Récit de la course : TOR330 Tor des Géants 2016, par marat 3h00 ?

L'auteur : marat 3h00 ?

La course : TOR330 Tor des Géants

Date : 11/9/2016

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1908 vues

Distance : 321km

Objectif : Pas d'objectif

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vue du côté assistance























































































































































































































































































































































































































































 
 
Bonjour,
 
       C'est un récit côté assistance, je vous préviens tout de suite ! Vous n'allez pas trouver ici de description détaillée du parcours ou d' animation des ravitos. De même, pas de conseils de préparation physique des athlètes (voir mon CR UTMB 2011 pour ça) mais quelques trucs utiles quand même, enfin j'espère.
       Je vais donc essayer de mettre en avant ce que nous avons pu observer en étant en dehors de la course, en ciblant l'utilité de mes propos.
 
       Déjà, côté sommeil des suiveurs, nous avons opté pour des nuits dormies en voiture (nous avons un break), sauf à Cogne. Cela nous aura permit de nous adapter sans pression aux différents aléas de timing entre ce qui est prévu pour l'athlète suivie, temps de course et de repos, et ce qui se passe réellement en course. J'ai découpé une bâche afin d'en couvrir les vitres de la voiture lors des pauses de jour ou quand les zones de stationnements seront trop éclairées. Cela s'est révélé utile aussi lorsque nous avions besoin de nous changer. Nous avons pu nous garer sans trop de difficulté, sauf à Niel où nous avons renoncé : 20 à 25 places seulement, au bout d'une route étroite et sans autre issue. Vivement déconseillé autrement qu'en véhicule léger.
       Pour le sommeil des athlètes, les bases vies sont bruyantes et parfois un peu éclairées. Il est prudent, si l'on veut dormir, de se munir de bouchons oreilles de bonne qualité et d'un masque occultant type avion. Une tenue confortable et chaude peut être un bien.
 
       Côté véhicule, le coffre de toit se révèlera particulièrement adapté à transporter nos affaires et celles de l'athlète suivie. Nous limiterons ainsi le bazar qui se génère entre points d'assistance. Tout sera bien sûr sous sachets plastiques pour limiter l'humidité mais aussi les odeurs entre les choses propres et les autres.
 
       Pour l'hygiène des suiveurs, nous avons eu le temps de prendre des douches, souvent dans les campings des villages traversés. Parfois payantes et parfois équipées d'un bouton poussoir "eau chaude" … à l'extérieur de la douche … En tous les cas, il faut 2 grandes serviettes qui sècheront alternativement dès que possible. Pour le lavage des dents, il y a des fontaines partout, et cela sert aussi au remplissage des réserves d'eau. Pensez aux gobelets !
       Pour les coureurs, c'est pareil : prendre une douche de temps en temps semble essentiel. Il faut là-aussi avoir 1 grande serviette. Elle servira pour la douche mais aussi si l'on veut se changer au milieu des autres présents avec un minimum de discrétion. La brosse à dents est à ne surtout pas oublier : le brossage des dents fait un bien immense aux coureurs.
 
       De notre côté, nous suivions Maria31. Nous, c'est 2 binômes : La maman de Maria et son compagnon d'un côté et Trottinette + moi de l'autre. 
       La maman de Maria ne pouvant être présente jusqu'à la fin de l'épreuve, Trottinette et moi nous sommes proposés pour assurer le complément. Nous avons ainsi pu randonner et profiter des beaux endroits traversés en effectuant des aller-retours sur le début du parcours. Cela nous aura permis de croiser Maria aux hasards de son avancée. Passages furtifs mais qui auront parfois sortie Maria de sa solitude (elle a fait quelques longues portions seules).
       Objectif de Maria : en premier lieu : terminer et profiter des paysages. En second lieu, si la réalité du terrain rejoignait les prévisions, il y avait moyen de faire une vrai belle course, voir un podium TOR (soit les 5 premières). 
 
       Le départ : mieux vaut faire ses "au revoir" avant que le coureur n'aille se faire "biper" à l'entrée du sas de départ. Après, il y a une telle foule qu'il n'est pas facile de se trouver. Sans parler du bruit : il est parfois difficile de s'entendre (bouchons d'oreilles ?). Concernant la gestion de ce moment particulier, en fonction des objectifs de chacun, il peut-être intéressant d'associer un comportement adéquat.  Motivation, émotion, isolement, etc. A chaque assistance de s'adapter et de profiter mais il faut retenir que pour les suiveurs, leur rôle actif commence réellement là ! Réfléchissez-y en amont afin de toucher "juste" Embarrassé
        J'ai donc opté pour un simple rappel des consignes de prudence sur la gestion du départ de l'épreuve, assortie d'un rappel du sens du mot "départ" : = jusqu'à mardi soir. L'idée étant de banaliser au maximum les premiers kilomètres et de ne pas rentrer tout de suite dans l'émotion qui fait partir trop vite le corps et le cœur. Pas facile à 30' du départ ! 
 
       Si on n'assiste pas au départ sur la ligne, on peut aller voir le passage des coureur juste après le centre sportif, dans leur 1ère montée, ils passent moins vite et on profite bien de l'ensemble du peloton. Sinon, on a le temps de faire en courant : ligne de départ + rond-point des bus en 30" pour les apercevoir 2 fois.
 
       Une fois les coureurs disparus au loin, à chaque team sa tactique de suivi. 
 
