Récit de la course : TOR330 Tor des Géants 2014, par FOREST Alex

L'auteur : FOREST Alex

La course : TOR330 Tor des Géants

Date : 7/9/2014

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 2016 vues

Distance : 321km

Objectif : Pas d'objectif

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Tor des Geants 2014

J’aborde ce 5ème Tor des Geants dans un contexte très particulier, c’est pourquoi je tenais à écrire ce CR.

En effet, au départ du Tor, cela fait 8 mois que je n’ai pas vu mes enfants, Sasha 5 ans, et Samuel 2 ans.

Je n’ai pas envie de faire ce Tor, la seule chose que je veux c’est revoir mes enfants.

Mais je suis quand même revenu sur ce Tor, surtout pour revoir beaucoup d’amis que j’aime tant, et aussi parce que je suis engagé dans un jeu à la con, rester Sénateur.

 

 

Samedi 6 septembre 2014, 9h30, j’arrive en gare de Chambéry, et je reçois un message de Sénateur Jean-Mi qui m’indique qu’il a failli être à l’heure, mais il a oublié un sac chez lui.

12h, Jean-Mi me récupère enfin à Chambéry. On mange un morceau, puis on file dans le Val d’Aoste.

16h, nous arrivons à Courmayeur. Nous retrouvons beaucoup de connaissances, d’ailleurs ça râle parce que l’attente pour retirer son dossard est très longue, surtout que cette année il y a une vérification du matériel obligatoire.

Enfin, peu importe, comme d’habitude, nous attendons 19h pour récupérer notre dossard, et nous l’obtenons en quelques minutes.

20h, on s’installe pour le briefing et la pasta party, enfin pas longtemps pour moi, j’ai RDV à 20h30 pour l’étude scientifique (IRM + écho + bio). Ça commence par une prise de sang, aie, j’ai horreur de ça, ça fait mal ! Mais le pire c’est que le résultat de cette prise de sang est très mauvais. On me demande si j’ai fait un stage en altitude ces derniers jours, heu non pas vraiment, jusqu’à hier je bossais sur Paris. Zut, alors on me demande si j’ai vraiment l’intention de faire le Tor, parce que ça s’annonce compliqué, je devrai être très fatigué dès la 1ère montée. Cool, ça promet !

23h, je retrouve Jean Mi sur le parking de Dolonne, je mange l’assiette de pates qu’il m’a récupéré pendant qu’il construit nos chambres pour la nuit. Cette nuit, contrairement à l’année dernière, il va faire soleil, donc on peut s’installer sur la pelouse au bord du parking.

 

Dimanche 7 septembre, 10h, c’est parti pour le 5ème Tor des Geants.

Je ne suis pas bien placé sur la grille de départ, du coup je suis obligé de partir à bloc si je veux saluer la tête de course avant Dolonne. Je double comme je peux, je suis rentré parmi les 50 premiers quand j’entends qu’on  m’appelle, Je me retourne, c’est Philippe, ah ça fait bien longtemps qu’on s’est pas vu, alors on commence à discuter. Enfin pas trop longtemps, je le laisse filer dès qu’on attaque le sentier, le rythme est trop rapide pour moi, mais j’essaye de m’accrocher tant bien que mal, je ne veux pas ralentir les 650 qui sont derrière moi.

23 minutes de course, pan, j’explose, je me prends le mur (bien sûr, tout le monde connait le fameux mur de la 23è min de course sur le Tor), je suis cuit, je n’arrive plus à avancer, tout le monde me double.

50 minutes de course, je suis enfin sur la piste forestière + large, je peux me laisser dépasser tranquillement. J’entends derrière moi une voix connue, je me retourne, c’est Fred. J’essaye de bluffer, style je suis en pleine forme mais je prends juste un départ prudent, je lui conseille de ne pas parler dans les montées s’il veut finir devant moi à l’arrivée, je m’accroche 5 min à ses côtés, mais rien à faire, je suis cramé et je le laisse filer.

2h15 de course, je suis enfin au col de l’Arp, cette 1ère montée était horrible, je n’ai pas arrêté de me faire dépasser, aucune énergie, grande fatigue. Et je sais que les prochains cols sont beaucoup + difficiles, c’est motivant. Enfin, au moins ça confirme que les résultats de ma prise de sang sont bons, on arrive toujours à trouver quelque chose de positif.

Allez, j’attaque la 1ère descente, mais même là au début j’ai du mal, il me faut quelques minutes d’adaptation avant de retrouver mon rythme habituel, et enfin pouvoir remonter quelques places.

 

13h17, j’arrive à la Thuile, j’ai déjà entre 40 et 50 minutes de retard par rapport à mes temps de passage des 4 premières éditions, ah ouais quand même !

Enfin il y a toujours une ambiance énorme ici, et pour moi c’est encore + spécial cette année parce que mes parents sont venus m’encourager, Et puis je retrouve également Claude (avec qui j’ai fait la 2ème moitié du Tor l’an passé), accompagné de Michèle et Amélie, et aussi Aude, Aurélie, et des amis valdotains.

On pose pour quelques photos :

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On fait semblant de courir quand même, c’est une course, faut pas déconner :

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Et une dernière photo, avec la prochaine montée au refuge Desfeyes en fond :

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Je propose à mon père de m’accompagner jusqu’à la Joux, c’est presque plat. On retrouve aussi Laurent, finisher des 2 premières éditions, qui malheureusement avait connu quelques soucis en 2012. Donc jusqu’à la Joux, tout va bien.

Oui, mais c’est à partir de là que ça se gâte, car on attaque la longue montée jusqu’au Passo Alto, passée comme dans un rêve en 2010, et comme dans un cauchemar les 3 autres années suivantes. Bon, à vrai dire, cette année, je ne la sens pas trop, et ça sera vite confirmé.

