L'auteur : nicobreizh
La course : TOR330 Tor des Géants
Date : 7/9/2014
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 2247 vues
Distance : 330km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
75 autres récits :
Nicolas JAN
Préambule :
Recalé une 2ème fois de l'UTMB et bien qu'hésitant, je me lance dans l'inscription du TOR des Géants 2014 : Une sacrée course tout de même avec ses 330km et 24000m de dénivelé positif(D+) correspondant au tour de la Vallée D'Aoste par les montagnes (Italie du Nord) à réaliser en 6 jours et 6 heures maximun pour finir dans les délais.
Habitant la région parisienne, l'environnement urbain ne va pas trop se prêter à l'entraînement d'une telle course mais tant pis, je ferai avec !.
Fin juin, j'ai fait le 80km (plutôt 86km) du Mont Blanc avec 6000m de D+ en 21h19min : c'était une reprise sur une course en montagne depuis l'UT4M en août 2013. Une reprise difficile car mon entrainement était alors trop axé "route" : malgré tout, ça me remettait dans le bain. J'ai coupé sur les 2 premières semaines de juillet puis je me décide à me lancer dans la préparation où je vais effectuer : 244km avec 900m de D+ sur la 2ème partie de juillet + 466km avec 5700m de D+ en août (soit un total de 2253km et 17200m de D+ depuis janvier 2014).
Une préparation essentiellement en milieu urbain avec notamment des Aller/Retour dans des montées de 40 à 50m de D+, quelques jours en Bretagne mais où le D+ est aussi limité et sans faire de course (dernière fin juin).
A une semaine du départ, je suis conscient que ma préparation n'est pas idéale mais j'ai au moins pu augmenter mon volume d'entrainement sans me blesser et durant un mois d'août bien pluvieux et donc pas facile pour s'entraîner au sec. Toujours à une semaine du départ, je ressens un bon coup de stress sur une nuit qui m'a un peu empêché de dormir mais ensuite ça ira même la veille du départ.
Comment aborder la course :
La course est divisée en 7 sections avec des bases vies qui permettent de se ravitailler, de dormir : sans limite de temps (à condition de ne pas aller au delà des barrières horaires) alors que les refuges sont limités à 2 heures, de retrouver son sac d'allègement, de se soigner (sous réserve d'avoir un service médical), de prendre une douche. Pour d'autres, c'est de retrouver des proches qui peuvent les aider, mais moi j'étais totalement en solo.
Finalement ces bases vies constituent une étape à atteindre une à une. Ensuite comment gérer le sommeil car je partais au minimum pour 5 jours qui seront même 6 jours : avant le départ, je n'avais pas trop d'idée sur la manière de le gérer. Finalement, je suis parti un peu au feeling mais ça m'a pas super réussit sur les dernières nuits
Récupération du dossard + Pasta Party :
J'arrive à Courmayeur le vendredi 05/09 à l'hôtel Crampon : très bon accueil, une adresse à retenir. Je visite un peu la ville puis repos.
Samedi : Je vais récupérer mon dossard en début d'après-midi mais plutôt décevant sur la manière dont c'est organisé : j'ai attendu près de 3 heures debout pour avoir mon dossard et le sac jaune d'allègement !. Retour à l'hôtel pour préparer le sac jaune et le déposer au Forum Sport Center avant de prendre place pour la pasta party du samedi soir.
La pasta party : globalement ça va. Un briefing sur la course dans toutes les langues et ensuite le repas où je fais connaissance avec Pascal que je retrouverais de temps à autre pendant la course. Le Menu du repas c'est du jambon + pâtes mais sans dessert où je suis parti avant alors. Au niveau boisson : eau plate et gazeuse + coca et bière !. C'est une particularité sur le Tor, les bières sont toujours présentes sur les ravitaillements.
La course :
Dimanche 7 septembre : je me réveille vers 06h30 en ayant passé une bonne nuit : c'est une bonne chose. Je vais prendre un bon petit déjeuner au buffet de l'hôtel vers 07h15 et ensuite me préparer tranquillement pour la course surtout que le départ est proche de l'hôtel. Je quitte l'hôtel vers 09h10 avec les encouragements de leurs gérants. J'arrive près de la ligne de départ : beaucoup de monde déjà, j'aime toujours cette fameuse ambiance du départ et en plus il fait très beau. Mais il fera sans doute chaud dans la journée. Je rentre dans le sas de départ vers 09h30. J'attends tranquillement le départ sans vraiment de stress mais plutôt le fait d'être content d'être au départ de cette course hors norme.