       Nous avions convenu qu'il serait bien que les 3 premières journées soient "banalisées", sans trop regarder le classement. J'avais réalisé un tableau "horaire de passage théorique idéal". il y avait dedans les horaires pour le suivi et les repos, afin de voir si le tempo était correct ou trop rapide et surtout de calculer l'horaire aux points de passages suivant. Maria semblait ok sur le placement et la longueur des "DODO" tout en sachant tout l'aléatoire qui réside dans une épreuve de cette durée. C'est évidemment Maria qui va gérer sa course. L'assistance n'est là seulement qu'en soutien, tant que l'athlète est lucide. 
       Au final, une estimation théorique basée sur une espèce de gestion de début de course en mode rando-rapide puis une fin d'épreuve "tu cours pour le top 5". 
 
       Le dimanche, Trottinette et moi sommes allés directement nous garer à Planaval. Achat de sandwichs à l'unique café/hôtel du hameau et direction le col Crosatie en sens inverse de la course. C'est une belle balade en trois parties, raide puis douce jusqu'au lac du fond et enfin en escalier jusqu'au col. A près avoir vu passé le 1er à Crosatie, redescente vers Planaval, en prenant la foulée du 1er groupe de chasse. J'arrive en bas avec les cuisses bien explosé et eux continuent comme si de rien n'était ... 'Sont pas humains ces mecs ! 
       Le passage plus tard à Planaval de Maria nous permet de faire un premier point sur son état moral et physique. Tout est sous contrôle, malgré un passage un poil trop rapide à mon goût (30' d'avance en 9h de course). Le classement est aussi un peu  "élevé"  : objectif = pas dans le top 10 le 1er soir, et elle passe 8e. Nous l'encourageons en gardant pour nous ces données. Pas encore le moment de rentrer dans la course !
 
       Après son passage, nous filons à Cogne où ce sera la seule nuit dans une vraie chambre ("les trompeurs / chez Odette" : top ! Nous recommandons vraiment !). Nous sommes ici au centre de la guéguerre entre 4K et TOR. Cela se ressent bien en terme d'affichage et de prise de position des habitants. Certains sont navrés, d'autres ont pris le partit d'encourager les 2 épreuves.
       L'assistance à Cogne sera gérée par le binôme familiale de Maria, Trottinette et moi n'étant prévus qu'en spectateurs.
       Le lundi, nous sommes surpris par l'arrivée matinale de Maria : elle a 2h d'avance sur mes prévisions : elle n'a pas réussie à vraiment dormir à Eaux-Rousse (3 à 5' au lieu des 90/120' prévues). Note importante : Attention de s'assurer de pouvoir capter l'heure de départ d'un point "DODO" s'il n'y a pas d'autres pointage avant l'arrivée au point de rencontre suivant. Cela permet d'anticiper, en cas de manque de sommeil du coureur, une arrivée prématurée. Heureusement, le 1er binôme était près lorsque la miss est arrivée
       Maria s'est quand même allongée 1 petite heure à Eaux-Rousses, ce qui a permit à ses jambes de se reposer.  A Cogne, douche, change et repas sont expédiés en 24'. On ne traine pas. Les consignes pour la journée à venir sont reprises en sortant de la tente et hop ! Elle a déjà disparue !
       Le temps de ranger un peu les affaires et nous prenons la route en direction de Lillaz, lieu de départ de notre seconde randonnée. Cette fois, nous serons dans le sens de la course. Nous arrivons trop tard pour voir Maria à ce point là. Ce n'est pas grave, elle gère bien pour l'instant et ne semble pas trop marquée.
       La ballade vers le col est sympathique aussi. A ce moment de la course, les coureurs sont déjà bien espacés et nous ne gênons vraiment pas. La pluie arrive juste avant le col et nous décidons de rebrousser chemin. Nous ne sommes pas des warriors nous ! On déculpabilise comme on peut en se disant que ce serait dommage d'arriver trop tard à la base vie suivante...
 
       Les trajets en voitures sont somme toute assez simples (avec notre itinéraire). On part ou on revient, depuis les sommets, sur la nationale Courmayeur / Turin. Vers Turin  jusqu'à Donnas et inversement après. Pour la limitation de vitesse, personne ne respecte ce qu'indique les panneaux et il n'est pas rare de se faire klaxonner si on est seulement 10km/h au dessus. Mais ça va globalement bien pour nous.
 
       La base vie de Donnas est assez petite, tant au niveau parking qu'au niveau de la salle. Nous sommes content d'arriver à la trouver : elle est à 500m à gauche après le vieux Donnas (milieu de ligne droite) et 1km après la porte en pierre sous laquelle les coureurs passent. Content aussi de pouvoir poser la voiture sur le parking attenant.  Nous retrouvons le 1er binôme d'assistance qui vient d'arriver. Ils ne randonnent pas mais effectuent ça et là des visites touristiques et sont bien content de leurs expéditions.
       C'est la base vie la plus verrouillée que nous ayons rencontrée : 1 seul accompagnant dans la salle, avec contrôle des badges et entrée uniquement quand l'athlète arrive. RAS, normal, application stricte du règlement qui protège les coureurs, c'est bien. Bon, par contre, si vous parlez Italien, c'est beaucoup plus facile, tout le team peut aller se préparer à l'intérieur ...voir y manger.
 