Mon père m’a laissé, j’ai dit à Laurent de ne pas m’attendre évidemment, je monte donc seul à un rythme aussi rapide que dans le 1er col, forcément tout le monde me dépasse, c’est à se demander si on participe à la même épreuve.

Enfin heureusement je connais beaucoup de monde, donc à chaque fois que je croise une connaissance, c’est l’occasion de se saluer, d’engager une conversation, et surtout de faire une pause. Oui mais le problème, c’est que quand t’es arrêté, tu n’avances pas !

Parmi tous ceux qui me dépassent, le 1er Sénateur Français à me doubler sera Sénateur Thierry (Sénateur Pierre Henri ! était loin devant moi depuis le départ).

 

Bon je finis quand même par arriver au Refuge Desfeyes, quasiment en même temps que Sénateur Romain. Quelques minutes de pause, puis on repart presque ensemble.

La fin de la montée au Passo Alto passe mieux, forcément il y a pas mal de replat, et j’arrive à garder Romain en point de mire. Je franchis le Passo Alto 2 minutes après lui, j’attaque aussitôt la descente, ça bouchonne pas mal dans le pierrier assez technique, donc je rejoins Romain assez facilement.

On double comme on peut jusqu’à Promoud, je fais bien attention de ne bousculer personne, surtout que cette descente n’est pas longue, et je ne suis pas pressé.

 

On s’arrête 2 minutes au ravito, puis on attaque le 3ème col, le col Crosatie, une montée courte (2,5km) mais 900m+ quand même, c’est pentu !

Je débute la montée avec Romain et Toto38. Romain donne le rythme, et je suis agréablement surpris de pouvoir suivre. Je leur fais même remarquer que le col Crosatie passe mieux que le Passo Alto. Quel connerie j’ai pas dit ! Après 30 minutes de montée, je commence à fatiguer, alors je m’arrête quelques secondes pour boire. Puis je repars. Enfin j’essaye de repartir. Mais non, y a rien à faire je n’arrive pas à repartir. Quelques mètres plus loin, je refais une nouvelle pause, je m’assois, je rebois une gorgée, mais ça ne change rien, je ne repars toujours pas. Sénateur Romain a filé, tout le monde me double, j’essaye d’avancer mais je n’y arrive pas. Et plus le temps passe, plus mes temps de pause augmentent et plus mes temps de marche diminuent. Mais le problème est toujours le même, quand je suis arrêté, je n’avance pas.

Le soleil va bientôt se coucher derrière les montagnes, il y a un peu de vent, j’anticipe en me couvrant avant que le soleil disparaisse, mais c’est déjà trop tard, j’ai froid. Et c’est pas en étant à l’arrêt que je vais me réchauffer.

Je commence vraiment à douter de ma capacité à atteindre le col Crosatie. Et je ne m’imagine même pas continuer après Valgrisenche dans cet état. Pourtant, en avançant mètre après mètre, pas après pas, je ne suis plus très loin du sommet.

Je suis assis sur un rocher, à moins de 100m du col, je pleure en pensant à mes enfants. Je regarde vers le bas et je reconnais Sénateur Jean-Mi. Je crie, je gémis, mais Jean-Mi ne m’entend pas. Je continue d’appeler Jean-Mi en pleurant, il lève enfin la tête, il est très surpris de me voir ici, surtout dans cet état. J’avais l’intention de dire à Jean-Mi de prévenir les secours au col, pour qu’ils viennent me chercher, mais non, ma tête est déréglée, je me relève, et je suis Jean-Mi jusqu’au col.

Et en arrivant au col, une personne me reconnait : c’est Henri, de la Thuile, avec qui j’avais fait une bonne partie du Tor l’an dernier, et cette année, il s’est porté volontaire pour assurer la sécurité ici. Il m’encourage, il voit bien que je suis mal, il me propose du coca. Je ne peux pas abandonner ici, de toute façon maintenant c’est de la descente, je verrai bien en bas.

Donc je continue, mais doucement, car je ne me sens pas bien, j’ai la tête qui tourne. Le pauvre Jean-Mi essaye de m’encourager, mais il n’y arrive pas, je pense à mes enfants, je ne veux plus continuer le Tor, je veux rentrer chez moi et revoir mes enfants.

On arrive devant la stèle en hommage en Yuan Yang, décédé pendant le Tor l’an dernier. On s’arrête. Un coureur chinois est également là, assis, en train de se recueillir. Il nous explique qu’il était un ami de Yuan.

Ce moment est très émouvant, je me remémore le Tor de l’an dernier, et je réalise la chance que j’ai d’être ici cette année. On repart avec Jean-Mi, mais je ne suis plus du tout fatigué, du moins pas + que sur la ligne de départ.

 

Quelques minutes plus tard, la nuit tombe, je sors ma frontale puis je continue, mais Jean-Mi m’appelle : il a perdu sa frontale dans le 1er col, il a une autre frontale mais la batterie est vide, et il a bien une frontale de secours, mais elle est tellement puissante qu’il n’arrive même pas à éclairer ses mains avec. Je passe ma frontale de secours à Jean-Mi, il y voit plus clair, ouf on peut continuer !

Je descends plus vite que Jean-Mi, je double plusieurs coureurs, je n’attends pas Jean-Mi car je sais qu’il me rattrapera plus tard

 

En bas de la descente, peu avant d’arriver sur la route de Planaval, je double 2 personnes que je salue et qui m’appellent : c’est Aude et Sénateur Arnaud. Heu zut, mais qu’est-ce que vous foutez là ?

Arnaud n’est guère mieux que moi, décidément, c’est fatigant la vie de Sénateur.