Courmayeur – Valgrisenche (49 km / 3996 D+) :
Le départ est donné à 10h00 :
c'est parti pour la grande aventure !. On court d'abord dans une rue piétonne dans Courmayeur puis on descend vers Dolonne pour se diriger assez vite vers le début du col de l'Arp (2571m) où ça bouchonne un petit peu à l'entrée. Je déploye mes bâtons 3 brins (c'est la première fois que je vais faire un trail avec des bâtons et je ne vais pas le regretter !). Une montée qui se passe bien où je croise Stéphanie dont je lis régulièrement son blog avec qui j'échange quelques mots sur nos objectifs respectifs.
Il commence à faire chaud et je sue à grosses gouttes dans cette ascension qui fait tout de même près de 1350m de D+. A l'approche du sommet, on entend beaucoup de spectateurs et des cloches mais tout à coup, j'entends un cri : pierre, pierre !, une pierre dévale la pente à toute vitesse mais heureusement sans heurter personne : ouf !. J'atteins le sommet dans de bonnes conditions et j'attaque la descente où les organisateurs ont dit de se méfier lors du briefing du départ en cas d'humidité. Là je reconnais la descente que j'avais déjà faite lors de la TDS 2012 après le col de Youlaz mais ça va, la descente n'est pas humide mais je descends tranquillement pour préserver mes cuisses, j'ai même aussi marché un peu sur la partie en bitume qui suivra.
On rejoint la Thuile au 17km : je prends 10 min sur ce ravitaillement pour manger un peu et recharger en eau. Direction le col du Haut Pas (2857m) avec une ascension de 1400m de D+ qui va bien se passer et ensuite le col Crosatie (2829m) où le final est très pentu avec beaucoup de pierres. Je redoutais ensuite la descente car un concurrent chinois y avait perdu la vie l'année précédente mais finalement elle se passe bien. Ravitaillement à Planaval où il commence à faire nuit. Je sors la frontale et je vais alterner marche/course jusqu'à la base vie.
J'arrive à la première base vie de Valgrisenche à 21h30. Pour premier bilan : globalement j'avance bien sauf peut-être dans les descentes où je suis toujours moins à l'aise. On a droit à une belle base vie avec des chambres à 3 avec douche et toilette : dommage que c'est au début que l'on a ce type d'installation. Je ne me sens pas l'envie de dormir mais je vais m'allonger 15min, puis aller aux toilettes et ensuite bien manger : pâtes + tomates + fromages + gâteaux + pains + eau plate et gazeuse. Je reste surpris de voir certains concurrents boirent de la bière durant ces ravitaillements.
Valgrisenche – Cogne (56 km / 4141 D+):
Je repars de Valgrisenche à 22h50 : jusqu'à la prochaine base-vie, c'est un programme musclé de 3 cols à franchir : le col de la Fenêtre à 2850m d'altitude puis le col Entrelor à 3000m d'altitude et enfin le point culminant du Tor avec le col Loson à 3300m d'altitude. Je n'ai pas vraiment de souvenir de la montée du col de la Fenêtre par contre, la
descente est vertigineuse, au moins au début !. Je vais y aller tranquille ...encore plus que d'habitude ;-) .... C'est mon gros souci les descentes, je n'y suis pas à l'aise et j'y perds beaucoup de temps.
Ensuite c'est la montée du col Entrelor que je vais débuter vers 03h30 le lundi matin (08/09) : cette montée va être un vrai supplice, un calvaire !!. Je dois faire plusieurs fois des pauses car je suis à bout, j'ai froid et je suis proche de l'hypoglycémie. Le final de l'ascension est très pentu avec utilisation de marches en acier. La descente est moins pentue que le col de la Fenêtre et j'arrive ensuite au ravitaillement de Eaux Rousses.
Pourquoi ce calvaire, j'y vois plusieurs facteurs : j'avais froid sans doute parce que j'étais en cuissard court du coup mon corps pompait pas mal d'énergie pour se réchauffer : je passerai en cuissard long sur tout le reste de l'épreuve. L'altitude a dû aussi jouer un rôle. L'horaire? : à 4h00-5h00 du matin, normalement je dors à cette heure. Mauvaise alimentation? : je ne pense pas car je m'alimente très régulièrement.
Je suis au ravitaillement de Eaux Rousses vers 08h10, je prends le temps de bien manger.
Je n'ai pas l'idée de dormir un peu. Je regarde mes orteils : mince il y a une ampoule sur chacun des 2 gros orteils en contact avec le moyen orteil. Je vais mettre un compeed sur chacun et je repars pour faire l'ascension du col Loson. Vu le calvaire de Entrelor, je redoute ce col Loson. Il est long, on est exposé au soleil avec un final assez pentu mais finalement je le passe assez bien !. C'est une bonne chose.