       On reste Zen et on attend. Au dernier pointage, Maria était toujours avec ses 2h d'avance sur le timing. Nous avons prévu un dodo de 1h30 ici. Nous redoutons que son arrivée crépusculaire ne soit pas dans le bon timing biologique pour trouver le sommeil. Nous verrons bien.
       Pendant que la maman de Maria attend à l'entrée de la salle, nous remontons doucement le parcours sur 800m. 
       Elle arrive "enfin" (elle garde 1h40 d'avance sur les prévisions) et se plaint d'avoir "déjà" des douleurs aux jambes. Euh … ok mais tu as quand même 150km dans les pattes là ! Est-elle bien consciente de ce qu'elle vient déjà d'accomplir ? 
       La pause ne va pas, là aussi, se passer comme prévue : elle est maintenant 5e femme et il est devenue impossible de lui cacher sa position, les encouragements l'ayant depuis longtemps renseignée. Du coup, elle cogite et ne trouve le sommeil que 15'. Elle se force malgré tout à laisser reposer ses jambes 1 heure.   Pour les douleurs aux jambes, Maria troc un 3/4 au lieu de son sort. L'objectif étant maintenant de limiter les mouvements excentriques des muscles. Elle repart au bout d'1h30 d'arrêt, avec 2h25' d'avance sur mon timing. 
 
       Pour nous, direction Gressoney, après avoir réussit à trouver un bar en bord de voie ferrée qui accepte de nous servir un repas. Comme on ne comprend pas grand-chose, on mange ce qu'on nous apporte. C'est pas top mais ça cale. Et c'est pas cher !
 
       Il convient de parler des tarifs fluctuants que nous avons rencontrés dans notre périple : A Courmayeur, les prix sont bien plus élevés qu'ailleurs. Nous avons par exemple payé le même prix pour un thé à Courmayeur que pour nos 2 petits déjeuner avec 5 viennoiseries à Valtournenche ! Il faut savoir également que la carte bancaire n'est pas acceptée partout. Et il arrive que les lieux de restauration en station ne ré-ouvre que pour le TOR, diminuant parfois le choix dans les menus. Globalement, on ne mange pas toujours équilibré si on n'a pas de glacière mais on n'a pas faim.
L'essence est plus cher de 20 centimes/litre environ. Nous avons effectué 400KM entre nos 2 passages à Courmayeur.
 
Nous avons essayer de passer voir les coureurs à Niel mais avons renoncé, faute de place de stationnement.
 
       Arrivé à Gressoney, nous trouvons 1 immense parking à l'entrée du village, avec wc et bar pour le lendemain matin. Impec ! Quelques heures de sommeil nous ferons le plus grand bien avant d'attaquer notre 3ème excursion.
 
       Nous partons ce mardi matin de la base vie à contre sens des coureurs, en direction du col de Lasoney. 
       Hormis les marquages au sol, on ne sait pas que l'on se trouve sur une course avec 800 participants. Nous en croisons très très peu (3 en 1h) ! Remonter à contre sens la course nous permet aussi de faire un pointage avec la concurrence de Maria, tant sur le plan chronométrique que sur le visuel physique.
       Cette ballade est magnifique et semée de framboises ! Arrivée dans le vallon où se trouve le ravito de loo, c'est splendide. Certaines personnes du ravitaillement sont en costumes traditionnels et ça donne un côté bien sympa. Plus haut, nous arrivons à un hameau moitié en ruine, moitié en reconstruction, les chemins sont "tracés" par des murets de pierres d'1m de haut. Un côté Ecossais dans ce paysage étonnant.
       Nous continuons notre progressions jusqu'à croiser Maria qui est bien contente d'échanger quelques mots alors que cela fait un bon bout de temps qu'elle est seule. Et puis d'un coup, 2 coureurs la rejoignent et tous les 3 s'éloignent lentement de nous. Nous avons rebroussé chemin et en marchant, nous allons presque l'impression d'aller aussi vite que le petit groupe. Nous les rejoignons d'ailleurs alors qu'ils sont arrêtés au ravito. Ils nous redoublerons un peu plus bas. C'était bien sympa de les voir et de discuter avec eux pendant 3 mn et de les encourager.  La base vie est pour bientôt pour Maria et elle file rejoindre sa maman qui s'occupera d'elle.
       Dans la descente, nous rejoignons un suisse arrêté qui vient de buter contre un cailloux et qui s'est fait exploser une grosse ampoule. Il n'a rien pour se soigner, incroyable ! Je joue donc au St-Bernard à sa demande, ce qui lui permet de repartir en boitillant. D'après les pointages, il a pu repartir et se faire soigner par des pro un peu plus loin. Il termine même très bien, 15e au scratch.
 
       Je n'avais pas prévu de dodo à cette base vie mais c'est Maria qui gère. A la sensation et au vu des autres repos manqués, elle tente une petite sieste. Au final, environ 20' de dodo. ça fait pas lourd et nous commençons à avoir peur de l'explosion. Au bout d'une heure, elle repart. 
       Les autres filles proches ne se sont pour ainsi dire pas encore arrêtées non plus et aucune ne veut lâcher. C'est un peu stressant de les voir manger aux bases vie tout en observant les concurrentes pour savoir qui repartira la première. J'essaie de lui rappeler qu'il reste ... 2 jours de courses pour se bouffer le nez. Celles qui sauront rester les plus "zen" auront une bonne option sur une belle fin de course. A ce moment-là, nous commençons à prendre conscience qu'un TOP 5 est possible.
 
       Je tiens à faire un paragraphe spécial pour remercier encore une fois notre kikou Bubulle qui assure non seulement le live de la course mais qui nous tiens régulièrement au courant des avancées des unes et des autres. MERCI MERCI MERCI ! C'est grâce à la multiplication des renseignements que je peux travailler sur différentes tactiques. Pour l'instant, nous continuons sur le plan de base, ZEN on a dit ! En traçant petit à petit un graphique, on peut presque anticiper que l'espagnole qui est 3e un peu devant, va bientôt craquer. Par contre, l'Italienne juste derrière est toujours dans le même tempo que Maria. Elle est sur ses terres et ne veut rien lâcher. Elle est arrivée alors que Maria est encore dans la base vie et repartira juste après elle.  Encore un peu plus loin derrière, ben ... c'est pas si loin non plus. Top 5 ce serait super mais sortir du Top 10, à ce moment de la course, ça fait flipper. Elle a 30' de retard sur le planning.
Bref, même pour l'assistance, cela devient palpitant alors qu'il reste, encore une fois, 2 jours de course.
 