On continue tranquillement jusqu’au ravito de Planaval, forcément le moral n’est pas au top, impossible de s’alimenter correctement depuis le départ, donc plus d’énergie, heureusement que Aude est là pour nous remonter le moral.

Jean-Mi nous rejoins au ravito de Planaval, et nous repartons ensemble tous les 3 à un rythme de Sénateur jusqu’à la base vie de Valgrisenche

 

Nous entrons à Valgrisenche à 22h39.

Jean-Mi nous confie qu’il est en euphorie, il a trop la forme cette nuit, allez Jean-Mi, vas-y fonce, ne nous attend pas !

Pendant qu’Arnaud prend une douche, j’essaye de manger quelquechose, une grappe de raisin + un yaourt après 12h de course, ça ne devrait pas m’étouffer.

Ensuite, on décide avec Arnaud de dormir 2h, vu l’état dans lequel on est, ça ne devrait pas nous faire de mal.

 

Nous repartons tous les 2 de Valgrisenche à 1h26, finalement pour l’abandon on verra plus tard.

Pour l’anecdote, en regardant le classement, j’ai constaté que nous sommes sortis de Valgrisenche en même temps que 曲丽杰 , nous ferons connaissance plus tard.

Arnaud mène un train de Sénateur, mais dès que ça monte, j’ai beaucoup de mal à suivre. Heureusement, cette montée n’est pas difficile, il y a beaucoup de replat qui me permettent de tenir le rythme.

100m avant d’arriver au Chalet de l’Epée, je vomis une 1ère fois, et pourtant je n’ai rien mangé depuis le départ.

A l’intérieur du refuge de l’Epée, je retrouve Arnaud, mais surtout je découvre Sénator Mauro, le meilleur des Sénateurs. Bah zut, qu’est-ce que tu fais là ? Il m’explique qu’il n’arrive pas s’alimenter depuis le départ, ça fait 6h qu’il est arrêté ici, et il n’arrive toujours pas à manger quelque chose, il abandonne ici.

Ouch, décidément ce n’est vraiment pas facile de rester Sénateur. Allez, avec Arnaud, on ne traine pas ici, on continue. Cette fois, c’est moi qui impose le rythme de Sénateur, je sais que ça va monter un peu + raide jusqu’au col, et je ne pourrai pas suivre le rythme d’Arnaud. En effet, mon rythme est tellement lent, ça ne tarde pas à klaxonner derrière, je m’écarte pour laisser passer tout le monde, sinon, à mon rythme, on va tous s’endormir avant le sommet.

Heureusement, le col Fenêtre n’est plus très loin, et j’attaque aussitôt cette descente que je déteste afin de refaire mon retard sur Arnaud.

 

J’arrive à Rhêmes à 5h42, juste 2 min après Arnaud. Oui mais je suis crevé, alors qu’Arnaud commence à retrouver la forme. Bon apparemment je ne suis pas le seul à être fatigué, puisque qu’on retrouve aussi Sénateur Claude. Il nous explique qu’il avait commencé à monter Entrelor, mais il en a eu marre il a fait demi-tour et est redescendu à Rhêmes pour se reposer. Je comprends qu’il va abandonner, mais en fait non, il repart quelques minutes plus tard, il va remonter tout le monde, et il finira 72ème. Une banale histoire de sénateur.

Après 10 minutes de pause, Sénateur Arnaud repart, je lui dis que je repars dans 5 min, inutile de m’attendre, je ne pourrai pas suivre dans la montée. Puis je m’allonge sur un banc et je m’endors 30 minutes.

Quand je quitte Rhêmes, le jour se lève déjà, je peux ranger ma frontale. Je reprends mon rythme de montée, plus lent que moi tu recules, tout le monde me double, mais je commence à m’y habituer. Parmi ceux qui me dépassent, je reconnais Senator Gigi, et arrivant au sommet Senator Oskar.

Donc oui j’arrive au sommet, vers 10h, je me pose 5 min, et j’en profite pour faire quelques photos.

 

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Vue depuis le col Entrelor (3007m), la descente vers Eaux Rousses en passant par les lacs Djouan, puis en face le prochain col, le point culminant du Tor, le col Loson (3299m)

 

Ensuite je descends tranquillement vers Eaux Rousses, cette descente est longue et agréable, le soleil brille, je double tous ceux qui m’ont passés dans la montée, et même quelques autres.

 

J’arrive à Eaux Rousses à 11h42, et je retrouve Laurent avec qui j’avais fait un bout de chemin après la Thuile, malheureusement il arrête ici. Je traine 15 bonnes minutes, je ne peux toujours pas manger, mais surtout je n’ai pas envie de monter le prochain col, le point culminant du Tor, le col Loson à 3299m d’altitude, 1700m+ dans la tronche, ça fait mal rien que d’y penser !

Mais bon y a pas le choix, faut y aller, il est midi, la tête de course a déjà passé Donnas mais ça je m’en fout, là j’espère surtout passer ce putain de col Loson et arriver à Cogne avant la nuit.

Allez, c’est parti, à l’attaque du Loson !

Ce qui m’énerve dans ce col, c’est que ça ne monte pas raide, à part la fin, si tu suis le sentier, tu peux presque courir tout le temps (enfin si t’as que ça à monter évidemment). Mais du coup c’est long, interminablement long. Alors l’idéal, pour que ce soit moins long, c’est de couper les lacets et de tirer dré dans le pentu, d’ailleurs c’est même fortement conseillé.

Oui, mais vu mon niveau en montée, je suis bien incapable de couper ne serait-ce qu’1 seul lacet. Alors je vais me contenter de suivre le sentier, Et ça va être long, très long, infiniment long !!!