Il y a maintenant la descente à faire où je vais prendre mon temps comme d'habitude. Avant d'arriver à la base vie de Cogne, il y a une partie plate avec un peu de route où je vais faire la connaissance de Sylvain qui a fait l'UT4M également. On se retrouvera plusieurs fois sur le parcours jusqu'à Niel.
J'arrive à la base vie de Cogne à 15h30 (lundi 08/09) : Je sens que ça va. Je ne ressens pas l'envie de dormir.
Je vais prendre une douche + m'allonger 20min sans dormir + manger et me préparer pour la nuit. J'ai l'impression que je ne fais pas grand chose et je vais pourtant y rester 3 heures. J'ai vraiment dû manquer d'efficacité je pense.
Cogne – Donnas (44 km / 3348 D+):
Je repars de Cogne à 18h26. Cette étape jusqu'à Donnas se résume en gros à une montée et une descente. La montée vers le col de la fenêtre de Champorcher (2827m) se passe bien. Durant la montée, je fais connaissance avec un parisien qui s'appelle Nicolas aussi. On parle notamment de courses que l'on a fait : Ecotrail de Paris, TDS 2012 ... Il est surtout axé sur le trail alors que moi, je fait en gros 6 mois de route et 6 mois de trail. On va rester ensemble jusqu'au refuge Sogno. Ensuite pour la fin de l'ascension du col de la fenêtre de Champorcher, je le laisse filer car il va un peu trop vite pour moi.
J'atteint le sommet le lundi 08/09 à 22h40 (j'ai pris une photo de la plaque au sommet sinon je n'aurais pas pu me souvenir de l'horaire:-) ). Maintenant c'est la descente, pas de souci particulier. Je vais m'arrêter au refuge Dondena : il est temps que je dorme un peu sinon je pars pour 2 nuits blanches !. Je demande à dormir une heure mais impossible de dormir : je suis près de la porte qui n'arrête pas de s'ouvrir, et il y a du bruit !. Je ne suis pas équipé de boules quies et ni de masque de nuit : quelle erreur ! mon manque d'expérience tout ça !.
Je repars du refuge une heure après et donc toujours sans avoir dormi !. Je poursuis jusqu'à Chardonney où il y a un ravitaillement sous une tente. Je ne comptais pas y rester très longtemps mais voilà qu'une grosse averse d'orage se déclare !. Quelle chance, je suis à l'abri. Je vais attendre près de 25 minutes pour que l'averse s'arrête avant de repartir. Certains sont beaucoup plus téméraires que moi et n'ont pas hésité à repartir alors que l'averse était toujours très forte !. Le parcours après Chardonney est rendu glissant après cette pluie, il y a pas mal de partie en escalier et de la boue. Ensuite on se dirige vers Donnas : on pense qu'on y arrive et en fait il y a une partie route qui est très longue.
Je fini par arriver à la base vie de Donnas à 07h50 (mardi 09/09) (Particularité: c'est le point le plus bas du parcours avec 330m d'altitude). Il fait donc jour et je ne ressens pas spécialement l'envie de dormir. Je vais prendre une douche, je soigne mes ampoules avec des compeed. Je vais m'allonger et là je vais vraiment dormir 20 minutes :
c'est pas beaucoup mais là je n'ai pas eu à me forcer pour dormir !. Et je ne vais pas dormir plus et je ne m'inquiète même pas d'avoir dormi si peu depuis le départ !. Forcément je vais le payer sur la suite comme vous pourrez le voir plus tard !. Avant de repartir, je prends un bon repas, au moins de ce côté, pas de souci.
Donnas – Gressoney St Jean (53 km / 4107 D+) :
L'étape qui s'annonce jusqu'à Gressoney est réputée pour être très difficile et longue. C'est aussi une étape où on va dépasser la mi-course et lorsque l'on arrive à Gressoney, on est au km 200. Finalement pourquoi cette étape est-elle si dure? : je me suis mis dans la tête que c'est à cause de la montée jusqu'au refuge Coda : oui mais pas seulement !.
Je repars de Donnas à 10h22 (mardi 09/09). Il fait beau et même très chaud pour débuter. Le début de parcours
nous fait visiter un peu Donnas avec le pont Saint-Martin puis direction une belle montée en escalier vers Perloz. ça monte sec mais j'aime bien ce type de montée physique. Un ravitaillement rapide à Perloz avec du jus d'orange pressé : un régal et un plein de vitamine !. La visite touristique se poursuit avec la Tour et le pont d'Hereraz. La montée reprend et est toujours aussi pentue et continue jusqu'au refuge Sassa où le ciel commence à se couvrir.