Nous reprenons la route en direction de Valtournenche. C'est long mais on n'ose pas se plaindre en pensant à ce qu'endurent les coureurs.
 
       Arrivés à la base vie, nous ne trouvons pas à nous garer hors du parking où est situé la grande tente abritant la course. Ça promet une nuit agitée. Pour l'assistance aussi, il faudra les bouchons d'oreilles. A 30m de la tente, il y a un restaurant tenu par un ex-participant et qui parle Français. Très bien ! Sur le bar domine un trophée de vainqueur du TOR ! La légende (enfin le restaurateur) raconte que lors de sa victoire, Oscar PEREZ était sur le point d'abandonner à Valtournenche lorsqu'un ancien du village lui a parlé et l'a convaincu de repartir. A l'arrivée, il a fait rechercher son "sauveur" et lui a remis son trophée.  On ne sait pas si c'est exact mais le repas du soir et le petit dej' le lendemain étaient très bien !
 
       C'est ici que nous devons prendre le relais du 1er binôme d'assistance. Il va nous falloir être à la hauteur des attentes de Maria alors que nous rentrons dans une phase incertaine de la course, à tous points de vu.
       A Valtournenche, c'est aussi la première assistance en pleine nuit avec incertitude sur l'heure d'arrivée, sur le temps de repos éventuel, le classement, etc. Nous savons qu'elle à pointée avec un retard de 50' sur mes calculs à Champoluc. Cependant, j'y avais (généreusement) prévu 45' de dodo. Si elle n'a pas dormit, elle devrait s'être recalée à peu prêt sur le planning. C'est l'inconnue.
       Au bout de tant d'heures de course, les assistances se doivent d'être patientes : il faut être prêt au moins 1 heure avant l'horaire estimé, au cas où, ce qui fait une installation environ 1h30 avant. Si l'athlète que l'on suit arrive "en retard", il faut attendre encore un peu puis s'occuper de lui (elle) dès son arrivé(e). Pour peu qu'il y ait un dodo (logique la nuit), il faut encore attendre et préparer le second round : réveil, rééquipement, consignes, repas, etc. Après le départ du coureur, il reste à ranger au mieux en prévision de la suite, rester sur place afin de savoir où en est la concurrence et avertir son athlète, et enfin, on peut aller se reposer. ça peut donc être un poil long et un bon bouquin peu faire patienter.
       Maria nous fait la totale ici : "retard" (+20') + douche + dodo (1h10 pour 1h30 prévue :-20') + repas.  Elle repart à la minute près sur le prévisionnel. C'est bô !  Quelle motivation !
       Voilà, pour ceux qui sont tenté pour faire l'assistance, il faut avoir conscience que cela peut arriver : pour 1h50' d'arrêt de l'athlète pour ce cas là, nous avons été sous la tente environ 5h. Cela peut avoir un côté fatiguant. Pour moi, à ce moment-là, c'est juste excitant. Et sympa, car au bout d'un moment, on voit les même personnes et on fait de belles rencontres. Il n'y a pas que les coureurs qui profitent, non mais!
       Côté classement, Maria est arrivée 3e, ayant doublé l'Espagnole comme espéré quelques km avant la base vie.
       Elle réussie à partir juste avant que Marina PLAVAN (l'Italienne qui ne lâche rien) n'arrive. Cette dernière nous jette un coup d'œil et voit que nous sommes en train de ranger doucement : La maman de Maria doit rentrer et elle tenait à être là. Elle encourage et rappelle ce que veulent toutes les mamans : tant qu'elle ne tombe pas ... Là encore, L'italienne ne fait donc qu'une petite pause et repart. Infatigable, impressionnante !
       Mais ce n'est pas la seule à regarder comment nous gérons la course : l'Espagnole, qui commence à payer son début de course rapide s'accroche : elle est arrivée pendant que Maria dormait. Ni une ni deux, elle fonce et repart juste avant Maria. Elle reprend la 3ème place pour 3' !
       Les 3e, 4e et 5e femmes se tiennent en 35' au bout de presque 70h de course !.
       La 2ème (Stéphanie CASE) est repartie toujours sans dormir alors qu'au dernier pointage, elle avait un petit pécule de 3h10 d'avance sur Maria. Etonnant de prendre des risques pareils, en sachant que la 1ère est inaccessible (+ de 4h d'avance).
 
       Retour à la voiture où je retrouve trottinette qui a dormit cette nuit (il est bien d'en avoir au moins 1 d'éveillé pour conduire). Après un petit somme, nous partons pour notre 4ème rando dans le sens de la course en direction du refuge Barmasse. Le chemin est agréable mais nous n'avons que 2h30 pour en profiter avant de reprendre la voiture et de filer jusqu'à Oyace sans prendre le risque de rater Maria. Là encore, nous n'atteignons pas l'objectif du sommet (pas très rapide l'assistance ...) mais c'est sympa quand même.
 
