Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2008, par Tercan

L'auteur : Tercan

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 29/8/2008

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 2013 vues

Distance : 97km

Objectif : Objectif majeur

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Mon CCC presque parfait

Désolé... c'est très long... comme la course en fait :)

 

On est jeudi 28 Août 2008, il est 10 heures du matin, je sors de ma dernière séance de kiné suite à mon entorse de maintenant quelques mois... dans 2 heures je vais partir à la gare pour rejoindre Didier à Bons et enfin partir sur Chamonix.
Mes affaires sont prête, je suis prêt... enfin je l'espère.
J'arrive à Bons et retrouve Didier qui lui se prépare pour le grand tour : l'UTMB avec son ami...
On pars tous ensemble sur Chamonix, l'ambiance est bon enfant, on discute avec Didier et Violaine sa femme... et hop on loupe la bifurcation de Chamonixpas grave on file sur La Roche et on continue par la route sur Chamonix.
Sur la montée de Chamonix, la voiture ce Didier chauffe et on doit s'arrêterdécidément, Chamonix est dur à rejoindre... même en voitureBref un coup de Saint Yorre en lieu et place du liquide de refroidissement et on arrive à Cham' au retrait des dossards qui prendra environ 1 heure...

Le soir je vais manger avec Gilles (Girlay) et sa femme qui on eut la gentillesse de m'inviter : merci encore à vous 2 !!!

Je les quittes assez tôt pour finir de préparer mon sac pour la course... et je me rends compte que j'ai perdu mes lunettes de soleil... ça commence bien...
Pas grave, je file au lit, et m'endors facilement...

Au réveil je suis bien, pas stressé et plutôt bien reposé, je me prépare mange un quart de gateau sport et file au bus pour rejoindre Courmayeur en Italie.

Sur Courmayeur, je croise plein de kikoureurs c'est sympaet je réussi même l'exploit de trouver une paire de lunettes de soleil à 19 Euro 90 cts(j'avais que 20 Euro sur moi).

Juste avant le départ, je croise Monsieur Olmo himself... ça fais bizarre de voir ce monument du trail devant moi... je reste admiratif devant cet homme de 60 ans double vainqueur de l'UTMB et actuel tenant en titre... malgré toutes les 'critiques' à son égard.

Je me place à l'ombre en attendant le départ... et l'ombre se trouve dans les 100 premiers du peloton... pas grave je suis devant mais je me promet de ne pas me faire 'avaler' par la vitesse du peloton dès le départ.
Le speaker fait monter l'ambiance comme un fou, il a visiblement du métier !!!
L'heure du départ approche et là, je sais pas ce qu'il se passe mais j'ai un trop plein d'émotion qui m'envahit, madame Poleti prends le micro pour faire son discours d'avant course, et tout un coup je sens comme une envi de pleurer irrésistible et incompréhensible... je me contrôle mais suis passer tout prêt des larmesAvec le recul je pense que c'est mon année entière consacrée à ce trail qui est remontée en surface, c'est peut-être la prise de conscience de ce qui m'attendais qui m'a envahi... je ne sais pas...
Toujours est-il que le speaker lance son : 10... 9... 8... 7... 6... 5... 4... 3... 2... 1... 0... c'est parti

Courmayeur - Bertone
12.3 km - 830 D+ - 61 D-
2h06 - 919ème

C'est donc parti, ça trottine dans les ruelle de Courmayeur.
Devant comme prévu ça pars vite, moi comme prévu je pars prudemment.
Je voulais partir avec Gilles, mais on ne s'est pas trouvé sur Courmayeur. Je me dit que comme le départ est roulant et que Gilles et très bon sur ce genre de portion, il me rejoindra surement d'ici peu de temps, l'avenir me montrera que j'avais raison.
Pendant les premiers mètres je pense à l'année dernière, on est le 7 septembre 2007 et j'ai décider de faire la CCC en 2008 mais je n'ai jamais couru de ma vie... j'attaque donc ma première séance : 2 fois 6 minutes puis 2 fois 5 minutes de footing coupé avec 1 minute 30 de marche... 3 kilomètres parcouru, je suis cassé des jambes... j'ai mal partout... la route sera longue...
Bref que de chemin parcouru depuis ce mois de septembe 2007.