Il faut continuer à monter et je finis par apercevoir le refuge Coda (2224m d'altitude) : il est encore bien loin !. Il y a du vent, le ciel s'est bien couvert et plus on approche et plus il y a du brouillard !. Je fini par atteindre le refuge ce mardi 09/09 en fin d'après-midi. C'est une bonne chose. Je vais m'y arrêter autour de 25 minutes pour manger et me préparer pour la nuit. Je n'ai pas envie d'y dormir.
Ensuite c'est parti pour une descente difficile au début pour rejoindre le Lac Vagno. Dans cette descente, il va commencer à pleuvoir et ça va durer !. Plus loin, je retrouve Sylvain. On va finir ensemble jusqu'au Lac Vagno où on peut s'abriter et manger chaud. Il est possible d'y dormir aussi. Et je retrouve Nicolas également !. Tous deux pensent un moment dormir mais ils vont finalement poursuivrent. Je vais aussi repartir alors qu'il fait nuit et il pleut assez fort. Je ne m'inquiète toujours pas d'avoir fait quasiment 2 nuits blanches !.
Je m'attaque au col du Marmontana (2350m), peu de souvenir de la montée par contre je suis en galère dans la descente car elle est glissante avec les rochers mouillés et la boue. En bas, je retrouve Nicolas à un petit ravitaillement qui me dit qu'il regrette de n'être pas resté au Lac Vagno pour dormir. Mais maintenant il faut continuer car pas d'endroit pour dormir !. On poursuit ensemble jusqu'à un nouveau poste de ravitaillement que l'on trouve sur notre route après 2 grosses montées et une descente sous une pluie qui commence tout de même à se calmer. Il va pouvoir y dormir un peu et moi je vais poursuivre.
La suite est de rejoindre Niel et c'est là le début d'un long calvaire !. Je crois que Niel est le village ou la petite ville que l'on voit en contrebas depuis ce poste de ravitaillement mais en fait c'est faux !!. Il doit être autour de 02h30 du matin (mercredi 10/09) lorsque je pars donc pour Niel. Le parcours à réaliser est terrible : il est plein de boue, ça descend beaucoup mais avec parfois des montées, il n'y a aucune lumière, et surtout je sens que je m'éloigne du village que je pensais être Niel !.
Pendant un moment, je ne vois personne et pourtant je vois bien les petits drapeaux jaunes du TDG à suivre !. Je suis à l'arrêt ! je suis découragé !. Tiens voilà que je vois des lumières de frontales derrière moi : je suis content de voir que je ne suis pas seul !. Et à partir de ce moment là, j'ai l'impression que ça défile régulièrement parce que je n'avance pas !. Que c'est long long ! Et voilà que Sylvain me rejoint, et moi qui pensait qu'il était devant moi. On va finir ensemble jusqu'à Niel où j'arrive à 5h46 du matin (mercredi 10/09).
C'est un endroit isolé, alors que je pensais me retrouver dans un village. Le ravitaillement se prend à l'extérieur sous une toile de tente. En journée ça va mais la nuit dans le froid, c'est pas top !. Je vais dans le refuge mais c'est un vrai sauna !. Toutes les places sont prises, je retourne dehors et je demande à dormir une heure. Je dois attendre un quart d'heure environ et en attendant je mange et je tremble comme une feuille morte !. Enfin on vient me chercher pour me proposer un lit qui sont des lits de camps sous une tente : ça m'ira sans problème. J'enlève mes chaussures mouillées et je m'endors très vite !. Au bout d'une heure, je redemande une autre heure qui seront trois quart d'heure.
Je sors de la tente, il fait jour et beau temps. Je n'ai pas la grande forme mais je vais encore manger un peu et je repars direction le Col Lasoney. Le démarrage est difficile car j'ai mal à la plante des pieds. Une fois que je suis un peu plus chaud, ça va mieux. Une fois le sommet atteint, c'est une descente en faux plat avec des trous. J'essaye de courir un peu mais j'ai du mal alors j'opte pour la marche rapide. Je m'arrête 10min au ravitaillement de Loo et je repars direction Gressoney : c'est long. J'essaye de courir par moment mais j'ai toujours du mal. Enfin on approche de Gressoney avec un peu de route et là je sens de grosses douleurs au niveau de la plante des pieds : je crains d'avoir de grosses ampoules !. Si c'est le cas, ça sera compliqué de continuer mais pour autant pas question d'arrêter !.
Enfin j'arrive à la base vie de Gressoney à 13h30 (mercredi 10/09). Je récupère mon sac d'allègement et je vais regarder mes pieds avec appréhension !. J'enlève une chaussure puis ma chaussette et là premier soulagement : pas d'ampoule mais la peau du pied est très blanche et très crevassée. L'autre pied est dans le même cas. Je vais voir le service médical pour voir s'ils ont une crème pour me soulager et soigner mes ampoules aux orteils mais ils n'ont rien pour moi : c'est service minimum.