Le 1er tiers en forêt passe assez bien, on ne me double pas trop. Je m’arrête quelques secondes pour boire au chalet des gardes du Parc, on est 2300m d’altitude, il reste encore 1000m+. Mon rythme ralentit, on me dépasse de + en +, mais je continue à avancer. Avant le dernier raidard, vers 3000m d’altitude, je m’allonge 15min pour une petite sieste. La météo est idéale, le soleil brille, il faut profiter !

Ma montre sonne déjà, il faut repartir et terminer cette interminable ascension.

Il est 17h quand j’atteins enfin le sommet du col Loson, 5h de montée, que ce fut long !!

Je souffle quelques minutes, et je suis rejoint au sommet par Christian qui me prend en photo.

On remarquera sur cette photo que Sénateur Thierry est passé ici avant Sénateur Arnaud, symbolisé par un petit autocollant sur le panneau du col. 

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Allez, le Loson est passé, une bonne chose de faite, maintenant c’est la descente jusqu’à Cogne, et en + je sais que j’y arriverai avant la nuit, tant mieux !

Au début de la descente, je vomis encore une fois, puis ensuite ça va mieux, je déroule tranquillement toute cette descente, et je récupère une partie des places perdues dans la montée.

 

J’arrive à la 2ème base vie à Cogne à 19h10. En entrant, je retrouve Virginie, qui malheureusement a déjà abandonné, je reconnais aussi 丽杰, puis à une autre table, il y a Sénateur Jean Mi. Je m’assois à côté de lui, je bois une assiette de vinaigre, et je lui passe quelques piles (c’est pratique pour la frontale) car il ne va pas tarder à repartir, Il me renseigne sur la barrière horaire, ça va j’ai encore de la marge, alors je décide d’aller dormir 2h, ce sera pour moi l’occasion de découvrir cette base vie de Cogne, car je m’étais toujours arrêté moins d’une heure ici lors des 4 éditions précédentes.

Au réveil, je me sens enfin capable de manger un peu, je prends une assiette de pates, puis une assiette de vinaigre dans laquelle je trempe quelques tomates.

 

Je suis enfin prêt à repartir, je sors de Cogne à 23h03,

Cette montée m’effraie moins, elle est longue mais il y a beaucoup de replat où j’arrive à avancer. En plus, on repasse par le sentier d’origine, rive droite du torrent, c’est bien plus sympa que l’an dernier.

Je suis seul, je profite de cette belle nuit étoilée, j’approche du Refuge Sogno, mais soudain il se met à pleuvoir. Zut, c’est quoi ce bordel ? Au briefing d’avant course auquel j’ai pas assisté, ils avaient dit qu’il ferait soleil cette nuit, Et en plus, je vois plein d’étoiles dans le ciel, c’est pas possible. Bon, je suis à moins de 15min du refuge Sogno, et j’ai pas envie de sortir la Gore Tex que Trooper m’a prêté, alors je me dépêche pour mettre à l’abri avant d’être complètement trempé.

Du coup, je traine un peu au refuge Sogno, et pourtant quand on a connu le ravito tenu par Clelia ici, maintenant on a plus du tout envie d’y rester. On me confirme que la pluie n’était pas prévue et ne devrait pas durer, effectivement quand je ressors il ne pleut plus.

Je termine la montée à la Fenêtre de Champorcher, puis j’attaque la descente vers Donnas, j’avance doucement puisqu’il fait nuit, mais comme j’en ai tellement bavé dans les montées précédentes, maintenant dans cette descente je suis bien, je m’amuse, et je remonte des places régulièrement.

Je ne m’arrête presque pas au refuge Dondena, je continue ma route.

En arrivant sur Chardonney, je double d’abord 丽杰, puis quelques mètres devant je retrouve Jean-Mi. P’tain, qu’est ce t’as foutu, t’es parti 3h avant moi de Cogne et je te rattrape déjà, t’as dormi au moins ? Même pas, vraiment n’importe quoi, sacré Jean-Mi !

 

On pointe ensemble à Chardonney à 6h09, le jour va se lever, mais Jean-Mi est crevé puisqu’il n’a pas dormi depuis le départ, alors il décide de dormir 1h ici.

Je continue donc seul, je poursuis ma remontée dans cette descente, je dépasse Antoine, puis un peu plus loin Sénator Beat, ils souffrent des pieds tous les 2.

 

Je continue ainsi jusqu’à la 3ème base vie à Donnas, où j’arrive à 10h04.

La première demi-heure est consacrée à l’étude scientifique : prise de sang (aie ! ça fait mal), analyse d’urines, échographie …

Ensuite je mange, en compagnie de 丽杰, une assiette de pates, une salade de tomates (je suis dégouté, la vinaigrette est toute faite, il n’y a pas de vinaigre pur à boire), et quelques fruits.

Puis je repars, je ne veux pas trainer ici afin d’avancer au maximum de jour, surtout que la suite m’effraie beaucoup, les 2500m+ jusqu’à Coda, je sais que si je passe ça et que j’arrive à Niel avec de l’avance sur la barrière horaire, ça sentira bon l’arrivée.

 

Je quitte Donnas à 11h20.

Je reprends tranquillement mon rythme de montée, mais très vite je suis coupé dans mon élan, contrôle du matériel obligatoire ! Le commissaire me rassure, ça ne devrait pas me faire perdre + de 2 minutes, je le rassure à mon tour, je ne suis pas pressé. Je vide mon sac, ça va j’ai presque tout le matériel obligatoire, au passage je remercie Trooper de m’avoir prêté sa Gore-Tex.

Et puis on commence à taper la discute, je leur parle de la tempête de neige en 2012, on parle aussi de l’affaire Canepa, et puis je commence à leur raconter des histoires de Sénateurs, d’autres coureurs passent mais ne sont pas contrôlés car je monopolise les commissaires.