Très vite Gilles me lance un coup de téléphone, je réponds et il me dit : je te vois tu es 50 mètres devant moi.
Super, je lui dit que je l'attends et je suis content de pouvoir faire ce début de route avec lui.
Gilles passe à ma hauteur et on pars ensemble pour attaquer la montée jusqu'à Bertone.
Jusqu'à Planpincieux, tous va bien, on avance à notre rythme, mais une fois passé Planpincieux des ralentissements assez conséquent dû aux nombres de participants vont venir s'immiscer dans notre progression.
Certains gère très mal ses ralentissements, on rescends de la crispation voir de l'énervement chez certains coureurs, beaucoup coupent les virages pour gagner 10 mètres... sur 100km de course... no comment.
Pour ma part, je prends ses ralentissement avec philosophie : toutes l'énergie que je ne dépense pas ici, je l'aurais pour plus tard...
Pendant ses ralentissements au contraire je suis dans une plénitude totale et parfait : tout le stress du départ est parti, et je suis à fond dans ma course, c'est le bonheur, je suis à ce moment le plus heureux des hommes et je le dit à Gilles :)
On arrive enfin à Bertone, après avoir reçu des tonnes de SMS, merci à tous le monde : ma femme, ma soeur, Philou, Agnes, Nath, Jess', Tanguy qui était au même moment sur la PTL, ......
Le ravito est bondé de monde, on pensait y passer 2-3 minutes avec Gilles, au final on arrivera à remplir nos bidons et boire un coup en 5 minutes, ça va... on est bien.

Bertone - Bonatti
21.8 km - 1573 D+ - 773 D-
4h11 - 904ème

Après Bonatti, on attaque la vrai montée jusqu'au point culminant de ce trail : la Tête de la Tronche 2584m.
Il fait vraiment chaud, les organismes souffre de cette chaleur, les abandons se succède.
Pour ma part, je suis bien en forme, j'avance à un bon rythme et profites de chaque rivière pour trempé ma casquette et la mettre sur la tête... je fais également très attention à bien m'hydrater, sous cette chaleur, une déshydratation peut facilement venir et mettre fin à l'aventure.
Dans la montée, j'essaye de ne pas m'enflammer, je sais que les montées sont mon point fort en trail mais je sais aussi que je n'ai jamais fais une telle distance, la prudence est donc de rigueur, je me force à ne pas puiser dans mes réserves durant cette montée.
Je fais donc 'sur la réserve' et pourtant je double pas mal de concurrents et perds Gilles qui n'est pas très à l'aise dans les montées : pas grave, il est tellement bon coureur que je sais qu'il me rattrapera dès que la pente s'adoucira.
J'arrive donc au sommet de cette première bosse relativement frais, même si finalement cette montée s'est avéré plus exigeante que je ne le pensais.

Maintenant, on attaque la descente sur Bonatti le deuxième ravito (liquide) de cette course.
Comme prévu, sur la descente, Gilles me rejoint, on file jusqu'à Bonatti ensemble toujours 'sur la réserve'.
On est bien dans cette descente et au final j'aurais même gagner des places (pas beaucoup mais quelques unes)... une première pour moi en descente :)

On arrive à Bonatti ou il y a encore énormément de monde... la encore on avait prévu 2-3 minutes d'arrêt... mais avec toutes la bonnes volonté du monde, ça nous prends quand même 10 minutes et en plus on se perds avec Gilles... bon pas grave on se retrouvera surement sur le chemin...

Bonatti - Arnuva
26.2 km - 1669 D+ - 347 D-
5h15 - 913ème

La descente sur Arnuva se passe bien, je suis assez à l'aise alors que normalement les descente sont vraiment ma bête noire.
Au ravitaillement je retrouve Gilles.
On s'alimente, on fait les plein en eau et je m'étire un peu et on repars ensemble.
On aura pris 17 minutes à ce ravitaillement... difficile de faire plus vite avec le monde... pas grave.
Pour ma part je fini ici la première partie de ce trail que j'ai découpé dans ma tête en 6 parties 'abordable' plutôt qu'en un seul morceau de 100km trop dur à accepter 'intellectuellement'...