       En chemin, Bubulle nous apprend que Maria à pointé avec 46' de retard sur mon estimation à Cuney. Cela nous stress, ne sachant pas si Maria coince où si c'est juste moi qui me suis fourvoyé dans mes calculs.  Elle a pourtant récupéré la 3ème place.
       Puis nous avons le pointage de la 4ème : il s'agit de l'italienne qui passe à Cuney avec 45' de retard sur Maria. Elle a donc perdue un quart d'heure supplémentaire… sur 7h de chemin. C'est quasi du jeu égal.
       A cuney, l'écart se creuse avec l'Espagnole (qui a explosé ou qui a dormie ?) puisqu'elle pointe avec 2h50 de retard sur Maria.
       Pourvu qu'il n'y ait pas de "craquage" car à 24h de l'arrivée, c'est maintenant le Top 4 qui tend les bras à Maria.
 
       A Oyace, nous voyons la seconde qui arrive en boitant bas. Elle a des ampoules. Elle perce rapidement tout ça, place une bande élasto par-dessus et hop ! Elle saute dans ses chaussures. Son assistance lui a trouvé des Hamburgers au MacDo d'Aoste qu'elle engloutie tout aussi rapidement. Je discute avec son assistance : elle a fait un petit somme dans un refuge, ce qui explique que Maria se soit un peu rapprochée, tout en restant à bonne distance, avec un retard supérieur à 2h.
       L'attente est longue. Je me base encore sur mes estimations tout en sachant qu'elles prennent en compte une fatigue augmentant de façon quasi linéaire. Un petit coup de fatigue supplémentaire et ça peut vite se chiffrer en heures…
       Enfin, avec 1h15' de "retard" sur mes prévisions, la Miss arrive. Ce sont donc bien mes prévisions qui sont mauvaise car Maria a repris 15' à la 2ème.
       Elle annonce dès son arrivée qu'elle veut dormir. Pendant qu'elle se change, je fonce à la voiture prendre un matelas + souple que les lits de camps mis à disposition. Elle s'allonge et nous nous éloignons.
       15' + tard, elle se lève : impossible de dormir dans cet endroit : Il n'y a pas d'autres coureurs mais les seuls bénévoles Italiens font un tel boucan qu'il lui est difficile de faire abstraction, sans parler des chiens qu'on laisse rentrer dans la salle et qui aboient ... Elle reste calme. Chapeau !
       Au final, ce sont de précieuses minutes qui ont filées et surtout, encore une portion de 4h30 environ à avaler avant d'espérer dormir à Ollomont. Va-t-elle tenir ?
       Nous attendons sa rivale Italienne pour connaitre l'écart entre ces 2 compétitrices. Elle arrive 20' après le départ de Maria, pendant que nous remettions de l'ordre dans la voiture. Je me dirige vers la salle au bout de 3' avec ma feuille de pointage et …l'Italienne à disparue ! Bon sang, déjà repartie !? je fais donc rapidement le tour du bâtiment pour savoir où elle se situe. Tiens ! pas là non plus. Je retourne dans la salle et finalement, la trouve bien cachée sous les couvertures.
     Nous décidons de ne pas attendre qu'elle se réveille : nous avons un peu de route et ce serait prendre des risques d'être en retard dans la préparation de l'arrivée de Maria à la prochaine base vie,
 
       Il nous faut une petite demi-heure pour trouver la petite base vie d'Ollomont. Nous y trouvons de quoi nous restaurer (un camion sandwich). 
       5' après nous être assis, la Sud-Africaine arrive. Elle à pas trainée ! J'effectue un rapide calcul : elle a quasi 3h d'avance sur Maria qui va dormir au moins 1h ici. Impossible de rattraper 4h alors qu'il reste 14 à 15h de course pour elles.  Il faut reconnaitre quand on est battu et je vais donc féliciter sa team dont une partie parle le Français. Après échange entre eux, la Sud-Af' décide de repartir aussi sec ! J'applaudis mais trouve ça super risqué alors qu'elle n'a dormie qu'1 petite heure depuis dimanche. C'est un quitte ou double étonnant. 
       Du coup, nous avons pas mal de temps pour préparer l'arrivée de Maria : repérage des différentes installations (douches, zone de repas, kiné , couchages,etc) puis préparation du lit et des affaires de rechange. Nous prêtons mains fortes au déchargement du camion apportant les sacs d'allègement des coureurs. Nous échangeons un peu avec Bubulle qui suit les balises GPS. Mais celles-ci semblent avoir entre 1h et 1h30 d'écart entre la réalité et leurs indications. Cela permet juste de savoir que l'Italienne semble avoir fait un petit Dodo et est repartie de plus belle. cette donnée permettra à Maria de décider de la durée de son somme.
       Je décide d'aller à sa rencontre le long de la route que les coureurs doivent remonter sur 1 Km. Arrivé au bout, il commence à pleuvoir un peu fort. Je rebrousse un peu chemin et trouve refuge sous un abris puis patiente.
       Elle arrive finalement ("retard" de 1h50 sur mon prévisionnel) et nous marchons 500m ensemble. Il ressort de nos échanges que ce sera douche + un petit repas chaud + 1h de dodo, << sauf si l'Italienne arrive, tu me réveilles hein ! Je ne veux pas qu'elle reparte devant moi ! >>.  Bien Madame !
       Nous nous activons pour faire perdre le moins de temps possible à notre championne. Elle trouve un bon sommeil, même si je la vois s'agiter. A son réveil, tout est prêt, sauf ce qu'elle veut manger en "chaud". Nous filons commander différents plats mais c'est pas instantané le service.
       Alors que je suis en train d'éplucher une pomme de terre chaude, l'italienne arrive. Elle s'assoit et commence à manger elle aussi, sans quitter son sac à dos. Elle dispose de 3 personnes qui s'occupent de son sac pendant qu'elle mange.
       Les 2 concurrentes mangent à 5m d'écart. C'est hallucinant de les voir s'observer du coin de l'œil tout en mangeant à vitesse grand V  Innocent!
       La pluie qui s'était arrêtée refait une apparition. Maria est prête et elle part la 1ère (3' d'avance sur mon timing car j'avais prévu 3h de dodo). L'italienne décide de se changer finalement et finit par poser son sac. Elle repartira avec un peu plus tard. Le money time est engagé !
 