Ils peuvent me mettre un désinfectant pour les ampoules une fois que j'aurais lavé mes pieds mais pas de crème et ni de pansements. Je vais prendre une douche, je me fais désinfecter les ampoules puis je vais dormir une heure et demi ou 2 heures. Ce qui me manque ce sont des tongs pour laisser respirer mes pieds : ça c'est encore un manque d'expérience. Ensuite je vais manger et je me prépare à repartir en mettant des pansements que j'avais avec moi sur mes ampoules.
Gressoney St Jean – Valtournenche (39 km / 2601 D+) :
Je vais partir de Gressoney à 17h24 (mercredi 10/09) : que le temps passe vite !. Au moment du départ, je vois que beaucoup partent avec leur veste imperméable ce qui me surprend mais arrivé dehors, je comprends : le sol est mouillé avec des flaques d'eau, il y a encore quelques gouttes qui tombent. J'ai échappé à une belle averse!.
Le début est plat mais je n'ai pas très envie de courir pour reprendre. J'ai tout de même moins mal à la plante des pieds. Il faut s'attaquer au col Pinter (2776m d'altitude) qui n'a pas été facile.
La nuit est bien installée maintenant. C'est une longue descente qui va suivre maintenant mais sans m'arrêter au célèbre restaurant l'Aroulaz car je préfère atteindre plus vite le ravitaillement suivant pour dormir. J'atteins le refuge Crest où l'accueil est superbe : un beau ravitaillement au chaud et je demande à dormir une heure : je vais m'endormir très vite mais je suis réveillé trois quart d'heure plus tard par un ronfleur. Je quitte le lit et je retourne manger encore un peu avant de repartir. Le redémarrage est très dur car j'ai très mal à la plante des pieds : c'est très pénible.
Nouveau ravitaillement à Saint-Jacques : je discute de la course avec un autre concurrent et lui me dit qu'il a résolu les soucis de douleurs aux pieds en prenant des anti-douleurs : un toutes les 6 heures depuis le début de la course et qu'en buvant beaucoup, il n'y a pas de risque d'intoxication. C'est un finisher du Tor qui lui a donné ce "conseil" : cela permet de passer un Tor plus confortable qu'il dit. ça n'a pas l'air de lui poser de problème mais c'est pas dans ma philosophie d'utiliser ce type de traitement. Je vais poursuivre avec mes douleurs !.
Il faut maintenant s'attaquer au Col di Nana (2770m d'altitude) : la montée va être très pénible surtout parce que je m'endors dans l'ascension !. Plusieurs fois, je m'arrête, je m'assis sur un rocher et je dors brièvement. Je finis par arriver tant bien que mal au refuge Grand Tournalin où je dors un peu sur un banc. Il reste encore une petite partie à monter mais le jour se lève quand j'attaque cette partie. Dès que le jour est levé, je sens que ça va beaucoup mieux. Je vais m'apercevoir sur les nuits suivantes que la zone 00h00 - 06h00 du matin est très critique pour moi, j'ai du mal à rester éveillé durant ce créneau. Une fois le sommet du col di Nana atteint, c'est une longue descente vers Valtournenche. Une descente pénible à cause de mes pieds. J'essaye de courir un peu lorsque le terrain comporte peu de pierres.
J'arrive à la base vie de Valtournenche à 09h26 (jeudi 11/09) : je récupère mon sac d'allègement et direction le dortoir dans un gymnase. Et là je vois qu'il y a du personnel médical avec du matériel pour soigner les pieds : soulagement !. Je vais d'abord manger ensuite je vais dormir une heure et demi je pense. Puis je vais me faire soigner les pieds : la personne qui s'occupe de moi est originaire de Bretagne comme moi !. Je vais me retrouver avec 7 orteils momifiés à cause des ampoules + un strap sur le talon droit. Heureusement que je ne suis pas trop juste dans mes chaussures sinon je ne vois pas comment ça serait rentré.
Valtournenche – Ollomont (44 km / 2702 D+) :
Je repars de Valtournenche à 13h30 (jeudi 11/09). Le redémarrage est toujours aussi pénible !. ça va pas mieux pour la plante des pieds mais au moins je me dis que ça devrait rester stable pour mes ampoules. On monte jusqu'au refuge Barmasse (2175m) mais je ne m'y attarde pas. Ensuite on redescend et on remonte pour atteindre la Fenêtre d'Ersa (2293m). On continue à monter et ensuite on va rester pendant 11km environ entre 2500m et 2800m d'altitude à enchaîner plusieurs sommets : Fenêtre de Tzan (2738m), Col Terray, Col Chaleby et Col Vessona (2788m). Une partie que j'ai trouvé très difficile car réalisée de nuit avec du vent, le froid et des descentes très pentues. Je vais m'arrêter dans le refuge Cuney où je vais dormir un peu plus que 2 heures.