Arnuva - Grand Col Ferret
30.7 km - 2437 D+ - 1120 D-
6h44 - 921ème

On attaque maintenant la montée réputé difficile du Grand Col Ferret... je vois depuis le bas la fameuse tente North Face jaune ultra connu des traileurs du mont blanc... mais vu d'ici ce n'est qu'un minuscule point jaune à peine visible... ça semble vraiment loin et pourtant c'est là qu'on doit se rendre...
Dans la montée je perds de nouveau Gilles.
Je garde ma stratégie : économie, je montre sans forcé sur les jambes, au final 1 heure pour faire ses 750 mètres de D+ tout en étant sur la réserve je suis content : je suis assurément dans un bon jour... pourvu que ça dur...
J'arrive au sommet frais comme un gardon et attaque directement le redescente sur La Fouly

Grand Col Ferret - La Fouly
40.1 km - 2467 D+ - 2094 D-
8h26 - 991ème

Cette descente je l'appréhende depuis le départ : quasiment 20km de long... il va falloir courir si je veux pas tout perdre le temps d'avance que j'ai sur la barrière horaire.
Pourtant, à ma grande surprise, elle se passe bien, je m'attends à me faire rattraper par Gilles, mais je ne le vois pas... bizarre j'espère qu'il n'a pas eu de problème.
Je perds vraiment peu de place et j'arrive même à doubler quelques personnes.
Bref j'arrive relativement frais à La Fouly ou je trouve pour la première fois Nico (mon frère) qui sera désormais à tout les ravitaillement solide.
Cette aide extérieur me sera précieuse et fortement utile. En effet, notre stratégie au ravitaillement solide est la suivante : Nico me rempli le camel et les bidons avec de l'eau d'Evian qu'il aura sur lui, et il me donne 2-3 barres/gel pour la portion d'après, pendant ce temps, moi je change de chaussettes et remet de la NOK et je m'étire.
Ce qui fait qu'une fois cela fait, je vais au ravitaillement où je n'ai plus qu'à prendre un peu de coca et 2-3 trucs à manger qui me font plaisir, et GO, je file pour la suite.
J'ai conscience que cette aide extérieure ne me mets pas au même pied d'égalité que ceux qui n'ont pas la chance de l'avoir... mais je suis heureux de pouvoir bénéficier d'un ravitaillement 'au calme' et surtout en compagnie de mon frangin... ça fait du bien



Bref deuxième partie sur six terminée... plus que 4...

La Fouly - Champex Lac
54.7 km - 3000 D+ - 2743 D-
10h49 - 842ème

Départ de La Fouly après pas loin de 20 minutes d'arrêt.
Je quitte donc le ravitaillement en direction de Champex - Lac.
Pour y arriver il faut continuer de descendre jusqu'au village de Issert puis remonter sur Champex Lac.
Déjà maintenant, j'appréhende la remonter sur Champex... après 20 kilomètres de descente comment vont réagir les jambes ??? Je me pose des questions... on verra.
La fin de la descente se déroule, toujours à ma grande surprise, très bien : mes jambes sont bien présente, pas de douleurs, pas de lassitude, que du bonheur...
Afin de m'économiser je cours 25 minutes et marche 5 minutes pour récupérer et manger, boire... puis je repars pour 25 minutes de course et 5 minutes de marche.
Cette alternance me réussit très bien puisque j'arrive à Issert en grande forme...
La nuit est maintenant tombée... il fait nuit noire.
Je m'arrête donc dans le village de Issert, et mets ma frontale afin d'affronter la montée sur Champex... montée à laquelle je pense depuis maintenant de nombreuse minutes : comment mes jambes et mon mental vont réagir ???
Je fais donc le début de la montée doucement afin de voir ou j'en suis physiquement. Très vite je me rends compte que je ne force pas sur les jambes et que je suis pourtant à 700 mètres / heure de vitesse ascensionnelle : je reprends confiance -> mon physique est toujours avec moi, c'est parfait.
Vers le milieu de la montée je croise un gars allongé en boule par terre sous sa couverture de survie, certainement victime d'une hypo.
Je m'arrête à sa hauteur, parle avec lui pour juger de son état : il est très très faible et comme par hasard je n'ai pas de réseau pour téléphoner.
Je prends donc son numéro de dossard et lui dit de ne pas bouger : de rester sous sa couverture de survie... mon but maintenant c'est de rallier Champex au plus vite pour demander à l'organisation de s'occuper de ce coureurs... son état me semble inquiétant donc je fini la montée au taquet... j'ai peur de me griller en montant à cette allure mais tans pis, on verra, ce coureurs me semble vraiment mal au point.
Je continu de monter à vive allure et double pas mal de coureurs dans le dur... j'en croise de nouveau un assis par terre, on est bientôt arrivé à Champex, je lui dit : 'aller courage le ravito est juste là'... bon OK c'était pas un coureurs mais une souche d'arbre... pas sur que mes encouragements lui auront été d'un grand secours...

