvoir le parc.
Et ma partie préférée : le passage rue de la Navarre à La Mulatière, le long de l’enclos de la copro de belle-maman. Je jette un coup d’œil au cinquième étage. Je ne la vois pas. Cette année, je lui ai demandé de rester chez elle au chaud, car je me sens capable de repartir de la Halle Tony Garnier à pied pour remonter chez elle.
Les escaliers, et tiens, bizarre ! On repasse par le quai du Pont de La Mulatière avec son épingle à cheveux hyper glauque sous le pont et son escalier. Et non plus en passage direct comme l’année dernière ! Peu importe, cuit, je suis cuit. Impossible de courir. Autant prendre son temps et admirer.
C’est fini en 10h21 de course, à la 1231ᵉ place, avec une allure moyenne de 7 minutes 35 secondes au kilomètre.
Je termine 70ᵉ de ma catégorie sur 812 coureurs M3/M4 au départ. Allez, les papis !
Bien sûr, je suis heureux d’avoir bouclé cette SaintéLyon 70ᵉ édition. On se sent tellement bien quand c’est fini. Ce sentiment du devoir accompli, c’est indescriptible. Une sacrée course. Et je le répète, s’il fallait n’en conserver qu’une seule, ce serait celle-ci. Je l’aime, cette SaintéLyon !
À l’année prochaine.
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1 commentaire
Commentaire de tidgi posté le 03-12-2024 à 20:09:59
Pour les connaître depuis 2009, 2015 est la meilleure édition : sèche et presque chaude.Celle ci est cependant bien placée ;-) Bravo à toi !
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