Allez, après ce bon moment, ils me font circuler, c’est pas tout ça mais y a un boulot de Sénateur à terminer !

Je salue ‘’Il Diablo‘’ à Pont Saint Martin, je prends un peu de chocolat, puis j’attaque cette horrible montée. Je prends mon temps, je profite du délicieux raisin.

3 min de pause à Perloz, puis je continue la montée à mon rythme d'escargot. Il fait chaud, j'aime ça, mais je remarque que le ciel s'assombrit. Ils avaient annoncé de la pluie pour ce soir, et il semblerait qu'ils ne se soient pas trompés. En effet, alors que j'approche de Sassa, l'orage éclate. Par chance, je suis à l'abri sous des grands arbres quand il se met à pleuvoir, et je peux enfiler la Gore-Tex tranquillement.

Il pleut fort, mais heureusement ça ne dure pas trop longtemps. J'arrive à Sassa à 16h09, je me ravitaille 5 min, et l'averse a déjà cessé, je peux retirer ma tenue de pluie.

Je continue à monter, je passe le col Portola, puis le col Carisey, ça sent la fin de cette satanée montée.

Vers 18h30, j'arrive au refuge Coda, comme d'habitude on est dans le nuage, il y a du vent et il fait froid. Cette année, le ravito est à l'intérieur, par politesse je rentre pour les saluer, mais je ressors aussitôt, il fait trop chaud à l'intérieur, si je traine ici, je ne repars plus. Et puis je veux profiter au maximum du jour pour avancer, je voudrai approcher de Lago Vargno avant la nuit.

Je passe le col Sella, ça y est, enfin une vraie descente, ça fait + de 7h que j'en rêve, depuis que j'ai quitté Donnas. Oui mais voilà, la pluie refait son apparition, histoire de gâcher mon plaisir. Au début, ça pleut doucement, je ne m'arrête pas, j'espère que l'averse va passer rapidement. Mais au bout d'un moment, la pluie s'intensifie, je commence à être bien mouillé, alors je suis obligé de m'arrêter pour me couvrir.

Vers 19h30, j'arrive à Goillas, magnifique chalet perdu dans la montagne, dans la zone de Pian Coumarial, sur la commune de Fontainemore. Chaque année, on trouve ici un merveilleux ravito sauvage composé de délicieux produits maison. Ce ravito est tenu par Chiara. Lors de la 1ère édition en 2010, le papa de Chiara était venu seul encourager les coureurs. Et depuis, toute la famille et les amis viennent ici plusieurs jours à l'avance, afin de préparer leur chalet et proposer le meilleur des accueils aux coureurs.

Enfin bon voilà, revenons à ma course, il pleut, il va bientôt faire nuit, alors je ne vais pas trainer ici. Je les salue, je les remercie, et je repars.

Mais Chiara m'interpelle, elle me demande si je veux dormir ici. Je ne calcule pas sa question, j'explique que je me dépêche d'aller à Lago Vargno pour dormir, avant qu'il fasse trop nuit et que je sois trop trempé. Chiara insiste : est-ce que je veux dormir ici ?? Heu bah pourquoi, on peut dormir ici ? Bien sûr me répond Chiara, viens je vais te faire visiter la maison. Et elle m'ouvre les portes de son paradis. Un grand salon, une grande cuisine, une grande salle de bain parmi les pièces que j'ai visité, et à l'étage, une grande mezzanine avec une dizaine de matelas au sol et des couvertures, voilà, ça c'est rien que pour les coureurs. Chiara me demande combien de temps je veux dormir, elle viendra me réveiller à l'heure demandée. Incredibile !

La cuisine :

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Le dortoir :

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Le bonheur :

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Je dors 2h. Chiara (à gauche sur la photo) me réveille précisément à l'heure demandée. Et bien sûr je retrouve aussi 丽杰 (à droite) :

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Voilà, mais forcément maintenant je ne veux plus repartir, surtout qu'il pleut encore dehors.

Non, je reste ici.

 

Je fais connaissance avec Matteo, un ami :

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Je veux faire la fête avec tous les amis :

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Chiara me propose des pâtes au piment. Bien sûr j'accepte (pourtant j'ai horreur des piments). Mais avec de la charcuterie, du fromage et 2 verres de vin, tout passe :

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Après ce délicieux repas, je retourne dormir 1h.

Voilà, ça fait maintenant + de 5h que je suis arrêté ici, la pluie a cessé, bon bin faudrait peut-être penser à repartir, hein ?

J'ai pas envie, mais je n'ai pas vraiment le choix si je veux rester Sénateur, allez, je remercie encore tout le monde, à l'année prochaine les amis !

 

C'est reparti direction Lago Vargno que j'atteins 1h plus tard. Tout va bien, mais je sens bien que les piments dans les pâtes me chauffent un peu. C'est pour ça que, quand on me propose à manger, bien que je n'aie pas du tout faim, j'accepte volontiers, espérant que ça me fera digérer les piments (et puis aussi je ne suis pas pressé d'attaquer la prochaine partie jusqu'à Niel). Je mange une assiette de pâtes et de la viande. Mais bien sûr, je ne digère rien, tout ce que je viens de manger me reste sur l'estomac avec les piments.

Bah tant pis, j'attaque la montée du col Marmontana. Je reprends mon rythme de montée, tout le monde me double, et moi je ne double personne. Bon heureusement, comme c'est la 3ème nuit, il y a des écarts entre chacun, on est beaucoup moins nombreux sur le sentier, donc ma lenteur extrême en montée est beaucoup moins impressionnante.

Je parviens quand même à franchir le col Marmontana, j'attaque aussitôt la descente, et enfin je vomis tout ce que je n'aurais pas du manger.