J'arrive à Champex toujours dans un état de fraicheur qui maintenant m'impressionne vraiment...
Je retrouve mon frère, prévient l'organisation du coureur en hypo qui sera dès lors pris en charge... je peux repenser à mon trail...



Au ravito, on s'isole avec mon frère comme d'hab.
Pendant que je remets de la NOK sur mes pieds, un journaliste viens et me demande s'il peux filmerOuahou je suis une star :)
Champex est une base de vie : on peux y manger des pâtes, se faire masser, voir un podologue et tout et tout...
C'est également la mi-course... et aussi le lieu de beaucoup, beaucoup d'abandon... bref je reste isoler dehors avec mon frère et fait un bref passage au ravito, juste pour remplir une gourde de soupe chaude que je prendrais avec moi pour la suite.

Mon seul soucis en ce moment c'est l'alimentation : je n'ai plus envi de manger ni de sucré ni de salé... et pourtant l'arrivée et encore loin... très loin.
A partir de maintenant mes bidons seront d'eau plate (plus de produit hydratant dedans... juste une pincé de sel), mes repas seront des plus basique : 2-3 truc au ravito, style banane plus 1 gel quand je le peux... c'est à dire pas souvent... Par contre la soupe de l'organisation passe très bien... et sera ma seul véritable alimentation jusqu'au bout.
Mon arrêt de Champex aura durée 30 minutes... mais c'était nécessaire pour affronter la nuit maintenant bien installé.

Je repars donc de Champex avec mon ipod sur les oreilles... ipod chargé d'une sélection de 10 heures de mes chansons préféré, une sélection que je prépare depuis 1 an, très éclectique, avec des morceaux anciens (Nirvana) et récent (Tiken Jah Fakoly), avec des styles allant du Hip hop (NTM) au reggae (Dub Incorporation) en passant par du Rock à foison (Noir Désir), de la chanson française (Téléphone), anglaise (Muse)... bref de tout

Par contre toujours pas revu Gilles qui, je le suppose, doit être devant moi...

En repartant du ravito, je me dit : troisième partie sur six terminée... plus que 3...

Champex Lac - Bovine
64 km - 3704 D+ - 2937 D-
13h38 - 753ème

t voilà, on y est... la deuxième partie de ce trail avec ces 3 côtes infernale : Bovine, les Tseppes, et la tête au vents...
Pour l'heure c'est Bovine... celle qui fait tans parler d'elle, celle qui fait tans de mal, celle qui fait tant peur...
J'ai un peu peur de l'affronter mais pas le choix, alors on y va...
J'ai de la chance : en partant je tombe sur un groupe de 5 personnes, je décide de les suivre pour passer ce monstre annoncé.
Je les suis mais très vite je trouve qu'on se traine, on est pourtant à 600 mètres / heure.
bref je décide quand même de les doubler, et je continue mon chemin. Je suis à ce moment là dans mon pic de forme de ce trail... ce qui est assez hallucinant après plus de 55 km et 3000 D+.
Je marche dans Bovine sans forcer le moins du monde et quand je regarde ma Suunto, elle m'indique pas loin de 1000 mètres / heures : je n'en reviens pas... je double et redouble.
Tout le monde me semble souffrir... sauf moi, ça en était presque déstabilisant. M'enfin je vais pas me plaindre, j'en profites tout en essayant de pas trop me fatiguer : la route est encore longue.
Du coup ma stratégie dans Bovine est la suivante : quand je tombe sur un groupe de plus de 3 personnes, je me câle derrière 1-2 minutes à leur allure, puis les doubles et prends mon allures jusqu'au groupe suivant.
Dans cette montée je vais doubler au moins une centaine de personnes, et tout en restant sur la réserve : pourvu que ça dur !!!