Je vais repartir vers 03h00 du matin (vendredi 12/09) dans ma zone critique. En gros 3 heures à avancer dans la nuit en montant et descendant dans le vent, le froid et en essayant de ne pas m'endormir !. Après avoir atteint le Col Vessona, c'est une descente très pentue au début, longue de 9km pour atteindre Oyace (1463m) que je vais atteindre à 08h30 . Il y a une barrière horaire sur ce lieu le même jour à 14h00.
Maintenant je vais regarder de près ces barrières horaires car elles risquent de me concerner à présent !. La barrière horaire suivante est Ollomont à 17h00. Donc 3 heures pour faire Oyace - Ollomont si on est à la limite des horaires.
Je reste environ 15 minutes sur ce ravitaillement de Oyace et je file m'attaquer au col Bruson (2508m). Une belle montée assez dure et bien pentue sur la fin : c'est physique mais je préfère de loin les montées plutôt que les descentes. A noter que durant l'ascension, un troupeau de vaches s'est invité et a un peu perturbé l'avancée.
Au sommet du col Bruson, on a une magnifique vue sur le col suivant : le Col Champillon (2707m). Il est imposant et lorsque l'on doit être au sommet, on doit avoir une très belle vue sur le Mont Blanc. Il ne faut pas trainer, il faut descendre à Ollomont. Première partie de descente : assez raide et ensuite c'est du chemin avec de la caillasse. C'est une partie très pénible pour mes pieds !.
J'arrive à la base vie de Ollomont à 14h11 (vendredi) avec une barrière horaire à 17h00 : mon écart se réduit encore !. Mettre 3 heures entre Oyace et Ollomont : ça me paraissait très compliqué tout de même.
La barrière horaire de sortie est à 19h00. Je me dis qu'il faut partir de cette base vie à 16h00 : je ne dois pas traîner. Je vais m'installer au calme dans les chambres du haut (plutôt que sous la tente). Je vais bien manger, aller aux toilettes, bien dormir pendant 40 minutes et me masser un peu les pieds. Je me prépare ensuite pour repartir : je recharge en eau et je prends de nouvelles barres énergétiques.
Ollomont – Courmayeur (48 km / 2880 D+) :
Je vais repartir de Ollomont à 16h10 : j'ai un peu dépassé mais ça va. Le redémarrage est toujours aussi pénible pour mes pieds !. On attaque directement la montée du Col Champillon (2707m). Il y a des portions assez raides mais ça se passe bien.
Arrêt rapide au refuge Champillon et reprise de l'ascension qui semble encore plus raide. J'arrive au sommet, il fait encore jour mais pas de belle vue sur le Mont-Blanc qui est couvert de nuages. Tant pis, je poursuis. Maintenant, c'est la descente !. Là je me dis que je dois faire un gros effort et me forcer à courir quand c'est possible pour descendre le plus vite possible. Malgré la douleur et mon manque d'aisance sur cet exercice, j'arrive à bien avancer !. 2 ou 3 concurrents m'ont dépassé seulement.
J'arrive au ravitaillement de Ponteille Desot en début de soirée : je suis très content. Je prends un bon ravitaillement avec un bon ristretto bien chaud et je repars. Il fait nuit à présent et dans ce sera ma dernière nuit dehors sinon je suis hors délai !.
La suite du parcours jusqu'à Saint-Rhemy-en-bosses sur 11,5km va être globalement plat : ça change car jusqu'ici sur le TOR ça monte ou ça descend à part certaines portions juste avant ou juste après certaines bases vies.
ça pourrait être l'occasion de courir un peu mais le sentier me parait trop dur avec des pierres et je sens un petite douleur dans le genou droit suite à la descente. Donc j'essaye de marcher vite mais c'est long tout de même. Au bout d'une heure, mes yeux commencent à se fermer, j'ai vraiment sommeil et il n'est pas encore minuit : ma zone critique a augmenté !. Je ne vois pas où je pourrais dormir, je continue, je crois que je dors presque en marchant.
Voilà qu'un concurrent me dépasse en courant : ça me réveille un instant et j'essaye de marcher un peu plus vite mais le sommeil revient petit à petit !. J'arrive à avancer un peu et je finis par revenir sur un autre concurrent qui à l'air très fatigué comme moi. Il ne marche pas très droit, c'est comme s’il était saoul et je dois être pareil . On commence à discuter un peu, c'est un espagnol, mais il semble limite délirer par moment. On va tout de même arriver ensemble jusqu'au ravitaillement de Saint-Rhemy.