Ça va mieux, je redouble tous ceux qui m'ont dépassé dans la montée, par contre je constate que la pluie a rendu le terrain bien glissant, ça aurait été trop facile sinon. Je ne m'arrête pas à Lago Chiaro, je continue.

Je passe assez bien l'horrible montée de Crena du Ley, n'empêche je hais toujours autant cette montée depuis mon jardinage de 2010.

Ensuite, ça redescend 5 minutes. Et là, devinez qui je retrouve arrêtée sur un rocher : 丽杰. Elle a l'air bien fatiguée, elle me montre les lumières du village en bas dans la vallée pensant qu'on redescend enfin, malheureusement je lui montre la lumière sur notre droite du ravito du Colle della Vecchia, oui va falloir remonter dans le pierrier avant de redescendre.

Je continue donc seul, j'arrive tranquillement au Colle della Vecchia, je ne m'arrête pas, le jour va se lever, je poursuis jusqu'à Niel.

J'aime bien cette descente interminable vers Niel, de jour par terrain sec, c'est déjà une tuerie ! Mais là, avec la pluie tombée en début de nuit, c'est encore mieux ! De la boue partout, c'est tellement glissant, c'est Géant ! Et pourtant, je vous jure que je ne poserai pas le cul par terre. Par contre, ne me demandez pas comment j'ai fait, j'en sais rien ! Mais c'est dans ces moments-là que je comprends pourquoi je suis le seul con à faire les Tors sans bâtons.

 

J'arrive à Niel à 7h42, le jour est levé, mais je ne perds pas les bonnes habitudes, je pars dormir 1h sous la tente. Après cette petite sieste, je monte le col di Lazoney, ça passe bien, mon rythme de montée est toujours aussi lent, mais ce n'est pas la pire montée du parcours.

Et surtout j'ai hâte de redescendre pour arriver chez Ulrich, à Oberloo.

Ah, les fromages d'Ulrich, comme ils sont trop bons !!!

Je m'installe et je déguste :

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Ulrich ne voit pas de suite, il est en train d'allumer le feu, c'est bientôt midi, il prépare des grillades. En fait je suis arrivé un peu trop tôt et je n'ai pu profiter du repas. Je tacherai de mieux gérer mon heure d'arrivée l'an prochain.

Parce qu'au bout d'un quart d'heure de dégustation fromagère, je suis obligé de repartir, il reste encore quelques bornes avant l'arrivée, et je ne suis pas en avance par rapport aux autres années.

Je salue Ulrich, je le remercie, et je lui donne RDV à l'année prochaine.

 

Je poursuis donc tranquillement jusqu'à la 4ème base vie à Gressonney, où j'entre à 13h15

Je ne traine pas trop ici, je n’ai pas très faim, je mange juste de la salade de fruit et du vinaigre.

Et bien sur, comme dans toutes les bases vie, je retrouve 丽杰 assise à la table à coté de moi.

 

Je continue direction le col Pinter. On dira que cette montée est moins pire que les autres, car peu de monde me double. Enfin au sommet j’en aperçois plusieurs dont 丽杰 prêt à revenir sur moi, mais c’est bon je bascule dans la descente.

Je fonce vers Cuneaz, lieu mythique du Tor des Geants. J’entre à l’Aroula vers 19h. Quel bonheur de retrouver Michela. On est tellement bien ici ! Je m’installe, je me régale avec de la charcuterie pendant qu’on me prépare une assiette de pâtes au fromage. Puis en dessert il y a une multitude de fruits et d’autres délices sucrés. A coté de moi, les enfants sont également en train de diner. Je m’en veux beaucoup de ne pas avoir pris de photos. Je pense très fort à Sasha et Samuel. Je rêve qu’un jour on puisse passer des vacances ici.

Malheureusement aujourd’hui je ne suis pas en vacances en famille. J’ai un boulot de sénateur à terminer. Donc je repars, peu avant la tombée de la nuit.

J’avance sur un bon rythme jusqu’à St Jacques malgré la nuit.

Je pointe à St Jacques à 21h35. J’hésite quelques secondes à dormir ici, mais non, je me motive à aller jusqu’au refuge du Grand Tournalin. Je reprends mon rythme habituel de montée, toujours très lent, mais là personne ne me double, il faut dire qu’il n’y a plus grand monde dehors en cette 4ème nuit, beaucoup dorment.

J’arrive au refuge du Grand Tournalin un peu avant minuit, et de suite je file dormir. Je demande à dormir 2h. Donc 2h plus tard, on vient me réveiller. Mais je suis tellement bien ici, je remercie la personne qui m’a réveillé et 30 secondes plus tard je me rendors. 1h plus tard, on me réveille encore, mais idem je me rendors 30s après. Encore 1h plus tard, on me réveille une 3ème fois, et ce coup ci je comprends qu’il va vraiment falloir que je me lève.

Bon je prends mon temps, je mange de la salade de fruits et du gateau, je n’ai pas envie de quitter les lieux.

Vers 5h, après presque 6h de pause, je me décide enfin à repartir. Je passe rapidement le col Nanaz, et je file vers Valtournenche alors que le jour se lève.

J’entre dans la 5ème base vie à Valtournenche à 7h22. Je mange tranquillement des pates au fromage, puis je bois une assiette au vinaigre. Un coureur s’assoit en face de moi, on discute un peu. Et il me fait remarquer qu’à notre rythme, on arrivera à Courmayeur samedi. Heu, oui mais non, impossible, il est hors de question que j’arrive samedi, je veux manger ma pizza avec les autres Sénateurs vendredi soir, il y a des traditions à respecter.

Alors je repars rapidement de Valtournenche, il est 8h05, et je suis bien décidé à arriver à Courmayeur vendredi soir.