J'arrive au sommet de Bovine heureux comme pas possible d'avoir passer cette redoutée montée... et encore plus heureux quand je lève la tête et voit Gilles juste à coté de moi !!!
Ravitaillement rapide de 5 minutes et on repars ensemble.

Bovine - Trient
70.1 km - 3778 D+ - 3698 D-
15h08 - 749ème

Avant d'attaquer la descente sur Trient, il faut encore montée un petit bout.
Gilles me dit que Bovine à été infernal pour lui et qu'il ne va surement pas réussir à me suivre, on pars donc doucement et en finissons avec cette montée ensemble.
Reste maintenant à descendre, on trottine encore pas trop mal mais je sens Gilles fatigué à ce moment là, alors on y va molo... je crois connaitre les capacité physique de Gilles et je sais qu'il va rebondir dans peu de temps : l'avenir me donnera raison, il va finir comme une flèche.
Vers le milieu de la descente Gilles tombe lourdement par terre et se fait mal... aie pas terrible pour le moral, mais c'est un battant et après quelques minutes de marche pour se remettre, on repars en trottinant... quand quelques minutes après je pose mon pied sur une racine mouillée et vlan, je me casse la gueule à mon tour, ma frontale tombe dans le bas coté et un coureurs va la rechercher gentillement : plus de peur que de mal, on repars prudemment.
On arrive finalement à Trient ou mon frangin m'attends...
Je me suis toujours dit que si j'arrivais à Trient c'était gagné... alors c'est une étape importante pour moi... la 4ème... plus que 2.

Je suis encore pas trop mal, bien que je sens que mes capacités physique commence à baisser un peu... normal après tans de km.
15 minutes à Trient avant de repartir... sans Gilles une nouvelle fois perdu au ravitaillement, je ne le reverrais d'ailleurs plus...

Trient - Catogne
75 km - 4556 D+ - 3765 D-
17h11 - 756ème

Nouveau gros morceau réputé difficile : la montée des Tseppes.
Je suis confiant, ayant toujours en mémoire ma montée de Bovine.
Pourtant les débuts sont difficile, je ne monte plus qu'à 600 mètres / heures et cette vitesse me demande des effort à maintenir... je double cependant encore quelques coureurs, mais pas beaucoup...
Pour la première fois, je vais faire une pause en pleine montée : ce que je me refuse habituellement... en effet à 200 mètres du sommet je commence à avoir mal au jambes assez fortement, je m'accorde donc 30 secondes de pause et repars pour enfin en finir avec cette montée

Catogne - Vallorcine

80.5 km - 4566 D+ - 4526 D-
18h20 - 749ème

La ça commence à se gâter, mes jambes sont lourdes, le moral est en berne... pourtant à coup de mental je me force à trottiner et réussi à ne pas perdre de place... et même à en gagner quelques unes.
Ce qui m'ennuie c'est que maintenant quand je cours en descente, je vais moins vite que quand je marche, ça commence à être vraiment dur, les organismes sont fortement touchés et fatigué.
ça fait plus de 18h que je suis en course lorsque j'arrive enfin à Vallorcine, dernier ravitaillement solide de le course, fin de ma 5ème partie sur 6... plus qu'une.

Au ravitaillement, comme d'hab', je vois mon frangin et je vois à son regard qu'il comprends très vite que je suis dans un gros moment difficile...
Je prends mon temps à ce ravitaillement, j'ai peur de partir pour le dernier tronçon de 18km avec une monumentale dernière côte... mais bon je ne peux pas abandonner maintenant, je n'y pense même pas... cette idée ne sera pas venu m'effleurer l'esprit une seule fois, pour moi il était clair que si je n'arrivais pas au bout c'était soit à cause d'une blessure, soit à cause d'une barrière horaire... mais en aucun cas à cause d'un abandon... soit je repars donc.


Entre temps Nico me dit qu'il va venir me voir au col des montets que je devrais rejoindre dans 45 minutes environ : il voit que j'ai besoin d'aide et fais son boulot de 'motiveur' à 100%

Vallorcine - La tête aux vents
87.9 km - 5441 D+ - 4531 D-
21h15 - 780ème

La première partie jusqu'au col des Montets est facile, ça monte leger sur terrain pas du tout technique... pourtant ça me semble dur.
Ma montre Garmin vient de s'éteindre, j'ai oublié de la remettre à chargé... tans pis.
J'arrive au Col de Montets et file dans une mauvaise direction, heureusement je m'en rends compte assez vite et fais demi tour et revoit Nico... Je suis vraiment pas bien à ce moment là, plus aucune force, beaucoup de douleur partout, une motivation qui se fais la malle... bref ça sent pas bon pour la dernière grosse montée à la tête aux vents.