Je demande à dormir une heure et demi et en attendant d'avoir un lit, je mange. Mon compagnon de route va dormir aussi pendant 2 heures. Je m'endors assez vite mais le réveil arrive vite aussi. Je mets un peu de temps pour repartir et le redémarrage est toujours très dur à cause de la douleur de mes pieds. L'espagnol me rattrape et me dépasse. Il n'est pas le seul à me dépasser !. Avant d'atteindre le col Malatra (2936m), il faudra atteindre le refuge Frassati où il y a une barrière horaire le samedi à 08h00.
Cette ascension jusqu'au refuge va être très longue surtout que j'ai toujours envie de dormir car je suis en plein dans ma zone critique (00h00 - 06h00 du matin) !. Je finis par arriver au refuge à 05h50 (samedi 13/09) : je suis dans les temps, j'ai encore un peu de 2 heures avant la barrière. Le refuge est rempli de concurrents qui attendent le jour pour partir à l'assaut du col Malatra.
Je mange un peu, je me dis que je pourrais dormir une demi-heure, histoire de laisser filer le gros de la troupe. Je vais dormir une bonne heure !. On devait me réveiller mais comme toujours ça ne fonctionne pas vraiment et la personne qui m'a réveillé pensait réveiller quelqu'un d'autre !. Pas de le temps de s'énerver, il y a plus urgent car il est temps de partir maintenant. Le refuge s'est bien vidé maintenant, il est autour de 07h15 quand je le quitte.
Il fait bien jour à présent et beau. Il reste 400m de D+ à faire pour atteindre le sommet du col Malatra. C'est superbe de voir le sommet au loin, j'approche petit à petit de la montée finale qui est très raide, elle est délicate aussi car il y a beaucoup de petites pierres et il faut surveiller qu'il n'y en a pas qui vous arrivent sur la tête. Je fini l'ascension en m'aidant de la corde sur la gauche et c'est fait : le sommet de Malatra atteint !!. C'est beau, ce n'est pas encore fini mais symboliquement c'est une première fin de la course.
Je prends quelques photos et j'attaque la descente. Il ne faut pas traîner car il reste 17,5km et il faut arriver avant 16h00. Normalement ça devrait aller mais comme c'est de la descente et mes pieds sont douloureux, je dois faire attention. Le début de la descente n’est pas trop raide contrairement à la montée. Je me fais encore dépassé notamment par un concurrent qui fume le cigare !. Il se l’était sans doute promis au sommet du col Malatra. Par la suite la descente est plutôt du faux plat descendant où j’essaye de courir un peu.
Je rejoins enfin le refuge Bonatti à 10h15. J'ai très chaud, j'enlève 2 couches, je me restaure rapidement et je repars direction le refuge Bertone. C'est 8km en balcon avec des petites montées et descentes, j'essaye de courir par moment mais pas facile et j'ai surtout chaud et très soif. Je n'ai pas pensé à remplir ma réserve d'eau à Bonatti.
J'arrive à Bertone à 12h29. Il reste encore 4,5km de descente mais avec un bon 700m de D-. Je prends 10 minutes pour me restaurer et remplir un peu ma réserve d'eau. Je vais aussi accrocher un drapeau breton à mon sac. C'est presque fini !!. Je redoute la descente. Comme à chaque fois, le redémarrage reste très dur à cause de mes pieds et la descente n’est pas super car il y a beaucoup de pierres. J'arrive à courir un peu lorsqu'il y a peu de pierres. C'est un peu long tout de même mais quand je vois la route, là je me dis que c'est bon !. Une route en légère descente et là c'est un vrai bonheur d'y courir, c’est tout lisse !. Je ne cours pas très vite, ce n'est pas mon envie.
J'arrive dans Courmayeur, je reconnais l'église, je prends sur la droite, et je vais me diriger sous l'arche. Il y a pas mal de monde tout de même à m'applaudir !. Je suis très content d'arriver : il est 14h04 ce samedi 13/09. J’ai donc mis 148 heures et 04 minutes. Pour moi, c’est une vraie victoire de finir cette course.
Après les photos, j’ai même droit à une petite interview du speaker, puis la signature sur un poster. Tout s’enchaine vite, on m’amène en voiture au Forum Sport Center pour récupérer mon sac d’allègement. Puis on me ramène près de la ligne d’arrivée où mon hôtel n’est pas très loin. Une fois dans ma chambre, tous mes gestes sont au ralenti et je vais bien dormir le samedi soir !.
Le lendemain, le dimanche je vais recevoir la veste finisher à la cérémonie de clôture !.
L’après-course :
J'ai eu du mal à marcher pendant quelques jours en raison de douleurs à la plante des pieds et un peu à cause des ampoules. Par contre, je n’ai pas ressenti de courbatures aux cuisses.