Nouvelle montée, je reprends mon rythme toujours aussi lent, mais cette fois plus personne ne me double, il y a vraiment des écarts maintenant. Enfin jusqu’au 3/4 de la montée, où devinez qui me dépasse ? 丽杰 évidemment !        

J’arrive 2 minutes après elle au refuge Barmasse. Je ne m’arrête pas, je repasse devant. Mais pas pour longtemps, elle ne tarde pas à me rattraper. Elle court sur la piste forestière, et elle oublie de regarder le balisage, elle ne voit pas le sentier qui part sur la gauche. Je crie, heu comment on dit « à gauche » en chinois ? Enfin bon ça va elle m’a entendu et elle a compris. Elle me remercie par un « thank you » avec un joli accent chinois.

Enfin cette fois elle s’envole devant dans la montée vers la fenêtre d’Ersaz. J’abrège le ravitaillement à Vareton, mais elle est encore 2 minutes devant. L’écart grandit dans la montée vers la fenêtre Tsan. Je la retrouve au ravitaillement au refuge Reboulaz, elle quitte quand j’arrive. Je ne traine pas, mais encore une fois, l’écart augmente dans la montée vers le col Terray. Mais je reviens dans la descente, et j’arrive avant elle au refuge Cuney, à 14h49.

Enfin je ne reste pas longtemps devant, elle me repasse en montant au col Chaleby. Et elle repart bien, elle a l’air en pleine forme, je ne devrais pas la revoir rapidement. Et bien si, je la retrouve arrêté, assise sur un rocher, juste avant le bivouac Clermont. Elle est cuite. Je l’encourage à aller se reposer au bivouac, je n’ai toujours pas de traducteur chinois, mais elle semble avoir compris, elle me sourit.

Par contre, le yoyo, c’est bien marrant, mais moi aussi ça m’a cramé. J’entre dans le bivouac Clermont, et je demande à dormir. Je connais bien les lits, souvenir de 2012. Je m’allonge et je m’endors aussitôt.

Je me réveille 30 minutes plus tard, et devinez qui je retrouve sur le lit en face du mien. 丽杰 bien sur ! Elle est en pleine forme, grand sourire, prête à repartir. Elle m’achève. Je me rendors 15 min supplémentaire.

Bon va quand même falloir repartir. Allez, je me motive. 15 min de montée pour passer le col Vessonaz, et une descente infinie jusqu’à Close.

Très vite dans la descente je reviens sur 丽杰 . Elle pose pour une photo.

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Voilà, cette fois je pars devant, je descends + vite. Vers le bas de la descente, je croise l’ami Enrico. Il m’encourage et me donne des nouvelles de Fred.

Je continue et j’arrive à Oyace à 19h43. J’aperçois un lit de libre. Il va bientôt faire nuit, c’est trop tentant, allez je dors 1h.

Je me réveille tranquillement en mangeant une assiette de lasagne. J’aime pas le col Bruson, mais bon faut y aller, y a pas le choix. Je reprends mon rythme de montée, la nuit est calme. Je passe à Bruson Arp à minuit pile, je continue à monter jusqu’au col, puis la descente sur Ollomont, ça commence à sentir bon là !

J’entre à Ollomont à 2h18. Le menu est affiché entre 4 langues sur le mur. Je demande une escalope au vin blanc avec des pommes de terre. Je m’installe tranquillement pour ce dernier gros repas. Et devinez qui entre dans la base vie ? Oui, c’est encore 丽杰. Elle s’installe en face de moi pour manger.

Dommage, je ne peux pas m’éterniser ici si je veux être à l’heure pour la pizza des Sénateurs du vendredi soir.

Alors je quitte Ollomont à 3h06. Je salue 丽杰 , je ne le sais pas encore, mais c’est la dernière fois qu’on se voit.

Et c’est parti pour le col Champillon, avant-dernière montée. Je reprends mon rythme de montée, lentement mais surement lentement. Cette montée passe bien, juste 2 min d’arrêt au refuge Champillon pour saluer tout le monde, puis je franchis le col et je bascule dans la descente.

Le jour se lève du coté de Ponteille, je ne m’arrête pas, je continue de dérouler jusqu’à St Rhemy.

 

Je pointe à 8h39 à St Rhemy en Bosses. Là encore je ne traine pas, j’avale juste un peu de jambon et de fromage, puis je pars à l’assaut du Malatra. Enfin, à mon rythme de montée, et même encore + lentement, car très vite je me prends un gros coup de fatigue, je réalise que je n’ai pas dormi cette nuit.

Pour me réveiller je me mouille le visage, et puis j’en profite pour me laver un peu, il faut que je sois beau et propre avant d’arriver chez Fulvio.

Voilà, ça y est, j’arrive au paradis. Mon paradis s’appelle Merdeux. Et le maitre des lieux, le roi des Merdeux, c’est Fulvio Marcoz.

Voilà pourquoi je fais le Tor :

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Je n’ai pas de mots pour décrire ce bonheur partagé avec Fulvio. Venez à Merdeux, venez chez Fulvio, et vous comprendrez !

 

Evidemment, après ça, le col Malatra n’est qu’une formalité.

Au sommet, je retrouve l’ami Lucio, qui me fait quelques magnifiques photos :

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Voilà, dernière descente, c’est déjà fini !

Je pense très très fort à Sasha et Samuel pendant cette dernière descente. Beaucoup d’émotion, les larmes coulent.

J’arrive à Courmayeur à 15h58, je suis toujours Sénateur, et je suis même en avance pour la pizza du soir, mais tout ça n’a pas d’importance.

La seule chose qui compte c’est Sasha et Samuel.

Ca faisait 8 mois que je n’avais pas vu mes enfants quand j’ai terminé ce Tor.

Et il m’a fallu 1 an pour écrire ce CR.