Nico m'encourage et me dit de rien lâcher, j'attaque donc cette ultime montée... infinissable.
750 mètres de dénivelle, 750 mètres de pure galère... ce que je ne sais pas à ce moment là, c'est que ces difficultés actuelle que j'ai pour continuer ne sont rien à comparer à ce que je vais subir dans l'ultime descente.
Durant cette montée je vais devoir m'arrêter 4 fois et me faire doubler une bonne 20ène de fois... chose qu'il ne m'est jamais arriver en trail... c'est dur à encaisser mais je suis incapable de contrer ce fait...
Je mettais promis de tout donner dans cette ultime montée, le problème c'est que tout donné c'est possible quand on à encore quelque chose à donné... la ce n'est plus le cas... de loin plus malheureusement...
J'arrive tans bien que mal en haut, grâce notamment à une coureuse qui m'a pousser a faire un bout de la montée (200 mètres de D+) avec elle : encore un bel exemple de l'esprit de certain traileur/traileuse

La tête aux vents - Chamonix
98.3 km - 5600 D+ - 5690 D-
23h38 - 800ème

Dernier 10 kilomètres de descente maintenant, je sais que ça va être dur, infinissable, traumatisant, mais je sais aussi que plus rien ne m'empêchera de boucler ce trail.
La descente se fait en trois partie de 3-4km chacune.
Premièrement rejoindre le dernier ravito liquide de ce trail : La Flégère... ce ravito n'arrive pas, j'ai l'impression de marcher depuis 2 heures sans jamais le voir arriver.
Je regarde mon alti et l'altitude ne bouge quasiment pas... je suis en plein doute... vais-je y arriver ? Est-il possible de craquer complètement si près du but ???
Je continu encore et encore... ce qui me rassure c'est que je ne fais pas doubler : tout le monde doit être dans un état proche du mien...
Enfin la Flégère... je me ravitaille rapidement et repars en direction de La Floria... et là je me force à trottiner en allant chercher des forces cacher je ne sais ou... j'y arrive tans bien que mal, mais force est de constater que je ne vais pas plus vite en courant qu'en marchant... je lâche donc la course et continu mon chemin en marchant.
Audrey m'appel et voit que ça ne va pas... elle m'encourage comme elle peut et avec Nico il prenne une décision qui me sera salvatrice : Nico vient me rejoindre jusqu'au limite autoriser par l'organisation...
Peu après la Floria je vois donc mon frangin arrivé en courant vers moi, hors de question de tricher maintenant : je ferais le CCC dans les règles de l'art : je garde bâton et sac sur moi.
Par contre de voir mon frangin ici, ça me redonne des ailes, on arrive à trottiner pas trop mal vu ma situation...
On arrive enfin à Chamonix et son bitume.... plus qu'un kilomètres environ...
A un carrefour, ma femme et ma fille m'attende.

Dès que ma fille me voit, ses yeux pétillent de joie, elle me tends les bras je la prends bien volontiers dans mes bras et cours jusqu'à la ligne avec mon frère.
Toutes les rues de Chamonix sont pleine de supporter, tous me félicite, tape des mains, font sonner les cloches, c'est énorme.
Je cours avec Camille dans les bras qui rigole contente de courir et de voir tout ses gens l'applaudir elle aussi :)
Pis avant l'arche, elle se mets la tête sur mon épaules et me fait un enooooorme câlin et là pour la seconde fois de ce trail je dois me battre contre moi même pour pas craquer et pleurer comme un enfant...
Cette image tans de fois rêver cette année, de moi passant la ligne avec Camille dans mes bras est entrain de se dérouler pour de vrai... c'est fort... très fort...

Je passe donc sous l'arche, ça y est je suis finisher, j'ai droit à ma polaire de finisher, je suis heureux... complètement en morceaux, mais heureux.