       Il est presque 1h du matin lorsque nous prenons la route en direction de St Rhémy en bosses. Nous ne voyons pas d'indications et sortons pour la 1ère fois le GPS. Cela nous emmène au village. Il y a quelques maisons mais aucun ravito. Nous tournons un moment à sa recherche. Nous le trouverons finalement à "Bosses", un peu par chance. Les italiens nous expliquerons qu'il y a St-Rhémi ET Bosses, 2 villages séparés de 3 km, et qu'on appel le coin des 2 noms. vous m'en direz tant ... En continuant la ruelle où est placée la tente du ravito, on tombe sur un petit parking avec même un haut vent qui évitera le bruit de la pluie sur la carrosserie pendant la nuit.
       Je dors 2h puis prends les affaires de Maria et vais me planquer dans le ravito. Il pleut un peu et j'imagine que ce ne doit pas être évident pour les coureurs. Quel courage, quelle volonté !
       J'arrive à avoir accès au PC des bénévoles et regarde s'il y a du nouveau côté classement féminin. Sauf catastrophe, le Top 4 est assuré, la 5ème n'étant pas encore pointée à Ollomont. Je calcul aussi que la Sud-Af' à mis 7h pour cette portion alors que je me suis basé sur un temps de 6h20. L'attente va être longue. Sera-t-elle encore 3ème ?
       2 coureurs passent mais décident après quelques minutes de ne pas s'attarder : il fait bien frais et le cuistot en chef (qui lui, n'est pas très frais…) met trop de temps à comprendre leurs demandes et à préparer du "chaud".
       C'est une remarque que je me suis faite plusieurs fois à certains petits ravito : Les bénévoles sont dans le partage, la discussion, etc et profite de la fête qu'est le TOR tout autant que les coureurs. Ils agissent à l'échelle de l'épreuve. Beaucoup d'empathie, de sourires, de dialogues. Bémol à ça, Les coureurs pressés ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde et perdent patience parfois Pied de nez.
       Arrive le coureur chinois qui est partit devant Maria. Lui non plus n'arrive pas à avoir ce qu'il veut. Il souhaite juste de l'eau chaude sur un bol qu'il a remplit de biscuits secs. Après 5' de dialogue de sourds, il finira par passer de l'autre côté des tables et se servira lui-même.
       Normalement, c'est maintenant à Maria d'arriver. Je n'ai pas vu l'assistance de l'Italienne ce que je prends pour un bon signe. Maria m'a téléphonée il y a un petit moment pour me dire qu'elle arrivait mais qu'elle n'était pas sûr de là où elle se trouvait et qu'elle ne s'était pas fait doubler.
       La voilà qui arrive avec sa petite foulée qui semble encore "légère". Elle se change un peu, obtient difficilement des pates qu'elle laissera à moitié car trop salées. Elle enfile une veste un poil légère et repart au bout de 7'. Voilà, mon rôle est terminé. Prochain point de rendez-vous : l'arrivée. Je ne peux plus aider. Vraiment ? : Je range les affaires au plus vite, m'installe à une table et ... fais mine de dormir. Je suis un peu taquin sur ce coup et j'imagine la tête de l'assistance de l'Italienne quand il verront que non seulement Maria est déjà repartie mais que visiblement, cela fait un bon moment... 
       ça ne rate pas : 10' après, les 3 assistant arrivent et font une drôle de tête quand je sors tout doucement le visage de mes bras, m'étire et sors ma feuille de pointage. Bon, je sais que dès qu'il auront accès au pointage officiel, l'illusion ne fera plus effet mais à 6h du mat', ça marque un peu quand même.
       La pluie devient très forte. Dring ! C'est Maria qui se demande s'il elle n'a pas fait une bêtise en ne mettant pas sa grosse veste chaude en +. Je lui indique que si elle veut garder sa 3ème place, il est hors de question de faire demi-tour maintenant, 25' après être partie du ravito. Il va falloir serrer les dents ! Après avoir raccroché, je suis plein de doutes et espère que la météo ne va pas continuer à se dégrader de trop. J'ai été un poil directif sur le moment, oubliant que cela fait presque 4 jours qu'elle court et que son manque de sommeil ne va pas augmenter sa capacité à résister au froid. Je m'en veux. Elle a encore une tenue complète dans son sac et j'espère qu'elle trouvera une zone où l'enfiler. 
       Je profite de l'attente de l'arrivée de Marina pour refaire quelques calculs. Le dodo d'Ollomont a été profitable à Maria : elle a mis 30' de moins que ma prévision et est maintenant en "avance" sur mon tableau. Elle a repris 1h10 à la seconde (qui reste tout de même avec 3h d'avance à 8h de l'arrivée). 
       L'attente se prolonge et j'aime bien ça !
Soudain, l'Italienne arrive, elle a 1h07 de retard sur Maria. Son assiette de pates est déjà servie. Elle l'engloutie pendant que ses assistants lui refont les niveaux de son sac. Elle repart au bout de 3' et incroyable, au sprint ! Vraiment impressionnante !
       je rejoins la voiture perplexe Incertain:  plus très sûr qu'une heure suffise à contenir la détermination de Marina. La Sud Af' à pointée à Frassati 4h15 après son passage à Bosses, un peu "lent" par rapport à mes prévisions, estimées à 3h45. Pas facile de tout prévoir sur les fins de courses comme ça
       Nouveau petit dodo + petit dej' improvisé sur le parking. Nous décidons de juste faire un nouveau saut au ravito de Bosses pour avoir d'éventuelles nouvelles des coureuses.
       Les bénévoles sont étonnés de me retrouver à nouveau. Ils ont passés la nuit sous le petit barnum et la relève est arrivée. L'accès au PC est un poil + difficile mais nous y arrivons quand même. Cela permet d'apprendre que Maria a pointée à Frassati avant 9h, encore en 3ème position. lors de nos échanges avec Maria elle dit : << le temps à tourné à la neige forte et j'ai pensé un moment que la course allait être neutralisée mais non. Frigorifiée. Me suis changée et habillée + chaudement à Frassati, tant pis pour le temps perdu. Le départ en dehors du refuge fut dur par ce temps. On ne voyait rien. Pas vu Marina.  >> 