1er septembre 2015, Samuel entre à la maternelle et Sasha à l’école primaire. Et moi, je ne peux toujours pas vous voir.

Dans quelques jours, ce sera le départ du 6ème Tor.

Je ne sais plus quoi dire, mais je n’arrive pas à conclure ce CR. C’est comme en course, je ne sais pas m’arrêter, je suis incapable d’abandonner.

Enfin bon, il faut bien que je termine ce CR.

Alors je vais conclure en criant :

Sasha, Samuel, je vous aime !!!!!

14 commentaires

Commentaire de stphane posté le 05-09-2015 à 17:51:38

Très beau récit. Je te souhaite au delà de l'exploit sportif de pouvoir revoir tes deux enfants.

Commentaire de arsim25 posté le 05-09-2015 à 21:05:49

Mon pauvre milkileur...comment te souhaiter suffisamment de courage, le Tor est une broutille par rapport à l'absence de tes enfants.
Concernant le Tor, nous en avons la même vision, à la lecture de ton texte, on voit bien que l'essentiel dans cette course, c'est les à côtés, les ravitos sauvages, les rencontres avec les valdotains supers chouettes et les rencontres entre coureurs. J'espère que le nouveau règlement laissera encore l'opportunité de tout cela, sinon je ne serai plus sénateur, c'est sur et certain.

Commentaire de arnauddetroyes posté le 05-09-2015 à 22:57:36

content de voir que tu as remis ton Cr en ligne,je crois que tu l avais posté et effacé en début de semaine.
Si les montagnes n´arrivent pas à t arrêter ,je suis sure que tu trouveras bien une solution pour tes enfants...
Merci pour le partage de cet énorme trail et courage.

Commentaire de arsim25 posté le 06-09-2015 à 12:32:31

Mon pauvre milkileur...comment te souhaiter suffisamment de courage, le Tor est une broutille par rapport à l'absence de tes enfants.
Concernant le Tor, nous en avons la même vision, à la lecture de ton texte, on voit bien que l'essentiel dans cette course, c'est les à côtés, les ravitos sauvages, les rencontres avec les valdotains supers chouettes et les rencontres entre coureurs. J'espère que le nouveau règlement laissera encore l'opportunité de tout cela, sinon je ne serai plus sénateur, c'est sur et certain.

Commentaire de Mickey49 posté le 06-09-2015 à 18:35:11

Merci Alex pour ce beau récit et ce partage,
je suis sûr que lorsque tes enfants seront en âge de lire ce récit, ils comprendront que malgré ton absence, à quel point ils ont toujours compté pour toi.
Comme c'est à nous tous pères ou mères qui devons leur imposer nos absences pour pratiquer notre sport.
Je te souhaite bonne chance, Sénateur, pour l'édition 2015 du Tor !
Michel

Commentaire de akunamatata posté le 06-09-2015 à 19:33:09

Quel courage Alex ! Continue ça va payer

Commentaire de Bacchus posté le 07-09-2015 à 10:03:22

Merci Alex pour ce super récit qui vient fort à propos pour préparer l'expédition de la semaine prochaine, au plaisir de te croiser sur le parcours

Commentaire de toto38 posté le 07-09-2015 à 14:22:03

Salut Alex! Comme toi, je n'ai toujours pas bouclé mon CR de l'édition 2014! Cette année ce sera sans moi, mais promis, on le courra ensemble l'année prochaine. Courage pour tes histoires familiales, tu les savoureras dans quelques années...

Commentaire de Jean-Phi posté le 07-09-2015 à 17:00:50

Merde j'en ai les larmes aux yeux !!! Vu ton courage exceptionnel, sûr que ça va payer, je te le soujaite. Le tor sera tordu cette année encore et j'espère que tu vas pouvoir les voir tes bouts d'chou. Moi je ne retiens que toute ton humanité à travers ce récit. Alex, tu es hors normes !

Commentaire de Arclusaz posté le 07-09-2015 à 22:21:11

un personnage, un génie, un petit prince, un gars incroyable, un buveur de vinaigre, un sportif de haut niveau, un incroyable conteur, un papa.
Alex, c'est tout ça.
merci.

Commentaire de largo winch posté le 08-09-2015 à 18:39:54

Salut, je crois que c'est la première fois que je commente un récit. D'une part ta situation perso me touche et je te trouve très courageux, et j'espère de tout coeur que tu vas vite retrouver tes bouts de choux, d'autre part je n'avais pas imaginé que l'on puisse participer à cette course avec un tel détachement par rapport à la performance et avec autant de moments riches en partage et en amitié. C'est une leçon que tu me donne...

Commentaire de UfoLau posté le 11-09-2015 à 22:25:04

Salut Alex, merci pour ce CR absolument fabuleux.
A un peu plus de 24h de l'édition suivante, je te souhaite de revoir bientôt Sasha et Samuel.
PS: Luccio était à Malatra, il est partout !
Bon Tor, mes amitiés à tous les participants et Valdotains.
Amicalement, Lau

Commentaire de La Tortue posté le 07-01-2016 à 14:53:23

ben ça alors, je découvre par hasard que tu connais Claude et Michèle qui sont des amis de plus de 30 ans !!!
Rencontrés à La Plagne dans les années 80, ce sont de très très bons copains. Claude est même mon témoin de mariage. tu leur faits la bise si tu les vois avant moi.

Commentaire de La Tortue posté le 07-01-2016 à 20:59:38

ben ça alors, je découvre par hasard que tu connais Claude et Michèle qui sont des amis de plus de 30 ans !!!
Rencontrés à La Plagne dans les années 80, ce sont de très très bons copains. Claude est même mon témoin de mariage. tu leur faits la bise si tu les vois avant moi.

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