Cerise sur le gâteau je suis dans le Top 1000 chose que je n'espérais même pas dans mes rêves les plus fous... je suis 800ème en 23h38 sur 2300 partants (il y a eu 1000 abandons sur cette édition)


Pour finir
Je reste conscient de la chance que l'on à de pouvoir faire ce genre de défi personnel.
Pourtant à l'arrivée ce n'est pas à mes heures d'entrainements passé que je pense, je pense à tout les encouragements, toutes les aides que j'ai eu pour faire ce défi.

En premier lieu, évidement, il y a ma femme et ma fille qui me permet de faire ce genre de petit délires sans contraintes, sans barrières.
Du haut de ses 2 ans, Camille quelque part subit un peu mes 'absences' lors de ses courses c'est sur, mais pour Audrey qui me laisse le temps de m'entrainer, de faire mes courses, de m'encourager dans cette voie c'est une autre histoire, elle me laisse vivre mon sport sans contraintes, et je sais que sans cela, la CCC n'aura jamais été réalisable

Pour ce trail, une autre personne importante à été sans conteste mon frangin... toujours là présent, efficace... une nuit blanche pour lui aussi, pas facile je pense en montagne dans le froid...
Mon T-Shirt de finisher il est un peu à toi aussi frangin... j'espère qu'en 2009 pour ta première année de trail  tu prendras autant de plaisir que moi... tu verras c'est que du bonheur (et pas mal de souffrance aussi :))

Puis il y a Gilles (Girlay sur kikourou) avec qui on à fait le Nivolet Revard, le TGV et la CCC... j'étais vraiment content de faire une bonne partie avec toi, c'était très agréable, et je pense qu'on s'est bien aidé mutuellement.
J'espère sincèrement que l'on se reverra en 2009... pour le grand tour peut-être :)

Il y a tout ceux qui on pris des nouvelles, qui m'ont encourager, donner des conseils : les kikoureurs (didier, manu, agnes, coli, etc, etc, ...), les amis (Nath, Tanguy, Philou, ma soeur, Jess', Julien, Jean Francois, Yann, ...), les spectateurs, les bénévoles...

Et pour finir, les 2 personnes qui ont certainement fortement contribuer à me faire mettre le pied dans les trails : Tanguy et Nath... plein de conseils de leur pars aussi, d'encouragements...

Voilà, une belle année sportive 2008 qui sera parfaite si on réussi avec ma femme l'ascension du kilimandjaro dans 3 semaines... pour notre voyage de noce :)

25 commentaires

Commentaire de laurent05 posté le 01-09-2008 à 16:01:00

bravo tercan pour ta course
que de chemin parcouru depuis septembre 2007
merci de nous faire partager ces moments
bonne récup
à bientôt
laurent

Commentaire de eric74 posté le 01-09-2008 à 16:10:00

bravo cyril
et QUELLE PROGRESSION

je suis impressionné par tes vitesses d'ascension , moi qui me croyait bon montagnard .. je n'ai pas fait tes temps de montées .....

en tout cas sympa ce récit j'aime bien, j'ai fermé les yeux et je me suis vu de donner une petite tape amicale dans le dos à la sortie de Courmayeur ..

Commentaire de langevine posté le 01-09-2008 à 18:29:00

Quelle progression depuis le Nivolet revard!!
Félicitations pour ce résultat, comme quoi, en y croyant, on arrive à faire du bon... du très bon ! ;-)
Bonne ascension pr la suite!

Commentaire de Francis31 posté le 01-09-2008 à 18:51:00

Un grand respect pour le finisher que tu es. Tu fais partie de cette communauté restreinte des personnes capables d'aller au delà du physique grace à une force morale infaillible.Chapeau bas.

Commentaire de la panthère posté le 01-09-2008 à 19:30:00

sympa comme tout tes remerciements, ta petite Camille et ta "douce" peuvent être très fières de toi, et ont sûrement contribué à cet exploit!

Commentaire de yayoun posté le 01-09-2008 à 20:55:00

Toutes mes félicitations. C'est génial. Je t'ai vu au nivolet, ,au TGV et à la CCC. Waou, que de progrès en quelques mois. Vraiment bravo pour cette course et bravo pour ce récit très touchant et très fort. Ca donne envie...