       Je retourne à ma feuille de calcul pour noter les passages et je m'aperçois qu'elle a encore grignoté 1h20 sur la 2e. L'écart est descendu sous les 2h. Et si la Sud Af' explosait et payait cher sa tactique d'Ollomont ? Il ne reste que 5h de course et elle doit bien avoir 2h15 d'avance au départ de Frassati. Ne rêvons pas, sauf accident, la 2ème place est trop loin. Maria à pourtant fait un excellent tronçon, gagnant 40' sur mon estimation. Enorme ! ça sent bon pour la 3ème place. Elle ne faiblit donc jamais ??? Elle nous montre vraiment l'étendue de son talent. Pas évident, quand on suit un tel phénomène, de se rendre compte que la course est super dure.
       Juste après ce petit calcul, nous voyons le pointage de l'italienne : Bigre ! Elle est allée encore plus vite que Maria et lui a repris 20'. Donc, en entrée de refuge, Maria n'avait plus que 48' d'avance. Si on décrypte sa pause, avec 20' de perdus, Marina pourrait ne plus être qu'à 25 / 30' de Maria. aie aie aie !
       Je me fais la réflexion que rien n'est joué pour ce podium. Lorsque je trace les avancées sur un graphique et que l'on extrapole les vitesses depuis Ollomont pour anticiper l'arrivée,  ben … les 3 femmes les pourraient être dans un mouchoir à Courmayeur !  Quelle déception pour celle qui terminera 4ème après tout ces efforts ! On pense forcément dans ces cas-là qu'une si belle course peut et va se révéler bien cruelle En pleurs.
       Le portable ne passe pas là-haut mais nous envoyons plein d'ondes positives à notre championne. Déjà, le temps a tourné au sec, ce qui va permettre aux coureurs de finir sans se perdre.
       Nous filons sur Courmayeur pour assister à quelques arrivées. En route, Maria nous téléphone pour nous dire qu'elle a passé Malatra avec la neige, que ça craignais un peu mais que n'ayant vu aucun secouriste sur place, elle s'est débrouillée seule. Elle nous demande des nouvelles de la position de Marina (son téléphone ne reçoit + les SMS au delà de 500 ). Trottinette lui indique que selon le dernier pointage, son adversaire se rapproche et lui souhaite bon courage.  Sur le moment, j'avoue que j'aurai préférer avoir cet appel. Mes mots n'auraient pas été les mêmes, certainement + viril et directif... Après réflexion, je suis bien obligé de reconnaitre qu'il n'y a pas besoin de beaucoup de mots pour motiver Maria. Elle a mené sa course parfaitement et nous n'y sommes pour rien, même si nous aimerions. 
       Arrivés sous l'arche, nous apprenons que la Sud-Af' Stéphanie CASE a réussie à repartir et en a terminé, prenant une très méritée seconde place.
       Les minutes passent lentement quand Maria téléphone à nouveau pour demander des nouvelles. Je ne peux lui transmettre que les infos données par Bubulle en suivant les GPS : ils sont très proches, mais qu'est-ce que ça veut dire à l'échelle de 340km ? Elle indique être encore 3ème,avancer vers Bertone et ne voir personne sur 500m derrière. J'essaye de peser mes paroles et de trouver les mots justes pour que cela réveille si besoin était (mais est-ce vraiment le cas ?) la volonté de Maria voir même d'autres filières un peu plus ... bestiales Cool
       20' après, Son passage est enregistré à Bertone. Elle est toujours 3ème.
       Nous patientons dans l'espoir de ne pas voir le pointage de Marina. Puis on se rends compte que quelque chose est en train de se passer au podium et pour les speakers, sans savoir ce que c'est vraiment. Inutile de dire que Marina est chez elle et est pour le moins attendue.
       Au bout de 5', nous comprenons enfin : les pointages ne fonctionnent plus. Le système à planté juste après le passage de Maria. Du coup, personne ne sait si l'Italienne est passée à Bertone. C'est pas possible, c'est fait exprès ce scénario ?! Nous voilà figés entre impatience et crainte, entre excitation et peur. La vérité est que nous sommes inutiles et que ça nous bouffe !
       Nouveau coup de fil de Maria : elle arrive sur le bitume (déjà !) et bien sûr, demande des news. Je lui explique calmement notre impuissance à la renseigner. Puis lui dis qu'elle n'a plus le choix et qu'il va falloir être à fond jusqu'au bout ! Pour nous tous, qui la suivons et qui l'aimons mais surtout pour elle. Mes propos sont tranchants comme s'il s'agissait d'un 10km alors qu'elle est dans la souffrance depuis longtemps déjà. Je m'en excuse à postériori Embarrassé. Je lui rappel que même après une séance de fractionné qui nous a complètement cramés, si un lion arrive, on sera encore capable de sprinter. C'est cette réserve mentale qu'elle doit aller trouver Criant
       En raccrochant, je sais par ses réponses qu'elle à capter l'urgence possible et que rien ne l'arrêtera plus Sourire. Elle pourra tomber sur + rapide (c'est le sport) mais elle aura été au bout du bout.
       Toujours aucun pointage. L'attente est interminable.
       Et puis enfin, elle arrive. Sa foulée est d'une légèreté incroyable après tous ces jours. La poussière s'est soudain levée sur l'aire d'arrivée, Arclusaz doit encore passer l'aspirateur … 
       Nous vivons des instants superbes qui tournent à la rigolade avec le protocole et la longue danse avec la chorale Italienne. Interview, photos, signatures de l'affiche, passage au contrôle du matériel et des documents médicaux donnés au départ, rendu du GPS. La voilà bien occupée. Que ce doit être choquant de passer de l'effort physique extrême à l'arrêt imposé, de la solitude contemplative des montagne à cette bruyante foule.
        Elle s'emmitoufle et peut enfin s'isoler pour téléphoner à son chéri, partager ses moments qui n'appartenaient qu'à elle jusqu'à présent. 
       Maria a réussie une performance physique de très haut niveau, une gestion de course parfaite, récompensée par cette magnifique 3e place. Le TOR est une aventure vraiment forte qui emmène les coureurs dans un monde annexe au notre. Ils sont dans une sorte de transe sur cette planète d'où il est compliqué de s'échappé pour revenir sur terre.  Nous avons vu cette planète depuis notre satellite et ce voyage nous a marqué. Merci Maria de nous avoir permis de vivre ça !
       A vous qui vous demandez si ça vaut le coût de suivre un copain sur le TOR : n'hésitez pas car même si on ne court pas beaucoup, on fait un beau sport et l'aventure est présente tout les jours !