Je vais ressentir aussi une grosse fatigue dans la semaine qui va suivre. A J+8 : j’ai été courir 8km tranquille (05min50s en moyenne au km) où j’ai senti au bout de quelques km, une douleur dans le genou droit et à la fin de la sortie, des courbatures dans les cuisses. Il me faut encore du repos pour bien récupérer.
Vais-je refaire le TOR ? :
Pendant la course, je me disais que je ne voudrais pas le refaire car il y a des descentes que je n’aimerai pas faire sous le mauvais temps.
Mais quelques jours après l’arrivée : je ne dirai finalement pas non pour le refaire car c'est bien plus qu'un ultra trail, c'est avant tout une belle aventure!. En 2015, je suis normalement prioritaire pour l’UTMB : je ne pourrais pas enchainer ces 2 courses : il faudra choisir ?.
Nicolas JAN
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.23 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
10 commentaires
Commentaire de M_baton posté le 24-09-2014 à 17:29:40
Felicitation!
Merci beaucoup pour ce beau CR :-)
Commentaire de sonicronan posté le 24-09-2014 à 20:34:24
Bravo pour ta course et ton récit. Tu as reussi à bien gérer, malgré tes problemes de pied.
Il t'a fallu du courage. Bravo.
Je suis aussi breton maisje vis à la montagne et c'est vrai que ça aide ;-))
Commentaire de nicobreizh posté le 25-09-2014 à 22:31:38
Merci Wolfgang et Sonicronan pour vos messages.
Commentaire de Bacchus posté le 30-09-2014 à 22:49:48
Bravo pour ta course
Magnifique CR !!
Commentaire de Sylou38 posté le 02-10-2014 à 14:19:58
Excellent CR Nicolas, je dois etre le Sylvain dont tu parles, on a du se quitter pour la derniere fois a Niel et de memoire on n'etait pas beau a voir :)
Content de savoir que tu as pu terminer cette incroyable aventure, meme conclusion que toi, pendant la course j'etais plutot d'accord avec une concurrente qui m'avait dit "First time, Last Time, Too hard" mais depuis la course terminee je ne pense qu'a une seule chose, retourner la-bas, j'espere bien en 2015.
Au plaisir de te revoir !
Commentaire de Sylou38 posté le 02-10-2014 à 14:34:15
Excellent CR Nicolas, je dois etre le Sylvain dont tu parles, on a du se quitter pour la derniere fois a Niel et de memoire on n'etait pas beau a voir :)
Content de savoir que tu as pu terminer cette incroyable aventure, meme conclusion que toi, pendant la course j'etais plutot d'accord avec une concurrente qui m'avait dit "First time, Last Time, Too hard" mais depuis la course terminee je ne pense qu'a une seule chose, retourner la-bas, j'espere bien en 2015.
Au plaisir de te revoir !
Commentaire de nicobreizh posté le 02-10-2014 à 21:36:40
Salut Sylvain, ça me fait très plaisir d'avoir de tes nouvelles !. Merci tout d'abord de ton message. Et un grand bravo pour ta course parce que tu as vraiment assuré tout de même en finissant le vendredi en fin d'après-midi !. En regardant tes temps, tu as super bien tourné entre Ollomont et Courmayeur, chapeau !. Avec l'autre Nicolas, on espérait te revoir à la cérémonie de clôture le dimanche mais on ne t'a pas vu ou on t'a loupé :-(. Au plaisir de te revoir également, peut-être sur le TOR à nouveau ;-).
Commentaire de Sylou38 posté le 03-10-2014 à 12:09:40
Effectivement j'ai essaye de terminer la dernière section le plus rapidement possible, je voulais arriver avant la nuit ! Je n'ai pas pu assister a la cérémonie dimanche, en arrivant a l’hôtel mes pieds étaient dans un sale état, on a préféré passer au Urgence samedi matin et on a bien fait, l'infection était assez prononcée j'ai eu des prélèvements de peau pour vérifier que je n'avais pas la gangrène c’était super douloureux et vraiment pas top... impossible de poser les pieds par terre plusieurs jours après il fallait attendre que la peau prélevée ne se reforme... la ça va nettement mieux mais il va falloir résoudre ce problème pour 2015 :)
Commentaire de nicobreizh posté le 03-10-2014 à 20:16:30
waouh, tu as pas mal morflé alors !. J'ai vu que tu as écrit un CR bien détaillé, je vais le lire attentivement.
Commentaire de philtraverses posté le 04-10-2014 à 11:50:32
Merci pour ton récit bien détaillé et bravo pour ton résultat et ton courage d'avoir été au bout de cette magnifique odyssée.
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.