Commentaire de Mustang posté le 01-09-2008 à 20:55:00

toujours très passionnant comme vont l'être tous les récits sur ce l'UTMB/CCC;
de la belle aventure humaine, où chacun est allé au bout se soi-même!
passionnant, vraiment passionnant!
bravo, il est des montagnes qu'il faut se donner gravir!

Commentaire de Mamanpat posté le 01-09-2008 à 20:57:00

Je me suis régalée...
Quelle émotion, j'en ai les yeux brillants !
Un grand bravo et merci pour ce récit

Et pour le bon fou-rire avec tes encouragements à la souche d'arbre !!!

Pat

Commentaire de hagendaz posté le 01-09-2008 à 22:24:00

bravo à toi tout simplement

Commentaire de maï74 posté le 01-09-2008 à 22:44:00

En 1 an tu es devenu ultra-traileur, c'est énorme, bravo à toi, ce n'est qu'un début...

Commentaire de bzh67 posté le 01-09-2008 à 22:49:00

Bravo à toi, j'ai dévoré ton récit. Je suis impressionné par ce moral d'acier. Encore bravo...

Commentaire de fanfan* posté le 01-09-2008 à 23:48:00

Se mettre à courir seulement un an avant une telle épreuve c'est énorme.
Merci pour ce beau récit.
félicitations et bravo.

Commentaire de mokujin13 posté le 02-09-2008 à 11:31:00

bravo pour le récit,long mais si captivant,félicitation pour ton esprit et au plaisir de se voir peut etre en 2009

Commentaire de frankek posté le 02-09-2008 à 15:01:00

bravo pour ta course ! tu as bien géré ton affaire !! récupère bien pour la suite...

Commentaire de millénium posté le 02-09-2008 à 20:22:00

SUPERBE !!!
toutes nos félicitations .
chris et tine

Commentaire de rapace74 posté le 03-09-2008 à 11:27:00

enorme bravo cyril pour ta course!!!!
merde pour le kili ;-)))

bon voyage de noces
manu

Commentaire de Bicshow posté le 03-09-2008 à 12:46:00

Salut et bravo, je suis 2 minutes derrière toi à Catogne et 6 devant à Vallorcine, je t'ai passé dans la descente, mais je suis désolé je n'en ai pas le souvenir, à cette heure là le cerveau était au fond du sac. Félicitation pour ta course.

Commentaire de paspeur posté le 03-09-2008 à 18:43:00

Bravo, dire que tu ne m'as pas suivis au Nivolet-Revard. Chapeau!!!
Bon voyage.
Denis

Commentaire de charogne01 posté le 04-09-2008 à 14:55:00

salut cyrille,et bravo pour ta course et ton recit plus vrai que nature,on s'est vu au depart mais pas assez longtemps,recupére bien et au plaisir de te revoir
fab

Commentaire de Girlay posté le 04-09-2008 à 20:40:00

Bravo! Cyril finisher de la CCC 2008 après avoir débuté la course à pied en Septembre 2007 et super content d'avoir fait un bout de chemin dans cette aventure avec toi, à la prochaine.
Gilles

Commentaire de defi franck posté le 06-09-2008 à 15:04:00

bravo à toi long mais bon!!! cr cool

Commentaire de tanguyla posté le 07-09-2008 à 16:54:00

Hello Cyril.

Grand Bravo pour tes prouesses !
J'espère partager encore quelques sentiers avec toi...

Bon repos et bon Kibo ! Profitez... :-)
Tanguy

Commentaire de arthurbaldur posté le 08-09-2008 à 10:21:00

Presque parfaite ?! Elle est parfaite ta course et le cr aussi. Il faut bien avoir quelques coups de moins bien pour mieux apprécier les moments où on a la pêche comme à l'arrivée ...

Commentaire de sarajevo posté le 14-10-2008 à 13:52:00

chapeau Tercan....
Je t'ai juste croisé sur la course ... mais je n'avais pas percuté que c'etait The Tercan ...
a bientot
a+
pierre

Commentaire de JLW posté le 16-10-2008 à 00:10:00

Il était temps que le lise ton récit moi qui ai fini pratiquement dans me même temps que toi ... Mon parcours et mon récit ne sont cependant pas du tout les mêmes, comme quoi il y a plein d'aventures et de ressentis différents dans cette épreuve.
Bravo pour ton courage et ton témoignage plein d'authenticité.

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