11 commentaires

Commentaire de crazy_french posté le 06-10-2016 à 17:23:56

Très belle vision de la course depuis l'extérieur... et quelle performance à l'issue!!!

Commentaire de guigou posté le 06-10-2016 à 17:56:38

Excellent! et haletant de bout en bout, ce suspense sur 340 km!
merci pour ce récit

Commentaire de bubulle posté le 06-10-2016 à 19:07:32

Ce récit va devenir une référence pour moi. Si jamais (ce qui n'est pas sûr), Elisabeth vient avec moi sur le Tor, elle aura plein d'indications utiles. merci encore !

Et, sinon, que dire sinon la grande fierté d'avoir un petit peu participé à cette aventure et que ça ait même été utile. Mais quel suspense sur la fin : je me revois à scruter ces fichues balises GPS comme si elles avaient pu bouger en direct...;-)

Seul regret :pas de WebTV en direct pour voir l'arrivée de Maria.

Bravo à elle et à vous, encore !

Commentaire de Jean-Phi posté le 07-10-2016 à 17:03:32

Quel suspense et quel coaching ! Bravo à vous 3 et le binôme supplémentaire ! Ce doit en effet être une chouette expérience à vivre ! Chapeau !

Commentaire de Antoine_974 posté le 08-10-2016 à 13:07:11

Sympa de voir ça de ce côté là.
J'ai beaucoup cogité sur le fait que mon assistance (mon père) allait beaucoup attendre...

Commentaire de Maria31 posté le 11-10-2016 à 09:33:22

Merci pour ce très beau CR, très précis et vivant !! je me suis replongée dans la course en le lisant !! Quel métier ingrat que celui d'assistant mais quelle importance pur nous simple coureur !!! alors un grand merci encore à Marat3h00 et Trottinette pour leur soutien à toutes les heures du jour et de la nuit !!! C'était top !! et encore un grand merci à tous les kikoureurs derrières leurs ordis !!!

Commentaire de Maria31 posté le 11-10-2016 à 09:35:46

et si la version coureur vous intéresse j'ai fait 2 CR...

http://www.trails-endurance.com/temoignages/maria-semerjian-3eme-du-tor-des-geants-2016/

http://www.u-run.fr/65863-un-2eme-tor-des-geants-pour-maria-semerjian

Commentaire de Arclusaz posté le 19-10-2016 à 08:45:30

Pfiou, pas de tout repos de faire l'assistance !!!!
merci de ce très intéressant retour que j'ai enfin eu le temps de lire
Avec moi, la méthode du lion qui arrive, pas sur qu'elle marcherait....

Commentaire de franck de Brignais posté le 21-10-2016 à 08:57:30

Bah dis donc... du suivi très très pro. Bravo à vous 2 pour cette belle aventure... je crois savoir et comprendre que vous avez pris votre pied aussi ! Vive les suiveurs !!
Bravo Maria pour cette belle gestion, bien sur !

Commentaire de aragorn23 posté le 26-10-2016 à 22:22:01

Super le récit et quel suspense final. J'ai demandé à ma femme qui a fait mon assistance d'en faire le récit. Elle l'a fait mais ne veut pas le publier. On ne voit pas assez de récit d'assistant, un travail qui demande beaucoup de qualités.
Quant à Maria toutes mes félicitations. J'ai juste eu le temps de la féliciter lors de le remise des sweat-shirt de finisher et je ne l'ai pas revue ensuite. On s'est rencontré en 2012 au Trail de la Restonica et on s'est vu ensuite vite fait à la Trace des Seigneurs à Cucugnan en 2013. Il faut dire qu'on ne va pas vraiment à la même vitesse.

Commentaire de Maria31 posté le 02-11-2016 à 22:41:11

Merci pour ton message !!! Effectivement, être assistant c'est tout un art aussi !!!

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